13h00 : C'est le dimanche de Pâques. Je cache des oeufs cuits dur et des sachets d'oeufs en chocolat en prévision de la visite de mes nièces.
15h30 : "Dis, tonton, tu joues à un jeu ?"
15h30-16h30 : J'obtempère. Le jeu consiste par exemple à faire deviner "Sur le quai de la gare, un policier fouille les valises d'un voyageur hagard." en créant un tableau muet à partir d'un ballon de baudruche, une brosses à dents, un métronome, un caillou, etc... C'est amusant.
16h00 : Départ du train qui m'aurait permis de voir une partie du concert de Grails.
16h30 : Je gagne la partie (j'ai donc bien fait de rester).
17h00 : Départ vers Bruxelles.
18h18 : Comme presque toujours à l'Ancienne Belgique, l'horaire semble avoir été respecté à la seconde près et je n'ai donc droit qu'à une petite dizaine de minutes du set d'Akron/Family. C'est bien triste parce que j'avais plutôt bien aimé leur album, écouté distraitement il y a quelques jours, et que le peu que j'ai pu voir du concert semblait très prometteur. Les quatre musiciens sont assis au centre de la scène, très proches les uns des autres comme pour faire corps face au public. Leur musique, basée notamment sur des harmonies vocales répétitives, m'a vaguement fait penser à celle de A Silver Mt Zion dernière mouture et ajoute encore à cette impression de compacité (le nom du groupe ne comprend apparemment pas le mot 'Family' par hasard). J'étais assez loin de la scène et n'ai donc pas toujours bien compris ce que je voyais. J'ai notamment eu la nette impression que le batteur mangeait des fleurs mauves tandis qu'un étrange bruit de frottement jaillissait des baffles (si quelqu'un était près de la scène à ce moment-là et peur éclairer ma lanterne...). Ne pas en avoir vu plus sera mon regret du jour.
LIENS : Leur page Myspace et leur site officiel (les deux semblent inaccessibles pour le moment)
18h45 : Je me prends à souhaiter que Wolf Eyes ait joué avant Akron/Family. En effet, comme une écoute de leur album Burned Mind me l'avait déjà appris, la musique de Wolf Eyes n'est pas très éloignée de celle pratiquée par la moitié des groupes vus lors du festival Fat Cat il y a quelques semaines. A gauche de la scène se trouve sans aucun doute le type le plus mal habillé qu'il m'ait été donné de voir : si on excepte le tronc, il présente un chic classe moyenne très conventionnel (mocassins vernis et coiffure d'employé de banque, pantalon de costume brun) qu'il annihile par un tee-shirt serrant sans manches tout à fait repoussant. Il joue du saxophone et maltraite une guitare artisanale à une corde fabriquée à grand renfort de papier collant, le tout en trifouillant sur une sorte de plaque dont, configuration de la salle aidant, je n'ai vu que le dessous. Au milieu, un hardeux plus ou moins repenti secoue ses longs cheveux noirs comme s'il était figurant dans une pub pour du shampooing tout en poussant des hurlements dans les deux micros qu'il tient en main. A droite, un bassiste barbu joue sur trois notes (au grand maximum, vu que son instrument n'a que trois cordes et qu'il n'a pour ainsi dire jamais daigné toucher les cordes le long du manche), tout en triturant Dieu sait quoi à l'intérieur d'une valise en métal.
En les voyant se démener sur scène pour faire le plus de bruit possible, je me suis demandé si ce genre de abstract-noise ne serait pas en fait devenu un refuge top-crédibilité pour tous les métalleux qui se sont rendus compte que le hair-metal de leur enfance était devenu gentiment désuet. A l'appui de ma théorie, je peux arguer que les spectateurs les plus réceptifs semblaient tous avoir passé leur adolescence à écumer les festivals metal. Dès que quelques motifs rythmiques apparaissaient, ça pogotait même assez sec (des agents de sécurité sont d'ailleurs intervenus, sans que je comprenne trop pourquoi). Cela dit, leur set m'a semblé plutôt plus intéressant que celui de Yellow Swans au Fat Cat Festival par exemple. D'abord parce qu'on y trouve au moins des jeux sur les nuances et la dynamique des morceaux, ensuite parce que depuis Wham! et Guru Josh, je n'ai jamais pu résister à un solo de saxophone. Il va également sans dire que c'est une musique qui ne peut réellement s'apprécier que sur scène. Je me ferais extraire la rate sans anesthésie plutôt que de réécouter l'album mais je ne m'enfuirais pas en courant si je devais un jour retomber sur le groupe lors d'un prochain festival.
