Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
vendredi, novembre 27
Ceci est très bon
Une voix blanche mixée très en avant, une intro Ultravoxienne, un mid-tempo lancinant, un refrain en suspension qui se résout progressivement en un long crescendo de nappes, un solo de guitare à la limite de la contry,.... Ce morceau a tout pour me plaire. Je ne sais rien de Hurts, si ce n'est que Popjustice aime bien et qu'ils sont de Manchester. Mais a-t-on vraiment besoin d'en savoir plus sur un groupe pour aimer sa musique?
La dernière fois que je m'étais ainsi enthousiasmé pour une chanson qui ne venait de nulle part, c'était en 2002. Déjà un clip en noir et blanc, déjà un duo masculin anglais, déjà une chanson naviguant entre pop et électro.
Je suis très prévisible en fait.
A l'époque, alors que je prédisais que cette chanson serait un tube mondial, ça n'avait pas du tout marché. Je n'ai jamais entendu parler de Syntax nulle part, même pas dans les Inrocks (pourtant encore assez friand de trip-hop à cette époque). Espérons que mon enthousiasme ne soit pas à nouveau le prémice d'un échec annoncé.
PS : Pour ceux qui ne me suivent pas sur Twitter, j'en profite pour resignaler l'interview de Liz Fraser dans le Guardian.
lundi, novembre 23
The Big Pink + The Germans, Ancienne Belgique, 3 novembre 2009
Cela faisait longtemps que je n'étais plus entré dans la petite salle du Club de l'Ancienne Belgique, au moins trois ans je dirais. Est-ce parce que mes goûts sont devenus plus mainstream et que les artistes qui m'intéressent jouent à présent dans de plus grandes salles, ou plus généralement parce que l'expérience du live me tente moins qu'auparavant ? Un peu les deux sans doute. Pourtant, bien que je me sentais un peu en porte-à-faux avec le public déjà présent, la mallette que j'ai bien été obligé de ramener du boulot n'arrangeant rien, j'ai retrouvé avec un certain plaisir cette atmosphère confinée, qui me rappelle certains concerts de Godspeed You Black Emperor, des Kills, de Patrick Wolf ou de Sunn O))).
La raison de ma présence est The Big Pink, duo londonien porté par un buzz qui ne faiblit pas (les requêtes Google menant quotidiennement sur ce blog en témoignent) et dont les deux premiers singles m'avaient tout à la fois rappelé tout un pan de la musique indé des années 90 (quelque part entre le trip-hop, le shoegaze de Slowdive et l'indie crapoteux mâtiné d'électro de The Wolfgang Press) et semblé totalement original. Cet enthousiasme avait dans un premier temps été amplifié par leur signature sur mon label fétiche 4AD avant de retomber quelque peu à l'écoute de l'album, pas totalement convaincant sur la longueur.
Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par The Germans, groupe belge néerlandophone dont le post-rock basé sur la répétition et l'empilement des couches sonores m'a à dire vrai semblé en 2009 un peu anachronique (voire parachronique me souffle le petit Robert). Il y a bien cà et là quelques idées intrigantes, dans l'utilisation des voix notamment, et le batteur se débrouille plutôt bien, mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez faiblard. J'ai pourtant cru un instant que le dernier morceau allait emporter sur le fil mon adhésion, avec sa ligne de synthé glaciale sur laquelle une voix monocorde venait scander quelques mots désespérés. Hélas, bien vite, le morceau retombe dans les travers des précédents. Le tempo s'emballe, le bassiste surbouge et le public se rendort. Pire, le claviériste nous dégote en guise de baroud d'honneur un crapuleux son d'ultra-basse qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui a bien failli retourner les estomacs de tout le public, ce qui était sans nul doute le but poursuivi mais bon, n'est pas Sunn O))) qui veut et je dois bien avouer que la fin du set m'est apparue comme une délivrance.
Commence ensuite le ballet des roadies installant le matos, avec notamment des racks à pédales kilométriques, tandis que de la fumée est injectée à jets continus dans la salle, à tel point que l'on finit par se demander si la salle contiendra encore assez d'oxygène pour assurer la survie du public pendant le concert. Des essais de spot, ostentatoirement dirigés directement vers les visages du public, semblent d'ailleurs indiquer que l'effet recherché par les techniciens est celui d'un lever de soleil dans le brouillard, ce qui ne serait pas si grave si cet effet brouillardeux n'avait aussi présidé à la balance sonore.
En effet, lorsque le groupe entre en scène, c'est pour instantanément ériger un mur de guitares et de basse que même les coups de boutoir de la batteuse ne parviendront jamais à abattre. La voix était par moments tellement couverte qu'il en devenait difficile de reconnaître les morceaux joués. Dommage car, comme l'écoute de l'album le confirme, leurs meilleures chansons valent surtout pour la manière dont la voix plaintive du chanteur se combine avec les blips, les effets électroniques et les changements d'atmosphère qui parsèment les chansons. Si on ajoute à cela une communication avec le public proche du zéro absolu pendant la toute petite heure de concert, il est difficile de ne pas en arriver à la conclusion que le groupe n'a absolument rien à proposer en live. Une occasion ratée.
La raison de ma présence est The Big Pink, duo londonien porté par un buzz qui ne faiblit pas (les requêtes Google menant quotidiennement sur ce blog en témoignent) et dont les deux premiers singles m'avaient tout à la fois rappelé tout un pan de la musique indé des années 90 (quelque part entre le trip-hop, le shoegaze de Slowdive et l'indie crapoteux mâtiné d'électro de The Wolfgang Press) et semblé totalement original. Cet enthousiasme avait dans un premier temps été amplifié par leur signature sur mon label fétiche 4AD avant de retomber quelque peu à l'écoute de l'album, pas totalement convaincant sur la longueur.
Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par The Germans, groupe belge néerlandophone dont le post-rock basé sur la répétition et l'empilement des couches sonores m'a à dire vrai semblé en 2009 un peu anachronique (voire parachronique me souffle le petit Robert). Il y a bien cà et là quelques idées intrigantes, dans l'utilisation des voix notamment, et le batteur se débrouille plutôt bien, mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez faiblard. J'ai pourtant cru un instant que le dernier morceau allait emporter sur le fil mon adhésion, avec sa ligne de synthé glaciale sur laquelle une voix monocorde venait scander quelques mots désespérés. Hélas, bien vite, le morceau retombe dans les travers des précédents. Le tempo s'emballe, le bassiste surbouge et le public se rendort. Pire, le claviériste nous dégote en guise de baroud d'honneur un crapuleux son d'ultra-basse qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui a bien failli retourner les estomacs de tout le public, ce qui était sans nul doute le but poursuivi mais bon, n'est pas Sunn O))) qui veut et je dois bien avouer que la fin du set m'est apparue comme une délivrance.
Commence ensuite le ballet des roadies installant le matos, avec notamment des racks à pédales kilométriques, tandis que de la fumée est injectée à jets continus dans la salle, à tel point que l'on finit par se demander si la salle contiendra encore assez d'oxygène pour assurer la survie du public pendant le concert. Des essais de spot, ostentatoirement dirigés directement vers les visages du public, semblent d'ailleurs indiquer que l'effet recherché par les techniciens est celui d'un lever de soleil dans le brouillard, ce qui ne serait pas si grave si cet effet brouillardeux n'avait aussi présidé à la balance sonore.
