jeudi, mars 31

Lectures légères

- Le compte-rendu du concert de Mark Owen sur Talent in a previous life.
- Patrick Wolf répond aux questions de ses fans.
- Pauvre Hood.

mercredi, mars 30

Le directeur de Pure FM s'explique

Ce sera mon dernier billet sur le sujet, mais je m'en serais voulu de ne pas commenter la réponse du directeur de Pure FM à un auditeur qui se plaignait de la disparition d'Utopya dans le Télémoustique de cette semaine.

[...grand remaniement...blah blah blah] Ces travaux ont été accompagnés d'une évaluation individuelle des programmes, sans qu'il soit question de replacer, reporter ou recaser dans l'une ou l'autre grille des émissions dont l'ancienneté était la seule et unique légitimité.
Traduction : "Dès avant l'évaluation, je savais qu'Utopya allait passer à la trappe et l'"évaluation individuelle des programmes" ne servait qu'à entériner une décision prise en amont." C'est assez candide de sa part de le dire aussi clairement. Quant à l'argument selon lequel la seule légitimité d'Utopya était son ancienneté, il est risible. Quid de la qualité de l'émission, reconnue par tous, quid de son rôle de défricheur musical sur une chaîne qui se targue de promouvoir la "découverte", quid du respect unanime dont jouit Tyan (je ne connais personne qui éprouve un intérêt pour la chose musicale et n'ait jamais écouté son émission) ? Dire que Tyan n'était à l'antenne que par habitude sans que cela ne réponde à une demande est absurde et le fait que cette demande ne se traduise pas toujours dans des chiffres d'audience mirobolant ne devrait pas être un argument ici. Quand on dispose de plus de 80 heures d'antenne hebdomadaires et qu'on les remplit de programmes interchangeables et lisses, on pourrait se permettre de conserver une émission de trois heures à forte personnalité qui fait peu d'audience. Qui peut réellement croire que RC4, la nouvelle émission star des soirées de Pure FM, réponde à une réelle attente des auditeurs (j'ai encore tenté d'écouter hier, ça ne s'arrange pas).

Pure FM propose en journée comme en soirée (et la nuit) une programmation variée, ouverte, attentive aux découvertes, éloignée de l'offre privée [...]
La variété de l'offre vient quand même de franchement diminuer avec la nouvelle grille. Je veux bien être pendu si Dead Can Dance, Sigur Ros, Johnny Cash, Sheila Chandra, Pan Sonic pour n'en citer que quelques-uns continueront à être programmés sur Pure FM. Ils ont perdu les deux seules émissions où ils auraient pu atteindre un public. Sinon, que la programmation de Pure FM soit meilleure que celle de NRJ ou RTL est un fait entendu, mais en quoi cela excuse-t-il de l'uniformiser ?

Concernant la disparition des musiques défendues depuis des années par Tyan, la chanson française, le jazz, les musiques du monde, la musique électronique, le blues, chacune a trouvé naturellement sa place sur [les 5 chaînes radio de la RTBF]. Donc, ces musiques ne manquent pas à l'éventail très large de l'offre radio de la RTBF [...]
Que l'on puisse une fois de temps en temps entendre des disques passés par Tyan à la RTBF, je suis tout prêt à le croire, mais est-ce à dire que pour les entendre, il faudra dorénavant zapper toute la journée entre 5 chaînes pour avoir de temps à autre une réminiscence de ce qui faisait la spécificité de Tyan ? L'intérêt d'Utopya n'était-il justement pas de proposer tout cela dans un ensemble cohérent ?

Concernant Utopya, si la RTBF, service public, doit se préserver des impératifs de rentabilité immédiate, dangereux pour la créativité, l'entreprise ne peut pas non plus perpétuer indéfiniment des programmes qui ne rassemblent que quelques personnes au nom du seul droit à la différence, merveilleuse ou pas.
Cet argument serait sans doute recevable (je ne connais pas les chiffres d'audience réalisé par Utopya par rapport à la moyenne de la chaîne) s'il n'était accompagné d'une nouvelle grille dont les options uniformisantes n'étaient aussi clairement affichées. Remplacer Utopya par une nouvelle émission musicale serait déjà une mauvaise idée, mais il laisserait sans doute un goût moins amer dans la bouche de ceux qui ont cru que Pure FM pourrait être la radio qui allait accompagner leur soif de découvertes musicales. Il semble qu'avec un an de retard, Pure FM soit devenu ce dont d'alarmistes rumeurs se faisait l'écho lors de son lancement il y a un an, soit une radio pousse-disques interactive, et non plus l'authentique "chaîne des découvertes musicales" que la première année nous avait laissé espérer.

De plus, le ton très sec utilisé et le fait que ce petit mot ne s'embarrasse même pas des compliments d'usage sur l'évincée et les services qu'elle a rendus à la RTBF semblent suggérer qu'il y a derrière cette décision des motifs d'ordre personnel que nous ne connaissons pas. Il y a un an déjà, les réactions de ce même directeur face aux rumeurs d'éviction des '100 minutes' avaient été étonnamment brusques. Contre cela, il est évidemment difficile de lutter.

Brian fait de la politique

Brian Eno en a marre du bipartisme qui prévaut en Angleterre et le fait savoir. Il n'a pas tort.

mardi, mars 29

L'école des fans

A vrai dire, ça me fait bizarre de constater que mes derniers billets sont presque tous outrageusement positifs et que j'y emploie des termes tels que 'superbe', 'euphorie', 'terrassé', 'beauté', etc.... Je me sens un peu comme Jacques Martin distribuant ses bons points à tous les enfants, même ceux qui chantaient comme des casseroles. De plus, j'ai la vague impression que le concert de Patrick Wolf qui se profile pour la semaine prochaine risque de provoquer une nouvelle salve de dithyrambes mal contrôlées. Croyez bien que j'en suis le premier surpris, mais sans doute faut-il surtout y voir une curieuse coïncidence. Après tout, ce n'est pas toutes les semaines que l'on peut voir le premier concert depuis douze ans de son groupe préféré et une transposition en miniature de son concert préféré. Heureusement, durant cette semaine, j'ai aussi écouté pas mal de disques et aucun n'a déclenché en moi la moindre envie d'employer des superlatifs (à peut-être le Matt Elliott). Je vous en reparle très vite.

Henk

Mon premier concert des Nits, en 2003, avait été un véritable enchantement et c'est donc en confiance que j'ai acheté ma place pour le concert solo de Henk Hofstede, leur chanteur, même si son disque solo, Het Draagbare huis, me faisait soupçonner que ce serait un spectacle en néérlandais et que j'allais donc en perdre la moitié. Depuis les débuts des Nits à la fin des années 70, Henk est un peu l'âme du groupe auquel il prête sa voix et ses chansons. Je me disais donc que si ce concert solo pouvait me permettre de retrouver ne serait-ce que 30% de ce que j'ai ressenti en voyant les Nits, ce serait déjà immanquable. De plus, j'aimais l'idée d'aller assister au concert d'un chanteur dont je connais par coeur le timbre de la voix et de n'avoir cependant pas la moindre idée de ce que j'y entendrai.

