lundi, juillet 31

Début de série...

En août, je vais tenter de proposer tous les jours un lien vers un morceau que j'aime bien, avec une description minimaliste. Pour inaugurer la série :

The black neon - Cast that light

Les responsables du label appellent ça du "krautrock pastoral". La description est plutôt bonne.

samedi, juillet 29

Coup de coeur

Allez sur la page Myspace de Lupen Crook et écoutez Halloween. On pourrait décrire ça comme "Nick Drake meets David Bowie meets Kurt Weill meets Patrick Wolf", ce qui devrait vous donner envie. J'ai commandé l'album et vous en recauserai sans doute bientôt.

PS : The Boyfriends sont également plein de qualités. Imaginez que Morrissey ait dû déménager en Californie à 15 ans et n'ait donc pas formé un groupe avec Johnny Marr mais avec un bassiste fan des Red Hot Chili Peppers, un guitariste fan de Panic! At the Disco et un batteur fan de... euh... bière.

mercredi, juillet 26

Fundamental

Le précédent album des Pet Shop Boys, Release, était une expérience acoustique qui, malgré trois ou quatre chansons sublimes, avait laissé sceptiques la plupart des fans du groupe (et des journalistes), décontenancés par l'absence de sonorités électroniques. Le message fut apparemment parfaitement reçu puisque Neil Tennant et Chris Lowe ont alors enchaîné les projets très électro : Disco 3 (mini-album contenant nouvelles chansons et remixes sortis en 2002), PopArt (un best-of contenant deux nouvelles chansons électro-pop flamboyantes, 2003), un album Back to Mine oscillant entre l'italo-disco et l'electronica ambient (2005) et une bande originale pour le Cuirassé Potemkine qui évoquait tout à la fois Bernard Herrmann et le new-age synthétique de Tangerine Dream. La parenthèse folk était bel et bien refermée et le nouvel album semblait devoir être conçu dans le même esprit.

Pourtant, si on en croit les bribes d'information qui ont filtré depuis 2002, l'accouchement n'a pas été sans mal. En effet, Neil Tennant avait mentionné (en 2004?) qu'il était en train d'écouter le nouvel album sur son ipod et qu'il le trouvait plutôt bon, ce qui laissait entendre que, à tout le moins, l'écriture des démos était terminée. Pourtant, quelques semaines plus tard, on apprenait que le groupe était reparti en Italie (de mémoire) pour composer. Alors, cette première version de l'album a-t-elle été jugée invendable par la maison de disques ? Neil et Chris lui ont-ils soudain trouvé des défauts rédhibitoires ? Nous ne le saurons sans doute jamais mais, à en juger par les démos assez moyennes qui avaient fait surface à cette époque (Only Love, Motoring), on ne peut sans doute que se réjouir de ces deux années de travail supplémentaires.

Pour la première fois depuis Very, le groupe a fait appel à un producteur extérieur unique pour enregistrer l'album. Trevor Horn avait déjà collaboré avec les Pet Shop Boys à l'époque de Introspective, principalement sur leur grand-oeuvre Left to my own devices. Pour moi, Trevor Horn est un peu aux années 80 ce que Phil Spector fut aux années 60 et l'expression "Wall of Sound" est une description parfaitement valable des chansons qu'il a pu produire pour Frankie goes to Hollywood, ABC et Propaganda ou écrire pour les Buggles et the Art of Noise. A l'époque, on reconnaissait sa patte dans un usage de l'orchestre parfois à la limite du pompiérisme et dans un empilement de couches de synthés qui finissaient par former un mur sonore (hé hé) infranchissable. Pour beaucoup, il représente l'exemple parfait de ce que fut la pop britannique lors de l'âge d'or des années 80 (jusqu'à 1987 en tout cas, lorsque l'écurie Stock-Aitken-Waterman viendra faire table rase du passé en imposant Kylie Minogue, Jason Donovan, Mel & Kim et leurs multitudes de clones interchangeables... mais c'est un autre débat). Il se fit plus calme pendant les années 90 (je sais juste qu'il a produit une face de l'album The Tenement Symphony de Marc Almond et quelques chansons pour Seal) avant de revenir au premier plan en produisant le premier album de t.A.T.u puis, dans un autre genre, l'avant-dernier album de Belle and Sebastian. Son apport sur Fundamental ne pourrait pas à mon avis être surestimé. Bien qu'il ne soit jamais explicitement crédité comme compositeur, toutes les chansons portent sa griffe. Du coup, Fundamental est l'album des Pet Shop Boys qui sonne le plus "plein", le plus "ample". Engager Trevor Horn était sans doute le meilleur moyen pour remédier au principal défaut de Release, c'est-à-dire une production qui, à part sur Birthday Boy, tombait à plat. De plus, le fait que tout l'album ait été confié au même producteur permet d'obtenir un disque au son nettement plus homogène, ce qui change agréablement du caractère disparate des morceaux que l'on trouvait sur Bilingual ou Nightlife.

1. Psychological (7)
Dès les premières secondes, le riff de synthés qui soutient toute la chanson est installé, distillant une ambiance sombre et gentiment claustrophobique qui n'évoluera plus guère. Neil Tennant utilise pour chanter un registre assez grave, laissant de côté le falsetto dont il avait tendance à abuser ces dernières années. Ce parti-pris vaut également pour la plupart des chansons de l'album, à ma grande joie.
Psychological fonctionne à vrai dire mieux comme une déclaration d'intention, comme un prélude à l'album que comme une chanson à proprement parler. Les paroles très disjointes semblent énumérer des pensées, des images obsédantes dont on ne peut ni saisir le sens ni se défaire, entre rêve et réalité. On peut aussi sans doute y voir une description de l'univers mental qui a présidé à l'élaboration de l'album. Ca n'avait pas l'air de rigoler beaucoup.