En effet, lorsque le groupe entre en scène, c'est pour instantanément ériger un mur de guitares et de basse que même les coups de boutoir de la batteuse ne parviendront jamais à abattre. La voix était par moments tellement couverte qu'il en devenait difficile de reconnaître les morceaux joués. Dommage car, comme l'écoute de l'album le confirme, leurs meilleures chansons valent surtout pour la manière dont la voix plaintive du chanteur se combine avec les blips, les effets électroniques et les changements d'atmosphère qui parsèment les chansons. Si on ajoute à cela une communication avec le public proche du zéro absolu pendant la toute petite heure de concert, il est difficile de ne pas en arriver à la conclusion que le groupe n'a absolument rien à proposer en live. Une occasion ratée.
lundi, novembre 16
A-Ha, Ancienne Belgique, 11 novembre 2009
Je me souviens assez mal de mon premier concert de A-Ha. C'était déjà à l'Ancienne Belgique, en 2003 pour la tournée Lifelines. Surnage seulement le souvenir de mon enthousiasme de grand enfant face à un des groupes phares de mes douze ans, que je ne pensais jamais voir en concert, tempéré par une légère déception qu'ils n'aient pas fait un peu plus d'efforts : son un peu bouillasse, arrangements approximatifs, peu de communication avec le public, voix fatiguée. Lorsqu'un nouveau concert à l'AB a été annoncé il y a quelques semaines, j'ai donc un peu hésité avant d'acheter ma place, pour me laisser finalement convaincre par l'écoute de quelques chansons du nouvel album, qui semblait marquer le retour aux sonorités pop synthétiques de leur (excellent) premier album. Bien m'en prit car, quelques semaines plus tard, le groupe a annoncé sa future séparation. Il y a donc de bonnes chances que cela soit le dernier concert d'eux auquel j'aie l'occasion d'assister. Snif, dirait Beigbeder!
Lorsque j'arrive devant la salle à 19h10, je constate que des barrièrs Nadar ont été placées sur le trottoir afin de canaliser la foule voulant. C'est la première fois que de telles précautions sont prises pour un concert auquel j'assiste. Bien que cela fait presque 20 ans que A-Ha n'est plus un groupe à la mode, les organisateurs ont prévu un dispositif superstar, ce qui est sans doute mérité vu le monde présent 80 minutes avant le début du concert. Je prends place dans la file, qui avance heureusement assez vite. Une fois dans le hall, se pose la question du placement. Vais-je me placer dans la fosse, le plus près possible de la scène, comme d'habitude, ou au contraire m'installer dans les gradins au fond de la salle, histoire d'amortir la déception que je crains déjà de ressentir? Je décide finalement de me placer dans la fosse et de patienter debout pendant la grosse heure d'attente, tout en écoutant discuter les fans autour de moi. Le fan de pop commerciale que je suis assiste finalement assez rarement à des concerts pop et j'aime bien, quand l'occasion se présente, écouter discuter le public et voir comme il diffère de celui des concerts indés : plus âgé (la trentaine en moyenne), assez pop sur lui, moins de coiffures d'indie-kid anglais, plus de queues de cheval et de coupes passe-partout, moins de tee-shirts Kraftwerk et plus de tenues d'employés de bureau, d'enseignants et/ou de secrétaires, un public moins blasé et venu dans le seul but de s'amuser entre amis. Beaucoup d'étrangers aussi, notamment des Français, dont certains avaient déjà assisté au concert parisien de la veille (la communauté des fans français de A-Ha est étonnamment active et bien organisée).
Dès l'extinction des lumières, il paraît clair que ce concert ne sera pas aussi rudimentaire que celui de 2003. Une bande-son introductive intrigante, dans laquelle se mêlent synthés inquiétants et lambeaux de voix, indique clairement que ce show a été pensé comme un vrai spectacle, et pas comme un simple enchaînement d'interprétations approximatives d'extraits de leur répertoire. Ces louables intentions se voient confirmées quand, après le lever de rideau, l'organisation de la scène est révélée au public : taille maximale, avec le fond couvert d'un écran géant sur lequel se succèderont pendant deux heures images fixes, clips, gros plans filmés en direct, etc.. Les éclairages sont également très réussis.
Autre bonne surprise : le son est parfait, avec un mix très clair. Les trois membres du groupe sont accompagnés sur scène de deux musiciens et il est difficile de dire qui fait quoi. Il est clair que Magne Furuholmen ne joue pas tout en direct (le riff de Take On Me par exemple est clairement pré-enregistré, mais celui de Train of Thought semble être interprété sur place), et si Pal Waaktaar garde sa guitare en bandoulière durant tout le concert, il est parfois bien difficile de distinguer ce qu'il joue vraiment. Dès lors, peut-être pour faire taire les fâcheux (dont je serais très peiné de faire partie), ils se sont autorisé un bref intermède acoustique à la mi-concert, comprenant si je me souviens bien And You Tell Me et Velvet. Cela dit, qu'importe toutes ces considérations. Je n'étais pas là pour les lignes de piano de Magne (n'aurait-il pas été cocasse qu'il soit membre de Depeche) ou les solos de guitare de Pal, mais bien pour écouter Morten chanter et la balance était de ce point de vue parfaite, faisait la part belle à sa voix, placée très en avant.
Parlons-en, d'ailleurs, de cette voix que j'ai pris l'habitude de qualifier de deuxième plus beau timbre de la musique mondiale (après l'inaccessible Lisa, évidemment). A ce stade, mon indéfectible honnêteté et mon objectivité foncière m'obligent malhereusement à mentionner que la voix de Morten Harket, n'a plus tout à fait le même souflle épique, la même agilité dans les changements de registre que dans les années 80. Son falsetto en particulier a perdu ses harmoniques et sonne moins plein, plus forcé. Cela dit, bien qu'à les voir sur scène, on aurait tendance à l'oublier (ils n'ont pour ainsi dire pas changé...je suppute que, quelque part dans un grenier de la banlieue d'Oslo, un portrait du groupe subit à leur place les outrages du temps), il faut garder à l'esprit que tout ce beau monde approche gentiment du demi-siècle et qu'il est tout à fait admirable que, à cinquante ans, Morten puisse encore en remontrer à 95% des chanteurs actuels, d'autant que son type de voix n'est pas a priori celui qui vieillit le mieux (Stuart Staples au hasard est de ce point de vue plus tranquille).
Pour continuer dans les bonnes nouvelles, la set-list est aux petits oignons et fait la part belle aux deux premiers albums, ainsi qu'au petit dernier, le franchement très bon Foot Of The Mountain. Alors bien sûr, on peut regretter l'absence de Living A Boy's Adventure Tale, de I've been losing you ou de The Weight Of The Wind (qui auraient tous avantageusement remplacé Velvet) mais bon, l'essentiel des tubes et des albums-tracks incontournables sont là. J'avoue avec un honte à peine revendiquée que les intros de Scoundrel Days ou Dream Myself Alive m'ont donné la chair de poule.
Pour terminer, je dirais que Morten et Magne, très souriants, semblent plutôt heureux d'être là (c'est moins sûr pour Pal, plus renfrogné), se sentant possiblement plus à l'aise avec leur statut de pop-stars vieillissantes après être tombé d'accord pour dissoudre le groupe en janvier 2011. Magne est celui qui communique le plus facilement, s'essayant au français, et même à quelques mots de néerlandais, lorsqu'il interpelle le public. Aucune mention ne sera faite d'un possible retour en Belgique pour leur tournée d'adieux. Seule réelle déception d'une soirée qui m'a laissé gentiment euphorique. Je me sens plus fan maintenant qu'il y a deux semaines. La preuve ? J'ai réécouté en écrivant ceci les trois albums enregistrés entre 1990 et 2003, ceux dont je pensais qu'il n'y avait rien à sauver et y ai déniché cinq morceaux que j'aime vraiment bien. Comme quoi. En attendant qu'un jour peut-être, je me lance ici dans une discographie commentée du groupe, je m'en vais me repasser les deux albums suivants. Peut-être parviendrais-je même à réécouter Analogue avec une oreille neuve et réévaluer à la hausse un album qui m'avait laissé à l'époque le souvenir d'un immense ratage? Qui sait. Après un concert pareil, tout est possible.
