Recopié du numéro du mois de mars de Magic :
PATRICK WOLF Wind In The Wires
(Tomlab/La Baleine)
Avec son violon sous le bras et sa coupe de cheveux façon “perruque mal posée” digne d’un Andy Wharol pubère qui s’habillerait de surcroît comme un sac, le Londonien Patrick Wolf vaut mieux que ce que son aspect débilitant ne laisse imaginer. Certes, ses frasques vestimentaires s’accordent assez bien à sa musique bariolée, mais un peu de fantasme n’a jamais fait de mal, surtout en pop music. Le syndrome Moldy Peaches, probablement. Du même âge qu’Adam Green — c’est-à-dire une dizaine d’années à la sortie du Loser de Beck —, notre jeune loup témoigne comme le défunt duo d’une créativité débordante derrière une démarche un tantinet brouillon. Chouchou de FatCat Records et repéré par Capitol K, cet adepte d’Atari, d’ukulélé grande taille et de crincrin façon folklore yiddish est, sur disque comme à la scène, incontestablement audacieux... Quand la table de mixage devient instrument, Wind In The Wires se sent pousser des ailes et parvient à décoller—sur la moitié seulement des morceaux—, atteignant des (petits) sommets d’élégance branque, avec ses structures éclatées dignes du Bowie 70’s et cette voix de Tom Waits qui aurait oublié de muer. Issues d’un apprentissage musical schizophrène entre conservatoire et performances de rues, ces treize compositions dépeignent “une quête de liberté personnelle dans un âge de stagnation, d’immobilité et de manque d’invention” (dixit leur auteur). On ne saurait dès lors que trop conseiller à ce multi-instrumentiste dispersé d’ouvrir ses petits désordres intimes à quelques partenaires de choix un peu d’air frais ferait en effet le plus grand bien à ses chansons qui sentent trop souvent le (homestudio) renfermé. À part ça, Patriiiiiiiiiiiiick Wolf se baladerait désormais en noir des pieds à la tête et aurait plutôt fière allure. Le succès ne devrait donc plus tarder...
Renaud Paulik
3/6
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