mardi, août 28

Pukkelpop 2007 (ce que j'ai mieux vu)

(suite de ce billet)

- Gogol Bordello : Je m'étais dit en écoutant leur précédent album qu'ils devaient sans doute être très très bons sur scène. N'étant arrivé sur place que pour le dernier quart d'heure du concert, je me garderai bien d'être trop affirmatif mais j'ai été un peu déçu par ce que j'ai vu. Il manquait le petit grain de folie que j'espérais, même si Start Wearing Purple est toujours aussi hymnique. Cela dit, je compte bien aller les voir à l'Ancienne Belgique à l'automne. Une petite salle et un set plus long devraient a priori faire des merveilles.

- Liars : Je me rappelle avoir déjà vu Liars à l'époque de leur premier album et avoir trouvé cela assez insupportable (même si les circonstances y étaient sans doute pour beaucoup). Depuis, j'ai écouté et beaucoup aimé leur troisième album, qui me semblait d'ailleurs n'avoir que peu de rapports avec ce que le groupe faisait à ses débuts. J'étais donc curieux de voir si ce deuxième concert allait être plus à mon goût. Angus et sa bande ont joué trois petits quarts d'heure sur la petite scène du Chateau, en puisant abondamment dans ce fameux troisième album. Bien sûr, on ne retrouve pas en live les passages les plus calmes ou les plus complexes. Pourtant, même en ne jouant que ses morceaux les plus directs, le groupe est parvenu à me fasciner sur scène autant que sur disque. La gestuelle étrange et imprévisible d'Angus y est pour beaucoup. On ne sait jamais à quel moment il va arrêter de chanter et se mettre à courir en rond en agitant les bras comme une collégienne qui viendrait d'apprendre que sa copine Mélissa a reçu pour la Saint-Valentin un poème de Sylvain, le beau ténébreux de l'année du dessus. Je me rappelle avoir pensé sur le moment même que ce comportement relevait presque de la psychiatrie (cela dit, la dernière fois que j'ai pensé cela, c'était pour Bonnie 'prince' Billy; je suppose donc que cela peut aussi être pris comme un compliment).

- Devendra Banhart : Comme pour Badly Drawn Boy, je m'attendais à un concert folk acoustique et il m'a fallu quelques morceaux pour m'habituer à cette formation plus bêtement rock'n'roll (guitare, basse, batterie). Devendra passe de la samba à la country mais ne fera qu'un ou deux morceaux acoustiques seul à la guitare. Dommage, c'est clairement là qu'il est le meilleur. A la mi-concert, il a pour se faire pardonner fait monter sur scène un membre du public pour qu'il interprète une chanson de son cru. Nous eûmes donc droit à un grand gaillard chevelu à la voix frêle et à une chanson toute mignonne, qui m'a fait regretter encore plus que Devendra lui-même n'ait pas osé plus de dépouillement. Le concert nous a en tout cas réservé les plus belles barbes du weekend. Tous les musiciens se sont fait la tête des musiciens du Supertramp de la grande époque (surtout le guitariste de droite).
PS : Je pensais me rappeler de l'adresse de la page Myspace de l'invité-surprise (truegreatmusic ou un truc du genre) mais rien ne semble correspondre. Tant pis.

- Low : Low est un des trois groupes que j'ai le plus vus en concert (avec les Pet Shop Boys et les Tindersticks). La dernière fois que j'ai parlé du groupe ici, c'était pour dire que Alan Sparhawk faisait une dépression et qu'ils arrêtaient complètement la musique. Je pensais sincèrement ne plus jamais avoir l'occasion de les revoir et ce n'est pas sans une certaine émotion que j'ai vu monter sur scène Mimi, Alan (avec un sourire jusqu'aux oreilles) et leur nouveau bassiste. Dans un festival où les décibels s'accumulent souvent sans énormément de discernement, leur concert fut comme un oasis de calme dans un océan de bruit. Alors, bien sûr, un concert de Low réserve à peu près autant de surprise qu'un épisode de Columbo, mais bon, Silver Rider, Pissing, Sunflower, Canada sont autant de vieux amis que je suis content de réentendre. Mieux encore, je les ai enfin vus jouer leur grande oeuvre posse-troque Do Youy Know How To Waltz? et il est amusant de voir à quel point ce morceau instrumental modifie la dynamique du groupe sur scène.

