Je n'attendais a priori pas grand-chose du concert d'Elbow à l'AB il y a deux ans, juste de voir jouer sur scène des chansons que j'aimais bien. Pourtant, quelque chose qui dépassait le simple cadre de la musique m'avait transporté comme rarement un concert avait pu le faire. C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais le retour en Belgique des Anglais. Le petit miracle de la tournée Cast of Thousands serait-il reproductible ? Après tout, leur dernier album, Leaders of the free world, est tout aussi bon que le précédent. Et pourtant non, le concert fut moins bon. J'ai en fait vécu cette année ce que je m'imaginais vivre il y a deux ans : simplement profiter du plaisir de voir sur scène un de mes groupes préférés interpréter ses chansons.
Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par Diefenbach. Comme cela semble de plus en plus habituel à l'AB, le groupe monte sur scène à 20h précises et prend place sur un énorme tapis en faux-léopard : un bassiste-chanteur au centre, un guitariste-chanteur à droite, un guitariste-claviériste à gauche et un batteur au fond, tous avec des bonnes têtes de Danois blonds. Classer la musique du groupe n'est pas chose facile et je me souviens avoir assisté à une discussion animée à ce sujet. Cela reste dans l'ensemble très carré et le 4/4 règne en maître mais le groupe tente de dépasser un peu le genre "indie-rock" en y introduisant effets de synthé, dissonances et velléités post-rock. Comme souvent lorsqu'un groupe utilise un bassiste comme leader, les parties de basse, plus élaborées que la moyenne, assurent un minimum de swing aux morceaux. Je connais assez mal leur répertoire mais deux-trois chansons semblent sortir du lot et leur garantissent les applaudissements nourris du public. Pourtant, Diefenbach est typiquement le genre de groupe qui aurait beaucoup à gagner à se chercher un vrai chanteur. Le bassiste avait une furieuse tendance à chanter faux (involontairement à mon avis) et les parties vocales étaient parfois presque embarrassantes. Je ne comprendrai jamais pourquoi, de tous les instruments typiques du rock indé, la voix reste toujours le parent pauvre. A quelques rares exceptions près, tous les groupes qui percent ont des chanteurs compétents ou, à défaut, qui apportent une personnalité aux moreaux (la voix blanche de Pete Doherty par exemple).
Le cas d'Elbow est de ce point de vue particulièrment éclairant. Les musiciens (un bassiste, un guitariste, un claviériste et un guitariste) semblent n'être là que pour poser les imposantes fondations, à base de gros moellons grossièrement équarris, d'un édifice sonore dont la voix de Guy Garvey, quelque part entre Peter Gabriel et Nick Drake, servirait de toit (délicatement ouvragé et à base de matériaux légers et transparents). Peut-être est-ce là l'explication de l'impression indéfinissable que me laissait la musique d'Elbow et que j'avais eu tant de mal à décrire lors de mes précédents billets. Peut-être aussi est-ce parce que je suis ainsi parvenu à formuler en mots qui me conviennent cette impression que la "magie" (forcément liée à l'indicible ?) a légèrement disparu. A moins que, plus prosaïquement, le groupe ait simplement été dans un jour sans. Guy Garvey, particulièrement, a semblé très fatigué à certains spectateurs, en partie peut-être parce qu'il est arrivé sur scène, en s'aidant d'une canne.
Je pourrais énumérer toute une série de détails qui font que le concert de cette semaine m'a moins transporté que le précédent. Il était trop court (1h25) et ne contenait pas deux des chansons que je me réjouisssais le plus d'entendre (The Everthere et Any Day Now). Le public n'a pas voulu ou pu reprendre "We believe in love so fuck you" à la fin de Grace Under Pressure. Guy Garvey parlait peu entre les morceaux (tout au plus a-t-il dit que la Belgique semblait être une nation très "saine"). Il continuait cependant à se balancer d'avant en arrière en chantant, soit en tenant le haut du pied de son micro des deux mains, les yeux mi-clos, comme absent au monde, soit au contraire en regardant la salle, main droite levée vers l'avant, paume tournée vers l'intérieur, comme s'il faisait offrande de sa voix aux spectateurs. Peut-être est-ce cette générosité affichée qui fait tout le prix des concerts d'Elbow. A moins que le secret du plaisir que l'on y prend ne réside dans cette phrase que Guy Garvey a laissé echapper entre deux chansons : "Aucun membre de ce groupe n'a jamais réellement dû travailler pour gagner sa vie. Je ne vous demande pas d'être heureux pour nous (sous-entendu, vous avez le droit d'être jaloux) mais je dois dire que c'est vraiment le pied !" Finalement, Elbow ne serait-il qu'un groupe d'amis suffisamment doués pour pouvoir vivre de leur musique, parcourir le monde et chanter des chansons qu'ils aiment ? Ce serait déjà très bien.
SETLIST :
Station Approach
Fallen Angel
Red
Leaders of the free world
My very best
Great Expectations
Fugitive Motel
Mexican Standoff
The Good day
New Born
Switching Off
Grace Under Pressure
---
Puncture repair
Powder Blue
Forget myself
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
mercredi, novembre 30
lundi, novembre 28
Les mp3-blogs font leurs tops.
- Les 47 meilleurs artistes britanniques (comment traduire le sens de 'hottest' en Français ?) sont ici, avec un classement qui semble compilé sur mesure pour me plaire, à défaut d'être d'un goût irréprochable.
- Les 33 meilleurs Canadiens sont là.
- Les 40 meilleurs Américains sont là.
Je pourrais commenter pendant des heures mais je n'ai pas le temps. Je suis bien trop occupé à me réjouir du concert d'Elbow ce soir. Bien que je sois à peu près persuadé qu'une telle attente ne peut être qu'annonciatrice de déception.
Par ailleurs, mon billet de la semaine sur la Blogothèque s'intéresse à Syntax.
EDIT : Régression et infantilisation sont les deux mamelles des enfants de la télé (c'est un peu hors-sujet mais j'avoue avoir réentendu 2-3 trucs qui m'ont donné quelques coupables frissons le long de l'échine)
- Les 33 meilleurs Canadiens sont là.
- Les 40 meilleurs Américains sont là.
Je pourrais commenter pendant des heures mais je n'ai pas le temps. Je suis bien trop occupé à me réjouir du concert d'Elbow ce soir. Bien que je sois à peu près persuadé qu'une telle attente ne peut être qu'annonciatrice de déception.
Par ailleurs, mon billet de la semaine sur la Blogothèque s'intéresse à Syntax.
EDIT : Régression et infantilisation sont les deux mamelles des enfants de la télé (c'est un peu hors-sujet mais j'avoue avoir réentendu 2-3 trucs qui m'ont donné quelques coupables frissons le long de l'échine)
dimanche, novembre 27
Martha et Rufus Wainwright, Ancienne Belgique, 24 novembre 2005
Ca faisait plusieurs semaines que je me demandais pour quelle obscure raison j'avais acheté une place pour le concert de Rufus Wainwright à l'Ancienne Belgique. Il me semblait évident que deux arguments auraient dû m'en empêcher. Primo, c'était un concert ClearChannel, et le le prix de mon ticket allait donc (peut-être) en partie servir à financer la campagne de Jeb Bush en 2008. Deuxio, et c'est sans aucun doute la cause principale de mon étonnement, je supporte mal d'être exposé pendant plus de vingt minutes à sa voix et la surproduction de ces disques a également une fâcheuse tendance à m'écoeurer après quelques titres. Au moment de sa sortie, j'avais été absolument terrifié par Want One et son pompiérisme triomphant, où les mélodies étaient noyées sous un déluge de kitsch éhonté comme un pâtissier dissimulerait sa mince couche de ganache au chocolat sous une épaisse couche de crème fraîche de supermarché. Want Two était certes venu me réconcilier avec l'ami Rufus grâce à des chansons comme The One You Love ou The Art Teacher mais je restais néanmoins assez circonspect quant à l'intérêt de le voir sur scène. Peut-être avais-je lu une chronique dithyrambique d'un de ses concerts quelques minutes avant d'aller réserver mes places pour Elbow et les Nits et la coïncidence de voir son nom dans la liste des concerts disponibles m'a-t-elle un instant embrumé le jugement ? Qui sait ? Toujours est-il que, la date se rapprochant, j'avais de moins en moins envie d'assister au concert. Mais bon, comme vous le confirmerait le Guy Roux des Guignols, c'eût été gâââcher que de laisser une place dûment payée prendre la poussière sur un coin de table. En conséquence, jeudi à 19h00, trempé jusqu'aux os, je suis bien rentré dans la salle pour cinquante petites minutes d'attente et de séchage.