Setlist :
- The Sun Always Shines On TV (Hunting High and Low)
- Riding The Crest (Foot Of The Mountain)
- The Bandstand (Foot Of The Mountain)
- Scoundrel Days (Scoundrel Days)
- Stay On These Roads (Stay On These Roads)
- Manhattan Skyline (Scoundrel Days)
- Hunting High And Low (Hunting High and Low)
- The Blood That Moves The Body (Stay On These Roads)
- I Dream Myself Alive (Hunting High and Low)
- And You Tell Me (Hunting High and Low)
- Velvet (Minor Earth, Major Sky)
- Train Of Thought (Hunting High and Low)
- Sunny Mystery (Foot Of The Mountain)
- Forever Not Yours (Lifelines)
- Shadowside (Foot Of The Mountain)
- Summer Moved On (Minor Earth, Major Sky)
- Foot Of The Mountain (Foot Of The Mountain)
----
- Cry Wolf (Scoundrel Days)
- Analogue (Analogue)
- The Living Daylights (Stay On These Roads)
----
- Take On Me (Hunting High and Low)
(et j'ai encore quatre autres brouillons de compte-rendu de concert à mettre au net)
Lorsque j'arrive devant la salle à 19h10, je constate que des barrièrs Nadar ont été placées sur le trottoir afin de canaliser la foule voulant. C'est la première fois que de telles précautions sont prises pour un concert auquel j'assiste. Bien que cela fait presque 20 ans que A-Ha n'est plus un groupe à la mode, les organisateurs ont prévu un dispositif superstar, ce qui est sans doute mérité vu le monde présent 80 minutes avant le début du concert. Je prends place dans la file, qui avance heureusement assez vite. Une fois dans le hall, se pose la question du placement. Vais-je me placer dans la fosse, le plus près possible de la scène, comme d'habitude, ou au contraire m'installer dans les gradins au fond de la salle, histoire d'amortir la déception que je crains déjà de ressentir? Je décide finalement de me placer dans la fosse et de patienter debout pendant la grosse heure d'attente, tout en écoutant discuter les fans autour de moi. Le fan de pop commerciale que je suis assiste finalement assez rarement à des concerts pop et j'aime bien, quand l'occasion se présente, écouter discuter le public et voir comme il diffère de celui des concerts indés : plus âgé (la trentaine en moyenne), assez pop sur lui, moins de coiffures d'indie-kid anglais, plus de queues de cheval et de coupes passe-partout, moins de tee-shirts Kraftwerk et plus de tenues d'employés de bureau, d'enseignants et/ou de secrétaires, un public moins blasé et venu dans le seul but de s'amuser entre amis. Beaucoup d'étrangers aussi, notamment des Français, dont certains avaient déjà assisté au concert parisien de la veille (la communauté des fans français de A-Ha est étonnamment active et bien organisée).
Dès l'extinction des lumières, il paraît clair que ce concert ne sera pas aussi rudimentaire que celui de 2003. Une bande-son introductive intrigante, dans laquelle se mêlent synthés inquiétants et lambeaux de voix, indique clairement que ce show a été pensé comme un vrai spectacle, et pas comme un simple enchaînement d'interprétations approximatives d'extraits de leur répertoire. Ces louables intentions se voient confirmées quand, après le lever de rideau, l'organisation de la scène est révélée au public : taille maximale, avec le fond couvert d'un écran géant sur lequel se succèderont pendant deux heures images fixes, clips, gros plans filmés en direct, etc.. Les éclairages sont également très réussis.
Autre bonne surprise : le son est parfait, avec un mix très clair. Les trois membres du groupe sont accompagnés sur scène de deux musiciens et il est difficile de dire qui fait quoi. Il est clair que Magne Furuholmen ne joue pas tout en direct (le riff de Take On Me par exemple est clairement pré-enregistré, mais celui de Train of Thought semble être interprété sur place), et si Pal Waaktaar garde sa guitare en bandoulière durant tout le concert, il est parfois bien difficile de distinguer ce qu'il joue vraiment. Dès lors, peut-être pour faire taire les fâcheux (dont je serais très peiné de faire partie), ils se sont autorisé un bref intermède acoustique à la mi-concert, comprenant si je me souviens bien And You Tell Me et Velvet. Cela dit, qu'importe toutes ces considérations. Je n'étais pas là pour les lignes de piano de Magne (n'aurait-il pas été cocasse qu'il soit membre de Depeche) ou les solos de guitare de Pal, mais bien pour écouter Morten chanter et la balance était de ce point de vue parfaite, faisait la part belle à sa voix, placée très en avant.
Parlons-en, d'ailleurs, de cette voix que j'ai pris l'habitude de qualifier de deuxième plus beau timbre de la musique mondiale (après l'inaccessible Lisa, évidemment). A ce stade, mon indéfectible honnêteté et mon objectivité foncière m'obligent malhereusement à mentionner que la voix de Morten Harket, n'a plus tout à fait le même souflle épique, la même agilité dans les changements de registre que dans les années 80. Son falsetto en particulier a perdu ses harmoniques et sonne moins plein, plus forcé. Cela dit, bien qu'à les voir sur scène, on aurait tendance à l'oublier (ils n'ont pour ainsi dire pas changé...je suppute que, quelque part dans un grenier de la banlieue d'Oslo, un portrait du groupe subit à leur place les outrages du temps), il faut garder à l'esprit que tout ce beau monde approche gentiment du demi-siècle et qu'il est tout à fait admirable que, à cinquante ans, Morten puisse encore en remontrer à 95% des chanteurs actuels, d'autant que son type de voix n'est pas a priori celui qui vieillit le mieux (Stuart Staples au hasard est de ce point de vue plus tranquille).
Pour continuer dans les bonnes nouvelles, la set-list est aux petits oignons et fait la part belle aux deux premiers albums, ainsi qu'au petit dernier, le franchement très bon Foot Of The Mountain. Alors bien sûr, on peut regretter l'absence de Living A Boy's Adventure Tale, de I've been losing you ou de The Weight Of The Wind (qui auraient tous avantageusement remplacé Velvet) mais bon, l'essentiel des tubes et des albums-tracks incontournables sont là. J'avoue avec un honte à peine revendiquée que les intros de Scoundrel Days ou Dream Myself Alive m'ont donné la chair de poule.
Pour terminer, je dirais que Morten et Magne, très souriants, semblent plutôt heureux d'être là (c'est moins sûr pour Pal, plus renfrogné), se sentant possiblement plus à l'aise avec leur statut de pop-stars vieillissantes après être tombé d'accord pour dissoudre le groupe en janvier 2011. Magne est celui qui communique le plus facilement, s'essayant au français, et même à quelques mots de néerlandais, lorsqu'il interpelle le public. Aucune mention ne sera faite d'un possible retour en Belgique pour leur tournée d'adieux. Seule réelle déception d'une soirée qui m'a laissé gentiment euphorique. Je me sens plus fan maintenant qu'il y a deux semaines. La preuve ? J'ai réécouté en écrivant ceci les trois albums enregistrés entre 1990 et 2003, ceux dont je pensais qu'il n'y avait rien à sauver et y ai déniché cinq morceaux que j'aime vraiment bien. Comme quoi. En attendant qu'un jour peut-être, je me lance ici dans une discographie commentée du groupe, je m'en vais me repasser les deux albums suivants. Peut-être parviendrais-je même à réécouter Analogue avec une oreille neuve et réévaluer à la hausse un album qui m'avait laissé à l'époque le souvenir d'un immense ratage? Qui sait. Après un concert pareil, tout est possible.
Setlist :
- The Sun Always Shines On TV (Hunting High and Low)
- Riding The Crest (Foot Of The Mountain)
- The Bandstand (Foot Of The Mountain)
- Scoundrel Days (Scoundrel Days)
- Stay On These Roads (Stay On These Roads)
- Manhattan Skyline (Scoundrel Days)
- Hunting High And Low (Hunting High and Low)
- The Blood That Moves The Body (Stay On These Roads)
- I Dream Myself Alive (Hunting High and Low)
- And You Tell Me (Hunting High and Low)
- Velvet (Minor Earth, Major Sky)
- Train Of Thought (Hunting High and Low)
- Sunny Mystery (Foot Of The Mountain)
- Forever Not Yours (Lifelines)
- Shadowside (Foot Of The Mountain)
- Summer Moved On (Minor Earth, Major Sky)
- Foot Of The Mountain (Foot Of The Mountain)
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- Cry Wolf (Scoundrel Days)
- Analogue (Analogue)
- The Living Daylights (Stay On These Roads)
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- Take On Me (Hunting High and Low)
(et j'ai encore quatre autres brouillons de compte-rendu de concert à mettre au net)
jeudi, novembre 12
Cinq en un
En un billet, vous allez recevoir trois bonnes nouvelles, un lien et une première impression. Vous êtes prêts ? C'est parti.
