Je ne me rappelle plus quel était précisément le disque de Sunn O))) que j'avais écouté il y a quelques mois. En revanche, je me souviens très bien que, même à un volume raisonnable, il provoqua en moi un vague sentiment de nausée et fit trembler sur ses bases tout mon meuble hi-fi, à tel point que je devais sans cesse faire pause et diminuer le volume pour garantir son intégrité physique. J'avais donc rapidement rangé le groupe dans la catégorie "Musique à écouter lorsque l'on veut faire s'écrouler sa maison pour toucher l'assurance" et n'y avais plus guère pensé.
Lorsque leur nouvel album White 2 est sorti il y a quelques semaines, quelques échos favorables et deux bonnes chroniques dans la presse m'ont donné envie de m'y replonger et bien m'en prit puisque j'aime beaucoup. Comme pour Pan Sonic, je ne suis pas sûr de comprendre exactement pourquoi ces trois morceaux me plaisent, mais sans doute la raison est à trouver dans le ballet de goules et de momies pourrissantes qu'ils m'évoquent.
La première plage (Hell-0)))-Ween) est une lente suite d'accords graves, régulièrement répétés avec cet effet à la guitare (ou à la basse) qui fait que les notes durent des plombes*. On pense bizarrement un peu au début du premier mouvement de la 3ème Symphonie de Gorecki et à ces voix de contrebasses qui se répondent, mais on imagine surtout le groupe en train de jouer plongé dans un bain de mercure liquide. Chaque note semble enfantée dans le douleur, le fruit d'un effort contre-nature et on les écoute avec une fascination sadique et un peu morbide.
Dans le second (bassAliens), retentit à intervalles réguliers une note claire à la guitare, qui n'est pas sans évoquer le son du tocsin le jour du Jugement Dernier. Pour le reste, on retrouve les tremblements de basses qui avaient déjà causé tellement de torts à mes étagères, des parasites radio, quelques larsens parcimonieux et une bonne dose de bruits en -ments : deux-trois froissements indistincts, des sifflements, une poignée de crissements, des bruissements indéfinissables, des feulements étouffés.... Le tout pendant 20 minutes. La fin du morceau quant à elle n'évoque rien tant que le bruit que produirait un chat affamé enfermé après avoir reçu une injection de caféine dans une caisse opaque sur laquelle on aurait collé un micro.
Le troisième morceau (Decay2 Nihil's Maw) est essentiellement la bande-son d'un film d'horreur. Le vent souffle, de vagues mugissements évoquent des spectres décharnés vous fixant de leurs orbites désertes et agitant devant votre visage leurs doigts squelettiques et griffus. On croit au début deviner quelques hurlements étouffés extraits de gosiers que Lovecraft n'hésiterait sûrement pas à qualifier de sous-humains, mais peut-être s'agit-il d'hallucinations. Des bruits sourds de résonance métallique rappellent ceux accompagnant la téléportation dans les mauvais films de science-fiction. Vers le milieu du morceau apparaissent des voix indéniablement humaines, graves et détimbrées qui évoquent indifféremment les incantations psalmodiées lors des cultes sataniques dans les films de série Z et la scène de l'orgie dans Eyes Wide Shut (mais c'est un peu la même chose). Le NME, jamais avare d'informations, nous apprend qu'il s'agit de la voix de Attila Csihar, une légende du death-metal hongrois, chantant des textes en ancien Sanskrit, ce qui est tout de même plus rock'n'roll que la voix d'Adamo, le légendaire crooner belgo-italien, chantant Tombe la neige en japonais.
Un disque idéal pour les gueules de bois, en somme. Le terme proposé par allmusic pour définir leur musique est finalement assez juste (ambient doom drone). Leurs concerts ont tout l'air d'être apocalyptiques, et vraisemblablement criminels pour les tympans.
*J'ai voulu me renseigner pour trouver le terme technique qui correspond et ainsi passer pour un abonné à Guitar-Mag mais on m'a répondu que c'est un effet qui pouvait être obtenu par une basse avec de la grosse distorsion (fuzz), un compresseur réglé en mode sustainer ou un e-bow... J'ai renoncé.
