mercredi, février 23

Prélude à l'après-concert d'un(e) faune

J'ai souvent le tort de ne pas attendre grand chose des premières parties ou de ces concerts que l'Ancienne Belgique aime programmer dans la petite salle du Club en fin de soirée, comme ce fut le cas pour Faun Fables lundi soir. J'ai ainsi vu des concerts de Botanica, Unwound, David Kitt, The Gentle Waves, My little cheap dictaphone, At the close of every day, Brendan Benson et Feeder (entre autres)sans en avoir gardé le moindre souvenir. Les seules exceptions qui me viennent à l'esprit son Cass McCombs (l'effet 4AD) et Whistler.

C'est donc sans enthousiasme particulier que je suis allé voir Faun Fables. Le début du concert semblait devoir me donner raison. Une fille d'une vingtaine d'années se présente seule en scène, avec une robe à fleurs et des bottes de cuir qui montent jusqu'aux genoux (un look que certains n'hésiteront pas à qualifier de Deschiens). Elle s'appelle Dawn McCarthy, porte les cheveux roux assez courts (elle m'a rappelé Karin Viard), un sourire jovial et chante en s'accompagnant à la guitare acoustique et en frappant le sol de ses pieds. Sa voix évoque vaguement celle de Sinead O'Connor. Ce n'était pas désagréable à écouter mais un peu sage (pour tout dire, ça rappelait Joan Bez à certains). Après une petite dizaine de minutes, elle a même introduit une chanson en disant qu'elle était inspirée d'un morceau de Led Zeppelin dont l'écoute l'avait aidée lors d'une puberté difficile ("I'm a puberty survivor"). Les mots 'Led Zeppelin' ayant pour moi un effet repoussoir, j'ai été très près de quitter la salle.

Le concert a heureusement changé de visage lorsque sa soeur Sheila est entrée en scène pour s'occuper des 'percussions'. Entendez par là un ensemble hétéroclite de cafetières, couvercles, pots et vieilles valises martelés par des baguettes. Le concert peut réellement commencer et va être petit à petit contaminé par une folie douce délicieusement communicative. Les chansons se font plus rapides, plus tordues et sont régulièrement ponctuées de glapissements et de cris d'animaux, tour à tour menaçants et effrayés. Dawn va taper du pied de plus en plus souvent et de plus en plus vite. Pour une chanson, elle revêt une perruque blanche de grand-mère et chante assise en faisant les percus avec une soucoupe, une tasse et une petite cuillère. Pourquoi ? On ne sait pas trop mais qu'importe, ça s'intègre parfaitement dans l'ensemble.

Les rappels sont carrément jouissifs avec un morceau inspiré d'un chant suisse qui permet à Dawn de nous faire admirer tous ses talents de yodleuse et un chant populaire dont elle tente de nous apprendre la chorégraphie (quelque part entre la Macarena et la Danse des Canards). J'ai terminé le concert avec un sourire jusqu'aux oreilles. Pourtant, bizarrement, la salle s'est rapidement vidée et elles ont terminé le concert devant maximum 40 personnes. Dommage.

C'est typiquement le genre de prestations ou de musique que j'associe à une sorte de théâtre alternatif. J'ai par exemple pensé un instant aux spectacles de la compagnie belge Arsenic ou au peu que je connais de 17 hippies. Plus proches de nous, on peut aussi penser à des Dresden Dolls qui auraient troqué leur fixation sur le cabaret berlinois pour un amour sans bornes de La mélodie du bonheur.

Dans la foulée, j'ai acheté le dernier album du groupe, Family album, dont ont été extraites la plupart des morceaux interprétés durant le concert. On y trouve notamment des chansons écrites par sa caissière préférée à le supérette du coin ou par un enfant de 7 ans à qui elle a donné cours, des traductions de chants polonais et même une reprise de Eternelle de Brigitte Fontaine. L'album reproduit assez fidèlement le caractère jouissif et bordélique (les Inrocks diraient sans doute foutraque) du concert et je le conseille vivement.

Lien :
- le site officiel du groupe dont des extraits mp3 du dernier album ici)

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