Le Pukkelpop a un certain nombre de qualités indéniables : on peut rentrer dormir à la maison tous les soirs (pour peu que l'on ait une voiture évidemment), la programmation est pléthorique (six scènes sur trois jours, donc pas mal de concerts vus à moitié), il est presque toujours possible de se placer dans les premiers rangs, et le site est tout à fait adapté pour tous les temps, avec notamment la présence de scènes couvertes, de nombreux bancs et chaises en cas de pluie). Seul problème, l'affluence : plus de 120.000 personnes en 3 jours, ça fait beaucoup. Le Pukkelpop est en train, lentement mais sûrement, de devenir aussi gros que Werchter.
Jeudi :
Toutes les précautions (et je dis bien toutes) furent prises pour que j'arrive une petite heure avant le premier concert de la journée sur la grande scène : THE CORAL. Il était hors de question qu'un impondérable quel qu'il soit me prive de ce concert, même s'il ne devait durer qu'une demi-heure. Ca commence très très bien : Calendar and clocks, Bill McCai, Skeleton Key, I remember when, enchaînés à la mitraillette. Whaouou ! Ils vont tenter de faire tous les tubes en quatrième vitesse pour remplir au mieux leurs 30 minutes. Chic ! Lorsqu'à la seizième minute, j'entends le riff d'intro de Goodbye, j'ai une pointe d'inquiétude : ils ne vont quand même pas faire leur version d'un quart d'heure de Goodbye ? Si ? Vraiment ? Et bien oui, ils l'ont fait. Je leur en veux un peu. J'aurais de très très loin préféré qu'ils jouent plus de chansons différentes. Qu'ils semblent conscients d'avoir un pubic face à eux aurait été bien aussi. On ne peut pas dire qu'ils respiraient la joie de jouer. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir. Face à un répertoire aussi irréprochable que celui de The Coral, il est difficile de faire la mauvaise tête très longtemps. Et puis, James s'est rasé la tête, et ça, c'est quand même très rock'n'roll.
J'embraie avec DAMIEN RICE, un type un peu malingre tout seul à la guitare. J'arrive à la fin du set. Deux reprises irréprochables : Creep et Hallelujah, et un morceau original bien enlevé (il y avait 'Woman' dans le titre). Un petit quart d'heure assez enthousiasmant. Le tout dégageait une belle énergie, sa guitare (acoustique) sonnait comme une guitare électrique, par un procédé qui m'échappe. Une bonne surprise.
Après avoir regretté que les groupes de skaters en short puissent aussi mettre des pantalons (je n'aurais pas reconnu ALIEN ANT FARM en passant s'ils n'avaient justement joué Smooth Criminal), je pars ensuite jeter une oreille sur DONNA SUMMER, pensant tomber sur une diva disco. Pas du tout, c'est un projet électro finlandais. Tout déçu, je pars à la rencontre d'une autre légende, DAF, pensant tomber sur un groupe de krautrock dans la lignée Neu ou Can. Et bien, pas du tout (décidément !). Ca ferait plutôt penser à Suicide, mais avec des paroles en allemand (et plein de mots en '-ich' qui sonnent délicieusement exotiques). Un musicien qui lance des rythmiques électros bondissantes, un chanteur qui harangue la foule. Les deux habillés en noir. Impressionnant.
Petit détour ensuite au Marquee pour voir les TURIN BRAKES, hérauts de l'éphémère New Acoustic Movement. Indéniablement, c'est bien. Il y a dans la voix du chanteur un petit côté soul qui donne de la consistance aux chansons. Ceci dit, ça ressemble beaucoup aux disques, et je pars donc assez vite au château pour voir SUPER NUMERI. De nouveau, je ne vois que la moitié du set, et loupe donc leur tube interplanétaire (Electrical Horse Garden, le morceau auquel Digitonal a tout piqué). Ils sont six (de mémoire) sur scène, avec un look très hippie, dont un harpiste qui devait bien avoir 60 balais. C'est très calme, parfois à la limite du lounge malgré une basse rebondie, et une jolie parenthèse dans le planning de la journée.
