Ca y est ! Le meilleur groupe du monde de tous les temps à moi que je préfère se reforme et part en tournée française. On parle aussi d'une date à Bruxelles. Je ne pensais pas que ça arriverait si vite. Brendan Perry et Lisa Gerrard semblaient avoir coupé les ponts de manière assez définitive.
Bon, dès lundi, je m'occuperai de trouverai des places et tenterai de passer outre le fait que le prix de mon billet servira en partie à engraisser je ne sais quelle secte charismatique chrétienne.
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
samedi, octobre 30
vendredi, octobre 29
Jack & Jill Party
Pour dissiper l'ambiance légèrement funèbre de mes derniers billets, je ne saurais trop vous conseiller la vision de cette vidéo en Flash créée à partir de la chanson écrite par Pete Burns et les Pet Shop Boys. C'est ici.
Attention aux âmes pures. Ca contient un peu de fesses.
(mes cours de marketing commencent à porter leurs fruits, dirait-on)
Merci à Popjustice pour le lien.
Attention aux âmes pures. Ca contient un peu de fesses.
(mes cours de marketing commencent à porter leurs fruits, dirait-on)
Merci à Popjustice pour le lien.
jeudi, octobre 28
Et après ?
La question de l'après-Peel est déjà largement débattue dans les médias britanniques. L'inquiétude est grande de voir sa case horaire sur Radio 1 se fondre dans le tout-venant du reste de la programmation.
Les relations entre John Peel et la station qui l'accueillait depuis bientôt 40 ans étaient apparemment parfois assez conflictuelles. C'est une des nombreuses informations que l'on peut déduire, entre deux éclats de rire, de ce grandiose florilège de citations.
En conséquence, il ne semble pas garanti que la BBC va tenter de lui trouver un remplaçant qui partage sa vision de la musique. Or, nombreux sont ceux qui pensent que l'esprit Peel devrait survivre à l'homme lui-même. ACME a donc envisagé une formule qui pourrait peut-être fonctionner, au moins à titre intérimaire, en attendant que la BBC déniche un hypothétique remplaçant idéal.
Les relations entre John Peel et la station qui l'accueillait depuis bientôt 40 ans étaient apparemment parfois assez conflictuelles. C'est une des nombreuses informations que l'on peut déduire, entre deux éclats de rire, de ce grandiose florilège de citations.
En conséquence, il ne semble pas garanti que la BBC va tenter de lui trouver un remplaçant qui partage sa vision de la musique. Or, nombreux sont ceux qui pensent que l'esprit Peel devrait survivre à l'homme lui-même. ACME a donc envisagé une formule qui pourrait peut-être fonctionner, au moins à titre intérimaire, en attendant que la BBC déniche un hypothétique remplaçant idéal.
Un, mais pas deux.
Extrait de la dernière newsletter de Marc Almond :
Marc's family would like you to know that because of the progress he has made so far, Marc has today been moved out of the intensive care unit. His family have passed on to him the overwhelming amount of good wishes which have been received and Marc is aware of all the messages of love and support.C'est la première fois qu'il est officiellement confirmé qu'il n'est pas, ou plus, dans le coma.
mercredi, octobre 27
John Peel est mort....
...à 65 ans durant ses vacances au Pérou, après presque 40 ans de bons et loyaux services sur la BBC. Durant cette période, sa place de présentateur sur Radio 1 n'avait jamais vraiment été remise en question, malgré les tentatives nombreuses et répétées de la maison-mère de rajeunir l'audience de la station. Son émission passait toujours trois fois par semaine à 23h.
Je n'ai malheureusement pas souvent eu l'occasion de l'écouter. Elle évoque donc surtout pour moi les vacances dans le Nord de la France, là où les ondes de BBC Radio 1 parviennent encore (on la capte très bien à Wissant par exemple). J'aurais certes pu m'astreindre à l'écouter via le Web lorsque ses émissions sont devenues écoutables à la demande il y a quatre ou cinq ans mais je n'avais en général pas le temps, ni la patience, de passer deux heures d'affilée inconfortablement assis devant mon ordi. Je me prenais à rêver qu'une station radio d'ici décide de retransmettre son émission, comme ce fut le cas dans un pays scandinave pendant quelques temps.
N'ayant pas dû écouter en tout plus d'une cinquantaine d'émissions de John Peel, ma connaissance du personnage est surtout constituée de ouï-dire. En conséquence, je suis assez mal placé pour dresser son portrait. Je pourrais au mieux compiler rapidement des choses lues ou entendues par ailleurs et ça n'aurait aucun intérêt. Le mieux est sans doute d'aller sur le site de son émission, et de consulter les play-lists, ou encore de lire l'hommage qui lui est consacré sur le site de la BBC.
En fait, pour ceux qui n'ont pas eu la chance de vivre dans un endroit où Radio 1 pouvait être captée, John Peel était surtout un nom, presque un talisman que l'on chérissait lorsque, adolescent, on se lançait, à corps perdus (tout dans l'adolescence se fait à corps perdus), à la conquête des musiques différentes (et contrairement à ce que mon blog pourrait laisser croire, je suis également passé par là, sans jamais en sortir complètement). L'omniprésence de ce personnage mystérieux était encore accentuée par le fait que la discographie, officielle ou non, de tous les groupes possibles et imaginables semblaient contenir l'une ou l'autre Peel Session, de Dead Can Dance aux Cocteau Twins, de Trail of Dead à Godspeed You Black Emperor, de Belle and Sebastian à Arab Strap, d'Interpol aux Yeah Yeah Yeahs, de Boards of Canada à Autechre, de Marc Almond à The Human League, en passant même (ils sont partout) par les Pet Shop Boys.
Ce qui me frappait toujours lorsque j'avais la possibilité d'écouter ses émissions était l'incroyable diversité des musiques qu'il diffusait. Il pouvait passer sans transition d'un disque de zouk à un disque de death-metal (comme seuls les norvégiens peuvent en faire, selon ses propres termes que je n'ai pas oubliés), et alterner rap, rock, pop, world-music, techno et post-rock sans jamais se soucier de dérouter ou de perdre son public. Peel était un modèle pour tous ceux qui envisagent la musique sous le signe de l'éclectisme et pour lesquels l'exigence artistique n'est pas synonyme d'étroitesse d'esprit. Certes, à force de passer tout ce qui lui plaisait dans tous les genres, sans se soucier de ce que la mode de l'époque dictait, il a parfois laissé ses auditeurs quelque peu pantois (voir l'épisode récent des Cuban Boys), mais ça lui a surtout valu d'accompagner la naissance de toutes les grandes révolutions musicales, que ce soit le punk, la drum&bass ou la techno. Cette curiosité de tous les instants ne s'est jamais estompée. Là où de grandes figures de la radio (notamment française) ou de la presse musicale sont pour toujours associées à une période ou à un genre donné et ont continué à exercer leur métier au ralenti, en misant sur leur réputation passée, John Peel semble avoir tout vu, tout prévu, tout entendu pendant plus de 40 ans.
Mark E. Smith est en deuil. Les Undertones sont en deuil. Pulp est en deuil. Thom Yorke est en deuil. Mêmes les hamsters sont en deuil. Plus généralement, tout qui possède une paire d'oreilles et n'a pas peur de les utiliser est en deuil aujourd'hui. C'est étonnant quand on y pense que la mort d'un animateur radio que j'ai finalement très peu écouté puisse m'émouvoir à ce point. Sans doute est-ce que, avec la mort de John Peel, c'est tout un pan de la musique, et de mon rapport avec elle, qui semble basculer dans le passé.
Ne soyons pas trop tristes cependant. Des milliers de Peel Sessions survivront à la mort de leur instigateur, ainsi que, espérons-le, sa manière d'envisager la musique comme un grand tout en constante ébullition. Le conseil d'administration de Radio 1 a intérêt a bien choisir son remplaçant car, à voir le nombre hallucinant de groupes qui, depuis quelques heures, rendent spontanément hommage à l'influence de John Peel sur leur décision de faire de la musique, on peut se demander si l'extraordinaire richesse et créativité de la musique britannique ne pourrait pas s'expliquer en grande partie par son influence.
Je n'ai malheureusement pas souvent eu l'occasion de l'écouter. Elle évoque donc surtout pour moi les vacances dans le Nord de la France, là où les ondes de BBC Radio 1 parviennent encore (on la capte très bien à Wissant par exemple). J'aurais certes pu m'astreindre à l'écouter via le Web lorsque ses émissions sont devenues écoutables à la demande il y a quatre ou cinq ans mais je n'avais en général pas le temps, ni la patience, de passer deux heures d'affilée inconfortablement assis devant mon ordi. Je me prenais à rêver qu'une station radio d'ici décide de retransmettre son émission, comme ce fut le cas dans un pays scandinave pendant quelques temps.
N'ayant pas dû écouter en tout plus d'une cinquantaine d'émissions de John Peel, ma connaissance du personnage est surtout constituée de ouï-dire. En conséquence, je suis assez mal placé pour dresser son portrait. Je pourrais au mieux compiler rapidement des choses lues ou entendues par ailleurs et ça n'aurait aucun intérêt. Le mieux est sans doute d'aller sur le site de son émission, et de consulter les play-lists, ou encore de lire l'hommage qui lui est consacré sur le site de la BBC.
En fait, pour ceux qui n'ont pas eu la chance de vivre dans un endroit où Radio 1 pouvait être captée, John Peel était surtout un nom, presque un talisman que l'on chérissait lorsque, adolescent, on se lançait, à corps perdus (tout dans l'adolescence se fait à corps perdus), à la conquête des musiques différentes (et contrairement à ce que mon blog pourrait laisser croire, je suis également passé par là, sans jamais en sortir complètement). L'omniprésence de ce personnage mystérieux était encore accentuée par le fait que la discographie, officielle ou non, de tous les groupes possibles et imaginables semblaient contenir l'une ou l'autre Peel Session, de Dead Can Dance aux Cocteau Twins, de Trail of Dead à Godspeed You Black Emperor, de Belle and Sebastian à Arab Strap, d'Interpol aux Yeah Yeah Yeahs, de Boards of Canada à Autechre, de Marc Almond à The Human League, en passant même (ils sont partout) par les Pet Shop Boys.
