Allez ici pour vous faire une idée du nouvel album de Patrick Wolf.
A suivre durant la semaine : un billet sur les joies du shopping dans les boutiques de CD d'occasion à Londres.
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
lundi, avril 13
samedi, avril 4
Yes, Pet Shop Boys (III)
(suite de ce billet)
6 - More Than A Dream (9) : Je ne sais pas trop pourquoi j'aime autant cette chanson alors que le refrain sonne EXACTEMENT comme du Modern Talking (pour ceux d'entre vous qui se rappellent de ces sinistres pourvoyeurs de chansons en kit). Sans doute est-ce parce qu'il est ici amené par un préambule fait de scansions parlées "Live it", "Don't give it". Du coup, lorsque Neil part dans les aigus pour le refrain proprement dit (qui est tout aussi quelconque mélodiquement que ceux de Did you see me coming? ou All Over The World), c'est une sorte d'aboutissement. Ce refrain, je l'ai anticipé, attendu, espéré et quand il arrive enfin, je suis comprimé comme un ressort qui ne demanderait qu'à se détendre (loi de Hook ? comprenne qui pourra) dans une apothéose de sautillements-mains-en-l'air. Ce passage sera forcément un des sommets de leurs prochains concerts. Mieux encore, le dernier tiers de la chanson est absolument parfait (les "Aaaah" de 3:59 sont orgasmiques). Cette chanson ferait un formidable single, ce qui signifie forcément qu'ils ne la sortiront pas (ça fait 10 ans que les PSB ne savent plus choisir leurs singles). Accessoirement, c'est moi qui ai l'esprit mal tourné ou on peut vraiment interpéter sans trop de mal les paroles comme une ode au suicide ? (à écouter ici)
7 - Building A Wall (7.5) : Il s'agit sans doute pour moi du meilleur refrain de l'album, lente montée en parallèle de la voix et de l'accompagnement (harmonies montantes = effet euphorisant, c'est mathématique). Le reste de la chanson n'est pas forcément du même niveau. L'intro avec les quatre mots parlés fait ainsi tiquer pas mal de fans, mais elle ne me gêne pas vraiment. Pour moi, le principal problème ici est sans doute la manière dont les paroles sont plaquées sur la musique. Neil expérimente en ceci qu'il tente de placer des paroles différentes sur le même refrain... cela ne fonctionne pas. Alors que le refrain a manifestement été écrit pour coller à "I'm building a wall, a fine wall/ not so much to keep you out, more to keep me in", il sonne faux quand Neil tente de lui accoler les paroles "I'm losing my head/Well, why not?/More work for the undertaker/ Means there's less for me". De plus, ce sont des paroles indignes du meilleur parolier pop anglais. "Well, why not?", je vous jure. On dirait une parodie des Inconnus où un adolescent boutonneux rajoute des "Oh Oh" et des "Euh euh euh" pour avoir le bon nombre de pieds. Heureusement que Neil se rattrape sur la fin avec une sorte de mini-poème très prétentieux sur les horreurs de la guerre que Chris se fait un plaisir de torpiller d'un "Who do you think you are? Captain Britain?" goguenard. (à écouter ici)
8 - King of Rome (8) : La ballade Behaviour de l'album, qui rappelle beaucoup des chansons comme It's Only The Wind ou To Face The Truth, voire par instants Luna Park, typiquement le genre de chansons qu'ils sont les seuls à savoir faire. Tout dans cette chanson est ravissant. Des sons de corde du début (au synthé mais qu'importe) aux bongos qui la rythment tout le long, des interventions de trompette (au synthé mais qu'importe) aux longues notes tenues de Neil, tantôt montantes tantôt descendantes qui donnent l'impression d'être en train de se laisser bercer sur un matelas pneumatique par le clapotis des vagues. Et le tout se termine dans un brouillard indistinct, comme il se doit. Parfait. (à écouter ici)