2. The Sodom and Gomorrah Show(9)
Cela faisait longtemps que les Pet Shop Boys n'avaient plus réussi à écrire un tube, un morceau qui donne envie de sauter sur place en levant les mains et de chanter à tue-tête en se dandinant. Fundamental en contient pourtant deux, dont voici le premier. Introduit comme un numéro de music-hall par un Mr Loyal que l'on imagine en veste rouge à boutons dorés, il mêle arpèges de synthés et guitares qui tachent pour former un couplet étonnamment accrocheur et un refrain qu'il suffit d'entendre trois fois pour retenir à jamais. Les paroles contiennent ce qui est sans doute le slogan politique ultime "Sun, sex, sin, death and destruction". Toutes les grandes chansons pop ont en commun une capacité à emporter pour quelques minutes l'auditeur dans une bulle où la vie réelle disparaît et où n'existe plus que la joie autarcique de réentendre encore et toujours les 12 mêmes mesures, réminiscence de l'époque où, enfants, nous voulions qu'on nous raconte encore et toujours la même histoire. The Sodom & Gomorrah Show remplit parfaitement ce cahier des charges. Difficile, en revanche, de savoir exactement de quoi ça cause. Neil Tennant aurait dit que la chanson n'a pas de connotation ouvertement sexuelle et, à en juger par les costumes utilisés lors de la tournée actuelle, il semblerait qu'il faille plutôt y voir une parabole sur les élites décadentes, sur comment le pouvoir aveugle ceux qui le possèdent, les isole du reste du monde et les encourage à rechercher avant tout leur plaisir personnel. A moins que ce ne soit tout autre chose.

3. I made my excuses and left (6)
S'il existait une médaille d'or de la plus longue introduction, nul doute que IMMEAL serait bien placé pour la recevoir. Première chanson de l'album à faire un usage intensif de l'orchestre, elle ne commence en effet réellement qu'après 1m49s de tapis de cordes et de voix spectrales (censément une mélodie enregistrée par Chris Lowe sur son téléphone portable un soir de pluie). Lorsque la chanson proprement dite commence, après un claquement de porte, on se retrouve en terrain plus balisé. Des percussions synthétiques rythment une sucession de quatrains narratifs insipides, sans refrain, qui ne semblent mener nulle part. En fait, toute la chanson tend vers la modulation qui acompagne l'arrivée du titre à 3m15s et introduit un dernier couplet un peu plus lyrique. Cela dit, c'est sans doute une chanson trop désincarnée pour parler vraiment aux tripes et si je peux, à tête reposée, lui trouver quelques qualités, je n'éprouve pas grand-chose en l'écoutant. Peut-être parce que cette histoire d'adultère inopinément découvert ne me parle guère. Je ne suis par ailleurs pas très sûr de comprendre ce qu'est cette chose qu'il "hadn't heard". Je suis ouvert à toutes les suggestions.

4. Minimal (8.5)
On devrait donner cette chanson en exemple à tous ceux qui mettent le "songwriting" au premier plan et doutent de l'importance de la production. Sur papier, les couplets et le refrain ne paraissent pas particulièrement brillants : beaucoup de répétition, des lignes mélodiques que l'on oublie très vite. Pourtant, lorsqu'on écoute le produit final, ces couplets et ce refrain a priori banals semblent baigner dans une sorte d'évidence éthérée qui colle parfaitement au propos. Pour moi, les paroles décrivent une certaine forme dépouillée de l'art contemporain (lumières froides, espaces vides et blancs, transparences, etc., soit en fait tout ce que l'on retrouve dans la scénographie de la tournée actuelle ou encore dans l'accompagnement visuel de l'album). Minimal réussit l'exploit de ne rien dire, mais de le faire avec une sophistication délicieusement prétentieuse. En écoutant Neil chanter "Light and shade, time and space", je me plais à imaginer que sur la feuille où il a noté les paroles, il a placé des majuscules devant chacun de ces mots, pour bien montrer qu'ils ne désignent pas seulement des réalités physiques terre-à-terre mais aussi les concepts artistiques, voire philosophiques, sous-jacents. Je serais incapable d'expliquer comment la production parvient à transcender la chanson mais je trouve le dernier tiers quasi-parfait avec sa ligne de basse new-order-esque (interprétée par Trevor Horn) et son final orchestral très Herrmannien. Ce dernier a malheureusement été odieusement coupé dans la version single, en vertu la sacro-sainte loi tacite qui veut que les radios ne diffusent aucun morceau qui dure plus de 3 minutes 30. Pffff.
(la vidéo est visible sur le site officiel, section product)