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
mardi, août 31
dimanche, août 29
Elle a rejoint les Créatures de la nuit
Il est peu de choses plus désagréables que d'avoir une air en tête et de ne plus pouvoir lui associer un titre ou un interprète. Je me rappelle avoir passé, durant mon adolescence, des heures entières à me creuser les méninges et à chantonner sans relâche des lambeaux de mélodies en espérant qu'un jour, ma mémoire se débloque et me permette d'enchaîner sur la suite du morceau. Une autre solution était de tanner sans relâche mes proches pour qu'ils me délivrent de mon tourment. Ca donnait quelque chose du genre (imaginez une voix geignarde d'enfant boudeur) : "Mais si ! Une chanson qui fait 'Over and over again', assez lent et dramatique, puis une dernière phrase plus rapide qui finit par 'you' et après il y avait un solo de guitare. C'est une femme qui chante. J'suis sûûûûr que vous connaisseeez..." Vous imaginez le calvaire que ma famille a dû subir. Et encore, le multimédia en étant toujours, quoi qu'on en dise, à ses balbutiements, vous échappez ici à mes tentatives de reproduire la mélodie. La frustration était évidemment d'autant plus grande que j'étais persuadé que tout le monde connaissait cette chanson par coeur et qu'on me laissait mariner dans mon ignorance par pure méchanceté, comme pour dire "Tu chantes tellement faux. Comment veux-tu que l'on reconnaisse ?"
Cette question m'a obsédé pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'un jour, je réentende la chanson à la radio. Louée soit Chérie FM (quoiqu'elle n'a sans doute fait là que réparer le préjudice qu'elle m'avait d'abord fait subir en me fourrant la chanson en tête)*.
Jusqu'au milieu des années 90 et la généralisation d'Internet, même la connaissance partielle des paroles était souvent insuffisante pour retrouver l'interprète. C'est ainsi qu'une autre de ces chansons insaisissables qui ont pourri mon adolescence répondait en gros à ce signalement : "Oooh oooh ooh *bang* Oooh oooh ooh *bang* Ooooh oooh oooh oooh oooh oooh You take my self control... In the night...Ooooh ooh ooh *bang*" Ce n'est donc que quelques années plus tard qu'Internet me permit de retrouver le sommeil et de mettre un nom sur la chanson : Laura Branigan - Self Control.
Vous comprendrez qu'après tant de mois et d'années à conserver ce fragment de mélodie en moi, précieusement de peur qu'il ne s'efface avant d'avoir livré ses secrets, à le contempler sous toutes ces facettes comme un diamant rare, j'aie développé une relation un peu privilégiée avec le morceau, qui n'est pourtant pas ce que les années 80 ont livré de plus excitant. C'est donc avec une certaine tristesse que j'ai appris que Laura Branigan était morte il y a quelques jours d'une rupture d'anévrisme. Elle avait 47 ans. Par pudeur, je ne commenterai pas le caractère déplacé du petit drapeau américain que l'on trouve sur son site, et méditerai à la place ceci.
Merci au forum Popjustice pour l'info et le titre du billet.
* Si ça vous intéresse, la chanson en question était Woman in love de Barbra Streisand. Oui, je sais....
Cette question m'a obsédé pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'un jour, je réentende la chanson à la radio. Louée soit Chérie FM (quoiqu'elle n'a sans doute fait là que réparer le préjudice qu'elle m'avait d'abord fait subir en me fourrant la chanson en tête)*.
Jusqu'au milieu des années 90 et la généralisation d'Internet, même la connaissance partielle des paroles était souvent insuffisante pour retrouver l'interprète. C'est ainsi qu'une autre de ces chansons insaisissables qui ont pourri mon adolescence répondait en gros à ce signalement : "Oooh oooh ooh *bang* Oooh oooh ooh *bang* Ooooh oooh oooh oooh oooh oooh You take my self control... In the night...Ooooh ooh ooh *bang*" Ce n'est donc que quelques années plus tard qu'Internet me permit de retrouver le sommeil et de mettre un nom sur la chanson : Laura Branigan - Self Control.
Vous comprendrez qu'après tant de mois et d'années à conserver ce fragment de mélodie en moi, précieusement de peur qu'il ne s'efface avant d'avoir livré ses secrets, à le contempler sous toutes ces facettes comme un diamant rare, j'aie développé une relation un peu privilégiée avec le morceau, qui n'est pourtant pas ce que les années 80 ont livré de plus excitant. C'est donc avec une certaine tristesse que j'ai appris que Laura Branigan était morte il y a quelques jours d'une rupture d'anévrisme. Elle avait 47 ans. Par pudeur, je ne commenterai pas le caractère déplacé du petit drapeau américain que l'on trouve sur son site, et méditerai à la place ceci.
