9 - Give It A Go (7,5/10)
Au milieu des années 80, Neil expliquait que l'amour vous tombait dessus sans prévenir et qu'il était futile de résister (Love Comes Quickly). Au début des années 2000, il prétendait au contraire que l'amour était un choix conscient et qu'il ne fallait pas venir se plaindre après (You Choose). Ici, le romantisme de la première proposition et le pessimisme de la seconde se diluent dans quelque chose de plus indéfinissable, à la fois moins idéalisé et plus léger : et si, en attendant mieux, on décidait de faire ensemble un bout du (court) chemin qui nous reste à parcourir ? Chanté par un sexagénaire, cela pourrait sembler déprimant, mais l'accompagnement au piano et quelques accords de guitares épars parviennent à enrober un refrain par ailleurs un peu malingre (on en était à combien ?) et à colorer le propos d'une forme d'optimisme lumineux, mais conscient que, dans ces matières, les enjeux sont de moins en moins importants au fur et à mesure que l'on vieillit. "Why not give it a go?" Si ça marche, tant mieux. Si non, tant pis, il y a toujours la prochaine fois.
10 - Memory of the Future (8/10)
Qu'ils sont contrariants ces chanteurs qui changent d'avis d'une chanson à l'autre. Cet enchaînement a manifestement été soigneusement pensé. La relation devenue presque sans enjeu suggérée par la chanson précédente devient ici la consécration d'une vie de recherches, "It's taken all my life to find you". Il s'agit sans doute du morceau le plus immédiatement séduisant de l'album. Les différents couplets et refrains s'enchaînent avec l'inexorable évidence des meilleures chansons pop (le changement d'ambiance à 1:30 est parfait). Pourtant, on en sort avec un goût de trop peu et l'impression désagréable d'avoir emprunté un tapis roulant circulaire qui ne mène nulle part. N'y aurait-il pas eu moyen de faire plus avec ces ingrédients, de remplir ce magnifique contenant ornemental par un contenu narratif, de parachever ce climat musical par un climax expressif ? (Note de l'éditeur : ne jamais dire trois fois ce que l'on peut dire en une) Pour la prochaine tournée, je leur suggère d'enchaîner cette chanson directement avec un autre titre qui pourrait servir de résolution à la frustration qu'elle génère, It's a sin par exemple.
11 - Everything Means Something (8,5/10)
Le plus intelligemment construit des morceaux de l'album. Comme pour le précédent, on pourrait dire que ce morceau n'évolue pas et qu'il nous ramène à son point de départ, mais l'absence d'évolution est ici compensée par les allers et retours incessants entre des couplets malaisants, sous-tendus par des percussions martiales et des notes graves de synthé symbolisant le bouillonnement de la lave du ressentiment dans le volcan endormi de l'habitude (Note de l'éditeur : non mais c'est pas bientôt fini, cette accumulation de métaphores oiseuses !) et des refrains lumineux (modulation!!! même si celle-ci est un brin cheesy) sous forme de constat détaché. Oui, tout a une signification, même les erreurs commises. On est toujours responsable des relations que l'on entretient avec d'autres et si on y attache peu d'importance, c'est déjà en soi significatif (je paraphrase). Difficile de rassembler les fils narratifs de ces trois dernières chansons. Contrairement à la rumeur, peut-être cet album n'est-il pas censé se lire comme une autobiographie ? Les grilles de lecture uniques sont si limitantes.
Pet Shop Boys - Everything Means Something (Elysiu… - MyVideo
12 - Requiem in denim and leopardskin (8/10)
Chronologiquement une des premières chansons écrites pour l'album, elle a donné le ton pour l'écriture de bon nombre des autres : thématiques du deuil, de la célébration et de la renaissance, électronique discrète sur un tapis orchestral de cordes, choeurs d'accompagnement. C'est très élégant, mais sans doute un peu trop convenu à mon goût. Le morceau souffre de la comparaison avec Legacy, le morceau qui refermait le précédent album et qui, sur une thématique assez proche, me semblait être plus imposant et receler plus de mystère. Peut-être finalement est-ce cela que l'album essaye de nous dire : la mort n'est ni imposante, ni mystérieuse. Elle est, tout simplement, et il faut faire avec, passer outre et continuer à vivre.
Après des calculs savants, j'obtiens une moyenne assez médiocre de 7/10 et, effectivement, le sentiment qui domine est pour moi une légère déception. Elysium n'est pour moi pas tout à fait au niveau des deux précédents albums, plus disparate aussi. Pour obtenir un album thématiquement plus tenu, il aurait fallu retirer 3,4, 7 et 8. Pour obtenir le "one-mood record" que Chris appelait de ses voeux, il aurait fallu retirer 3, 5, 7 et 10.
Tel qu'il est, il reste cependant la confirmation que faire de la pop-music à 60 ans, transposer dans le cadre d'une chanson de trois minutes trente destinées aux masses des proccupations graves et marier les contraires avec humour et légèreté, c'est possible.... même s'il sont à ma connaissance les seuls à le faire (Magnetic Fields ?).
Liens : un autre chronique, parue hier, avec laquelle je suis assez d'accord
4 commentaires:
Excellente critique, comme d'habitude. Je suis assez d'accord sur l'ensemble, je trouve aussi que les PSB sont le meilleur groupe du monde ( en ce qui concerne la POP). Par contre, HOLD On ne merite pas 2/10 à mon sens, plutot 6/10 pour l'originalité. Jamais PSB n'avait fait une chanson comme celle-là auparavant.
Autre remarque, j'aurai aimé une critique de "a certain je ne sais quoi" et de " the way through the woods" qui se trouvent sur le cd single de "winner", 2 chansons qui, à mon sens meritent au moins 8,5/10 pour la 1ere pour son coté péchu, les paroles et l'emploi du français et 9/10 pour la 2eme, pour le poème de Kipling et la qualité des arrangements.
Merci... Comme je l'ai dit, je ne parviens pas à juger Hold On sur ses mérites propres.. Peut-être dans quelques moid, quand l'effet de sidération sera retombé. :)
Je ne chronique en général pas les faces B (même si j'achète évidemment les EP), mais j'ai bien aimé les deux B-Sides, surtout A certain Je Ne Sais Quoi...
Pas du tout aimé en revanche la reprise de I started a joke. On dirait que les PSB ont un programme reprise tout fait dans leurs ordis. Elles sonnent toutes pareilles (I started a joke, My Girl, Philadelphia,...). Très très paresseux.
A propos, drjmm, ça me rappelle un truc. Tu as eu un blog à une époque ?
Non, je n'ai jamais eu de blog...
Je ne trouvais pas la reprise de my girl si paresseuse que cela....
Mais c'est vrai que cette reprise des BEE GEES est pour le moins molle, encore plus soupe que l'original mais avec une voix un peu moins haut perchée et moins nasillarde..
Cette reprise vaut bien la reprise de "where the streets have no name", même melangée avec " i can't take my eyes of you" que les PSB avaient commise il y a quelques années
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