Le déclencheur de ce podcast est mon écoute il y a quelques semaines d'un album d'Olafur Arnalds. J'avais été frappé par la complaisance avec laquelle des mélodies simplistes y étaient inlassablement ressassées et surtout par le décalage entre l'indigence de cette musique fade et l'enthousiasme qu'elle suscite chez bon nombre de gens dont je suis en général les coups de cœur avec intérêt.
C'est d'autant plus curieux que toute une scène s'est développée depuis dix ans autour de ce concept, scène à laquelle certains avaient fini par donner le nom de "Nouvelle Musique" : de Yann Tiersen à Nils Frahm, de Max Richter à Olafur Arnalds, de Johann Johannsson à Bill Ryder-Jones. L'inclusion de ce dernier m'est particulièrement pénible : même un membre fondateur d'un de groupes pop les plus enthousiasmants de ces 20 dernières années (The Coral) semblait succomber à cet appel du vide et du rien.
Il me semblait donc intéressant de faire le lien entre l'apparition de cette scène qui, bien qu'elle soit distribuée par des labels indépendants et suivie en majorité par le monde de la pop, du rock et de l'électro (critiques des nouvelles sorties sur Pitchfork ou Stereogum, concerts dans des salles rock, etc...), va chercher bon nombre de ses points de références du côté de la musique classique (instrumentation, orchestration, absence de chants, disparition de la structure couplet-refrain,...) et la peur que suscite chez certains la musique contemporaine dite "savante" (en gros celle que l'on apprend dans les conservatoires et qui s'écrit sur partition).
L'existence de ce lien m'apparaissait d'autant plus évidente que certains membres de cette scène ont un pied dans chaque monde : Nico Muhly par exemple.
Remarquez que ce podcast n'est pas une défense et illustration de la musique contemporaine dans son ensemble. Je reste souvent dubitatif devant l'hermétisme des œuvres de bon nombre de compositeurs d'aujourd'hui mais il me semble que les artistes que j'ai programmés dans ce podcast sont tous susceptibles d'accrocher l'oreille de ceux qui, comme moi, furent biberonnés au rock et à la pop mais ont conservé leur curiosité pour d'autres genres.
Par manque de temps, j'ai dû opérer des choix douloureux, et surtout couper certains morceaux trop longs. Je profite donc de ce billet pour leur donner ici une plus grande visibilité.
Voici la version intégrale de l'oeuvre de Steve Reich :
Variations for winds, Strings and Keyboards par Everest
Voici une version live intégrale d'Abii Ne Viderem de Giya Kancheli :
Voici enfin le lien vers le podcast lui-même, le tracklisting (avec des fautes d'orthographe dans le nom des compositeurs et l'intitulé des morceaux qui ne peuvent pas être corrigées, pour des raisons qui m'échappent) :