Hot Chip - The Warning (EMI/Capitol)
Le NME est connu pour ses tentatives incessantes de lancer des nouvelles scènes ou, à défaut, de donner des noms idiots à celles qui seraient apparues sans leur aide. Ainsi, en 2003 (environ), le magazine anglais avait tenté de lancer le "slapcore", sorte de musique vaguement dansante qui devait son nom à la place prédominante qu'y occupait la guitare basse. Hot Chip avait été désigné à l'époque comme la tête de proue du mouvement, avec un succès mitigé. Il faut dire que le premier album du groupe, dont je n'ai gardé qu'un très vague souvenir, n'était pas très bon. Ces douteux débuts rendent plus incroyable encore la réussite éclatante de ce deuxième album. On pourrait hâtivement classer la musique de Hot Chip dans la catégorie de l'électro-pop-dance mais ce serait sans doute oublier un peu vite le fait que la musique du groupe est presque entièrement analogique (essentiellement, si j'en crois leur formation scénique, à base d'orgues Moog) et surtout la voix blanche et fragile d'Alexis Taylor, le seul chanteur sans doute à s'être présenté sur une scène du Pukkelpop avec des bottes en caoutchouc blanc montant mi-tibia (je n'en revenais pas, au début du concert, quand je me suis rendu compte que le roadie excentrique qui venait de s'escrimer pendant une demi-heure à installer le matos sur scène était en fait le chanteur du groupe). C'est dans des situations comme celles-ci que je regrette de ne pas être anglophone. Là où un bloggeur britannique pourrait écrire sans honte "Alexis Taylor's soulful voice adds poignancy to the relentless dance music created by his Moog-operating colleagues", les pauvres francophones que nous sommes sont obligés d'utiliser des expressions aussi désespérément grotesques que "dance-music qui a une âme" (eurgh!) ou "la voix d'Alexis Taylor apporte un supplément d'âme" (EURGH !). Pourtant, même si cela sonne tout à fait ridicule en Français, c'est bien en gros ce que je veux dire. Des chansons comme And I was a boy from school et Look after me sont empreintes d'une mélancolie atone qui serait presque déprimante si la musique, légère (voire discrètement lounge), ne venait en désamorcer la charge émotive. De plus, l'album est beaucoup plus varié que ce que l'on pourrait croire. Je pourrais encore citer Colours, petite gemme qui rappelle les meilleurs Nits et, surtout, Over and Over, redoutable machine à faire danser qui évoque The Rapture ou !!! mais que tout le monde connaît sans doute déjà par coeur.
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- A écouter : Look after me (mp3), And I was a boy from school (video), Over and Over (video), Colours (video)
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Tunng - Comments Of The Inner Chorus (Full Time Hobby/Static Caravan)
A l'époque de la sortie de leur premier album, Tunng avait été rapidement classé dans le (ou la ?) folktronica, catégorie nouvellement créée et qui, comme son nom l'indique, se trouve au confluent du folk et de l'electronica. Sur la plupart des chansons de ce deuxième album, le groupe semble se rapprocher du premier et délaisser le second. Les influences électroniques sont en effet ici plus légères : quelques crouuuiiich discrets de radio mal réglée, une forme primitive de sampling sur Woodcat (où les mots de différents chanteurs sont accolés pour former une phrase), quelques citations de dialogues venant du cinéma ou de la télévision (j'ai l'impression de reconnaître la voix de Barbara Windsor au début de The Wind-Up Bird), quelques notes de synthé sur Engine Room ou Red And Green, et c'est à peu près tout. Pour le reste, on nage en pleine folkitude. Une voix fragile (parfois accompagnée d'une autre voix fragile), égrène des couplets bondissants sur fond de guitare acoustique. Une chanson comme Jenny Again me fait beaucoup penser à Ralph McTell (mon principal point de repère en folk anglais), voire parfois à Simon & Garfunkel (mon principal point de repère en folk américain). Le tout est d'un goût exquis mais sans doute un peu trop désincarné pour moi. Je regrette un peu de n'y percevoir ni la volonté de divertir qui donne naissance à la meilleure pop, ni l'expression d'une sensibilité originale que l'on est en droit d'attendre du folk. C'est évidemment le problème lorsque l'on veut combiner des genres différents, on se retrouve un peu à poursuivre deux lièvres à la fois.
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- A écouter : Stories (mp3), Jenny Again (video), It's because...we've got hair (video)
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Amplifier - Insider (Steamhammer)
La musique pratiquée par les trois Anglais d'Amplifier rentre parfaitement dans la catégorie "gros rock qui tache". Toutes guitares dehors, les morceaux se déploient comme ces ciels bouchés, presque noirs, qui précèdent l'orage. Presque sans temps morts, sans différenciation refrain-couplet, les morceaux se fondent tous dans un magma de guitares hurlantes dont j'ai peine à retirer autre chose qu'une certaine forme de puissance imposante. Par moments, on est assez proche d'une forme de heavy-metal. Pourquoi, dans ces conditions, me suis-je retrouvé à aimer ça, pourriez-vous vous demander. Sans doute parce que je considère One Great Summer, sur leur premier album éponyme, comme une des dix meilleures chansons de rock à guitares du millénaire (ça ne fait jamais que cinq ans) et aussi parce que le chanteur Sel Balamir a la chance d'avoir, outre un nom de féroce défendeur de Minas-Tirith, une des voix les plus puissamment évocatrices du rock contemporain. Grave et timbrée, elle apporte à la musique du groupe une densité et une gravité qui se combinent parfaitement avec les assauts incessants de la basse, de la guitare et de la batterie. Imaginez la rencontre entre Twisted Sister, Black Sabbath, Mogwai, Pearl Jam et The Cure et vous aurez une bonne idée de ce que m'évoque la musique d'Amplifier. Alors bien sûr, cet album est totalement irréconciliable avec la légèreté, la finesse, la sophistication et la délicatesse avec laquelle vous avez sans nul doute fini par m'associer (arf!) mais bon, il faut savoir varier ses plaisirs et écouter Insider ou RIP à plein volume fait indéniablement partie des petits plaisirs de l'existence.
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- A écouter : Insider (mp3)
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2 commentaires:
Amplifier !
Voilà un groupe injustement méconnu. Même si leur premier album est bien plus varié, ce deuxième opus mérite indéniablement le détour...
Tiens j'ai merdé mon lien...
Cam'apprendra à poster le matin quand ma fille m'a réveillé trois fois dans la nuit...
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