Je pensais ne pas être le seul à faire ce raisonnement. Pourtant, alors que le concert des Nits avait rassemblé environ 1000 personnes, nous n'étions jeudi qu'une cinquantaine, dont une poignée seulement de francophones. L'AB Club, qui n'est déjà pas bien grand, avait été garni de tables et des chaises, ce qui lui donnait un agréable côté cabaret. Je me demandais néanmoins comment Henk allait réagir face à ce public extrêmement réduit. Sa bonne humeur allait-elle être aussi communicative pour un concert seul en scène devant un auditoire qui me semblait aussi tristement clairsemé ? Avec le recul, cette interrogation semble presque absurde car elle sous-entendait que la joie de jouer qui m'avait émerveillé il y a un an aurait été une façade cynique prête à se fissurer à la moindre contrariété. Or, cette hypothèse tient difficilement la route quand on connaît un peu le groupe et effectivement, bien que seul en scène, Henk est parvenu, pendant deux heures, à recréer cet étrange mélange de poésie décalée et d'humour qui caractérise les Nits tout en interprétant des chansons, le plus souvent splendides.

Sur scène, on peut apercevoir un piano à queue, deux guitares et un synthé. J'ai donc un instant pensé que le concert ne serait peut-être pas si solo que ça. Pourtant, à 20h15, il est bien seul à monter sur scène. Il commence par allumer un petit combi CD-radio (de ceux que l'on peut recevoir comme cadeau pour son douzième anniversaire). S'en échappe alors ce qui sonne comme des chants folkloriques d'origine indistincte qu'il accompagne à la guitare pendant une vingtaine de secondes avant de tout arrêter net. Entrée en matière déconcertante pour un concert qui va rapidement retrouver un déroulement plus conventionnel lorsque Henk s'installe au piano, chausse ses lunettes à grosse monture et entame un morceau piano+voix. Ce sera d'ailleurs le format d'une bonne moitié du concert et il y fait preuve d'une assurance face au clavier que je ne soupçonnais pas (j'ai pensé à William Sheller). J'avais toujours cru que Robert Jan Stips était seul responsable des claviers chez les Nits. Apparemment non. Pour certains morceaux, il passe à la guitare sèche ou (sur deux titres) électrique. La setlist alterne entre chansons des Nits et chansons en néérlandais. Ces dernières sont pour la plupart tirées de son album et ont réussi à me faire apprécier la beauté des consonances gutturales du néérlandais, une langue dont Camus disait pourtant qu'elle n'était pas 'civilisée'. Ce concert m'a en outre permis de prendre conscience que deux des albums des Nits que j'aime le moins (dA dA dA et Alankomaat) contiennent des morceaux qui n'ont pas à rougir d'être présentés à côté des autres. J'eus notamment la surprise de voir que Mourir avant quinze ans, une chanson dont je ne pensais pas grand-chose jusqu'ici, pouvait me mettre au bord des larmes.

Si le concert n'avait été qu'un simple récital, il serait déjà superbe, mais il fut plus que ça, grâce d'abord à la bonne humeur communicative de Henk (ses 'Dank u wel' sont particulièrement réussis) et à la relation de complicité qu'il est capable d'instaurer avec le public, par exemple en introduisant chaque chanson par un petit texte humoristique qui apportait une vraie valeur ajoutée (même si je n'y ai pas compris grand-chose*) ou en demandant, pour Val, à un spectateur de monter sur scène pour présenter au public quelques pancartes sur lesquelles il avait écrit des mots que le public devait reprendre en choeur 'Invik en Olle....Pori en Svante', un peu à la manière du clip de Bob Dylan (ou d'Alain Chamfort).

Un autre point fort fut les mini-projections (dont on peut voir quelques extraits ici). qui occupaient le fond de la salle sur quatre petits écrans. Le sommet de l'interaction image-son sera atteint avec Inkman, une chanson dans laquelle une fillette (sa fille sans doute) apparaît sur l'écran de droite et répond aux phrases chantées sur scène. Dit comme cela, ça n'a l'air de rien mais le concert m'avait mis dans un tel état de réceptivité que j'ai trouvé ce moment quasiment bouleversant.

Le meilleur moment du concert fut sans doute cet improbable pastiche où, sur des beats dance particulièrement retors, il assène quelques phrases d'un manuel de conversation suédois en se contorsionnant comme un quarantenaire qui essaye désespérément avoir l'air jeune dans un club techno. Cinq minutes de délire absurde tout à fait jubilatoire(on n'est pas très loin de La Cantatrice Chauve).

J'arrête là ma description du concert. J'aime bien l'idée que ces comptes-rendus puissent un jour me servir de "Madeleine de Proust" et faire renaître en moi les sensations et l'enthousiasme qui fut le mien durant cette soirée, j'ai donc multiplié les détails qui n'on sans doute qu'un intérêt limité pour vous qui lisez ceci sans avoir vu le concert. J'en suis désolé. En revanche, je peux vous dire que j'ai effectué tout le trajet du retour vers Liège en ayant l'impression de flotter, dans un état de douce euphorie. Comprenez que l'envie de pouvoir revivre ces moments soit tentante.

SETLIST incomplète et dans le désordre pour deux heures de concert (de 20h15 à 22h45 avec un entracte d'une bonne vingtaine de minutes au milieu)

Des chansons des Nits :
- Day and the night (dA dA dA)
- Mourir avant quinze ans (dA dA dA)
- Three Sisters (Alankomaat)
- Night OWl (Giant Normal Dwarf)
- J.O.S Days (sur des paroles en néérlandais qui ne me semblaient pas être une simple traduction)
- Hollandse bergen (traduction en néérlandais de In the Dutch Mountains, où le public avait du mal à comprendre qu'il devait reprendre le 'Bergen')
- Adieu Sweet Bahnhof (Adieu Sweet Bahnhof)
- Two Skaters (In the Dutch Mountains)
- Shadow of doubt (Omsk)
- Cars and cars (Ting) (sur la demande d'un membre du public mais il ne connaissait visiblement pas la partition pour piano en général réservée à Robert Jan Stips, et la tentative fut vite avortée)

Une petite dizaine de chansons en néérlandais. Connaissant mal son album solo, j'ai seulement reconnu à coup sûr :
- Inktman
- Val
- Het Hele en het Lava
- Spiegel

Des reprises de Leonard Cohen :
- Who by fire?
- Famous Blue Raincoat

Une reprise de Imagine de John Lennon (en dernier rappel parce qu'il ne savait vraiment plus quoi jouer)