Le changement est brutal puisque j'enchaîne avec ELECTRIC SIX. Il y a chez eux un côté grotesque pas tout à fait assumé. Ils donnent l'impression d'être sur scène assez premier degré, ce que les clips ne laissaient pas paraître, et je ne suis pas sûr d'avoir bien compris pourquoi le chanteur devait faire un salut militaire à la fin de chaque chanson. Les deux tubes sont bien là, heureusement. Le public pogote comme un fou, mais j'ai trouvé ça au final assez décevant, en partie sans doute à cause d'une balance catastrophique qui couvrait complètement la voix du chanteur.
Je pars ensuite au dancehall écouter 30 minutes du DJ set de THE HACKER, pas tant pour le DJ-set lui-même que pour me placer pour le concert de LADYTRON qui suivait. Tous habillés de noir, les membres du groupe jouent l'impassibilité. Les deux chanteuses jouent à celle qui aura le plus l'air de s'emmerder en jouant. Elles sont très douées. On sent qu'elles ont de l'entraînement. Les chansons se ressemblent toutes un peu, le son est très uniforme (il y a une belle collection de Korg sur scène), mais lorsqu'ils jouent les tubes (Seventeen, Playgirl), c'est formidable. J'étais déjà assez client de Ladytron sur disque, je le suis dorénévant aussi de Ladytron sur scène.
Je vais ensuite jeter une oreille sur STYROFOAM, déjà vu deux semaines auparavant à la RdR. C'est essentiellement le même concert, sauf qu'un rappeur vient faire son numéro sur un titre. Content d'avoir capturé un inédit, je m'en vais.
En sortant, j'entends deux notes de STAIND et regrette de ne pouvoir fermer les oreilles comme on ferme les yeux. J'enchaîne ensuite avec FISCHERSPOONER. Au départ, Fischerspooner faisait des shows démentiels avec costumes, danseurs, décors et tout... mais voilà, l'album ne s'est pas très bien vendu. Du coup, ils ont revu leurs ambitions à la baisse, et on a droit à un show un peu plus cheap. Des danseuses en attirail goth, Casey Spooner et sa perruque blondinette et un comparse (qui arrivera sur scène en retard, avec une veste plastique publicitaire Maes). Le tout est, bien évidemment, en playback complet. On aura droit au cours de l'heure de concert à Casey Spooner faisant du crowdsurfing et recevant des canettes sur la figure, au comparse qui crache du faux sang comme le Kiss de la grande époque, à des canons à confettis et à quelques changements de costumes. Surtout pour Casey qui arborera notamment un slip à facettes (oui, oui, comme les boules), et quelques foulards oranges (très seyants, surtout quand il se place devant un grand ventilateur pour qu'ils volettent librement). On est très souvent à la limite entre le n'importe quoi et le mauvais goût, mais qu'importe. Au moins, on ne s'est pas ennuyés. De plus, musicalement, j'ai été assez impressionné par la musique, qui ne se limite pas à The 15th ou Emerge (qu'ils ont arrêté en cours de route sous prétexte que le public n'était pas suffisamment déchainé). J'écouterai l'album très bientôt.
Je pensais avoir dû faire l'impasse sur le concert de MOGWAI pour voir Fischerspooner mais en fait non, il avait commencé avec une heure de retard. Le temps que je m'en aperçoive, il était presque fini, j'ai juste pu en voir le dernier quart d'heure, la toute fin de My Father my king m'a-t-il semblé suivi d'un titre du dernier album. Je râle un peu rétrospectivement d'avoir loupé ce concert, puisque Mogwai m'a donné l'impression d'être assagi, de ne plus simplement se contenter d'ériger un mur du son. Ca avait même l'air assez délicat. Je risque de retourner les voir en concert la prochaine fois qu'ils passent en Belgique. Peut-être vais-je pouvoir à nouveau les aimer ?