Merci au forum Popjustice pour l'info et le titre du billet.
* Si ça vous intéresse, la chanson en question était Woman in love de Barbra Streisand. Oui, je sais....
Fausse alerte
Souvent, on présente le journalisme comme un métier difficile, fait de rigueur et de recoupements d'informations. C'est sans doute vrai dans certains cas (la préface de 'Lettres de Londres' de Julian Barnes chez Folio est particulièrement édifiante), mais le journalisme musical semble souvent échapper à la règle et abuse d'à-peu-près, d'emphase, d'hyperbole, et de formules toutes faites.
Par exemple, méfiez-vous quand on essaye de vous présenter dans la presse généraliste tel ou telle artiste comme une superstar enchaînant les numéros 1 aux Etats-Unis. Le plus souvent, il n'en est rien, à part peut-être dans un de ces classements obscurs comme les Américains en ont le secret, genre le "top 45 download-only West-Coast-country track". Le plus souvent, il s'agit là d'une formule toute faite signifiant simplement qu'ils sont légèrement plus connus aux Etats-Unis qu'en Europe. On trouve un autre bel exemple dans une chronique récente de l'album de The Icarus Line qui mentionnait que le groupe était tellement à la mode qu'il faisait régulièrement la une du NME, alors que, en fait, euh... pas du tout. Ils ont juste bénéficié de deux ou trois chroniques bienveillantes et d'une ou deux interviews.
Cependant, le plus bel exemple récent provient sans doute d'un journal flamand (Het Nieuwsblad) qui, pour parler du concert des Tindersticks la semaine dernière dans le cadre du festival 'Feest in het park', a apparemment jugé utile d'en rajouter un peu dans le sensationnel, ce qui nous vaut un titre du genre "Demain, peut-être le dernier concert des Tindersticks". Apparemment, un concert d'un des meilleurs groupes actuels n'est pas en soi une information intéressante et ne le devient que s'il s'agit d'un concert d'adieux.
L'article affirmait tellement catégoriquement que le groupe allait prendre congé de son public sur scène dans des torrents de larmes que cetains fans s'en étaient émus, et le groupe s'est senti obligé de se fendre d'un communiqué via leur site officiel :
J'aime bien la manière dont ils accusent le journaliste de mentir sciemment, refusant même de plaider le diplomatique 'malentendu' qui aurait arrangé tout le monde. Retenons finalement de toute cette histoire que Stuart va (encore) faire la musique d'un film de Claire Denis et que le groupe refera sans doute un album l'année prochaine.
Par exemple, méfiez-vous quand on essaye de vous présenter dans la presse généraliste tel ou telle artiste comme une superstar enchaînant les numéros 1 aux Etats-Unis. Le plus souvent, il n'en est rien, à part peut-être dans un de ces classements obscurs comme les Américains en ont le secret, genre le "top 45 download-only West-Coast-country track". Le plus souvent, il s'agit là d'une formule toute faite signifiant simplement qu'ils sont légèrement plus connus aux Etats-Unis qu'en Europe. On trouve un autre bel exemple dans une chronique récente de l'album de The Icarus Line qui mentionnait que le groupe était tellement à la mode qu'il faisait régulièrement la une du NME, alors que, en fait, euh... pas du tout. Ils ont juste bénéficié de deux ou trois chroniques bienveillantes et d'une ou deux interviews.
Cependant, le plus bel exemple récent provient sans doute d'un journal flamand (Het Nieuwsblad) qui, pour parler du concert des Tindersticks la semaine dernière dans le cadre du festival 'Feest in het park', a apparemment jugé utile d'en rajouter un peu dans le sensationnel, ce qui nous vaut un titre du genre "Demain, peut-être le dernier concert des Tindersticks". Apparemment, un concert d'un des meilleurs groupes actuels n'est pas en soi une information intéressante et ne le devient que s'il s'agit d'un concert d'adieux.