9 - Pandemonium (8) : Le contraste ne pourrait pas être plus grand avec ce qui précède. Une rythmique martiale qui n'est pas sans rappeler le générique de Doctor Who, des ouh ouh ouh insouciants, une couplet torché en 15 secondes chrono pour laisser la place à un refrain qui associe l'efficacité brute de la Kalachnikov au manque de subtilité du bazooka (à moins que ce ne soit l'inverse). C'est la chanson la plus hi-NRG de l'album et elle est idéalement placée entre deux chansons calmes en fin de face B. Neil prétend que les paroles sont une satire de la folie médiatique ayant entouré Kate Moss et Pete Doherty. Je veux bien le croire mais bon, c'est très oblique et pas forcément très intéressant. (à écouter ici)
10 - The Way It Used To Be (10) : Une fois passé le premier sourire incrédule qui vient quand on reconnaît la progression harmonique des Valses de Vienne de François Feldman, on se retrouve emporté dans un tourbillon de 5 minutes, résolument mid-tempo (si, si, c'est possible, les tourbillons ne sont pas forcément rapides, il suffit pour mériter ce terme qu'ils vous emmènent inéluctablement en leur centre), sans couplets ou refrains récurrents. Les lignes mélodiques différentes s'enchaînent (l'influence sans doute de Xenomania, co-compositeur ici encore) dans une lente montée d'émotions contradictoires (nostalgie, colère rentrée, résignation) culminant dans une dernière phrase 'Sometimes I need to see the way it used to be' noyée sous la réverbération. Un chef-d'oeuvre et l'indiscutable sommet de l'album. Les trente secondes à partir de 3:07 sont à 2009 ce que la partie centrale de LoveStoned fut à 2007 : un moment de magie pure (à écouter ici)
11 - Legacy (9) : Pour clore leur album, ils ont choisi une chanson extrêmement bizarre, dans laquelle une mélodie insaisissable à base de quartes (expérimentale même si on en croit les commentaires de Neil et Chris) ploie sous la masse sonore sans cesse croissante d'un orchestre en crescendo continu, jusqu'à un étonnant intermède French Cancan (chanté en français), qui vient inopinément interrompre sa marche inéluctable, avant que le morceau ne reparte de plus belle pour finalement se dissiper sans réelle conclusion. Si cette dernière chanson de leur dernier album (en date) devait être la "legacy" des Pet Shop Boys en tant que groupe pop, elle serait courageuse et illustrerait parfaitement pourquoi je les aime tant (à écouter ici).
En conclusion, j'ai rarement vu un album aussi déséquilibré vers l'arrière. Toutes les meilleures chansons sont concentrées dans la seconde moitié. C'est franchement inhabituel. En général, les groupes font le contraire et rassemblent leur meilleures cartouches au début, histoire d'agripper l'attention de l'auditeur dès l'entame de l'album. Cela dit, pour avoir un peu fréquenté les forums de fans, peut-être le mystère n'est-il pas si grand. En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, un nombre non négligeable de fans préfèrent la première moitié de l'album. Peut-être ma manière d'appréhender la musique des Pet Shop Boys est-elle tout à fait minoritaire. En tout cas, l'album ne commence pour moi vraiment qu'à la plage 4, mais quand il commence, il devient franchement bon, même s'il reste sans doute un poil en-dessous de Fundamental, dont les paroles et les thèmes étaient plus intéressants et qui ne souffrait pas de ce trou noir de trois titres au début.
Pour informations, deux autre chansons sorties récemment méritent aussi qu'on s'y attarde.
This Used To Be The Future (9.5) : Un mélange détonant entre une de leurs meilleures B-side, The Sound Of The Atom Splitting, les rythmiques de Gary Numan, l'electro-body-music, la voix de Phil Oakey (The Human League) et le courant cyberpunk. Et oui, la chanson est aussi formidable que ce que cette description peut laisser penser.