La journée se termine par le concert de MASSIVE ATTACK. Les projections en arrière-plan apportent énormément au concert. Je suis plutôt agréablement surpris par ce concert. Je pensais que 3D avait fait le vide autour de lui, et que, seul maître à bord, il allait nous infliger tout son dernier (pitoyable) album. Et bien pas du tout. Horace est là, Dot Allison remplace à la fois Sinead et Liz, et même Daddy G est là, malgré sa jambe cassée. Et puis, ils jouent beaucoup d'ancienne chansons. Ca sonne plutôt bien (comprenez pas très différemment que sur disque), et dans l'ensemble, c'est quand même moins pénible qu'un concert de Death in Vegas pour prendre un groupe qui a un peu la même démarche.
Vendredi :
On arrive trop tard et ne voit donc que la toute fin du concert des BLACK KEYS. Un guitariste et un batteur (tiens, comme les White Stripes), qui font de la musique lo-fi inspirée du blues (tiens, comme....). Ils terminent sur un morceau qui sonne comme (voire est) un vieux standard du blues. Prometteur.
On zone ensuite devant le concert de Kevin, euh.. CAVE IN. Un chanteur emo en alternance avec un crieur death-metal. Un morceau pour chacun, c'est curieusement écoutable. On devrait leur proposer d'écrire des morceaux où leurs deux voix se mélangeraient, ça pourrait donner quelque chose d'intéressant. Pour le prochain album peut-être.
Ensuite direction le Marquee pour jeter une oreille sur les HOT HOT HEAT. Je trouve ça un peu meilleur qu'à la Route du Rock, mais ne parvient pas à être réellement emballé. Il manque quelque chose, ou peut-être est-ce la voix du chanteur qui me rebute. Je regarde ensuite de loin le concert des RAVEONETTES. Ce ne sont pas comme je le pensais les White Stripes danois. C'est moins roots et beaucoup plus glacé (Jesus and the Mary Chain peut-être ?), avec une guitare noisy un peu sombre. C'est surtout sans grand intérêt ainsi dilué sur la grande scène. Je m'ennuie et pars me placer pour l'un des concerts du week-end.
Lorsque les KILLS apparaissent sur scène, je crains le pire. Ils tirent une tête jusque par terre et semblent absolument furieux d'être là. L'album étant formidable, j'ai eu à cet instant peur que le concert me déçoive. Heureusement, après un début laborieux (des problèmes de balance notamment), le concert décolle. Hotel et VV ont une vraie interaction de couple, et parviennent à changer complètement la physionomie d'un chanson simplement en décidant de chanter en se regardant, en se tournant le dos ou en regardant le public. Etant seulement deux sur scène, ils utilisent une boite à rythmes. En général les boites à rythmes ne fonctionnent absolument pas en rock, mais cela passe ici sans problèmes, sans doute à cause de l'énergie et de la rage contenues dans leurs voix et leurs guitares. Le type (Hotel ? VV ? J'ai jamais su) a la curieuse habitude de se poster sur le devant de la scène et de crier en direction du public, sans micro, ce qui fait que l'on n'entend évidemment absolument rien. Etant donnée leur attitude générale, j'ai l'impression qu'il devait s'agir d'insultes à l'égard des spectateurs. Mais quand bien même, je tendrais l'autre joue et crierais 'Encore !'
Pour me remettre, il fallait une musique plus passe-partout. Heureusement, STARSAILOR était sur la grande scène, ayant apparamment survécu à leur séjour chez Phil Spector (ce n'est pas le cas de tout le monde). J'ai un petit faible pour STARSAILOR. Je ne devrais sans doute pas le dire, mais Poor misguided fool est un des grands singles sous-estimés de l'année dernière. Si on parvient à faire abstraction de la voix geignarde de James Walsh (je ne suis plus sûr du prénom), on se retrouve avec des chansons qui ont quand même une certaine allure.
