Dès l'entrée sur le site, il est clair que le public est nettement plus nombreux aujourd'hui qu'hier et les tee-shirts Indochine sont légion. Pour une bonne part des spectateurs, le festival ne démarrera réellement qu'à 22h30, mais commençons par le commencement, ce qui pour moi signifie le set de VENUS à 16h00. Je connais très peu de choses de ce groupe qui m'a toujours semblé non dénué de talent mais dont les chansons ont rarement provoqué en moi autre chose qu'un désintérêt poli. Ce concert ne va rien y changer. Bravo pour l'utilisation d'un violon et d'une contrebasse, un bon point pour la présence scénique du chanteur (qui devrait pourtant un peu moins baser ses interventions parlées sur la rivalité Standard-Anderlecht, ça a fini par se voir), et j'étais plutôt content qu'ils aient joué leur tube mais, malgré tout cela, je n'y pensais déjà plus un quart d'heure plus tard, sans doute parce que j'étais alors en train d'écouter ETE 67, le petit groupe liégeois qui monte. J'ai tendance en général à être plus sévère dans mes jugements pour les groupes belges que pour les groupes étrangers (anglais par exemple), ce qui fait que rares sont les groupes belges que j'aime vraiment (même si le dernier album de Half Asleep est vraiment une merveille). Eté 67 est un peu l'exception à cette consternante forme de chauvinisme inversé. Des chansons comme Le quartier de la gare ou Dis-moi encore par exemple font preuve d'un sens de la mélodie largement au-dessus de la moyenne et rappellent un peu Louise Attaque (la voix du chanteur y est sans doute pour beaucoup). Certes, les paroles ont parfois un petit côté boy-scout ("la pauvreté c'est triste, la guerre c'est mal et les amis c'est super") et le groupe fait preuve sur scène d'une désarmante candeur qui peut sans doute rebuter les plus cyniques (ils dédient notamment une chanson à leur camionnette de tournée, apparemment sincèrement) mais bon, pour avoir réussi le mariage du pop-rock mélodique à la française et de la chanson réaliste, je leur pardonne beaucoup (il y a deux titres à écouter ici).
Tant qu'à parler de pop-rock mélodique à la française, on enchaîne avec le concert de DOMINIQUE A, venu présenter son dernier album L'horizon (qui est peut-être bien celui que je préfère de toute sa carrière). Je m'attendais à voir pour l'occasion monter sur scène le régional de l'étape Sacha Toorop (aka Zop Hopop), présent sur le site et batteur de longue date pour Dominique A (notamment sur le dernier album). Il n'en fut rien mais cela n'a pas empêché Dominique A de donner un concert très compact qui a fait une large place aux chansons du nouvel album sans oublier quelques morceaux plus anciens pour combler les fans de la deuxième heure (La peau, La mémoire neuve). On est décidément très loin du minimalisme amateur des deux premiers albums (complètement, sauf erreur de ma part, absents de la setlist) et on a assisté à un vrai concert de musiciens. Le batteur et le guitariste font appet à toute leur science du jeu pour construire de jolies cages soniques dont s'échappe la voix envoûtante de Dominique A, qui se fait presque lyrique par instants. J'ai vraiment l'impression que, après deux albums décevants et quatre-cinq ans de recherche, Dominique A a enfin retrouvé un style qui convient à son âge et avec lequel il se sent en phase. J'ai eu l'impression de voir un chanteur heureux, ce qu'il n'était clairement pas à l'époque de Remué, quand je l'avais vu pour la dernière fois.
Histoire de ne pas encore devoir jouer les mauvais Belges, je fais poliment l'impasse sur MALIBU STACY et attend le concert de COCOROSIE en discutant. Je n'ai jamais bien compris l'enthousiasme critique qui a entouré la sortie des deux albums des soeurs Cassidy. Suffit-il vraiment de prendre une voix de petite fille et de tapoter sans y croire sur des jouets d'enfants pour enthousiasmer les foules ? A force de gloser sans fin sur la "magie" qui se dégage de la musique de Cocorosie, tout le monde semble feindre d'ignorer qu'elles n'ont jamais écrit une chanson digne de ce nom et le concert n'allait pas vraiment me faire changer d'avis. Après une demi-heure où les deux soeurs rivalisent de minauderie devant leur batteuse butch et leur b-boy caillera, j'étais même à la limite de l'irritation, désarçonné par l'enthousiasme délirant d'un public que j'imgaginais défoncé à la grenadine et au marshmallow. Ce n'est qu'à la toute fin du concert, lorsque les musiciens ont fait monter sur scène des petits n'enfants (très nombreux dans les premiers rangs) pour leur faire danser la ronde sur un petit air de comptine que la vraie nature de Cocorosie, faite de ludisme régressif et d'innocence frelatée, m'est apparue. Finalement, il n'y a aucune raison que je m'énerve. J'ai juste passé l'âge d'écouter de la musique pour enfants.