Gin & Jag (9) : Une des deux faces B de Love Etc.. Une chanson hypnotique centré autour d'un refrain que l'on aurait du mal à qualifier autrement de geignard, tout en glissandos traînants, et des couplets en suspension. Une face B comme je les aime (à écouter ici).
6 - More Than A Dream (9) : Je ne sais pas trop pourquoi j'aime autant cette chanson alors que le refrain sonne EXACTEMENT comme du Modern Talking (pour ceux d'entre vous qui se rappellent de ces sinistres pourvoyeurs de chansons en kit). Sans doute est-ce parce qu'il est ici amené par un préambule fait de scansions parlées "Live it", "Don't give it". Du coup, lorsque Neil part dans les aigus pour le refrain proprement dit (qui est tout aussi quelconque mélodiquement que ceux de Did you see me coming? ou All Over The World), c'est une sorte d'aboutissement. Ce refrain, je l'ai anticipé, attendu, espéré et quand il arrive enfin, je suis comprimé comme un ressort qui ne demanderait qu'à se détendre (loi de Hook ? comprenne qui pourra) dans une apothéose de sautillements-mains-en-l'air. Ce passage sera forcément un des sommets de leurs prochains concerts. Mieux encore, le dernier tiers de la chanson est absolument parfait (les "Aaaah" de 3:59 sont orgasmiques). Cette chanson ferait un formidable single, ce qui signifie forcément qu'ils ne la sortiront pas (ça fait 10 ans que les PSB ne savent plus choisir leurs singles). Accessoirement, c'est moi qui ai l'esprit mal tourné ou on peut vraiment interpéter sans trop de mal les paroles comme une ode au suicide ? (à écouter ici)
7 - Building A Wall (7.5) : Il s'agit sans doute pour moi du meilleur refrain de l'album, lente montée en parallèle de la voix et de l'accompagnement (harmonies montantes = effet euphorisant, c'est mathématique). Le reste de la chanson n'est pas forcément du même niveau. L'intro avec les quatre mots parlés fait ainsi tiquer pas mal de fans, mais elle ne me gêne pas vraiment. Pour moi, le principal problème ici est sans doute la manière dont les paroles sont plaquées sur la musique. Neil expérimente en ceci qu'il tente de placer des paroles différentes sur le même refrain... cela ne fonctionne pas. Alors que le refrain a manifestement été écrit pour coller à "I'm building a wall, a fine wall/ not so much to keep you out, more to keep me in", il sonne faux quand Neil tente de lui accoler les paroles "I'm losing my head/Well, why not?/More work for the undertaker/ Means there's less for me". De plus, ce sont des paroles indignes du meilleur parolier pop anglais. "Well, why not?", je vous jure. On dirait une parodie des Inconnus où un adolescent boutonneux rajoute des "Oh Oh" et des "Euh euh euh" pour avoir le bon nombre de pieds. Heureusement que Neil se rattrape sur la fin avec une sorte de mini-poème très prétentieux sur les horreurs de la guerre que Chris se fait un plaisir de torpiller d'un "Who do you think you are? Captain Britain?" goguenard. (à écouter ici)
8 - King of Rome (8) : La ballade Behaviour de l'album, qui rappelle beaucoup des chansons comme It's Only The Wind ou To Face The Truth, voire par instants Luna Park, typiquement le genre de chansons qu'ils sont les seuls à savoir faire. Tout dans cette chanson est ravissant. Des sons de corde du début (au synthé mais qu'importe) aux bongos qui la rythment tout le long, des interventions de trompette (au synthé mais qu'importe) aux longues notes tenues de Neil, tantôt montantes tantôt descendantes qui donnent l'impression d'être en train de se laisser bercer sur un matelas pneumatique par le clapotis des vagues. Et le tout se termine dans un brouillard indistinct, comme il se doit. Parfait. (à écouter ici)
