V/A - Dream Brother - The songs of Tim+Jeff Buckley (Full Time Hobby)
Cinq ans après un bel album d'hommage consacré à Tim Buckley sur Manifesto Records (Mojave 3, Brendan Perry, Mark Lanegan, Neil Halstead,..), 13 artistes oeuvrant essentiellement dans le néo-folk branché (y a même Sufjan Stevens, c'est dire) rendent ici hommage aux Buckley père et fils. La version de Grace par King Creosote domine de toute sa splendeur le reste du disque mais The Magic Numbers, Engineers, Tunng, Micah P. Hinson et The Earlies font mieux que se défendre et, tout bien considéré, je pense que Dream Brother se classe parmi les tout meilleurs albums d'hommage que j'ai eu l'occasion d'écouter récemment.
Cocteau Twins - Lullabies to Violaine (4AD)
Le deuxième meilleur groupe à avoir enregistré pour 4AD regroupe ici l'ensemble de ses EP, toutes périodes confondues (y compris donc ceux issus des deux derniers albums, pourtant sortis sur un autre label), dans un packaging luxueux à la consistance bizarrement visqueuse (mais pas désagréable). Pour qui n'a pas eu l'occasion de découvrir ces EP au fur et à mesure de leurs sorties, l'occasion est belle de découvrir tout un pan caché de la discographie du groupe (même si certaines chansons étaient déjà présentes sur les albums parfois dans des versions légèrement différentes) mais ces nouveaux morceaux me renforcent dans l'idée que, en abandonnant les guitares hurlantes de la cold-wave des débuts et en se tournant vers un son de plus en plus apaisé et éthéré (qui trouvera son aboutissement dans les tentatives acoustiques de 1994-1995), le groupe a perdu une partie de sa spécificité et de son intérêt. Les premiers albums proposaient un son qui ne ressemblait pour moi à rien d'autre (bien qu'on puisse parfois trouver des ressemblances avec le Cure des débuts). Les deux derniers les montrent au contraire presque indistinguables des Cranberries (c'est particulièrement frappant quand leurs chansons respectives sont interprétées par Faye Wong). En conséquence, je préfère de loin les deux premiers CD de cette compilation (couvrant la période 4AD) aux deux derniers (couvrant la période Fontana). Je n'en dis pas plus ici car je garde bon espoir d'écrire un jour un billet plus étoffé sur le groupe.
PS : Si vous avez l'album à la maison, pourriez-vous me dire si, comme moi, vous avez l'impression que Half-Gifts (la plage 13 du CD3) menace à tout moment de se fondre dans le Suzanne de Leonard Cohen ? Bien que les lignes mélodiques soient relativement différentes, l'une m'évoque irrésistiblement l'autre.
*Nsync - Greatest Hits (Jive)
Sur la grande échelle de crédibilité artistique (appelons-la l'échelle de Pitchfork), il n'existait jusqu'à il y a peu (en fait jusqu'à l'apparition de Il Divo) pas d'échelon en-dessous de celui auquel les boy-bands pop tels que Westlife, Take That, Boyzone, etc... tentaient désespérément de s'agripper (j'emploie le passé parce que bien peu d'entre eux existent toujours). Avec leurs gestuelles sur-signifiantes, leurs ballades insipides et leurs chorégraphies synchronisées, ils fournissaient à leurs contempteurs une telle batterie d'arguments que toute tentative de défense était vouée à l'échec. Pourtant, dans ce genre comme dans tous les autres, il existe un dessus et un dessous du panier. *Nsync fait clairement partie du dessus. Certes, ils ont commis à leurs débuts des choses proprement innommables (God Must Have Spent A Little More Time On You par exemple tutoie les cimes dans mon classement personnel des pires chansons jamais enregistrées) mais leurs deux derniers albums sont dans leur genre franchement enthousiasmants (en ce sens qu'on n'y trouve que deux ou trois chansons inécoutables). En prenant en charge une part de plus en plus importante de l'écriture et de la production, ils sont parvenus à développer un (j'ose à peine l'écrire) style propre dont les singles (souvent composés par la clique des studios de composition suédois : Max Martin, Kristian Lundin et les autres) ne rendent compte que partiellement. Pourtant, même si on se limite aux chansons présentes sur cette compilation, je dois bien avouer aimer au premier degré l'immédiateté mélodique de Pop, Bye Bye Bye ou Tearin' up my heart et trouver un plaisir pervers à la guimauve de Gone. Je suppose que l'on pourrait classer cela au rayon des plaisirs coupables. Dommage que la carrière du groupe trouve officiellement son terme avec ce best-of assemblé à la va-vite. Je me demanderai toujours à quoi aurait pu ressembler leur quatrième album. A défaut, je me contenterai des albums solo de Justin Timberlake et JC Chasez.
Pet Shop Boys - Back to Mine (DMC)
(voir ici)
Johnny Cash - The Legend (Columbia)
Le nombre de compilations différentes consacrées à Johnny Cash donne le tournis. Rien que dans un grand supermarché du centre-ville, on peut en trouver au moins cinq à moins de 5€ et, mis à part quelques classiques incontournables (I walk the line, Rings of fire et Folsom Prison Blues), les chansons proposées par chacune d'entre elles sont souvent très différentes (il faut dire qu'il y a presque un demi-siècle de carrière à résumer). Cette abondance de biens ne fait pas l'affaire du néophyte voulant découvrir son oeuvre. Pour ceux qui comme moi ont découvert Cash avec la série des American Recordings dans la seconde moitié des années 90, ce luxueux coffret de 4CD semble être une bonne porte d'entrée et un complément idéal au (très bon) coffret Unearthed, qui couvrait seulement les dix dernières années. Je n'ai encore écouté que le premier CD mais y ai déjà découvert une bonne douzaine de chansons fabuleuses, au premier rang desquelles (Ghost)Riders in the Sky.
William Sheller - Chemins de traverse (Mercury)
Un cadeau tout neuf du père Noël dont je n'ai pas encore écouté une note. Je ne suis pas sûr que j'aimerai l'entièreté de ce qui s'y trouve mais pour enfin disposer sur CD d'albums aussi fondamentaux que Univers (et son démentiel Empire de Toholl), Ailleurs ou Sheller en Solitaire, je suis même prêt à me coltiner Albion ou Les Machines Absurdes. Je me réjouis partculièrement de pouvoir écouter sa fameuse messe Lux Aeterna dont j'ai beaucoup entendu parler. En revanche, dommage qu'on ne trouve nulle trace de son Concerto pour trompette.
2 commentaires:
Heureux de lire la petite chronique consacré à mon groupe favori ;)
C'est vrai que les premiers albums des Cocteau Twins rappelaient un peu parfois les Cure (plutôt le disque "17 seconds" que "3 imaginary boys") mais c'est surtout les Siouxsie and the banshees qui ont du les influencer (c'est évident sur "Garlands").
Et des chansons comme "Melt !", le début de "Switch", "Hybrid" ou "Lunar camel" possèdent déjà des ambiances pas si éloignées des futurs grandes chansons des Cocteau (comme "Sugar hiccup", "Pepper tree" entre autres...)
A +
Merci beaucoup pour cette petite série sur ces faux-albums de 2005, injustement méprisé dans les classements de fin d'année. J'y retrouve un bon nombre de mes albums de l'année : Dreambrother, Kraftwerk, Help!... Et j'ai aussi un faible et une grande sympathie pour William Sheller !
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