19h45 (soit 15 minutes avant l'heure annoncée), Martha Wainwright monte sur scène. Elle semble assez grande (1m75 au moins), le menton volontaire, des longs cheveux blonds et porte un tee-shirt blanc et une jupe noire. Elle est accompagnée par un batteur, un contrebassiste et un pianiste. Je n'avais jamais entendu une note de ses disques, connaissais juste le titre d'une de ses chansons (Bloody Motherfucking Asshole...inévitablement) et ne savais donc pas trop à quoi m'attendre. Je m'étais imaginé, par je ne sais trop quel étange processus mental, une musique assez barrée, chantée par une sorte de Brigitte Fontaine canadienne. J'avais tout faux. Son set fut en fait très sage, très professionnel et sa musique n'est pas si éloignée de celles de Sheryl Crow ou d'une Heather Nova unplugged (ce qui n'est sans doute pas la pire insulte qui soit mais n'est certainement pas non plus un compliment). En bonne commerçante, elle nous incite trois fois à aller acheter son album au stand merchandising en nous vantant les quatre bonus tracks. Elle fait malheureusement l'erreur d'en interpréter une à la guitare acoustique (Baby), qui dégénère rapidement en un festival de miaulements en tous genres. C'est le seul moment où j'ai vaguement compris pourquoi certains m'avaient prédit une première partie pénible. Pour le reste, ca se laisse écouter sans déplaisir et Martha a une personnalité franchement difficile à détester. Elle sourit, semble contente d'ête là, parle entre les morceaux, mélangeant allégrement anglais et (très bon) français. Elle conclut son set en chantant Dis-moi quand reviendras-tu de Barbara, ce qui lui permet de quitter la scène après 45 minutes sous des applaudissements nourris et sincères et me rappelle qu'il serait grand temps que je m'intéresse de plus près à la discographie de Barbara.
A 21 heures, Rufus monte à son tour sur scène, tout de noir vêtu, accompagné de six musiciens, tous multi-instrumentistes à des degrés divers (batteur, choristes, violoniste, claviériste, guitaristes, bassiste, j'en passe et des meilleurs) pour plus de 2h10 de concert. La première moitié du concert est assez conventionnelle et commence plutôt mal avec ce qui est sans doute le nadir de sa discographie, Oh What A World et son utilisation dégoulinante du Boléro de Ravel. Il enchaîne heureusement avec sa meilleure chanson pop, The One You Love. Toute la première heure oscillera ainsi entre sublime et ridicule, éclats de beauté et boursouflures interminables . Contrairement à l'écoute à domicile des albums, où on peut décider unilatéralement de sauter les morceaux les plus pénibles, la vision sur scène impose de tout voir et tout entendre. Je crois que cela m'a permis de mieux comprendre la manière dont Rufus Wainwright envisage sa musique. Une chanson comme Go or Go Ahead par exemple m'apparaît toujours aussi insupportable (quelque part entre November Rain de Guns'n'Roses et Meat Loaf) mais il a l'air tellement heureux de chanter au milieu de ces cascades orchestrales que j'ai des scrupules à lui en tenir rigueur. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et une fois ces morceaux finis, d'autres, moins hypertrophiés, finissent toujours par arriver et relancer l'intérêt. Finalement, je crois que j'aime surtout Rufus Wainwright quand il n'a pas peur de faire simple et chante des mélodies rapides. La manière qu'il a de forcer l'émotion dans certaines chansons lentes grâce à des notes tenues me rebute. Sa voix prend alors un timbre à la fois nasal et guttural qui me lasse très vite.
Au cours de la deuxième heure, le rassurant ronronnement dû à l'enchaînement des morceaux tirés de ses albums (surtout des deux derniers) s'interrompt. On le voit ainsi chanter une chanson de son père Loudon Wainwright III avec ses soeurs Martha et Lucy (One Man Guy, qu'il avait déjà reprise sur Poses) et une chanson de Noël extraite du nouvel album de sa mère. Martha vient faire les choeurs sur In My Arms. Les changements de costumes se multiplient (quatre en tout si j'ai bien compté) et la mise en scène se fait de plus en plus extravagante. D'abord, Rufus et ses musiciens, en toges blanches, nous gratifient d'une petite chorégraphie synchronisée. Un peu plus tard, deux roadies déguisés en centurions romains montent sur scène et crucifient (symboliquement je vous rassure) Rufus après l'avoir affublé d'une couronne d'épines, d'un masque de carnaval et lui avoir passé du rouge sur les lèvres. Le tout sert évidemment à introduire Gay Messiah.
Le meilleur passage du concert fut sans doute Old Whore's Diet, la longue chanson qui clôt Want Two. Son ambiance chaloupée apportant au concert un côté latino inattendu. Le bassiste y reproduit parfaitement la partie vocale d'Antony, ce qui lui vaudra les bravos du public. Le concert recèle quelques autres instants de grâce : un contrepoint de guitare fantomatique, des vocalises acrobatiques des deux choristes ou encore quelques solos de violon. En effet, bien que son instrument soit peint en doré et donc d'un parfait mauvais goût, la violoniste est au-dessus de tous reproches. De plus, Rufus Wainwright semble de bonne humeur, il discute pas mal entre les morceaux (son français est, à l'en croire, moins bon que celui de sa soeur pour cause de scolarité aux Etats-Unis).
A ma grande surprise, je dois donc reconnaître m'être beaucoup amusé. Je connaissais pourtant assez mal son répertoire (ce n'est qu'après coup que j'ai pu reconnaître Vibrate, Want, The Art Teacher, la reprise de Hallelujah, Natasha, Beautiful Child, Little Sister et quelques autres). Le concert se terminera sur un ultime rappel, seul au piano, avec la Complainte de la Butte et Cigarettes and Chocolate Milk, conclusion parfaite pour un concert qui m'a assez largement réconcilié avec le personnage. De plus, à cette époque où les tops de fin d'année commencent à se dessiner, Want Two vient de recevoir un fameux coup de pouce, ne serait-ce que parce que je l'ai écouté deux fois en écrivant ce billet.
Setlist (tirée du forum officiel)
Oh, what a world
The one you love
Natasha
14th street
Little Sister
In my arms (with Martha)
Go or go ahead
Peach trees
Between my legs
Poses
Vibrate
Spotlight on Christmas (la chanson tirée du nouvel album de sa mère je suppose)
Want
Chelsea Hotel (reprise de Leonard Cohen)
Art Teacher
Memphis Skyline
Waiting for a dream
(band introductions)
I don't know what it is
Old Whore's diet (danse en toge)
Gay Messiah (crucifié)
Hallelujah
--
One man guy (avec Martha et Lucy Wainwright)
Beautiful child
--
La Complainte de la Butte
Cigarettes and Chocolate Milk
19h45 (soit 15 minutes avant l'heure annoncée), Martha Wainwright monte sur scène. Elle semble assez grande (1m75 au moins), le menton volontaire, des longs cheveux blonds et porte un tee-shirt blanc et une jupe noire. Elle est accompagnée par un batteur, un contrebassiste et un pianiste. Je n'avais jamais entendu une note de ses disques, connaissais juste le titre d'une de ses chansons (Bloody Motherfucking Asshole...inévitablement) et ne savais donc pas trop à quoi m'attendre. Je m'étais imaginé, par je ne sais trop quel étange processus mental, une musique assez barrée, chantée par une sorte de Brigitte Fontaine canadienne. J'avais tout faux. Son set fut en fait très sage, très professionnel et sa musique n'est pas si éloignée de celles de Sheryl Crow ou d'une Heather Nova unplugged (ce qui n'est sans doute pas la pire insulte qui soit mais n'est certainement pas non plus un compliment). En bonne commerçante, elle nous incite trois fois à aller acheter son album au stand merchandising en nous vantant les quatre bonus tracks. Elle fait malheureusement l'erreur d'en interpréter une à la guitare acoustique (Baby), qui dégénère rapidement en un festival de miaulements en tous genres. C'est le seul moment où j'ai vaguement compris pourquoi certains m'avaient prédit une première partie pénible. Pour le reste, ca se laisse écouter sans déplaisir et Martha a une personnalité franchement difficile à détester. Elle sourit, semble contente d'ête là, parle entre les morceaux, mélangeant allégrement anglais et (très bon) français. Elle conclut son set en chantant Dis-moi quand reviendras-tu de Barbara, ce qui lui permet de quitter la scène après 45 minutes sous des applaudissements nourris et sincères et me rappelle qu'il serait grand temps que je m'intéresse de plus près à la discographie de Barbara.
A 21 heures, Rufus monte à son tour sur scène, tout de noir vêtu, accompagné de six musiciens, tous multi-instrumentistes à des degrés divers (batteur, choristes, violoniste, claviériste, guitaristes, bassiste, j'en passe et des meilleurs) pour plus de 2h10 de concert. La première moitié du concert est assez conventionnelle et commence plutôt mal avec ce qui est sans doute le nadir de sa discographie, Oh What A World et son utilisation dégoulinante du Boléro de Ravel. Il enchaîne heureusement avec sa meilleure chanson pop, The One You Love. Toute la première heure oscillera ainsi entre sublime et ridicule, éclats de beauté et boursouflures interminables . Contrairement à l'écoute à domicile des albums, où on peut décider unilatéralement de sauter les morceaux les plus pénibles, la vision sur scène impose de tout voir et tout entendre. Je crois que cela m'a permis de mieux comprendre la manière dont Rufus Wainwright envisage sa musique. Une chanson comme Go or Go Ahead par exemple m'apparaît toujours aussi insupportable (quelque part entre November Rain de Guns'n'Roses et Meat Loaf) mais il a l'air tellement heureux de chanter au milieu de ces cascades orchestrales que j'ai des scrupules à lui en tenir rigueur. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et une fois ces morceaux finis, d'autres, moins hypertrophiés, finissent toujours par arriver et relancer l'intérêt. Finalement, je crois que j'aime surtout Rufus Wainwright quand il n'a pas peur de faire simple et chante des mélodies rapides. La manière qu'il a de forcer l'émotion dans certaines chansons lentes grâce à des notes tenues me rebute. Sa voix prend alors un timbre à la fois nasal et guttural qui me lasse très vite.