- The View : Une édition du Pukkelpop ne peut pas être complete sans un concert NME-hypé de petits jeunes qui débutent. Ayant raté The Enemy, je me suis rabattu sur The View, présenté il y a six mois par l'hebdomadaire anglais comme les sauveurs de la musique et depuis, me semble-t-il, un peu oubliés. Les cris de la foule, "The View, The View Are On Fire", étaient d'ailleurs un peu clairsemés. Dommage, car le groupe s'en sort plutôt bien sur scène. Leur chanson à texte sur la pénurie de jeans propres fait bien bouger le public (pogo et crowd-surfing à gogo), tandis que Face For Radio leur permet de mettre en évidence leur facette acoustique (très important pour le segment de marché Q-Radio 2-over 35). Rien de révolutionnaire, rien non plus qui me donne envie d'acheter l'album mais un bon concert de festival. C'est ce que j'en attendais et c'est ce que j'en ai obtenu. Tout baigne donc. Comme Jamie T et son sac à dos, le chanteur a fait s'attendrir la foule en étant trop petit pour changer de guitare tout seul. C'était terriblement trognon.

- Henry Rollins : En entrant dans la tente du Chateau, j'ai pendznt une seconde eu l'impression que je venais de passer à travers une fenêtre spatio-temporelle, Stargate-style, et que je me retrouvais au Café de la Gare pour un spectacle de Jean-Marie Bigard à ses débuts. Même bête brosse, même visage anguleux, même rires dans la salle. Et en fait, non, c'était bien Henry Rollins qui venait faire son "one-man show" de "stand-up comedy". Pendant une heure et demie, Henry nous a raconté ses concerts de Nick Cave et ses voyages en Syrie, en Iran ou en Irak. Henry voulait juger par lui-même si les pays de l'"Axe du Mal" ou des "Postes Avancés de la Terreur" étaient vraiment aussi "evil" que le prétendait Dubya. Son passeport à la main, il est donc allé faire un peu de tourisme. Si on voulait être méchant, on pourrait lui reprocher un chouïa de naïveté dans sa manière de nous dire, "Les Syriens, ils sont tous gentils, la preuve j'ai mangé gratos chez l'un d'eux." (des journalistes français se sont foutus de la gueule de Régis Debray et de Bernard Henri-Lévy pour des raisons somme toute assez similaires). Cela dit, il est franchement drôle et plus je l'écoutais, plus j'étais fier de presque tout comprendre, ce qui fait que je suis resté sans regret jusqu'au bout.

