Peter Bjorn and John - Writer's Block (V2/Wichita)
Pour beaucoup, Peter Bjorn and John est le groupe d'une seule chanson, le sifflotant Young Folks (suis-je le seul à trouver que la voix y ressemble étrangement à celle de Vaya Con Dios ?), un de ces morceaux qui semblent faire l'unanimité autour d'eux. Pourtant, tout bon qu'il soit, ce n'est pas le morceau de l'album que je préfère. J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de Amsterdam qui parvient à ressuciter le spectre de la cold-wave robotique du début des années 80 (on dirait une chanson de Gary Numan) sans utiliser le moindre synthétiseur. Objects of my affection mêle un riff de guitare dévastateur et une voix typiquement new-wave (voir les Nits de Woman Cactus par exemple) pour créer une de ces chansons épiques et tourbillonnantes que l'on se surprend à écouter cinq fois de suite sans y penser. Cet album est souvent présenté comme une collection de chutes de studio indignes assemblées à la va-vite pour mettre en valeur la gemme Young Folks. C'est injuste car je trouve que c'est un des albums les plus homogènes et consistants de l'année. Outre les trois chansons déjà mentionnées, Paris 2004, Let's call it off et Roll the credits par exemple soutiennent sans rougir la comparaison avec la plupart des disques d'indie-pop sortis cette année. Certes, en choisissant de se spécialiser dans la pop légère et gentiment désinvolte, le groupe se condamne à ne jamais devenir l'obsession de personne. Il serait irréaliste de lui demander plus qu'un plaisir fugace, comme ces amours de vacances qui font les meilleurs souvenirs.
- Liens : Site officiel, la page MySpace
- A écouter : Objects of my affection (mp3), Young Folks (video)
- Acheter
Apparat Organ Quartet - s/t (Skelt)
Dire que ce disque date de 2006 est à la limite de l'abus de langage vu que les morceaux furent tous enregistrés avant 2003 et que l'album était déjà sorti une première fois en 2004. Pourtant, c'est bien en 2006 qu'il a été distribué en Belgique pour la première fois. C'est aussi en 2006 que le groupe a effectué une mini-tournée en Europe, notamment à Louvain et au Festival "Islande Mon Amour" à Paris. J'ai déjà eu l'occasion de parler de ce disque qui mélange avec bonheur Kraftwerk, l'electro ludique de Console, les compositeurs minimalistes et l'énergie du rock, voire à certains moments du heavy-metal. Créé comme une ensemble instrumental (4 orgues et une batterie) gentiment prise de tête dans l'esprit des premiers Philip Glass ou Steve Reich, le groupe de Johann Johannsson (dont je reparlerai bientôt) et de ses amis Hordur, Ulfur, Arnar et Sighvatur a évolué et est devenu une redoutable machine à faire danser. Les cinq membres du groupe ayant tous une multitude d'autres projets, il est peu probable que cet album connaisse jamais une suite. Dommage car, pour comparer avec des artistes stylistiquement assez proches, je trouve cet album bien plus intéressant que ce que les représentants de l'électronique grand public produisent ces dernières années (des Chemical Brothers à Mylo en passant par Royksopp et les autres).
- Liens : Page MySpace, mon article sur la Blogothèque
- A écouter : Cruise Control (mp3)
- Acheter
Casiotone For The Painfully Alone - Etiquette (Tomlab)
Il existe finalement assez peu d'artistes électroniques qui n'ont à aucun moment l'ambition de faire gigoter l'auditeur. Si le terme n'était pas complètement ridicule, je me laisserais aller à parler d'"électro d'auteur", dans le sens où les chansons sont clairement ici le résultat d'une démarche de songwriter, plus que de laborantin de studio. Je me trompe peut-être mais l'écoute de ce disque me donne l'impression que les paroles ont toutes été écrites avant la musique et que cette dernière n'est que le moyen utilisé pour les transmettre. Les mélodies sont simples, les recherches sonores inexistantes et l'accent est surtout placé sur l'adéquation entre les voix et l'accompagnement musical. Les ambiances sont le plus souvent déprimantes, à tel point que l'on pense parfois à Smog (sur I Love Creedence particulièrement), sans doute à cause du timbre de la voix de Owen Ashworth et de son débit volontairement inexpressif (en y repensant, je me rends d'ailleurs compte que "voix de Smog + électronique" aurait été une assez bonne description des premiers albums de Tarwater). Tout cela donne au final un disque qui est dans l'esprit beaucoup plus indie-folk que pop ou électro. Il n'y a guère que sur le single Young Shields que l'on trouve une mélodie qui soit chantonnable. Casiotone For The Painfully Alone est indéniablement un artiste attachant, mais son refus d'en faire trop et le caractère résolument anti-spectaculaire de sa musique sont parfois aussi frustrants qu'admirables.
- Liens : La page MySpace, le concert à emporter
- A écouter : Nashville Parthenon (mp3)
- Acheter
Pour mes amis robots :
- Peter Bjorn & John - Objects Of My Affection
- Apparat Organ Quartet - Cruise Control
- Casiotone For The Painfully Alone - Nashville Parthenon
1 commentaire:
Simplement je te dit un grand bravo !
Je suis arrivé ici par hazard mais la simplicité, et la véracité de tes critiques m'ont séduites, je vais donc venir et revenir ici pour puisser et peut-être trouver des artistes cintillant...
Merci, et bonne continuation.
Enregistrer un commentaire