Au cours de la deuxième heure, le rassurant ronronnement dû à l'enchaînement des morceaux tirés de ses albums (surtout des deux derniers) s'interrompt. On le voit ainsi chanter une chanson de son père Loudon Wainwright III avec ses soeurs Martha et Lucy (One Man Guy, qu'il avait déjà reprise sur Poses) et une chanson de Noël extraite du nouvel album de sa mère. Martha vient faire les choeurs sur In My Arms. Les changements de costumes se multiplient (quatre en tout si j'ai bien compté) et la mise en scène se fait de plus en plus extravagante. D'abord, Rufus et ses musiciens, en toges blanches, nous gratifient d'une petite chorégraphie synchronisée. Un peu plus tard, deux roadies déguisés en centurions romains montent sur scène et crucifient (symboliquement je vous rassure) Rufus après l'avoir affublé d'une couronne d'épines, d'un masque de carnaval et lui avoir passé du rouge sur les lèvres. Le tout sert évidemment à introduire Gay Messiah.
Le meilleur passage du concert fut sans doute Old Whore's Diet, la longue chanson qui clôt Want Two. Son ambiance chaloupée apportant au concert un côté latino inattendu. Le bassiste y reproduit parfaitement la partie vocale d'Antony, ce qui lui vaudra les bravos du public. Le concert recèle quelques autres instants de grâce : un contrepoint de guitare fantomatique, des vocalises acrobatiques des deux choristes ou encore quelques solos de violon. En effet, bien que son instrument soit peint en doré et donc d'un parfait mauvais goût, la violoniste est au-dessus de tous reproches. De plus, Rufus Wainwright semble de bonne humeur, il discute pas mal entre les morceaux (son français est, à l'en croire, moins bon que celui de sa soeur pour cause de scolarité aux Etats-Unis).
A ma grande surprise, je dois donc reconnaître m'être beaucoup amusé. Je connaissais pourtant assez mal son répertoire (ce n'est qu'après coup que j'ai pu reconnaître Vibrate, Want, The Art Teacher, la reprise de Hallelujah, Natasha, Beautiful Child, Little Sister et quelques autres). Le concert se terminera sur un ultime rappel, seul au piano, avec la Complainte de la Butte et Cigarettes and Chocolate Milk, conclusion parfaite pour un concert qui m'a assez largement réconcilié avec le personnage. De plus, à cette époque où les tops de fin d'année commencent à se dessiner, Want Two vient de recevoir un fameux coup de pouce, ne serait-ce que parce que je l'ai écouté deux fois en écrivant ce billet.
Setlist (tirée du forum officiel)
Oh, what a world
The one you love
Natasha
14th street
Little Sister
In my arms (with Martha)
Go or go ahead
Peach trees
Between my legs
Poses
Vibrate
Spotlight on Christmas (la chanson tirée du nouvel album de sa mère je suppose)
Want
Chelsea Hotel (reprise de Leonard Cohen)
Art Teacher
Memphis Skyline
Waiting for a dream
(band introductions)
I don't know what it is
Old Whore's diet (danse en toge)
Gay Messiah (crucifié)
Hallelujah
--
One man guy (avec Martha et Lucy Wainwright)
Beautiful child
--
La Complainte de la Butte
Cigarettes and Chocolate Milk
samedi, novembre 26
Abba jour
Pour faire honneur à ma nouvelle réputation d'amateur de "pop vulgaire", je vous conseille d'aller faire un tour sur cette page remplie de reprises d'Abba par des gens très divers (dont, entre autres, Arno).
vendredi, novembre 25
Le conte de fées du jour
Qui aurait cru qu'un jour les membres de Looper deviendraient riches grâce à leur musique ? Sûrement pas eux.
jeudi, novembre 24
Jeu du jour
Pour tester à la fois votre anglais et votre culture musicale, il y a apparemment 76 noms de groupe (ou d'artistes ?) à trouver à l'intérieur de ce poster. (via le site de Virgindigital).
mercredi, novembre 23
La flemme...
Ce soir, je vais aller voir Rufus Wainwright à l'Ancienne Belgique bien que je ne sois pas en très grande forme et serais sans doute mieux dans mon lit qu'à regarder l'ami Rufus roucouler sur scène ou, d'ailleurs, qu'à écrire ce billet.
En attendant que je retrouve l'énergie de vous parler du nouvel album de Lisa Gerrard ou du coffret des Cocteau Twins, voici un peu de musique à se mettre entre les oreilles : de la "bonne pop, simplissime et efficace", de la pop française années 80 tendance ringarde attachante, de l'indé robotique comme je l'aime (Kelley Stolz ici) et de l'indé lyrique comme tout le monde l'aime. De quoi contenter à peu près tout le monde.
EDIT : Ca tombe plutôt bien que je ne sois pas en très grande forme aujourd'hui. Le concert de Rufus est demain en fait... et j'ai bien failli aller prendre le train pour rien.
EDIT 2 : En attendant de partir pour de bon voir Rufus Wainwright, voici une bonne tranche d'électro-pop ici, une reprise lounge de Go West là et deux belles découvertes inclassables sur la Blogothèque (Magyar Posse ici et White Noise là).
En attendant que je retrouve l'énergie de vous parler du nouvel album de Lisa Gerrard ou du coffret des Cocteau Twins, voici un peu de musique à se mettre entre les oreilles : de la "bonne pop, simplissime et efficace", de la pop française années 80 tendance ringarde attachante, de l'indé robotique comme je l'aime (Kelley Stolz ici) et de l'indé lyrique comme tout le monde l'aime. De quoi contenter à peu près tout le monde.
EDIT : Ca tombe plutôt bien que je ne sois pas en très grande forme aujourd'hui. Le concert de Rufus est demain en fait... et j'ai bien failli aller prendre le train pour rien.
EDIT 2 : En attendant de partir pour de bon voir Rufus Wainwright, voici une bonne tranche d'électro-pop ici, une reprise lounge de Go West là et deux belles découvertes inclassables sur la Blogothèque (Magyar Posse ici et White Noise là).
vendredi, novembre 18
Paula Frazer à l'Escalier, 16 novembre 2005
La soirée de mercredi à l'Escalier de Liège était placée sous le signe de la guitare acoustique et des voix délicates, ce qui fait un contraste bienvenu avec l'album de Venetian Snares que je suis en train de subir en écrivant ceci.
La soirée commence avec Belle Close, une liégeoise à lunettes et gilet de laine blanc qui chante en s'accompagnant à la guitare. Son principal atout est une belle voix d'alto profonde qui permet de mettre un peu d'émotion dans des morceaux qui restent souvent assez sages et dont les textes (en anglais) semblent essentiellement axés sur les problèmes de couple ("si tu mets ta fierté de côté et si l'on se fait mutuellement confiance, je ne serai pas contrainte de rester en bordure de ta vie",... ce genre de choses). Musicalement, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais le caractère bon enfant de son set est difficilement résistible, par exemple lorsqu'elle fait des commentaires en temps réel ("...et on termine ce morceau en improvisant quelques mesures...ploum ploum ploum... bon, voilà, ça devrait faire l'affaire", "vous êtes vraiment trop indulgents de m'applaudir", etc..). Après environ une demi-heure, elle termine par une reprise lascive (et très réussie) de Like A Virgin. Une très bonne première première partie.
Il est déjà presque dix heures quand les deux Moore Brothers (Oakland, Californie) montent sur scène. Greg Moore a une tête de Sergi Lopez barbu et Thom Moore un physique de joueur de football américain. A les voir, on a peine à croire qu'ils soient frères. Il suffit pourtant qu'ils ouvrent la bouche pour que cette parenté devienne parfaitement plausible. Tous les deux chantent avec une belle voix de ténor folk, celle de Thom évoque lointainement Ben Gibbard de Death Cab For Cutie tandis que celle de Greg est légèrement plus voilée. Le principe du concert est assez simple. Un frère joue de la guitare acoustique et chante la voix principale tandis que l'autre se contente de le doubler ou d'ajouter quelques choeurs. Dans un souci d'égalité, ils échangent systématiquement les rôles après chaque morceau. Musicalement, on pense à des Kings of Convenience plus minimalistes et moins frimeurs (je vais tenter de ne pas mentionner ici Simon & Garfunkel). Bien que l'on ait déjà entendu ce genre de choses cent fois, l'oreille est régulièrement accrochée par quelque trouvaille étonnante ou dérapage contrôlé (les hurlements de Greg pendant Tiger par exemple). Pourtant, de nouveau, plus encore que la musique, c'est le côté convivial du set qui conquiert sur le moment même l'auditoire. Ils font l'effort de parler en français quand ils le peuvent et disent beaucoup aimer Liège (c'est payant, le liégeois est en général chauvin). Ils vont même jusqu'à se présenter comme les "Oufti Brothers" et conclure leur première chanson par un "Oufti!" retentissant et rigoureusement irrésistible (même s'il faut sans doute être liégeois pour en saisir tout le sel).