Bonne nouvelle 1 : Les Tindersticks se sont reformés.
Bonne nouvelle 2 : Ils ont signé sur 4AD.
Le lien
Bonne nouvelle 3 : Une chanson de l'album est téléchargeable en avant-première au lien ci-dessus
La première impression : Ca part bien, et puis Stuart et sa bande essaie de se renouveler en lorgnant du côté d'Arcade Fire et en introduisant des choeurs masculins qui me semblent de prime abord assez discutables. Mais bon, je mentirais en disant que je ne suis pas content de les réentendre.
Bonne nouvelle 1 : Les Tindersticks se sont reformés.
Bonne nouvelle 2 : Ils ont signé sur 4AD.
Le lien
Bonne nouvelle 3 : Une chanson de l'album est téléchargeable en avant-première au lien ci-dessus
La première impression : Ca part bien, et puis Stuart et sa bande essaie de se renouveler en lorgnant du côté d'Arcade Fire et en introduisant des choeurs masculins qui me semblent de prime abord assez discutables. Mais bon, je mentirais en disant que je ne suis pas content de les réentendre.
dimanche, novembre 1
jeudi, octobre 29
Plan B for Plan B
Les plus fidèles lecteurs de ce blog se rappelleront sans doute que je m'étais enflammé comme un cube de Zip en 2007 pour l'album de Plan B, un rappeur anglais qui me semblait avoir atteint musicalement (si pas forcément dans les paroles, plus quelconques) une sorte d'équilibre parfait entre la voix et les accompagnements musicaux, le plus souvent acoustiques.
Mais bon, comme souvent quand je m'enflamme (Lupen Crook par exemple), le reste du monde prend un malin plaisir à me pleuvoir dessus (why? why? Is it because I lied when I was 17?) donc le disque n'a pas marché. Bah ! Mon bon gars Ben Drew a plus d'une corde à son arc, et il revient cette année avec un disque qui ajoute à son style rap habituel ce qui sonne furieusement comme un morceau rétro garage à la Hives... et, tout différent que ce soit de son premier album, je continue à trouver ça génial (ma fidélité en admiration est sans égale). Le morceau est écoutable ici ou sur sa page myspace.
Mais bon, comme souvent quand je m'enflamme (Lupen Crook par exemple), le reste du monde prend un malin plaisir à me pleuvoir dessus (why? why? Is it because I lied when I was 17?) donc le disque n'a pas marché. Bah ! Mon bon gars Ben Drew a plus d'une corde à son arc, et il revient cette année avec un disque qui ajoute à son style rap habituel ce qui sonne furieusement comme un morceau rétro garage à la Hives... et, tout différent que ce soit de son premier album, je continue à trouver ça génial (ma fidélité en admiration est sans égale). Le morceau est écoutable ici ou sur sa page myspace.
mardi, octobre 27
Jeremy
Si la qualité d'une vidéo se juge à la plus-value qu'elle apporte à la chanson, Jeremy de Pearl Jam est un des meilleurs clips des 20 dernières années. Musicalement, le groupe me laisse tout à fait indifférent et la chanson n'est pas en soi exceptionnelle (même si c'est de loin celle de Pearl Jam que je préfère et si la voix d'Eddie Vedder y est plutôt intéressante) mais la combinaison des paroles, des images et du fait divers réel sur lequel le tout est basé en fait un témoignage exemplaire de son époque (1992) et de ce qu'était alors la culture MTV, plutôt protestataire et iconoclaste et très éloignée de la glorification du conformisme et du consumérisme des émissions de téléréalité qui sont aujourd'hui le fond de commerce de la chaîne (Paris Hilton et les autres).
Pour tout dire, cela fait une heure que je chantonne "Jeremy spoke in" en corrigeant mes copies d'examen et en me demandant si cela me rend plus sévère ou plus indulgent dans mes cotations.
Pour finir, je me rends compte en revoyant ces images aujourd'hui que j'avais à l'époque mal compris la fin du clip qui, dans sa version remontée pour MTV, laissait penser que Jeremy avait flingué tous azimuts, "à la Columbine", alors qu'en fait, il se tire une balle dans la tête, ce qui rend à mon avis la vidéo encore plus 'forte'.
Non, vraiment, c'est du grand art.
(ce billet vous est offert par mon écoute de Ten, album acheté en solde il y a bien cinq ans, mais écouté pour la première fois il y a peu)
dimanche, octobre 18
Vintage Nits
J'ai mon ticket pour leyur concert de Huy le 18 novembre... et je me demande si je dois aussi en prendre un pour le 10 décembre au Botanique.
mercredi, octobre 14
Lien du jour
Pour ceux que la chose intéresse, le NME recense les vidéos les plus "exxxplicites" de ces dernières années.
dimanche, octobre 11
"The boy is doing fine"
En attendant mon prochain compte-rendu du concert de Patrick Wolf au Botanique :
lundi, octobre 5
Klaus Schulze & Lisa Gerrard, AB, 25 septembre 2009 (II)
(ceci est la suite de ce billet)

J'ai rarement vu l'Ancienne Belgique présenter une moyenne d'âge aussi élevée. Une étude sociologique rigoureuse des spectateurs visibles depuis mon siège m'apprendra que le spectateur moyen était ventru, portait des lunettes et voyait avec désespoir sa chevelure blanchir et/ou disparaître (paille, poutre, toussah).
Les gérants de l'Ancienne Belgique connaissant bien leur métier, la salle est en configuration "musique de vieux" (comme pour Lambchop, Sigur Ros, etc.), ce qui signifie que les deux-tiers arrière de la fosse sont garnis de sièges en gradin. Tant mieux, le programme annonce une première partie solo pour Klaus Schulze et la perspective de me laisser bercer par ses nappes enveloppantes, douillettement prostré dans un fauteuil moelleux, me tente assez. Il sera toujours temps d'aller me prosterner aux pieds de la reine Lisa durant la seconde partie.
Lorsque le rideau s'ouvre à 20h30, la scène présente cinq énormes diffuseurs-amplis disposés en arc-de-cercle et couverts de boutons à pousser, de curseurs à tirer, de molettes à tourner et de loupiotes clignotantes. Devant l'espace ainsi délimité se trouvent à gauche et à droite des synthétiseurs et au milieu un Moog et un Mac. Au milieu de tout cela, un siège en cuir et, assis sur ce dernier, un type à lunettes, mal coiffé, en veston et tee-shirt, remercie le public de son accueil par un petit geste de la main... (comme quoi même les légendes vivantes peuvent aussi ressembler à des vendeurs d'électro-ménager.)
La taille imposante de toute cette machinerie évoque une curieuse impression de modernité ringarde. Un peu comme si, ayant pleinement conscience d'être un produit des années 70 et assez confiant dans son statut pour ne pas se sentir obligé de faire semblant de s'adapter aux technologies actuelles, Klaus Schulze avait crânement refusé de remplacer l'essentiel de son matos de l'époque (Mac excepté). Ce refus de participer à la course à la miniaturisation en électronique m'est plutôt sympathique.