*Sa seule intervention en anglais fut pour demander aux non-néerlandophones de lever la main et leur proposer de venir dans sa loge après le concert pour demander des explications, ce que je ne fis pas.

vendredi, mars 25

Le podium est connu

Il y a quelques jours, sur une liste de discussions musicales, je disais ne pas savoir exactement quels étaient mes trois 'groupes préférés'. Certes, il est un peu vain de vouloir ainsi hiérarchiser ce qu'on aime mais il est indéniable qu'avoir une Trinité toute prête à débobiner quand on tente de résumer ses goûts est un atout appréciable. Je m'étais donc demandé qui peuplerait ainsi mon Panthéon personnel. Après Dead Can Dance et les Pet Shop Boys, duo sans doute étrange mais fixé d'avance, les prétendants au bronze se bousculaient au portillon. les Tindersticks ? Les Cocteau Twins ? Radiohead ? The Coral ? La réponse, évidente, m'est apparue hier alors que j'assistais au concert solo de Henk Hofstede, le chanteur des Nits. Comme cela avait été le cas en 2003, je suis sorti de la salle sur un nuage, empli d'une euphorie presque déraisonnable et je déborde depuis hier de l'envie de crier mon enthousiasme pour ce groupe. Une première mesure qui s'imposait était donc d'officialiser leur position sur le podium.

Avant de faire un compte-rendu complet du concert ce week-end, j'ai aussi proposé quelques extraits de l'album solo de Henk sur la Blogothèque.

mercredi, mars 23

Fears for Tears

Il y a 12 ans (déjà), Brett et Bernard travaillaient ensemble et étaient heureux. Ils se disaient : "Chassons le dragon" et conquérons le monde. La vie était belle et pleine de promesses. Malheureusement, cela ne dura pas et, après deux ou trois ans, Bernard est parti. Il ne supportait plus les caprices de Brett et est parti se consoler avec David, un chanteur à dreadlocks, et, plus brièvement, avec Mark, un ancien membre de boyband. Brett, lui, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, a continué à faire vivre ce que Bernard et lui avaient contribué à créer, mais le coeur n'y était plus. Ca a duré 6 années, chacune d'entre elles un peu plus triste et déprimante que la précédente. Puis, il y a quelques mois, Brett et Bernard se sont revus, se sont rappelé le bon vieux temps et comment ces années communes avaient été les plus belles de leur vie. Ils étaient "si jeunes" et le monde entier était à leurs pieds. La tentation de se réunir pour faire revivre ce bonheur était forte. Ils ont donc décidé de se donner une nouvelle chance. Ca a donné ceci.

La morale de cette histoire est que les souvenirs sont mauvais conseillers. Parés des atours attrayants d'une époque disparue, ils vous leurrent en vous faisant considérer le présent comme une impasse. Pourtant, jamais le passé ne se peut revivre. Seules, parfois, les apparences peuvent en être invoquées et rappellent, en creux, tout ce qui fut irrémédiablement perdu.

Une dure leçon pour Bernard et Brett. Suede, 1 point.

lundi, mars 21

Tout ça pour ça.

J'ai tenté d'écouter l'émission qui remplace Utopya le lundi soir sur Pure FM. Après une heure, je pense avoir une idée assez claire du concept. Il s'agit d'une émission interactive (sans interactions car les animateurs semblent incapables de dire quoi que ce soit qui pourrait provoquer une réaction chez des auditeurs normalement constitués) et où, comme je le craignais, la programmation musicale est tirée de la playlist, même si on peut quand même y passer un morceau de Limp Bizkit pour "se faire un petit plaisir" (sic).....

Je crois que je vais plutôt écouter un disque.

Quand je pense que les hautes sphères de la RTBF ont pensé qu'un concept aussi fort méritait sans aucun doute qu'on supprime deux des très rares émissions de découverte musicale dans le paysage radiophonique belge francophone, ça me désole.

Quel gâchis.

La deuxième rumeur L'info du jour.

Pope Korn, le retour.

Brian Welch, le guitariste de Korn va être le héros de sa propre émission de télé-réalité. Selon lui,
I'm gonna be like the Osbournes but it's focusing on me and God and how much of a sense of humor I have with him but also how much I obey him. For example, the Jesus tatoo on my hand keeps me from masturbating and I haven't been with a woman since my ex-wife left me almost five years ago.

Certes, l'info vient de Popbitch et est donc à prendre avec des pincettes mais c'est trop beau pour ne pas y croire.

L'interview complète est disponible sur le site officiel de Brian Welch qui s'appelle, merveilleusement, HeadtoChrist.com.

La rumeur du jour

Le Tigre aurait écrit une chanson pour l'album de Paris Hilton. J'ai beau essayer de comprendre la démarche (des unes et de l'autre), je reste perplexe.

dimanche, mars 20

Dead Can Dance (II)

PREAMBULE

J'ai déjà longuement élaboré avant-hier sur la manière dont je ressentais la musique de Dead Can Dance et tout ce que j'ai dit s'applique évidemment aussi au concert de jeudi dernier (sauf peut-être pour Sanvean, dont la version live m'a frustré, comme je l'explique plus bas). Donc, je ne me suis pas senti obligé de m'appesantir à nouveau sur le déferlement d'émotions que le concert a provoqué en moi. Du coup, on m'a fait remarquer que ce compte-rendu paraissait un peu froid et clinique. Ce n'était pas mon intention. Sans doute est-ce qu'il se veut une image fidèle de ce à quoi j'ai pensé durant les deux heures de concert et, malheureusement, la majeure partie de ce qui m'a traversé l'esprit et est transposable en mots portait sur des points de détail. L'essentiel a refusé de se laisser capturer par des mots, sauf peut-être à réécrire mon précédent billet. Pour avoir une idée plus juste de ce que j'ai ressenti, vous devriez donc sans doute lire les deux.

COMPTE-RENDU

Le concert a lieu au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (ridiculement appelé depuis quelques années le BOZAR), un bâtiment dû à Victor Horta et dans lequel je n'avais jamais mis les pieds. Cela semble être une volonté délibérée de la part de Dead Can Dance d'organiser cette tournée dans des salles prestigieuses et je dois avouer que cela rajoute encore au caractère événementiel de leur reformation. Le public, en majorité flamand, est un mélange improbable de jeunes gens de bonne famille, de goths en costumes et de hippies sur le retour en manteau long et chapeau de cowboy. Il prend son temps pour s'installer tandis que l'album de Nouvelle Vague est diffusé en fond sonore.