Ils ont déjà sorti trois albums (le prochain, Murdered by the Moore Brothers, "our 'goth' album", sort en mars). J'ai acheté Now is the time for love (2004), leur dernier album, qui confirme a posteriori tout le bien que je pensais du set d'hier. Isolées sur disque, les chansons prouvent amplement qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Le disque fonctionne sur le même principe de stricte égalité que le concert (14 plages, les paires sont de Greg, les impaires de Thom). A en croire ce dernier, cet album a été enregistré avec un seul microphone mais, heureusement, pour un disque entièrement acoustique, cette forme extrême de lo-fi n'est heureusement pas antinomique avec un bon confort d'écoute. Vous pouvez aller en écouter deux extraits dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque. LIEN : le site des Moore Brothers.
Les Moore Brothers ont enregistré certains choeurs sur le nouvel album de Paula Frazer, Leave the sad things behind, ce qui explique sans doute qu'ils assurent la première partie de cette dernière pour toute cette tournée (qui ne passera pas par la France). En effet, la principale raison de ma présence à l'Escalier ce mercredi était évidemment Paula Frazer, que j'avais découverte avec Gentle Creatures, le premier album de Tarnation qui ait été distribué en Europe. J'espère ne pas faire injure à son talent en disant que, plus que dans ses chansons, le plaisir que je prends à écouter Paula Frazer réside dans sa voix, constamment sur le fil du rasoir et qui peut passer en une demi-seconde d'un grave guttural à un aigu cristallin. Lorsque l'envie me prend de faire des classements crétins, je la considère souvent comme la deuxième plus belle voix de l'histoire de la musique enregistrée (même si certains, j'ai les noms, y entendent un instrument de torture proche du crissement d'ongles sur tableau noir). Seule sur scène avec sa guitare acoustique, Paula Frazer ne peut évidemment pas rendre toutes les subtilités des arrangements de ses deux albums solo (voir par exemple Long Ago sur Leave the sad things behind) ou le caractère hanté de la country élctrique des deux albums de Tarnation (dont elle joua une poignée de chansons : Game of Broken Hearts, A place where I know, Idly,...). Pourtant, l'essence de ses chansons, encapsulée dans le timbre de sa voix et ses vocalises rêveuses, subsiste. Mon principal plaisir durant le concert fut d'ailleurs simplement de la regarder chanter, de voir sa voix naître et se déployer, plus puissante qu'on pourrait le croire mais toujours aussi prenante. Un moment de pur bonheur que j'attendaid depuis longtemps (la première partie des Tindersticks au Botanique avait été vraiment trop courte)
Bizarrement, je ne vais pour ainsi dire jamais voir de concerts à Liège. C'est idiot car ça présente plein d'avantages dont, par exemple, le fait de ne pas devoir partir avant le rappel pour attraper le dernier train (ce qui m'aurait privé d'A Place Where I Know). De plus, la célèbre convivialité liégeoise et le caractère très intime des salles de concert (et particulièrement de l'Escalier) donnent à ses derniers une dimension quasi-familiale franchement sympathique. Ce n'est pas si souvent qu'un artiste vu en concert vous serre spontanément la main en disant "See you next year" lorsque vous quittez la salle. Bon, d'un autre côté, il faut bien reconnaître que j'ai rarement l'occasion d'en profiter puisque les artistes qui m'intéressent le plus passent rarement à Liège, préférant souvent faire leur unique concert belge à Bruxelles. Pour conclure, il y a aussi, malheureusement, un gros désavantage dans le fait d'assister à des concerts à 500m de chez moi. Quand le public est scandaleusement clairsemé, comme ce fut le cas ce mercredi (une cinquantaine de personnes à tout casser) ou particulièrement dissipé (comme à la fin du concert de Paula Frazer, couvert d'un brouhaha incessant), je me sens vaguement honteux.
La soirée commence avec Belle Close, une liégeoise à lunettes et gilet de laine blanc qui chante en s'accompagnant à la guitare. Son principal atout est une belle voix d'alto profonde qui permet de mettre un peu d'émotion dans des morceaux qui restent souvent assez sages et dont les textes (en anglais) semblent essentiellement axés sur les problèmes de couple ("si tu mets ta fierté de côté et si l'on se fait mutuellement confiance, je ne serai pas contrainte de rester en bordure de ta vie",... ce genre de choses). Musicalement, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais le caractère bon enfant de son set est difficilement résistible, par exemple lorsqu'elle fait des commentaires en temps réel ("...et on termine ce morceau en improvisant quelques mesures...ploum ploum ploum... bon, voilà, ça devrait faire l'affaire", "vous êtes vraiment trop indulgents de m'applaudir", etc..). Après environ une demi-heure, elle termine par une reprise lascive (et très réussie) de Like A Virgin. Une très bonne première première partie.
Il est déjà presque dix heures quand les deux Moore Brothers (Oakland, Californie) montent sur scène. Greg Moore a une tête de Sergi Lopez barbu et Thom Moore un physique de joueur de football américain. A les voir, on a peine à croire qu'ils soient frères. Il suffit pourtant qu'ils ouvrent la bouche pour que cette parenté devienne parfaitement plausible. Tous les deux chantent avec une belle voix de ténor folk, celle de Thom évoque lointainement Ben Gibbard de Death Cab For Cutie tandis que celle de Greg est légèrement plus voilée. Le principe du concert est assez simple. Un frère joue de la guitare acoustique et chante la voix principale tandis que l'autre se contente de le doubler ou d'ajouter quelques choeurs. Dans un souci d'égalité, ils échangent systématiquement les rôles après chaque morceau. Musicalement, on pense à des Kings of Convenience plus minimalistes et moins frimeurs (je vais tenter de ne pas mentionner ici Simon & Garfunkel). Bien que l'on ait déjà entendu ce genre de choses cent fois, l'oreille est régulièrement accrochée par quelque trouvaille étonnante ou dérapage contrôlé (les hurlements de Greg pendant Tiger par exemple). Pourtant, de nouveau, plus encore que la musique, c'est le côté convivial du set qui conquiert sur le moment même l'auditoire. Ils font l'effort de parler en français quand ils le peuvent et disent beaucoup aimer Liège (c'est payant, le liégeois est en général chauvin). Ils vont même jusqu'à se présenter comme les "Oufti Brothers" et conclure leur première chanson par un "Oufti!" retentissant et rigoureusement irrésistible (même s'il faut sans doute être liégeois pour en saisir tout le sel).
Ils ont déjà sorti trois albums (le prochain, Murdered by the Moore Brothers, "our 'goth' album", sort en mars). J'ai acheté Now is the time for love (2004), leur dernier album, qui confirme a posteriori tout le bien que je pensais du set d'hier. Isolées sur disque, les chansons prouvent amplement qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Le disque fonctionne sur le même principe de stricte égalité que le concert (14 plages, les paires sont de Greg, les impaires de Thom). A en croire ce dernier, cet album a été enregistré avec un seul microphone mais, heureusement, pour un disque entièrement acoustique, cette forme extrême de lo-fi n'est heureusement pas antinomique avec un bon confort d'écoute. Vous pouvez aller en écouter deux extraits dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque. LIEN : le site des Moore Brothers.
