Je ne me suis pas encore tout à fait habitué à mes nouveaux horaires. Entre les heures de travail sur place et à domicile, les déplacements en train et les démarches administratives, mes heures de loisirs ont fondu comme neige au soleil et c'est probablement ce blog qui en souffre le plus. Cela dit, il n'est pas le seul, c'est notamment la première année depuis longtemps que je ne croule pas sous les concerts en octobre-novembre. J'ai sciemment fait l'impasse sur le festival Panoptica qui avait lieu la semaine dernière, pour cause d'affiche insuffisamment attractive. J'ai brossé à la fois le concert des Pipettes et de Gogol Bordello à Bruxelles et ferai sans doute de même pour Arab Strap et Lisa Germano. En fait, il me faudra sans doute encore quelques semaines avant de retrouver le temps nécessaire à mes activités en ligne. En espérant que d'ici là, j'aurai encore quelques lecteurs (le plancher des 100 visiteurs quotidiens a été enfoncé au début de cette semaine).
En attendant, je vais profiter de cette demi-journée de congé pour dire un mot rapide du concert de Deaf Center et de Helios organisé par le label anglais Type Records au Planetarium de Bruxelles. C'est la première fois que j'assistais à un concert dans un Planetarium, bien qu'il s'agisse d'une idée déjà ancienne (cela existe à Paris depuis des années paraît-il). Etant donné que le label Type a été le pourvoyeur de certaines de mes découvertes les plus marquantes de ces dernières années (Khonnor et Ryan Teague principalement), je me suis laissé tenter par l'expérience. Expérience est sans aucun doute le mot juste, quoique "épreuve d'endurance pour les vertèbres" serait également parfaitement adéquat puisque, bizarrement, les sièges ne sont pas du tout étudiés pour faciliter la vision du plafond. Les dossiers sont quasiment verticaux, ce qui fait qu'il faut se contorsionner, se placer en oblique et occuper au minimum deux places si on veut pouvoir profiter du spectacle. Un ami parisien n'a pas manqué de signaler que les sièges au Planetarium de Paris étaient nettement mieux conçus.
J'avais de Deaf Center le souvenir d'une musique instrumentale à la limite du new-age, qui caresse agréablement l'oreille durant les quelques premières écoutes mais révèle assez vite ses limites et son absence de profondeur. Ce concert d'une heure m'a plutôt conforté dans cette opinion, d'autant que les images projetées au plafond accentuent péniblement les clichés new-age de la musique (outre les inévitables étoiles et constellations, on a droit à des paysages panoramiques, des plantes, etc.). Les nappes de synthés ne mènent à rien et ne semblent là que pour emplier des couches vaporeuses qui finissent par anesthésier toute émotion. Bizarrement, alors que leur album Pale Ravine m'avait laissé le souvenir d'un groupe essentiellement instrumental, la voix (samplée) d'une sorte de Lisa Gerrard de prisunic était omniprésente. Petite déception donc qui vient rappeler que la musique new-age-ambient-contemplative (appelons-la ainsi) est un des genres les plus difficiles qui soit. La ligne de démarcation entre le pire et le meilleur est en effet parfois assez floue même si l'existence de dissonances et de résolutions harmoniques me semble déjà un bon moyen de faire le premier tri. Le premier EP de Ryan Teague m'a principalement plu à cause de ses dissonances (on pourrait aussi citer la bande originale du Solaris de Steven Soderbergh).
Après un court entracte, la deuxième partie est assurée par Helios, un projet dont je ne connaissais pour ainsi dire rien, si ce n'est que certains avaient déjà fait de leur album Eingya un sérieux candidat au titre d'album de l'année. Dès les premières secondes, il est clair que la musique d'Helios est plus "organique" (ce qui n'est finalement qu'une manière très prétentieuse de dire qu'on y entend de la guitare acoustique et un peu de bonne vieille batterie...malgré l'obscurité quasi-complète, on entr'apercevait d'ailleurs l'instrument, incongru dans sa simplicité rustique à côté de la machinerie Star-trekienne du planetarium). En fait, la musique de Helios s'éloigne assez clairement de l'electronica mâtinée de 'nouvelle musique' qui forme l'ordinaire des sorties du label et évoque plutôt ce qu'auraient pu créer Mogwai ou Explosions in the sky s'ils avaient vécu avant l'invention de l'électricité : des lignes de guitares acoustiques toutes simples qui se répètent, se superposent et évoluent lentement sur une rythmique simple et lancinante. La recette est simple (et a déjà beaucoup servi) mais elle continue à générer en live un effet d'envoûtement diffus très agréable. J'ai malheureusement eu depuis lors l'occasion de me rendre compte que, formatée sur la longueur d'un album, la musique d'Helios fonctionnait un peu moins bien. Peut-être était-ce une bonne chose finalement que le groupe ait déjà épuisé son stock de disques à vendre.
Liens :
- L'avis sur la soirée de mon ami parisien
- Le site du label propose régulièrement des podcasts, dont un mix "classique" de Keith Kenniff (Helios, Goldmund), qui balaye avec bonheur presque 4 siècles de musique.
1 commentaire:
ledit ami parisien qui te remercie bien pour le lien...
(vois qu'avec la modestie qui t'honore, tu as passé sous silence un des *événements* de l'après-midi précédant cette soirée... :o)
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