Deaf Center - Pale Ravine (Type)
Cet album est un des quatre que j'ai achetés cette année et qui vient brouiller la distinction entre rock, ambient, musique contemporaine et électro. Des quatre, il s'agit sans doute du plus ouvertement ambient, celui qui recourt le plus ouvertement à la bonne vieille recette Budd-Enoesque "nappes de synthés planouillantes + motifs mélodiques au piano". Alors, bien sûr, c'est dans l'ensemble très bien fait (les morceaux au piano seul, Eloy par exemple, me semblent moins convaincants) et, à tout prendre, plus intéressant que le set live auquel j'ai assisté il y a quelques semaines. Malheureusement, il ne fait guère de doutes que, dans le grand concours de séduction un peu cheap auquel se livrent les albums de 2006 pour le classement de fin d'année, ce pauvre album de Deaf Center et ses longues plages méditatives n'est pas le mieux armé. Un top albums se gagne au sprint, avec des riffs imparables, des mélodies immédiates, des tubes irrésistibles, pas avec des bandes-son de réveil difficile qui s'apprécient presque sans y penser. C'est un peu la limite de l'exercice.
- Liens : Label Type
- A écouter : White Lake (mp3), Stone Beacon
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Tortoise and Bonnie 'Prince' Billy - The Brave And The Bold (Overcoat/Domino)
De Tortoise, je gardais le souvenir d'un excellent album de 1996 (Millions now living will never die) puis d'une longue descente dans les enfers du post-rock jazzy-lounge branchouille (l'enthousiasme délirant qui a entouré la sortie de TNT m'a toujours stupéfié). De Bonnie 'Prince' Billy, je gardais le souvenir de quelques excellents albums studio et d'un inécoutable album live sorti l'année dernière. Que les deux collaborent sur un album de reprises de Devo et Elton John (entre autres) ne m'apparaissait pas a priori comme une bonne idée évidente. Le résultat final me déconcerte d'ailleurs parfois un peu. La country-noise de It's expected I'm gone est assez pénible et je ne sais trop que penser des rythmes vaguement sud-américains de Cravo é Canela ou des tendances Suicidesques de That's Pep!. En fait, c'est lorsque l'apport de Tortoise se fait le moins évident, que l'on s'éloigne des morceaux originaux et que Will Odham se contente de faire des morceaux "à la Bonnie 'prince' Billy" que je me retrouve à vraiment aimer le disque, comme sur Cavalry Cross par exemple. Cela dit, tant qu'à écouter du Bonnie 'prince' Billy, autant écouter un vrai disque de Bonnie 'prince' Billy, comme The Letting Go par exemple. J'y reviendrai.
- Liens : Site de Tortoise, Site en Français consacré à Will Oldham
- A écouter : Cavalry Cross (mp3)
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Johnny Cash - Personal File (Legacy/Columbia)
Je soupçonne John Carter Cash d'avoir engagé trois personnes à temps plein pour fouiller les archives de son père, gratter les fonds de tiroir et ainsi trouver de quoi alimenter la pléthorique discographie posthume du Man in Black. Le coffret Unearthed avait été annoncé comme la toute dernière occasion de découvrir des nouvelles chansons de Johnny Cash. Depuis, les sorties se succèdent pourtant à un rythme étourdissant. Rien que pour cette année, j'en ai deux à couvrir (sans compter la ressortie augmentée du Live at San Quentin). Heureusement, la qualité reste encore ici assez élevée. Personal File reprend ainsi une cinquantaine de chansons enregistrées en solo à la guitare par Johnny Cash entre 1973 et 1982, comme une sorte de journal intime ou d'autobiographie. Dans la grande tradition Cashienne, les chansons du CD1 sont souvent précédées d'un bref monologue de mise en situation. Telle chanson a été interprétée sur scène durant ses années de lycée, telle autre passait à la radio pendant qu'il travaillait près d'un fleuve, etc... Celles du CD2 sont presque exclusivement des chants religieux, qui laisse parfois apparaître une certaine forme de mysticisme, notamment dans la manière dont Cash exprime son désir d'avoir une relation "personnelle" avec Jésus, les Prophètes et tous les autres (One of these days I'm gonna sit down and talk to Paul par exemple). Autre exemple : le refrain de Sanctified, qui, sur une mélodie tout ce qu'il y a de plus sautillante, dit en gros "Je tente de mater le démon, j'essaie d'être sanctifié". De telles paroles m'apparaissent souvent complètement abracadabrantes, surtout au premier degré auquel elles ont sans doute été écrites, mais elles sont une bon moyen, pour l'agnostique vaguement athée que je suis, de mieux comprendre la personnalité de Johnny Cash. Comme, en plus, le son est très bon et que les chansons sont souvent formidables, le document est inestimable. Je ne sais pas ce que je penserai des disques de Cash qui sortiront en 2012 (et seront sans doute intitulés American Recordings XXIX et Live In The Shower 1977), mais celui-ci est une très bonne pioche.
- Liens : Site Officiel
- A écouter : Paradise, Saginaw Michigan, A Fast Song, Sanctified (mp3),...
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