- Patrick Wolf : Je ne sais vraiment plus que penser de l'évolution de la carrière de Patrick Wolf depuis un an ou deux. Après avoir entendu sa manager se plaindre du manque de moyens de la tournée précédente, je suppose que je ne peux qu'être content (pour Patrick) de voir que son contrat avec une major lui permet de faire des concerts avec quatre musiciens et des décors. Cela dit (autorisez-moi à dévoiler pendant quelques lignes mon côté Mireille Dumas de la pop), j'ai l'impression qu'il vit assez mal ce changement de statut. A ses débuts déjà, Patrick avouait candidement qu'il n'aimait guère la scène, la routine des tournées et avait du mal à être exubérant sur commande. Maintenant que son agenda de tournée s'est encore sensiblement rempli, il doit sans doute trouver cela encore plus difficile. Alors, certes, il porte toujours des vêtements invraisemblables (plus encore ici que pour les précédents concerts auxquels j'ai assisté, heureusement qu'il les a vite enlevés) et ses chansons sont toujours aussi formidables, mais je ne le sens pas vraiment investi dans ce qu'il chante. Je me surprends à regretter le caractère gauche et emprunté de ses débuts sur scène et ses "Thank you" murmurés yeux baissés, qui avaient au moins le mérite d'être sincères. Pour le dire autrement, Patrick Wolf est devenu un vrai professionnel de la musique et a décidé d'exploiter mercantilement son talent. Chez n'importe qui d'autre, ça ne m'aurait pas dérangé mais la contradiction entre sa carrière actuelle et ses déclarations passées me semble tellement évidente que je le soupçonne d'en souffrir. Cela dit, si un jour je le croise dans la rue et qu'il me dit : "Don't be silly, Pierre. I've never been happier.", je serai ravi de le croire. Et puis bon, il a chanté Bloodbeat et The Childcatcher, et pour ça je suis prêt à tout lui pardonner, même le fait d'être devenu un chanteur à midinettes (les premiers rangs étaient franchement Bruelliens, cris hystériques et chasse à la setlist compris).

- 120 days : Comme écrit précédemment, j'ai découvert ce groupe norvégien via Myspace il y a une dizaine de jours. J'avais été séduit par son mélange de guitares et d'électronique gentiment planouillant et le concert a été dans la lignée de ces trois morceaux, c'est-à-dire un savant mélange de Human League, Cure et Suicide. A certains moments, j'ai trouvé ça tout à fait formidable (une chanson sur le suicide notamment), à d'autres, un peu longuet. Si le concert avait duré une demi-heure, j'en serais ressorti enthousiaste, prêt à aller acheter leurs albums. Malheureusement, après quarante minutes, j'ai commncé à saturer légèrement. Cela dit, ils mériteraient que je leur donne une chance sur la longueur d'un album.

- Enter Shikari : Le groupe a obtenu le 'Fuck Me John Peel Innovation Award' aux derniers NME Awards (je pense ne pas écorner le nom exact de la récompense) pour avoir osé mêler le punk hardcore (on est sur la skate stage après tout) et les rythmiques techno-trance. J'étais a priori sceptique face à ce mélange mais je dois bien avouer qu'il fonctionne plutôt bien. Malheureusement, le vocaliste principal (je rechigne à utiliser le terme chanteur) crie beaucoup, avec une voix qui n'est pas loin d'être exaspérante, ce qui m'a empêché de rentrer complètement dans leur concert. J'aurais sans doute préféré qu'ils laissent plus souvent le micro au bassiste, mais bon, ce qu'on aurait gagné en mélodie aurait sans doute été reperdu en énergie pure. Cela dit, je crois que je vais tenter d'écouter leur album pour me faire une idée plus juste.

- ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead : Enfin ! Après quatre lamentables échecs, je suis enfin parvenu à voir Trail Of Dead en concert, et n'ai pas été déçu. Le groupe ne ressemble pas du tout à l'image que je me faisais d'eux. Ce ne sont pas des grands maigres vaguement goths. Au contraire, les deux chanteurs sont bronzés, petits, râblés et débordent de muscles, ce qui leur donne un petit air de dindons aux hormones (y en a même un qui ressemble à Sean Astin). L'engagement physique et la puissance sonore qu'ils déploient sont inouïs (et si je n'avais pas eu mes bouchons profondément enfoncés dans les oreilles, nul doute que je serais à présent sourd et que tout me semblerait à jamais inouï). La partie la plus pop de leur répertoire est passée aux oubliettes et tous les morceaux sont joués à toute vitesse, souvent avec deux batteurs, ce qui ne laisse évidemment guère de place pour la délicatesse et les solos de violon. C'était un vrai concert de rock'n'roll qui sent la transpiration. Tiens, d'ailleurs, tant qu'on est dans le sujet, j'ai toujours trouvé un peu ridicule cette manie qu'ont les musiciens de démolir leurs instruments sur scène à la fin des concerts pour paraître plus roquaineraule mais un des deux chanteurs de ToD parvient l'impossible exploit de le faire sans tomber dans le grotesque. Peut-être parce qu'il commence son oeuvre de destruction après à peine vingt minutes du concert, au grand désespoir apparent des roadies, peut-être aussi parce qu'il ne se contente pas de détruire guitare et batterie, mais s'attaque aussi aux synthés (ce que la plupart des groupes n'osent pas faire, c'est que ça coûte, ces petites choses), peut-être aussi parce que, dès que les roadies ont fini de tout réinstaller, il recommence. Une autre explication serait que j'étais au troisième rang et qu'il est nettement plus difficile d'être cynique ou blasé quand des morceaux de guitare vous passent cinq centimètres au-dessus de la tête.

