Je n'achète pas énormément d'EP donc ce classement présente clairement un petit côté Jacques Martin, dans le sens que tout le monde gagne, ou presque. J'ai omis ici, par facilité, les EP de Elbow et de The Coral parce qu'ils en ont sorti trop cette année (4 chacun), préférant me concentrer sur les artistes ayant été moins prolifiques.
1. War against sleep - Borderline Personality (Fire)
L'OSNI de l'année en ce qui me concerne. Je ne sais absolument rien du groupe et les trois chansons contenues sur cet EP semblent n'avoir presque aucun rapport entre elles. Comme je suis en général assez mauvais pour associer un genre à une chanson donnée (ma vision de ce que les différents termes signifient est en général assez personnelle), prenez ce qui suit avec des pincettes. Borderline Personality m'évoque un étrange mélange de surf-music et de Black Rebel Motorcycle Club. Ride Away With Me est une ballade que l'on pourrait situer quelque part entre le Elton John des années 70 et Radiohead. Starling enfin m'évoque un standard de cabaret jazz des années 50 qui aurait, par une bizarre contraction de l'espace-temps, beaucoup écouté les premiers albums de Belle and Sebastian. Voilà, débrouillez-vous avec ça.
2. Amina - AminaminA (The Worker's Institute)
J'ai découvert les quatre islandaises d'Amina en tant qu'accompagnatrices de Sigur Ros lors de leurs tournées en 2000 ou 2002. A l'époque, elles se présentaient en tant que quatuor à cordes tout ce qu'il y a de plus classique, statiques sur leurs chaises et jouant de leur instrument en pizz ou avec un archet. De ce format, il ne reste pas grand-chose ici et, sur les quatre morceaux que comporte cet EP, un seul met en avant des sons de cordes. On pense en fait surtout à Ba Ba / Ti Ki / Di Do de Sigur Ros, dont on retrouve le mélange d'électronique, de piano d'enfant et de percussions. La plage 2, Hemipode (si je déchiffre bien), est un petit bijou.
3. Elizabeth Anka Vajagic - Nostalgia / Pain (Constellation)
Un an après son excellent premier album, Elizabeth Anka Vajagic enfonce le clou avec un nouvel EP de 30 minutes basé sur les mêmes recettes : un fond sonore à base de guitares planantes, une construction très post-rockeuse des morceaux (les deux premiers morceaux totalisent 30 minutes) et, par-dessus, Elizabeth Anka Vajagic dont la voix évoquera, selon la sensibilité de chacun, un fado déchirant de beauté ou un dégueulis vocal mal contrôlé. Je me situe résolument dans le premier camp.
4. Patrick Wolf - Tristan (Tomlab)
Pas tant parce que Tristan est un concentré de rage adolescente accompagné par des beats électro apocalyptiques et délivré par un Patrick Wolf à la voix plus expressive que jamais. Mais plutôt parce que les deux faces B forment un contrepoint saisissant avec la chanson-titre. La première, The Hazelwood est une ballade acoustique à base de ukulele et de violon, basée sur un poème de W.B. Yeats. La deuxième, Idumea, est l'adaptation d'un chant traditionnel. Le son de viole qu l'on y entend pourrait sans doute convaincre Aphex Twin d'abandonner l'électricité pour se mettre au folk.
5. Micah P. Hinson - The baby and the satellite (Sketchbook)
Il faut sans doute un peu tirer sur la corde pour considérer comme un EP un disque qui dure près d'une heure mais c'est ainsi qu'il est présenté dans les catalogues et je me vois mal contredire le label. Comme celui de Elizabeth Anka Vajagic, cet EP est surtout l'occasion de retrouver le son d'un album que j'ai beaucoup aimé l'année dernière. On y retrouve en effet l'essentiel de ce qui faisait pour moi le prix de Micah P Hinson and the Gospel of Progress : la voix grave et fragile, une instrumentation travaillée mais sans ostentation et des chansons dans lesquelles toute la misère du monde (ou à tout le moins toute celle que Micah lui-même accepte d'y dévoiler) se trouve concentrée. The Last Charge of St Paul ajoute à ce socle commun quelques étranges sons électriques analogiques, qui désarçonnent, avant de séduire. De manière amusante, la 9ème plage du EP reprend l'ensemble des démos enregistrées en 2000, ce qui permet de percevoir la genèse de ces 8 chansons.
6. Super Furry Animals - Lazer Beam (Rough Trade)
De nouveau pas tant pour le psychédélisme débridé de la chanson-titre que pour un Colonise the moon lancinant et hypnotique à base de guitare acoustique, chants d'oiseaux et paroles telles que "I vomited throughout your saxophone solo" (phrase à partir de laquelle j'ai unilatéralement échafaudé le titre alternatif "Colonise the dark side of the moon").
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