Plutôt que d'aller voir NADA SURF sur la grande scène, je me suis confortablement assis contre la barrière au premier rang pour regarder sur l'écran géant le début de la finale de la Coupe du Monde de Football. Avec un pénalty qui n'en est pas un et un but de la tête qui en est vraiment un, les Italiens méritaient mieux et le public présent, largement acquis à leur cause, semblaient de mon avis. Quelques minutes après la fin de la première mi-temps, les NITS entrent en scène devant un public franchement clairsemé (la concurrence du foot sur l'autre scène est rude). Je ne sais pas trop qu'ajouter à ce que j'ai déjà écrit à propos du précédent concert bruxellois des Nits. Le set donné ici y ressemblait beaucoup jusqu'à sa division en une partie "intime" et une partie "grand spectacle" (même si le grand spectacle signifie ici juste une batterie et un clavier légèrement plus grands). Les chansons imparables s'enchaînent. Henk Hofstede chante comme toujours avec un sourire jusqu'aux oreilles. Rob Kloet fait honneur à son statut de meilleur percussioniste pop et Robert Jan Stips joue ses traits sans se douter que Le Soir du lendemain l'appellerait Laetitia (gageons que le journaliste avait préféré aller suivre Zidane à l'autre bout du site que de vérifier de visu si ses fiches étaient à jour). Comme toujours, un petit moment de bonheur.
Ensuite, retour vers la grande scène où un public compact s'entasse, partagé équitablement entre les "Forza Italia", "Allez Zidane", "Tout sauf la France" et les "Rien à foutre du foot, on veut INDOCHINE !!!". Finalement, après que justice sportive fut faite, le groupe entre enfin en scène pour un concert de presque deux heures qui m'a laissé assez perplexe. J'avoue volontiers ne connaître de la bande à Sirkis que quelques tubes des années 80 (L'aventurier, Trois nuits par semaine ou Troisième sexe, scandaleusement exclu de la setlist), et J'ai demandé à la lune. Pendant 1h50, j'ai donc entendu pour la première fois (ou presque) une kyrielle de chansons et me suis rendu compte avec une certaine surprise qu'elles sonnaient toutes exactement de la même façon. Des arrangements rock très basiques et une fâcheuse propension à la dilution n'arrangeaient rien, ce qui fait qu'au bout d'1h, je commençais à poliment m'ennuyer. Je me suis alors mis pour passer le temps à tenter de prévoir après chaque phrase à quoi ressemblerait la suivante. Sur les derniers morceaux, j'étais devenu assez bon. Cela dit, à quoi bon s'acharner sur un groupe qui a réussi à survivre à 25 ans de critiques assassines ?
Tout bien considéré, le festival fut pour moi une vraie réussite. Il ne reste plus qu'à espérer que, malgré ses apparents déboires financiers, il connaîtra une seconde édition.
3 commentaires:
Salut, je viens de lire te critiques du Festival Les Ardentes. J'ai un peu du mal à comprendre ta conclusion: tu es visiblement un spécialiste musical, spécialiste des festivals, qui les descends en flèche du début à la fin...mais au final c'est une vraie réussite??? :-) Il faut dire que tu es peut as peut être commencé en te disant trop "pfff nul", et que ta journée est restée sur la même lignée, sans réellement avoir envie de t'amuser...
La réussite d'un festival ne se mesure pas seulement au fait que j'aime ou pas les groupes qui s'y produisent. Que l'affiche contenait pas mal de noms qui ne m'intéressent que modérément, c'est vrai mais ce n'est certainement pas de la faute des organisateurs. Les groupes que je n'aimais pas ont plu à beaucoup d'autres et ça suffit à justifier leur présence. Je trouve que parvenir à faire venir des gens comme Woven Hand, les Nits ou Dominique A dans un festival qui débute et où je peux me rendre sans devoir prendre la voiture ou le train, ça tient de la réussite, surtout que l'organisation m'a semblé pas loin d'être parfaite.
Sinon, je n'ai pas eu l'impression de descendre le festival d'un bout à l'autre de ma chronique... J'ai juste parlé des groupes, ce qui n'est pas la même chose. Je vais la relire de ce pas.. tu m'inquiètes. :)
J'ai tout relu. Désolé, je ne vois pas du tout d'où tu tires l'idée que j'ai descendu le festival de bout en bout de ma chronique. J'ai juste dit du mal de quelques groupes en particulier (et encore il me semble que je dis du bien de plus de la moitié des groupes que j'ai vus, ce qui, pour un festival, est plutôt une bonne moyenne). De plus, je n'ai jamais considéré qu'assister au concert d'un groupe que je n'aime pas était du temps perdu, surtout si le groupe en question est populaire. Ca me permet au moins de me confronter à ce qu'ils font et d'avoir des jugements plus étayés. :)
Merci de m'avoir lu en tout cas.
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