Ce qui me frappait toujours lorsque j'avais la possibilité d'écouter ses émissions était l'incroyable diversité des musiques qu'il diffusait. Il pouvait passer sans transition d'un disque de zouk à un disque de death-metal (comme seuls les norvégiens peuvent en faire, selon ses propres termes que je n'ai pas oubliés), et alterner rap, rock, pop, world-music, techno et post-rock sans jamais se soucier de dérouter ou de perdre son public. Peel était un modèle pour tous ceux qui envisagent la musique sous le signe de l'éclectisme et pour lesquels l'exigence artistique n'est pas synonyme d'étroitesse d'esprit. Certes, à force de passer tout ce qui lui plaisait dans tous les genres, sans se soucier de ce que la mode de l'époque dictait, il a parfois laissé ses auditeurs quelque peu pantois (voir l'épisode récent des Cuban Boys), mais ça lui a surtout valu d'accompagner la naissance de toutes les grandes révolutions musicales, que ce soit le punk, la drum&bass ou la techno. Cette curiosité de tous les instants ne s'est jamais estompée. Là où de grandes figures de la radio (notamment française) ou de la presse musicale sont pour toujours associées à une période ou à un genre donné et ont continué à exercer leur métier au ralenti, en misant sur leur réputation passée, John Peel semble avoir tout vu, tout prévu, tout entendu pendant plus de 40 ans.
Mark E. Smith est en deuil. Les Undertones sont en deuil. Pulp est en deuil. Thom Yorke est en deuil. Mêmes les hamsters sont en deuil. Plus généralement, tout qui possède une paire d'oreilles et n'a pas peur de les utiliser est en deuil aujourd'hui. C'est étonnant quand on y pense que la mort d'un animateur radio que j'ai finalement très peu écouté puisse m'émouvoir à ce point. Sans doute est-ce que, avec la mort de John Peel, c'est tout un pan de la musique, et de mon rapport avec elle, qui semble basculer dans le passé.
Ne soyons pas trop tristes cependant. Des milliers de Peel Sessions survivront à la mort de leur instigateur, ainsi que, espérons-le, sa manière d'envisager la musique comme un grand tout en constante ébullition. Le conseil d'administration de Radio 1 a intérêt a bien choisir son remplaçant car, à voir le nombre hallucinant de groupes qui, depuis quelques heures, rendent spontanément hommage à l'influence de John Peel sur leur décision de faire de la musique, on peut se demander si l'extraordinaire richesse et créativité de la musique britannique ne pourrait pas s'expliquer en grande partie par son influence.
lundi, octobre 25
Art Academy
Lorsque vous aimez Pascal Obispo et Jean-Jacques Goldman et que vous avez envie de vous attacher à des vedettes en devenir et de les suivre pas à pas sur le chemin parsemé d'embûches, de rires et de larmes, qui les mènera d'une déprimante normalité (la vôtre, en fait) vers le rêve et la glamour du star-system, vous n'avez apparemment qu'à allumer votre téléviseur. (Parlez de la Star Ac, et il vous viendra des élans de dossier de presse, étrange, non ?)
En revanche, si vous considérez que la musique s'est arrêtée à Stravinsky, si le mot concert évoque spontanément pour vous des fauteuils confortables en velours rouge et des théâtres à l'Italienne plutôt que des grands hangars sans âme où 15000 personnes hurlent en choeur leur enthousiasme, comment pouvez-vous assouvir ce besoin d'empathie avec les interprètes et cette envie de voir s'affronter des jeunes gens sympathiques et pleins de talent dans un fracas d'ambitions antagonistes ? Hein, comment ? Et bien, la réponse est simple : vous ne pouvez pas....
....sauf si vous avez la chance d'habiter en Belgique, qui abrite depuis très longtemps une compétition musicale chic et de bon goût où, en alternance, pianistes, violonistes et, plus récemment, chanteurs et chanteuses de toutes nationalités s'affrontent en direct et en prime-time à la télévision, sous les regards avides de toute une nation. Ainsi, trois années sur quatre, nos petits écrans sont envahis pendant une semaine de musiciens, jeunes mais déjà confirmés, qui vont enchaîner leur Mozart, leur Tchaikovski et leur Sibelius en espérant impressionner le jury et empocher ainsi le prestigieux Premier Prix. Cette visibilité médiatique du concours doit à mon avis être quelque chose d'assez unique au monde, et les candidats acquièrent pour quelques mois un statut de quasi-pop stars, en tout cas aux yeux de la frange de la population qui suit le concours. Ils font la une des journaux, sont invités sur les plateaux de télévision et partent même en tournée dans la foulée du concours pour récolter les fruits de leur popularité nouvelle. Une vraie petite "Art Academy" donc, jusque dans les détails les plus inattendus. Les concurrents sont ainsi tous réunis pendant la durée du concours et des répétitions dans une grande maison, la "Chapelle", où ils vivent en communauté.... (malheureusement sans y être filmés 24 heures sur 24. Conscients de la frustration que cela peut causer, les journaux télévisés ne manquent néanmoins pas de nous présenter chaque année quelques images où on les voit jouer au ping-pong, manger ou rire. Ca ne vaut pas la caméra dans la piscine, certes, mais c'est mieux que rien.)
Evidemment, comme on flotte ici dans le bon goût et le raffinement, cette compétition ne porte pas un nom aussi vulgairement commun que 'Star Academy'. Non, ça s'appelle le Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, ce qui sonne, il faut bien le reconnaître, nettement moins plouc, même quand on l'appelle familièrement le 'Reine Elisabeth'.
Par atavisme familial, je n'y ai pas échappé, et année après année, j'ai vu les concertos pour violon succéder aux concertos pour piano et aux sonates. C'est sans aucun doute à cause de ce rendez-vous annuel que j'ai développé une fascination maladive pour le Concerto pour violon de Sibelius ou bien les concertos pour piano de Prokofiev.
En conséquence, je suis allé voir jeudi dernier Severin von Eckardstein, le gagnant du concours 2003 de piano, interpréter le Troisième Concerto pour piano de Prokofiev. Après une petite mise en bouche de l'orchestre, il arrive sur scène et des applaudissements nourris retentissent pendant plusieurs minutes. Rien que d'apparaître, encore tout auréolé de sa notoriété récente, il provoque l'enthousiasme de la foule. Cela me fit sourire de constater que, quel que soit l'âge moyen des spectateurs ou le genre de musique concerné, les effets de l'exposition médiatique sont les mêmes.
Ceci dit, entendons-nous bien. Le "Zabeth" n'est pas, quoique le parallèle m'amuse, la Star Academy. Les concurrents ne suivent aucun cours pendant la durée du concours, et ne se présentent donc aux éliminatoires qu'après avoir longuement étudié par ailleurs. En conséquence, presque tous les lauréats finissent par faire une carrière de plus ou moins haut niveau et le concours représente plus pour eux une occasion de se situer par rapport à d'autes musiciens que de faire sa promotion. Je m'en voudrais de laisser croire que les gagnants du concours sont des non-entités artistiques comme peuvent l'être Michal, Steeve, Jenifer, Linkup ou L5 (en espérant ne pas écorcher les noms). Après tout, Vladimir Ashkenazy et Gidon Kremer sont passés par là et, pour autant que je puisse en juger, Severin von Eckardstein est effectivement un très bon pianiste. Une fois le concert terminé (surtout après son interprétation en rappel d'un extrait de la transcription pour piano de Roméo et Juliette, toujours de mon ami Proko), il aurait été difficile de lui dénier son droit aux applaudissements.
Il m'est toujours apparu assez évident que la Star Academy n'est qu'un moyen cynique pour les producteurs de rentabiliser leurs nouveaux poulains dès le casting préliminaire (et non plus seulement lorsque le premier single est prêt à sortir), donc de faire en quelque sorte payer les frais de leur apprentissage par le public. Cette rentabilité préliminaire permet alors aux maisons de disques de les abandonner sans regrets quelques mois plus tard, lorsqu'une nouvelle génération de candidats arrive, des rêves de gloire plein la tête. La Star Academy n'a jamais eu pour mission de lancer des carrières, mais juste de créer quelques icônes transitoires qui pourront occuper pour quelques mois l'espace médiatique avant de s'éclipser pour laisser la place aux nouveaux. J'imagine ainsi que la plupart des ex-candidats de la Star Academy (ou des autres émissions du même type) doivent porter un regard amer et désabusé sur leur expérience.
Donc, pourriez-vous vous dire, si les candidats du CMIREB ont vraiment un talent suffisant pour leur garantir une carrière après coup, tout cela n'a en fait guère de liens avec la Star Academy, si ? Non, peut-être pas. Sauf que, à l'entracte, ce pauvre Severin, 26 ans (déjà/seulement selon le point de vue), s'est retrouvé, le sourire légèrment crispé, à peine protégé par une table basse, à signer des autographes tandis qu'une meute de grands-mères aux cheveux mauves se pressaient autour de lui pour lui serrer la main en clamant "C'était magnifique ! Bravo !" avant de retourner vers leurs amies en disant : "Quel charmant jeune homme. Il est si jeune, et il joue si bien du piano. Il ferait un bien beau gendre, pas comme cet abruti de XXX dont mon idiote de (petite-)fille est allée s'amouracher." Ce genre de commentaires serait-il envisageable si Severin n'avait été, pour quelques jours, une star de la télévision ?
En revanche, si vous considérez que la musique s'est arrêtée à Stravinsky, si le mot concert évoque spontanément pour vous des fauteuils confortables en velours rouge et des théâtres à l'Italienne plutôt que des grands hangars sans âme où 15000 personnes hurlent en choeur leur enthousiasme, comment pouvez-vous assouvir ce besoin d'empathie avec les interprètes et cette envie de voir s'affronter des jeunes gens sympathiques et pleins de talent dans un fracas d'ambitions antagonistes ? Hein, comment ? Et bien, la réponse est simple : vous ne pouvez pas....
....sauf si vous avez la chance d'habiter en Belgique, qui abrite depuis très longtemps une compétition musicale chic et de bon goût où, en alternance, pianistes, violonistes et, plus récemment, chanteurs et chanteuses de toutes nationalités s'affrontent en direct et en prime-time à la télévision, sous les regards avides de toute une nation. Ainsi, trois années sur quatre, nos petits écrans sont envahis pendant une semaine de musiciens, jeunes mais déjà confirmés, qui vont enchaîner leur Mozart, leur Tchaikovski et leur Sibelius en espérant impressionner le jury et empocher ainsi le prestigieux Premier Prix. Cette visibilité médiatique du concours doit à mon avis être quelque chose d'assez unique au monde, et les candidats acquièrent pour quelques mois un statut de quasi-pop stars, en tout cas aux yeux de la frange de la population qui suit le concours. Ils font la une des journaux, sont invités sur les plateaux de télévision et partent même en tournée dans la foulée du concours pour récolter les fruits de leur popularité nouvelle. Une vraie petite "Art Academy" donc, jusque dans les détails les plus inattendus. Les concurrents sont ainsi tous réunis pendant la durée du concours et des répétitions dans une grande maison, la "Chapelle", où ils vivent en communauté.... (malheureusement sans y être filmés 24 heures sur 24. Conscients de la frustration que cela peut causer, les journaux télévisés ne manquent néanmoins pas de nous présenter chaque année quelques images où on les voit jouer au ping-pong, manger ou rire. Ca ne vaut pas la caméra dans la piscine, certes, mais c'est mieux que rien.)