L'article affirmait tellement catégoriquement que le groupe allait prendre congé de son public sur scène dans des torrents de larmes que cetains fans s'en étaient émus, et le groupe s'est senti obligé de se fendre d'un communiqué via leur site officiel :
I suppose I should have posted something yesterday
after I got a call from the label in Belgium. The
journalist in question knew full well that the band
had not split and that the gig today is not even the
last one this year but he choose to ignore these facts
and write the story the way he wanted to. As I
explained earlier this year the band are having a
break in order to complete various side projects and
solo recordings. These vary from Dickon doing the
mercedes ad music and a score for a new american film
to David recording some songs to Stuart doing the
score for Claire Denis new film and recording some
songs on his own. The band needed a break from the lp
- tour - lp - tour cycle which is what they are doing.
No one is thinking too far ahead at present, the band
are still doing the odd gig and more are planned for
later in the year and the tentative plan is for the
band to start work on new songs at christmas, I will
keep you posted on any developments one way or the
other. The band have been in this position at least
three times before and always ended up making another
record. Thats it for now. Peace. db
J'aime bien la manière dont ils accusent le journaliste de mentir sciemment, refusant même de plaider le diplomatique 'malentendu' qui aurait arrangé tout le monde. Retenons finalement de toute cette histoire que Stuart va (encore) faire la musique d'un film de Claire Denis et que le groupe refera sans doute un album l'année prochaine.
vendredi, août 27
Si Dragostea din tei fut le tube de l'été...
...sûrement ceci sera le tube de l'automne.
EDIT : Grâce à ce site, j'en sais maintentant un peu plus sur ce morceau. Comme on pouvait le craindre, il faut prendre tout cela au second degré. Cette vidéo est en fait une petite partie d'une mystification beaucoup plus large : l'invention complète de tout un pays, la Molvanie, censé se nicher entre la Roumanie et la Bulgarie. L'entreprise a trompé tellement de monde que même la BBC s'en est fait l'écho. Borges aurait été fier.
EDIT : Grâce à ce site, j'en sais maintentant un peu plus sur ce morceau. Comme on pouvait le craindre, il faut prendre tout cela au second degré. Cette vidéo est en fait une petite partie d'une mystification beaucoup plus large : l'invention complète de tout un pays, la Molvanie, censé se nicher entre la Roumanie et la Bulgarie. L'entreprise a trompé tellement de monde que même la BBC s'en est fait l'écho. Borges aurait été fier.
jeudi, août 26
Le morceau du jour
Tout d'abord, attention ! Cet en-tête pourrait laisser penser que je suis en train de lancer une nouvelle séquence quotidienne. Il n'en est évidemment rien, mais, comme entrée en matière, c'est tout de même plus vendeur que 'le morceau d'une période aléatoire pouvant aller d'un jour à deux mois selon mon humeur'.
Aujourd'hui : The Go! Team - The Ice Storm
Ca commence par quelques secondes de vent qui souffle à travers les sapins et un tintement de clochettes. Le décor est planté : une tempête de neige. On n'y voit pas à cent mètres. Il fait presque nuit. Apparait à l'horizon un traîneau, tiré par trois rennes, aux cous desquels tintinnabule une clochette. Un matelas cristallin amortit leurs pas. Leur avancée est rapide et sans heurts.
Le morceau démarre réellement avec l'entrée du piano, du glockenspiel ou de je ne sais quel autre instrument du même genre (voire de tous ceux-là à la fois), et on pense immédiatement au meilleur Yann Tiersen (celui qui joue Rue des Cascades ou reste chez lui) ou, dans une moindre mesure, à Wim Mertens (période 'Struggle for pleasure') ou Philip Glass (disons... période 'The Photographer'). Une ritournelle endiablée qui se répète sans cesse, avec juste ce qu'il faut de variations pour que l'on ne se lasse pas... et ça marche. Après chaque écoute, je n'ai qu'une seule envie : enlever mes moufles, souffler sur mes mains pour les réchauffer et rappuyer sur play.
Le morceau peut se trouver sur le EP de The Power is On, sorti récemment. Bizarrement, le morceau titre répondrait plutôt à la description : big-beat cuvée 1997 ponctué de cris féminins (pour paraphraser ce que j'ai entendu récemment à la radio, c'est un peu Fatboy Slim feat. The Beastie Girls). Ca n'a pas grand intérêt et cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille. J'attendais beaucoup de leur premier album, et après deux écoutes, il s'agit d'une franche déception.
Une écoute partielle est possible ici.