- Woven Hand : Malgré la relative déception qu'avait été mon concert de Woven Hand aux Ardentes le mois dernier, je suis allé le revoir samedi soir à minuit, au Chateau, à la toute fin du festival. Les mêmes causes donnant les mêmes effets, je suis à nouveau resté sur ma faim. David Eugene Edwards n'est pas un showman et sa voix, pour moi le meilleur atout de ses deux groupes, est moins mise en avant que sur disque. Il n'y a guère que lorsqu'il a chanté "Alle...allee...luiaaaa, alle...alle....luiaaaaa" que je n'ai pas regretté de ne pas être plutôt allé voir Tool, un groupe dont je ne sais pour ainsi dire rien mais qui a toujours aiguisé ma curiosité. Une occasion manquée.

lundi, août 27

A Lapointe de l'analyse

J'allume la télévision pour un petit zapping vespéral en attendant le journal et, qu'y vois-je, intercalé entre France 3 et ma télévision locale ? Pierre Lapointe, disant pour conclure une émission de TV5 à quel point il est content que le présentateur lui ait fait rencontrer Brigitte Fontaine. C'est une rencontre à laquelle j'aurais beaucoup aimé assister. Malheureusement, je n'ai pas trouvé la trace de cette émission sur Youtube ou Dailymotion.

Pour me consoler, voici le début du concert que Pierre Lapointe a enregistré avec orchestre en clôture des Francofolies de Montreal il y a quelques semaines (la suite se trouve sur Youtube, il vous suffit de cliquer sur l'image). Je ne suis pas sûr que l'orchestre ajoute beaucoup aux chansons, à part peut-être pour L'Endomètre Rebelle, dont la démesure s'accompagne assez bien d'un certain pompiérisme. Cela dit, la vidéo m'a permis de constater par moi-même quel est son niveau de renommée au Québec. Apparemment, il est assez élevé. Un des enseignements de la petite moitié du concert que j'ai regardée est d'ailleurs que je semble condamné à ne devenir fan que de chanteur à midinettes, quand bien même je pensais a priori que mes coups de coeur ne rentraient pas vraiment dans cette catégorie. Comme pour les concerts récents de Patriiick (Wolf), le public de Pieeeeeerre est essentiellement féminin et crie énormément. Bah! Il me reste à espérer que Plan B et Lupen Crook n'aient encore fanatisé personne. Cela dit, le spectre hideux du doute m'habite.



Je suis aussi tombé sur cette interview par Ray Cokes lors des Francofolies de La Rochelle.

Et j'ai évidemment déjà mes billets pour les deux concerts bruxellois de novembre.

(Le Pukkelpop demain sans faute, promis)

dimanche, août 26

Je retrouve mon Patrick

Oublions les quelques secondes de Razorlight et pâmons-nous devant son deuxième choix de reprise pour son set à Reading il y a quelques jours.



Cela aurait été mieux encore s'il avait chanté Around The World, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Et tant que j'en suis dans le culturel inattaquable :
- Lil' Chris a sorti une reprise de We Don't Have To Take Our Clothes Off, qui n'a à dire vrai qu'un intérêt limité.