Je suis très bien placé, fauteuil E6, cinquième rangée, très légèrement excentré sur la gauche et j'ai payé mon ticket en conséquence (48 €). Le pupitre de Lisa, entièrement drapé de jaune, est quasiment face à moi et, eussé-je possédé un bras de cinq mètres, j'aurais pu le toucher. A droite, le micro de Brendan et la petite table contenant ses instruments. A gauche, un micro, seul (pour Lance Hogan, déjà présent sur la tournée Toward the Within). Au fond à gauche, trois ensembles de percussions. Au fond à droite, deux claviers dont l'un est destiné à Patrick 'meilleur compositeur irlandais' Cassidy lui-même. De grandes tentures noires et rouges ont été tendues au fond de la salle.

A 20h20, entrée en scène.

Lisa porte une robe (et une pince à cheveux) jaune canari assortie à son pupitre. Je n'ai jamais été aussi proche de la scène pendant un de ses concerts, ce qui m'a permis de l'observer attentivement. Elle se déplace très lentement, avec une componction qui flirte avec le maniérisme. Tous ses gestes semblent avoir été mûrement pesés avant d'être effectués. J'ai par ailleurs été surpris de voir qu'elle chante la plupart du temps les yeux ouverts (sur le DVD de Toward the Within elle a souvent les yeux fermés). Elle n'a en revanche pas perdu cette étrange grimace dédaigneuse qui lui vient naturellement quand elle chante (on penserait presque à Billy Idol). Durant le concert, je me suis régulièrement demandé si elle jouait un rôle sur scène et quittait ses affectations de prêtresse mystique en coulisses ou bien si elle était réellement comme ça "dans la vraie vie", tout entière dirigée vers elle-même, comme absente au monde. En tout cas, après un morceau, surprise par des applaudissements particulièrement nourris, elle laissa son impassibilité se fissurer et arbora quelques secondes un sourire (presque un rire) embarrassé qu'elle maquilla bien vite en tendant la main vers le public pour le remercier.

Brendan est devenu complètement chauve (et légèrement bedonnant) et porte une chemise noire et un pantalon à gros carreaux vert foncé et noir d'un goût discutable. Il change d'instruments quasiment à chaque morceau et joue un peu le rôle de chef d'orchestre. Il décide quand les morceaux s'arrêtent et tous les musiciens (Lisa comprise) le regarde régulièrement pour avoir des indications. Beaucoup de gens ont tendance à résumer Dead Can Dance à Lisa et à sa voix mais, sur scène, il apparaît évident que le rôle de Brendan est fondamental.

Ce n'est que la deuxième fois que je vois Dead Can Dance en concert (même si j'ai aussi vu Brendan et Lisa séparément). La première fois, c'était en 1993 au Cirque Royal pour la tournée Toward The Within et je me rappelle avoir ressenti une vague frustration devant le fait qu'ils avaient essentiellement joué des inédits (qu'on retrouva par la suite sur l'album live). J'avais tellement perdu l'habitude d'être surpris en écoutant Dead Can Dance, de ne pas pouvoir anticiper la suite des morceaux que je n'ai pas très bien su comment réagir face à cet afflux inattendu de nouveautés. Pour cette tournée, qui avait pourtant a priori tout d'une opération mercantile pour renflouer les tiroirs-caisses, je m'attendais à ce que les inédits soient nettement plus rares. Et bien pas du tout. A ma grande surprise, un bon tiers du concert sera composé de morceaux pour moi inconnus : cinq de Lisa et deux de Brendan. Ces inédits donnaient parfois l'impression d'avoir été composés pour des albums solo, puis rapidement réorchestrés et intégrés au concert. Le plus souvent d'ailleurs, l'un(e) des deux musiciens était en coulisses durant les inédits de l'autre. Cela dit, c'était déjà le cas en 1993 et, à l'époque, ça ne gênait personne. De plus, le fait qu'ils aient pris la peine de proposer des inédits permet d'espérer que cette reformation débouchera un jour sur l'enregistrement d'un nouvel album. Croisons les doigts.

Les morceaux connus ont également réservé quelques surprises, notamment lorsque la voix de Lisa a doublé la partition de synthé entre les deuxième et troisième couplet de How fortunate the man with none, ce qu'elle ne faisait pas, me semble-t-il, sur l'album. En règle générale, les tempos étaient assez nettement ralentis, surtout pour les morceaux de Lisa. Je me suis même demandé si elle n'était pas devenue incapable de jouer ou chanter ses anciens morceaux au tempo (est-ce pour cela que nous n'avons pas eu droit à Cantara ?). C'est particulièrement flagrant sur Sanvean pour lequel j'étais toujours une phrase en avance sur Lisa (qui l'a pris presque deux fois plus lentement qu'il y a douze ans). La première moitié de Rakim, essentiellement un solo de Lisa au Yang Qin, est aussi nettement ralentie tandis que la seconde est prise plus ou moins au tempo. Du coup, lorsque les percussions rentrent et Brendan se met à chanter, Lisa semblait très tendue, presque paniquée par la vitesse et a fait quelques fausses notes dans ses interventions au Yang Qin qui la firent grimacer de honte. Brendan ne fut pas non plus à l'abri des erreurs dans son chant. Il a notamment inversé "disillusionment" et "domestic graveyard" dans The Ubiquitous Mr Lovegrove et manqué une entrée dans Rakim ("..vored son"). Certes, tout cela n'est absolument pas grave (et je ne le signale que parce que je suis un incurable nerd pour tout ce qui touche à l'oeuvre de Dead Can Dance) mais ça illustre je crois assez bien les chemins divergents pris par les deux musiciens depuis la séparation du groupe.

Le public (moi compris) était clairement conquis d'avance. Silencieux pendant les morceaux (même si certains fâcheux ne reconnaissaient Yulunga ou Severance qu'après 30 secondes et lançaient donc des applaudissements trop tardifs), il se levait comme un seul homme dès que les musiciens faisaient mine de quitter la scène, et parfois même alors qu'ils restaient sur scène. Au cours du concert, il y eut ainsi quatre moments où tout le public s'est mis debout spontanément (Rakim, Yulunga, Severance et le dernier morceau). Dès que le silence se faisait, en quelques secondes, tout le monde était debout. La seule autre fois que j'ai vu le public réagir ainsi, comme un groupe homogène, c'était déjà Dead Can Dance, en 1993. Je me rappelle notamment avoir été frappé par le fait que les spectateurs y criaient 'We love you', plutôt que 'I love you'.