Les Moore Brothers ont enregistré certains choeurs sur le nouvel album de Paula Frazer, Leave the sad things behind, ce qui explique sans doute qu'ils assurent la première partie de cette dernière pour toute cette tournée (qui ne passera pas par la France). En effet, la principale raison de ma présence à l'Escalier ce mercredi était évidemment Paula Frazer, que j'avais découverte avec Gentle Creatures, le premier album de Tarnation qui ait été distribué en Europe. J'espère ne pas faire injure à son talent en disant que, plus que dans ses chansons, le plaisir que je prends à écouter Paula Frazer réside dans sa voix, constamment sur le fil du rasoir et qui peut passer en une demi-seconde d'un grave guttural à un aigu cristallin. Lorsque l'envie me prend de faire des classements crétins, je la considère souvent comme la deuxième plus belle voix de l'histoire de la musique enregistrée (même si certains, j'ai les noms, y entendent un instrument de torture proche du crissement d'ongles sur tableau noir). Seule sur scène avec sa guitare acoustique, Paula Frazer ne peut évidemment pas rendre toutes les subtilités des arrangements de ses deux albums solo (voir par exemple Long Ago sur Leave the sad things behind) ou le caractère hanté de la country élctrique des deux albums de Tarnation (dont elle joua une poignée de chansons : Game of Broken Hearts, A place where I know, Idly,...). Pourtant, l'essence de ses chansons, encapsulée dans le timbre de sa voix et ses vocalises rêveuses, subsiste. Mon principal plaisir durant le concert fut d'ailleurs simplement de la regarder chanter, de voir sa voix naître et se déployer, plus puissante qu'on pourrait le croire mais toujours aussi prenante. Un moment de pur bonheur que j'attendaid depuis longtemps (la première partie des Tindersticks au Botanique avait été vraiment trop courte)
Bizarrement, je ne vais pour ainsi dire jamais voir de concerts à Liège. C'est idiot car ça présente plein d'avantages dont, par exemple, le fait de ne pas devoir partir avant le rappel pour attraper le dernier train (ce qui m'aurait privé d'A Place Where I Know). De plus, la célèbre convivialité liégeoise et le caractère très intime des salles de concert (et particulièrement de l'Escalier) donnent à ses derniers une dimension quasi-familiale franchement sympathique. Ce n'est pas si souvent qu'un artiste vu en concert vous serre spontanément la main en disant "See you next year" lorsque vous quittez la salle. Bon, d'un autre côté, il faut bien reconnaître que j'ai rarement l'occasion d'en profiter puisque les artistes qui m'intéressent le plus passent rarement à Liège, préférant souvent faire leur unique concert belge à Bruxelles. Pour conclure, il y a aussi, malheureusement, un gros désavantage dans le fait d'assister à des concerts à 500m de chez moi. Quand le public est scandaleusement clairsemé, comme ce fut le cas ce mercredi (une cinquantaine de personnes à tout casser) ou particulièrement dissipé (comme à la fin du concert de Paula Frazer, couvert d'un brouhaha incessant), je me sens vaguement honteux.
L'Amérique... l'Amérique...
Je vous conseille vivement d'aller écouter Bush was right par les Right Brothers. Apparemment, ce n'est pas une parodie. D'ailleurs, le groupe a également commis une chanson contre l'avortement. Elle s'appelle I want to live et est accompagnér d'une vidéo au goût très sûr contenant essentiellement des images d'échographies....Dennis Madalone n'a qu'à bien se tenir (rappelez-vous). Il a de la concurrence.
Alan Sparhawk
Alan Sparhawk de Low semble se remettre doucement de sa dépression. La preuve, il vient de mettre en ligne un album réalisé en collaboration avec Marc Gartman sous le nom de No Wait Wait. Plus d'informations et deux extraits ici.
jeudi, novembre 17
2006, nous voici !
Pet Shop Boys have just completed their new album in a West London studio.
The album has been produced by Trevor Horn and features 10 new Tennant/Lowe songs, a short introduction (also written by Tennant/Lowe) and Numb, a song by Diane Warren, originally recorded for the PopArt compilation in 2003.
Neil and Chris started writing songs for the album in January and commenced recording with Trevor Horn in May. Chris Lowe commented: "We've really enjoyed making this album with Trevor and his team and are very happy indeed with the finished result." Neil Tennant added: "We think it's a great Pet Shop Boys album and also a great Trevor Horn record."
The album is expected to be released worldwide in April 2006.
(tiré du site officiel)
PS : Ne vous inquiétez pas du fait que Diane Warren (Céline Dion, Aerosmith,...) est créditée pour un titre. La chanson est plutôt très bonne.
mercredi, novembre 16
Les nuits
Ayant découvert les Nits en plein âge d'or à la sortie de Giant Normal Dwarf, j'avais de leur carrière une vision assez simple. Après deux-trois albums d'échauffement, le groupe entame une décennie glorieuse en alignant les albums quasi-parfaits (de Omsk à Ting compris) sans effort apparent. La machine semble ensuite se gripper avec dA dA dA en 1994. Pour succéder au dépouillement de Ting, le groupe a changé totalement de style et enregistré un album très enjoué, très (trop ?) produit, avec des percussions presque sud-américaines par moments. Malheureusement, certaines compositions sont un peu faiblardes (ce qui ne leur était plus arrivé depuis le début des années 80) et j'ai encore aujourd'hui beaucoup de mal à l'écouter en entier. Suite à ce semi-échec (difficile d'appeler ratage complet un album qui contient Mourir avant quinze ans et Day and the Night), le trio central du groupe implose. Robert Jan Stips (membre à part entière depuis Omsk) part vers d'autres pâturages tandis que Rob Kloet et Henk Hofstede poursuivent leur route avec l'aide de deux nouvelles musiciennes, sortant dans cette configuration deux albums très inégaux. Le tempo ralentit, les ambiances se figent, les atmosphères se distendent jusqu'à obtenir la jazz-pop lymphatique de Wool. Comme les Nits sont incapables de sortir un disque qui soit réellement mauvais, ça reste toujours au moins "intéressant" mais je dois bien avouer que, sur la longueur, ces albums m'ennuient poliment, sans que cet ennui ne soit pimenté par un soupçon de mystère (bien que Wool s'en approche dans sa première moitié, quand il évoque le souvenir des deux-trois derniers albums de Leonard Cohen). Pourtant, si on va un peu fureter sur les mailing-lists consacrées au groupe, on tombe sur une minorité agissante pour laquelle Alankomaat et Wool sont les sommets inégalables de l'oeuvre des Nits. Cela ne veut néanmoins pas dire grand-chose puisqu'on y trouve aussi des hurluberlus pour lesquels Ting est de très loin leur album le plus faible. Tout cela reste donc très subjectif (et c'est tant mieux).
La production de l'album suivant (1974, sorti en 2003) laissait parfois un peu à désirer mais, dès les premières secondes de With Used Furniture, les intentions sont claires : marche arrière et net retour vers les rythmes endiablés et la joie ludique qui sous-tend la plupart de leurs meilleurs albums. Incidemment, Robert Jan Stips était pour cet album de retour au sein du groupe. Difficile donc de ne pas en inférer les relations empiriques suivantes :
(Nits avec Stips --> rythmé --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste pas mal)
C'est certes une vision simpliste des choses. Les crédits d'écriture des premiers albums des Nits ou les albums solo de Henk Hofstede prouvent amplement que Stips est loin d'être le seul talent du groupe, d'autant que Supersister (le premier groupe de Stips) n'est pas loin d'être inécoutable. Pourtant, comme ces relations simples collent étonnamment bien aux impressions que me laissent les albums, je ne les avais jamais vraiment remises en cause. C'est donc avec une stupéfaction teintée d'un curieux sentiment de trahison que j'ai lu il y a quelques semaines les premières chroniques du nouvel album du groupe, Les Nuits. En effet, bien que Robert-Jan Stips ait participé activement à son écriture et à son enregistrement, on le comparait souvent à Alankomaat et Wool. Tout mon cadre de référence s'effondrait dans un grand fracas d'illusions perdues.
Heureusement, deux écoutes seulement allaient suffire pour me rassurer. Certes, Les Nuits est un album beaucoup plus calme et contemplatif que 1974 et rappelle beaucoup Wool par son atmosphère mais, cette nuance est d'importance, les chansons y sont dans l'ensemble bien plus intéressantes. Là où la plupart des chansons de Wool me semblaient curieusement unidimensionnelles, les chansons de Les Nuits semblent baigner dans un halo de mystère et révéler des faces cachées à chaque nouvelle écoute... comme The Eiffel Tower par exemple, un morceau à la fois si beau et si biscornu qu'il serait parfaitement à sa place sur l'album Tilt de Scott Walker. Henk y chante d'une voix plaintive sur un tapis de cordes dissonantes et quelques notes de guitare acoustique et de piano. Toute la chanson semble errer à la recherche de quelque chose (sans que l'on sache très bien quoi), comme en suspension. Les Nits ne faisant rien comme tout le monde, ils enchaînent directement avec Red Dog, une chanson aux antipodes de la précédente, basée sur ce que l'on pourrait définir comme un riff de fanfare Kusturicien. The Long Song suit et est la plus belle des chansons que les Tindersticks ne pourront plus jamais écrire sans être accusés de plagiat. Les trois morceaux suivants forment apparemment une trilogie consacrée à l'assassinat de Theo Van Gogh (quoique, si on ne le sait pas, ça ne saute pas franchement aux yeux).
Voici déjà la plage 9 et j'attends toujours l'habituelle baisse de qualité de milieu d'album. Ca tombe bien que j'en parle maintenant car c'est justement ici qu'elle arrive, avec The Wind-Up Bird, première chanson à ne pas tout à fait mériter le qualificatif de "splendide". Cela dit, relativisons la déception puisqu'elle rappelle beaucoup l'atmosphère de l'album le plus féérique des Nits (Giant, Normal, Dwarf), ce qui a comme conséquence directe que 90% des albums que j'ai aimés cette année se mutileraient volontiers le copy-control pour l'accueillir en leur sein.
En conclusion, il est étrange d'en venir à souhaiter qu'un disque soit plus court mais Les Nuits passe tellement près de la perfection que j'en viens presque à regretter la présence des deux chansons un peu moins bonnes (The Wind-Up Bird et The Milkman). Cela dit, à l'ère du compact, rien ne m'empêche de programmer les plages 1,2,3,4,5,6,7,8,10 avant lecture et de faire de cette version personnelle mon album de l'année. Je suis tenté.
