mercredi, janvier 25

Les albums de 2005 (VI)

Tennant/Lowe - Battleship Potemkin (EMI Classics/Parlophone)
J'ai déjà parlé ici de la projection du Cuirassé Potemkine à laquelle j'avais assisté l'année dernière sur Trafalgar Square. Je m'étais notamment demandé si la bande musicale écrite à cette occasion présenterait encore un quelconque intérêt sans les images. Après avoir écouté les 69 minutes de ce disque, je crois pouvoir dire que oui. Le mariage de l'électronique des Pet Shop Boys et des orchestrations de Torsten Rasch semble plus harmonieux ici que dans les versions jouées en accompagnement du film, où le son des cordes du Dresdner Sinfoniker avait souvent un peu de mal à percer le mur des nappes et des rythmiques synthétiques. De même, le caractère légèrement hors-sujet des passages chantés par Neil Tennant choque moins sans le contrepoint des images. En fait, le principal reproche que l'on pourrait formuler à l'égard du projet est un certain passéisme, une absence de prise de risques. Malgré quelques accès dissonants à la Bernard Hermann dans Drama in the Harbour (le meilleur passage du disque), la partition de l'orchestre est assez passe-partout et la plupart des parties électroniques sont fermement ancrées dans les années 80 (Jean-Michel Jarre), voire 70 (Tangerine Dream). On pourrait aussi sans doute reprocher à la musique de s'assoupir un peu trop longtemps sur certains thèmes (comme dans To the Shore par exemple) mais ce défaut est sans doute inhérent aux bandes sonores continues, bien forcées de suivre le rythme de l'action à l'écran, aussi lent soit-il. Dans l'ensemble pourtant, le projet tient la route et me semble même avoir une certaine allure, même si je me rends bien compte que je ne suis pas d'une objectivité à toute épreuve pour parler de ce que produit le groupe. PS : Dommage néanmoins que les différentes coupures effectuées pour cet enregistrement audio ne permettent pas de suivre le film en parallèle.

...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - Worlds Apart (Interscope/Universal)
A l'époque de sa sortie, je n'avais su que faire de cet album qui partait dans tous les sens. Presque un an plus tard, je dois bien reconnaître que la musique de Trail of Dead est un des rares exemples de rock qui, derrière un très convaincant mur de guitares et de batteries (l'intro est un modèle du genre), parvienne à conserver un réel sens mélodique sans jamais sonner comme de la musique pop. Si on le compare aux albums précédents, Worlds Apart se distingue principalement par un élargissement de la palette sonore (piano, violon, etc...), qui trouve son expression la plus radicale dans cette improbable parenthèse instrumentale jouée au violon par Hilary Hahn (To Russia My Homeland) (voir "... appears courtesy of Deutsche Grammophon." dans le livret d'un album de rock qui tache plait d'ailleurs beacoup au snob qui sommeille en moi). Pourtant, cette volonté de se frotter à des formes plus "classiques" ainsi que l'imagerie de l'album laissent souvent craindre que le groupe ne se laisse emporter par son ambition et ne sombre dans une sorte de prog-rock 70s. On en est d'ailleurs dangereusement proche dans le dernier tiers de l'album (All White), avant que deux 'bonus tracks' grandioses ne fassent repencher la balance du côté de l'enthousiasme.

The Subways - Young for Eternity (Infectious Records)
"Ils sont jeunes, ils s'aiment, ils font du rock'n'roll et le monde est à eux". Tel aurait dû être le résumé de l'année 2005 pour les Subways, découverts par Michael Eavis lors d'un concours ouvert aux jeunes groupes et organisé en prélude au festival de Glastonbury (en 2003 ou 2004). Après avoir profité de cette rampe de lancement idéale, le groupe avait suivi le parcours habituel de la parfaite petite sensation indé anglaise : concerts dans les festivals d'été (dont le Pukkelpop), interviews-vérité rigolote dans le NME et premier album directement distribué par une major. Tout semblait se dérouler au mieux pour le groupe et certains lui avaient prédit un destin grandiose à la Franz Ferdinand. Pourtant, le groupe semble depuis coincé dans le ventre mou de la deuxième division du genre, aux côtés de British Sea Power ou de de Nine Black Alps par exemple (qui ne sont d'ailleurs pas forcément des mauvais groupes). Pour expliquer ce semi-échec, il ne faut sans doute pas aller chercher plus loin que ce décevant premier album. Certes, on y trouve un des singles les plus accrocheurs de l'année, Rock'n'Roll queen (j'adore la manière dont le chanteur couine son "Queen") ou encore With You mais, malheureusement, une bonne moitié de l'album ne parvient pas à décider si elle veut ressembler à Blur ou aux White Stripes et, du coup, ne ressemble pas à grand-chose. Leur tentative de pop californienne ensoleillée sur No Goodbyes est intéressante mais les deux chansons calmes (dont Lines of Light) sont totalement insipides, ce qui fait que, dans l'ensemble, l'album manque en grande partie sa cible. Je prendrais volontiers le pari que les Subways ne rencontreront jamais le grand public et resteront toujours partiellement underground (ah ah ah). De plus, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi ce premier album de 36 minutes ne contient pas 1am, qui est une des chansons qui les ont fait connaître. Ca frustre mon côté collectionneur.

4 commentaires:

michelsardou a dit…

Pourtant TOD est passé cette année au Botanique. Jamais eu aussi mal aux oreilles de ma vie. Bien d'accord avec ce que tu dis sur Worlds Apart, un bémol: le dernier tiers du disque est un gros 3/4 d'EP (The Secret of Helena's Tomb, ou un truc dans le genre), qui était excellent et laissait présager du meilleur. La deception n'en a été que plus grande: un vrai album boursouflé, qui ne va nulle part. D'ailleurs un nouvel album est en préparation qui serait selon le groupe "encore plus bizarre". Hum...
Désolé de m'emporter, je suis un peu fan de ce groupe

Pierre a dit…

Ben oui, mais ça a été vite complet. Je ne suis pas sûr de comprendre exactement ce que tu veux dire sur l'album (je soupçonne un copier-coller perdu) mais cet EP avait été numéro 1 de mon top EP l'année de sa sortie. Je l'avais adoré aussi.

michelsardou a dit…

Oour le copié-collé, même pas. J'ai une autre excuse, je revenais d'un concert et j'avais la tête dans les étoiles. Ce que je veux dire, c'est que The Secret of Helena's tomb m'aparaissait comme une avancée par rapport à ce qu'ils avaient sorti auparavant. C'est pour ça que j'attendais l'album impatiemment. Or, ç'a été ma plus grosse déception de l'année. Enfin (et si j'ai bien compris), c'est surtout la fin de l'album qui t'enthousiasme. Mais les deux "bonus tracks" dont tu parles sont en fait extraits dudit EP,donc datant de 2003.
Voilà, j'espère avoir été plus clair.

Pierre a dit…

Ouille. Je dois être moins clair que je ne l'espérais. Justement, le dernier tiers est pour moi la partie de l'album où les critiques de boursouflure sont justifiées et j'aime surtout les deux premiers tiers...

Quant au fait que les bonus tracks apparaissaient sur le EP, je n'ai aucune excuse pour ne pas les avoir reconnues. :/