Evidemment, comme on flotte ici dans le bon goût et le raffinement, cette compétition ne porte pas un nom aussi vulgairement commun que 'Star Academy'. Non, ça s'appelle le Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, ce qui sonne, il faut bien le reconnaître, nettement moins plouc, même quand on l'appelle familièrement le 'Reine Elisabeth'.
Par atavisme familial, je n'y ai pas échappé, et année après année, j'ai vu les concertos pour violon succéder aux concertos pour piano et aux sonates. C'est sans aucun doute à cause de ce rendez-vous annuel que j'ai développé une fascination maladive pour le Concerto pour violon de Sibelius ou bien les concertos pour piano de Prokofiev.
En conséquence, je suis allé voir jeudi dernier Severin von Eckardstein, le gagnant du concours 2003 de piano, interpréter le Troisième Concerto pour piano de Prokofiev. Après une petite mise en bouche de l'orchestre, il arrive sur scène et des applaudissements nourris retentissent pendant plusieurs minutes. Rien que d'apparaître, encore tout auréolé de sa notoriété récente, il provoque l'enthousiasme de la foule. Cela me fit sourire de constater que, quel que soit l'âge moyen des spectateurs ou le genre de musique concerné, les effets de l'exposition médiatique sont les mêmes.
Ceci dit, entendons-nous bien. Le "Zabeth" n'est pas, quoique le parallèle m'amuse, la Star Academy. Les concurrents ne suivent aucun cours pendant la durée du concours, et ne se présentent donc aux éliminatoires qu'après avoir longuement étudié par ailleurs. En conséquence, presque tous les lauréats finissent par faire une carrière de plus ou moins haut niveau et le concours représente plus pour eux une occasion de se situer par rapport à d'autes musiciens que de faire sa promotion. Je m'en voudrais de laisser croire que les gagnants du concours sont des non-entités artistiques comme peuvent l'être Michal, Steeve, Jenifer, Linkup ou L5 (en espérant ne pas écorcher les noms). Après tout, Vladimir Ashkenazy et Gidon Kremer sont passés par là et, pour autant que je puisse en juger, Severin von Eckardstein est effectivement un très bon pianiste. Une fois le concert terminé (surtout après son interprétation en rappel d'un extrait de la transcription pour piano de Roméo et Juliette, toujours de mon ami Proko), il aurait été difficile de lui dénier son droit aux applaudissements.
Il m'est toujours apparu assez évident que la Star Academy n'est qu'un moyen cynique pour les producteurs de rentabiliser leurs nouveaux poulains dès le casting préliminaire (et non plus seulement lorsque le premier single est prêt à sortir), donc de faire en quelque sorte payer les frais de leur apprentissage par le public. Cette rentabilité préliminaire permet alors aux maisons de disques de les abandonner sans regrets quelques mois plus tard, lorsqu'une nouvelle génération de candidats arrive, des rêves de gloire plein la tête. La Star Academy n'a jamais eu pour mission de lancer des carrières, mais juste de créer quelques icônes transitoires qui pourront occuper pour quelques mois l'espace médiatique avant de s'éclipser pour laisser la place aux nouveaux. J'imagine ainsi que la plupart des ex-candidats de la Star Academy (ou des autres émissions du même type) doivent porter un regard amer et désabusé sur leur expérience.
Donc, pourriez-vous vous dire, si les candidats du CMIREB ont vraiment un talent suffisant pour leur garantir une carrière après coup, tout cela n'a en fait guère de liens avec la Star Academy, si ? Non, peut-être pas. Sauf que, à l'entracte, ce pauvre Severin, 26 ans (déjà/seulement selon le point de vue), s'est retrouvé, le sourire légèrment crispé, à peine protégé par une table basse, à signer des autographes tandis qu'une meute de grands-mères aux cheveux mauves se pressaient autour de lui pour lui serrer la main en clamant "C'était magnifique ! Bravo !" avant de retourner vers leurs amies en disant : "Quel charmant jeune homme. Il est si jeune, et il joue si bien du piano. Il ferait un bien beau gendre, pas comme cet abruti de XXX dont mon idiote de (petite-)fille est allée s'amouracher." Ce genre de commentaires serait-il envisageable si Severin n'avait été, pour quelques jours, une star de la télévision ?
vendredi, octobre 22
Marshall fait de la politique
Eminem offre à tous les acheteurs de son nouvel album (Encore) la possibilité de gagner de super-cadeaux, dont des 'plaques en platine' (si c'est bien là le sens de platinum plaques, je suppose que ça pourrait aussi être des disques de platine), des chaussures griffées Eminem et la possibilité de travailler sur sa prochaine vidéo.
En voilà une bonne idée pour contrer les vilains pirates qui ne font rien qu'à lui voler ses sous : prévoir de vendre 10 millions d'exemplaires de son album et dire aux acheteurs qu'ils ont une chance sur 100.000 de gagner un lot minable et une chance sur 1.000.000 de gagner un super prix de la mort qui tue. C'est sûr que les acheteurs vont se ruer sur le disque avec une ferveur retrouvée.
Sauf que pas du tout, évidemment.
En revanche, s'il se décarcasse pour proposer un beau livret et un prix de vente pas trop élevé, il obtiendra de meilleurs résultats. De très nombreuses nouveautés sont maintenant en vente à moins de 15€ (même le formidable double album de Nick Cave), ce qui aurait été inimaginable il y a à peine deux ans. Dans mon souvenir, The Eminem Show était lors de sa sortie en vente au prix délirant de 22€, avec un DVD bonus de.... TZADAM !, 10 minutes. L'affaire du siècle en d'autres termes. Je ne suis pas sûr que les gens prêts à mettre une telle somme pour un disque soient encore très nombreux. D'autant que, si The Eminem Show tenait encore à peu près la route, je me permets, après avoir entendu Just Lose It et Mosh, d'avoir des doutes sue ce nouvel album.
Mosh est sa chanson anti-Bush. On nous annonçait depuis quelques semaines un album très politique, ce qui pouvait surprendre de la part d'Eminem, qui semblait se complaire dans l'apolitisme depuis le début de sa carrière. Dans ce contexte, sans doute l'apparition sur le Net de ce titre à quelques jours des élections (et de la sortie de l'album) est-elle une pernicieuse manoeuvre politico-publicitaire.
A première vue, il ne faut néanmoins pas s'attendre à voir Eminem écrire l'édito du prochain Monde Diplomatique. En effet, la chanson contient apparemment des analyses géo-politiques aussi finement ciselées que
Ceci dit, peut-être le reste de la chanson est-il plus intéressant. Musicalement, c'est assez plan-plan mais, ayant beaucoup de mal à comprendre ce qu'il raconte sans avoir les paroles sous les yeux, peut-être le reste des paroles est-il d'une clairvoyance redoutable. Qui sait ?
Et puis, tout ce qui peut contribuer à la non-réélection de Bush est bon à prendre.
En voilà une bonne idée pour contrer les vilains pirates qui ne font rien qu'à lui voler ses sous : prévoir de vendre 10 millions d'exemplaires de son album et dire aux acheteurs qu'ils ont une chance sur 100.000 de gagner un lot minable et une chance sur 1.000.000 de gagner un super prix de la mort qui tue. C'est sûr que les acheteurs vont se ruer sur le disque avec une ferveur retrouvée.
Sauf que pas du tout, évidemment.
En revanche, s'il se décarcasse pour proposer un beau livret et un prix de vente pas trop élevé, il obtiendra de meilleurs résultats. De très nombreuses nouveautés sont maintenant en vente à moins de 15€ (même le formidable double album de Nick Cave), ce qui aurait été inimaginable il y a à peine deux ans. Dans mon souvenir, The Eminem Show était lors de sa sortie en vente au prix délirant de 22€, avec un DVD bonus de.... TZADAM !, 10 minutes. L'affaire du siècle en d'autres termes. Je ne suis pas sûr que les gens prêts à mettre une telle somme pour un disque soient encore très nombreux. D'autant que, si The Eminem Show tenait encore à peu près la route, je me permets, après avoir entendu Just Lose It et Mosh, d'avoir des doutes sue ce nouvel album.
Mosh est sa chanson anti-Bush. On nous annonçait depuis quelques semaines un album très politique, ce qui pouvait surprendre de la part d'Eminem, qui semblait se complaire dans l'apolitisme depuis le début de sa carrière. Dans ce contexte, sans doute l'apparition sur le Net de ce titre à quelques jours des élections (et de la sortie de l'album) est-elle une pernicieuse manoeuvre politico-publicitaire.
A première vue, il ne faut néanmoins pas s'attendre à voir Eminem écrire l'édito du prochain Monde Diplomatique. En effet, la chanson contient apparemment des analyses géo-politiques aussi finement ciselées que
They tell us ‘no’, we say ‘yeah,’ they tell us ‘stop’, we say ‘go’ / Rebel with a rebel yell, raise hell, we gonna let him know / Stomp, push, shove, mush, fuck Bush / Until they bring our troops home / Come onou
Maybe we can reach al Qaeda through my speech / Let the president answer on higher anarchy / Strap him with an AK-47, let him go fight his own war / Let him impress Daddy that way / …no more blood for oil.
Ceci dit, peut-être le reste de la chanson est-il plus intéressant. Musicalement, c'est assez plan-plan mais, ayant beaucoup de mal à comprendre ce qu'il raconte sans avoir les paroles sous les yeux, peut-être le reste des paroles est-il d'une clairvoyance redoutable. Qui sait ?
Et puis, tout ce qui peut contribuer à la non-réélection de Bush est bon à prendre.
jeudi, octobre 21
(Mr et Mme Gallagher) Savent-ils que c'est Noël (qui a cassé le vase de Tante Martha ? Parce que bon.. c'est toujours Liam qui se fait engueuler)
La chanson "Do they know it's Christmas?" va être prochainement enregistrée pour la troisième fois. Tout le monde se souvient de la version originale en 1985, avec tout ce que la new-wave britannique contenait de gominé(e)s. La deuxième sortie, en 1989, est passée tout à fait inaperçue, en tout cas par moi. Si j'ai tout bien compris, il s'agissait d'une initiative des redoutables Stock, Aitken et Waterman, ce qui expliquerait sans doute qu'elle ne m'ait laissé aucun souvenir. La liste des participants (Kylie Minogue, Jason Donovan, Bros, Big Fun, Wet Wet Wet, Cliff Richard et Chris Rea) est une autre explication possible.