SETLIST

Début à 20h20 (les titres des morceaux inédits sont tirés du forum officiel)
1. Nierika
2. Saffron : Inédit BP (assez moyen)
3. Yamyinar : Inédit LG sur des arpèges de BP
4. The Ubiquitous Mr Lovegrove (légèrement ralenti, LG aux cymbales)
5. The love that cannot be : Inédit LG, long, arythmique sur des nappes de synthés (BP en coulisses)
6. The Lotus Eaters
7. Crescent : Inédit BP (LG tabla)
8. Minus Sanctus : Inédit LG
9. Saltarello (21h10)
10. The wind that shakes the barley (BP s'assied sur la scène pour écouter)
11. How fortunate the man with none
12. Dreams made flesh (seul moment du concert où BP et LG sont l'un à
côté de l'autre)
13. I can see now/American dreaming (LG en coulisses)
14. Sanvean (sans Tristan) (BP en coulisses)
15. Rakim
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16. Black Sun (LG aux castacymbalettes (je néologise si je veux))
17. Salem's Lot - Aria : Inédit LG au synthé
18. Yulunga
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19. Severance
20. Hymn for the Fallen : Inédit. LG chante en anglais et la voix de BP vient la rejoindre sur le final. Beau à pleurer.

Fin à 22h20. S'il y a vraiment eu 2h30 de concert à Paris, je vais être
bien triste. Il faudra attendre l'arrivée des CD pour pouvoir en juger je suppose.

LIENS

Photos (ici et )

vendredi, mars 18

Dead Can Dance (I)

Cela ne transparaît peut-être pas très clairement dans ce que j'écris ici au jour le jour mais la musique pour moi se divise en deux grandes catégories : Dead Can Dance (mon "meilleur groupe du monde" à moi que j'ai) et puis tout le reste. La manière dont je vis et ai vécu leur musique les inscrit naturellement dans une catégorie à part. Si je n'avais peur de mourir de honte suite à l'usage d'un tel cliché, je dirais que la seule chose qui pourrait me faire admettre l'existence d'une "transcendance" est sans doute l'oeuvre de Dead Can Dance. N'y voyez cependant pas la manifestation détournée d'une religiosité latente qui tenterait ainsi de percer la gangue d'athéisme primaire que je me suis forgée au cours des ans et qui me convient parfaitement. D'ailleurs, pour éviter de prononcer des mots qui fâchent (Dieu ou religion par exemple), peut-être pourrais-je formuler ma pensée autrement et dire que je suis incapable de considérer la musique de Dead Can Dance avec le recul et la distanciation 'cérébrale' vers lesquels je tends spontanément lorsque j'écoute quoi que ce soit d'autre. Quand Lisa Gerrard ou Brendan Perry chante, je sens quelque chose résonner en moi qui semble n'être ni de l'ordre du corps ni de celui de l'intellect. Je n'ai pas vraiment prise sur ce quelque chose que je peux ressentir mais pas contrôler, ni même nommer ou décrire et dont seul Dead Can Dance semble avoir la clé (mon côté athée rechigne à utiliser le mot âme).

Entre 14 et 23 ans, j'ai écouté Dead Can Dance à peu près tous les jours, souvent à fort volume et en chantant. Je suis encore aujourd'hui capable de chanter tout The Serpent's Egg, Aion ou Into The Labyrinth, en imitant (autant que faire se peut avec ma voix) la moindre inflexion de Brendan ou la moindre vocalise de Lisa. Le tout premier CD que j'aie acheté était d'ailleurs leur compilation A Passage in Time. Durant cette période, j'étais complètement obsédé. Ensuite, avec le temps, mon univers musical est devenu moins monolithique. Une certaine lassitude s'est peut-être installée, à moins que mon besoin de rationnaliser et de maîtriser la moindre de mes émotions m'ait inconsciemment amené à craindre cette musique qui semblait me dépasser. Depuis quelques années, lorsque j'écoute Dead Can Dance, l'effet est globalement le même qu'il y a dix ans (en gros, je suis terrassé par la beauté de ce que j'entends, et ne croyez pas qu'écrire une phrase aussi dénuée de cynisme me soit facile) mais je suis parvenu à vaincre ce besoin impérieux de réécouter encore et toujours leurs disques pour prolonger la sensation d'euphorie qu'ils me procurent. Une belle victoire qui m'a laissé un peu de temps pour découvrir d'autres choses.

Peut-être le split du groupe y a-t-il d'ailleurs aussi contribué en mettant en évidence le fait que leur musique n'est finalement que le fruit du travail de deux êtres humains. Deux individus qui, de plus, ne s'entendaient pas toujours sur la direction à suivre. En effet, si la séparation du groupe a eu un aspect positif, c'est de mettre en relief les apports respectifs de chacun de ses deux membres. Alors qu'à l'époque, il était difficile de voir où commençait l'un et où finissait l'autre, on peut dire a posteriori que l'apport de Brendan se situe plutôt du côté de la chanson folk, de la tension et du rythme et que celui de Lisa est du côté de l'incantation, des langues imaginaires et de la contemplation planante. Ce qui fait la force de Dead Can Dance, c'est justement la conjonction de ces deux tempéraments opposés, la manière dont leurs talents respectifs s'entremêlent pour créer quelque chose de radicalement neuf. Laissé à lui-même, Brendan est un troubadour un peu rustique dont le premier album, Eye of the Hunter, est une sorte de chef-d'oeuvre mais n'a jamais engendré de suite (on attend Zun Zun depuis plus de cinq ans). La prêtresse Lisa, quant à elle, semble très contente de ne plus faire que marmonner des mélopées arythmiques sur des nappes de synthés new-age. C'est frappant en regardant la succession des albums solo de Lisa de voir à quel point le rythme et la 'tension harmonique' y semblent de plus en plus absents. D'un point de vue plus personnel, j'ai également assez mal vécu l'association de Lisa avec la droite intégriste chrétienne durant ces dernières années. Après avoir prétendu durant des années que la musique de Dead Can Dance était athée, elle avait pris le pli de dédier ses disques au Christ et de replier son inspiration sur l'Occident Chrétien. A cela aussi, le druide animiste Brendan Perry pouvait mettre bon ordre. En conséquence, j'attendais des grandes choses de cette reformation, qui allait permettre à ces deux univers complémentaires d'interagir à nouveau. Je n'ai de ce point de vue pas été déçu.

C'est promis, je vous parle très vite du concert lui-même.

Défense et illustration de la pop norvégienne.

Une loi naturelle voudrait que l'on finisse toujours par renier ce qu'on a aimé entre 10 et 12 ans et que ce soit une règle immuable. On tente de nous convaincre qu'en fait, ce renoncement s'appelle grandir, mûrir ou s'assagir. Je m'insurge. Non, ce n'est pas une fatalité. Prenons par exemple A-Ha, un groupe que je n'ai jamais pu renier et à la 'gloire' duquel j'ai consacré mon billet de la semaine sur la Blogothèque.

Sinon, je suis allé hier assister au concert de Dead Can Dance au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, je vous en recause très vite.

PS : Ceci est consternant.

mercredi, mars 16

Plus qu'une fois dormir

avant de voir ça.

mardi, mars 15

Bonsoir Bonsoir

Attention, ce billet contient de vrais gros morceaux de Belgitude. Les Français qui me lisent risquent de se demander de quoi je parle, à moins qu'ils n'habitent dans le Nord.