Au final, il me reste juste à modifier légèrement mes relations causales empiriques :
(Nits avec Stips --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste sympa)
Le fracas des illusions perdues n'est finalement pas aussi assourdissant que je l'avais craint.
La production de l'album suivant (1974, sorti en 2003) laissait parfois un peu à désirer mais, dès les premières secondes de With Used Furniture, les intentions sont claires : marche arrière et net retour vers les rythmes endiablés et la joie ludique qui sous-tend la plupart de leurs meilleurs albums. Incidemment, Robert Jan Stips était pour cet album de retour au sein du groupe. Difficile donc de ne pas en inférer les relations empiriques suivantes :
(Nits avec Stips --> rythmé --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste pas mal)
C'est certes une vision simpliste des choses. Les crédits d'écriture des premiers albums des Nits ou les albums solo de Henk Hofstede prouvent amplement que Stips est loin d'être le seul talent du groupe, d'autant que Supersister (le premier groupe de Stips) n'est pas loin d'être inécoutable. Pourtant, comme ces relations simples collent étonnamment bien aux impressions que me laissent les albums, je ne les avais jamais vraiment remises en cause. C'est donc avec une stupéfaction teintée d'un curieux sentiment de trahison que j'ai lu il y a quelques semaines les premières chroniques du nouvel album du groupe, Les Nuits. En effet, bien que Robert-Jan Stips ait participé activement à son écriture et à son enregistrement, on le comparait souvent à Alankomaat et Wool. Tout mon cadre de référence s'effondrait dans un grand fracas d'illusions perdues.
Heureusement, deux écoutes seulement allaient suffire pour me rassurer. Certes, Les Nuits est un album beaucoup plus calme et contemplatif que 1974 et rappelle beaucoup Wool par son atmosphère mais, cette nuance est d'importance, les chansons y sont dans l'ensemble bien plus intéressantes. Là où la plupart des chansons de Wool me semblaient curieusement unidimensionnelles, les chansons de Les Nuits semblent baigner dans un halo de mystère et révéler des faces cachées à chaque nouvelle écoute... comme The Eiffel Tower par exemple, un morceau à la fois si beau et si biscornu qu'il serait parfaitement à sa place sur l'album Tilt de Scott Walker. Henk y chante d'une voix plaintive sur un tapis de cordes dissonantes et quelques notes de guitare acoustique et de piano. Toute la chanson semble errer à la recherche de quelque chose (sans que l'on sache très bien quoi), comme en suspension. Les Nits ne faisant rien comme tout le monde, ils enchaînent directement avec Red Dog, une chanson aux antipodes de la précédente, basée sur ce que l'on pourrait définir comme un riff de fanfare Kusturicien. The Long Song suit et est la plus belle des chansons que les Tindersticks ne pourront plus jamais écrire sans être accusés de plagiat. Les trois morceaux suivants forment apparemment une trilogie consacrée à l'assassinat de Theo Van Gogh (quoique, si on ne le sait pas, ça ne saute pas franchement aux yeux).
Voici déjà la plage 9 et j'attends toujours l'habituelle baisse de qualité de milieu d'album. Ca tombe bien que j'en parle maintenant car c'est justement ici qu'elle arrive, avec The Wind-Up Bird, première chanson à ne pas tout à fait mériter le qualificatif de "splendide". Cela dit, relativisons la déception puisqu'elle rappelle beaucoup l'atmosphère de l'album le plus féérique des Nits (Giant, Normal, Dwarf), ce qui a comme conséquence directe que 90% des albums que j'ai aimés cette année se mutileraient volontiers le copy-control pour l'accueillir en leur sein.
En conclusion, il est étrange d'en venir à souhaiter qu'un disque soit plus court mais Les Nuits passe tellement près de la perfection que j'en viens presque à regretter la présence des deux chansons un peu moins bonnes (The Wind-Up Bird et The Milkman). Cela dit, à l'ère du compact, rien ne m'empêche de programmer les plages 1,2,3,4,5,6,7,8,10 avant lecture et de faire de cette version personnelle mon album de l'année. Je suis tenté.
Au final, il me reste juste à modifier légèrement mes relations causales empiriques :
(Nits avec Stips --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste sympa)
Le fracas des illusions perdues n'est finalement pas aussi assourdissant que je l'avais craint.
mardi, novembre 15
Mini-Pops
Dans un monde où (à en croire les journaux) seuls les moins de douze ans sont encore susceptibles d'acheter des singles, le rajeunissement des artistes peut sembler aux maisons de disques comme une solution possible pour enrayer la baisse des ventes. Je vous ai notamment déjà parlé des mini-Busted, des mini-S Club et de la mini-Britney qui furent mises sur le marché durant ces dernières années.
Pourtant, et quoi qu'en disent les fâcheux, il n'y a pas aucune raison que seule la pop commerciale soit touchée par ce jeunisme galopant. La galaxie indé aussi y a succombé. Les dernières années n'ont d'ailleurs pas été avares en précocité plus ou moins talentueuse avec, par exemple, Patrick Wolf, Sondre Lerche, Smoosh, The Electric Soft Parade ou les Arctic Monkeys. En général, ces groupes et artistes parviennent à trouver assez vite un univers qui leur est propre et à s'affranchir (au moins partiellement) de l'influence de leurs aînés. En revanche, on peut difficilement décrire Fear of Music (15 à 17 ans) autrement que comme des Mini-Muse appliqués (le mimétisme vocal, notamment, est troublant). Jugez-en plutôt.
Dans un genre moins pro, la radio londonienne XFM organise Rock School 2. Vous pouvez écouter sur cette page les reprises proposées par les différents candidats. The Flaming Monkeys (12 à 14 ans) par exemple ont déjà généré un beau bouche-à-oreille.
Pourtant, et quoi qu'en disent les fâcheux, il n'y a pas aucune raison que seule la pop commerciale soit touchée par ce jeunisme galopant. La galaxie indé aussi y a succombé. Les dernières années n'ont d'ailleurs pas été avares en précocité plus ou moins talentueuse avec, par exemple, Patrick Wolf, Sondre Lerche, Smoosh, The Electric Soft Parade ou les Arctic Monkeys. En général, ces groupes et artistes parviennent à trouver assez vite un univers qui leur est propre et à s'affranchir (au moins partiellement) de l'influence de leurs aînés. En revanche, on peut difficilement décrire Fear of Music (15 à 17 ans) autrement que comme des Mini-Muse appliqués (le mimétisme vocal, notamment, est troublant). Jugez-en plutôt.
Dans un genre moins pro, la radio londonienne XFM organise Rock School 2. Vous pouvez écouter sur cette page les reprises proposées par les différents candidats. The Flaming Monkeys (12 à 14 ans) par exemple ont déjà généré un beau bouche-à-oreille.
samedi, novembre 12
Liens du week-end
- La chanson qui passe en fond sonore sur cette page m'amuse beaucoup, sans que je sache exactement pourquoi, sans doute l'accent délicieusement britannique.
- J'ai tenté cette semaine sur la Blogothèque d'écrire un billet autobiographique.... Je ne suis pas sûr que ce soit une grande réussite. Heureusement que les deux morceaux proposés sont intéressants, ça rattrape un peu.
- J'ai tenté cette semaine sur la Blogothèque d'écrire un billet autobiographique.... Je ne suis pas sûr que ce soit une grande réussite. Heureusement que les deux morceaux proposés sont intéressants, ça rattrape un peu.
mercredi, novembre 9
Festival Panoptica 2005
J'ai longtemps hésité avant de me rendre à la "Salle des Fêtes de Droixhe" pour assister à l'édition 2005 du festival Panoptica. Bien que l'affiche soit, de l'avis des spécialistes, de très bonne tenue, elle contenait peu de noms m'évoquant quoi que ce soit et aucun ayant a priori des raisons particulières de m'intéresser. Pourtant, je me suis retrouvé samedi soir à 21h, dans une salle quasiment vide (il était encore très tôt), bien décidé à me confronter aux dernières modes en matière de bidouilleries numériques.
Du moins, c'est ce que je pensais car le set d'aMute, qui ouvrait le festival, fut à tout prendre plus proche de Labradford que d'Autechre. Pour tout dire, il y avait même une guitare électrique sur scène. Nous n'avons pas été pris en traître, cela dit. Jérôme Deuson a pris le temps avant de commencer son set de nous expliquer que tous les sons seraient joués en direct avant d'être incorporés dans les boucles et que donc l'évolution de la matière sonore serait assez lente. L'ajout de trois notes de guitare pouvait ainsi prendre une ou deux minutes (je prends ma guitare, je la suspends à mon épaule, je chipote à mes pédales, je joue trois-quatre notes d'un air dubitatif, je chipote à mes boîtiers, j'en rejoue cinq d'un air inspiré, je chipote à mes boutons, je retire la lanière de ma guitare, je repose ma guitare, j'envoie la sauce vers les hauts-parleurs, je me demande ce que je vais faire après) et ainsi de suite.