9 - Pandemonium (8) : Le contraste ne pourrait pas être plus grand avec ce qui précède. Une rythmique martiale qui n'est pas sans rappeler le générique de Doctor Who, des ouh ouh ouh insouciants, une couplet torché en 15 secondes chrono pour laisser la place à un refrain qui associe l'efficacité brute de la Kalachnikov au manque de subtilité du bazooka (à moins que ce ne soit l'inverse). C'est la chanson la plus hi-NRG de l'album et elle est idéalement placée entre deux chansons calmes en fin de face B. Neil prétend que les paroles sont une satire de la folie médiatique ayant entouré Kate Moss et Pete Doherty. Je veux bien le croire mais bon, c'est très oblique et pas forcément très intéressant. (à écouter ici)
10 - The Way It Used To Be (10) : Une fois passé le premier sourire incrédule qui vient quand on reconnaît la progression harmonique des Valses de Vienne de François Feldman, on se retrouve emporté dans un tourbillon de 5 minutes, résolument mid-tempo (si, si, c'est possible, les tourbillons ne sont pas forcément rapides, il suffit pour mériter ce terme qu'ils vous emmènent inéluctablement en leur centre), sans couplets ou refrains récurrents. Les lignes mélodiques différentes s'enchaînent (l'influence sans doute de Xenomania, co-compositeur ici encore) dans une lente montée d'émotions contradictoires (nostalgie, colère rentrée, résignation) culminant dans une dernière phrase 'Sometimes I need to see the way it used to be' noyée sous la réverbération. Un chef-d'oeuvre et l'indiscutable sommet de l'album. Les trente secondes à partir de 3:07 sont à 2009 ce que la partie centrale de LoveStoned fut à 2007 : un moment de magie pure (à écouter ici)
11 - Legacy (9) : Pour clore leur album, ils ont choisi une chanson extrêmement bizarre, dans laquelle une mélodie insaisissable à base de quartes (expérimentale même si on en croit les commentaires de Neil et Chris) ploie sous la masse sonore sans cesse croissante d'un orchestre en crescendo continu, jusqu'à un étonnant intermède French Cancan (chanté en français), qui vient inopinément interrompre sa marche inéluctable, avant que le morceau ne reparte de plus belle pour finalement se dissiper sans réelle conclusion. Si cette dernière chanson de leur dernier album (en date) devait être la "legacy" des Pet Shop Boys en tant que groupe pop, elle serait courageuse et illustrerait parfaitement pourquoi je les aime tant (à écouter ici).
En conclusion, j'ai rarement vu un album aussi déséquilibré vers l'arrière. Toutes les meilleures chansons sont concentrées dans la seconde moitié. C'est franchement inhabituel. En général, les groupes font le contraire et rassemblent leur meilleures cartouches au début, histoire d'agripper l'attention de l'auditeur dès l'entame de l'album. Cela dit, pour avoir un peu fréquenté les forums de fans, peut-être le mystère n'est-il pas si grand. En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, un nombre non négligeable de fans préfèrent la première moitié de l'album. Peut-être ma manière d'appréhender la musique des Pet Shop Boys est-elle tout à fait minoritaire. En tout cas, l'album ne commence pour moi vraiment qu'à la plage 4, mais quand il commence, il devient franchement bon, même s'il reste sans doute un poil en-dessous de Fundamental, dont les paroles et les thèmes étaient plus intéressants et qui ne souffrait pas de ce trou noir de trois titres au début.
Pour informations, deux autre chansons sorties récemment méritent aussi qu'on s'y attarde.
This Used To Be The Future (9.5) : Un mélange détonant entre une de leurs meilleures B-side, The Sound Of The Atom Splitting, les rythmiques de Gary Numan, l'electro-body-music, la voix de Phil Oakey (The Human League) et le courant cyberpunk. Et oui, la chanson est aussi formidable que ce que cette description peut laisser penser.