Je ne sais pas depuis combien de temps Tyan officiait à la RTBF, mais aussi loin que je me souvienne (une bonne dizaine d'années), sa voix rythmait les soirées de Radio 21. En semaine, dès la fin de Rock à gogo de Jacques de Pierpont, The Pine Float d'Angelo Badalamenti annonçait le début de son émission Les 100 minutes (par-delà) et faisait pénétrer l'auditeur dans un univers fait de douceur, de poésie sans prétention et de musiques que l'on n'entendait bien souvent nulle part ailleurs. Sur une station dont la programmation en journée était entièrement régie par une "playlist" (souvent de qualité mais sans réelle prise de risques) subsistait une petite oasis où musiques du monde, new-age, folk, pop et rock cohabitaient en harmonie, entrecoupés seulement par les commentaires ésotériques de Tyan qui pouvait par exemple annoncer un morceau de flûte par une phrase du genre "Au début était le vent soufflant dans les roseaux".

Entre 18 et 25 ans, je l'ai religieusement écoutée tous les soirs de la semaine (quand je le pouvais et parfois en l'amputant d'une demi-heure pour cause de Bernard Lenoir sur France-Inter). C'est ainsi que j'ai découvert par exemple Tilt de Scott Walker, Shleep de Robert Wyatt, For Heaven's Sake de Sixteen-Horsepower, Wide Open Space de Mansun (la dictature du bon goût institutionnel n'avait pas cours chez Tyan) et beaucoup d'autres que j'ai malheureusement depuis oubliés. En effet, que ce soit un bien ou un mal, Les 100 minutes n'était pas une émission que j'écoutais le bic à la main pour noter les références des disques que j'allais emprunter à la Médiathèque le samedi suivant, sans doute parce que je sentais confusément que la plupart de ces morceaux, une fois arrachés à l'écrin de l'émission et révélés dans toute leur matérialité (l'album est trop long, sa pochette est laide, etc...), ne pouvaient que décevoir. Les 100 minutes était une émission dans laquelle je m'immergeais entièrement et me laissais dériver au gré des envies de Tyan, confiant d'être en de bonnes mains. D'ailleurs, la proportion de sa programmation que je connaissais déjà par ailleurs n'a jamais sensiblement baissé au cours des années (contrairement à celle de Lenoir par exemple). A chaque émission, j'étais sûr de découvrir au moins 50% (et souvent plus) de groupes ou de musiques que je n'avais jamais entendus ailleurs.

Lorsque Radio 21 s'est scindée en avril dernier pour donner naissance à deux nouvelles chaînes, des bruits alarmistes ont longtemps couru que Tyan n'allait pas y retrouver sa place. Comme beaucoup de gens, je m'en étais ému et ai constaté avec soulagement que trois heures lui avaient finalement été allouées le lundi soir sur Pure FM. Les 100 minutes étaient devenues Utopya mais rien n'avait fondamentalement changé. Pourtant, las, l'émission n'est pas reconduite dans la nouvelle grille des programmes. Le dernier numéro d'Utopya a donc eu lieu hier soir et on sentait bien que Tyan en avait gros sur le coeur. Je ne sais pas si elle continuera à travailler pour la RTBF mais il semble bien que l'on ne la réentendra pas dans l'immédiat sur antenne. Cette nouvelle m'attriste profondément, et ce d'autant plus que ces derniers mois j'ai, plus souvent qu'à mon tour, omis de l'écouter et préféré faire d'autres choses, forcément moins importantes.

Tyan serait sans doute la première à protester face à cette comparaison mais, si un animateur radio vaut pour le rapport de complicité qu'il parvient à installer avec ses auditeurs et pour la qualité et la variété des musiques qu'il diffuse, Tyan était un peu notre John Peel ou, peut-être, la moitié du John Peel bicéphale (une face calme et rêveuse, une face concrète et rageuse) qu'elle formait avec Jacques de Pierpont, dont on peut d'ailleurs se demander s'il survivra à la grande faucheuse. L'émission de Tyan n'est en effet pas la seule victime de la refonte de la grille des programmes de Pure FM, qui semble à première vue le fruit d'une volonté absurde de couper tout ce qui dépasse et pourrait donner envie aux auditeurs d'écouter autre chose que ce qu'on leur diffuse déjà en boucle. Avant de me faire une opinion définitive, j'attends de disposer de tous les détails mais le futur s'annonce plutôt mal. Toutes les émissions faisant preuve d'un minimum de personnalité (celles que j'écoutais donc) ont été supprimées, au risque de faire de Pure FM un équivalent d'Autoroute FM : une station passe-partout, sans doute utile, qui ne dérange personne et que l'on écoute sans déplaisir, mais qui ne manquerait à personne si elle venait à disparaître. Ce ne serait pas si grave si un alternative existait en Belgique francophone, mais ce n'est malheureusement pas le cas.

EDIT : Le Rock Show de Jacques de Pierpont est reconduit à un nouvel horaire et gagne même une heure.

LIEN : Google m'a renseigné la page de cette pétition qui datait de l'année dernière et vient d'être réactivée. Allez la remplir. Ce sera sans doute inutile mais, d'un autre côté, ça ne coûte pas grand-chose et ça fera peut-être plaisir à Tyan si elle venait à en découvrir l'existence.

On m'appelle l'Idol des (moins) jeunes

Incroyable ! Billy Idol est de retour. La vidéo de Scream est visible sur le site de Rolling Stone (cliquez ici). En vieillissant, Billy s'est transformé en Keith Flint (le pois sauteur de Prodigy). Pour le reste, la chanson et la vidéo semblent avoir été directement importées de la fin des années 80. Billy Idol y renoue avec les postures et les mimiques qui ont fait sa gloire à l'époque (notamment cette formidable lippe asymétrique dont il abusait). La chanson quant à elle sonne comme le rejeton non désiré de White Wedding et To be a lover que l'on aurait laissé grandir seul dans une cave humide où on diffuserait en boucle le solo de guitare de The Final Countdown d'Europe. Elle ne pouvait que mal tourner.

PS : Notez aussi le très beau "You are the lock and I am the key" du couplet.

lundi, mars 14

En vrac

- Je viens de m'apercevoir avec horreur que ça fait plus d'un mois que je n'ai plus été lire les billets du mp3-blog de la Blogothèque. Il a fallu un billet de Fandor intitulé "Variétoche Forever" pour que le réflexe revienne. J'ai depuis regardé rapidement ce dont il avait été question ces dernières semaines et j'ai raté beaucoup de choses a priori intéressantes. C'est idiot. Sont néanmoins encore disponibles le billet de Fandor (avec des vrais morceaux de Pet Shop Boys dedans), des faces B de Pulp et mon billet consacré au premier EP de Zop Hopop. Dépêchez-vous.

