mardi, septembre 30

Marc Moulin est mort

Marc Moulin, pour un belge francophone, c'était nettement plus qu'un musicien. En multipliant les casquettes, il était devenu une personnalité incontournable dans notre paysage culturel et médiatique : homme de télévision et de radio, chroniqueur et musicien, pour me limiter à ses activités que je connais le mieux. J'ai l'impression de connaître Marc Moulin depuis toujours. J'ai grandi en écoutant La Semaine Infernale et Le Jeu Des Dictionnaires sur la RTBF. Plus récemment, j'ai lu pendant des années ses chroniques dans le Télémoustique. En fait, finalement, ce sont ses oeuvres de musicien que je connais le moins bien. Jazzman à la base, il a fondé, bien avant Brian Molko, le collectif Placebo (dont je ne sais rien), avec notamment Philip Catherine.





A le fin des années 70, il fonde dans la lignée de Kraftwerk et des débuts de l'italo-disco, le trio Telex, qui est sans doute ce qui l'a fait connaître du plus grand nombre. Une compilation hommage comprenant une impressionnante collection de remixes est ainsi sortie il y a une dizaine d'années.







Dans les années 80, il a surtout produit et composé des chansons pour notamment Lio et Alain Chamfort. Depuis une dizaine d'années, il s'était reconverti dans le jazz-lounge en sortant trois albums sur Blue Note, un peu dans la lignée de Saint-Germain, ce qui ne m'intéressait à dire vrai pas beaucoup.



EDIT : Vous pouvez découvrir tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Marc Moulin en écoutant le podcast en trois parties de l'émission spéciale de la RTBF radio ce matin, où j'ai notamment appris qu'il était un ami proche des Sparks et avait co-produit un de leurs albums.

PS : La disparition de Marc Moulin m'a vraiment affecté. Cela dit, je suis bien conscient que mes billets "Machinchose est mort" sont toujours d'une effrayante banalité, mais je ne peux m'empêcher de les trouver justifiés, bien que je serais bien en peine d'expliquer pourquoi la mort de quelqu'un crée souvent un besoin de découvrir son oeuvre.

vendredi, septembre 26

Journal d'une crise

14h00 : Après un frugal dîner, je me remets au travail en écoutant, pour me faire une idée de ce que c'est, un album de DJ Tiësto (oui, je sais c'est une drôle d'idée). J'en suis à la dernière plage et suis un peu surpris d'entendre une mélodie bien connue s'immiscer parmi les beats habituels. Naïvement, je pensais qu'il n'y avait pas la place pour deux reprises trance pouet-pouet du même morceau, que le marché était déjà saturé et que DJ Tiësto aurait mieux fait de reprendre l'Adagio d'Albinoni ou la Sonate au clair de lune de Beethoven. Néanmoins, ne voulant pas être injuste en vouant aux gémonies un Tiësto qui aurait en fait été un précurseur, je m'en vais regarder sur la pochette la date de l'album : 2004. Autant dire hier. Sûrement le remix de Ferry Corsten de la version de William Orbit était antérieur. A l'époque où elle était sortie, on voyait même encore des clips à la télé, c'est dire si ça antédiluve ta mère en peaux de bête devant les grottes de Lascaux. Mais bon, comme il n'est jamais mauvais de vérifier ses sources, je me lève pour aller chercher le CD single. Je me dirige calmement, sûr de la pertinence de mon classement, vers mes étagères à CD, dirige mon regard vers les 'O' et d'un doigt tranquille caresse les tranches : Placebo, Pixies, Piano Magic, Pearls Before Swine, Panasonic, Pan American, Mark Owen, Our Brother The Native. Comme un roi moyen-âgeux parcourant d'un regard son royaume du haut de la tour de son château, je regarde défiler ces CD attendant servilement mon bon plaisir pour accomplir leur office. Jim O'Rourke, OMD, Orbital. Voilà, ça y est. Il est là ! Confiant, je tends la main mais, qu'arrive-t-il ? Non, IL N'EST PAS LA ! Mon CD single de William Orbit n'est pas à sa place. Entre In-Sides d'Orbital et le CD single de Walking on Thin Ice de Yoko Ono, il n'y a rien. La surprise de ne pas voir rangé à sa place un disque que j'étais sûr de posséder est réelle et mon petit coeur de collectionneur fait un bond (que je serais enclin à qualifier de pathologique mais l'heure n'est pas aux considérations psychiatriques de comptoir).