Gin & Jag (9) : Une des deux faces B de Love Etc.. Une chanson hypnotique centré autour d'un refrain que l'on aurait du mal à qualifier autrement de geignard, tout en glissandos traînants, et des couplets en suspension. Une face B comme je les aime (à écouter ici).
Yes, Pet Shop Boys (II)
(début du billet ici)
Dans les interviews ayant entouré la sortie de l'album, Neil et Chris prétendent avoir eu l'idée de demander au collectif Xenomania de produire leur album après s'être rendu compte qu'ils avaient écrit des chansons essentiellement pop et joyeuses, qui leur semblaient correspondre au profil des producteurs attitrés de Girls Aloud (et dans une moindre mesure de Rachel Stevens). On peut se demander si ce n'est pas plutôt le contraire qui s'est produit, le groupe ayant eu dans l'idée de créer leur album en collaboration avec Xenomania et ayant plus ou moins consciemment canalisé leur inspiration dans cette direction. Quoi qu'il en soit, cette collaboration entre l'usine à hits réunie autour de Brian Higgins et les princes consorts de la synth-pop eighties avait de quoi faire saliver. Quand en plus, les rumeurs ont commencé à circuler sur une participation de Johnny Marr (The Smiths), à la guitare et à l'harmonica (Bob Dylan alert!), d'Owen Pallett (Final Fantasy, Arcade Fire) et de Fred Falke (fourré dans la plupart des mauvais coups liés à la "French(-touch) connection"), l'excitation parmi les fans s'est fait palpable. L'heure est venue de voir si le résultat est à la hauteur des attentes. De ce point de vue, la première moitié de l'album n'est pas très encourageante.
1 - Love Etc. (8) : Les rumeurs ayant précédé la sortie de ce premier single prétendaient que cette chanson ne ressemblait à rien de ce que les PSB avaient pu faire auparavant. Avec le recul, ce n'est pas tout à fait vrai. Certes, le titre est co-écrit par Xenomania (le riff de synthés en fond sonore serait d'eux) et les choeurs mi-chantés mi-criés semblent à première écoute un peu incongrus, mais très vite, on retombe en terrain connu, cette construction basée sur l'alternance couplet-refrain interrompue par un middle-8 est typique des PSB et les paroles de vieux sage revenu de tout expliquant qu'il ne faut pas être riche pour connaître l'amour sont Tennantissimes. Incidemment, la chanson contient une des meilleures paroles de l'album "Too much of anything is never enough / Too much of everything is never enough". En fait, cette chanson me rappelle The Only One, que tout le monde détestait mais qui pour moi n'était pas loin d'être la meilleure chanson de Nightlife. (Vidéo ici)
2 - All Over The World (6) : Pressentie pour être le deuxième single, cette chanson a pour moi deux gros défauts : tout d'abord, la citation très plan-plan de Casse-Noisette, qui alourdit inutilement les premières secondes avant de revenir par deux fois piétiner le mix de ses gros sabots balourds (quitte à citer du classique, autant le faire avec une mélodie qui en vaille la peine, cfr Gainsbourg, qui faisait ça très bien) et le refrain un peu trop mécaniquement joyeux pour moi. Je ne sais trop pourquoi le 'This is a song' ouvrant le refrain sonne forcé à mes oreilles, comme si Neil le chantait sans y croire, s'excusant discrètement de se compromettre une envolée lyrique aussi clichetonneuse. C'est dommage parce que, par ailleurs, je trouve les couplets (surtout le passage vers 1:30) franchement plaisants (à écouter ici).