Musicalement parlant, ça commence plutôt mal par quelques échantillons de voix que Klaus Schulze semble empiler en déput du bon sens à l'aide du synthé situé à sa droite, alternant on ne sait trop pourquoi le très aigu et le très grave. Et moi de penser d'un air inquiet que ce n'est pas parce qu'on a inventé un style et fait des disques cultes qu'on est capable d'improviser en direct et que
peut-être l'heure et demie de concert serait ainsi composée de brics et de brocs assemblés à la truelle. Heureusement, cette introduction ratée ne dure que quelques minutes, puis Klaus Schulze prend place à l'autre extrémité de son bunker. Immédiatement, il est évident que la suite du concert sera plus construite et, rapidement, la musique se rapproche de ce à quoi je m'attendais : des nappes planantes qui se succèdent comme des vagues sur lesquelles surnagent une écume composée de beats légers mid-tempo et de quelques arpèges charmants. C'est très agréable, même si on ne peut s'empêcher de penser que composer et/ou interpréter ce genre de choses ne doit plus demander beaucoup d'effort, que l'ami Klaus ne fait ici qu'appliquer les techniques qu'il a mises en place par le passé et pourrait tout aussi bien rester à la maison (Klaus ?) et demander à un roadie d'appuyer sur Start au début du concert. D'ailleurs, anecdote croustillante, c'est exactement ce qui s'est produit lors d'une date à Essen en Allemagne quelques jours plus
tôt. KS, souffrant, avait été obligé de garder le lit et Lisa Gerrard avait assuré le concert seule en scène sans que cela semble poser le moindre problème logistique.
Après un gros quart d'heure, un long decrescendo au cours duquel les différentes couches sonores disparaissent les une après les autres semble annoncer une autre phase du concert et, effectivement, en contradiction flagrante avec l'horaire officiel, Lisa apparaît, dans une robe de soirée rouge, et prend place au micro situé à la gauche de la scène.
Voir Lisa Gerrard chanter est toujours pour moi une expérience aussi étrange : ses yeux tour à tour fermés ou anormalement exorbités, ses regards fixes et hallucinés, son placement légèrement de biais par rapport à l'axe du micro, ce surprenant tic qui la fait régulièrement poser la main sur le pied de son micro, peut-être pour vérifier qu'elle est toujours bien à la bonne distance, le lent balancement de gauche à droite de sa tête lorsqu'elle veut créer un effet de vibrato. Ce n'est qu'en la voyant chanter en direct que l'on comprend à quel point son art est aussi le fruit d'un effort permanent, le résultat de longues années de travail et de perfectionnement. Vocalement parlant, Lisa apparaît ici en pleine possession de ses moyens. Elle retrouve même par moments une certaine forme d'urgence dans la voix qui rappelle Dead Can Dance (Yulunga par exemple), mais ces moments où elle semble sur le point d'entrer en transe ne sont jamais poussés à leur terme, même à la toute fin du morceau, malgré un tempo qui s'accélère quelque peu et une interaction plus poussée entre la voix et les machines. Mais bon, dans l'ensemble, je suis plutôt rassuré...sauf que, dès que le rideau se referme pour l'entracte, une inquiétude sourde m'étreint soudainement. Et si l'horaire officiel (première partie : KS solo, deuxième partie, les deux ensemble) était simplement inversé ? Et si Lisa ne revenait plus ?
Heureusement, il n'en est rien et, si on excepte le fait que la robe de Lisa est passée du rouge au bleu et un solo virtuose de Moog de l'ami Klaus dans les premières minutes (qui rappelle à ceux qui l'auraient oublié que Klaus Schulze vient quand même du rock progressif), la seconde partie ressemble d'ailleurs beaucoup à la première, en mieux.
En guise de résumé, je dirai que, pendant la grosse heure et demi de concerts, Klaus Schulze et Lisa Gerrard donnent parfois l'impression de se chercher, ce qui est inévitable si, comme j'en ai eu l'impression et comme les spécialistes semblent le confirmer, Lisa Gerrard chante réellement en improvisant et en se laissant guider par les impulsions données par la musique de Klaus Schulze. Cela dit, quand ils se trouvent, ils se trouvent bien. Lorsque, lors des cinq-dix dernières minutes de la deuxième partie (extrait ici), les meilleures de tout le concert, Lisa et Klaus parviennent à marier leurs deux sons, à les fondre l'un dans l'autre, tout prend un sens nouveau et les possibilités offertes par cette collaboration étrange apparaissent clairement.
Après un tel moment de grâce, le rappel est au mieux anecdotique. Je n'en ai d'ailleurs retenu que la phrase amusante prononcée par Klaus Schulze en remontant sur scène : "I'm going to start alone. She'll come back in a moment. She's getting air.... She's not a synthesizer you know. She's analogue.", qui est me semble-t-il la meilleure conclusion possible pour ce trop long billet.
Pour ceux qui veulent un autre son de cloche, vous trouverez ici la chronique du concert de Paris par un ami, qui est avant tout fan de Klaus Schulze.
(Source de l'image ici)

J'ai rarement vu l'Ancienne Belgique présenter une moyenne d'âge aussi élevée. Une étude sociologique rigoureuse des spectateurs visibles depuis mon siège m'apprendra que le spectateur moyen était ventru, portait des lunettes et voyait avec désespoir sa chevelure blanchir et/ou disparaître (paille, poutre, toussah).
Les gérants de l'Ancienne Belgique connaissant bien leur métier, la salle est en configuration "musique de vieux" (comme pour Lambchop, Sigur Ros, etc.), ce qui signifie que les deux-tiers arrière de la fosse sont garnis de sièges en gradin. Tant mieux, le programme annonce une première partie solo pour Klaus Schulze et la perspective de me laisser bercer par ses nappes enveloppantes, douillettement prostré dans un fauteuil moelleux, me tente assez. Il sera toujours temps d'aller me prosterner aux pieds de la reine Lisa durant la seconde partie.
Lorsque le rideau s'ouvre à 20h30, la scène présente cinq énormes diffuseurs-amplis disposés en arc-de-cercle et couverts de boutons à pousser, de curseurs à tirer, de molettes à tourner et de loupiotes clignotantes. Devant l'espace ainsi délimité se trouvent à gauche et à droite des synthétiseurs et au milieu un Moog et un Mac. Au milieu de tout cela, un siège en cuir et, assis sur ce dernier, un type à lunettes, mal coiffé, en veston et tee-shirt, remercie le public de son accueil par un petit geste de la main... (comme quoi même les légendes vivantes peuvent aussi ressembler à des vendeurs d'électro-ménager.)
La taille imposante de toute cette machinerie évoque une curieuse impression de modernité ringarde. Un peu comme si, ayant pleinement conscience d'être un produit des années 70 et assez confiant dans son statut pour ne pas se sentir obligé de faire semblant de s'adapter aux technologies actuelles, Klaus Schulze avait crânement refusé de remplacer l'essentiel de son matos de l'époque (Mac excepté). Ce refus de participer à la course à la miniaturisation en électronique m'est plutôt sympathique.
Musicalement parlant, ça commence plutôt mal par quelques échantillons de voix que Klaus Schulze semble empiler en déput du bon sens à l'aide du synthé situé à sa droite, alternant on ne sait trop pourquoi le très aigu et le très grave. Et moi de penser d'un air inquiet que ce n'est pas parce qu'on a inventé un style et fait des disques cultes qu'on est capable d'improviser en direct et que
peut-être l'heure et demie de concert serait ainsi composée de brics et de brocs assemblés à la truelle. Heureusement, cette introduction ratée ne dure que quelques minutes, puis Klaus Schulze prend place à l'autre extrémité de son bunker. Immédiatement, il est évident que la suite du concert sera plus construite et, rapidement, la musique se rapproche de ce à quoi je m'attendais : des nappes planantes qui se succèdent comme des vagues sur lesquelles surnagent une écume composée de beats légers mid-tempo et de quelques arpèges charmants. C'est très agréable, même si on ne peut s'empêcher de penser que composer et/ou interpréter ce genre de choses ne doit plus demander beaucoup d'effort, que l'ami Klaus ne fait ici qu'appliquer les techniques qu'il a mises en place par le passé et pourrait tout aussi bien rester à la maison (Klaus ?) et demander à un roadie d'appuyer sur Start au début du concert. D'ailleurs, anecdote croustillante, c'est exactement ce qui s'est produit lors d'une date à Essen en Allemagne quelques jours plus
tôt. KS, souffrant, avait été obligé de garder le lit et Lisa Gerrard avait assuré le concert seule en scène sans que cela semble poser le moindre problème logistique.
Après un gros quart d'heure, un long decrescendo au cours duquel les différentes couches sonores disparaissent les une après les autres semble annoncer une autre phase du concert et, effectivement, en contradiction flagrante avec l'horaire officiel, Lisa apparaît, dans une robe de soirée rouge, et prend place au micro situé à la gauche de la scène.
