Service minimum cette semaine. Ce sera sans doute le seul billet avant le weekend.
The Feeling - Twelve Stops and home (Island/Universal)
J'ai des idées très arrêtées sur ce qu'est la bonne pop-music contemporaine et j'ai toujours eu beaucoup de mal avec la pop commerciale qui ne s'assume pas comme telle (c'est-à-dire dans mon esprit artificielle, légère, insouciante, éphémère) et tente de se construire une respectabilité en s'inspirant servilement de modèles réputés plus "sérieux" - les Beatles (la moitié des groupes anglais qui marchent en ce moment, Snow Patrol et Embrace en tête), la musique folk (Sandi Thom, James Blunt), la musique classique (Il Divo ou G4) ou le jazz (Joss Stone, Katie Melua)- mais n'est en fait guère plus que de la muzak insipide marketée pour les "jeunes mères de famille et conducteurs de Renault Espace qui n'achètent qu'un ou deux disques par an". Lorsque les mécheux de The Feeling sont apparus au début de l'année, ils me semblaient rentrer en plein dans cette catégorie (ne serait-ce que par leurs têtes de premiers de la classe et leur air inspiré quand ils passaient à Top of the Pops) et j'étais bien résolu à les détester ou, mieux encore, à les ignorer. Malheureusement, j'ai commis l'erreur à ne jamais commettre quand on veut s'accrocher à ses préjugés : j'ai écouté l'album, et il m'a bien fallu admettre que ces gens savent composer des chansons. Alors, bien sûr, ce n'est pas foncièrement original, mais c'est parfaitement réalisé et d'une rafraîchissante absence de prétention. Les influences obligées de ce genre de musique (Beatles, Queen, Madness, Beach Boys, etc.) apparaissent ici plus comme des clins d'oeil que comme des hommages compassés. Aussi, et surtout, les arrangements sont pleins de piano (mon péché mignon). Progressivement et sans que j'y prenne garde, les chansons de cet album se sont fait une place dans mon jukebox interne et n'ont jamais manqué de me mettre le sourire aux lèvres (Sewn, Never Be Lonely, Love it when you call). Strange, en particulier, provoque en moi une envie irrépressible de chanter à tue-tête (en tout cas après les 30 secondes d'intro filandreuse). Cet album a été cette année mon cadeau de prédilection quand je devais offrir un disque à des gens qui n'écoutent guère de musique. Il est suffisamment passe-partout pour plaire au plus grand nombre mais je l'aime assez pour ne pas avoir à me faire violence en passant à la caisse. Drôle d'année 2006, qui m'a vu m'enthousiasmer pour de la chanson française et de la "pop pour mère de famille", deux genres que j'évitais pourtant jusque là soigneusement de fréquenter.
- Liens : Site officiel, MySpace
- A écouter : Strange (mp3), Sewn (video)
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Dolorian - Voidwards (Wounded Love/Avantgardemsic)
Même pour les cas les plus graves de "boulimie culturelle", il existe toujours des limites. Dans mon cas particulier, je me suis rapidement rendu compte qu'il m'était matériellement impossible de m'intéresser sérieusement à tous les genres musicaux et j'ai très vite décidé de me concentrer prioritairement sur les genres pour lesquels j'ai le plus d'affinités (pop-rock-électro-chanson-musique contemporaine) et à laisser en jachère des pans entiers de mon éducation musicale. Je n'ai ainsi jamais pris le temps de m'intéresser au jazz, à la variété française, à la musique classique d'avant 1840 environ, au rap, à la soul, aux "classiques du rock" ou au metal. Je ne doute pas que si je m'y plongeais, j'y trouverais de nouvelles raisons de m'enthousiasmer mais j'y ai reononcé. Cela ne siginifie cependant pas que, si les circonstances s'y prêtent, je refuse de jeter une oreille sur un disque ou l'autre relevant de ces genres. C'est ce qui m'est arrivé pour Dolorian, auquel Music For Robots avait conscré il y a quelques mois un billet. J'ai tellement aimé le morceau proposé à cette occasion (The One Whose Name Has No End) que j'ai directement acheté l'album, que je trouve fascinant. J'ai depuis appris que le genre pratiqué par ce groupe finlandais est une forme particulière de death-metal appelée le "doom-metal", caractérisé par de longs développements atmosphériques et une tension rentrée qui n'explose jamais tout à fait. Je ne ressentirai peut-être jamais le besoin d'en savoir plus sur ce groupe ou ce genre mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit sans doute d'un des disques que j'ai le plus écoutés et que je suis le plus content d'avoir découverts durant cette année 2006.
- Liens : Site officiel, MySpace, mon article sur la Blogothèque
- A écouter : The Flow of Seething Visions (mp3)
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Gogol Bordello - Gypsy Punks Underdog World Strike (Side One Dummy)
Tous ceux qui ne sont pas complètement convaincus par le Gulag Orkestar de Beirut mais se sentent néanmoins attirés par les sonorités d'Europe Orientale devraient trouver leur bonheur dans cet album des new-yorkais de Gogol Bordello où violon tzigane, accordéon et accent russe dansent une java endiablée avec le dub (Not A Crime), le punk (le bien-nomme Immigrant Punk), ou même la chanson italienne (Santa Marinella). En écoutant ces 15 chansons, on pense successivement à The Clash, à Nick Cave (première période), à Goran Bregovic ou encore à Sixteen-Horsepower, soit en fait tous ces artistes qui partagent une même capacité à galvaniser l'auditeur, à canaliser en quatre ou cinq minutes une énergie qui dépasse de loin le cadre de la simple chanson, fût-elle l'excitation euphorique d'une beuverie entre amis, la ferveur d'une crise mystique ou l'agitation pleine d'espoir d'une manifestation révolutionnaire (les chansons recèlent une poignée de phrases qui feraient des slogans parfaits : "It's all non-sensical." ou "It's the Underdog World Strike" ou, plus tordu, "Start Wearing Purple for me now"). Peu d'albums de 2006 donnent en tout cas autant envie de sauter sur place ou de se perdre dans un gigantesque pogo extatique. Dommage qu'une série d'imprévus m'ait empêché de les voir en concert car je suppute que le disque, pourtant déjà très bon, ne ferait pas le poids face à une prestation live.
- Liens : Site officiel, MySpace
- A écouter : Dogs Were Barking (mp3), Underdog World Strike (mp3), Not A Crime (video), Start Wearing Purple (video)
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1 commentaire:
Excellent titre de The Feeling (pas encore tout a fait convaincu par le reste de leur album) :D
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