(suite de ce billet)
6 - More Than A Dream (9) : Je ne sais pas trop pourquoi j'aime autant cette chanson alors que le refrain sonne EXACTEMENT comme du Modern Talking (pour ceux d'entre vous qui se rappellent de ces sinistres pourvoyeurs de chansons en kit). Sans doute est-ce parce qu'il est ici amené par un préambule fait de scansions parlées "Live it", "Don't give it". Du coup, lorsque Neil part dans les aigus pour le refrain proprement dit (qui est tout aussi quelconque mélodiquement que ceux de Did you see me coming? ou All Over The World), c'est une sorte d'aboutissement. Ce refrain, je l'ai anticipé, attendu, espéré et quand il arrive enfin, je suis comprimé comme un ressort qui ne demanderait qu'à se détendre (loi de Hook ? comprenne qui pourra) dans une apothéose de sautillements-mains-en-l'air. Ce passage sera forcément un des sommets de leurs prochains concerts. Mieux encore, le dernier tiers de la chanson est absolument parfait (les "Aaaah" de 3:59 sont orgasmiques). Cette chanson ferait un formidable single, ce qui signifie forcément qu'ils ne la sortiront pas (ça fait 10 ans que les PSB ne savent plus choisir leurs singles). Accessoirement, c'est moi qui ai l'esprit mal tourné ou on peut vraiment interpéter sans trop de mal les paroles comme une ode au suicide ? (à écouter ici)
7 - Building A Wall (7.5) : Il s'agit sans doute pour moi du meilleur refrain de l'album, lente montée en parallèle de la voix et de l'accompagnement (harmonies montantes = effet euphorisant, c'est mathématique). Le reste de la chanson n'est pas forcément du même niveau. L'intro avec les quatre mots parlés fait ainsi tiquer pas mal de fans, mais elle ne me gêne pas vraiment. Pour moi, le principal problème ici est sans doute la manière dont les paroles sont plaquées sur la musique. Neil expérimente en ceci qu'il tente de placer des paroles différentes sur le même refrain... cela ne fonctionne pas. Alors que le refrain a manifestement été écrit pour coller à "I'm building a wall, a fine wall/ not so much to keep you out, more to keep me in", il sonne faux quand Neil tente de lui accoler les paroles "I'm losing my head/Well, why not?/More work for the undertaker/ Means there's less for me". De plus, ce sont des paroles indignes du meilleur parolier pop anglais. "Well, why not?", je vous jure. On dirait une parodie des Inconnus où un adolescent boutonneux rajoute des "Oh Oh" et des "Euh euh euh" pour avoir le bon nombre de pieds. Heureusement que Neil se rattrape sur la fin avec une sorte de mini-poème très prétentieux sur les horreurs de la guerre que Chris se fait un plaisir de torpiller d'un "Who do you think you are? Captain Britain?" goguenard. (à écouter ici)
8 - King of Rome (8) : La ballade Behaviour de l'album, qui rappelle beaucoup des chansons comme It's Only The Wind ou To Face The Truth, voire par instants Luna Park, typiquement le genre de chansons qu'ils sont les seuls à savoir faire. Tout dans cette chanson est ravissant. Des sons de corde du début (au synthé mais qu'importe) aux bongos qui la rythment tout le long, des interventions de trompette (au synthé mais qu'importe) aux longues notes tenues de Neil, tantôt montantes tantôt descendantes qui donnent l'impression d'être en train de se laisser bercer sur un matelas pneumatique par le clapotis des vagues. Et le tout se termine dans un brouillard indistinct, comme il se doit. Parfait. (à écouter ici)
9 - Pandemonium (8) : Le contraste ne pourrait pas être plus grand avec ce qui précède. Une rythmique martiale qui n'est pas sans rappeler le générique de Doctor Who, des ouh ouh ouh insouciants, une couplet torché en 15 secondes chrono pour laisser la place à un refrain qui associe l'efficacité brute de la Kalachnikov au manque de subtilité du bazooka (à moins que ce ne soit l'inverse). C'est la chanson la plus hi-NRG de l'album et elle est idéalement placée entre deux chansons calmes en fin de face B. Neil prétend que les paroles sont une satire de la folie médiatique ayant entouré Kate Moss et Pete Doherty. Je veux bien le croire mais bon, c'est très oblique et pas forcément très intéressant. (à écouter ici)