Voir Lisa Gerrard chanter est toujours pour moi une expérience aussi étrange : ses yeux tour à tour fermés ou anormalement exorbités, ses regards fixes et hallucinés, son placement légèrement de biais par rapport à l'axe du micro, ce surprenant tic qui la fait régulièrement poser la main sur le pied de son micro, peut-être pour vérifier qu'elle est toujours bien à la bonne distance, le lent balancement de gauche à droite de sa tête lorsqu'elle veut créer un effet de vibrato. Ce n'est qu'en la voyant chanter en direct que l'on comprend à quel point son art est aussi le fruit d'un effort permanent, le résultat de longues années de travail et de perfectionnement. Vocalement parlant, Lisa apparaît ici en pleine possession de ses moyens. Elle retrouve même par moments une certaine forme d'urgence dans la voix qui rappelle Dead Can Dance (Yulunga par exemple), mais ces moments où elle semble sur le point d'entrer en transe ne sont jamais poussés à leur terme, même à la toute fin du morceau, malgré un tempo qui s'accélère quelque peu et une interaction plus poussée entre la voix et les machines. Mais bon, dans l'ensemble, je suis plutôt rassuré...sauf que, dès que le rideau se referme pour l'entracte, une inquiétude sourde m'étreint soudainement. Et si l'horaire officiel (première partie : KS solo, deuxième partie, les deux ensemble) était simplement inversé ? Et si Lisa ne revenait plus ?
Heureusement, il n'en est rien et, si on excepte le fait que la robe de Lisa est passée du rouge au bleu et un solo virtuose de Moog de l'ami Klaus dans les premières minutes (qui rappelle à ceux qui l'auraient oublié que Klaus Schulze vient quand même du rock progressif), la seconde partie ressemble d'ailleurs beaucoup à la première, en mieux.
En guise de résumé, je dirai que, pendant la grosse heure et demi de concerts, Klaus Schulze et Lisa Gerrard donnent parfois l'impression de se chercher, ce qui est inévitable si, comme j'en ai eu l'impression et comme les spécialistes semblent le confirmer, Lisa Gerrard chante réellement en improvisant et en se laissant guider par les impulsions données par la musique de Klaus Schulze. Cela dit, quand ils se trouvent, ils se trouvent bien. Lorsque, lors des cinq-dix dernières minutes de la deuxième partie (extrait ici), les meilleures de tout le concert, Lisa et Klaus parviennent à marier leurs deux sons, à les fondre l'un dans l'autre, tout prend un sens nouveau et les possibilités offertes par cette collaboration étrange apparaissent clairement.
Après un tel moment de grâce, le rappel est au mieux anecdotique. Je n'en ai d'ailleurs retenu que la phrase amusante prononcée par Klaus Schulze en remontant sur scène : "I'm going to start alone. She'll come back in a moment. She's getting air.... She's not a synthesizer you know. She's analogue.", qui est me semble-t-il la meilleure conclusion possible pour ce trop long billet.
Pour ceux qui veulent un autre son de cloche, vous trouverez ici la chronique du concert de Paris par un ami, qui est avant tout fan de Klaus Schulze.
(Source de l'image ici)
dimanche, septembre 27
Klaus Schulze & Lisa Gerrard, AB, 25 septembre 2009 (I)
Par bien des points, il s'agit d'une collaoration contre-nature. Les synthés d'une froideur toute germanique de Klaus Schulze (je m'autorise à utiliser un cliché aussi éculé car je ne connais pour ainsi dire rien de ses oeuvres et il faut bien que je fasse illusion, surtout dans un paragraphe d'introduction) et les vocalises supra-terrestres débordantes d'émotion de Lisa Gerrard n'auraient jamais dû se rencontrer, et encore moins se fondre dans une collaboration à long terme. Et pourtant...
Lorsque leur premier album commun Farscape a paru en 2008, je ne savais trop dans un premier temps que penser. Après avoir été déçu à répétition durant le années 2000 par les choix artistiques de Lisa Gerrard, que je sentais sombrer petit à petit dans l'anecdotique, en refusant de se coltiner à d'autres tempéraments que le sien et en ne travaillant plus qu'avec des collaborateurs de second plan qui se gardaient bien de la pousser à se mettre en danger, j'avais fini par ne plus espérer grand chose d'elle. Trop souvent, Lisa avait choisi pour accompagner sa voix de simples nappes planouillantes sans personnalité propre (sur la BO de Whale Rider notamment) et le résultat avait été décevant, car ces nappes étaient conçues comme un simple entonnoir qui canalise l'attention de l'auditeur vers une voix qui, à n'être ainsi reliée à rien, réussissait le triste exploit de paraître banale. Même Lisa Gerrard n'a pas le droit de dérouler en roue libre et espérer que je trouve ça génial par défaut (même si pour l'efficacité de ma démonstration, je passe ici sous silence The Silver Tree (2006), un album qui m'avait déjà un peu réconcilié avec ses productions récentes).
Connaissant la réputation de Klaus Schulze comme pape allemand du synthé planant, je m'étais donc dit dans un premier temps que cette nouvelle direction allait au moins l'obliger à s'adapter, à abandonner ses ficelles habituelles pour chercher une nouvelle manière de chanter, à mettre sa voix au service d'une autre personnalité artistique, possiblement aussi forte et établie que la sienne.
L'écoute de Farscape m'avait un peu fait déchanter. Comme tout le monde, Klaus Schulze s'est sans doute trouvé dans un premier temps tétanisé par la voix de Lisa Gerrard et n'a pas osé la mettre en danger, se contentant durant les cinq premiers tableaux de tisser un léger tapis d'arpèges et lâchant la bride à Lisa, qui n'était sans doute que trop heureuse de retrouver ses petites habitudes. Les choses commencent seulement à devenir intéressante dans les deux derniers tableaux à la fin du CD2, où un début de dialogue s'installe entre la voix de Lisa Gerrard et l'accompagnement de Klaus Schulze.
Cela dit, le disque, portait déjà en germe le signe d'un possible renouveau. En effet, la longueur des morceaux, une vingtaine de minutes en moyenne, donnait à la chanteuse une liberté nouvelle dont elle semblait ne pas trop savoir que faire mais qui a sans doute dû inconsciemment lui ouvrir de nouvelles perspectives. Après tout, bon nombre de musiques du monde (Nusrat Fateh Ali Khan par exemple) fonctionnent sur le mode de la répétition jusqu'à l'épuisement. Or, c'est une direction dont, jusqu'à présent, les origines pop-rock de Dead Can Dance l'avaient tenue éloignée. Peut-être cette notion de durée allait-elle la conduire à repenser la manière dont elle envisage son chant, à retrouver l'envie de construire des morceaux et cette capacité unique à créer puis à résoudre des tensions, capacité qui était le secret de fabrication de ses productions des années 80 et 90 et qu'on retrouve dans son état le plus pur dans des morceaux comme The Host of Seraphim ou Cantara par exemple.
Tel était mon état d'esprit ce vendredi soir lorsque, confortablement installé dans un des sièges de l'AB, je vois s'éteindre les lumières de la salle (comble) : joie de revoir Lisa Gerrard dans une salle à taille humaine, curiosité de voir de quoi est capable Klaus Schulze, mais faible espoir de pouvoir réellement retrouver l'intensité exceptionnelle de mes concerts de Dead Can Dance et Lisa Gerrard dans les années 90. Qu'en a-t-il été ? Vous le saurez en suivant le prochain épisode des fabuleuses aventures de "Petit Pierre au pays des synthés magiques et de la bonne fée Lisa" (titre provisoire).