5. Numb (7.5)
Pour je crois la première fois de leur carrière, les Pet Shop Boys ont délégué l'écriture d'une de leurs chansons. Comme ils aiment surprendre, ils ont fait appel pour cela à une compositrice qui se trouve a priori aux antipodes de leur style : Diane Warren, la reine américaine de ce que les anglo-saxons appellent la "power ballad" (If I Turn Back Time de Cher par exemple). Selon certaines sources, elle serait l'auteur-compositeur qui aurait vendu le plus de singles au monde, même si je ne peux en citer qu'une dizaine, dont le niveau me semble osciller entre le 'juste passable' (Sugababes) et le 'franchement terrifiant' (les ballades d'Aerosmith qui ont pourri mon milieu des années 90). C'est un peu comme si Cliff Richard avait composé une chanson pour The Cramps ou si Boulez avait composé un lied pour Britney Spears. En vrais pervers de la pop, les Pet Shop Boys tirent d'ailleurs un réel plaisir du fait que Numb a d'abord été proposé à Aerosmith, qui n'en a pas voulu. Ce que d'autres considèreraient peut-être comme un motif de légère honte ("Bon, OK, on avoue que c'est un peu pathétique de fouiller ainsi les poubelles d'Aerosmith."), ils en font un motif de fierté. Je suppose que, Aerosmith représentant une forme de rock FM américain dont ils ont horreur, en prendre le contre-pied leur paraît être une bonne idée. C'est en tout cas assez troublant d'entendre Neil Tennant interpréter une chanson aussi étrangère à l'univers du groupe. Les paroles semblent tout droit tirées d'une B-side de Linkin Park ou de Limp Bizkit ("Rhaa, j'ai mal. Vivre me tue. Je voudrais m'échapper de cette chape de plomb qui m'oppresse, échapper à la douleur pour quelques instants d'inconscience blah blah blah") et les mélodies suivent des méandres compliqués que l'on n'a pas l'habitude d'entendre dans les chansons des PSB. Pourtant, la production imposante de Trevor Horn et la voix de Neil Tennant transforment immédiatement Numb en une chanson des Pet Shop Boys et lui permettent de s'intercaler naturellement dans leur répertoire.
La BBC a donné une visibilité médiatique énorme à cette chanson en l'utilisant pour illustrer l'élimination de l'Angleterre en quart de finale de la Coupe du Monde. Je me demande si EMI a été/est/va être tenté d'en faire un single. Un succès massif serait en effet une bien mauvaise blague pour l'ego des compositeurs Neil Tennant et Chris Lowe, obligés d'admettre qu'il ne sont plus capables de rencontrer le grand public qu'en chantant les chansons des autres (voir aussi Go West). En tout cas, je ne peux plus écouter la chanson sans voir Michael Owen se bousiller le genou au ralenti ou entendre les déclarations optimistes de Sven-Goran Eriksson et David Beckham à l'entrée du second tour.

6. God Willing (5)
Intermède quasi-instrumental où Neil Tennant se laisse juste aller à quelques "lalala lalala" discrets. Sa présence au milieu de l'album est sans doute un moyen de rappeller la séparation des anciens 33 tours en deux faces distinctes (on y avait même vu à une époque la preuve que Fundamental serait un album concept sur la guerre en Irak). A chaque fois que le morceau se termine, j'ai envie d'enchaîner avec Never Can Say Goodbye des Communards, dont l'intro doit sans doute être basé sur les mêmes harmonies.

7. Luna Park (10)
Les chansons des Pet Shop Boys que je préfère sont souvent des ballades, et Luna Park est pour moi clairement la meilleure ballade de l'album, et sans doute une de leurs meilleures chansons (quoique le temps la fera peut-être rentrer dans le rang). La production peut sembler au premier abord un peu cheap. Les percussions floues qui apparaissent après une intro d'arpèges DeadCanDanciens rappellent ainsi les moins bonnes de leurs B-sides récentes (ou encore leur reprise de Philadelphia de Neil Young). Le reproche paraît cependant presque mesquin au vu de ce morceau miraculeux où mélodies, textes et production agissent en parfaite symbiose. Il paraît assez clair après lecture des textes que Neil y décrit les Etats-Unis (et plus généralement le monde occidental) comme une sorte d'immense parc d'attractions où tout est fait pour rassurer, pour distraire. Guerre, terrorisme, catastrophes naturelles. Notre mode de vie est voué à disparaître ("A storm will come one day, to blow us all away, like dust on the moon") mais n'y pensons pas trop et prenons du plaisir. Il n'y a de toutes façons rien que nous puissions faire. L'analogie n'est pas neuve. On a notamment beaucoup lu après le 11 septembre 2001 que les Etats-Unis étaient devenus un immense Disneyland reclus sur lui-même et indifférent au monde extérieur. Il me semble pourtant que c'est la première fois que l'image est utilisée comme source d'empathie plutôt que de moquerie, ce qui en fait à mon avis une des chansons les plus émouvantes jamais écrites par le groupe. On y trouve aussi un bel exemple de comment un détail de production peut transcender une chanson. Les grondements sourds que l'on entend à 2m36s et 2m48s peuvent évoquer indifféremment des bombardements lointains, des coups de canon ou des explosions nucléaires. Leur présence est pour beaucoup dans l'impression de désespoir qui émane du morceau.

8. I'm with stupid (7.5)
L'utilisation de cette chanson comme single éclaireur de Fundamental était sans doute légèrement trompeuse en ce qu'une écoute distraite pouvait laisser présager un album gentiment ironique, plutôt léger dans sa thématique et dont les sonorités résolument eighties allaient ressuciter les souvenirs de Propaganda et de Frankie Goes To Hollywood (ou, et ce n'est pas forcément contradictoire, la production luxuriante de Can You Forgive Her?). Trevor Horn semble en effet y pasticher le style qui fit sa gloire, avec notamment cette avalanche de percussions que l'on retrouve après chaque couplet. Le reste de l'album s'est finalement révélé être assez différent.
De même, il suffit de deux ou trois écoutes pour se rendre compte que le caractère gentiment crétin du titre dissimule en fait une satire politique assez vacharde. La "special relationship" des paroles désigne en effet le lien qui unit depuis plus d'un siècle les Etats-Unis à la Grande-Bretagne et la chanson est donc une allusion assez claire à la relation privilégiée existant entre Tony Blair et George Bush. Ce n'est pas forcément très fin (ni très original, I Get Along parlait déjà des rapports entre Tony Blair et Peter Mandelson) mais c'est indéniablement efficace, au moins pendant les 20 premières écoutes. Après, l'indigence du refrain commence à devenir problématique.

