jeudi, janvier 27

Les albums de 2004 (XIII)

Patti Smith - Trampin' (Columbia)
J'ai avec Patti Smith un peu le même problème qu'avec Morrissey. En gros, je connais d'elle Because the night, à cause de la reprise dance qui en avait été faite au début des années 90 (par Double You? Ca commence à dater) et son album Gone Again, que j'avais beaucoup aimé (sans doute l'effet Buckley). Tout le reste, et notamment tout ce qui fait sa 'légende', se noie dans un brouillard indistinct (Horses ? Easter ? Mapplethorpe ?). Ne me reste donc pour me former une opinion que ce disque et je regrette un peu de ne pas pouvoir le replacer dans son contexte. Du coup, j'ai l'impression de ne pas avoir grand-chose à en dire. Je préfère franchement les chansons plus calmes (Mother Rose est absolument parfait) et suis plus circonspect quand des guitares bien grasses s'invitent à la fête (Stride of the mind par exemple). De même, j'ai un peu de mal à accrocher quand elle tente de justifier son image de poétesse rock avec d'interminables récitatifs comme Gandhi et Radio Baghdad, sans doute en partie parce que, comme toujours, je n'écoute pas les paroles (je vais tenter d'en trouver une retranscription). Cela dit, la moitié des morceaux me plaisent (2,4,7,8,9,11) et le timbre de sa voix m'intéresse beaucoup. Un jour, peut-être, je me pencherai sur ses anciens albums.

The Hidden Cameras - Mississauga Goddam (Rough Trade)
J'aimais beaucoup 'The smell of our own', le premier album du groupe à avoir connu une sortie de grande ampleur, et plus encore 'Ecce homo', son brouillon plus confidentiel. Pourtant, ce nouvel album me crispe, sans que je sache si c'est leur écriture ou mon état d'esprit qui a changé (il faudrait que je les réécoute). Les morceaux sont presque tous construits sur le même canevas : tempo rapide, basse martelée, phrases répétées,... Tout y est fait pour que l'auditeur se sente emmené dans une sarabande endiablée et follement gaie. J'imagine que, en concert, toute la salle sautille en arborant un sourire amusé. Ooh. Entendons-nous bien, je ne suis pas un monstre et moi aussi j'aime beaucoup sautiller en arborant un sourire amusé, mais pas sous la contrainte. Après une demi-heure de ce régime, je finis par ressentir l'envie d'y échapper et de plonger dans une autre ambiance (me repasser l'intégrale des Tindersticks par exemple), d'autant que, à plusieurs moments, la voix de Joel Gibb me hérisse le poil. Franchement, si je n'entendais plus 'Enema, maaaa, maaaahaaaaa...' qu'au jour de ma mort, ce serait trop tôt (et je vous fais grâce de mes pensées sur le 'gumblblblnanaa' dans Fear Is On). Heureusement, le disque contient trois belles chansons, plus calmes (Builds the Bone, We Oh We et Mississauga Goddam) où le tempo se relâche enfin et où la voix se fait plus caressante (elle sonne même curieusement proche de celle de Mark Kozelek quand il chante 'We Oh We'). Ces trois chansons, par les quelques instants de répit qu'elles ménagent, me permettent de tenir tout l'album sans souffrir de crampes. Hourrah.

Micah P. Hinson and the Gospel of Progress - S/T (Sketchbook)
Lorsque j'entendis ce disque pour la première fois, à la fin de l'été (notez comme je signale incidemment que c'était bien avant que les Inrocks en parlent), il m'était apparu immédiatement comme mon "album de l'année". Il semblait flotter tellement au-dessus de la mêlée que je ne voyais pas comment il aurait pu en être autrement. Je l'ai ensuite abandonné pendant quelques semaines, tout en lui conservant dans ma tête son statut d'"album de l'année". Cette semaine, en le réécoutant pour en parler dans cette série de billets (qui touche enfin à sa fin), je n'ai bizarrement pas pu me remettre dans l'état d'euphorie qui fut le mien en septembre. Le disque n'est évidemment pas devenu mauvais entre-temps. Il continue à distiller une dream-folk-pop teintée de country et très inspirée. La voix de Micah P. Hinson est toujours aussi subtilement éraillée. Les alternances entre dépouillement et empilement sont toujours aussi intelligemment amenées (Close your eyes ou At last, our promises). La production impressionniste des Earlies (entre autres) est toujours aussi inventive (The Possibilities) et les mélodies imparables (Caught in between). Stand In My Way est la valse la plus émouvante depuis Elliott Smith. L'épique The Day Texas Sank To The Bottom Of The Sea conclut l'album par un longue (plus de huit minutes) complainte en crescendo où guitare acoustique, piano, voix, cordes, orgue, choeurs s'invitent tour à tour avant de se dissoudre dans le silence. En fait, la seule chanson faible de l'album est Patience, en grande partie parce que Micah P. Hinson y tente de chanter la colère, et échoue. Treize titres donc et un seul n'est pas inattaquable. Evidemment, cela suffit à en faire un des albums de l'année, si plus tout à fait L'album de l'année. Pourtant, je regrette de ne pas tout à fait à retrouver l'état d'enthousiasme extatique qui fut le mien il y a quelques semaines. Cela dit, rien ne prouve que cela soit définitif. Peut-être pourrai-je dans quelques mois réécouter le disque et être à nouveau terrassé par sa beauté. C'est tout le mal que je me souhaite.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est un de mes albums de l'année également tout l'album d'arcade fire (funéral). J'ai découvert ces albums tardivement mais quel bonheur de les écouter. Vivement les live pour les deux. Les albums de gravenhurst sont splendides aussi tout comme ceux de sufjan stevens (mais ça c'est pas nouveau, je suis fan depuis le début).

clark