Lorsque leur premier album commun Farscape a paru en 2008, je ne savais trop dans un premier temps que penser. Après avoir été déçu à répétition durant le années 2000 par les choix artistiques de Lisa Gerrard, que je sentais sombrer petit à petit dans l'anecdotique, en refusant de se coltiner à d'autres tempéraments que le sien et en ne travaillant plus qu'avec des collaborateurs de second plan qui se gardaient bien de la pousser à se mettre en danger, j'avais fini par ne plus espérer grand chose d'elle. Trop souvent, Lisa avait choisi pour accompagner sa voix de simples nappes planouillantes sans personnalité propre (sur la BO de Whale Rider notamment) et le résultat avait été décevant, car ces nappes étaient conçues comme un simple entonnoir qui canalise l'attention de l'auditeur vers une voix qui, à n'être ainsi reliée à rien, réussissait le triste exploit de paraître banale. Même Lisa Gerrard n'a pas le droit de dérouler en roue libre et espérer que je trouve ça génial par défaut (même si pour l'efficacité de ma démonstration, je passe ici sous silence The Silver Tree (2006), un album qui m'avait déjà un peu réconcilié avec ses productions récentes).
Connaissant la réputation de Klaus Schulze comme pape allemand du synthé planant, je m'étais donc dit dans un premier temps que cette nouvelle direction allait au moins l'obliger à s'adapter, à abandonner ses ficelles habituelles pour chercher une nouvelle manière de chanter, à mettre sa voix au service d'une autre personnalité artistique, possiblement aussi forte et établie que la sienne.
L'écoute de Farscape m'avait un peu fait déchanter. Comme tout le monde, Klaus Schulze s'est sans doute trouvé dans un premier temps tétanisé par la voix de Lisa Gerrard et n'a pas osé la mettre en danger, se contentant durant les cinq premiers tableaux de tisser un léger tapis d'arpèges et lâchant la bride à Lisa, qui n'était sans doute que trop heureuse de retrouver ses petites habitudes. Les choses commencent seulement à devenir intéressante dans les deux derniers tableaux à la fin du CD2, où un début de dialogue s'installe entre la voix de Lisa Gerrard et l'accompagnement de Klaus Schulze.
Cela dit, le disque, portait déjà en germe le signe d'un possible renouveau. En effet, la longueur des morceaux, une vingtaine de minutes en moyenne, donnait à la chanteuse une liberté nouvelle dont elle semblait ne pas trop savoir que faire mais qui a sans doute dû inconsciemment lui ouvrir de nouvelles perspectives. Après tout, bon nombre de musiques du monde (Nusrat Fateh Ali Khan par exemple) fonctionnent sur le mode de la répétition jusqu'à l'épuisement. Or, c'est une direction dont, jusqu'à présent, les origines pop-rock de Dead Can Dance l'avaient tenue éloignée. Peut-être cette notion de durée allait-elle la conduire à repenser la manière dont elle envisage son chant, à retrouver l'envie de construire des morceaux et cette capacité unique à créer puis à résoudre des tensions, capacité qui était le secret de fabrication de ses productions des années 80 et 90 et qu'on retrouve dans son état le plus pur dans des morceaux comme The Host of Seraphim ou Cantara par exemple.
Tel était mon état d'esprit ce vendredi soir lorsque, confortablement installé dans un des sièges de l'AB, je vois s'éteindre les lumières de la salle (comble) : joie de revoir Lisa Gerrard dans une salle à taille humaine, curiosité de voir de quoi est capable Klaus Schulze, mais faible espoir de pouvoir réellement retrouver l'intensité exceptionnelle de mes concerts de Dead Can Dance et Lisa Gerrard dans les années 90. Qu'en a-t-il été ? Vous le saurez en suivant le prochain épisode des fabuleuses aventures de "Petit Pierre au pays des synthés magiques et de la bonne fée Lisa" (titre provisoire).
mercredi, septembre 23
Muse s'amuse
Muse est passé il y a quelques jours à la télévision italienne, qui les a obligés à jouer en playback.... Ca ne leur a pas plu.
Je ne sais pas ce qu est le plus drôle ici : la manière dont la présentatrice présente "The Muse", le jeu de batterie très inspiré de Matt Bellamy ou le fait que le faux chanteur Dom a tout fait pour ressembler à un Thom Yorke qui aurait fait plus de sport et moins de crise d'angoisse dans sa cave.
Donc, ils ont de l'humour...
Il ne me reste plus qu'à me faire une opinion sur l'album. Ce sera ma mission du weekend.
Je ne sais pas ce qu est le plus drôle ici : la manière dont la présentatrice présente "The Muse", le jeu de batterie très inspiré de Matt Bellamy ou le fait que le faux chanteur Dom a tout fait pour ressembler à un Thom Yorke qui aurait fait plus de sport et moins de crise d'angoisse dans sa cave.
Donc, ils ont de l'humour...
Il ne me reste plus qu'à me faire une opinion sur l'album. Ce sera ma mission du weekend.
jeudi, septembre 17
Débattons, débattons.....
A l'occasion de la remise des titres de docteurs Honoris Causa de l'Université de Liège, des musiciens d'horizons divers étaient réunis ce matin à la Salle Académique pour débattre du thème général de "Passeurs de musiques" (joliment traduit en anglais par 'Music's ferrymen'). Etaient présents : Anthony Braxton, Arvo Pärt, Dick Annegarn, Robert Wyatt, Frederic Rzewski. Soit deux dont je connais bien l'oeuvre, un dont j'ai entendu des bribes et deux dont je ne savais rien (je vous laisse deviner lesquels).
J'étais assez impatient de voir comment des créateurs venant de domaines aussi différents allaient pouvoir interagir et se rencontrer : un jazzman fan de musique contemporaine (et dont le fils est membre de Battles), un rockeur prog reconverti en délicat orfèvre de jazz-pop, un compositeur contemplatif slave tendance mystique, un créateur de chansons, un pianiste militant, etc... Avaient-ils vraiment des choses à se dire et à échanger ?
Globalement, la réponse est oui, même si cela n'a pas été sans mal. Le modérateur avait tendance à poser des questions très théoriques et abstraites qui semblaient devoir dans un premier temps enfermer le débat dans des querelles de chapelles (pour tout dire, la première intervention d'Arvo Pärt a été de dire "Vous n'avez pas une question plus simple ?").
Le débat a tout d'abord tourné autour de la différence (si elle existe) entre composition et improvisation. Pour le commun des mortels, la réponse semble devoir a priori être oui, mais au fur et à mesure des échanges des notions séduisantes pour le béotien que je suis apparaissent et me font réfléchir : la notion d'improvisation comme "real-time composition", comme respect d'un ensemble de codes finalement assez stricts, la composition comme exercice de mémoire, de planification, etc... Evidemment, chaque musicien défendait son pré carré. Arvo Pärt est ainsi plus rétif à l'improvisation ("Une soupe très liquide") qu'Anthony Braxton.
La seconde moitié du débat a surtout tourné autour de la question : la musique est-elle politique ? Comme souvent, le débat n'est pas tant un débat d'idées qu'un débat lexical. Certains prennent le mot musique en son sens le plus étroit, c'est-à-dire un assemblage de notes et de sons et en déduisent qu'évidemment, la musique n'est pas et ne peut jamais être politique (Dick Annegarn : "une tierce mineure est-elle de gauche ou de droite ?"). D'autres dans le public considèrent que le terme musique contient aussi les paroles de chansons et évoquent les guerilleros sandinistes qui ont créé des chansons sur le montage et l'utilisation de certains fusils ou évoquent le cas des compositeurs soviétiques obligés de créer des symphonies joyeuses et proches du peuple s'ils voulaient les voir jouées par les orchestres d'Etat, etc.. Personnellement, je trouve ce genre de questions le plus souvent creux et stérile (comment débattre de ces questions si on ne se met pas d'accord avant tout sur le sens des mots "musique" et "politique"). Cela dit, en écoutant tout ce beau monde deviser gaiment, il m'est venu une ébauche de théorie sur la politique comme "étude et évolution des rapports de pouvoir entre différents groupes sociaux, culturels et économiques", définition qui, si on l'accepte, entrapine que l'incorporation dans la musique savante ou au contraire populaire d'idées, de motifs venant d'horizons divers peut devenir dans certains milieux et à certaines époques un acte politique.
