Bouhou. Le groupe se sépare ou, en tout cas, arrête de publier de la musique sous ce nom. Your Brother Is My Only Hope ne connaîtra jamais de petit frère (merci à Absolut Noise pour l'info).
Sinon, je suis chaque semaine sidéré de voir à quel point les chroniques d'albums dans les Inrocks n'expriment jamais la moindre émotion. Les journalistes semblent se contenter de décrire le disque avec un détachement clinique et en alignant les clichés (toujours les mêmes). Peut-être est-ce parce que je les lis depuis trop longtemps et suis devenu imperméable à leur style, mais je peux compter sur les doigts de deux mains le nombre de disques que les Inrocks m'ont donné envie d'écouter depuis deux ans (alors que le NME me donne envie d'écouter un truc par semaine au moins).
Dans cet esprit, je me suis laissé aller sur une mailing-liste à un pastiche de leur style. L'exercice est un peu vain mais a au moins eu le mérite de m'amuser (et j'ai bien besoin de m'amuser pour oublier la fin de Le Sport).
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Un truc qui m'a toujours bien fait rire est que, lorsqu'un groupe sort un troisième album qui n'est objectivement qu'une copie-carbone du premier, on pourra lire dans les Inrocks, selon qu'il est bien vu ou pas de la rédaction (selon qu'il a la carte Inrocks ou pas, pour paraphraser Michel Ciment) :
"Trucmuche n'est pas un groupe qui court vainement derrière les dernières modes. Machin-chose et sa bande préfèrent au contraire réhabiliter le travail patient de l'artiste folk : ressasser inlassablement ses obsessions, extirper patiemment de sa vie quotidienne la substantifique moëlle de l'existence et la présenter avec révérence dans un écrin où se mêlent lignes de guitare finement ciselées et choeurs angéliques. Ce serait déjà immense (Johnny Cash, Townes Van Zandt et Bob Dylan n'ont jamais rien fait d'autre) mais Trucmuche aime à brouiller les pistes et cette armature folk en bois de pays est perpétuellement mise en danger par des intermèdes instrumentaux foutraques et des tempêtes bruitistes qui en gauchissent les surfaces et en brouillent les perspectives. Alors bien sûr, ce nouvel album n'apporte pas grand-chose de neuf à Music from jaded outlaws, leur séminal premier album. Certains peine-à-jouir pour qui la musique se doit d'être le miroir de son époque, de n'exister que dans le "here and now" (mais pourquoi?) diront sans doute que le groupe se répète et n'a plus rien à dire depuis deux albums au moins. Ils ont évidemment tort et il faut au contraire voir dans ce nouvel opus l'admirable travail d'artisans qui continuent inlassablement à creuser le même sillon, recherchant encore et toujours la recette de la chanson parfaite, celle qui résumerait toute leur oeuvre en quatre minutes définitives. Ce n'est pas être méchant que de secrètement espérer qu'ils ne la trouvent jamais et continuent de nous abreuver de leurs divins brouillons."
ou bien
"Cela suffit. Lorsque le premier album de Trucmuche est sorti, il était apparu à certains observateurs comme la preuve de l'émergence d'une nouvelle manière de concevoir la musique folk, notamment en la mêlant de force à l'énergie sonique de la noise. Difficile avec le recul de ne pas être effaré par un tel aveuglement. N'importe quel auditeur doté d'une paire d'oreilles en état de marche aurait immédiatement pu (dû ?) se rendre compte que ce mariage contre-nature était l'exemple-type de la fausse bonne idée. Pourtant, aujourd'hui encore, après trois albums d'éhonté rabachage, le groupe en est toujours au même stade, enregistrant ses petites chansons mal foutues, persuadé de contribuer à révolutionner la musique, alors que, ailleurs, la musique connaît sa révolution, sans eux. Trucmuche est objectivement devenu un groupe démodé, dépassé par des évolutions auxquelles ils ne comprennent rien, l'exemple-type de ces artistes auto-satisfaits à la musique vide que les nouveaux punks devront faire leur priorité d'envoyer au bûcher. Du passé faisons table rase."
(ça mériterait aussi sans doute d'être retravaillé mais bon...)
7 commentaires:
Bien vu! Ces gens aiment moins la musique que leur petite rhétorique. Résultat : ça manque de tripes tous ça. La note moyenne des lecteurs, pipeau ou non, souvent sévère, détonne d'ailleurs fortement avec le caractère fadasse des chroniques...
Oui enfin, bon la note des lecteurs des fois... Perso, j'ai arrete de lire y'a 2-3 ans tellement ca me gonflait (notamment la tendance "charlie hebdo" version intello parisien).Je trouve que l'adjectif "seminal" manque dans les pastiches (faudrait q je compte le nombre de fois ou je l'ai lu)
Argh. Bien sûr. Je le rajoute de ce pas.
Tout à fait d'accord avec cette chronique. D'ailleurs, je n'arrive plus à lire une de leur critique jusqu'à la fin. Cela me fait souvent songer à des notes de service qui auraient été demandés par leur supérieur hiérarchique. En revanche, je dois m'inscrire en faux contre le pic à l'encontre de Charlie Hebdo. C'est toujours très amusant et pas mal d'article sont intéressants même si on ne partage pas leur idée. Au moins, on n' a pas le droit à des diatribes altermondialistes à côté de pub Nike.
Pas très gentil d'égratigner les grands frères, mais il n'est effectivement pas facile d'avoir 20 ans.
Cela dit, les tics de langage, personne n'est à l'abri.
Ce billet est très drôle.
Ca faisait longtemps que je n'avais plus ri devant mon écran. :-)
Mais globalement, avouons que Les Inrocks font plutôt bien leur boulot.
J'aimerais cependant que l'ensemble de la presse musicale ose davantage, qu'elle soit plus audacieuse dans ses choix de Unes notamment.
Meme si je ne suis pas un fan de l'esprit "charlie hebdo", je voulais dire qu'en plus les incrocks devenaient une sorte de détournement negatif du dit charlie (la perte d'un humour simple mais non simpliste par exemple). Et j'ai tjrs sauté de joie en voyant des pubs a cote des rubriques "altermonde" ou encore mieux des pubs pr des disques, disons... je ne voudrais pas etre trop mechant...
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