Aujourd'hui, quinze ans plus tard, Midge "Dancing with tears in his eyes" Ure est en train de mettre sur pied un nouveau projet. On parle déjà de la participation de Coldplay (Chris Martin est le Bono du XXIème siècle apparemment, le pauvre), Jamelia, The Darkness, Noel Gallagher et Robbie Williams. Ca va être top délire.
Ceci dit, comme moyen de jauger le niveau moyen de la musique populaire en Angleterre, c'est assez efficace :
1985 : La pop anglaise est en plein boum. Bonne version.
1989 : La pop anglaise gît à terre dans un tas de boue pendant que Madchester danse sur son cadavre en ricanant. La version disparait dans l'oubli.
2004 : On va enfin savoir comment va la pop anglaise. A priori, je parierais sur "moyennement bien".
NB : J'ai vérifié dans la charte. J'ai droit à un intitulé de post vaseux tous les mois.
Aujourd'hui, quinze ans plus tard, Midge "Dancing with tears in his eyes" Ure est en train de mettre sur pied un nouveau projet. On parle déjà de la participation de Coldplay (Chris Martin est le Bono du XXIème siècle apparemment, le pauvre), Jamelia, The Darkness, Noel Gallagher et Robbie Williams. Ca va être top délire.
Ceci dit, comme moyen de jauger le niveau moyen de la musique populaire en Angleterre, c'est assez efficace :
1985 : La pop anglaise est en plein boum. Bonne version.
1989 : La pop anglaise gît à terre dans un tas de boue pendant que Madchester danse sur son cadavre en ricanant. La version disparait dans l'oubli.
2004 : On va enfin savoir comment va la pop anglaise. A priori, je parierais sur "moyennement bien".
NB : J'ai vérifié dans la charte. J'ai droit à un intitulé de post vaseux tous les mois.
Tiré du Sun...
...donc, c'est sûrement vrai.
"Jarvis Cocker has been signed to write the soundtrack to the new Harry Potter film. He has already chosen Franz Ferdinand to appear and write a track."
Tout cela me parait assez improbable. Y a-t-il une scène du livre dans laquelle on puisse faire intervenir un groupe de rock ? Je suis perplexe.
Et Jeunet serait en pourparlers pour réaliser le cinquième film.
"Jarvis Cocker has been signed to write the soundtrack to the new Harry Potter film. He has already chosen Franz Ferdinand to appear and write a track."
Tout cela me parait assez improbable. Y a-t-il une scène du livre dans laquelle on puisse faire intervenir un groupe de rock ? Je suis perplexe.
Et Jeunet serait en pourparlers pour réaliser le cinquième film.
mercredi, octobre 20
Et pendant ce temps, David McAlmont pousse des hurlements de désespoir
Brett et Bernard se haïss(ai)ent. Brett et Bernard ont pourtant décidé de retravailler ensemble, en souvenir du bon vieux temps, lorsque Suede était encore un groupe excitant. Une telle entreprise ne pouvait finir que dans les larmes.
Ils prétendent avoir trouvé le nom de leur nouveau groupe ('The Tears' donc. Je précise pour ceux qui seraient trop paresseux pour cliquer sur un lien) dans un poème plus ou moins obscur de Philip Larkin. Ils récoltent donc un 10/10 en snobisme tête-à-claques mais, fondamentalement, ce choix est tellement bateau que je suis prêt à parier qu'il y a, au moment où j'écris ces mots, 885 groupes qui répètent sous ce nom dans les caves humides d'Angleterre, et je veux bien être pendus s'ils ont tous lu le même poème.
Ils prétendent avoir trouvé le nom de leur nouveau groupe ('The Tears' donc. Je précise pour ceux qui seraient trop paresseux pour cliquer sur un lien) dans un poème plus ou moins obscur de Philip Larkin. Ils récoltent donc un 10/10 en snobisme tête-à-claques mais, fondamentalement, ce choix est tellement bateau que je suis prêt à parier qu'il y a, au moment où j'écris ces mots, 885 groupes qui répètent sous ce nom dans les caves humides d'Angleterre, et je veux bien être pendus s'ils ont tous lu le même poème.
Le comptoir des Indés.
Voici le groupe en 'The' de la semaine, 'The' Dead 60s, qui remettent 'The' Clash et 'The' Specials à l'honneur avec quelques hurlements parfaitement à propos. La vidéo de Riot Radio est visible ici.
Vous aimez les chansons en duo pendant lesquelles les deux interprètes semblent s'ignorer royalement ? Vous allez adorer David Bowie chantant Fashion avec le lutin Franky Blacky. Attention, ce document contient des poses de rock-star ridicule(s).
Sinon, un rédacteur du NME, journal qui n'en est plus à une bonne blague près, à écrit dans un article sur Interpol il y a deux semaines.
Vous aimez les chansons en duo pendant lesquelles les deux interprètes semblent s'ignorer royalement ? Vous allez adorer David Bowie chantant Fashion avec le lutin Franky Blacky. Attention, ce document contient des poses de rock-star ridicule(s).
Sinon, un rédacteur du NME, journal qui n'en est plus à une bonne blague près, à écrit dans un article sur Interpol il y a deux semaines.
...Interpol qui, avec la sortie de Antics, devrait rejoindre The Music parmi les plus grands groupes de rock au monde.Je dois avouer ne pas avoir compris exactement ce qu'il voulait dire par là. Que "grand" se rapporte au succès commercial ou à la valeur intrinsèque du groupe, la phrase n'accepte aucune interprétation plausible. C'est un peu comme si, au détour d'une phrase dans Marie-Claire, on tombait sur
...Virigine Ledoyen, dont la beauté rivaliserait sans peine avec celle de la sublime Alice Sapritch.On reste un instant interloqué, puis l'étonnement laisse la place à un curieux malaise, comme si on venait soudainement de basculer dans une dimension parallèle.
mardi, octobre 19
lundi, octobre 18
Admirez-moi ce coup droit
Bien que mon billet précédent ne m'incite guère à la rigolade, je me suis dit que ce serait dommage que vous passiez à côté de ça.
EDIT : Je crois que je préfère l'intitulé du billet comme ça.
EDIT : Je crois que je préfère l'intitulé du billet comme ça.
Mauvaise nouvelle
Marc Almond a été grièvement blessé dans un accident de la route. Bien que la news ne donne aucun détail sur l'étendue exacte des blessures, le ton employé me fait craindre le pire.
Je suis triste.
Je suis triste.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes ne peut faire de mal.
En cette époque où les artistes semblent tétanisés par la peur de ne pas en faire assez et en rajoutent toujours plus pour être sûrs de faire passer clairement leurs intentions, il est rassurant de voir débarquer sur sa platine un disque pour lequel les mots légèreté, délicatesse et suggestion ont gardé tous leur sens.
L'album commence par la chanson qui lui donne son titre, "Voyage voyage" (je traduis), et ce disque est effectivement une invitation à l'errance sans but, à la contemplation flemmarde de ce qui nous entoure ou de ce qui, au contraire, se trouve là-bas, dans des contrées plus ou moins lointaines. Le petit solo d'accordéon malingre qui conclut cette première plage plante ainsi un état d'esprit qui ne variera plus tout au long des onze vignettes qui constituent cet album, même si la langue utilisée et les lieux évoqués varient au gré des chansons, passant par exemple de Moscou à l'Amérique, via le Tibet.
N'en déduisez pas qu'il s'agit d'un de ces disques gentiment chiants, où une joliesse foutraque ne parvient que rarement à excuser le caractère inabouti des mélodies. L'album est beaucoup plus ambitieux et fait preuve d'une large palette de rythmes et d'atmosphères et de tempos. Des chansons lentes (dont le bouleversant 'Amour') côtoie ainsi des morceaux plus rapides. Il est aussi étonnamment divers dans son instrumentation : choeurs célestes, orchestres à cordes, guitares, harmonica, piano, accordéon et percussions se relaient pour tresser une tapisserie sonore particulièrement riche. De plus, le disque ne manque pas d'humour et, par des citations tous azimuts, s'inscrit sans avoir l'air d'y toucher dans son époque. Le Dalaï-Lama, auquel une chanson est consacrée, est ainsi évoqué par quelques notes rêveuses au piano, et Moscou par un pastiche de Tatu qui réjouira ceux qui, comme moi, n'ont pu ou voulu résister à 'All the things she said' ou 'Not gonna get us'.
Comme on le voit, le disque ne se contente donc pas de décliner son parti-pris déambulatoire comme un écrivain à la mode étire péniblement la demi-idée de son nouveau best-seller sur des centaines de pages. Toute sa richesse provient au contraire de son inventivité permanente, de la multitude de points de vue et de genres qu'il convoque. Pourtant, si certains morceaux bifurquent parfois vers un incongru boogie-rock à l'ancienne, d'autres vers de la musique de danse ou encore un sorte de rock pesant, ils restent fidèles au projet global du disque : la découverte du monde et l'évocation de sa diversité.
La chanson consacrée à l'Amérique est particulièrement emblématique de ce qu'est ce disque. Elle commence par une mélodie a cappella qui n'est pas sans rappeler les Beatles dans leur veine la plus sautillante ou encore un James Brown tardif. Vient ensuite un long récitatif où le chanteur décrit ce que lui évoque l'Amérique, de manière apparemment assez critique (le propos du disque est de ce point de vue ancré dans son époque, pour le meilleur et pour le pire). De manière quasiment impressionniste, il égrène ainsi quelques mots qui en sont venus à représenter l'Amérique dans le monde (Coca-Cola, Mickey Mouse, Wonderbra même). Le morceau bifurque ensuite vers une amusante citation du 'This is not a love song' de Public Image Limited, avec un petit solo hardeux incongru. Sans jamais verser dans la caricature grossière que ce sujet aurait de nos jours tendance à inspirer, le tout reflète à merveille l'ambivalence de l'Amérique et celle du monde envers elle.
Rarement album aura aussi bien porté son titre. Des voyages comme ceux-là, on en redemande. Merci Messieurs Rammstein.
La vidéo de Amerika est visible ici.
L'album commence par la chanson qui lui donne son titre, "Voyage voyage" (je traduis), et ce disque est effectivement une invitation à l'errance sans but, à la contemplation flemmarde de ce qui nous entoure ou de ce qui, au contraire, se trouve là-bas, dans des contrées plus ou moins lointaines. Le petit solo d'accordéon malingre qui conclut cette première plage plante ainsi un état d'esprit qui ne variera plus tout au long des onze vignettes qui constituent cet album, même si la langue utilisée et les lieux évoqués varient au gré des chansons, passant par exemple de Moscou à l'Amérique, via le Tibet.