Pour finir, après une petite séquence hagiographique sur le viking SDF Moondog, chaque intervenant a donné quelques informations sur sa manière de composer. Robert Wyatt fonctionne beaucoup sur l'empilement d'ébauches sur bandes qu'il doit ensuite, lorsqu'une certaine harmonie semble apparaître dans la masse ainsi produite, éditer et organiser sous formes de chansons. Arvo Pärt fonctionne par illumination, cherchant à faire le vide en lui, jusqu'à ce qu'une étincelle surgisse, sans qu'il sache exactement comment ou pourquoi, etc.
Voilà un rapide résumé de ce dont je me souviens (je n'ai rien noté donc j'ai déjà sans doute beaucoup oublié). Dans l'ensemble, ce fut plutôt agréable à suivre, même si rien de transcendant n'en est sorti. Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de discussions autour de l'opposition entre musiques savantes et populaires, un thème qui m'a évidemment toujours passionné et sur lequel la majorité des intervenants présents ici auraient sans doute eu beaucoup à dire.
Prochaine étape : le concert de ce soir, où la rumeur veut que Robert Wyatt pousse la chansonnette. J'attends ça avec impatience.
J'étais assez impatient de voir comment des créateurs venant de domaines aussi différents allaient pouvoir interagir et se rencontrer : un jazzman fan de musique contemporaine (et dont le fils est membre de Battles), un rockeur prog reconverti en délicat orfèvre de jazz-pop, un compositeur contemplatif slave tendance mystique, un créateur de chansons, un pianiste militant, etc... Avaient-ils vraiment des choses à se dire et à échanger ?
Globalement, la réponse est oui, même si cela n'a pas été sans mal. Le modérateur avait tendance à poser des questions très théoriques et abstraites qui semblaient devoir dans un premier temps enfermer le débat dans des querelles de chapelles (pour tout dire, la première intervention d'Arvo Pärt a été de dire "Vous n'avez pas une question plus simple ?").
Le débat a tout d'abord tourné autour de la différence (si elle existe) entre composition et improvisation. Pour le commun des mortels, la réponse semble devoir a priori être oui, mais au fur et à mesure des échanges des notions séduisantes pour le béotien que je suis apparaissent et me font réfléchir : la notion d'improvisation comme "real-time composition", comme respect d'un ensemble de codes finalement assez stricts, la composition comme exercice de mémoire, de planification, etc... Evidemment, chaque musicien défendait son pré carré. Arvo Pärt est ainsi plus rétif à l'improvisation ("Une soupe très liquide") qu'Anthony Braxton.
La seconde moitié du débat a surtout tourné autour de la question : la musique est-elle politique ? Comme souvent, le débat n'est pas tant un débat d'idées qu'un débat lexical. Certains prennent le mot musique en son sens le plus étroit, c'est-à-dire un assemblage de notes et de sons et en déduisent qu'évidemment, la musique n'est pas et ne peut jamais être politique (Dick Annegarn : "une tierce mineure est-elle de gauche ou de droite ?"). D'autres dans le public considèrent que le terme musique contient aussi les paroles de chansons et évoquent les guerilleros sandinistes qui ont créé des chansons sur le montage et l'utilisation de certains fusils ou évoquent le cas des compositeurs soviétiques obligés de créer des symphonies joyeuses et proches du peuple s'ils voulaient les voir jouées par les orchestres d'Etat, etc.. Personnellement, je trouve ce genre de questions le plus souvent creux et stérile (comment débattre de ces questions si on ne se met pas d'accord avant tout sur le sens des mots "musique" et "politique"). Cela dit, en écoutant tout ce beau monde deviser gaiment, il m'est venu une ébauche de théorie sur la politique comme "étude et évolution des rapports de pouvoir entre différents groupes sociaux, culturels et économiques", définition qui, si on l'accepte, entrapine que l'incorporation dans la musique savante ou au contraire populaire d'idées, de motifs venant d'horizons divers peut devenir dans certains milieux et à certaines époques un acte politique.
Pour finir, après une petite séquence hagiographique sur le viking SDF Moondog, chaque intervenant a donné quelques informations sur sa manière de composer. Robert Wyatt fonctionne beaucoup sur l'empilement d'ébauches sur bandes qu'il doit ensuite, lorsqu'une certaine harmonie semble apparaître dans la masse ainsi produite, éditer et organiser sous formes de chansons. Arvo Pärt fonctionne par illumination, cherchant à faire le vide en lui, jusqu'à ce qu'une étincelle surgisse, sans qu'il sache exactement comment ou pourquoi, etc.
Voilà un rapide résumé de ce dont je me souviens (je n'ai rien noté donc j'ai déjà sans doute beaucoup oublié). Dans l'ensemble, ce fut plutôt agréable à suivre, même si rien de transcendant n'en est sorti. Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de discussions autour de l'opposition entre musiques savantes et populaires, un thème qui m'a évidemment toujours passionné et sur lequel la majorité des intervenants présents ici auraient sans doute eu beaucoup à dire.
Prochaine étape : le concert de ce soir, où la rumeur veut que Robert Wyatt pousse la chansonnette. J'attends ça avec impatience.
samedi, septembre 12
J'étais persuadé d'avoir ce morceau de Brian Eno en CD.....
et bien non.... Ce n'est sur aucune des trois compilations de Music For Films. Je ne vais quand même pas devoir acheter un album de Toto !!
(En attendant, il y a un mp3 disponible ici)
jeudi, septembre 10
dimanche, septembre 6
Les bienfaits de Youtube...
Voir en 2009 la vidéo d'une chanson de 1986 que j'adore (vraiment) et que je n'avais fait qu'entrapercevoir une fois à l'époque de sa sortie.
Je continue de penser que peu de chansons avec un son aussi fondamentalement 80s ont aussi bien vieilli, même si la version de l'album me semble assez nettement supérieure à celle-ci, sortie un an plus tôt. J'angoisse à l'idée que mon exemplaire en CD de l'album puisse bientôt rendre l'âme. Je doute en effet de jamais en retrouver un autre.
EDIT : Et tant que je suis en pleine régression germanisante, je renchéris avec :
Je continue de penser que peu de chansons avec un son aussi fondamentalement 80s ont aussi bien vieilli, même si la version de l'album me semble assez nettement supérieure à celle-ci, sortie un an plus tôt. J'angoisse à l'idée que mon exemplaire en CD de l'album puisse bientôt rendre l'âme. Je doute en effet de jamais en retrouver un autre.
EDIT : Et tant que je suis en pleine régression germanisante, je renchéris avec :
mercredi, septembre 2
Jonny goes classic
Pour les fans du Radiohead, j'ai enfin mis la main sur l'oeuvre pour orchestre de Jonny Greenwood jouée il y a quelques jours aux Proms de la BBC. Après une première écoute, je retrouve avec un certain plaisir les cordes dissonantes de la BO de There Will Be Blood. Une deuxième écoute sera néanmoins nécessaire avant que je me décide à trouver ça vraiment bien ou inutilement prétentieux, frontière étroite sur laquelle tanguent la grande majorité des oeuvres de "musique contemporaine".
samedi, août 29
Extreme stagediving au Pukkelpop
L'incident arrive à 2:40, mais comme les choses sont bien faites, vous pouvez passer ces 160 secondes d'attente à écouter ma chanson préférée de Faith No More. Et Mike Patton semble être dans l'ensemble plutôt un chic type, mais avait-on vraiment des raisons d'en douter ?
Pour ceux que ça intéresse, le sauteur inconscient serait un technicien lumière de La Roux et ne serait pas trop gravement atteint.
(merci au vendeur de Caroline Music)
EDIT : Tant que j'en suis à parler de Faith No More, ceci pourrait bien être la vidéo Youtube la plus formidable de tous les temps.
(mais il faut être anglophile pour comprendre pourquoi)
Pour ceux que ça intéresse, le sauteur inconscient serait un technicien lumière de La Roux et ne serait pas trop gravement atteint.
(merci au vendeur de Caroline Music)
EDIT : Tant que j'en suis à parler de Faith No More, ceci pourrait bien être la vidéo Youtube la plus formidable de tous les temps.
(mais il faut être anglophile pour comprendre pourquoi)
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