9. Casanova in hell (8)
Neil Tennant a toujours eu une légère propension au snobisme culturel, que ce soit dans sa manière de reprendre du Kurt Weill, de chanter les affres idéologiques de Chostakovich ou, ici, de documenter la manière dont un amant vieillissant trouve le salut dans la littérature et la retranscription par écrit de ses exploits passés. Il aime à répéter en interview que les Pet Shop Boys sont le seul groupe pop au monde à pouvoir écrire des chansons sur ces sujets et il n'a sans doute pas tort. Une fois encore, la production fait preuve d'une totale adéquation avec le sujet et la dynamique du morceau épouse parfaitement l'évolution des sentiments décrits dans les textes : le son de synthé funèbre du début, l'apparition d'un contre-thème ironique dans le deuxième couplet, le léger glissando descendant après "He couldn't get an erection" (dont je vous laisse juge du bon goût) et l'apothéose extatique du couplet final, renforcé par des choeurs féminins et une diction plus féroce. La chanson a été interprétée lors du concert de la BBC par Rufus Wainwright, qui a réussi à la faire sonner comme une de ses propres compositions. C'est la première fois que je prends conscience de la parenté qui peut exister entre leurs deux univers.

10. Twentieth Century (8.5)
De tous les morceaux de l'album, c'est sans doute celui qui plaira le plus aux fondus d'électronique. Tout, de la basse rebondie aux nappes de synthés sombres, rappellent les morceaux de Relentless ou Time on my hands (sur Disco 3). A l'exception de deux courtes apparitions de la guitare, le morceau est d'ailleurs entièrement synthétique. Il s'agit sans doute aussi des paroles les plus explicitement politiques de l'album et la seconde Guerre du Golfe y est implicitement mentionnée (via les statues déboulonnées). La thèse défendue "Sometimes the solution is worse than the problem", peut sans doute paraître simpliste mais elle colle bien à l'état d'esprit d'un Neil Tennant qui, après que l'euphorie de la chute de Saddam Hussein se fut dissipée, est en quelques semaines passé du camp des "pro-war" au camp des "anti-war". Une phrase comme "Everyone came to destroy what was rotten but they killed off what was good as well." résume assez bien la situation délicate dans laquelle se retrouvent les Etats-Unis en Irak, même si elle ne devrait pas valoir à Neil Tennant une place de rédacteur en chef au Monde Diplomatique. Cela dit, la musique pop n'est sans doute pas la mieux adaptée aux analyses géopolitiques fines. Comme pour Eminem avec Mosh, elle doit au contraire se saisir d'idées simples, puis les transcender par la musique de sorte qu'elles s'imposent à l'auditeur. Twentieth Century n'y parvient à mon avis qu'imparfaitement, même s'il s'agit sans doute de la chanson de l'album qui gagne le plus à être écoutée souvent. Elle ne paie guère de mine au départ mais devient de plus en plus irrésistible au fur et à mesure des écoutes.

11. Indefinite leave to remain (6)
Le problème des réfugés avait déjà inspiré une chanson de Release (London), dont l'impact se trouvait malheureusement amoindri par une mélodie filandreuse, dont je suis d'ailleurs incapable de me souvenir aujourd'hui. Indefinite Leave To Remain, malgré une splendide intro de cuivres façon "sonnerie aux morts", souffre un peu du même problème. J'ai beau l'écouter, je ne parviens pas à en retenir le moindre fragment de mélodie. C'est typiquement le genre de chansons qui rentre par une oreille et ressort immédiatement par l'autre. Dommage car le texte, supplique d'un réfugié espérant obtenir un permis de séjour permanent (dont la dénomination officielle en Grande-Bretagne est justement "Indefinite Leave to Remain"), méritait mieux.

12. Integral (10)
Il est des chansons qui ne dévoilent leurs charmes que petit à petit (Luna Park, Twentieth Century). Il en est d'autres qui, dès les premières secondes, sortent le grand jeu. Integral fait clairement partie de cette seconde catégorie. Le refrain, irrésistible (notamment à cause du glissando montant à la fin de chaque phrase), est asséné dès le début, suivi par des percussions martiales et un riff de synthé dont on ne peut se défaire. C'est bien simple, ce n'est plus une chanson, c'est un rouleau compresseur. Foin de subtilité et de sous-entendus, fi des clins d'oeil et des allusions, l'heure n'est plus au rire mais à la résistance. Neil Tennant s'oppose farouchement à l'introduction en Grande-Bretagne d'une carte d'identité obligatoire, projetée par le gouvernement de Tony Blair. Sa voix semble d'ailleurs ne contenir qu'à grand peine sa colère (surtout dans le premier couplet) lorsqu'il évoque la manière dont des élites politiques sûres de leur bon droit font lentement dériver son pays vers un fascisme à la Orwell ("Sterile, Immaculate, Rational, Perfect" semble être un slogan de 1984). La chanson a été écrite dans le seul but de transmettre cette colère, par tous les moyens, et ne laisse l'auditeur respirer que pendant un petit pont désuet de vingt secondes à 2m25s, brefs instants de répit avant que le refrain ne revienne asséner son propos avec toute la subtilité d'une séance d'électro-chocs. Ayant reçu ma première carte d'identité à 10 ans et n'ayant jamais eu l'impression que cela portait atteinte à mes libertés fondamentales, je ne suis pas sûr de bien comprendre exactement pourquoi un petit bout de plastique les met dans un tel état (quoique), mais Dieu que c'est bon. Rarement contestation politique a été aussi irrésistible.
PS : Je suis sidéré par la manière dont Neil Tennant prononce "threat" dans le refrain.

