Chroniquer les sorties des Pet Shop Boys, telle est ma croix et je continuerai à la porter pour illuminer le monde.
Après Inner Sanctum, un teaser quasi-instrumental qui fleurait bon la deep-house (ou un truc du genre) et qui aurait pu être une honnête face B au début des années 90, voici à présent The Pop Kids, le premier vrai single de l'album, Super, prévu pour le 1er avril.
Tout d'abord, le titre est honteusement mensonger. Depuis quelques années, et surtout depuis le dernier album Electric, dont j'ai déjà longuement parlé ici, j'ai la furieuse impression que ce pauvre Neil est devenu incapable de faire la différence entre 'pop music' et 'dance music'. Cette nouvelle chanson n'est en rien une ode à la pop, c'est une ode au clubbing et à la dance-music et les deux représentent deux styles musicaux aux intentions totalement divergentes, voire antagonistes (l'explosion dance des années 90 explique pour moi en grande partie pourquoi ce fut la pire décennie pour la musique pop..... et les années 2010 prennent malheureusement le même chemin). Du coup, il n'y a guère que dans la phrase "We knew that rock was overrated" que je me retrouve un peu car lutter contre l'hégémonie du rock et le sentiment de supériorité de ses fans est sans doute le seul combat qui pouvaient rassembler la pop et la dance de cette époque.
D'un autre côté, il faut au moins reconnaître à la chanson qu'elle est cohérente. Elle se présente dans ces paroles comme une célébration du clubbing et de la dan(s/c)e du début des années 90 et sa construction le reflète bien. Les sonorités utilisées sont identiques à celles que les paroles célèbrent (le riff au piano/synthé à 0m53s est plus 1994 que Friends, The Lion King ou Pulp Fiction). Cela étant dit, la production est effectivement plutôt meilleure, moins envahissante, que sur certaines chansons du précédent album (Love Is A Bourgeois Construct en particulier) mais il semblerait bien que la production ait dans le processus d'écriture des Pet Shop Boys définitivement pris le pas sur les mélodies parce que celles-ci sont ici furieusement absentes. Les parties chantées sont d'une totale insignifiance et le pire est que c'est peut-être volontaire, pour ne pas distraire l'auditeur de la basse et de la pulsation qui sous-tend l'ensemble. La seule mélodie que l'on pourrait à la limite chantonner après une écoute tient sur deux notes (allez, peut-être trois si je suis d'oreille généreuse).
Ce groupe est en train de me filer entre les doigts et cela m'attriste grandement. Je suppose que l'accueil critique délirant et les ventes, plutôt meilleures, de leur dernier album qui s'égarait déjà dans ces contrées rendait la chose quasiment inévitable. Il fut un temps où les Pet Shop Boys concevaient chaque album comme le contre-pied du précédent (de Behaviour à Very, de Very à Bilingual et de Nightlife à Release,....) mais ça c'était avant, c'était le bon temps, de quand ils étaient encore jeunes et fringants.