- Girls Aloud revient avec une nouvelle chanosn qui ressemble à mon avis un chouïa trop aux précédentes.



- Une démo possible pour le prochain album de Britney Spears est apparue sur le vilain Internet mondial. Elle n'est que très modérément formidable.

- Et tant qu'on en est à parler de Britney, Don't Stop The Pop a évoqué hier Ellie Campbell, une starlette Stock-Aitken-Waterman de la fin des années 70, dont je n'avais encore jamais entendu parler. Sa chanson Don't Want You Back présente plus qu'un ressemblance avec le Crazy de Mrs Fed-Ex.

Pour la suite de mon CR du Pukkelpop, il faudra encore attendre un jour ou deux, j'ai eu d'autres choses à écrire ces derniers jours.

mercredi, août 22

Pukkelpop 2007 (ce que j'ai mal vu)

Mon comportement de festivalier a pas mal changé depuis quelques années. Fini les campings, les longues attentes devant la scène pour être au premier rang (je n'ai été très bien placé que pour trois ou quatre concerts). Fini les plannings serrés où chaque seconde doit être rentabilisée au maximum. Dorénavant, on rentre dormir à la maison, les arrivées sont tardives (je n'ai vu aucun concert avant 15 h), les pauses longues et les concerts souvent vécus de loin. J'ai déjà subi trois jours de Route du Rock sous une pluie battante, sans abri ni moyen de s'asseoir et me suis juré de ne jamais rééditer l'expérience. Le Pukkelpop est donc le festival idéal. Nous aurions en effet renoncé depuis longtemps à faire notre pélerinage annuel à Kiewit si les organisateurs n'avaient pas l'excellente idée d'y prévoir chaque année une tente avec des bancs pour s'asseoir (c'est bien malheureux quand on y pense de s'embourgroiser de la sorte mais c'est ainsi... il ne me reste plus qu'à voter Sarkozy et la métamorphose sera complète).

Vous aurez donc un compte-rendu de dilettante, plein d'approximations et de jugements à l'emporte-pièce. Autant dire que vous n'êtes pas obligé de lire.

Evacuons tout de suite les questions qui fâchent. J'ai sans état d'âme fait l'impasse sur ce qui ne m'intéressait a priori pas trop :
- The Smashing Pumpkins
- CocoRosie
- The Shins
- Sophia
- Mouse on Mars
- Dinosaur Jr

J'aurais bien voulu voir mais diverses contingences m'en ont empêché :
- Art Brut (trop tôt)
- The Twang (trop tôt)
- Bondo Do Role (trop tôt)
- The Besnard Lakes (trop tôt)
- Biffy Clyro (trop tôt)
- MIA et Battles (tous les deux pendant le concert de Devendra Banhart)
- Digitalism (pendant Low)
- Tool (pendant Woven Hand)
- Sonic Youth (pendant Trail of Dead)
- Apparat (déplacé pendant je ne sais plus quel autre concert)