Voilà. Comme d'habitude, c'est trop long (et encore j'ai coupé) et habité d'un esprit de sérieux un peu agaçant.. mais bon, ça n'arrive qu'une fois tous les quatre ans.

mardi, juillet 25

Les classements crétins de la semaine

- Les chansons les plus mauviettes de tous les temps. Ce n'est pas souvent qu'on peut lire un classement où Iron&Wine se retrouve coincé entre Richard Marx et Spandau Ballet.
- Dans le même genre, existe un classement des plus grandes mauviettes. Il y en a plus du quart dont je n'ai jamais entendu parler.

Sinon, dans un autre genre : le pouce le plus suggestif de l'histoire de la vidéo musicale.

lundi, juillet 24

Liens de la semaine

- L'anonyme de Château Rouge propose un billet sur l'Arlésienne ultime, c'est-à-dire l'hypothétique troisième album de Portishead, qui devient lentement mais sûrement l'équivalent au 3ème millénaire de ce qu'était le nouvel album de My Bloody Valentine dans les années 90. On y trouve notamment une improbable démo (un work in progress) dont je doute un peu de l'authenticité.
- Comme toutes les deux semaines, Absolut Noise tente de trouver un meilleur duo électro-pop suédois que Le Sport. J'ai peur que ce ne soit pas encore cette fois-ci que je vais abandonner Your Brother is my only hope, même si The Embassy (et, dans un genre un peu différent, The Bondage Fairies) maîtrisent plutôt bien leur sujet.
- Une triplette de retours pop en avant-première était disponible ici. Malheureusement, j'ai trop tardé à vous fournir le lien et les mp3 ne sont plus accessibles mais je suis un vrai McGyver quand je m'y mets et voici donc le nouveau single des Scissor Sisters et celui de The Killers. Celui de Robbie Williams m'avait l'air un peu nul, donc pas de regrets à avoir.
EDIT : Ah ben non, en fait, si on parvient à faire abstraction du fait que Robbie Williams rappe comme ma grand-mère, ce single n'est pas si mal. Et vous le trouverez ici ou .
- Charlotte Gainsbourg produite par Nigel Godrich... et on ne me dit rien ?
- Après avoir redécouvert Woven Hand avec Mosaic, j'ai réécouté le premier album et je ne suis plus sûr de comprendre pourquoi j'avais à l'époque rechigné à aimer Woven Hand autant que Sixteen-Horsepower. Pour pouvoir éclaircir ce mystère, une piqûre de rappel sur ces derniers s'impose.
- Le guitariste d'Art Brut ressemblant à un prof de math avait quitté le groupe il y a deux ans. Il semble en avoir depuis formé un nouveau.
- Et comme presque chaque semaine, quelques jolies reprises.

jeudi, juillet 20

Climat et productivité

La pièce où se trouve l'ordinateur étant orientée plein sud, je n'ai guère le courage en ce moment de m'y enfermer trop longtemps. Du coup, les mises à jour sont rares et l'intérêt des phrases que mon cerveau anesthésié par la chaleur parvient à produire est discutable. Pour y remédier partiellement et histoire de faire patienter les quelques lecteurs qui n'ont pas fondu devant leur écran, voici le premier jet de la première moitié de ma chronique de Fundamental. Le poster ici m'obligera à le retravailler très vite. Je n'ose imaginer le nombre de fautes de frappe, d'orthographe ou de grammaire qui se terrent dans ce fouillis verbal.

[...]

Voir la version définitive ici.

samedi, juillet 15

Les Ardentes, Liège, 9 juillet 2006

Dès l'entrée sur le site, il est clair que le public est nettement plus nombreux aujourd'hui qu'hier et les tee-shirts Indochine sont légion. Pour une bonne part des spectateurs, le festival ne démarrera réellement qu'à 22h30, mais commençons par le commencement, ce qui pour moi signifie le set de VENUS à 16h00. Je connais très peu de choses de ce groupe qui m'a toujours semblé non dénué de talent mais dont les chansons ont rarement provoqué en moi autre chose qu'un désintérêt poli. Ce concert ne va rien y changer. Bravo pour l'utilisation d'un violon et d'une contrebasse, un bon point pour la présence scénique du chanteur (qui devrait pourtant un peu moins baser ses interventions parlées sur la rivalité Standard-Anderlecht, ça a fini par se voir), et j'étais plutôt content qu'ils aient joué leur tube mais, malgré tout cela, je n'y pensais déjà plus un quart d'heure plus tard, sans doute parce que j'étais alors en train d'écouter ETE 67, le petit groupe liégeois qui monte. J'ai tendance en général à être plus sévère dans mes jugements pour les groupes belges que pour les groupes étrangers (anglais par exemple), ce qui fait que rares sont les groupes belges que j'aime vraiment (même si le dernier album de Half Asleep est vraiment une merveille). Eté 67 est un peu l'exception à cette consternante forme de chauvinisme inversé. Des chansons comme Le quartier de la gare ou Dis-moi encore par exemple font preuve d'un sens de la mélodie largement au-dessus de la moyenne et rappellent un peu Louise Attaque (la voix du chanteur y est sans doute pour beaucoup). Certes, les paroles ont parfois un petit côté boy-scout ("la pauvreté c'est triste, la guerre c'est mal et les amis c'est super") et le groupe fait preuve sur scène d'une désarmante candeur qui peut sans doute rebuter les plus cyniques (ils dédient notamment une chanson à leur camionnette de tournée, apparemment sincèrement) mais bon, pour avoir réussi le mariage du pop-rock mélodique à la française et de la chanson réaliste, je leur pardonne beaucoup (il y a deux titres à écouter ici).