C'est par moments assez pénible, notamment lors d'une séquence de deux ou trois minutes basées sur des bruits de CD qui bloquent (le toum-toum-toum continu qu'on entend parfois à la radio quand la technique fait des siennes). Pourtant, et je ne me lasserai jamais des surprises que recèlent souvent les discussions d'après-concert, des gens plus informés que moi ont décrété à la fin du concert que cela avait été "formidable" (j'ai été un instant tenté de rentrer illico à la maison pour vérifier dans mon dictionnaire si "formidable" avait un second sens). Cela dit, une étude très sérieuse réalisée au Eno Institute a montré que, si on boucle des séquences utilisant des notes aléatoires sur un tempo lent et contemplatif pendant une heure, on obtient en moyenne 8m34s de musique intéressante. aMute en a obtenu 14m57s et est donc théoriquement meilleur musicien qu'un générateur aléatoire, ce qui, en ces temps d'automatisation galopante, est plutôt rassurant pour son avenir.
Les concerts s'enchaînent presque sans temps mort et Arovane vient rapidement rappeler au public distrait qu'il s'agit bien d'un festival de musiques "électroniques". Arovane était de loin pour moi le projet le plus connu à l'affiche (pour tout dire, je crois bien avoir écouté un album un jour) et on se retrouve rapidement dans des sphères beacoup plus Autechrement correctes (on m'a dit qu'il fallait toujours tout comparer à Autechre, ça "fait bien"). J'associe en général Autechre à une forme de "déconstruction rythmique" (qui dans mon esprit signifie un truc du genre "dissimulation des beats derrière un déluge de couches et de textures arythmiques" et décrit parfaitement l'impression que me laissent les albums les plus récents du duo anglais). Autrement dit, bien que le tempo général soit très constant, on ne discerne pas de beats réguliers. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Le spectateur baigne dans un océan de sons tellement complexe qu'il n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Comme un regard se promenant sur une toile de maître, l'oreille du spectateur cérébral papillonne d'une couche à l'autre, jaugeant tour à tour les "crouik", les "blip" dissonants et les "tutututung" syncopés. Les clubbers les plus aguerris quant à eux parviennent à se mouvoir en rythme comme s'il s'agissait d'un remix de Poing! par David Guetta. Cela dit, comme souvent, je préfère, les passages plus atmosphériques où l'abstraction laisse momentanément la place à des émotions plus basiques.
La soirée se poursuit (avec une ponctualité toute germanique) avec les deux Suisses d'Intricate qui, après une heure au cours de laquelle les beats semblaient être un concept vaguement honteux, nous réveillent à grands coups de beats au Viagra (désolé) et de "nappes enveloppantes" (l'expression provient du texte de présentation qui défilait sur les écrans au début du set et qui, suivant le précepte énoncé plus haut, mentionnait également des similitudes évidentes entre les musiques d'Intricate et d'Autechre, similitudes que je cherche toujours). Sans doute parce que je suis très peu coordonné, bouger en rythme nécessite une grande partie de mes facultés mentales. Du coup, la musique sur laquelle je peux me trémousser est en général jugée moins sévèrement. Tout ce que je peux dire de ce set est qu'il m'a fait penser à celui de Modeselektor l'année dernière et que, en conséquence, j'ai passé un bon moment. Il m'en faut peu, au fond.
Le set suivant est assuré par Solvent, un Canadien assez proche de Lowfish. Entendez par là que certains des sons qu'il utilise m'évoquent irrésistiblement Jean-Michel Jarre (je vous laisse juger s'il s'agit d'un compliment ou non), que le set est décomposé en morceaux (séparés par du vrai silence et des vrais applaudissements de vrais gens), que le tout sonne franchement 80s. Il pousse même le vice jusqu'à utiliser un vocoder, ce qui lui vaut les quolibets rentrés des intégristes electros (j'ai cru entendre les mots "Danse des Canards" au détour d'une conversation) sans que les poppeux ne s'enthousiasment pour la cause. Si j'osais, j'ajouterais "N'est pas Cher qui veut". Dans l'ensemble cependant, ce n'est pas désagréable en fond sonore (et une frange du public avait l'air franchement enthousiaste) mais n'a non plus à mon avis un intérêt transcendant.
Boy Robot est un duo germano-suédois (honte à celui qui m'avait dit qu'ils étaient américains) dont seul John Zorn est présent ici. Sa musique est une sorte de digest prêt à écouter de tout ce que j'aime en électronica : une pulsation reconnaissable, des plages atmosphériques, des évolutions lentes dans la durée, des variations brusques de rythmes, des surprises, des moments de suspension, etc.. J'ai un peu de mal à en dire beaucoup plus. Aucun point de comparaison ne m'est venu à l'esprit sur le moment même et je n'ai à dire vrai plus qu'un souvenir assez vague d'à quoi ça ressemblait. Je vais tenter de trouver quelques morceaux à écouter en tout cas pour voir si ma bonne impression live se confirme sur disque.
La soirée se termine avec le set d'Apparat, le projet le plus surhypé de la soirée, si j'en crois mon échantillon représentatif de 1 spécialiste. Si j'ai bien retenu ce qu'on m'a expliqué, les disques de Apparat peuvent se classer en deux grandes catégories : les calmes (chez Shitkatapult ou Neo Ouija) et les plus orientés "dance-floor" sortis chez mes amis de BPitch (Paul Kalkbrenner, Ellen Allien, etc...). A en juger les commentaires d'après-concert, ce set contenait surtout ses morceaux les plus "dance-floor" et était à mon avis le plus intéressant de la soirée, touchant à de nombreux genres, de la trance (tendance Paul Van Dyk, voire Ferry Corsten) à la hard-techno à base de sons saturés (j'ai pensé pendant quelques secondes à T.Raumschmiere) en passant par la techno minimale, presque uniquement rythmique. Le public était assez enthousiaste et, pour une fois, j'étais plutôt d'accord. (j'ai désespérement cherché à caser "costume d'apparat" dans ce paragraphe mais n'y suis pas parvenu, à mon grand dam)
Voulant rester sur cette bonne impression, je me suis éclipsé (il était 3h30 quand même) avant le dernier set de Brothomstates vs Blamstrain que l'on m'a d'ailleurs par après décrit comme très décevant. En résumé, une très bonne soirée. La présence de chaises contre les murs m'a permis de surmonter mes accès de lassitude sans totalement décrocher (en regardant les visuels par exemple) et j'ai donc une fois de plus pu me frotter dans d'excellentes conditions à un genre de musique pour lequel j'ai une affinité de faible à moyenne et une connaissance quasi-nulle (d'ailleurs, tous les termes un tant soit peu techniques que j'ai employés l'ont potentiellement été à contre-sens. Vous êtes prévenus).
NB : J'ai passé sous silence les deux-trois plantages de Mac qui ont émaillé la soirée de peur de me faire taxer de suppôt de Bill Gates.
LIENS : La programmation du festival est détaillée et décrite bien mieux que je ne pourrais le faire ici, accompagnée des liens vers les sites des artistes (notamment Apparat) et des labels.
Du moins, c'est ce que je pensais car le set d'aMute, qui ouvrait le festival, fut à tout prendre plus proche de Labradford que d'Autechre. Pour tout dire, il y avait même une guitare électrique sur scène. Nous n'avons pas été pris en traître, cela dit. Jérôme Deuson a pris le temps avant de commencer son set de nous expliquer que tous les sons seraient joués en direct avant d'être incorporés dans les boucles et que donc l'évolution de la matière sonore serait assez lente. L'ajout de trois notes de guitare pouvait ainsi prendre une ou deux minutes (je prends ma guitare, je la suspends à mon épaule, je chipote à mes pédales, je joue trois-quatre notes d'un air dubitatif, je chipote à mes boîtiers, j'en rejoue cinq d'un air inspiré, je chipote à mes boutons, je retire la lanière de ma guitare, je repose ma guitare, j'envoie la sauce vers les hauts-parleurs, je me demande ce que je vais faire après) et ainsi de suite.
C'est par moments assez pénible, notamment lors d'une séquence de deux ou trois minutes basées sur des bruits de CD qui bloquent (le toum-toum-toum continu qu'on entend parfois à la radio quand la technique fait des siennes). Pourtant, et je ne me lasserai jamais des surprises que recèlent souvent les discussions d'après-concert, des gens plus informés que moi ont décrété à la fin du concert que cela avait été "formidable" (j'ai été un instant tenté de rentrer illico à la maison pour vérifier dans mon dictionnaire si "formidable" avait un second sens). Cela dit, une étude très sérieuse réalisée au Eno Institute a montré que, si on boucle des séquences utilisant des notes aléatoires sur un tempo lent et contemplatif pendant une heure, on obtient en moyenne 8m34s de musique intéressante. aMute en a obtenu 14m57s et est donc théoriquement meilleur musicien qu'un générateur aléatoire, ce qui, en ces temps d'automatisation galopante, est plutôt rassurant pour son avenir.