Comme toujours dans les festivals, les chevauchements entre les concerts obligent à faire des choix douloureux. Voici quelques exemples de dilemmes et la manière dont j'ai tenté de les résoudre.
- I'm From Barcelona vs The Go! Team (jeudi 18h) : Je reste pendant dix minutes devant I'm From Barcelona, juste le temps de me convaincre que cet enthousiasme rigolard est trop forcé pour être honnête et que, au moins, The Polyphonic Spree faisait des efforts sur les costumes. Je pars ensuite voir la fin de The Go! Team, dont j'avais déjà beaucoup aimé le concert au même endroit il y a deux (?) ans. Ca se termine, comme il se doit, par Ladyflash. Validité du choix : 8/10
- Jamie T vs Dizzee Rascal (jeudi 19h45) : Je reste pendant un quart d'heure devant Jamie T, dont l'arrivée sur scène avec un sac à dos de collégien fait s'attendrir la moitié de la salle (il a l'air vraiment tout jeune). J'aime bien son album et il le défend plutôt bien sur scène. Je pars ensuite voir Dizzee Rascal, dont j'avais entendu dire le plus grand bien des concerts. Las, il s'agit d'un concert rap tout ce qu'il y a de plus classique, jusqu'au MC qui termine toutes les fins de phrase, au cas où Dizzee aurait un trou de mémoire. Toute la finesse et l'originalité des arrangements présents sur album passe à la trappe. J'aurais mieux fait de rester devant Jamie T. Validité du choix : 2/10
- Badly Drawn Boy vs Cansei de Ser Sexy (vendredi 18h10) : Les premières minutes du concert de Badly Drawn Boy me laissent quelque peu interloqué. Je m'attendais à un concert solo essentiellement acoustique et tombe devant un gros groupe de rock bourrin. Après deux morceaux du même genre, je m'en vais voir CSS, dont la musique me semble bien plus convaincante sur scène que sur disque. Let's Make Love And Listen To Death From Above a sans doute été pour moi l'hymne du weekend. On m'a signalé depuis que le garçon mal dessiné a fait un set acoustique en fin de concert. Tant pis pour lui Validité du choix : 7/10
- LCD Soundsystem vs Justice (samedi 20h20) : James Murphy fait l'erreur de commencer son set par des morceaux moins connus qui semblent ne faire bouger que les premiers rangs. N'étant même pas à l'intérieur de la tente, je reste de glace (ce qui me fait d'ailleurs penser que je n'ai pas encore salué comme il se doit l'installation d'un écran géant à côté du Marquee, ce qui permet de suivre les concerts de loin en cas d'affluence). Je pars donc voir Justice au Dance Hall, histoire de juger si c'est aussi insupportable en concert que Daft Punk. Le verdict semble être que c'est plutôt moins insupportable même si ça reste extrêmement répétitif et plat. Heureusement, ils terminent avec leur meilleur atout, >We Are Your Friend, qui conserve tout son pouvoir rassembleur même dilué dans dix minutes de boum-boum. Cela dit, si le concert est à l'image de l'album, ce dernier ne va pas affoler ma carte bleue. Validité du choix : 6/10

Comme je boude par principe les concerts sur la grande scène, je n'ai vu et entendu que de très loin :
- Iggy Pop and the Stooges (comme je le pressentais, ça m'a laissé complètement indifférent, voire même légèrment atterré lorsque l'Iguane se met à cabotiner)
- Nine Inch Nails (je connais très mal leurs albums mais ce que j'ai entendu sur scène m'a plutôt séduit)
- Within Temptation (plutôt moins insupportable que Evanescence... mais c'est à peine un compliment),
- Arcade Fire (je serais bien allé voir ça de plus près mais mon accompagnante était encore moins fan que moi)
- Editors (bon plan de la part des organisateurs, ils sont sans doute moins cher qu'Interpol et 80% des gens n'entendent pas la différence)
- Fall Out Boy (à part le tube, rien à signaler)
- Kaiser Chiefs (un groupe qui n'a décidément plus l'air de s'amuser sur scène, ça se sent)

Je vous avais prévenu que les avis seraient lapidaires. La suite ici.

