mercredi, septembre 19

Pet Shop Boys - Elysium (I)

2012. Pour la quatrième fois depuis mes débuts sur le Web, le deuxième meilleur groupe du monde sort un album. Comme je suis un être d'habitudes et de traditions, pour la quatrième fois, je me sens forcé de célébrer sa sortie par une chronique kilométrique et détaillée. 

Plantons le décor. Le précédent album, Yes, date de 2009 et était un feu d'artifices pop produit par Xenomania, responsables des meilleures chansons pop commerciales anglaises de ces 10 dernières années (Girls Aloud et Rachel Stevens par exemple). A suvi une tournée interminable, l'écriture d'un ballet basé sur un conte d'Andersen, puis comme à chaque fois depuis dix ans, l'attente des fans, plongés dans l'inquiétude de savoir si le groupe sortirait un jour un nouvel album.

Fin 2011, les premières informations commencent à tomber : un producteur connu pour ses collaborations avec le milieu hip-hop, Andrew Dawson, un enregistrement à Los Angeles, des ambiances plutôt mid-tempo et chill-out, ensuite un titre, Elysium. Enfin, il y a deux mois une rumeur a commencé à se répandre sur les forums spécialisés : l'album serait une digne suite à Behaviour (le quatrième album du groupe et, à ce jour, le meilleur disque de l'univers sensible). Il semblait très improbable que le disque serait à la hauteur de ces attentes, d'autant que l'idée de voir cet album produit par le producteur de Kanye West et Drake me faisait imaginer Neil la casquette à l'envers, chaîne en or autour du cou et roulant dans une décapotable sur les routes de Californie un verre de champagne à la main.....sans trop y croire certes, mais l'image s'était tout de même insidieusement imprimée dans mon esprit pétri de stéréotypes.

Enfin, dernière pièce du décor à se mettre en place, la vidéo minimaliste d'Invisible (voir plus bas), soudainement apparue sur Youtube, méthode étonnamment contemporaine de promotion de la part d'un groupe qui préfèrera toujours le CD single au "digital bundle" et Top Of The Pops à Youtube. Et je dois dire que la chanson m'avait plutôt émoustillé les papilles auriculaires : un son ample et enveloppant, une ambiance délicate et des paroles qui se révèlent petit à petit. La comparaison avec Behaviour ne semblait soudainement plus si absurde.

L'attente est dès lors devenue insupportable, jusqu'à ce qu'elle se termine et laisse la place à un long processus de découverte et d'apprivoisement.


1 - Leaving  (7,5/10)

Bizarrement présenté par beaucoup comme un des sommets de l'album et deuxième single programmé, je ne suis pas vraiment convaincu par cette chanson schizophrène. Le refrain est quelconque, voire un peu énervant (premier exemple) et fait pâle figure à côté de couplets aux petits oignons, ce qui donne au final une chanson assez déséquilibrée. Même dans les textes, ces deux parties s'assemblent difficilement, l'optimisme un peu béat du refrain se mariant mal avec les réflexions plus profondes des couplets ("The dead are still alive in memory and thought and the context they provide"). La production en revanche est charmante, par exemple l'usage des cordes, le petit pont instrumental à 2:00 ou la petite ligne de synthé rétro à 2:50.




2 - Invisible (9,5/10)

Je ne suis pas sûr que le groupe ait déjà fait une chanson soniquement aussi parfaite. L'écoute au casque est un enchantement, l'usage des échos pour les ponctuations au synthé, les mélismes en fond sonore, les voix qui se superposent, les glissandos qui accompagnent les fins de phrases. Comme dans les meilleures chansons, l'adéquation entre la musique et les textes est totale. Neil Tennant prétend que la chanson est écrite du point de vue d'une femme de 50 ans qui découvre qu'elle ne peut plus pécho en boîte, qu'elle est devenue invisible aux yeux des hommes. Personnellement, je ne peux m'empêcher d'y voir également un état des lieux actualisé de la carrière d'un groupe pop considéré du point de vue de son public-cible. Combien d'adorateurs de Lady Gaga ou Katy Perry connaissent leurs chansons, ou a fortiori, savent qu'ils viennent de sortir un nouvel album ? Quelle que soit l'interprétation choisie, cette mélodie toute en retenue, presque chuchotée, pleine de silences et de suspensions, en est une illustration parfaite. Splendide.




(la suite ici)

3 commentaires:

Frédéric de Villamil a dit…

Je partage ton avis sur le fond : cet album est plus que moyen, et à tous les niveaux. Le packaging de la version "deluxe" est cheap, avec un pauvre CD d'instrumentales, le livret inexistant... Je me rappelle avoir économisé pendant des semaines en 1993 pour m'acheter Very, avec sa boite orange à picots et son livret psychédélique (sans compter que cet album relève du génie), ça n'a plus rien à voir.

En revanche, comparer Elysium à Behavior... j'ai du mal à comprendre. Si c'est pour dire que les chansons sont plus calmes et mélancoliques que sur des albums comme Very (encore lui), Fundamental ou Yes, alors je préfère le comparer au catastrophique Release (leur pire album à mon pas si humble avis). Behavior avait au moins pour lui quelques pièces de génie, à commencer par Being Boring, une des plus belles chansons qui ait jamais été écrites.

Pierre a dit…

Le packaging n'est pas si pire. J'aime plutôt bien ces boites cartonées (déjà utilisées pour Pop Art ou Format entre autres). Le livret est un peu cheap cela dit. Quant à la comparaison avec Behaviour, elle est surtout thématique. Au point de vue du son et des compositions proprement dites, ça n'a effectivement pas grand chose à voir.

J'évite en général de trop accabler Release, dont je sauve au moins trois très grandes chansons (Birthday Boy, You Choose et Love Is A Catastrophe). Ma chronique de l'époque est encore dispo par ici (tag "chroniques").

Anonyme a dit…

C'est vrai que ce n'est peut être pas un de leur meilleur album, mais certains titres sont des tueries. Leaving et everything means something sont magistraux. Pas mon album préféré, mais on découvre encore que les pet shop boys arrivent à nous surprendre. Vivement la suite !