3 - Beautiful People (5) : Les journalistes présentent souvent cette chanson comme une tentative de pastiche de la pop 60s et je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi, à part peut-être pour les percussions, qui semblent tout droit sortir d'une chanson des Supremes. En fait, si pastiche il y a, il s'agit d'un pastiche de I Get Along, leur pastiche d'Oasis, qui est déjà au départ un tribute-band pasticheur des Beatles. De pastiche en pastiche, l'influence 60s s'est sensiblement diluée et les arrangements de cordes d'Owen Pallett ou l'harmonica de Johnny Marr n'y changent malheureusement rien. Je crois que des plus de 200 (300 ?) chansons écrites par les PSB, il n'y en a pas trois qui ont un refrain aussi nul et non-avenu que celle-ci. Malgré une intro qui fait illusion et un premier couplet qui ne laisse pas vraiment prévoir la désillusion du refrain, on peut sans exagérer affirmer qu'il s'agit de la pire chanson de l'album, et le fait qu'elle ait été écrite dans un premier temps pour servir de bande-son à une des plus mauvaises sitcoms produites par la BBC n'arrange rien (à écouter ici).
4 - Did you see me coming? (6.5) : Une intro de guitare, vraiment ? Pendant 7 secondes, on aurait pu se croire chez Suede ou les Smiths (Johnny Marr toujours), mais bon, très vite, la rythmique synthétique entre en jeu et on revient en terrain connu. Malheureusement, ici aussi, j'ai du mal à me faire à ce refrain faussement enjoué, qui me rappelle cette pop scandinave (de BWO à Alcazar disons), agréable à petites doses, mais qui révèle très rapidement l'étroitesse de son inspiration (la disco et la pop de supermarché de Stock-Aitken-Waterman). Je peux avoir dit du bien de Bodies Without Organs dans le passé, mais il n'en reste pas moins que j'attends plus du (deuxième) meilleur groupe du monde que cette ritournelle en plastique qui tourne à vide. Pour être honnête, je dois en revanche avouer que j'ai un faible prononcé pour les mélismes de synthés à 2:30 (à écouter ici).
Bon, pourriez-vous vous me dire, on a déjà dépassé le tiers de l'album et la moyenne des notes que tu donnes aux chansons n'atteint même pas 7/10. Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu t'es enfin rendu compte qu'ils étaient nuls ? Ca y est ? On peut sabler le champagne ? Tu t'es enfin débarrassé de cette admiration aveugle pour tes héros d'enfance ? Tu vas pouvoir t'intéresser à des musiques qui en valent vraiment la peine ? Le jazz kabyle, la no-wave japonaise, le death-metal norvégien, la scène anti-folk de Portland, la country sépulcrale californienne, et toutes ces choses que, enfermé dans un passé révolu, tu ne prenais pas le temps de connaître ?
Et bien, non, ne vous réjouissez pas trop vite, car c'est ici que les choses sérieuses commencent vraiment.
5 - Vulnerable (8.5) : Je n'aime rien tant que de voir une pop-song fonctionner à plein alors que, sur le papier, les prémisses en semblaient intenables. Quatre refrains identiques et trois couplets quasiment interchangeables, sans temps mort ni intermède instrumental. En quatre minutes quarante, Neil ne s'arrête pour ainsi dire pas de chanter. Cette chanson devrait a priori être une scie et sembler insupportable dès la troisième écoute. Et pourtant, c'est sans dout la chanson dont je me lasse le moins. Les mélodies des couplets et des refrains sont addictives, Neil y alterne avec bonheur entre son registre aigu et son registre grave et les petites ponctuations de guitare espagnole ne sont pas loin d'être géniales. J'ai écouté attentivement la chanson au casque pour tenter de percevoir ce qui me plaisiait tant, et je crois que la rythmique imperturbable en fond sonore, littéralement "relentless" dans sa marche en avant et qui empêche la chanson de se déliter par excès de répétition, explique sans doute en grande partie pourquoi cela fonctionne. Et puis, Vulnerable est un mot typiquement Petshopboysien. A première vue, il a l'air tout misérable, encombré de toutes ces lettres qui se prononcent à peine. Pourtant, lorsqu'il se retrouve ainsi propulsé au coeur d'une chanson, répété une dizaine de fois, tout entouré de son écrin sonore, il en devient presque triomphal. (A ecouter ici).