J'ambraye avec THE POLYPHONIC SPREE. Ils sont 23 sur scène, avec leur belle robe blanche de Krishna. Si j'ai bien tout compris, tout le monde peut a priori rentrer dans la 'communauté' et participer au groupe. Cette belle volonté d'intégration n'est pas sans avoir quelques répercussions sur la musique, qui du coup n'est pas toujours au-dessus de tout reproche. Les chansons sont toutes construites sur le même canevas (sur album, ça ne fonctionne pas du tout), les voix sont un peu faiblardes mais la joie (réelle ou feinte ?) des musiciens est communicative, et le gourou en fait tellement des tonnes avec son air d'avoir découvert le secret du bonheur immanent que j'en suis sorti avec un petit sourire sur les lèvre, sourire qui n'était même pas complètement ironique... Enfoirés!
GUS GUS n'est plus que l'ombre de lui-même et c'est bien triste. Il n'est pas impossible que l'on dise la même chose de GOLDFRAPP dans quelques mois. Quelques chansons du nouvel album peuvent séduire le fan d'electroclash robotique, mais dans l'ensemble, elles sont trop semblables, trop uniformes pour que l'on ne s'en lasse pas très rapidement. Et malheureusement, les chansons de Black Cherry furent bien plus nombreuses que celles de Felt Mountain. De plus, ils n'ont même pas joué Physical qui apparait pourtant rétrospectivement comme le chaînon manquant entre les deux albums. Ceci dit, le concert est en partie sauvé par Allison (c'est ma copine à moi). Habillée en noir, avec son chapeau d'hôtesse de l'air et ses bottes qui montent jusqu'aux genoux, elle a tous les attributs d'une super-dominatrix, et semble beaucoup apprécier le caractère phallique de son theremin (qu'elle aime faire pointer vers son pubis, mordiller, tapoter ou dont elle aime à caresser l'extrémité. Elle ne l'a pas léchouillé... un oubli sans doute). Elle fait le spectacle. Et en festival, c'est quand même bien le principal.
Ensuite, SUEDE. Ils ont la bonne idée de commencer par mes deux singles préférés (Animal Nitrate et So Young), j'ai donc pu rapidement prendre la poudre d'escampette, et aller manger une loempia dans un coin en méditant sur les gloires passées, les gens qui ne savent pas s'arrêter à temps et autres réflexions crépusculaires du même ordre. D'autant que la bonne Brett n'a plus l'organe qu'il faut pour chanter ses meilleures chansons. Son joli timbre versatile a disparu et il doit donc forcer en permanence sur sa voix. Qu'il est dur de vieillir.
Ensuite, je suis allé voir un groupe sur la Skate-stage. En effet, durant que l'indie-poppeux que je suis malgré tout, se fait une programmation entre quatre scènes, deux autres scènes tournent en permanence, la boiler-room et ses DJ mix en continu, et la skate-stage où les groupes hardcore se succèdent (The All-American rejects, Rancid, Less Than Jake, Peter Pan Speedrock, The Vandals....), avec des horaires totalement indépendants de ceux des autres scènes. Ne reculant devant aucun sacrifice pour parfaire ma culture musicale, je suis allé voir A.F.I. J'avais en effet écouté le dernier album (Sing the sorrow) et l'avais trouvé très bon, mélodique, fin, bien chanté, et tout et tout... Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir que sur scène, ça sonnait exactement comme tous les groupes que j'avais entendu sur cette scène depuis deux jours : bourrin, avec un public déchaîné qui pogotait comme un seul homme et connaissait tous les textes par coeur.... Donc, peut-être finalement que tous ces groupes que j'ai énumérés plus haut ont aussi sorti des albums formidables et que je n'aurais pas dû les juger sur leurs simples prestations scéniques. Tant pis pour moi. Je suis déçu, d'autant que pour aller les voir, j'ai dû faire l'impasse sur la possibilité qui m'était offerte d'effectuer un complément d'enquête sur le mystère Grandaddy, mystère qui s'épaissit encore puisque mon accompagnante est revenue du concert avec des larmes de bonheur dans les yeux. Enfin...