Aujourd'hui : The Go! Team - The Ice Storm
Ca commence par quelques secondes de vent qui souffle à travers les sapins et un tintement de clochettes. Le décor est planté : une tempête de neige. On n'y voit pas à cent mètres. Il fait presque nuit. Apparait à l'horizon un traîneau, tiré par trois rennes, aux cous desquels tintinnabule une clochette. Un matelas cristallin amortit leurs pas. Leur avancée est rapide et sans heurts.
Le morceau démarre réellement avec l'entrée du piano, du glockenspiel ou de je ne sais quel autre instrument du même genre (voire de tous ceux-là à la fois), et on pense immédiatement au meilleur Yann Tiersen (celui qui joue Rue des Cascades ou reste chez lui) ou, dans une moindre mesure, à Wim Mertens (période 'Struggle for pleasure') ou Philip Glass (disons... période 'The Photographer'). Une ritournelle endiablée qui se répète sans cesse, avec juste ce qu'il faut de variations pour que l'on ne se lasse pas... et ça marche. Après chaque écoute, je n'ai qu'une seule envie : enlever mes moufles, souffler sur mes mains pour les réchauffer et rappuyer sur play.
Le morceau peut se trouver sur le EP de The Power is On, sorti récemment. Bizarrement, le morceau titre répondrait plutôt à la description : big-beat cuvée 1997 ponctué de cris féminins (pour paraphraser ce que j'ai entendu récemment à la radio, c'est un peu Fatboy Slim feat. The Beastie Girls). Ca n'a pas grand intérêt et cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille. J'attendais beaucoup de leur premier album, et après deux écoutes, il s'agit d'une franche déception.
Une écoute partielle est possible ici.
lundi, août 23
Sweet dreams (are made of this)
Hier, c'était le dernier jour du festival gratuit Euritmix à Bruxelles. Au programme, Scala puis les Nits.
Nous arrivons sur la Grand-Place de Bruxelles vers 19h35, juste pour le troisième morceau de Scala. J'ai déjà dit tout le mal que je pensais a priori du concept. Ces impressions cependant n'étaient basées que sur les quelques chansons entendues distraitement à la radio. Après une heure de concert suivi avec patience et un esprit ouvert (je ne suis pas du genre à m'encombrer d'a priori.. quoique...), je peux en parler plus longuement et, franchement, c'est encore pire que ce que je craignais.
Passées dans la moulinette Scala, toutes les chansons se ressemblent : U2 ressemble à Radiohead et Gainsbourg ressemble à Indochine. Tout est ralenti, mollifié et impitoyablement dépouillé de toute personnalité. Restent les notes, les textes et... euh, c'est à peu près tout. Les ambiances, les rythmes, les phrasés, les nuances sont impitoyablement gommés pour se fondre dans la moule, et ce n'est pas toujours du meilleur goût : les rallentendos et les soufflets en fin de phrase, les demi-secondes de suspension, etc... Le plus consternant massacre est sans doute à chercher dans leur version de 'Creep'. Au départ, la chanson exprime une forme de dégoût de soi, ainsi qu'un soupçon de rébellion (perceptible dans le 'What the hell am I doing here?'). Interprétée par Scala, elle n'exprime absolument plus rien. C'est à se demander quel est le but poursuivi par les deux têtes pensantes du projet : l'arrangeur-pianiste et son frère qui dirige le choeur. Comment expliquer qu'ils choisissent un répertoire a priori estimable, si pas au-dessus de tous reproches (Radiohead, Gainsbourg, Manu Chao, Indochine, Muse, Police,...), pour ensuite l'expurger de tout ce qui en fait le prix ? Il y a vraiment là quelque chose qui m'échappe. La démarche me fait un peu penser à Rondo Veneziano. On y retrouve la même volonté apparente de rendre hommage à un type de musique particulier (pop-rock ici, musique classique là) et la même trahson, soit due à une incapacité à en extraire la substantifique moëlle (hypothèse haute) soit volontaire (hypothèse basse).
Loin de moi l'idée d'accabler les pauvres chanteuses qui font a priori ce qu'on leur demande et ne sont pas pour grand-chose dans le naufrage qui en résulte. D'autant que, les deux responsables semblant ne pas être peu imbus d'eux-mêmes (le directeur de choeur présentera son frère comme un 'génie'), il est très possible qu'elles n'aient guère voix au chapitre. Je me prends même à espérer que la plupart d'entre elles sont conscientes qu'il est grotesque de taper dans les mains et de se balancer comme une chorale gospel en répétant en boucle "When I think about you, I touch myself." (le seul moment du concert où je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire), mais qu'elles font contre mauvaise fortune bon c(h)oeur parce que ça leur permet de voir du pays.