LIEN : Un extrait représentatif de Burned Mind en bas de cette page.
20h00: Une écoute du premier album de 65daysofstatic m'avait fait ranger le groupe dans le haut du panier de la musique instrumentale post-rock-abstract-funk-machinchose mais je ne m'attendais pourtant pas à être aussi enthousiasmé par leur set, quelque part entre Do Make Say Think (pour la musique) et !!! (pour la présence scénique). Le centre de la scène est laissé entièrement vide, et le piano électrique par exemple fait face aux coulisses sur le côté de la scène, histoire de laisser aux trois guitaristes suffisamment d'espace pour pouvoir bondir et sautiller tout leur content. Au fond, un batteur tente de nous impressionner par sa technique (j'ai tendance à qualifier le niveau technique d'un batteur à l'aide du nombre de cymbales qu'il utilise ; ici, il y en a 5, ce qui en fait assurément un roi de la baguette). Leur musique mêle riffs pêchus, rythmiques synthétiques et batterie même si, parfois, les ambiances se font plus calmes et le guitariste de droite se laisse aller à quelques motifs tiersenniens au clavier (comme sur Radio Protector). Comme les morceaux sont courts et les mélodies souvent limpides, leur musique reste toujours parfaitement accessible, ce qui me convient bien. Je m'en vais réécouter l'album avec un intérêt renouvelé.
LIENS : Le site officiel et la page MySpace.
21h05 : Je garde un souvenir émerveillé de mes premiers concerts de Mogwai, à l'époque de la sortie de Young Team. A l'époque, la musique rock instrumentale (pour ne pas écrire p***-rock) me paraissait délicieusement expérimentale et je prenais des morceaux comme Like Herod ou Mogwai Fear Satan en pleine figure (et sans bouchons...inconscience de la jeunesse). L'album suivant, Come On Die Young me semblait encore meilleur (c'est toujours mon préféré) et je me souviens encore avec émotion de leur version de Christmas Steps au Botanique. Malheureusement, c'est à partir de là que les choses ont commencé à se gâter. Comme tous les albums où intervient Gruff Rhys, Rock Action est un disque plutôt sympathique, beaucoup mieux peigné que les précédents, tout endimanché dans les arrangements BCBG de Dave Fridmann. La voix y fait son apparition et Mogwai apparaît au fond comme un groupe apaisé, ne se sentant plus obligé de faire du bruit pour se faire entendre. Cette évolution me convenait plutôt bien et je n'avais pas compris pourquoi le groupe était apparu sur scène aussi agressif, jouant chaque morceau comme pour enterrer les versions studio sous une bouillie sonore assourdissante (malgré mes bouchons, j'en suis sorti avec les oreilles qui sifflaient). Comme de plus, j'avais trouvé l'album suivant, Happy Songs for Happy People, assez mauvais (je le réécoute en écrivant ceci et c'est encore pire que dans mon souvenir, un bon morceau et demi en tout et pour tout), je n'attendais plus grand chose du groupe mais, après avoir entendu de loin 10 minutes plutôt encourageantes de leur concert au Pukkelpop l'année dernière et quelques extraits de (l'excellent) Mr Beast, j'ai quand même eu la curiosité de retourner les voir su scène et le verdict est mitigé.