(la suite ici)
Dans les interviews ayant entouré la sortie de l'album, Neil et Chris prétendent avoir eu l'idée de demander au collectif Xenomania de produire leur album après s'être rendu compte qu'ils avaient écrit des chansons essentiellement pop et joyeuses, qui leur semblaient correspondre au profil des producteurs attitrés de Girls Aloud (et dans une moindre mesure de Rachel Stevens). On peut se demander si ce n'est pas plutôt le contraire qui s'est produit, le groupe ayant eu dans l'idée de créer leur album en collaboration avec Xenomania et ayant plus ou moins consciemment canalisé leur inspiration dans cette direction. Quoi qu'il en soit, cette collaboration entre l'usine à hits réunie autour de Brian Higgins et les princes consorts de la synth-pop eighties avait de quoi faire saliver. Quand en plus, les rumeurs ont commencé à circuler sur une participation de Johnny Marr (The Smiths), à la guitare et à l'harmonica (Bob Dylan alert!), d'Owen Pallett (Final Fantasy, Arcade Fire) et de Fred Falke (fourré dans la plupart des mauvais coups liés à la "French(-touch) connection"), l'excitation parmi les fans s'est fait palpable. L'heure est venue de voir si le résultat est à la hauteur des attentes. De ce point de vue, la première moitié de l'album n'est pas très encourageante.
1 - Love Etc. (8) : Les rumeurs ayant précédé la sortie de ce premier single prétendaient que cette chanson ne ressemblait à rien de ce que les PSB avaient pu faire auparavant. Avec le recul, ce n'est pas tout à fait vrai. Certes, le titre est co-écrit par Xenomania (le riff de synthés en fond sonore serait d'eux) et les choeurs mi-chantés mi-criés semblent à première écoute un peu incongrus, mais très vite, on retombe en terrain connu, cette construction basée sur l'alternance couplet-refrain interrompue par un middle-8 est typique des PSB et les paroles de vieux sage revenu de tout expliquant qu'il ne faut pas être riche pour connaître l'amour sont Tennantissimes. Incidemment, la chanson contient une des meilleures paroles de l'album "Too much of anything is never enough / Too much of everything is never enough". En fait, cette chanson me rappelle The Only One, que tout le monde détestait mais qui pour moi n'était pas loin d'être la meilleure chanson de Nightlife. (Vidéo ici)
2 - All Over The World (6) : Pressentie pour être le deuxième single, cette chanson a pour moi deux gros défauts : tout d'abord, la citation très plan-plan de Casse-Noisette, qui alourdit inutilement les premières secondes avant de revenir par deux fois piétiner le mix de ses gros sabots balourds (quitte à citer du classique, autant le faire avec une mélodie qui en vaille la peine, cfr Gainsbourg, qui faisait ça très bien) et le refrain un peu trop mécaniquement joyeux pour moi. Je ne sais trop pourquoi le 'This is a song' ouvrant le refrain sonne forcé à mes oreilles, comme si Neil le chantait sans y croire, s'excusant discrètement de se compromettre une envolée lyrique aussi clichetonneuse. C'est dommage parce que, par ailleurs, je trouve les couplets (surtout le passage vers 1:30) franchement plaisants (à écouter ici).