Bon, je clos là parce que c'est finalement plus insignifiant que vraiment grave, mais je serais vraiment curieux d'entendre les arguments de ceux qui ont pu laisser croire que cela avait un quelconque intérêt (le cas des Inrocks est particulièrement intriguant). Je vous fiche mon billet que, d'ici quelques semaines, on aura droit à un 'Scala chante Noël'. Brrrr.
Ceci dit, la suite de la soirée allait être autrement plus enthousiasmante. Histoire de ne pas trop me répéter, voici mon compte-rendu du concert des Nits à l'Ancienne Belgique en décembre dernier. La plus grosse part de ce qui y est dit vaut toujours (le personnel est le même, les attitudes sur scène également et mon enthousiasme est tout aussi délirant). Les seules différences sont minimes. S'agissant d'un concert en plein air sur "la plus belle place du monde" (dixit l'Office du Tourisme bruxellois), la scène, ouverte à l'arrière, ne comprenait que les musiciens et leurs instruments, sans éclairage ou projections particulières.
La setlist évidemment n'est pas exactement la même. Ils ont surtout joué les morceaux les plus connus ou les plus entraînants, ce qui est logique pour un concert gratuit en plein air. Bien que le set fut plus court (95 minutes environ), ils ont joué quelques chansons qui avaient, à mon grand dam, brillé par leur absence en décembre dernier. Ainsi, lorsque les premières notes cristallines de 'Cars & Cars' ont retenti, j'ai pendant quelques secondes eu la chair de poule. Le son était absolument parfait et à aucun moment les bouchons ne furent nécessaires.
A chaque fois que je les vois, ou même simplement lorsque j'écoute leurs disques, je suis abasourdi de constater que ces chansons ne leur ont pas garanti un public plus large. Que l'Angleterre par exemple, terre de la pop par excellence, les aient toujours boudés reste pour moi un mystère.
Si je devais vraiment trouver un défaut à ce concert, ce serait que, bizarrement, Henk semble avoir voulu chanter 'Aquarium' comme un hymne rock, ce que la chanson (un morceau calme extrait de '1974') n'est clairement pas, mais bon, c'est vraiment si je suis obligé de chicaner, parce que je n'ai aucun état d'âme à qualifier un concert de parfait.
Pour ceux qui suivent la carrière du groupe d'un peu près, ce concert avait un statut un peu particulier. Il s'agissait en effet du dernier concert de (Lae)Titia Van Krieken, la musicienne que le groupe avait engagée à l'époque de 'Alankomaat' pour compenser sur scène et en studio le départ de Robert-Jan Stips (elle avait aussi activement participé à l'élaboration de 'Wool' en studio). Elle a décidé de quitter le groupe pour se consacrer à d'autres activités. Sans doute avait-elle un peu de mal à trouver exactement sa place dans un groupe ayant, depuis le retour de Stips, retrouvé sa configuration historique. L'événément est sans doute passé inaperçu du plus grand nombre vu que Henk s'est contenté de dire à la fin du premier rappel "Et maintenant, je vais embrasser Titia."
Embryon de setlist (dans le désordre le plus complet et il manque certainement quelques titres) :
Bike in head
The infinite shoeblack
Soap Bubble Box
Cars and cars
In the Dutch mountains
Nescio
The train
A touch of Henry Moore
Cabins
Adieu, sweet bahnhof
J.O.S Days
The dream
Aquarium
Eifelsucht
Rumspringa
Espresso Girl
Home before dark
Fire in my head (?)
Nous arrivons sur la Grand-Place de Bruxelles vers 19h35, juste pour le troisième morceau de Scala. J'ai déjà dit tout le mal que je pensais a priori du concept. Ces impressions cependant n'étaient basées que sur les quelques chansons entendues distraitement à la radio. Après une heure de concert suivi avec patience et un esprit ouvert (je ne suis pas du genre à m'encombrer d'a priori.. quoique...), je peux en parler plus longuement et, franchement, c'est encore pire que ce que je craignais.