Nous avons ensuite terminé avec trois titres des FOO FIGHTERS. Dave, pas chien, commence par All my life qui est pour moi de très loin leur meilleur titre. J'ai en passant remercié Josh et Nick (de QOTSA) d'avoir ainsi remis Dave sur la bonne voie, mais suis parti sans regrets d'autant que la pluie redoublait, non sans avoir fait un détour de 10 minutes pour aller jeter une oreille sur BLACKALICIOUS, histoire de pouvoir dire que j'ai fait un concert de rap dans ma vie, mais comme je ne comprends qu'une infime partie de qu'ils racontent dans leurs morceaux, ça n'a pas grand intérêt. Et puis, la salle est presque déserte. Tout le monde regarde les Foo et je suis triste pour eux, mais pas assez pour vaincre l'attrait d'un bon lit douillet.
Samedi :
Il n'y a quasiment rien d'intéressant dans la programmation du samedi, si ce n'est les trois groupes qui clôturent la soirée au Chateau. On se permet donc d'arriver à 16h, et on entame donc la journée en écoutant PENNYWISE de loin, c'est tout ce que ça mérite à première vue.
On passe ensuite à THE MATTHEW HERBERT BIG BAND. Une quinzaine de musiciens (un batteur, un bassiste, MH aux machines et le reste aux cuivres, avec un chef d'orchestre en sus). Les musiciens se répondent poliment, ça commence très mollement, sans rythme (mais que foutent-ils dans le Dance-hall ?), et on se demande un peu dans quoi on est tombés. Puis ça s'améliore lentement, les morceaux s'animent, une chanteuse vient apporter une couleur supplémantaire au son, ainsi qu'un supplément d'âme bienvenu. Les deux derniers morceaux deviennent même franchement emballants. On peut néanmoins se demander quel est l'intérêt de cette collaboration. Les quelques cliquetis en bruit de fond pendant que le Big Band joue ne sont pas vraiment un apport déterminant. Ces deux univers musicaux ne gagnent pas a priori grand chose à être ainsi rapprochés. Ceci dit, si enregistrer ce disque lui a fait plaisir à lui personnellement, pourquoi aurait-il dû s'en priver ?
J'enchaîne avec une petite moitié du concert de DEAD MAN RAY. Je n'ai jamais été très client de toute la clique issue de dEUS, et lorsque je me rends compte que le chapiteau est bourré massacre (une expression de chez nous que j'aime bien), je décide d'écouter de loin. Je me demande bien pourquoi le groupe n'a pas eu droit au Marquee. Du coup, je serai bien en peine de donner un avis sur le concert. Ca avait l'air agréablement foutraque, et ils ont joué un tube. C'est tout ce que je peux en dire.
Ensuite, direction le château pour le concert de RADIO 4, dont nous ratons les dix premières minutes. C'est très dansant, du dance-rock si tant est que l'on puisse utiliser ce terme. Disons des chansons à l'instrumentation rock qui ont pour mission de faire frémir les guibolles. Pour cela, une bonne ligne de basse bien mise en avant suffit en général à faire le boulot, et si on ajoute des petites envolées psychés au synthé, ou si on érige des murets de guitares dans un coin, c'est encore mieux. On pense parfois à des chansons comme Rock the Casbah par exemple. C'est vraiment une très bonne surprise, c'est très riche. Alors que Hot Hot Heat joue piétine clairement les mêmes plates-bandes, j'ai été beaucoup plus séduit par Radio 4. Peut-être est-ce la voix, finalement, qui me rebute chez HHH. Et puis Dance to the underground a quand même une autre classe que Bandages.