mercredi, août 15

Dans les prochains jours

Durant les prochains jours, je serai au Pukkelpop. En attendant un hypothétique compte-rendu (pas sûr que j'aurai le temps de le rédiger), quelques liens de groupes découverts récemment :
- un des groupes présents au festival sera 120 Days. Ca tombe bien : les trois morceaux proposés sur leur page myspace ont aiguisé ma curiosité.
- Johnny Boy est un groupe (gallois me souffle-t-on dans l'oreillette) qui fait de la pop rétro quelque part entre Bat For Lashes et The Pipettes, le discours social en plus (James Dean Bradfield est fan, apparemment). J'aime beaucoup le titre de leur chanson-phare : You Are The Generation That Bought More Shoes And You Get What You Deserve.
- Outl4w est un jeune groupe qui monte. Ce genre de punk-rock sauvage me laisse en général de glace mais je dois reconnaître qu'il y a sur les trois morceaux proposés sur leur page Myspace quelques solos de guitare qui tachent tout à fait réjouissants. Tout le monde sait que se laisser aller à des solos de guitare quand on a plus de 16 ans est la marque d'une immaturité mal assumée, mais comme ils ont quinze ans de moyenne, je leur pardonne.

lundi, août 13

Rangement (I)

En tapant ces quelques lignes, je contemple d'un oeil gentiment effaré les caisses en carton pleines de disques qui jonchent le sol aux pieds de mes étagères Billy et Benno (si j'avais un appareil numérique, je vous ferais partager mon désarroi). Comme chaque année à peu près à la même époque, je me retrouve à ranger mes disques, tâche à la fois exaltante et ingrate. Exaltante car, comme tout collectionneur compulsif, tenir et manipuler ses disques est une toujours une activité agréable (oserais-je dire presque sensuelle ? Nan, quand même pas, quoique...). Ingrate car tout rangement est forcément provisoire (le nombre de disques n'arrête pas de changer, rendant illusoire tout classement sur le long terme) et imparfait.

Passons en revue trois exemples d'idées de rangement qui m'étaient dans un premier temps apparues séduisantes, les problèmes quasi-insolubles qu'elles me posent et les conclusions que j'ai été forcé d'en tirer :

A) je veux rassembler tous mes disques 4AD dans une seule armoire.
* A tout seigneur tout honneur, j'ouvre la première rangée avec les oeuvres complètes de Dead Can Dance mais me rends bien vite compte que le coffret rétrospectif ou l'album live sorti lors de la dernière tournée sont hors-format. Pire, cet album live n'est, en toute rigueur, pas un album sorti sur 4AD, bien que la charte graphique V23 y soit essentiellement respectée. Autre problème, les bandes originales de film auxquelles Lisa Gerrard a collaboré doivent-elles être rangées à côté des disques du groupe ou bien reléguées dans le A-Z pop-électro-rock, car sorties sur un autre label ?
* Le problème est encore plus aigu avec un groupe comme les Cocteau Twins qui ont sorti sous ce nom deux albums et une poignée de singles sur le label Fontana. Peut-on considérer que, parce que ces singles ont depuis été réédités dans une rétrospective de faces B parues sur 4AD, les albums et les singles originaux ont retrouvé le droit de trôner à côté de Treasure ou Garlands, ou bien l'effet de label doit-il rester le plus fort ?
* Que dire alors des Red House Painters et de Mark Kozelek qui ont sortis au cours de leur carrière plus d'albums hors-4AD que 4AD ? Dans le même genre, les disques solo de Paula Frazer doivent-ils être rangés à côté des disques de Tarnation ?
* La sortie d'un album de Bauhaus sur 4AD suffit-il à justifier la présence de toute la discographie du groupe sur l'étagère réservée au label ?
* Le plus insoluble étant sans doute le cas de Nick Cave qui a sorti quelques disques sur 4AD quand il était encore membre de The Birthday Party. N'est-il pas cependant l'archétype de l'artiste Mute ? Que faire ? Que faire ? QUE FAIRE ?

Ca faisait trop de questions sans réponses. Les deux étagères 4AD que je conservais encore dans mon rangement vont être fondues dans le reste. Les cas Bauhaus et Nick Cave m'ont convaincu de l'inanité d'un rangement séparé. En guise de consolation, j'envisage de créer une étagère "Rhaa! lovely" pour y ranger mes disques de Dead Can Dance et des Pet Shop Boys. Si l'étagère est assez grande, j'y mettrais également mes disques de Nits et nous aurions une jolie étagère "Trio de tête", ce serait-y pas beau comme un (album tombé du) camion ?

