Le nouveau EP de Sigur Ros, Ba Ba / Ti Ki / Di Do, vient de sortir. C'est leur première sortie depuis qu'ils ont quitté Fat Cat pour EMI, ce qui ne prête encore guère à conséquences puisqu'il s'agit d'une sortie US via Geffen qui n'est disponible ici qu'en import.
Comme toujours avec Sigur Ros, c'est un bel objet, d'une sobriété de bon aloi. Le minimalisme de la pochette ferait pâlir d'envie l'album blanc des Beatles, quoique sous une lumière rasante, on peut distinguer quelques silhouettes rapidement dessinées qui semblent décrire des pas de danse. Peut-être est-ce là une réponse à une question que je me pose régulièrement : comment prend-on note d'une chorégraphie ?
Le CD reprend en effet la musique que le groupe avait dû improviser pour un ballet de Merce Cunningham (l'autre moitié de la bande-son était confiée à Radiohead et fut créée dans les mêmes conditions. Je n'en ai malheureusement toujours pas trouvé d'enregistrement.)
Ici, Jonsi ne (c)hante pas, ce qui prive la musique du groupe de sa caractéristique la plus marquante. On se rapproche ainsi de ce que le groupe pouvait faire sur 'Von', où les voix étaient plus rares, mais en y ajoutant une bonne dose d'électronique. Pour aller vite, on pourrait dire qu'on se situe ici en gros à mi-chemin entre le Boards of Canada du premier EP et le Brian Eno des Plateaux of Mirror, ce qui est plutôt un bel endroit à occuper, calme et sophistiqué (*). On y trouve des tapis de notes aléatoires se répétant sans cesse et que quelques accords planouillants viennent lester d'une sérénité bienvenue. Vers la fin s'ajoutent des samples vocaux saccadés qui parviennent à créer un léger sentiment de transe avant que tout ne se dissolve dans un bain de guitares acides.
Et c'est tout. Ca ne dure que 20 minutes. C'est certes un peu peu mais rien n'empêche de répéter ces 20 minutes à l'infini. Elles s'y prêtent plutôt bien.
(*) Je pourrais tout aussi bien dire qu'on est à mi-chemin entre Richard Claydermann et Jean-Michel Jarre mais, bien que ce ne soit pas une comparaison tellement plus fantaisiste, elle laisserait sans doute une impression moins favorable. Je m'en tiendrai donc à Boards of Canada et Brian Eno, qui ont le mérite d'être culturellement corrects jusqu'au bout des sillons.
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