N'en déduisez pas qu'il s'agit d'un de ces disques gentiment chiants, où une joliesse foutraque ne parvient que rarement à excuser le caractère inabouti des mélodies. L'album est beaucoup plus ambitieux et fait preuve d'une large palette de rythmes et d'atmosphères et de tempos. Des chansons lentes (dont le bouleversant 'Amour') côtoie ainsi des morceaux plus rapides. Il est aussi étonnamment divers dans son instrumentation : choeurs célestes, orchestres à cordes, guitares, harmonica, piano, accordéon et percussions se relaient pour tresser une tapisserie sonore particulièrement riche. De plus, le disque ne manque pas d'humour et, par des citations tous azimuts, s'inscrit sans avoir l'air d'y toucher dans son époque. Le Dalaï-Lama, auquel une chanson est consacrée, est ainsi évoqué par quelques notes rêveuses au piano, et Moscou par un pastiche de Tatu qui réjouira ceux qui, comme moi, n'ont pu ou voulu résister à 'All the things she said' ou 'Not gonna get us'.
Comme on le voit, le disque ne se contente donc pas de décliner son parti-pris déambulatoire comme un écrivain à la mode étire péniblement la demi-idée de son nouveau best-seller sur des centaines de pages. Toute sa richesse provient au contraire de son inventivité permanente, de la multitude de points de vue et de genres qu'il convoque. Pourtant, si certains morceaux bifurquent parfois vers un incongru boogie-rock à l'ancienne, d'autres vers de la musique de danse ou encore un sorte de rock pesant, ils restent fidèles au projet global du disque : la découverte du monde et l'évocation de sa diversité.
La chanson consacrée à l'Amérique est particulièrement emblématique de ce qu'est ce disque. Elle commence par une mélodie a cappella qui n'est pas sans rappeler les Beatles dans leur veine la plus sautillante ou encore un James Brown tardif. Vient ensuite un long récitatif où le chanteur décrit ce que lui évoque l'Amérique, de manière apparemment assez critique (le propos du disque est de ce point de vue ancré dans son époque, pour le meilleur et pour le pire). De manière quasiment impressionniste, il égrène ainsi quelques mots qui en sont venus à représenter l'Amérique dans le monde (Coca-Cola, Mickey Mouse, Wonderbra même). Le morceau bifurque ensuite vers une amusante citation du 'This is not a love song' de Public Image Limited, avec un petit solo hardeux incongru. Sans jamais verser dans la caricature grossière que ce sujet aurait de nos jours tendance à inspirer, le tout reflète à merveille l'ambivalence de l'Amérique et celle du monde envers elle.
Rarement album aura aussi bien porté son titre. Des voyages comme ceux-là, on en redemande. Merci Messieurs Rammstein.
La vidéo de Amerika est visible ici.
dimanche, octobre 17
La comédie musicale la plus improbable de l'année
Là où les producteurs français se contentent de monter à la chaîne des spectacles sur des sujets aussi convenus que Notre-Dame de Paris, Le Petit Prince, Ali Baba ou Roméo et Juliette, espérant sans doute ainsi couvrir leurs monstuosités sonores d'une couche de vernis culturel, les Germanophones ont droit à une comédie musicale sur Falco, le roi du rap BCBG autrichien. Les plus de 25 ans se souviendront peut-être de 'Rock me Amadeus', entre autres pépites.
L'idée n'est pas neuve. Des comédies musicales du même type, centrées autour d'un artiste pop-rock, pullulent à Londres. Le principe est simple : écrire une vague histoire permettant aux chansons les plus connues d'être insérées dans le spectacle et la mettre en scène à la va-vite, histoire de forcer le fan à payer de nouveau pour entendre dans un nouvel environnement des chansons qu'il connait déjà par coeur, et cela sans que les artistes aient à quitter leur fauteuil pour encaisser leurs droits d'auteur (Abba, Madness, Queen se sont tous récemment pliés à l'exercice). C'est un peu le réalisation du vieux rêve de Michael Jackson qui aurait voulu (et l'a fait si les rumeurs sont vraies) rester chez lui pendant ses propres concerts et laisser faire le boulot à ses doublures.
Dans le cas de Falco, le résultat de cette odieuse course au profit passe en ce moment de ville allemande en ville autrichienne et possède même son propre site Web. Je ne saurais trop vous conseiller les extraits sonores disponibles ici, rien que pour entendre comment l'acteur tente de reproduire le débit (a priori inimitable) de Falco, et y arrive somme toute assez bien.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le spectacle est très mauvais, mais le fait qu'il existe me met d'excellente humeur et me donne envie de parler prochainement de Falco ici.
L'idée n'est pas neuve. Des comédies musicales du même type, centrées autour d'un artiste pop-rock, pullulent à Londres. Le principe est simple : écrire une vague histoire permettant aux chansons les plus connues d'être insérées dans le spectacle et la mettre en scène à la va-vite, histoire de forcer le fan à payer de nouveau pour entendre dans un nouvel environnement des chansons qu'il connait déjà par coeur, et cela sans que les artistes aient à quitter leur fauteuil pour encaisser leurs droits d'auteur (Abba, Madness, Queen se sont tous récemment pliés à l'exercice). C'est un peu le réalisation du vieux rêve de Michael Jackson qui aurait voulu (et l'a fait si les rumeurs sont vraies) rester chez lui pendant ses propres concerts et laisser faire le boulot à ses doublures.
Dans le cas de Falco, le résultat de cette odieuse course au profit passe en ce moment de ville allemande en ville autrichienne et possède même son propre site Web. Je ne saurais trop vous conseiller les extraits sonores disponibles ici, rien que pour entendre comment l'acteur tente de reproduire le débit (a priori inimitable) de Falco, et y arrive somme toute assez bien.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le spectacle est très mauvais, mais le fait qu'il existe me met d'excellente humeur et me donne envie de parler prochainement de Falco ici.
vendredi, octobre 15
Ca fait peur
On dit souvent que Bowie est un caméléon. Ca lui a pas mal servi au cours de sa carrière, mais je ne suis pas sûr que sa nouvelle apparence va lui rapporter des hordes de fans.
Brrrr.
Brrrr.
jeudi, octobre 14
Parce que les meilleures choses ont une fin
Les trois dernières infos indispensables du NME :
N°790 - En 1989, le bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman (52 ans), a épousé Mandy Smith (19 ans). Ils "se connaissaient" depuis que Mandy avait 13 ans. Ces longues fiançailles ne les ont pourtant pas empêchés de divorcer peu après. Plus tard, le fils Wyman épousa la mère de Mandy Smith, ce qui en fit le beau-père de son ex-belle mère.
N°795 - L'année dernière, l'Etat de l'Oregon a assimilé le fait de changer le nom d'un fichier MP3 à un acte terroriste.
N°797 - Lors d'un procès pour rupture de contrat relatif à un concert pour lequel il n'était jamais venu chanter, Michael Jackson a expliqué qu'il ne pouvait être tenu de se souvenir de petits détails de la vie quotidienne tels que les horaires et les contrats car il était un "visionnaire".
Et, parce qu'elle le vaut bien, une info sur B-Kay :
Il est interdit aux photographes de presse de prendre des clichés de Destiny's Child avec Beyoncé au centre. Elle doit être sur les côtés et laisser la place centrale à une des deux autres. Elle a peur sinon que la renommée acquise durant sa carrière solo ne transforme le groupe en "Beyoncé et les deux autres". Cette humilité n'est-elle pas admirable ? D'autres devraient en prendre de la graine.
N°790 - En 1989, le bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman (52 ans), a épousé Mandy Smith (19 ans). Ils "se connaissaient" depuis que Mandy avait 13 ans. Ces longues fiançailles ne les ont pourtant pas empêchés de divorcer peu après. Plus tard, le fils Wyman épousa la mère de Mandy Smith, ce qui en fit le beau-père de son ex-belle mère.
N°795 - L'année dernière, l'Etat de l'Oregon a assimilé le fait de changer le nom d'un fichier MP3 à un acte terroriste.
N°797 - Lors d'un procès pour rupture de contrat relatif à un concert pour lequel il n'était jamais venu chanter, Michael Jackson a expliqué qu'il ne pouvait être tenu de se souvenir de petits détails de la vie quotidienne tels que les horaires et les contrats car il était un "visionnaire".
Et, parce qu'elle le vaut bien, une info sur B-Kay :
Il est interdit aux photographes de presse de prendre des clichés de Destiny's Child avec Beyoncé au centre. Elle doit être sur les côtés et laisser la place centrale à une des deux autres. Elle a peur sinon que la renommée acquise durant sa carrière solo ne transforme le groupe en "Beyoncé et les deux autres". Cette humilité n'est-elle pas admirable ? D'autres devraient en prendre de la graine.
mardi, octobre 12
Robinet à clips
La vidéo d'Eminem pour 'Just lose it' est apparue sur le Net (et sans doute à la télévision aussi, même si je ne suis pas encore tombé dessus). Elle ne tient pas ses promesses. Michael Jackson est une proie facile en ce moment, et s'y attaquer démontre au mieux un manque d'inspiration. De plus, un type de 32 ans qui s'amuse encore à faire des blagues pipi-caca mériterait quand même de se poser des questions sur son métier. Ceci dit, le "Boy shake that ass. Oops, I mean girl. Girl girl girl" m'a fait sourire. Je commence à me lasser de la règle qui veut que, pour annoncer tous ses albums, il nous sorte une chanson bas du front avec un clip rigolo(My name is, The Real Slim Shady, Without me dans le désordre). Ceci dit, le "Boy shake that ass. Oops, I mean girls. Girls girls girls" m'a fait sourire. L'album serait quant à lui une diatribe anti-Bush, que ce grand timide ne sortira que la semaine après les élections.
Plus intéressante est la vidéo du nouveau single de Gwen Stefani, que certains présentent déjà comme la chanson de l'année. Certes, mêler une rythmique dance à la Kylie Minogue avec les tics vocaux de Cyndi Lauper est une idée tellement évidente qu'on s'étonne que personne n'y ait pensé auparavant. La production est parfaite et le refrain imparable. Quel dommage dès lors qu'après le premier enchaînement couplet-refrain, tout soit déjà dit. Je suis un peu déçu, mais comme j'ai toujours trouvé Gwen Stefani très énervante, je ne suis sans doute pas objectif. Ceci dit, les fans ont intérêt à aller voir la vidéo sur le Net car il n'est pas sûr que la longue intro sans musique passera souvent à la téloche.
Tout cela ici.
Plus intéressante est la vidéo du nouveau single de Gwen Stefani, que certains présentent déjà comme la chanson de l'année. Certes, mêler une rythmique dance à la Kylie Minogue avec les tics vocaux de Cyndi Lauper est une idée tellement évidente qu'on s'étonne que personne n'y ait pensé auparavant. La production est parfaite et le refrain imparable. Quel dommage dès lors qu'après le premier enchaînement couplet-refrain, tout soit déjà dit. Je suis un peu déçu, mais comme j'ai toujours trouvé Gwen Stefani très énervante, je ne suis sans doute pas objectif. Ceci dit, les fans ont intérêt à aller voir la vidéo sur le Net car il n'est pas sûr que la longue intro sans musique passera souvent à la téloche.
