Pour moi, le festival présentant le meilleur rapport qualité-diversité sur distance-prix est indéniablement le Pukkelpop. Le site est à 50 km de chez moi, ce qui me permet de rentrer dormir au chaud tous les soirs, et la programmation semble avoir été faite en ouvrant au hasard les pages du NME. Que du bonheur en somme. Cette année, les noms qui m'ont poussé à acheter mon ticket étaient Art Brut, The Coral et Patrick Wolf mais le principal avantage du Pukkelpop réside dans la richesse de son affiche et j'aurais dû être passablement difficile pour ne pas trouver de quoi m'occuper durant ces trois jours. Cette abondance de biens a un désavantage cela dit. J'ai parfois été contraint de ne voir que des moitiés de concerts, histoire de pouvoir me faire une idée de tout ce qui m'intéréssait a priori. En négligeant les concerts suivis de très loin sur la grande scène et ceux dont j'ai à peine vu une ou deux chansons, j'ai compté que j'avais assisté à 34 concerts en trois jours, dont seulement la moitié en entier. J'ai malgré tout été contraint de faire l'impasse totale sur The Hives, Mouse On Mars, Audio Bullys, Roisin Murphy, Royksopp, Four Tet, VHS or Beta, Goldfrapp, Ellen Allien, Lady Sovereign, Little Barrie, Nine Black Alps, Emiliana Torrini, The Others, Maximo Park, LCD Soundsystem, The Raveonettes, Hot Hot Heat, The Datsuns, Sophia, Vitalic, Whitey et Vincent Gallo, sans compter The Dresden Dolls, Low, The 22_20s, Babyshambles et Colder qui ont tous annulé leur venue.
Le premier groupe au programme est aussi un de ceux que j'attendais avec le plus d'impatience, ce qui présente toujours un risque puisque nous sommes arrivés en retard et que je n'ai donc pu assister qu'à une petite moitié du set. Visuellement, Art Brut ressemble à peu près à ce que j'attendais, c'est-à-dire à rien. Le chanteur a un peu de bedaine, une touche de maquillage bizarre autour des yeux. Le guitariste est blond, à peu près chauve et porte des lunettes de prof de maths. Ce look disparate convient néanmoins tout à fait à leur musique (punk-rock foutraque diraient les Inrocks) et au message qu'ils tentent de faire passer dans leurs chansons "Réappropriez-vous le rock'n'roll. Si nous en sommes capables, vous l'êtes aussi.", message que le chanteur explicitera d'ailleurs avant de quitter la scène en disant : "I want each and everyone of you to go, after this show... urm.. after this festival, to go home and form a band. That's very important to me." Quand cet appel aux armes prend la forme de chansons aussi irrésistibles que Bad Weekend, je vois mal pourquoi il faudrait faire la fine bouche. Je suis toujours aussi peu susceptible de former un groupe de rock mais, pendant quelques minutes, j'en ai contemplé la possibilité sans éclater de rire. C'est en soi un petit miracle.
On change ensuite tout à fait de genre (malgré un look tout aussi aléatoire) avec les Engineers, qui à l'énergie primale d'Art Brut oppose un son tout en rondeurs et en échos. Le chanteur, 1m60 à tout casser, passe la plus grande partie du concert à regarder en l'air, espérant sans doute détourner notre attention du guitariste qui s'abîme dans la contemplation de son rack de pédales et ainsi éviter d'être qualifiés de 'shoegazers', appellation qui leur conviendrait pourtant plutôt bien. J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de la musique du groupe (et surtout de leur premier EP Folly) et, bien que le concert n'apporte absolument rien de neuf par rapport à l'écoute du EP ou de l'album, on passe un bon moment.
Ils ont à peine 20 ans mais les Subways ont déjà l'honneur de la grande scène. Je ne suis pas sûr que ce soit leur rendre un bon service. Certes, il est difficile de ne pas trouver les deux fiancés préférés du NME attendrissants avec leurs poses de rock-stars un peu gauches, leurs grands yeux écarquillés et leur lecture appliquée du "How to make a lot of noise with your ex-girlfriend" de Jack White, mais force est de constater que les chansons ne sont pas toujours à la hauteur, d'autant qu'ils ne jouent pas 1am, le morceau qui les a fait connaître. Le concert ne décolle donc vraiment qu'avec le dernier titre, Rock'n'roll Queen, qui est d'assez loin ce qu'ils ont de mieux dans leur répertoire. Pourront-ils bâtir une longue carrière sur la base de cette seule chanson ? Je n'en suis pas sûr. Cela dit, il est peut-être injuste de les enterrer après un set qui, selon leurs propres dires, a été ruiné par des problèmes techniques.
Je gardais un excellent souvenir du concert de Ladytron il y a deux ans. La déception fut d'autant plus cruelle cette année. Le set commence très mal, par un morceau instrumental tellement long que j'ai bien failli partir. Ca s'améliore un peu par la suite (le groupe possède indénablement de bonnes chansons) mais je n'ai pas du tout retrouvé cette rigueur robotique, ces poses immobiles pleines d'ennui calculé qui m'avaient tant plu en 2003. En optant pour un jeu de scène plus conventionnel, ils (enfin, surtout Helena et Mira) ont perdu une bonne partie de ce qui faisait pour moi leur charme en concert. Dommage.
