Kaiser Chiefs - Employment (B Unique/Polydor)
Chaque année, le NME nous vend trois ou quatre groupes censés changer la face du monde ou au moins celle du mur surplombant le lit de ses plus jeunes lecteurs. Ce fut successivement The Strokes, The White Stripes, Franz Ferdinand, Razorlight, The Libertines, etc... En général, ces groupes me plaisaient pendant environ deux mois puis je m'en désintéressais totalement. Dans le genre, 2005 se révèle donc plutôt un bon cru puisque, sur les trois groupes matraqués au début de l'année (Bloc Party, Futureheads et Kaiser Chiefs), deux m'intéressent encore à moitié aujourd'hui. Kaiser Chiefs n'est sans doute pas sur le papier le groupe le plus intéressant du lot (d'ailleurs, le plus intéressant sur la papier est celui que j'aime le moins) mais il est sans doute celui qui, sur le plan de l'efficacité pop pure, obtiendrait la meilleure note. Ricky Wilson et sa bande ne reculent en effet devant rien pour faire sautiller le festivalier d'été : lignes de synthés et basse bondissantes, choeurs emplis ras-la-glotte de nanana, wahou et autres yeah, ainsi que des textes dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'invitent pas à la réflexion. J'ai ainsi une tendresse particulière pour "Pneumothorax is a word that is long" dans Saturday Night (merci Elea). Le titre de l'album se veut un hommage détourné au Leisure de Blur mais si on veut trouver des réminiscences de la bande à Damon dans Employment, ce sera plutôt du côté de Boys and Girls ou de Country House qu'il faudra les chercher (c'est frappant sur What did I ever give you?, une chanson qui ressemble tellement à Blur qu'elle semble constamment sur le point de perdre son guitariste). On pourrait dire en résumé que Kaiser Chiefs réalise en 2005 la fusion britpop-synthés brillamment mise au point par The Killers en 2004. Comme le Hot Fuss de ces derniers, Employment n'est d'ailleurs qu'à moitié convaincant puisque tous les tubes sont soigneusement placés dans la première moitié de l'album, dans l'espoir sans doute que l'auditeur moyen, rassasié et épuisé d'avoir tant sautillé, ne s'aventure jamais dans la seconde. En ces temps de zapping effréné, ce n'est pas forcément un mauvais calcul.
Depeche Mode - Playing the angel (Mute)
Se forcer à mettre au net l'opinion que l'on a d'un disque peut parfois mener à des questionnements angoissants. Par exemple : la difficulté que j'ai à m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant 25 ans de carrière derrière lui serait-elle la preuve que j'ai encore un rapport adolescent à la musique (dans le sens de "qui fait entrer dans son appréciation d'un disque des à-côtés médiatiques ou publicitaires dont il devrait pour bien faire pouvoir faire abstraction") ? Ou encore celui-ci : le fait que je préfère quasi-systématiquement la première moitié des albums ne serait-elle pas de nouveau la preuve d'une écoute trop superficielle ou distraite, l'attention se délitant au fur et à mesure que les chansons s'enchaînent ? Serais-je réellement incapable de juger chaque chanson sur ses propres mérites ? Est-ce grave ?
Le nouvel album de Depeche Mode met ce type de questionnement dans une lumière particulièrement crue. Bien que je suive le groupe avec attention depuis longtemps, je n'ai jamais réellement été fan. Du coup, tout l'enthousiasme que devrait a priori susciter en moi ce retour aux sonorités synthétiques est tempéré par le sentiment que, quelque bonnes qu'elles soient, ces 12 nouvelles chansons ne font en gros que répéter ce que le groupe avait déjà dit auparavant (et sans doute mieux). L'atmosphère générale flirte d'ailleurs avec l'auto-caricature. La pochette arbore la déclaration d'intention suivante : "Pain and suffering in various tempos" et les chansons portent des titres aussi légers que A Pain That I'm Used To, Suffer Well, The Sinner In Me et The Darkest Star (Fred Durst et Chester Bennington devraient prendre des notes). Franchement.... Des quarantenaires multimillionaires ressassant ces thématiques d'adolescents mal dans leur peau sont-ils encore crédibles ? Et pourquoi pas ? D'autant qu'ils signent ici leur meilleur album depuis au moins Songs of Faith and Devotion et que des chansons telles que John the Revelator et Suffer Well (cette dernière, bien que composée par Dave Gahan, est plus Gore que nature) n'ont pas à rougir à côté des chefs-d'oeuvre historiques du groupe (genre Stripped et A Question of Lust). Un très bon album donc, mais auquel il manque le petit effet de surprise qui fait les vrais coups de coeur.
Nits - Les Nuits (Werf/Sony-BMG)
Ecoutant cet album en repensant à ce que j'avais écrit sur Depeche Mode, je me suis un peu rasséréné. Il semblerait en fait que je sois tout à fait capable de m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant plus de 25 ans de carrière derrière lui et si la première moitié de cet album me semble meilleure que la seconde, ce n'est que marginalement. Je reprends espoir. Ce nouvel album des Nits est une merveille de pop atmosphérique et The Eiffel Tower est une des meilleures chansons de l'année (voire la meilleure). Je n'en dis pas plus car j'avais déjà longuement parlé de l'album ici.
1 commentaire:
Dans le genre légèreté pop 100% fun, 'Enjoyment', le dvd de Kaiser Chiefs, est aussi pas mal. En plus des inévitables prestations live et autres clips, ils ont fait un petit film un peu kitsch, visuellement soigné, avec quelques passages franchement drôles.
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