Tout cela ici.
Quelques faits
N°468 - Quand Alan McGee a vu les Super Furry Animals en concert pour la première fois, il leur a dit : "Vous êtes formidables mais vous devriez chanter en anglais." (sous-entendu "pas en gallois"). Le chanteur Gruff Rhys lui aurait alors répondu : "C'était de l'anglais".
N°758 - John Denver est mort dans un accident d'avion en 1997. Il avait construit lui-même l'appareil. Les mouettes arrivèrent sur le lieu de l'accident avant les secours. En 20 minutes, elles avaient emporté son cerveau, ses dents, ses yeux (en fait, les trois-quarts de sa tête) et ses poumons.
N°766 - Terry Kaith, le guitariste de Chicago (le groupe, pas la ville), a commis un suicide accidentel en jouant à la roulette russe. Ses derniers mots furent "T'inquiète, il n'est pas chargé".
Et une petite dernière sur Morrissey :
N°776 - Quand on demanda à Morrissey en 1984 pourquoi les Smiths n'avaient pas encore fait de vidéos pour promouvoir leurs chansons, il répondit qu'il pensait que les clips n'étaient qu'un phénomène de mode qui s'estomperait très vite.
N°758 - John Denver est mort dans un accident d'avion en 1997. Il avait construit lui-même l'appareil. Les mouettes arrivèrent sur le lieu de l'accident avant les secours. En 20 minutes, elles avaient emporté son cerveau, ses dents, ses yeux (en fait, les trois-quarts de sa tête) et ses poumons.
N°766 - Terry Kaith, le guitariste de Chicago (le groupe, pas la ville), a commis un suicide accidentel en jouant à la roulette russe. Ses derniers mots furent "T'inquiète, il n'est pas chargé".
Et une petite dernière sur Morrissey :
N°776 - Quand on demanda à Morrissey en 1984 pourquoi les Smiths n'avaient pas encore fait de vidéos pour promouvoir leurs chansons, il répondit qu'il pensait que les clips n'étaient qu'un phénomène de mode qui s'estomperait très vite.
lundi, octobre 11
Trop beau pour être vrai.
C'eût été une formidable manière de brouiller les frontières entre bon et mauvais goût, rock et pop, pitoyable et sublime mais ce n'est sans doute qu'une parodie intelligente et bien faite. Ce n'est déjà pas si mal.
Pauvre Trail of Dead. Portés aux nues à leurs débuts comme les fers de lance d'un renouveau du rock'n'roll tant vanté à l'époque, ils sont arrivés juste un peu trop tôt et laissèrent leur place sous les projecteurs à une armada de Vines, Strokes, Datsuns et White Stripes, pas franchement plus doués. 'Madonna', leur deuxième album, fut à l'époque une excellente surprise, tout comme leur EP sorti en 2003 (The secret of Elena's tomb). Ceci dit, "Worlds Apart" est vraiment un très mauvais titre (et ils jouent beaucoup trop fort en concert, ai-je entendu dire, ce qui est extrêmement vilain).
Merci à Arnaud.
Breakstuff hears the new Trail of Dead album...
...is going to be called Worlds Apart. It's a concept album plotting the career highs and lows of the terrible 90s boy band which Trail of Dead feel closely mirrors their own career. As everyone knows, Worlds Apart were put together by a management company through auditions of crazy looking boys bent on destruction. They then got a stylist in to help the boys with their image of dyed black hair, eyeliner and nice jumpers and put them into intensive classes on media relations and dance routines. After a couple of records on cool indie labels to gain some dedicated obsessive fans, the boy band were then picked up by a major and spent the next few years travelling the world, being chased by screaming girls and not really selling that many records. All excellent inspiration for an album, I'm sure you'll agree. We also have an exclusive picture of the cover art which has been handpainted by Conrad and will feature liner notes by Nathan Moore, ex-member of the excellent Brother Beyond as well as Worlds Apart, who also contributes additional backing vocals to a number of tracks. The album has been delayed until the end of January so that the band can be given a strict talking to by Interscope heavies and convinced to think of a better idea. Can't wait.
Pauvre Trail of Dead. Portés aux nues à leurs débuts comme les fers de lance d'un renouveau du rock'n'roll tant vanté à l'époque, ils sont arrivés juste un peu trop tôt et laissèrent leur place sous les projecteurs à une armada de Vines, Strokes, Datsuns et White Stripes, pas franchement plus doués. 'Madonna', leur deuxième album, fut à l'époque une excellente surprise, tout comme leur EP sorti en 2003 (The secret of Elena's tomb). Ceci dit, "Worlds Apart" est vraiment un très mauvais titre (et ils jouent beaucoup trop fort en concert, ai-je entendu dire, ce qui est extrêmement vilain).
Merci à Arnaud.
dimanche, octobre 10
La solution de facilité.
Quand on travaille au NME et qu'on manque d'articles pour remplir son canard, on monte vite fait bien fait un numéro spécial '1OO1 awesome rock facts' (voir le numéro du 18/09/2004), soit 1001 informations consciencieusement numérotées et plus ou moins passionnantes sur le petit monde de la musique qui fait transpirer les jeunes. Un petit aperçu aujourd'hui, avec deux infos totalement indispensables sur Morrissey.
N°198 - En 1987, un fan de Morrissey a forcé sous la menace d'un pistolet une station de radio de Denver à passer des disques de Smiths pendant plus de 5 heures, avant que la police ne se décide à intervenir.
N°201 - En 2001, Moz le végétarien a déclaré que le meilleur moment selon lui des 15 dernières années fut l'épidémie de fièvre aphteuse dans les îles Britanniques.
Quand on y réfléchit, c'est amusant de se dire qu'un ami des animaux, végétarien par conviction, puisse se réjouir de la mort de centaines de millers de bêtes, mais je suppose que je peux comprendre le raisonnement sous-jacent.
Je vous donnerai encore quelques exemples dans les prochains jours si je ne trouve rien de plus intéressant à écrire.
N°198 - En 1987, un fan de Morrissey a forcé sous la menace d'un pistolet une station de radio de Denver à passer des disques de Smiths pendant plus de 5 heures, avant que la police ne se décide à intervenir.
N°201 - En 2001, Moz le végétarien a déclaré que le meilleur moment selon lui des 15 dernières années fut l'épidémie de fièvre aphteuse dans les îles Britanniques.
Quand on y réfléchit, c'est amusant de se dire qu'un ami des animaux, végétarien par conviction, puisse se réjouir de la mort de centaines de millers de bêtes, mais je suppose que je peux comprendre le raisonnement sous-jacent.
Je vous donnerai encore quelques exemples dans les prochains jours si je ne trouve rien de plus intéressant à écrire.
samedi, octobre 9
Pourquoi les popstars feraient mieux de se contenter de chanter
Après avoir ouvert un restaurant qui a fait faillite en quelques mois, Britney Spears s'est improvisée décoratrice d'intérieur et a donné son nom à une suite dans un hôtel à Boston. Je vous invite à aller lire l'amusant compte-rendu par un journaliste américain d'une nuit dans un environnement entièrement conçu par Britney Spears. La bible en "peau de veau" rose qu'elle a fait placer dans la table de nuit me plait particulièrement. C'est la deuxième fois en quelques semaines que son raffinement et son bon goût ont été remis en question. Souvenez-vous du menu et du code vestimentaire de son mariage.
Dans le même ordre d'idée, Busted se lance dans la politique. Les trois membres du groupe ont avoué leurs honteux penchants Conservateurs (Tory en anglais). La raison invoquée par l'un des membres du groupe est hilarante :
Dans le même ordre d'idée, Busted se lance dans la politique. Les trois membres du groupe ont avoué leurs honteux penchants Conservateurs (Tory en anglais). La raison invoquée par l'un des membres du groupe est hilarante :
"Yeah, actually, you know what, I am not going to be ripped off any more. From the financial position I am in now, I am a fucking Tory boy too."Ils ont depuis publié un communiqué disant laconiquement que leurs propos ont été retirés du contexte, comme c'est la règle dans ce genre de situations. Toujours est-il que ça ne pouvait tomber à un plus mauvais moment. Je venais juste de trouver une chanson de Busted que j'aimais bien. Cette déclaration d'amour à l'argent et à l'establishment n'empêchera toutefois pas le nouveau groupe de Charlie Simpson de signer un contrat chez le label férocement indé Fierce Panda (si j'en crois Popbitch, ce qui n'est jamais sans risques).
jeudi, octobre 7
L'humanité va mal.
Les classements des meilleurs groupes du monde sont souvent sources de consternation, mais lorsqu'en plus ils sont compilés par un magazine en perdition et basés sur des critères de type économique, ils en deviennent franchement pitoyables.
Voici à titre d'exemple le classement des 50 plus grands groupes de tous les temps compilé par Q (dans leur numéro de novembre 2004) sur base des ventes d'albums mondiales, de la taille de leur plus grand concert et de leur longévité dans les classements des meilleurs ventes d'albums au Royaume-Uni.
1) Pink Floyd
2) Led Zeppelin
3) Rolling Stones
4) U2
5) Queen
6) Dire Straits
7) Bruce Springsteen and the E Street Band
8) The Beatles
9) Bob Marley and the Wailers
10) Fleetwood Mac
11) The Eagles
12) The Beach Boys
13) Oasis
14) Bon Jovi
15) Guns N' Roses
16) Nirvana
17) Genesis
18) Bee Gees
19) Metallica
20) Boston
21) R.E.M.
22) Backstreet Boys
23) Red Hot Chili Peppers
24) AC/DC
25) The Police
26) Steve Miller Band
27) ABBA
28) Santana
29) Simply Red
30) Supertramp
31) The Carpenters
32) Journey
33) Spice Girls
34) Def Leppard
35) Deep Purple
36) UB40
37) Aerosmith
38) Wham!
39) Pearl Jam
40) Hootie & the Blowfish
41) Status Quo
42) Simple Minds
43) Wet Wet Wet
44) 'N Sync
45) Eurythmics
46) Duran Duran
47) Erasure
48) The Shadows
49) Boyz II Men
50) Van Halen
Bon, évidemment, tout n'y est pas à jeter mais on y trouve tout de même une belle brochette de tocards (Boston ? Journey ?? Wet Wet Wet ??? Boyz II Men ????). En tout état de cause, sur les 50, un seul dont je pourrais honnêtement me dire fan (non je ne vous dirai pas lequel). Pourtant, j'ai confusément l'impression que les gens susceptibles de maugréer contre la médiocrité de la musique commerciale ne citeraient pas spontanément la plupart de ces groupes pour appuyer leur thèse. Allez comprendre.