3 - Beautiful People (5) : Les journalistes présentent souvent cette chanson comme une tentative de pastiche de la pop 60s et je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi, à part peut-être pour les percussions, qui semblent tout droit sortir d'une chanson des Supremes. En fait, si pastiche il y a, il s'agit d'un pastiche de I Get Along, leur pastiche d'Oasis, qui est déjà au départ un tribute-band pasticheur des Beatles. De pastiche en pastiche, l'influence 60s s'est sensiblement diluée et les arrangements de cordes d'Owen Pallett ou l'harmonica de Johnny Marr n'y changent malheureusement rien. Je crois que des plus de 200 (300 ?) chansons écrites par les PSB, il n'y en a pas trois qui ont un refrain aussi nul et non-avenu que celle-ci. Malgré une intro qui fait illusion et un premier couplet qui ne laisse pas vraiment prévoir la désillusion du refrain, on peut sans exagérer affirmer qu'il s'agit de la pire chanson de l'album, et le fait qu'elle ait été écrite dans un premier temps pour servir de bande-son à une des plus mauvaises sitcoms produites par la BBC n'arrange rien (à écouter ici).
4 - Did you see me coming? (6.5) : Une intro de guitare, vraiment ? Pendant 7 secondes, on aurait pu se croire chez Suede ou les Smiths (Johnny Marr toujours), mais bon, très vite, la rythmique synthétique entre en jeu et on revient en terrain connu. Malheureusement, ici aussi, j'ai du mal à me faire à ce refrain faussement enjoué, qui me rappelle cette pop scandinave (de BWO à Alcazar disons), agréable à petites doses, mais qui révèle très rapidement l'étroitesse de son inspiration (la disco et la pop de supermarché de Stock-Aitken-Waterman). Je peux avoir dit du bien de Bodies Without Organs dans le passé, mais il n'en reste pas moins que j'attends plus du (deuxième) meilleur groupe du monde que cette ritournelle en plastique qui tourne à vide. Pour être honnête, je dois en revanche avouer que j'ai un faible prononcé pour les mélismes de synthés à 2:30 (à écouter ici).
Bon, pourriez-vous vous me dire, on a déjà dépassé le tiers de l'album et la moyenne des notes que tu donnes aux chansons n'atteint même pas 7/10. Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu t'es enfin rendu compte qu'ils étaient nuls ? Ca y est ? On peut sabler le champagne ? Tu t'es enfin débarrassé de cette admiration aveugle pour tes héros d'enfance ? Tu vas pouvoir t'intéresser à des musiques qui en valent vraiment la peine ? Le jazz kabyle, la no-wave japonaise, le death-metal norvégien, la scène anti-folk de Portland, la country sépulcrale californienne, et toutes ces choses que, enfermé dans un passé révolu, tu ne prenais pas le temps de connaître ?
Et bien, non, ne vous réjouissez pas trop vite, car c'est ici que les choses sérieuses commencent vraiment.
5 - Vulnerable (8.5) : Je n'aime rien tant que de voir une pop-song fonctionner à plein alors que, sur le papier, les prémisses en semblaient intenables. Quatre refrains identiques et trois couplets quasiment interchangeables, sans temps mort ni intermède instrumental. En quatre minutes quarante, Neil ne s'arrête pour ainsi dire pas de chanter. Cette chanson devrait a priori être une scie et sembler insupportable dès la troisième écoute. Et pourtant, c'est sans dout la chanson dont je me lasse le moins. Les mélodies des couplets et des refrains sont addictives, Neil y alterne avec bonheur entre son registre aigu et son registre grave et les petites ponctuations de guitare espagnole ne sont pas loin d'être géniales. J'ai écouté attentivement la chanson au casque pour tenter de percevoir ce qui me plaisiait tant, et je crois que la rythmique imperturbable en fond sonore, littéralement "relentless" dans sa marche en avant et qui empêche la chanson de se déliter par excès de répétition, explique sans doute en grande partie pourquoi cela fonctionne. Et puis, Vulnerable est un mot typiquement Petshopboysien. A première vue, il a l'air tout misérable, encombré de toutes ces lettres qui se prononcent à peine. Pourtant, lorsqu'il se retrouve ainsi propulsé au coeur d'une chanson, répété une dizaine de fois, tout entouré de son écrin sonore, il en devient presque triomphal. (A ecouter ici).
(la suite ici)
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