Les concerts s'enchaînent presque sans temps mort et Arovane vient rapidement rappeler au public distrait qu'il s'agit bien d'un festival de musiques "électroniques". Arovane était de loin pour moi le projet le plus connu à l'affiche (pour tout dire, je crois bien avoir écouté un album un jour) et on se retrouve rapidement dans des sphères beacoup plus Autechrement correctes (on m'a dit qu'il fallait toujours tout comparer à Autechre, ça "fait bien"). J'associe en général Autechre à une forme de "déconstruction rythmique" (qui dans mon esprit signifie un truc du genre "dissimulation des beats derrière un déluge de couches et de textures arythmiques" et décrit parfaitement l'impression que me laissent les albums les plus récents du duo anglais). Autrement dit, bien que le tempo général soit très constant, on ne discerne pas de beats réguliers. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Le spectateur baigne dans un océan de sons tellement complexe qu'il n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Comme un regard se promenant sur une toile de maître, l'oreille du spectateur cérébral papillonne d'une couche à l'autre, jaugeant tour à tour les "crouik", les "blip" dissonants et les "tutututung" syncopés. Les clubbers les plus aguerris quant à eux parviennent à se mouvoir en rythme comme s'il s'agissait d'un remix de Poing! par David Guetta. Cela dit, comme souvent, je préfère, les passages plus atmosphériques où l'abstraction laisse momentanément la place à des émotions plus basiques.
La soirée se poursuit (avec une ponctualité toute germanique) avec les deux Suisses d'Intricate qui, après une heure au cours de laquelle les beats semblaient être un concept vaguement honteux, nous réveillent à grands coups de beats au Viagra (désolé) et de "nappes enveloppantes" (l'expression provient du texte de présentation qui défilait sur les écrans au début du set et qui, suivant le précepte énoncé plus haut, mentionnait également des similitudes évidentes entre les musiques d'Intricate et d'Autechre, similitudes que je cherche toujours). Sans doute parce que je suis très peu coordonné, bouger en rythme nécessite une grande partie de mes facultés mentales. Du coup, la musique sur laquelle je peux me trémousser est en général jugée moins sévèrement. Tout ce que je peux dire de ce set est qu'il m'a fait penser à celui de Modeselektor l'année dernière et que, en conséquence, j'ai passé un bon moment. Il m'en faut peu, au fond.
Le set suivant est assuré par Solvent, un Canadien assez proche de Lowfish. Entendez par là que certains des sons qu'il utilise m'évoquent irrésistiblement Jean-Michel Jarre (je vous laisse juger s'il s'agit d'un compliment ou non), que le set est décomposé en morceaux (séparés par du vrai silence et des vrais applaudissements de vrais gens), que le tout sonne franchement 80s. Il pousse même le vice jusqu'à utiliser un vocoder, ce qui lui vaut les quolibets rentrés des intégristes electros (j'ai cru entendre les mots "Danse des Canards" au détour d'une conversation) sans que les poppeux ne s'enthousiasment pour la cause. Si j'osais, j'ajouterais "N'est pas Cher qui veut". Dans l'ensemble cependant, ce n'est pas désagréable en fond sonore (et une frange du public avait l'air franchement enthousiaste) mais n'a non plus à mon avis un intérêt transcendant.
Boy Robot est un duo germano-suédois (honte à celui qui m'avait dit qu'ils étaient américains) dont seul John Zorn est présent ici. Sa musique est une sorte de digest prêt à écouter de tout ce que j'aime en électronica : une pulsation reconnaissable, des plages atmosphériques, des évolutions lentes dans la durée, des variations brusques de rythmes, des surprises, des moments de suspension, etc.. J'ai un peu de mal à en dire beaucoup plus. Aucun point de comparaison ne m'est venu à l'esprit sur le moment même et je n'ai à dire vrai plus qu'un souvenir assez vague d'à quoi ça ressemblait. Je vais tenter de trouver quelques morceaux à écouter en tout cas pour voir si ma bonne impression live se confirme sur disque.
La soirée se termine avec le set d'Apparat, le projet le plus surhypé de la soirée, si j'en crois mon échantillon représentatif de 1 spécialiste. Si j'ai bien retenu ce qu'on m'a expliqué, les disques de Apparat peuvent se classer en deux grandes catégories : les calmes (chez Shitkatapult ou Neo Ouija) et les plus orientés "dance-floor" sortis chez mes amis de BPitch (Paul Kalkbrenner, Ellen Allien, etc...). A en juger les commentaires d'après-concert, ce set contenait surtout ses morceaux les plus "dance-floor" et était à mon avis le plus intéressant de la soirée, touchant à de nombreux genres, de la trance (tendance Paul Van Dyk, voire Ferry Corsten) à la hard-techno à base de sons saturés (j'ai pensé pendant quelques secondes à T.Raumschmiere) en passant par la techno minimale, presque uniquement rythmique. Le public était assez enthousiaste et, pour une fois, j'étais plutôt d'accord. (j'ai désespérement cherché à caser "costume d'apparat" dans ce paragraphe mais n'y suis pas parvenu, à mon grand dam)
Voulant rester sur cette bonne impression, je me suis éclipsé (il était 3h30 quand même) avant le dernier set de Brothomstates vs Blamstrain que l'on m'a d'ailleurs par après décrit comme très décevant. En résumé, une très bonne soirée. La présence de chaises contre les murs m'a permis de surmonter mes accès de lassitude sans totalement décrocher (en regardant les visuels par exemple) et j'ai donc une fois de plus pu me frotter dans d'excellentes conditions à un genre de musique pour lequel j'ai une affinité de faible à moyenne et une connaissance quasi-nulle (d'ailleurs, tous les termes un tant soit peu techniques que j'ai employés l'ont potentiellement été à contre-sens. Vous êtes prévenus).
NB : J'ai passé sous silence les deux-trois plantages de Mac qui ont émaillé la soirée de peur de me faire taxer de suppôt de Bill Gates.
LIENS : La programmation du festival est détaillée et décrite bien mieux que je ne pourrais le faire ici, accompagnée des liens vers les sites des artistes (notamment Apparat) et des labels.
mardi, novembre 8
Qui a dit que la vie était chère ?
Le nouvel album de Bonnie 'prince' Billy en prix vert à la FNAC pour....28€. Heureusement, le nouveau Kate Bush était lui au prix très raisonnable (surtout pour un double CD) de 16€. Après une première écoute, je suis assez enthousiaste (ne serait-ce que pour avoir oser faire une chanson sur le nombre Pi avec les 100 premières décimales)
PS : Three Nits tracks there.
PS : Three Nits tracks there.
samedi, novembre 5
Deuxième service.
C'est terrible, je ne trouve le temps de rien écrire.
En attendant mon billet sur le nouvel album des Nits, encore une de mes marottes pop : New direction de S Club Juniors ici.
EDIT : Et tant que j'y suis, la seule bonne chanson de Busted est ici. Prochains billets prévus : le festival Panoptica 2005 et l'album des Nits, groupe dont je parle par ailleurs (de manière beaucoup trop rapide) dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque.
En attendant mon billet sur le nouvel album des Nits, encore une de mes marottes pop : New direction de S Club Juniors ici.
EDIT : Et tant que j'y suis, la seule bonne chanson de Busted est ici. Prochains billets prévus : le festival Panoptica 2005 et l'album des Nits, groupe dont je parle par ailleurs (de manière beaucoup trop rapide) dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque.
jeudi, novembre 3
Insomnie, quand tu nous tiens.
Je ne suis pas parvenu à fermer l'oeil de la nuit. En guise de compensation, je m'en vais écouter Les Nuits, le nouvel album des Nits acheté hier (et dont je vous reparle très vite). En ce qui vous concerne, vous avez dormi et devrez donc vous contenter de :
- le premier single de Son of Dork, le nouveau groupe de l'ex-Busted James Bourne (plus tout à fait sûr du nom de famille) ici.
- une chanson pop robotique des années 80 que ce billet a fait émerger des tréfonds de mon inconscient.
- est-il possible de ne pas sourire en écoutant une reprise en japonais d'une chanson des Backstreet Boys ? Pas sûr.
EDIT : Histoire de mettre toutes mes marottes pop dans un même post et de pouvoir ainsi repartir du bon pied demain :
- deux étudiants chinois chantent I want it that way. C'est surtout drôle si vous appréciez la chanson, mais en avez un peu honte. C'est mon cas. (via Said the Gramophone)
- le nouveau single de Will Young.
EDIT 2 : Ce soir sur Arte, un reportage sur Leeds avec des gros morceaux de Black Wire à l'intérieur.
- le premier single de Son of Dork, le nouveau groupe de l'ex-Busted James Bourne (plus tout à fait sûr du nom de famille) ici.
- une chanson pop robotique des années 80 que ce billet a fait émerger des tréfonds de mon inconscient.
- est-il possible de ne pas sourire en écoutant une reprise en japonais d'une chanson des Backstreet Boys ? Pas sûr.
EDIT : Histoire de mettre toutes mes marottes pop dans un même post et de pouvoir ainsi repartir du bon pied demain :
- deux étudiants chinois chantent I want it that way. C'est surtout drôle si vous appréciez la chanson, mais en avez un peu honte. C'est mon cas. (via Said the Gramophone)
- le nouveau single de Will Young.
EDIT 2 : Ce soir sur Arte, un reportage sur Leeds avec des gros morceaux de Black Wire à l'intérieur.
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