Passées dans la moulinette Scala, toutes les chansons se ressemblent : U2 ressemble à Radiohead et Gainsbourg ressemble à Indochine. Tout est ralenti, mollifié et impitoyablement dépouillé de toute personnalité. Restent les notes, les textes et... euh, c'est à peu près tout. Les ambiances, les rythmes, les phrasés, les nuances sont impitoyablement gommés pour se fondre dans la moule, et ce n'est pas toujours du meilleur goût : les rallentendos et les soufflets en fin de phrase, les demi-secondes de suspension, etc... Le plus consternant massacre est sans doute à chercher dans leur version de 'Creep'. Au départ, la chanson exprime une forme de dégoût de soi, ainsi qu'un soupçon de rébellion (perceptible dans le 'What the hell am I doing here?'). Interprétée par Scala, elle n'exprime absolument plus rien. C'est à se demander quel est le but poursuivi par les deux têtes pensantes du projet : l'arrangeur-pianiste et son frère qui dirige le choeur. Comment expliquer qu'ils choisissent un répertoire a priori estimable, si pas au-dessus de tous reproches (Radiohead, Gainsbourg, Manu Chao, Indochine, Muse, Police,...), pour ensuite l'expurger de tout ce qui en fait le prix ? Il y a vraiment là quelque chose qui m'échappe. La démarche me fait un peu penser à Rondo Veneziano. On y retrouve la même volonté apparente de rendre hommage à un type de musique particulier (pop-rock ici, musique classique là) et la même trahson, soit due à une incapacité à en extraire la substantifique moëlle (hypothèse haute) soit volontaire (hypothèse basse).
Loin de moi l'idée d'accabler les pauvres chanteuses qui font a priori ce qu'on leur demande et ne sont pas pour grand-chose dans le naufrage qui en résulte. D'autant que, les deux responsables semblant ne pas être peu imbus d'eux-mêmes (le directeur de choeur présentera son frère comme un 'génie'), il est très possible qu'elles n'aient guère voix au chapitre. Je me prends même à espérer que la plupart d'entre elles sont conscientes qu'il est grotesque de taper dans les mains et de se balancer comme une chorale gospel en répétant en boucle "When I think about you, I touch myself." (le seul moment du concert où je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire), mais qu'elles font contre mauvaise fortune bon c(h)oeur parce que ça leur permet de voir du pays.
Bon, je clos là parce que c'est finalement plus insignifiant que vraiment grave, mais je serais vraiment curieux d'entendre les arguments de ceux qui ont pu laisser croire que cela avait un quelconque intérêt (le cas des Inrocks est particulièrement intriguant). Je vous fiche mon billet que, d'ici quelques semaines, on aura droit à un 'Scala chante Noël'. Brrrr.
Ceci dit, la suite de la soirée allait être autrement plus enthousiasmante. Histoire de ne pas trop me répéter, voici mon compte-rendu du concert des Nits à l'Ancienne Belgique en décembre dernier. La plus grosse part de ce qui y est dit vaut toujours (le personnel est le même, les attitudes sur scène également et mon enthousiasme est tout aussi délirant). Les seules différences sont minimes. S'agissant d'un concert en plein air sur "la plus belle place du monde" (dixit l'Office du Tourisme bruxellois), la scène, ouverte à l'arrière, ne comprenait que les musiciens et leurs instruments, sans éclairage ou projections particulières.
La setlist évidemment n'est pas exactement la même. Ils ont surtout joué les morceaux les plus connus ou les plus entraînants, ce qui est logique pour un concert gratuit en plein air. Bien que le set fut plus court (95 minutes environ), ils ont joué quelques chansons qui avaient, à mon grand dam, brillé par leur absence en décembre dernier. Ainsi, lorsque les premières notes cristallines de 'Cars & Cars' ont retenti, j'ai pendant quelques secondes eu la chair de poule. Le son était absolument parfait et à aucun moment les bouchons ne furent nécessaires.
A chaque fois que je les vois, ou même simplement lorsque j'écoute leurs disques, je suis abasourdi de constater que ces chansons ne leur ont pas garanti un public plus large. Que l'Angleterre par exemple, terre de la pop par excellence, les aient toujours boudés reste pour moi un mystère.
Si je devais vraiment trouver un défaut à ce concert, ce serait que, bizarrement, Henk semble avoir voulu chanter 'Aquarium' comme un hymne rock, ce que la chanson (un morceau calme extrait de '1974') n'est clairement pas, mais bon, c'est vraiment si je suis obligé de chicaner, parce que je n'ai aucun état d'âme à qualifier un concert de parfait.