- Il y a quelques jours, je vous parlais de G4 et leur massacre de la Bohemian Rhapsody de Queen en direct à Top of The Pops. Ils ont à nouveau sévi la semaine dernière en osant s'attaquer au Creep de Radiohead. Comme si ce condensé de haine de soi pouvait être chanté comme du bel canto par quatre bouffons en pingouins qui se croient artistes parce qu'ils ont un peu plus de coffre que la moyenne. Je me demande d'ailleurs comment les membres de Radiohead ont accepté de les laisser reprendre leur chanson. Je sais bien qu'ils éprouvent un rapport d'amour-haine pour Creep mais de là à la mener à l'abattoir de cette façon.... Je vous proposerai le lien vers un extrait vidéo de leur prestation dès qu'il sera en ligne. Cela dit, comme prévu, les quatre bouffons ont vendu 250.000 exemplaires de leur premier album en une semaine. Les maisons de disques en Angleterre (et ailleurs) ont malheureusement pris conscience ces dernières années que, pour vendre des disques, il ne faut plus viser ces salauds de jeunes pirates mais leurs parents et grands-parents, d'où l'explosion du jazz-lite (Joss Stone, Norah Jones, Jamie Cullum et toute la clique) ou l'envol du marché des compilations rétro. Le classement des meilleurs ventes d'albums en Angleterre ces dernières semaines ressemble d'ailleurs à un mouroir (G4, Il Divo, Tony Christie, Matt Monro, The Carpenters, Phil Collins, Michael Buble, Joss Stone,....). Tout cela me donne une furieuse envie de pleurer.

- Je viens d'apprendre que Patrick Wolf allait faire la première partie de Bloc Party lors de leur tournée en Angleterre en octobre. Vu que toute la presse anglaise est convaincue que Bloc Party sera le Franz Ferdinand de 2005, c'est indéniablement une formidable opportunité de se faire connaître. Cela dit, quand on sait ce que Patrick Wolf pense de la scène, je ne suis pas sûr que le public de Bloc Party sera très réceptif ou particulièrement attentif. Je soupçonne que cette tournée pourrait vite lui paraître bien éprouvante.

- Le concert de And you will know us by the trail of dead où j'espérais aller ce soir est déjà complet, alors qu'on m'avait assuré samedi qu'il n'y avait aucune chance que ce soit le cas. J'ai l'oeil qui pleut, comme dirait Richard.

- La Belgique francophone est sous le choc cette semaine. Tyan quitte l'antenne.... L'info méritant mieux qu'une note en vrac, j'en reparle très vite.

samedi, mars 12

Jaime Tokonitsu

J'ai longtemps hésité à en parler ici, mais après tout, pourquoi pas ?

Si on en croit la bio, Jaime Tokonitsu est le fils d'un milliardaire japonais et d'une fille de ferme du fin fond de la pampa argentine. Il a 16 ans et a inventé ce que l'on commence à appeler la musique physiologique. Ca part d'un concept très intéressant. Si j'ai bien tout compris (mon espagnol est quelque peu rouillé), il s'est rendu compte que tout une gamme de sons est inexploitée par les musiciens. Tous les sons qui n'ont pas d'existence objective à l'extérieur du corps mais que pourtant on peut percevoir. Il donne quelques exemples : quand on mange des chips, qu'on avale de la salive, qu'on a les oreilles qui bourdonnent, les gargouillis, etc... Il tente donc de les recréer et de les incorporer à sa musique, ou plutôt d'incorporer de la musique à ses sons qui sont la base de ses compositions. D'où une sorte de folk ambient à base de borborygmes, de sons sourds et entêtants. Apparemment, il serait en train de chercher à collaborer avec un designer qui ferait la même chose pour les images et pourraient arriver à rendre sur écran les images du même type (quand on se passe les poings sur les yeux fermés en regardant de la lumière, les petits débris à l'intérieur de l'oeil que l'on voit se déplacer lentement entouré d'un halo de diffraction quand on regarde dans le vague vers la lumière, etc.... Cette démarche m'intéresse car elle me semble être un bon moyen d'aborder le problème de l'objectivation du subjectif. Je suis impatient de voir ce à quoi cela pourra mener.

LIEN : Je n'en ai malheureusement trouvé aucun.

Sinon, et ça n'a pas grand-chose à voir, Arnaud L. (de FoR ThE ChOSen FeW) a compilé et longuement commenté la liste de ses 100 albums de 2004. Même si on ne partage pas tous ses enthousiasmes, c'est à lire, à petites doses pour mieux savourer.

vendredi, mars 11

J'y suis, j'y reste.

Les miracles de Google m'ont mené à cette discussion éclairante qui m'a à son tour mené à ce blog. Je tiens donc à faire savoir que j'étais là le premier..... Non mais sans blague.

Sinon, ça n'a rien à voir mais ce billet sur l'affaire de la vidéo porno de Fred Durst m'a fait rire. Sur le même site, la lettre où les membres du boyband V annoncent à leurs fans qu'ils se sont fait lourder par leur maison de disques me les rend plutôt sympathiques, et plus encore cet article où Aaron, un des membres du groupe, élabore sur la question (ses anciens articles méritent d'être lus aussi, il y fait preuve d'une réjouissante lucidité sur son métier). Comme souvent, Popjustice a très bien résumé ce qui a précipité la chute de V (outre un nom grotesque) : leurs chansons n'étaient tout simplement pas assez bonnes. Pour tout dire, bien que je sois capable d'aimer à peu près n'importe quoi pourvu que ce soit pop et anglais, je n'ai jamais pu apprécier une chanson de V. Finalement, ça a un côté plutôt rassurant de savoir que, malgré le marketing, les passages télé en cascade et les interviews dans les magazines pour pré-adolescentes, la qualité de la musique peut encore avoir le dernier mot, non ?

mercredi, mars 9

Pope Korn


Le guitariste de Korn, Brian Welch, a quitté le groupe pour se consacrer à Dieu, ce qui est une bonne nouvelle pour tout qui n'aime pas Korn (soit à peu près l'ensemble des êtres humains munis d'oreilles). Le plouc moyen ayant découvert la religion irait sans doute se faire baptiser à l'église du coin devant papa-maman et ses amis de la Congrégation du Renouveau Charismatique de la Vierge à l'Enfant Divin, mais pas Brian, car Brian n'est pas un plouc moyen. Il s'est donc fait baptiser hier dans le Jourdain, à l'endroit supposé du baptême du Christ. Pour que l'illusion soit complète, il s'est fait pour l'occasion la tête de Jésus. C'est troublant.

mardi, mars 8

J'ai le goût à rien

Depuis une semaine, tout ce que j'écoute m'ennuie. J'ai même réussi à trouver un album de William Sheller mauvais (Les machines absurdes). J'ai l'impression que le nouvel album de The Kills, à force de chercher le minimalisme, n'est pas loin d'avoir découvert le rien.... et ainsi de suite. Je pourrais de la sorte traiter en deux lignes et avec le plus profond mépris tous les disques que j'ai écoutés depuis une semaine, mais à quoi bon ? Je n'aime pas dire du mal pour le plaisir, d'autant que je sens bien que ce manque d'enthousiasme est en grande partie une manifestation d'un état d'esprit général, donc je préfère ne rien dire. Malheureusement, un blog ne prospère que si on le nourrit régulièrement. D'où un petit cas de conscience : se taire jusqu'à ce que l'inspiration revienne ou bien continuer à poster des billets (encore plus) mal écrits comme si de rien n'était. Le plus simple est encore de se transformer en machine à liens. Voici de nouveau une petite poignée de liens sonores à découvrir.

