lundi, janvier 29

Les albums de 2006 (X)

Lil' Chris - Lil' Chris
Lil' Chris est un adolescent de 16 ans, qui en paraît 12 maximum, et s'est fait connaître dans "School of Rock", une émission télévisée dont je sais juste qu'elle bénéficiait du patronage de Gene Simmons (Kiss). Selon toute logique, cela devrait être un des pires albums de l'année. Comme l'expérience le montre, les albums des "stars" issues de la télé-réalité sont presque tous inécoutables (seules surnagent les insubmersibles Girls Aloud dont le best-of est sans doute le meilleur album pop de l'année, même s'il ne rentre pas dans les critères de mon classement personnel). De plus, Lil' Chris rentre tout à fait dans le créneau de ce que j'ai appellé la "pop qui n'assume pas" en évoquant l'album de The Feeling. Il est en effet marketé (horrible mot mais quitte à parler de pop commerciale, autant le faire en appelant les choses par leur nom) comme un adolescent fan de punk-rock (son nom d'utilisateur Myspace est LilEmoChris) qui vit son rêve de rock-star, alors qu'il n'est évidemment que le jouet de producteurs-compositeurs (les vieux routiers Ray Hedges et Nigel Butler) qui lui font chanter ce qu'ils veulent. Ce qui sauve Lil' Chris est sans doute qu'il en est parfaitement conscient et en joue. Par conséquent, sa musique ne contient pas la moindre once de prétention. Il chante en prenant une voix bizarre, se lançant par exemple dans des yodels absurdes, sans raison apparente. Les chansons sont courtes, punky et basiques, mais rigoureusement imparables. J'en veux pour preuve Getting Enough?? (un plagiat des Buzzcocks me souffle-t-on dans l'oreillette) et Checking it out, les deux singles qui m'ont convaincu d'acheter l'album, ainsi que le franchement surprenant I never noticed où, après une intro ThisMortalCoilesque en diable, d'intrigants arpèges de synthé parviennent à rendre presque émouvante une chanson qui accumule pourtant les clichés. Bon, c'est sûr qu'une fois sorti de ces trois chansons (qui, selon la règle d'or du genre, sont placées au début de l'album), on n'a pas forcément grand-chose à se mettre sous la dent, même si, à tout prendre, l'ironie sous-jacente me rendra cet album plus sympathique que tout ce que feront jamais Sum 182, Blink-41 et les autres.
- Liens : Site officiel, MySpace
- A écouter : Checking it out (video), Getting Enough?? (video), Figure It out (video), I never noticed (mp3)
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Post Industrial Boys - Trauma (Max-Ernst.de)
Le premier album de ce projet du Géorgien George Dzodzuashvili avait été mon album préféré en 2004. Malheureusement, le silence assourdissant qui a entouré sa sortie (à part une chronique dans les Inrocks, je n'ai aucun souvenir d'avoir lu quoi que ce soit à son sujet, que ce soit en français ou en anglais) me faisait penser qu'il n'y en aurait jamais de deuxième. J'ai donc été agréablement surpris en apprenant la sortie de ce deuxième album sur le label de Thomas Brinkmann. En toute honnêteté, il n'y a rien sur cet album qui apporte quoi que ce soit de neuf par rapport au précédent album. On navigue de nouveau dans des eaux troubles et indéfinissables, quelque part entre techno minimale, folktronica, slam et un soupçon de lounge-music. En l'écoutant, on peut penser indifféremment à Nouvelle Vague, à Broadcast, au Brian Eno de Spinner ou The Drop et à tout un pan de pop ambient à la Kompakt. Tout ici est empreint d'une élégance discrète, les voix transmettent un soupçon d'ennui sophistiqué. Les blips qui forment la trame rythmique des morceaux suggèrent plus qu'ils n'assènent et les instruments acoustiques qui en forment la trame mélodique prennent bien garde d'en faire trop. Ce bon goût absolu est la force mais aussi la limite du disque. Ayant été très client il y a deux ans du premier album, je ne peux qu'apprécier celui-ci mais, en deux ans, l'effet de surprise s'est sensiblement émoussé et j'ai du mal à m'enthousiasmer à nouveau. Cela dit, si vous êtes passé à côté du premier album éponyme, je ne peux que vous conseiller d'écouter celui-ci et vous envier le plaisir que vous y prendrez sans doute.
- Liens : Site officiel
- A écouter : Benzilina (mp3)
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Paul Simon - Surprise
Paul Simon n'a jamais fait partie de mon panthéon musical. Comme tout le monde, je peux chantonner Bridge Over Troubled Water, Mrs Robinson ou Sound of Silence mais n'ai jamais ressenti le besoin d'en savoir plus sur son oeuvre. Même sa période solo, dont j'ai pu découvrir une partie temps réel (à partir de Graceland disons) me laisse assez indifférent. Je n'aurais donc a priori jamais eu la curiosité d'écouter ce nouvel album s'il n'avait été enregistré avec Brian Eno, crédité comme "paysagiste sonore" (sonic landscape), co-auteur de trois morceaux et responsable des "electronics" sur toutes les chansons sauf la dernière. On retrouve effectivement la patte du grand Brian dans quelques riffs, sons étranges ou voiles de guitares vaporeux. A certains moments, cet album rappelle d'ailleurs un peu Acadie, l'excellent premier album solo de Daniel Lanois, auquel Eno avait collaboré. A d'autres, on est en plein dans cette forme de musique auto-satisfaite que les stars anglo-saxonnes de plus de 50 ans semblent condamnés à enregistrer et à interpréter devant des salles gigantesques pleines de bourgeois vaguement bohêmes prêts à payer 150 euros pour entr'apercevoir au loin la silhouette d'une "légende du rock" (voir aussi Sting, Billy Joel ou Elton John) : mid-tempo permanent, accompagnement à base de guitare acoustique et de percussions jazzy, quelques éclats de choeurs gospel, etc.. Honnêtement, ce n'est pas désagréable à écouter, mais ça me parle assez peu. Je ne me sens pas encore attiré par ce genre de musique, créé sans passion mais avec un indéniable savoir-faire par des artistes qui ne se souviennent plus que la musique n'a pas toujours été pour eux un métier comme un autre.
- Liens : Site officiel
- A écouter : How can you live in the Northeast? (mp3)
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