Tant qu'à parler de pop-rock mélodique à la française, on enchaîne avec le concert de DOMINIQUE A, venu présenter son dernier album L'horizon (qui est peut-être bien celui que je préfère de toute sa carrière). Je m'attendais à voir pour l'occasion monter sur scène le régional de l'étape Sacha Toorop (aka Zop Hopop), présent sur le site et batteur de longue date pour Dominique A (notamment sur le dernier album). Il n'en fut rien mais cela n'a pas empêché Dominique A de donner un concert très compact qui a fait une large place aux chansons du nouvel album sans oublier quelques morceaux plus anciens pour combler les fans de la deuxième heure (La peau, La mémoire neuve). On est décidément très loin du minimalisme amateur des deux premiers albums (complètement, sauf erreur de ma part, absents de la setlist) et on a assisté à un vrai concert de musiciens. Le batteur et le guitariste font appet à toute leur science du jeu pour construire de jolies cages soniques dont s'échappe la voix envoûtante de Dominique A, qui se fait presque lyrique par instants. J'ai vraiment l'impression que, après deux albums décevants et quatre-cinq ans de recherche, Dominique A a enfin retrouvé un style qui convient à son âge et avec lequel il se sent en phase. J'ai eu l'impression de voir un chanteur heureux, ce qu'il n'était clairement pas à l'époque de Remué, quand je l'avais vu pour la dernière fois.

Histoire de ne pas encore devoir jouer les mauvais Belges, je fais poliment l'impasse sur MALIBU STACY et attend le concert de COCOROSIE en discutant. Je n'ai jamais bien compris l'enthousiasme critique qui a entouré la sortie des deux albums des soeurs Cassidy. Suffit-il vraiment de prendre une voix de petite fille et de tapoter sans y croire sur des jouets d'enfants pour enthousiasmer les foules ? A force de gloser sans fin sur la "magie" qui se dégage de la musique de Cocorosie, tout le monde semble feindre d'ignorer qu'elles n'ont jamais écrit une chanson digne de ce nom et le concert n'allait pas vraiment me faire changer d'avis. Après une demi-heure où les deux soeurs rivalisent de minauderie devant leur batteuse butch et leur b-boy caillera, j'étais même à la limite de l'irritation, désarçonné par l'enthousiasme délirant d'un public que j'imgaginais défoncé à la grenadine et au marshmallow. Ce n'est qu'à la toute fin du concert, lorsque les musiciens ont fait monter sur scène des petits n'enfants (très nombreux dans les premiers rangs) pour leur faire danser la ronde sur un petit air de comptine que la vraie nature de Cocorosie, faite de ludisme régressif et d'innocence frelatée, m'est apparue. Finalement, il n'y a aucune raison que je m'énerve. J'ai juste passé l'âge d'écouter de la musique pour enfants.

Plutôt que d'aller voir NADA SURF sur la grande scène, je me suis confortablement assis contre la barrière au premier rang pour regarder sur l'écran géant le début de la finale de la Coupe du Monde de Football. Avec un pénalty qui n'en est pas un et un but de la tête qui en est vraiment un, les Italiens méritaient mieux et le public présent, largement acquis à leur cause, semblaient de mon avis. Quelques minutes après la fin de la première mi-temps, les NITS entrent en scène devant un public franchement clairsemé (la concurrence du foot sur l'autre scène est rude). Je ne sais pas trop qu'ajouter à ce que j'ai déjà écrit à propos du précédent concert bruxellois des Nits. Le set donné ici y ressemblait beaucoup jusqu'à sa division en une partie "intime" et une partie "grand spectacle" (même si le grand spectacle signifie ici juste une batterie et un clavier légèrement plus grands). Les chansons imparables s'enchaînent. Henk Hofstede chante comme toujours avec un sourire jusqu'aux oreilles. Rob Kloet fait honneur à son statut de meilleur percussioniste pop et Robert Jan Stips joue ses traits sans se douter que Le Soir du lendemain l'appellerait Laetitia (gageons que le journaliste avait préféré aller suivre Zidane à l'autre bout du site que de vérifier de visu si ses fiches étaient à jour). Comme toujours, un petit moment de bonheur.

Ensuite, retour vers la grande scène où un public compact s'entasse, partagé équitablement entre les "Forza Italia", "Allez Zidane", "Tout sauf la France" et les "Rien à foutre du foot, on veut INDOCHINE !!!". Finalement, après que justice sportive fut faite, le groupe entre enfin en scène pour un concert de presque deux heures qui m'a laissé assez perplexe. J'avoue volontiers ne connaître de la bande à Sirkis que quelques tubes des années 80 (L'aventurier, Trois nuits par semaine ou Troisième sexe, scandaleusement exclu de la setlist), et J'ai demandé à la lune. Pendant 1h50, j'ai donc entendu pour la première fois (ou presque) une kyrielle de chansons et me suis rendu compte avec une certaine surprise qu'elles sonnaient toutes exactement de la même façon. Des arrangements rock très basiques et une fâcheuse propension à la dilution n'arrangeaient rien, ce qui fait qu'au bout d'1h, je commençais à poliment m'ennuyer. Je me suis alors mis pour passer le temps à tenter de prévoir après chaque phrase à quoi ressemblerait la suivante. Sur les derniers morceaux, j'étais devenu assez bon. Cela dit, à quoi bon s'acharner sur un groupe qui a réussi à survivre à 25 ans de critiques assassines ?

