mardi, juillet 5

Live Eight : petit débriefing.

- Commençons par évacuer les sujets qui fâchent : il est évidemment difficile de ne pas ricaner en écoutant les propos sentencieux de toutes ces pop-stars se sentant investies d'une mission quasi-divine d'évangélisation des masses (palme d'or de l'emphase à Chris Martin). Pourtant, à force d'entendre autour de moi des gens inventer des arguments toujours plus farfelus pour expliquer en quoi le Live 8 était un remède pire que le mal, j'ai fini par trouver une réjouissante naïveté dans le propos (en gros 'Huit hommes dans une pièce peuvent changer le monde et faire disparaître d'un seul claquement de doigts la pauvreté dans le monde et ils vont le faire parce que Bono, Madonna, Brad Pitt et Bill Gates le leur ont demandé'), naïveté qui me semble finalement préférable au cynisme nihiliste de ceux qui voient dans Bob Geldof un acteur important de l'oppression de l'Afrique par les pays riches. Certes, il faut prendre cette grand-messe humanitaro-autocongratulo-musico-publicitaro-médiatique pour ce qu'elle est, c'est-à-dire essentiellement une gros gâteau plein de bons sentiments, légèrement écoeurant et recouvert d'une fine couche d'orgueil mal placé de la part d'ex-punks reconvertis dans l'humanitaire, mais je n'ai pas l'impression que ça en fasse l'entreprise nocive que certains y voient. Cela étant dit, vautrons nous dans la futilité. Après tout, c'est l'été.

- Plaignons d'abord les pauvres membres de A-Ha qui ont complètement foiré leur Take On Me à cause de problèmes de retour alors qu'ils tenaient là une belle occasion de montrer au monde entier qu'ils existaient toujours.

- Bien qu'il ne soit qu'un humble serviteur de la cause, voué à l'ombre et à l'anonymat, Bob Geldof n'a pas pu s'empêcher de nous refaire ce qui restera à tout jamais sa seule chanson connue, I don't like Shaun Ryder, even when he's not happy.

- Eh, mais c'est vrai que le batteur de Def Leppard n'a qu'un bras !

- Il va vraiment falloir que je me penche de plus près sur le cas Kanye West. Le son de Diamonds from Sierra Leone est énorme.

- Bien que Billie Joe Armstrong de Green Day ne pensait sûrement pas à mal, je me demande s'il n'aurait pas dû réfléchir à deux fois avant de demander à 100.000 Berlinois de crier 'Hey, Hey, Hey' la main tendue vers l'avant (désolé pour les Allemands qui me lisent, je ne sais pas trop pourquoi cette analogie m'est apparue flagrante devant mon poste de télévision). Cela dit, Holiday est définitivement une chanson formidable cela dit et tout groupe de punk californien qui joue avec un accordéon mérite au moins un coup de béret.

- Il faut absolument que Michael Stipe se calme avec le maquillage. On dirait Kimera.

- Je ne sais pas pour qui se prenaient les quatre vieillards qui ont joué vers la fin, mais leur reprise des Scissor Sisters était mollassonne à mourir. (je plaisante)

- Malgré vingt ans à déclarer à qui voulait l'entendre qu'ils haïssaient les concerts de charité et que les rock stars jouant aux Messies humanitaires ne méritaient que honte et ridicule, les Pet Shop Boys avaient l'air contents d'être là.

- J'ai loupé la prestation de Mariah Carey, mais à en lire les comptes-rendus, ça valait son pesant de Xanax.

- Si on excepte les participants au Eden Festival en Cornouailles, le seul Africain présent était Youssou N'dour, qui est venu ajouter quelques ad-libs au Thank You de Dido juste avant que les deux compères ne nous interprètent l'inusable Seven Seconds. A ma grande surprise, certains ont trouvé que c'était un massacre en règle, que Dido a chanté faux du début à la fin (je n'ai personnellement relevé que deux notes un peu approximatives) et que Youssou N'dour semblait faire contre mauvaise fortune bon coeur face à ses beuglements. J'ai personnellement trouvé que c'était un des plus beaux moments du concert, sans doute parce qu'il s'agit d'une chanson que j'aime beaucoup et que je n'avais plus entendue depuis des années.

- Je ne me souvenais plus que j'aimais autant In The End de Linkin Park, mais je ne devrais sans doute pas l'avouer avec une telle candeur.

- Contrairement à ce qui avait été annoncé de toutes parts, il n'y eut pas à Philadelphie de Justin Timberlake aphone se forçant à chanter contre l'avis de ses médecins parce qu'il ne pouvait décemment pas refuser de sauver le monde si on le lui demandait. Quel égoïsme scandaleux.

- Il est bien évident que les artistes étaient tous là pour la cause, et pas pour faire leur promotion.

- Finalement, je crois que je vais regretter les 260 hits quotidiens que ma première place pour une recherche 'live eight' sur Google.fr me garantissait. Bob, tu recommences quand tu veux.

1 commentaire:

godspeed a dit…

Hey, hey, je te l'avais bien dit que tu aimerais Green Day un jour !! :)
Ceci dit, même au Zénith à Paris, quand ils demandaient de lever le poing en criant yeah, je trouvais ça limite, il n'y a pas qu'à Berlin...

Y avait Alpha Blondy comme autre africain, à Paris...