Un des concerts les plus attendus de la journée fut celui des Kaiser Chiefs, en général présenté comme le groupe le plus susceptible de rééditer le coup réalisé par Franz Ferdinand l'année dernière. Une impatience palpable est perceptible dans le public et sera partiellement satisfaite. Le chanteur monte sur scène avec une cheville plâtrée (ou bandée, les discussions à ce sujet furent houleuses), ce qui ne l'empêche pas d'aligner consciencieusement en 45 minutes toutes les étapes obligées du concert de festival d'un groupe indie-pop anglais, c'est-à-dire demander au public "Everybody clap your hands", présenter les musiciens, aller serrer les mains des spectateurs des premiers, etc. Le groupe possédant une poignée de chansons rigoureusement imparables, il est difficile de bouder son plaisir même si le concert s'est en fait résumé à un showcase appliqué. Pourtant, j'en espérais secrètement un peu plus, plus d'inattendu, un supplément d'âme qui n'est jamais venu. Tant pis (le morceau inédit joué est tout à fait formidable).
Nous enchaînons avec les Editors que le programme présente comme un croisement entre Depeche Mode, New Order et Interpol mais qui se trouve en fait être en fait un clone quasi-parfait de ces derniers, en moins bien (de l'habillement à la voix du chanteur, tout correspond). Ca n'a rigoureusement aucun intérêt, et seul le dépit d'apprendre l'annulation des 22-20s m'a fait tenir plus qu'un titre. D'une déception à l'autre, nous enchaînons avec une petite moitié du concert de Tom Vek. Je ne sais pas pourquoi j'avais en tête que derrière ce nom se cachait un groupe faisant de l'électro-punk à la Glitterati. Il s'agit en fait d'un singer-songwriter à la Beck qui égrène des chansons à textes sur un accompagnement guitare-basse-batterie tout ce qu'il y a de plus classique. Ce n'est pas ce que je recherchais à ce moment-là et je m'en suis retourné tout déçu. Ca n'allait pas s'arranger avec le concert de Styrofoam, que j'avais vu et beaucoup aimé à la Route du Rock en 2003 mais qui, depuis lors, m'a souvent déçu. Je pense en fait que sa musique convient assez mal à un environnement tel que celui du Pukkelpop où les groupes n'ont pas la possibilité de séduire sur la durée par une musique qui se déploie lentement mais doivent saisir l'attention du spectateur en quelques minutes. Cela dit, le Château étant la seule tente à contenir des bancs, on accorde vingt minutes de repos bien mérités à nos pauvres pieds.
Comme il faut bien un jour arrêter d'être déçu, j'enchaîne avec une bonne moitié du set des Magic Numbers dont je ne connaissais que Hymn to Her et dont je m'étais formé l'image d'une sorte de Polyphonic Spree de chambre, soit (cette description n'engage que moi) de la musique qui voudrait provoquer l'euphorie de l'auditeur avec des chansons pleines d'optimisme, mais qui finit par irriter par sa fadeur. J'avais tout faux. C'est en fait franchement country dans l'esprit et leur seul point commun avec la bande à
Tim Delaughter est un étonnante capacité à sourire en chantant. De plus, le chanteur a une voix pleine de miel, avec des inflexions chaudes à laquelle il est assez difficile de résister. Je m'en vais de ce pas écouter l'album, je pense que ça devrait beaucoup me plaire.
La suite ici.
8 commentaires:
Tu arrêtes avec Polyphonic Spree! :)
Bientôt. Plus qu'une fois dire du mal puis je les reléguerai dans l'oubli qu'ils me semblent mériter. :)
Putain, j'ai lu les reviews de certains groupes que je suis allé voir là-bas et je suis pas du tout d'accord avec plein de trucs que tu dis. J'ai pas tout lu pour pas me dégoûter plus mais, putain, j'ai un avis complètement différent, voir opposé, sur plein de trucs que tu décris. Enfin, comme le titre de ton blog, je dis ça je dis rien mais je voulais laisser ce commentaire. Vraiment pas d'accord avec la plupart des trucs! Voilà quoi...
En même temps, rien n'oblige deux personnes ayhant vu le même concert à avoir le même avis. Ce serait d'un ennui. :)
Tout à fait, et comme disait Picasso, "S'il y avait une seule vérité, on ne pourrait pas faire cent toiles sur le même thème" :-).
Sans compter la géniale prestation des Roots !!! (je dis ça, je dis rien =D)
C'est vrai que les Editors ne vous interessez pas du tout? Moi, je crois qu'ils sont beaucoup mieux qu'Interpol, mais peut etre c'est parce que je suis anglaise et les Editors sont anglias... alors, j'espere que vous les donnez un autre opportunité pour preuver eux-memes.
Et Art Brut! J'adore Art Brut! Ont-ils beaucoup de fans francais? Je trouve qu'en Angleterre ils sont voir comme un acte comedie, un fait qui a un peu de verite mais c'est aussi un peu triste.
Je suis desolee pour mon francais terrible - j'ai fait mon bac l'annee derniere mais j'ai un peur que j'oublirai la langue si je ne l'utilise pas!
Jo xx
Allez allez, vous ne nous avez même pas vu avec bossaball ? j'ai quand-même trampoliné / transpiré comme un fou pour vous, dedju, la tête comme une tomate.
Vous n'aimez pas le bossa ou quoi ?
allezallez, kudos, monsieur bossa
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