jeudi, octobre 29

Plan B for Plan B

Les plus fidèles lecteurs de ce blog se rappelleront sans doute que je m'étais enflammé comme un cube de Zip en 2007 pour l'album de Plan B, un rappeur anglais qui me semblait avoir atteint musicalement (si pas forcément dans les paroles, plus quelconques) une sorte d'équilibre parfait entre la voix et les accompagnements musicaux, le plus souvent acoustiques.



Mais bon, comme souvent quand je m'enflamme (Lupen Crook par exemple), le reste du monde prend un malin plaisir à me pleuvoir dessus (why? why? Is it because I lied when I was 17?) donc le disque n'a pas marché. Bah ! Mon bon gars Ben Drew a plus d'une corde à son arc, et il revient cette année avec un disque qui ajoute à son style rap habituel ce qui sonne furieusement comme un morceau rétro garage à la Hives... et, tout différent que ce soit de son premier album, je continue à trouver ça génial (ma fidélité en admiration est sans égale). Le morceau est écoutable ici ou sur sa page myspace.

mardi, octobre 27

Jeremy



Si la qualité d'une vidéo se juge à la plus-value qu'elle apporte à la chanson, Jeremy de Pearl Jam est un des meilleurs clips des 20 dernières années. Musicalement, le groupe me laisse tout à fait indifférent et la chanson n'est pas en soi exceptionnelle (même si c'est de loin celle de Pearl Jam que je préfère et si la voix d'Eddie Vedder y est plutôt intéressante) mais la combinaison des paroles, des images et du fait divers réel sur lequel le tout est basé en fait un témoignage exemplaire de son époque (1992) et de ce qu'était alors la culture MTV, plutôt protestataire et iconoclaste et très éloignée de la glorification du conformisme et du consumérisme des émissions de téléréalité qui sont aujourd'hui le fond de commerce de la chaîne (Paris Hilton et les autres).

Pour tout dire, cela fait une heure que je chantonne "Jeremy spoke in" en corrigeant mes copies d'examen et en me demandant si cela me rend plus sévère ou plus indulgent dans mes cotations.

Pour finir, je me rends compte en revoyant ces images aujourd'hui que j'avais à l'époque mal compris la fin du clip qui, dans sa version remontée pour MTV, laissait penser que Jeremy avait flingué tous azimuts, "à la Columbine", alors qu'en fait, il se tire une balle dans la tête, ce qui rend à mon avis la vidéo encore plus 'forte'.

Non, vraiment, c'est du grand art.

(ce billet vous est offert par mon écoute de Ten, album acheté en solde il y a bien cinq ans, mais écouté pour la première fois il y a peu)

dimanche, octobre 18

Vintage Nits



J'ai mon ticket pour leyur concert de Huy le 18 novembre... et je me demande si je dois aussi en prendre un pour le 10 décembre au Botanique.

mercredi, octobre 14

Lien du jour

Pour ceux que la chose intéresse, le NME recense les vidéos les plus "exxxplicites" de ces dernières années.

dimanche, octobre 11

"The boy is doing fine"

En attendant mon prochain compte-rendu du concert de Patrick Wolf au Botanique :




lundi, octobre 5

Klaus Schulze & Lisa Gerrard, AB, 25 septembre 2009 (II)

(ceci est la suite de ce billet)



J'ai rarement vu l'Ancienne Belgique présenter une moyenne d'âge aussi élevée. Une étude sociologique rigoureuse des spectateurs visibles depuis mon siège m'apprendra que le spectateur moyen était ventru, portait des lunettes et voyait avec désespoir sa chevelure blanchir et/ou disparaître (paille, poutre, toussah).

Les gérants de l'Ancienne Belgique connaissant bien leur métier, la salle est en configuration "musique de vieux" (comme pour Lambchop, Sigur Ros, etc.), ce qui signifie que les deux-tiers arrière de la fosse sont garnis de sièges en gradin. Tant mieux, le programme annonce une première partie solo pour Klaus Schulze et la perspective de me laisser bercer par ses nappes enveloppantes, douillettement prostré dans un fauteuil moelleux, me tente assez. Il sera toujours temps d'aller me prosterner aux pieds de la reine Lisa durant la seconde partie.

Lorsque le rideau s'ouvre à 20h30, la scène présente cinq énormes diffuseurs-amplis disposés en arc-de-cercle et couverts de boutons à pousser, de curseurs à tirer, de molettes à tourner et de loupiotes clignotantes. Devant l'espace ainsi délimité se trouvent à gauche et à droite des synthétiseurs et au milieu un Moog et un Mac. Au milieu de tout cela, un siège en cuir et, assis sur ce dernier, un type à lunettes, mal coiffé, en veston et tee-shirt, remercie le public de son accueil par un petit geste de la main... (comme quoi même les légendes vivantes peuvent aussi ressembler à des vendeurs d'électro-ménager.)

La taille imposante de toute cette machinerie évoque une curieuse impression de modernité ringarde. Un peu comme si, ayant pleinement conscience d'être un produit des années 70 et assez confiant dans son statut pour ne pas se sentir obligé de faire semblant de s'adapter aux technologies actuelles, Klaus Schulze avait crânement refusé de remplacer l'essentiel de son matos de l'époque (Mac excepté). Ce refus de participer à la course à la miniaturisation en électronique m'est plutôt sympathique.