14h05 : La résistance s'organise. Que personne ne sorte, appelez le FBI. Mettez la pièce sous scellés. Je veux quinze agents 24h/24 sur cette affaire. Top priority !

14h10 : Avant d'accuser à tout va les membres de mon entourage, je tente de réfléchir sur les causes possibles de la disparition. Ai-je en des temps immémoriaux prêté ce disque à quelqu'un ? Je n'ai pas l'impression. Il y avait bien eu une discussion à ce sujet avec mon frère, mais il me semble qu'il avait fini par le télécharger (légalement je suppose, il est très bien élevé). Aurais-je pu le ranger ailleurs ? Pour être sûr, je regarde dans mon classement à tous les endroits possibles : W comme William, B comme Barber (dans mon étagère 'classique'), C comme Corsten... Et comme chou blanc. Rien. Nada.

14h20 : Je continue ma recherche aux alentours de l'endroit où le disque aurait dû être. Sinead O'Connor, Nusrat, Gary Numan, jusqu'aux singles de Justin Timberlake, bien évidemment rangés à N comme Nsync. Sans résultat, si ce n'est me rappeler que j'ai tout de même une chiée de disques assimilés peu ou prou à ces derniers. Mais ce n'est pas le moment de se remémorer ses coups de coeur passés. L'heure est grave. Je me dois de rester concentré sur ma mission.

14h30 : La panique est à son comble. En désespoir de cause, je refais toutes les étagères Benno à plus ou moins dix cases de l'endroit où le disque aurait dû être, portant une attention particulière au fond des étagères, pensant qu'une fausse manoeuvre aurait pu faire en sorte que le petit CD single cartonné se serait immiscé là lors d'une des précédentes réorganisations de ma collection. Je crois un instant ma quête couronnée de succès quand je sens une pochette cartonnée sous mes doigts en dessous des disques du compartiment supérieur de mon Benno L-Q (en-dessous du coffret de Low si vous voulez vraiment tout savoir). Las, il ne s'agit que d'un promo de Kings Of Convenience offert avec un vieux numéro des Inrocks. L'envie me prend de le jeter par terre de rage, mais je me reprends bien vite et le glisse consciencieusement entre mes deux albums du groupe. Ce serait bête que, dans deux ans, je revive mes affres actuels en le recherchant (bien que je me demande bien pourquoi j'irais chercher un CD promo single alors que j'ai l'album, que de plus je n'écoute jamais, mais bon, trève de digressions). Puis je repars à l'assaut de la montagne que ce coquin de sort a placée sur ma route en cette belle après-midi ensoleillée. Il ne sera pas dit que je me suis laissé aller au découragement et au désespoir.

14h35 : Oubliant complètement le travail que je m'étais assigné pour aujourd'hui (je prendrai sur mon weekend s'il le faut), je m'assieds à mon bureau pour tenter de retracer l'ensemble des mouvements de disques au cours des trois dernières années. La case des O était-elle dans l'organisation précédente plus en amont ou plus en aval ? Autrement dit, avais-je rajouté une étagère en début de classement ? Auquel cas, les O étaient auparavant plus en aval dans l'agencement naturel des étagères. Ou avais-je au contraire libéré une étagère vers la fin de mon classement ? Auquel cas les O risquent bien d'avoir été plus en amont, là où sont maintenant les N, les M, les L, voire les K ou les J. Force est de constater que je n'en sais plus rien. Le trou noir. J'ai l'impression que mes disques ont de toute éternité été rangés de cette façon et que jamais ils ne furent bougés.