10 - The Way It Used To Be (10) : Une fois passé le premier sourire incrédule qui vient quand on reconnaît la progression harmonique des Valses de Vienne de François Feldman, on se retrouve emporté dans un tourbillon de 5 minutes, résolument mid-tempo (si, si, c'est possible, les tourbillons ne sont pas forcément rapides, il suffit pour mériter ce terme qu'ils vous emmènent inéluctablement en leur centre), sans couplets ou refrains récurrents. Les lignes mélodiques différentes s'enchaînent (l'influence sans doute de Xenomania, co-compositeur ici encore) dans une lente montée d'émotions contradictoires (nostalgie, colère rentrée, résignation) culminant dans une dernière phrase 'Sometimes I need to see the way it used to be' noyée sous la réverbération. Un chef-d'oeuvre et l'indiscutable sommet de l'album. Les trente secondes à partir de 3:07 sont à 2009 ce que la partie centrale de LoveStoned fut à 2007 : un moment de magie pure (à écouter ici)
11 - Legacy (9) : Pour clore leur album, ils ont choisi une chanson extrêmement bizarre, dans laquelle une mélodie insaisissable à base de quartes (expérimentale même si on en croit les commentaires de Neil et Chris) ploie sous la masse sonore sans cesse croissante d'un orchestre en crescendo continu, jusqu'à un étonnant intermède French Cancan (chanté en français), qui vient inopinément interrompre sa marche inéluctable, avant que le morceau ne reparte de plus belle pour finalement se dissiper sans réelle conclusion. Si cette dernière chanson de leur dernier album (en date) devait être la "legacy" des Pet Shop Boys en tant que groupe pop, elle serait courageuse et illustrerait parfaitement pourquoi je les aime tant (à écouter ici).
En conclusion, j'ai rarement vu un album aussi déséquilibré vers l'arrière. Toutes les meilleures chansons sont concentrées dans la seconde moitié. C'est franchement inhabituel. En général, les groupes font le contraire et rassemblent leur meilleures cartouches au début, histoire d'agripper l'attention de l'auditeur dès l'entame de l'album. Cela dit, pour avoir un peu fréquenté les forums de fans, peut-être le mystère n'est-il pas si grand. En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, un nombre non négligeable de fans préfèrent la première moitié de l'album. Peut-être ma manière d'appréhender la musique des Pet Shop Boys est-elle tout à fait minoritaire. En tout cas, l'album ne commence pour moi vraiment qu'à la plage 4, mais quand il commence, il devient franchement bon, même s'il reste sans doute un poil en-dessous de Fundamental, dont les paroles et les thèmes étaient plus intéressants et qui ne souffrait pas de ce trou noir de trois titres au début.
Pour informations, deux autre chansons sorties récemment méritent aussi qu'on s'y attarde.
This Used To Be The Future (9.5) : Un mélange détonant entre une de leurs meilleures B-side, The Sound Of The Atom Splitting, les rythmiques de Gary Numan, l'electro-body-music, la voix de Phil Oakey (The Human League) et le courant cyberpunk. Et oui, la chanson est aussi formidable que ce que cette description peut laisser penser.
Gin & Jag (9) : Une des deux faces B de Love Etc.. Une chanson hypnotique centré autour d'un refrain que l'on aurait du mal à qualifier autrement de geignard, tout en glissandos traînants, et des couplets en suspension. Une face B comme je les aime (à écouter ici).
3 commentaires:
ah oui, pas idiot la référence à François Feldman !
Pandemonium est en fait un des 5 titres qu'ils avaient ecrit pour le dernier album de Kylie Minogue et qui n'ont pas etaient retenus par celle-ci
Quelle excellente critique! Je pense vraiment comme toi. Les Pet sont les meilleurs mais pas avec Dépèche Mode mais plutôt New Order.
En tout cas merci beaucoup, ça me fait vraiment du bien de lire des critiques constructives.
Continue comme ça pour notre plus grand plaisir.
LAurent.
P.S: Si tu as du temps, passes écouter GRUPETTO sur Myspace, c'est notre groupe et même s'il n'y a pas de synthés, dis moi ce que tu en penses.
A bientôt.
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