B) Bien que ce blog ne laisse je l'espère pas transparaître de dichotomisme trop marqué entre les musiques "P!O"P!" et les autres, ma collection de disques en conservait la trace. Britney, Justin, Rachel Stevens, les Sugababes, *Nsync, McFly, Jamelia et autres Will Young étaient tous rassemblés dans un coin sombre, sorte de purgatoire qui n'osait pas dire son nom, tandis que les Radiohead, Autechre, 16-Horsepower et Scott Walker avaient droit au grand classement alphabétique général. Je me sentais de moins en moins à l'aise avec cet affreux ostracisme et ai donc décidé que McFly serait désormais coincé entre Cass McCombs et Tom McRae, Rachel Stevens entre Stereo Total et Kelley Stoltz et l'improbable trio ATC et A-Teens et Atomic Kitten serait perdu au milieu d'une étagère pleine de Arcade Fire, Arctic Monkeys, Autechre, Arab Strap et At The Drive-In.

C) Si on excepte les cas particuliers discutés aux points A et B (sans compter le cas des disques classiques que je n'évoquerai pas aujourd'hui, bien qu'il y aurait beaucoup à dire de ces disques absurdes qui contiennent à le fois du Moussorgsky et du Stravinski, ou du Stravinski et du Bach, mais bon, à chaque jour suffit sa haine), j'avais très vite renoncé à l'idée de classer tous mes disques selon le genre ou le label. Je me voyais mal devoir chercher sur quel label sont parus les albums de machin ou truc juste pour pouvoir les trouver dans mon classement. De même, ayant toujours été nul au petit jeu des étiquettes, je ne voulais pas devoir décider si Pan Sonic était de l'électro, de l'expérimental, du drone-noise ou de la minimal electronica. J'ai donc très vite opté pour le tout alphabétique par nom d'interprètes. Malheureusement, ce classement contient des désavantages évidents. Il serait absurde de ne pas mettre les disques solo de Paula Frazer à côté de ceux de Tarnation ou de placer les deux horribles BO achetés 2€ car on y trouvait des inédits de Nsync à côté des disques du groupe. Il faut donc s'autoriser des exceptions... mais jusqu'où aller?
L'album de Jonny Greenwood est-il à classer avec les albums de Radiohead ? Quid de celui de Thom Yorke ? David Byrne a-t-il gagné son indépendance face aux Talking Heads ? Mark Hollis doit-il être classé près des Talk Talk ? Plus pervers encore, les EP sur lesquels on trouve des remixes des Pet Shop Boys doivent-il être classés avec les Pet Shop Boys ou avec leur interprète initial ? En guise d'exemple et pour vous faire comprendre la complexité du truc, j'ai longtemps hésité pour classer mon EP de Walking on Thin Ice de Yoko Ono. Fallait-il le mettre avec les Pet Shop Boys ? Avec mon best-of de Yoko Ono ? Faut-il mettre ce dernier près de la compilation de John Lennon ? Voyez en plus comme tout devient vite interdépendant. Si je classe John Lennon avec les Beatles, je me retrouve avec le risque de devoir classer Yoko Ono (et donc les Pet Shop Boys) avec les Beatles, un crime que certains fervents Beatlesiens ne pourraient sans doute jamais me pardonner. Franchement, il y a de quoi s'arracher les cheveux, non ?

Les gens intéressés par d'autres questionnements métaphysiques de ce type peuvent également aller lire cet article récent paru sur Stylus.

Là, j'y retourne, j'en suis à peine à la lettre A.

(Vous avez déjà remarqué le nombre hallucinant de groupes et d'interprètes dont le nom commence par A ou B ? Serait-ce le résultat d'une volonté délibérée de prendre un nom qui les placerait en tête de listing ? Encore des questions sans réponses, le syndrôme Lost sans doute.)