14h45 : Cela fait 45 minutes que la musique s'est arrêtée et je ne pense même pas à aller remettre un disque. Comment pourrais-je apprécier un disque de substitution alors que LE disque vers lequel tous mes sens se tendent reste introuvable. Je décide d'envisager le problème sous un autre angle. Aurais-je pu embarquer par erreur le William Orbit alors que je déménageais pour une raison ou pour une autre un de ses voisins. Je ne vois pas pour quelle raison j'aurais pu placer Orbital ailleurs que dans les O, ce serait absurde ! Je ne suis pas maniaque pour rien. Pareil pour Yoko Ono. Je n'ai même pas un John Lennon auquel j'aurais pu l'accoler. A moins que... à moins que..., car sur le single de Yoko Ono, il y a un remix des Pet Shop Boys, et il fut un temps où tous mes remixes des Pet Shop Boys étaient classés avec les disques du groupe. Reprenant espoir, je plonge vers mon étagère "vaches sacrées" (Dead Can Dance, Pet Shop Boys, Nits) et m'en vais farfouiller à la fin du classement PSB, là où toutes les pièces rapportées sont rassemblées (Pete Burns, Fat Les, Back To Mine, etc.) et, miracle, hosanna, kyrie, il est là, négligemment placé entre le Pete Burns et le premier album de Dead Can Dance, semblant ne même pas se rendre compte du mauvais tour qu'il venait de me jouer. Bouh, vilain CD!

Mais non, tout est pardonné, d'ailleurs je me le mets :

mercredi, septembre 10

Popjustice vs Mercury

Le Nationwide Mercury Prize est sans doute le prix musical le plus réputé de Grande-Bretagne. Il récompense chaque année le meilleur album britannique et fonctionne sur base d'un jury de 12 personnes. Il est donc un peu l'équivalent musical du Festival de Cannes, alors que les Brit Awards, ls Victoires ou les Grammy Awards sont l'équivalent des Oscars. Depuis 2003, Popjustice organise le même soir que la remise du Mercury Awards, une cérémonie plus intimiste pour le meilleur single pop britannique, le £20 Music Prize. Chaque année jusqu'ici, j'ai préféré le gagnant du prix offert par Popjustice à celui du Mercury Prize, bien que ce dernier soit en général toujours de qualité.

2003 : Girls Aloud - No Good Advice (8/10) vs Dizzee Rascal – Boy in Da Corner (7.5/10)
2004 : Rachel Stevens - Some Girls (10/10) vs Franz Ferdinand – Franz Ferdinand (6/10)
2005 : Girls Aloud - Wake Me Up (8/10) vs Antony and the Johnsons – I Am a Bird Now (7/10)
2006 : Girls Aloud - Biology (9/10) vs Arctic Monkeys – Whatever People Say I Am, That's What I'm Not (8/10)
2007 : Amy Winehouse - Rehab (8/10) vs Klaxons – Myths of the Near Future (7/10)

Cette année, en revanche, sera différente. En effet, Elbow vient de gagner le Mercury Prize avec The Seldom Seen Kid, alors que le £20 Music Prize se décide en ce moment dans un pub londonien entre About You Now des Sugababes et Call The Shots de Girls Aloud. Deux bonnes chansons mais qui ne font pas le poids face à un de mes groupes préférés.

2008 sera-t-elle l'année où je tourne définitivement le dos à la pop ? Sans doute pas. Surtout quand les Pet Shop Boys annoncent qu'ils vont faire produire leur nouvel album par Xenomania, les producteurs derrière la plupart des singles de Girls Aloud (si pas tous, cela demanderait à être vérifié).

Girls Aloud - Call the Shots



Sugababes - About You Now



Elbow - The Bones Of You



Elbow - One day like this

mardi, septembre 9

Hector Zazou est mort

En guise d'hommage, je vous propose de (ré-)écouter la plus belle chanson de Björk, extraite de son album Chansons des Mers Froides, que je vous recommande vivement.



Tant qu'on y est, voici aussi un extrait de Sahara Blue, avec la participation de Dead Can Dance.



(ignorez les images, qui sont extraites du récent et superflu remake des Mystérieuses Cités d'Or par Spielberg, aussi appelé Indiana Jones et le crâne de cristal.)

Ce sont à dire vrai les deux seuls albums de Hector Zazou que je connaisse. Lorsque les hommages plus érudits tomberont, je donnerai quelques liens pour ceux qui veulent en savoir plus sur le personnage. C'est mon côté service public.

mercredi, septembre 3

Henk fait sa Carla

Une session acoustique de Henk Hofstede, seul à la guitare, est disponible sur le site de Planet Claire. Au programme, huit titres parmi lesquels quelques classiques des Nits et des extraits de leur dernier album, Doing The Dishes.

(désolé pour le titre consternant que j'ai donné à ce billet)