On enchaîne avec les papes de cette scène dance-rock new-yorkaise, THE RAPTURE. Si la musique de Radio 4 m'avait paru sur le coup riche et originale, celle de The Rapture l'est à la puissance 3. Les instrumentations sont nettement plus variées. Je pense notamment à un morceau constitué uniquement d'une boucle électro sur laquelle le chanteur glapit d'une voix suraiguë (on pense un peu au John Lydon de This is not a love sooooong). Après avoir jeté un oeil sur la setlist, ça doit être Heroes. La construction des morceaux est elle aussi plus riche, avec énormément de changement de rythmes, de faux départs, de fausses fins, etc... Un des membres du groupe passe du saxophone au wood-block et semble avoir mis au point une gestuelle de scène très efficace. L'ensemble du groupe respire la joie de jouer et le plaisir de faire bouger son public. Espérons que leur triomphe programmé ne leur fasse pas trop tourner la tête. Pour l'anecdote, juste devant moi, pour ce concert (au premier rang donc), un des sept (d'après lui) lillois du Festival semble avoir passé le concert de sa vie, et son enthousiasme était assez communicatif.
Je vais ensuite voir d'assez loin le concert de PJ HARVEY, mais ne parvient pas à accrocher. Je suis décidément peu sensible au charme de la scène principale. Tous les concerts que j'y ai vus m'ont déçu à des degrés divers, sauf celui pour lequel j'avais fait l'effort de me placer dans les premiers rangs. Tant pis pour moi sans doute. Ceci dit, ce n'est sans doute pas la seule raison, je n'ai après tout jamais été un inconditionnel de "la sorcière du Devon".
Je pars avant la fin pour aller vérifier si les musiciens de légende ont une aura particulière. WIRE est au château. Je ne savais quasiment rien du groupe, si ce n'est que c'étaient des légendes. Je me retrouve devant un mur du son, soit électro soit à base de guitares sur lesquels un lunetteux vient hurler son texte. Je pense à DAF, vu deux jours plus tôt, et du coup encore un peu à Suicide. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi ils sont qualifiés de punks. Je vais tenter d'écouter un disque ou l'autre pour mieux cerner les personnages. En tout cas, ça fait clairement le boulot. Et c'est avec un certain regret que je m'en vais après 20 minutes, espérant retrouver la douce euphorie qui avait entouré pour moi le set des 2 MANY DJs à St-Malo. Cruelle erreur. La boiler-room est noire de monde et surchauffée. On manque d'air et le son est franchement médiocre. Qui plus est, le public semblait chauffé à blanc et connaître toutes les transitions par coeur et les rugissements de la salle m'ont souvent empêché d'entendre exactement de quoi il s'agissait. Le set (de 2h) semblait de plus beaucoup plus dilué qu'à la RdR et manquait de rythme. J'aurais mieux fait de rester voir Wire. Tant pis pour moi. Ce sera l'un des seuls choix que je regretterai pour ce festival.
Je pars après 85 minutes pour jeter une oreille sur LIMP BIZKIT, juste le temps de voir que l'antipathie instinctive que j'éprouve à la vue de Fred Durst ne faiblit pas (et non, ce n'est pas parce qu'il a fait pleurer Britney Spears). Il a l'air de détester son métier, de mépriser son public (son set prévu pour 1h10 ne fera que 50 minutes), et ses poses de bad-boy sont grotesques. Je hais tellement le personnage que je serais bien en peine de juger la musique. Sur disque, il y a parfois quelques sonorités qui me plaisent, mais sur scène, la vision de ce chimpanzé bondissant qui glapit des "fucking motherfuckers" décourage toute écoute.
Le festival se termine par un spectacle surréaliste de 8 danseuses en tutu, portées par une grue, déversant sur le public, confettis, feux d'artifices, serpentins et autres pétales de rose sur une musique de boîte à musique... Arf.
De plus, toutes ces bêtises m'ont donné un rhume. Pffff.
3 commentaires:
Avant de continuer ton article, je t'arrête tout de suite (trop tard tu l'as déjà écrit), Polyphonic Spree est un groupe formidable, pompeur des Flaming Lips, certes mais qui tient tout à fait la route. La preuve, il a passé avec succés le test dit "de la copine".
Alors deuxième truc, les Black Keys valent bien mieux qu'une pâle imitation des WS, même s'ils n'ont pas passé le test.
Ne lis pas de trop près ma chronique du Pukkelpop de cette année. J'ai revu Polyphonic Spree et en suis venu à la conclusion qu'il s'agit d'une belle bande de guignols. :)
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