Low - The Great Destroyer (Rough Trade)
En plus de dix ans, la musique de Low a beaucoup évolué. Sur I Could Live In Hope, on découvrait un groupe neurasthénique enchaînant les complaintes minimalistes au ralenti. Au fur et à mesure des albums, le son de Low s'était progressivement amplifié jusqu'à devenir presque "noisy" par moments. L'usage des guitares saturées, notamment, s'était généralisé. Ils avaient pourtant jusqu'à présent toujours conservé l'habitude des tempos lents. Ce n'est plus le cas sur ce nouvel album, où certains titres frôlent les 120 pulsations par minutes. Heureusement, dans l'ensemble, la qualité des chansons ne souffrent pas trop de ce qui est, à leur échelle, un véritable accès de frénésie. Pourtant, certains fans de la première heure ont très vite crié à la trahison, prétendant que le groupe avait vendu son âme en cherchant le "tube" à tout prix. Cette critique trouve d'ailleurs un début de justification avec le single California et Step, deux tentatives de "power-pop" assez peu inspirées. Heureusement, ces coups dans l'eau ne représentent qu'une petite partie de l'album où, par ailleurs, les moments de grâce abondent. Monkey par exemple est la preuve indéniable que le génie de Low peut très bien s'accommoder de tempos plus rapides (le refrain est redoutable). Quelques chansons hiératiques très réussies rappellent par ailleurs le Low des débuts, comme par exemple Death Of A Salesman ou Pissing (et son intro empruntée au Avalyn de Slowdive). A chaque fois qu'un nouvel album de Low sort, il me semble meilleur que le précédent. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et j'espère qu'il en sera de même pour le suivant puisque, après une année 2005 placée sous le signe de la dépression et de la pause-carrière, il semblerait qu'Alan et Mimi aient retrouvé l'envie d'enregistrer un nouveau disque.
Doves - Some Cities (Heavenly)
Pauvres Doves. Pas assez pop pour être Coldplay, pas assez bons musiciens pour être Elbow, pas assez arty pour être Bloc Party, pas assez tubesques pour être Franz Ferdinand et pas assez sexys pour être The Libertines, ils en sont réduits à sortir tous les deux-trois ans un album dont tout le monde se dit : "Mouais, c'est pas mal." mais que personne ne ressort jamais des étagères. Il faut dire qu'ils ne se facilitent pas la tâche en sortant des albums très homogènes et en abusant de certaines ficelles de composition et de production. Ainsi, leur manie de mettre en avant les coups de boutoir de la batterie (sur One of these days par exemple) devient rapidement insupportable lorsque l'album passe en fond sonore (ce qui, soyons honnêtes, est le lot de la plupart des albums que l'on écoute au cours d'une journée). Il n'y a guère que le single Black and White Town et The Storm (avec son classieux tapis de cordes) qui parviennent à émerger et à retenir mon attention, mais c'est vraiment trop peu.
A-Ha - Analogue (Universal)
J'ai toujours beaucoup aimé A-Ha. D'abord parce que leurs deux premiers albums sont des modèles de pop lyrique dont je doute de me lasser un jour. Ensuite parce que Morten Harket possède à mon avis une des plus belles voix pop de ces 20 dernières années, aussi à l'aise dans le registre grave que dans l'aigu, où elle conserve une étonnante richesse de timbre. Pendant quinze ans, mon coeur de fan de la première heure m'a ainsi fait considérer chaque nouvel album du groupe avec indulgence. Je n'avais qu'à passer outre la qualité très variable des morceaux pour me laisser porter par le chant. Si je suis peu enclin à convoquer la même indulgence pour ce nouvel album, c'est sans doute, quitte à paraître monomaniaque, parce que la voix y présente quelques signes de fatigue, notamment dans les aigus, comme si Morten Harket se forçait à chanter dans un registre qui n'est plus tout à fait le sien pour ne pas décevoir son public. En conséquence, le niveau moyen des chansons a beau être sensiblement égal à ce qu'il était sur les albums précédents, je m'ennuye poliment (surtout durant la seconde moitié). Deux chansons réussies (Cosy Prisons et Birthright ici) et quatre autres potables ne suffisent pas tout à fait pour faire un album qui tienne debout tout seul, c'est-à-dire sans que quelque facteur extérieur vienne influencer le jugement (la nostalgie, le plaisir de retrouver une voix, etc.). Cela dit, je serais curieux de savoir ce que je penserai de cet album dans six mois parce que la sévérité de mon jugement tend à diminuer après chaque écoute (je vous laisse imaginer ce que j'ai pu en penser quand je l'ai écouté pour la première fois). Pour les fans de Britney Spears ou Kelly Clarkson, je signale que Max "Since You've been gone, Baby One More Time" Martin est venu donner un coup de mains aux trois membres du groupe pour composer la chanson-titre. Ca s'entend particulièrement dans l'introduction.
2 commentaires:
Tu es injuste avec Doves.. "Some cities" est un très bon disque... d'accord, pas plus tard que ce matin j'écoutais "Lost Souls" avec grand plaisir, mais ce groupe installe des atmosphères assez rares qui méritent d'y jeter une oreille.
Tout à fait d'accord avec toi pour Analogue. A-ha mime Coldplay et perd la fébrilité synthétique qui les rendait si excitants mais comme toi, je demeure un inconditionnel de la voix de Morten et sur Birthright, sa voix fait à nouveau des prodiges.
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