Le groupe n'a clairement plus grand-chose à voir avec ce qu'il était à son début. Ainsi, Kappa a été abandonné pour Adidas et les membres du grope semblent s'être confortablement installés dans leur rôle, qu'ils se contentent de reprendre soir après soir. Stuart "nain de jardin" Braithwaite explique d'ailleurs candidement en interview que le groupe est devenu pour lui un boulot comme un autre et qu'après l'avoir accompli, il rentre paisiblement à la maison pour voir sa femme et boire des bières avec ses copains au pub du coin. En soi, cette honnêteté est plutôt sympathique mais elle a comme conséquence directe que, contrairement à l'époque Young Team ou aux deux groupes précédents, Mogwai est sans doute devenu un groupe plus intéressant sur disque que sur scène. La communication avec le public est quasi-nulle. Les membres du groupe ne sont pas très loquaces (on peut dire sans risque de se tromper que le mot gouaille n'a pas été inventé pour eux). Les anciens morceaux sont joués sans conviction, très loin de l'intensité qu'ils pouvaient avoir il y a quelques années. Les nouveaux (depuis Rock Action) m'ont de toutes façons toujours semblé être des oeuvres de studio pas vraiment taillés pour la scène. Les deux meilleurs moment du concert furent sans doute pour moi Hunted by a freak (sans doute parce que je n'ai jamais bien compris comment il était possible que l'instrument disco par excellence - le vocoder - se marie aussi bien avec la musique de Mogwai) et, surtout, l'inusable Helicon 1, sans doute le seul morceau ambient qui ne peut fonctionner qu'à plein volume et le sommet insurpassable de la carrière de Mogwai.
Setlist
Auto Rock
Helicon 1
Travel is dangerous
Tracy
Acid Food
Like Herod
Glasgow Mega-Snake
Kids will be skeletons
Hunted by a freak
Friend of the night
Ratts of the capital
We're no here
--
Mogwai Fear Satan
5 commentaires:
Je suis allée voir Mogwai au Bataclan à Paris. Je pensais n'avoir pas le temps d'écrire là dessus mais ton papier m'a inspiré. Pour des raisons différentes, je n'ai pas eu le même ressenti que toi, la 1ère étant que je les voyais sur scène pour la 1ère fois. Si tu veux en savoir plus, la suite est chez les Bloody. Te lire est toujours un plaisir. Bon week end
merci pour la review, c est un plaisir de la lire !
la mienne, bien que beaucoup moins bien écrite, est par ici si cela te dit, mais je n ai pas non plus eu la chance d arriver tot (je dirais meme qu on est arrive tard).
jeal
http://blog.myspace.com/66929949
heu, j'y étais, même tout devant, et les types d'akron/family, j'pense qu'ils se servaient de sortes de sifflets ou de p'tits gadgets ;)
et les fleurs, c'est pas impossible aussi
Faut que tu sorte au dirty dancing bouger ton popotin sur la daube "cozimoziesque" alors mon brave et arrêter de critiquer un "son" que tes petits neurones ne captent certainement pas dans toute son amplitude...J'ai était,je peux en parler....inutile de faireun commentaire sur tes remarques stupides concernant Wolf Eyes!!!! (évidemement si Guru Josh est un pilier de ton patrimoine musical!) Allez bonne route et branche toi pure FM dans le cul. Signé: j'en ai marre des cons qui se la pètent sur leurs blog merdique.
Je m'étais dans un premier temps dit que je ne répondrais pas, mais après avoir vu que tu avais pris la peine de t'abonner au flux RSS des commentaires pour récolter les fruits de ton "coup de gueule", je me suis dit que ce ne serait vraiment pas sympa de t'ignorer.
Merci donc de me rappeler
- que dire "cul" dans un commentaire public, ça fait toujours ricaner les collégiens.
- que la musique est une chose trop sérieuse pour qu'on la laisse à ceux qui ne la prennent pas au sérieux,
- que l'on n'a pas le droit de voir dans Wolf Eyes une bonne dose de grand n'importe quoi
- que règne sur Internet une police (secrète et anonyme) prompte à débusquer les moindres accès de "mal-penser".
Sur ce, je retourne écouter Black Vomit. Bien à toi.
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