Voici à titre d'exemple le classement des 50 plus grands groupes de tous les temps compilé par Q (dans leur numéro de novembre 2004) sur base des ventes d'albums mondiales, de la taille de leur plus grand concert et de leur longévité dans les classements des meilleurs ventes d'albums au Royaume-Uni.
1) Pink Floyd
2) Led Zeppelin
3) Rolling Stones
4) U2
5) Queen
6) Dire Straits
7) Bruce Springsteen and the E Street Band
8) The Beatles
9) Bob Marley and the Wailers
10) Fleetwood Mac
11) The Eagles
12) The Beach Boys
13) Oasis
14) Bon Jovi
15) Guns N' Roses
16) Nirvana
17) Genesis
18) Bee Gees
19) Metallica
20) Boston
21) R.E.M.
22) Backstreet Boys
23) Red Hot Chili Peppers
24) AC/DC
25) The Police
26) Steve Miller Band
27) ABBA
28) Santana
29) Simply Red
30) Supertramp
31) The Carpenters
32) Journey
33) Spice Girls
34) Def Leppard
35) Deep Purple
36) UB40
37) Aerosmith
38) Wham!
39) Pearl Jam
40) Hootie & the Blowfish
41) Status Quo
42) Simple Minds
43) Wet Wet Wet
44) 'N Sync
45) Eurythmics
46) Duran Duran
47) Erasure
48) The Shadows
49) Boyz II Men
50) Van Halen
Bon, évidemment, tout n'y est pas à jeter mais on y trouve tout de même une belle brochette de tocards (Boston ? Journey ?? Wet Wet Wet ??? Boyz II Men ????). En tout état de cause, sur les 50, un seul dont je pourrais honnêtement me dire fan (non je ne vous dirai pas lequel). Pourtant, j'ai confusément l'impression que les gens susceptibles de maugréer contre la médiocrité de la musique commerciale ne citeraient pas spontanément la plupart de ces groupes pour appuyer leur thèse. Allez comprendre.
mardi, octobre 5
Yes they can.
Je n'ai rien contre le fait que les mauvais groupes sortent des coffrets pour satisfaire leurs hordes de fans. Après tout, il n'y a pas de raisons que seuls les gens de bon goût se retrouvent avec des disques qui ne rentrent pas dans leurs étagères. Ils pourraient néanmoins éviter d'apporter du même coup toute l'eau du Mississippi au moulin de leurs détracteurs. Franchement. Comment ne pas éclater de rire face à ça ?
D'autant que l'affirmation du titre semble curieusement interrogative, et on croit entendre en écho Jon et Richie murmurer d'une petite voix plaintive "...can they?". Ils ont ensuite le bon goût de répondre sans ambiguïté à cette question à peine formulée avec des photos que même Freddie Mercury aurait trouvées embarrassantes.
On vient d'ailleurs de me signaler que le titre et les costumes s'inspirent de la pochette d'un disque d'Elvis Presley, avec une pointe de surenchère assez savoureuse. Ceci dit, je vous avoue que, même pour Elvis, l'idée est passablement ridicule.
Merci à Popbitch pour le lien, et à Terant pour m'avoir signalé l'original.
D'autant que l'affirmation du titre semble curieusement interrogative, et on croit entendre en écho Jon et Richie murmurer d'une petite voix plaintive "...can they?". Ils ont ensuite le bon goût de répondre sans ambiguïté à cette question à peine formulée avec des photos que même Freddie Mercury aurait trouvées embarrassantes.
On vient d'ailleurs de me signaler que le titre et les costumes s'inspirent de la pochette d'un disque d'Elvis Presley, avec une pointe de surenchère assez savoureuse. Ceci dit, je vous avoue que, même pour Elvis, l'idée est passablement ridicule.
Merci à Popbitch pour le lien, et à Terant pour m'avoir signalé l'original.
Souvenons-nous...
... de la chanson enregistrée par Carl Lewis peu après les Jeux Olympiques de Los Angeles. Je me garde bien d'être plus précis car l'année de parution est 1985 ou 1987 selon les sources consultées.
A quand la chanson de Michael Phelps ?
A quand la chanson de Michael Phelps ?
dimanche, octobre 3
What a performance tonight
On peut diviser les concerts 'rock' en deux catégories. La première est la plus éprouvée : le chanteur est au centre de la scène, entouré de ses musiciens, les morceaux se succèdent, entrecoupés ou non de quelques paroles adressées au public ("Fuck Bush", "This one is called Karma Police", "It's good to be here", "As you've been a fantastic audience, we'll play one more", ce genre de choses). La seconde est plus récente (on pourrait timidement émettre l'hypothèse qu'elle est née avec Pink Floyd ou Jean-Michel Jarre). Elle consiste à considérer le concert comme un spectacle total dont la musique ne serait qu'un des ingrédients. Dans ce cas, la scène est le plus souvent énorme, les jeux de lumière aveuglants (avec des rayons laser. Ca donne toujours bien, les rayons laser) et les effets pyrotechniques à l'extrême limite de ce que les réglementations en vigueur autorisent. Il faut de nombreux danseurs et danseuses, des choristes, une petite section de cuivres, deux batteurs,.... On reste ici dans le domaine du concert (les musiciens sont visibles sur scène, les chanteurs au centre), mais tout y est démesuré, énorme et grandiose. C'est le cas de la plupart des spectacles des superstars de la pop actuelle, de Britney Spears (son récent Onyx Hotel Tour où elle ne chantait pas) à Justin Timberlake. Pourtant, une caractéristique lie ces deux types de spectacle : la place des artistes dont le nom est sur l'affiche y est centrale. Que Thom Yorke se prenne pour un derviche tourneur pendant que Jonny se lance accroupi dans un solo de transistors ou que Britney Spears fasse semblant de s'octroyer un peu de bon temps avec le "touch of [her] hand" sur un grand lit aux draps beiges froissés tandis que 10 danseurs se trémoussent à ses côtés, tout tourne autour d'eux : les chorégraphies, les jeux de lumière, la disposition de la scène, etc. Et comment pourrait-il en être autrement ? Pour pouvoir se permettre de mettre sur pied des spectacles de ce type, il faut de l'argent. Donc, pour espérer rentrer dans ses frais, il faut être une star et pouvoir attirer des centaines de milliers de spectateurs. Et quand on est une star, on se comporte sur scène comme une star et on ne se confond pas avec le décor. C'est ainsi.
Pour voir des concerts à grand spectacle ne tournant pas au délire mégalomane, il faut donc aller fureter du côté des artistes un peu moins connus. Le cabaret décadent, cheap et à la limite du mauvais goût, de Fischerspooner est un bel exemple. Casey Spooner semble n'y être qu'un intervenant parmi d'autres, surtout quand il ne chante pas. Warren Fischer est quant à lui carrément absent. Pourtant, on sent confusément que, si le groupe avait vendu un nombre de disques en accord avec l'importance qu'il s'accorde, on assisterait sans doute à un tout autre spectacle où leur nom apparaîtrait en lettres de feu au-dessus d'une scène gigantesque et où un orchestre symphonique serait, on ne sait trop comment, incorporé entre deux couplets de Emerge.
Il est pourtant un exemple d'artistes au sommet de leur gloire, riches à millions et ayant mis sur pied un spectacle hors de prix derrière lequel ils se sont en grande partie dissimulés : les Pet Shop Boys. Leur tournée Performance en 1991 fut une entreprise complètement dingue dont, dès la conception, on savait qu'elle serait déficitaire. Même si tous les concerts affichaient complet, la perte sèche serait d'environ 500.000 livres. Un caprice qu'ils pouvaient se permettre à l'époque, lorsqu'ils étaient encore les musiciens "indépendants" les plus riches d'Angleterre. Ce ne serait sans doute plus cas aujourd'hui.
Le rapport à la scène du groupe a toujours été assez conflictuel. Partant du principe qu'il n'y aurait pas de sens à prétendre qu'ils sont réellement capables de reproduire leurs chansons live, ils ont rapidement trouvé leur salut dans une distanciation ironique. Lors de leurs nombreuses apparitions, Neil chante tandis que Chris, l'air impassible et ennuyé, se tient debout derrière son clavier, ne cherchant même pas à faire semblant de jouer. Ce dispositif a fait leur succès à la télévision, à une époque où le minimalisme n'était pas encore à la mode. Pourtant, ils sentaient légitimement que, pour un spectacle payant, ce genre de mise en scène pourrait passer pour un léger foutage de gueule. Ne sachant trop comment s'y prendre, ils ont donc très peu fait de scène au début de leur carrière. Ils ont bien effectué une première petite tournée en 1989, dont je ne sais quasiment rien et qui était axée autour des projections vidéo réalisées par Derek Jarman, mais ce n'est que deux ans plus tard; en 1991, qu'ils ont osé se lancer dans une vraie tournée mondiale, Performance. Leur quatrième et meilleur album venait de paraître. Leurs singles passaient en boucle à la radio et tout semblait devoir leur sourire. C'était le bon moment pour s'autoriser un tel caprice. Incidemment, leur première tournée où ils monteront sur scène en tant que musiciens aura lieu en 2002 et contredira en quelque sorte tout ce qui avait présidé à la tournée de 1991.
En effet, la réflexion sous-jacente derrière le projet Performance était la suivante. Puisqu'ils ne peuvent pas se présenter en tant que musiciens et qu'ils ne se sentent pas non plus suffisamment charismatiques pour organiser le spectacle entièrement autour de leurs deux personnes, ils ont décidé que le concert serait un mélange haut-de-gamme entre la danse contemporaine, le théâtre et l'opéra, avec une grosse dizaine de danseurs, quatre chanteurs, des décors soignés et des éclairages aux petits oignons. Chaque chanson aurait sa mise en scène propre mais s'inscrirait dans un cadre narratif global, mais à vrai dire assez lâche. Tout devrait être fait pour que le public ne se sente pas en concert et il serait d'ailleurs superbement ignoré jusqu'à la dernière chanson. Les instruments seraient invisibles (même ceux joués live). Mieux, bien que Neil Tennant chanterait la plupart des morceaux, il n'hésiterait pas à laisser le micro à d'autres lorsque la mise en scène l'exigerait. Quant à Chris, disons juste que rien ne donnerait à penser que les touches que ces doigts effleurent distraitement de temps à autre sur sur un clavier portatif ont une quelconque incidence sur les sons qui sortent des enceintes.
Quand on y réfléchit un peu, ce n'est pas une idée si farfelue que de se servir de chansons comme bases de saynètes théâtrales (muettes). Pourtant, à ma connaissance, ça n'a jamais été refait depuis, sans doute parce que le mélange de prétention et d'auto-dérision nécessaire à ce qu'une telle idée germe est une combinaison assez rare.