Musicalement parlant, ça commence plutôt mal par quelques échantillons de voix que Klaus Schulze semble empiler en déput du bon sens à l'aide du synthé situé à sa droite, alternant on ne sait trop pourquoi le très aigu et le très grave. Et moi de penser d'un air inquiet que ce n'est pas parce qu'on a inventé un style et fait des disques cultes qu'on est capable d'improviser en direct et que
peut-être l'heure et demie de concert serait ainsi composée de brics et de brocs assemblés à la truelle. Heureusement, cette introduction ratée ne dure que quelques minutes, puis Klaus Schulze prend place à l'autre extrémité de son bunker. Immédiatement, il est évident que la suite du concert sera plus construite et, rapidement, la musique se rapproche de ce à quoi je m'attendais : des nappes planantes qui se succèdent comme des vagues sur lesquelles surnagent une écume composée de beats légers mid-tempo et de quelques arpèges charmants. C'est très agréable, même si on ne peut s'empêcher de penser que composer et/ou interpréter ce genre de choses ne doit plus demander beaucoup d'effort, que l'ami Klaus ne fait ici qu'appliquer les techniques qu'il a mises en place par le passé et pourrait tout aussi bien rester à la maison (Klaus ?) et demander à un roadie d'appuyer sur Start au début du concert. D'ailleurs, anecdote croustillante, c'est exactement ce qui s'est produit lors d'une date à Essen en Allemagne quelques jours plus
tôt. KS, souffrant, avait été obligé de garder le lit et Lisa Gerrard avait assuré le concert seule en scène sans que cela semble poser le moindre problème logistique.

Après un gros quart d'heure, un long decrescendo au cours duquel les différentes couches sonores disparaissent les une après les autres semble annoncer une autre phase du concert et, effectivement, en contradiction flagrante avec l'horaire officiel, Lisa apparaît, dans une robe de soirée rouge, et prend place au micro situé à la gauche de la scène.

Voir Lisa Gerrard chanter est toujours pour moi une expérience aussi étrange : ses yeux tour à tour fermés ou anormalement exorbités, ses regards fixes et hallucinés, son placement légèrement de biais par rapport à l'axe du micro, ce surprenant tic qui la fait régulièrement poser la main sur le pied de son micro, peut-être pour vérifier qu'elle est toujours bien à la bonne distance, le lent balancement de gauche à droite de sa tête lorsqu'elle veut créer un effet de vibrato. Ce n'est qu'en la voyant chanter en direct que l'on comprend à quel point son art est aussi le fruit d'un effort permanent, le résultat de longues années de travail et de perfectionnement. Vocalement parlant, Lisa apparaît ici en pleine possession de ses moyens. Elle retrouve même par moments une certaine forme d'urgence dans la voix qui rappelle Dead Can Dance (Yulunga par exemple), mais ces moments où elle semble sur le point d'entrer en transe ne sont jamais poussés à leur terme, même à la toute fin du morceau, malgré un tempo qui s'accélère quelque peu et une interaction plus poussée entre la voix et les machines. Mais bon, dans l'ensemble, je suis plutôt rassuré...sauf que, dès que le rideau se referme pour l'entracte, une inquiétude sourde m'étreint soudainement. Et si l'horaire officiel (première partie : KS solo, deuxième partie, les deux ensemble) était simplement inversé ? Et si Lisa ne revenait plus ?

Heureusement, il n'en est rien et, si on excepte le fait que la robe de Lisa est passée du rouge au bleu et un solo virtuose de Moog de l'ami Klaus dans les premières minutes (qui rappelle à ceux qui l'auraient oublié que Klaus Schulze vient quand même du rock progressif), la seconde partie ressemble d'ailleurs beaucoup à la première, en mieux.

En guise de résumé, je dirai que, pendant la grosse heure et demi de concerts, Klaus Schulze et Lisa Gerrard donnent parfois l'impression de se chercher, ce qui est inévitable si, comme j'en ai eu l'impression et comme les spécialistes semblent le confirmer, Lisa Gerrard chante réellement en improvisant et en se laissant guider par les impulsions données par la musique de Klaus Schulze. Cela dit, quand ils se trouvent, ils se trouvent bien. Lorsque, lors des cinq-dix dernières minutes de la deuxième partie (extrait ici), les meilleures de tout le concert, Lisa et Klaus parviennent à marier leurs deux sons, à les fondre l'un dans l'autre, tout prend un sens nouveau et les possibilités offertes par cette collaboration étrange apparaissent clairement.

Après un tel moment de grâce, le rappel est au mieux anecdotique. Je n'en ai d'ailleurs retenu que la phrase amusante prononcée par Klaus Schulze en remontant sur scène : "I'm going to start alone. She'll come back in a moment. She's getting air.... She's not a synthesizer you know. She's analogue.", qui est me semble-t-il la meilleure conclusion possible pour ce trop long billet.

Pour ceux qui veulent un autre son de cloche, vous trouverez ici la chronique du concert de Paris par un ami, qui est avant tout fan de Klaus Schulze.

(Source de l'image ici)