lundi, novembre 23

The Big Pink + The Germans, Ancienne Belgique, 3 novembre 2009

Cela faisait longtemps que je n'étais plus entré dans la petite salle du Club de l'Ancienne Belgique, au moins trois ans je dirais. Est-ce parce que mes goûts sont devenus plus mainstream et que les artistes qui m'intéressent jouent à présent dans de plus grandes salles, ou plus généralement parce que l'expérience du live me tente moins qu'auparavant ? Un peu les deux sans doute. Pourtant, bien que je me sentais un peu en porte-à-faux avec le public déjà présent, la mallette que j'ai bien été obligé de ramener du boulot n'arrangeant rien, j'ai retrouvé avec un certain plaisir cette atmosphère confinée, qui me rappelle certains concerts de Godspeed You Black Emperor, des Kills, de Patrick Wolf ou de Sunn O))).

La raison de ma présence est The Big Pink, duo londonien porté par un buzz qui ne faiblit pas (les requêtes Google menant quotidiennement sur ce blog en témoignent) et dont les deux premiers singles m'avaient tout à la fois rappelé tout un pan de la musique indé des années 90 (quelque part entre le trip-hop, le shoegaze de Slowdive et l'indie crapoteux mâtiné d'électro de The Wolfgang Press) et semblé totalement original. Cet enthousiasme avait dans un premier temps été amplifié par leur signature sur mon label fétiche 4AD avant de retomber quelque peu à l'écoute de l'album, pas totalement convaincant sur la longueur.

Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par The Germans, groupe belge néerlandophone dont le post-rock basé sur la répétition et l'empilement des couches sonores m'a à dire vrai semblé en 2009 un peu anachronique (voire parachronique me souffle le petit Robert). Il y a bien cà et là quelques idées intrigantes, dans l'utilisation des voix notamment, et le batteur se débrouille plutôt bien, mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez faiblard. J'ai pourtant cru un instant que le dernier morceau allait emporter sur le fil mon adhésion, avec sa ligne de synthé glaciale sur laquelle une voix monocorde venait scander quelques mots désespérés. Hélas, bien vite, le morceau retombe dans les travers des précédents. Le tempo s'emballe, le bassiste surbouge et le public se rendort. Pire, le claviériste nous dégote en guise de baroud d'honneur un crapuleux son d'ultra-basse qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui a bien failli retourner les estomacs de tout le public, ce qui était sans nul doute le but poursuivi mais bon, n'est pas Sunn O))) qui veut et je dois bien avouer que la fin du set m'est apparue comme une délivrance.

Commence ensuite le ballet des roadies installant le matos, avec notamment des racks à pédales kilométriques, tandis que de la fumée est injectée à jets continus dans la salle, à tel point que l'on finit par se demander si la salle contiendra encore assez d'oxygène pour assurer la survie du public pendant le concert. Des essais de spot, ostentatoirement dirigés directement vers les visages du public, semblent d'ailleurs indiquer que l'effet recherché par les techniciens est celui d'un lever de soleil dans le brouillard, ce qui ne serait pas si grave si cet effet brouillardeux n'avait aussi présidé à la balance sonore.

En effet, lorsque le groupe entre en scène, c'est pour instantanément ériger un mur de guitares et de basse que même les coups de boutoir de la batteuse ne parviendront jamais à abattre. La voix était par moments tellement couverte qu'il en devenait difficile de reconnaître les morceaux joués. Dommage car, comme l'écoute de l'album le confirme, leurs meilleures chansons valent surtout pour la manière dont la voix plaintive du chanteur se combine avec les blips, les effets électroniques et les changements d'atmosphère qui parsèment les chansons. Si on ajoute à cela une communication avec le public proche du zéro absolu pendant la toute petite heure de concert, il est difficile de ne pas en arriver à la conclusion que le groupe n'a absolument rien à proposer en live. Une occasion ratée.

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