Tout bien considéré, le festival fut pour moi une vraie réussite. Il ne reste plus qu'à espérer que, malgré ses apparents déboires financiers, il connaîtra une seconde édition.

Breaking News

Tarnation sortirait un nouvel album à la rentrée.

vendredi, juillet 14

Les Ardentes, Liège, 8 juillet 2006

Pour qui n'a jamais vraiment eu l'esprit boy-scout, la partie la plus pénible de l'expérience festivalière est sans doute le camping (ou , si le site n'est pas situé au bout du monde, les trajets aller et retour quotidiens). Dans ce cadre, l'organisation d'un festival dans un site boisé en périphérie de Liège est une idée splendide. Dix minutes de bus me mènent du bout de ma rue à l'entrée du site. Franchement, avoir le troisième meilleur groupe du monde à un quart d'heure de chez soi, c'est un plaisir rare et j'entendais bien le savourer (je l'ai d'ailleurs tellement savouré que je n'ai pas pris l'ombre d'une note durant tout le week-end et que ce compte-rendu sera donc assez sommaire).

Si on en croit une rumeur persistante, le festival sera loin d'atteindre l'équilibre financier. Une des raisons de ce semi-échec est sans doute à trouver du côté du déséquilibre des affiches. Le vendredi ne s'adressait qu'aux clubbeurs et aux électroniciens (Modeselektor, Black Strobe, Sven Väth,...). Le samedi proposait quelques beaux noms pop-rock mais sans tête d'affiche fédératrice (Woven Hand, Echo and the Bunnymen, Zita Swoon, le Peuple de l'Herbe, the Young Gods,...). Le dimanche en revanche proposait une programmation en moyenne plus intéressante et surtout Indochine, un groupe qui peut attirer des dizaines de milliers de personnes sans problèmes. Le ticket un jour coûtant 28€ (soit presque deux fois moins qu'un ticket de concert standard pour Indochine), il n'a jamais fait de doutes que la journée de dimanche serait complète mais beaucoup semblent avoir hésité à débourser plus et à acheter un forfait trois jours (50€). Je n'avais d'ailleurs moi-même pris de ticket que pour la journée de dimanche, après avoir décidé qu'un concert de Woven Hand de 40 minutes ne valait pas forcément 22€. Ce n'est que par le plus grand des hasards que l'on m'a proposé vendredi soir d'échanger mon ticket du dimanche pour un pass trois jours.

En conséquence, je n'ai rien vu de la journée électro (Superlux, TTC, Modeselktor, Sven Väth, Black Strobe, The Glimmers, Detroit Grand Pubahs, Juan Atkins, Zombie Nation, Oxia). Ayant pris des engagements préalables, je n'ai par ailleurs pu voir qu'un petite partie des concerts du samedi et suis arrivé à 15h40 pour voir THE YOUNG GODS, que je pensais être à la Suisse ce que Front 242 est à la Belgique et qui s'est révélé finalement plus proche d'un Suicide francophile, avec moins de testostérone et plus de fragilité. Ils sont trois sur scène (batterie, claviers, voix) mais la plupart des regards sont concentrés sur la gestuelle du chanteur, dont les mains et les bras évoquent des serpents hypnotiseurs (ou, mais ça revient au même, Julian Cope). Sinon, ils jouent leur tube Skinflowers (en écoute ici) et c'est tout ce que je demande d'un groupe que je découvre en festival. L'alternance des deux scènes étant scupuleusement respectée, on enchaîne directement avec NERVOUS CABARET, groupe new-yorkais qui exploite à merveille l'effet hypnotique que procure toujours la présence sur scène de deux batteurs jouant à l'identique (voir aussi Manitoba ou...Sigue Sigue Sputnik). D'autant qu'ici la session rythmique est accompagnée de deux joueurs de cuivres quasi-free-jazz et d'un nain de jardin barbu qui semble ne quitter son banc solaire que pour monter sur scène et dont la voix haut perchée et techniquement très au point fascine. Le groupe connait un début de hype depuis quelques semaines et on le compare souvent aux Dresden Dolls (sans doute à cause du mot "cabaret"). Après les avoir vus, je ne suis pas sûr que ce soit une comparaison très judicieuse mais le groupe dégage clairement quelque chose d'unique dont je serais curieux d'entendre la transposition sur disque (morceaux en écoute ici).

La grande scène enchaîne avec le plus grand groupe liégeois du moment, les glam-rockeurs poseurs d'HOLLYWOOD PORN STARS, dont les frasques sur scène m'ont assez vite irrité, sans doute parce qu'elles semblent toujours démesurées par rapport aux qualités de leurs chansons (échantillons ici). Cela dit, le public (assez peu nombreux en ce samedi après-midi) en redemandait visiblement, ce qui est finalement bien le principal.