Voilà pour l'idée de base, mais sur de telles prémisses, le spectacle aurait pu se révéler un désastre. Il n'en est rien, sans doute parce que, comme souvent, ils ont su s'entourer de bons chanteurs, de bons danseurs (en majorité classiques), de bons costumiers, metteurs en scène, éclairagistes,...
Le concert commence par une petite séquence onirique de théâtre contemporain (tendance Robert Wilson), où on pressent une symbolique mûrement réfléchie, juste au-delà de la compréhension, sur une musique de Strauss (Richard évidemment, pas Johann et ses valses à deux balles pour buveurs de café en sachet). Par la suite, en vrac, il y aura des dortoirs de collège anglais avec leur lot de pensées interdites, un gigantesque crâne de Staline en pierre que des Russes épris de liberté feront éclater avec un marteau et une faucille, des séance d'électro-chocs, des anges, des cochons obsédés par l'argent, des frères Dupondt jaune canari et rose fuschia, des demi-marié(e)s, des mises à mort, et bien d'autres choses, le tout dans un joyeux foutoir qui, pourtant, semble le plus souvent tout à fait maîtrisé.
Bien sûr tout ne fonctionne pas toujours complètement et, sur quelques titres, ça tombe tout à fait à plat (So hard ou Where the streets have no name par exemple), mais quand ça fonctionne, et que les éclairages, la musique, les chorégraphies se fondent en un tout, on arrive à des moments d'une beauté assez inouïe (voir My October Symphony, I'm not scared ou les secondes moitiés de We all Feel Better in the dark et How can you expect to be taken seriously? par exemple). Même Rent, dont le dépouillement minimaliste tranche avec le reste du spectacle, réserve son quota de frissons dans le dos.
Performance représente sans doute la quintessence de ce qui rendait, à l'époque, les Pet Shop Boys uniques et qu'ils ont sans doute en partie perdu depuis, soit une volonté de n'en faire qu'à leur tête et de considérer leur "pop art" comme un art majeur, jusque dans ses excès et son artificialité. Pour tous ceux qui, contre vents et marées, maintiennent que les Pet Shop Boys ne sont qu'un groupe de has-beens se prenant pour Village People, la vision de ce DVD devrait être obligatoire. Les autres le chériront d'eux-mêmes.
Pour voir des concerts à grand spectacle ne tournant pas au délire mégalomane, il faut donc aller fureter du côté des artistes un peu moins connus. Le cabaret décadent, cheap et à la limite du mauvais goût, de Fischerspooner est un bel exemple. Casey Spooner semble n'y être qu'un intervenant parmi d'autres, surtout quand il ne chante pas. Warren Fischer est quant à lui carrément absent. Pourtant, on sent confusément que, si le groupe avait vendu un nombre de disques en accord avec l'importance qu'il s'accorde, on assisterait sans doute à un tout autre spectacle où leur nom apparaîtrait en lettres de feu au-dessus d'une scène gigantesque et où un orchestre symphonique serait, on ne sait trop comment, incorporé entre deux couplets de Emerge.
Il est pourtant un exemple d'artistes au sommet de leur gloire, riches à millions et ayant mis sur pied un spectacle hors de prix derrière lequel ils se sont en grande partie dissimulés : les Pet Shop Boys. Leur tournée Performance en 1991 fut une entreprise complètement dingue dont, dès la conception, on savait qu'elle serait déficitaire. Même si tous les concerts affichaient complet, la perte sèche serait d'environ 500.000 livres. Un caprice qu'ils pouvaient se permettre à l'époque, lorsqu'ils étaient encore les musiciens "indépendants" les plus riches d'Angleterre. Ce ne serait sans doute plus cas aujourd'hui.
Le rapport à la scène du groupe a toujours été assez conflictuel. Partant du principe qu'il n'y aurait pas de sens à prétendre qu'ils sont réellement capables de reproduire leurs chansons live, ils ont rapidement trouvé leur salut dans une distanciation ironique. Lors de leurs nombreuses apparitions, Neil chante tandis que Chris, l'air impassible et ennuyé, se tient debout derrière son clavier, ne cherchant même pas à faire semblant de jouer. Ce dispositif a fait leur succès à la télévision, à une époque où le minimalisme n'était pas encore à la mode. Pourtant, ils sentaient légitimement que, pour un spectacle payant, ce genre de mise en scène pourrait passer pour un léger foutage de gueule. Ne sachant trop comment s'y prendre, ils ont donc très peu fait de scène au début de leur carrière. Ils ont bien effectué une première petite tournée en 1989, dont je ne sais quasiment rien et qui était axée autour des projections vidéo réalisées par Derek Jarman, mais ce n'est que deux ans plus tard; en 1991, qu'ils ont osé se lancer dans une vraie tournée mondiale, Performance. Leur quatrième et meilleur album venait de paraître. Leurs singles passaient en boucle à la radio et tout semblait devoir leur sourire. C'était le bon moment pour s'autoriser un tel caprice. Incidemment, leur première tournée où ils monteront sur scène en tant que musiciens aura lieu en 2002 et contredira en quelque sorte tout ce qui avait présidé à la tournée de 1991.
En effet, la réflexion sous-jacente derrière le projet Performance était la suivante. Puisqu'ils ne peuvent pas se présenter en tant que musiciens et qu'ils ne se sentent pas non plus suffisamment charismatiques pour organiser le spectacle entièrement autour de leurs deux personnes, ils ont décidé que le concert serait un mélange haut-de-gamme entre la danse contemporaine, le théâtre et l'opéra, avec une grosse dizaine de danseurs, quatre chanteurs, des décors soignés et des éclairages aux petits oignons. Chaque chanson aurait sa mise en scène propre mais s'inscrirait dans un cadre narratif global, mais à vrai dire assez lâche. Tout devrait être fait pour que le public ne se sente pas en concert et il serait d'ailleurs superbement ignoré jusqu'à la dernière chanson. Les instruments seraient invisibles (même ceux joués live). Mieux, bien que Neil Tennant chanterait la plupart des morceaux, il n'hésiterait pas à laisser le micro à d'autres lorsque la mise en scène l'exigerait. Quant à Chris, disons juste que rien ne donnerait à penser que les touches que ces doigts effleurent distraitement de temps à autre sur sur un clavier portatif ont une quelconque incidence sur les sons qui sortent des enceintes.
Quand on y réfléchit un peu, ce n'est pas une idée si farfelue que de se servir de chansons comme bases de saynètes théâtrales (muettes). Pourtant, à ma connaissance, ça n'a jamais été refait depuis, sans doute parce que le mélange de prétention et d'auto-dérision nécessaire à ce qu'une telle idée germe est une combinaison assez rare.
Voilà pour l'idée de base, mais sur de telles prémisses, le spectacle aurait pu se révéler un désastre. Il n'en est rien, sans doute parce que, comme souvent, ils ont su s'entourer de bons chanteurs, de bons danseurs (en majorité classiques), de bons costumiers, metteurs en scène, éclairagistes,...
Le concert commence par une petite séquence onirique de théâtre contemporain (tendance Robert Wilson), où on pressent une symbolique mûrement réfléchie, juste au-delà de la compréhension, sur une musique de Strauss (Richard évidemment, pas Johann et ses valses à deux balles pour buveurs de café en sachet). Par la suite, en vrac, il y aura des dortoirs de collège anglais avec leur lot de pensées interdites, un gigantesque crâne de Staline en pierre que des Russes épris de liberté feront éclater avec un marteau et une faucille, des séance d'électro-chocs, des anges, des cochons obsédés par l'argent, des frères Dupondt jaune canari et rose fuschia, des demi-marié(e)s, des mises à mort, et bien d'autres choses, le tout dans un joyeux foutoir qui, pourtant, semble le plus souvent tout à fait maîtrisé.
Bien sûr tout ne fonctionne pas toujours complètement et, sur quelques titres, ça tombe tout à fait à plat (So hard ou Where the streets have no name par exemple), mais quand ça fonctionne, et que les éclairages, la musique, les chorégraphies se fondent en un tout, on arrive à des moments d'une beauté assez inouïe (voir My October Symphony, I'm not scared ou les secondes moitiés de We all Feel Better in the dark et How can you expect to be taken seriously? par exemple). Même Rent, dont le dépouillement minimaliste tranche avec le reste du spectacle, réserve son quota de frissons dans le dos.
Performance représente sans doute la quintessence de ce qui rendait, à l'époque, les Pet Shop Boys uniques et qu'ils ont sans doute en partie perdu depuis, soit une volonté de n'en faire qu'à leur tête et de considérer leur "pop art" comme un art majeur, jusque dans ses excès et son artificialité. Pour tous ceux qui, contre vents et marées, maintiennent que les Pet Shop Boys ne sont qu'un groupe de has-beens se prenant pour Village People, la vision de ce DVD devrait être obligatoire. Les autres le chériront d'eux-mêmes.
samedi, octobre 2
Glassismes
Ce message vient sans doute un peu tard pour permettre à qui que ce soit de changer son plan de soirée, mais je viens de m'apercevoir que ce soir à 22h30, ARTE diffuse un documentaire consacré à Philip Glass. Je ne pense pas l'avoir jamais vu ou entendu parler de son oeuvre. Je suis assez curieux d'entendre ça. Je me demande si quand on lui pose une question, il répond :
Yes Yes Yes
Yes Yes Yes
Yes Yes Yes
Indeed Indeed Indeed Indeed
Indeed Indeed Indeed Indeed
Indeed Indeed Indeed Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
If you say so Is you say so If you say so
If you say so Is you say so If you say so
If you say so Is you say so If you say so
... et ainsi de suite pendant 5 minutes, tandis qu'en fond sonore, les cordes et les vents jouent des arpèges en sens opposé sur un rythme binaire tandis que les cuivres scandent des notes répétées sur un rythme ternaire.
Sans doute pas, mais il devrait.
PS : Pour un centième billet, on aurait difficilement pu faire plus consternant. On dira que le 101ème sera meilleur.
Yes Yes Yes
Yes Yes Yes
Yes Yes Yes
Indeed Indeed Indeed Indeed
Indeed Indeed Indeed Indeed
Indeed Indeed Indeed Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
Yes Indeed Yes Indeed
If you say so Is you say so If you say so
If you say so Is you say so If you say so
If you say so Is you say so If you say so
... et ainsi de suite pendant 5 minutes, tandis qu'en fond sonore, les cordes et les vents jouent des arpèges en sens opposé sur un rythme binaire tandis que les cuivres scandent des notes répétées sur un rythme ternaire.
Sans doute pas, mais il devrait.
PS : Pour un centième billet, on aurait difficilement pu faire plus consternant. On dira que le 101ème sera meilleur.
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