- Sur podaufeu, le franchement effrayant Daniel Bedingfield (la pop-star la plus incompréhensible de ces dernières années au Royaume-Uni) repend le formidable Somebody Told Me des Killers et le transforme en une de ces chansons informes, mal chantées, mal composées et mal produites dont il a le secret.

- Le NME nous propose de découvrir quatre groupes influencés par Joy Division et New Order : Battle, Performance, Editors et Apartment. Dans l'ensemble, je dois bien avouer que c'est plutôt pas mal, même si le lien avec la bande à Barney me semble souvent assez ténu.

- Le fan de kitscheries 80s qui sommeille en tout être âgé de plus de 25 ans sera gentiment tiré de sa longue hibernation forcée en entendant cette mythique collaboration entre Nena '99 luftballons' et Kim 'Cambodia' Wilde.

- Pour terminer, voici un titre de Klaus Nomi.

PS : Je compte écrire un billet sur le nouvel album de Hanson parce que, soyons honnêtes, il y a bien des choses à en dire mais il paraîtrait que la promotion de l'album en France s'articule surtout sur un duo avec une certaine Emma Daumas, dont je ne sais rien. Du coup, avant de mettre en ligne ce billet, je voudrais bien entendre cette chanson mais je parviens pas à la trouver (étant entendu qu'il est hors de question que j'achète la version française de l'album). Si quelqu'un pouvait m'envoyer un mp3 de ce duo ou bien un lien vers un clip ou un streaming, je lui en serais très reconnaissant. Mon adresse email est disponible au bas de la colonne de gauche sur cette page. Merci.

vendredi, mars 4

OSNI mou barré

Cette semaine dans la Blogothèque, j'évoque brièvement l'album de Vinny Miller (4AD) que j'ai acheté sur un coup de tête chez un marchand de disques d'occasion après avoir écouté brièvement les premières secondes de chaque plage. Ayant entendu ce qui ressemblait à une interview radio, des hurlements suraigus, un substitut Enoïé et un son qui ressemble à celui d'un Mickey Mouse faisant des bulles d'hélium sous l'eau, j'ai évidemment craqué. Bien m'en prit. Plus je l'écoute, plus je l'aime.

PS : Oui, le titre de ce billet me fait honte.

jeudi, mars 3

Jeu est un autre

A priori, ça m'a l'air assez bien fait. J'ai juste testé sur quatre cinq titres la période 80-89 niveau expert et ce n'est pas si simple que ça en a l'air. Je crois que je ferais mieux de revoir mes ambitions à la baisse.

C'est ici que ça se passe.

mardi, mars 1

Trop de bla bla

Je n'ai pas grand-chose à dire aujourd'hui. Tout ce que j'écoute m'ennuye poliment, notamment l'avant-dernier album de The Unicorns, dont on m'avait dit beaucoup de bien et qui m'a laissé perplexe. Donc, plutôt que de lire mes banalités, allez écouter un peu de musique.

Par exemple :

- Un morceau de Subtle avec Mike Patton. L'album de Subtle fait partie de ces disques qui m'ont ennuyé poliment ces derniers jours, mais ça n'empêche pas ce The Long Vein of the Voice d'être bien barré comme il faut.

- Un étonnant remixe de The Music par Jacques Lu Cont qui confirme que, contrairement à ce que l'on pense souvent, la voix de Robert Harvey peut être supportable, à petites doses.

- Un remixe encore plus improbable, Keane par DJ Shadow, qui rappelle ce que Schneider TM avait fait du There is the light that never goes out des Smiths.

- Un concentré de bon goût ensuite avec une version du Canon de Pachelbel par Robert Miles (celui de Children, je présume). C'est.. euh... perfectible, dirons-nous.

- Un morceau de Polmo Polpo de plus de 21 minutes qui semble avoir été écrit pour illustrer une leçon de composition sur le thème : "Point trop n'en faut."

Chronique du Patrick Wolf dans Magic

Recopié du numéro du mois de mars de Magic :

PATRICK WOLF Wind In The Wires
(Tomlab/La Baleine)
Avec son violon sous le bras et sa coupe de cheveux façon “perruque mal posée” digne d’un Andy Wharol pubère qui s’habillerait de surcroît comme un sac, le Londonien Patrick Wolf vaut mieux que ce que son aspect débilitant ne laisse imaginer. Certes, ses frasques vestimentaires s’accordent assez bien à sa musique bariolée, mais un peu de fantasme n’a jamais fait de mal, surtout en pop music. Le syndrome Moldy Peaches, probablement. Du même âge qu’Adam Green — c’est-à-dire une dizaine d’années à la sortie du Loser de Beck —, notre jeune loup témoigne comme le défunt duo d’une créativité débordante derrière une démarche un tantinet brouillon. Chouchou de FatCat Records et repéré par Capitol K, cet adepte d’Atari, d’ukulélé grande taille et de crincrin façon folklore yiddish est, sur disque comme à la scène, incontestablement audacieux... Quand la table de mixage devient instrument, Wind In The Wires se sent pousser des ailes et parvient à décoller—sur la moitié seulement des morceaux—, atteignant des (petits) sommets d’élégance branque, avec ses structures éclatées dignes du Bowie 70’s et cette voix de Tom Waits qui aurait oublié de muer. Issues d’un apprentissage musical schizophrène entre conservatoire et performances de rues, ces treize compositions dépeignent “une quête de liberté personnelle dans un âge de stagnation, d’immobilité et de manque d’invention” (dixit leur auteur). On ne saurait dès lors que trop conseiller à ce multi-instrumentiste dispersé d’ouvrir ses petits désordres intimes à quelques partenaires de choix un peu d’air frais ferait en effet le plus grand bien à ses chansons qui sentent trop souvent le (homestudio) renfermé. À part ça, Patriiiiiiiiiiiiick Wolf se baladerait désormais en noir des pieds à la tête et aurait plutôt fière allure. Le succès ne devrait donc plus tarder...
Renaud Paulik
3/6