Retour à la scène FIL ensuite pour THE TOASTERS, qui m'ont douloureusement rappelé ma totale inculture dans le domaine des musiques noires. Le groupe mélange reggae, ska et funk dans un mix somme toute assez plaisant mais que je ne parviens à appréhender que de loin, comme la marque d'un monde inconnu dont je ne sais rien. Il faudra un jour que je me demande pourquoi la zone "groovy" de mon cerveau est à ce point atrophiée (extraits ici). Vient ensuite le tour de WOVEN HAND (aka David Eugene Edwards, ex-16 Horsepower), dont le récent album Mosaic est un de mes disques préférés de ces derniers mois. J'avais déjà vu 16HP à l'Ancienne Belgique et en étais ressorti un peu déçu. Pas de déception aujourd'hui, bien que le concert ne devait sans doute pas être très différent. En effet, quel que soit le nom sous lequel sortent les disques, la musique reste en gros la même : lignes de guitare acérées malgré un fond de reverb et hululements plaintifs portés par une voix envoûtante. David Eugene Edwards, assis sur un tabouret au centre de la scène, chapeau de cow-boy sur la tête, joue de la guitare et chante, en général les yeux fermés. Par instants pourtant, ses paupières s'ouvrent, mais elles ne révèlent alors que des yeux révulsés, peut-être en quête d'une lumière intérieure. A voir ce fils de pasteur, bardé de tatouages et habité par on ne sait quels démons inavouables, on s'étonnerait presque de ne pas pouvoir lire Good et Evil tatoués sur ses doigts. Me voilà en tout cas réconcilié avec le bonhomme.

C'est sans trop de regrets que je quitte ensuite le site du festival, faisant l'impasse sur Zita Swoon, le Peuple de l'herbe, Magnus et Echo & the Bunnymen. La journée de demain devrait normalement largement compenser ces quelques rendez-vous manqués.

vendredi, juillet 7

Do do do do dododododo doooo !

Mon billet de la semaine sur la Blogothèque fait la part belle au recyclage, à la psychanalyse de bazar, à la noise japonaise en général et à Afrirampo en particulier.

jeudi, juillet 6

Justiiiin

Pour ceux qui veulent se faire une idée, le nouveau single de Justin Timberlake est téléchargeable (en qualité médiocre) ici. Une version de meilleure qualité est disponible sur sa page Myspace et, depuis quelques heures, sur tous les mp3-blogs de la planète.

EDIT : Ceux que la nouvelle direction electro-freak Timbalandesque de Justin Timberlake effraie trouveront du réconfort dans le fait qu'un certain Jesse McCartney, sentant que la place était libre, s'est mis à faire du Timberlake première période.

mercredi, juillet 5

Liens du jour

- Obscure sounds propose une rétrospective de la carrière des Sparks. Si vous n'avez jamais vraiment eu l'occasion de découvrir les chansons du plus excentrique des duos américains, profitez de ces 8 mp3 pour y remédier.
- Les mêmes ont également proposé deux extraits du nouvel album d'Outkast. Comme pour Hey ya!, je vais commencer par trouver ça pas mal avant de succomber comme tout le monde après 2545 écoutes du single à la radio.
- La Blogothèque fait le recensement des artistes confirmés ayant donné la primeur de leurs nouveaux morceaux à Myspace (The Rapture, Jarvis Cocker,...).
- Blog Pop propose trois morceaux de Film School que, selon votre degré de cynisme, vous considérerez comme les dignes héritiers de la vague shoegazing ou comme des Engineers au rabais.
- Quand les Inrocks, le NME et Popjustice sont d'accord pour encenser un même nom, on peut légitimement employer le terme 'hype'. On risque donc d'entendre parler de Lily Allen pendant un certain temps. Personnellement, au vu des chansons que j'ai entendues, elle me semble être essentiellement une sorte de Nelly Furtado, mais avant que cette dernière ne se mette à faire des chansons intéressantes (avant Maneater donc). Cela dit, je ne demande qu'à changer d'avis. Ecoutez-la reprendre Oh My God des Kaiser Chiefs ici. La vidéo de son single Smile est par ailleurs visible sur le site (en sursis) de Top of the Pops. La mélodie présente une parenté plus qu'évidente avec l'hymne mycophage bien connu de Billy-ze-Kick.
- Sur le même site, on peut voir la vidéo très conceptuelle de We Are Your Friends de Justice vs Simian, celle de Pull-Shapes des Pipettes ou encore celle du folkeux atmosphérique dont tout le monde parle, Jim Noir.

(et si je me mettais enfin à écrire cette chronique de Fundamental ?)

dimanche, juillet 2

Pourquoi la BBC fait la meilleure télévision du monde...

Certains d'entre vous le savent peut-être mais je soutenais l'Angleterre lors de cette Coupe de Monde. Comme on pouvait le prévoir, ils se sont faits éliminer en quart de finale (comme d'habitude) par une séance de tirs aux penalties (comme d'habitude... l'équipe d'Angleterre n'a jamais gagné une seule séance de tirs aux penalties). A la fin du match, j'étais un peu triste, mais pas trop... après tout, le football n'est qu'un jeu pour grands gamins et il n'y a pas de raison de lui donner une importance démesurée. Je pensais donc m'en tirer avec ma dignité intacte.

C'était sans compter sur les ressources de la BBC qui, en terminant la retransmission en direct du match par ce montage d'images avec en fond sonore Numb des Pet Shop Boys, a réussi à me faire pleurer comme un bébé. Apparemment, ITV (la chaîne rivale) a utilisé Hurt de Johnny Cash. Ca m'aurait sans doute fait le même effet.

EDIT : The Guardian se fait presque lyrique en parlant de ce montage.