Pour ceux qui suivent la carrière du groupe d'un peu près, ce concert avait un statut un peu particulier. Il s'agissait en effet du dernier concert de (Lae)Titia Van Krieken, la musicienne que le groupe avait engagée à l'époque de 'Alankomaat' pour compenser sur scène et en studio le départ de Robert-Jan Stips (elle avait aussi activement participé à l'élaboration de 'Wool' en studio). Elle a décidé de quitter le groupe pour se consacrer à d'autres activités. Sans doute avait-elle un peu de mal à trouver exactement sa place dans un groupe ayant, depuis le retour de Stips, retrouvé sa configuration historique. L'événément est sans doute passé inaperçu du plus grand nombre vu que Henk s'est contenté de dire à la fin du premier rappel "Et maintenant, je vais embrasser Titia."
Embryon de setlist (dans le désordre le plus complet et il manque certainement quelques titres) :
Bike in head
The infinite shoeblack
Soap Bubble Box
Cars and cars
In the Dutch mountains
Nescio
The train
A touch of Henry Moore
Cabins
Adieu, sweet bahnhof
J.O.S Days
The dream
Aquarium
Eifelsucht
Rumspringa
Espresso Girl
Home before dark
Fire in my head (?)
jeudi, août 19
Un petit jeu.
1) Allez lire ceci. Laissez-vous imprégner de ce qui y est dit. Vous pouvez être outré, amusé, attristé, effondré, hilare. Quel que soit votre sentiment, laissez-le mûrir pendant quelques secondes jusqu'à être convaincu qu'il est la seule réponse possible à cette comparaison.
2) Téléchargez ensuite ce fichier (a priori légal).
3) Analysez a posteriori votre sentiment.
Personnellement, je fus amusé après l'étape 1 avant de me dire, arrivé à l'étape 3, que finalement, c'était plutôt bien vu. Ca fait un moment que R.E.M. ne m'intéresse plus (depuis New Adventures in Hi-Fi sans doute), mais là, ils me semblent avoir atteint une sorte de point de non-retour dans l'insignifiance.
Une malédiction péserait-elle sur les Michael musiciens ? Il n'est pas vraiment nécessaire de s'appesantir sur pourquoi ça ne va pas fort pour Michael Jackson. Michael Hutchence est mort. Michael Jones a disparu sans laisser de traces. Michael Nyman erre sans but depuis 'The Piano', Michael George ne fait plus rien de bon, et voilà maintenant que Michael Stipe cesse d'avoir la moindre importance. Où sont les jeunes Michael qui viendront prendre la relève et redorer le prestige de leur prénom ? En tout cas, Franz Ferdinand vient de sortir un single portant ce titre. Peut-être sera-ce le déclic. Rendez-nous nos Michael !
2) Téléchargez ensuite ce fichier (a priori légal).
3) Analysez a posteriori votre sentiment.
Personnellement, je fus amusé après l'étape 1 avant de me dire, arrivé à l'étape 3, que finalement, c'était plutôt bien vu. Ca fait un moment que R.E.M. ne m'intéresse plus (depuis New Adventures in Hi-Fi sans doute), mais là, ils me semblent avoir atteint une sorte de point de non-retour dans l'insignifiance.
Une malédiction péserait-elle sur les Michael musiciens ? Il n'est pas vraiment nécessaire de s'appesantir sur pourquoi ça ne va pas fort pour Michael Jackson. Michael Hutchence est mort. Michael Jones a disparu sans laisser de traces. Michael Nyman erre sans but depuis 'The Piano', Michael George ne fait plus rien de bon, et voilà maintenant que Michael Stipe cesse d'avoir la moindre importance. Où sont les jeunes Michael qui viendront prendre la relève et redorer le prestige de leur prénom ? En tout cas, Franz Ferdinand vient de sortir un single portant ce titre. Peut-être sera-ce le déclic. Rendez-nous nos Michael !
Scotty voix d'or
Lorsqu'un chanteur atteint un certain niveau de célébrité, tout ce qu'il a pu enregistrer au cours de son existence devient en quelque sorte un fragment de son oeuvre et à ce titre digne d'intérêt, surtout s'il a eu le bon goût d'avoir une carrière-météore voire, c'est encore mieux, de mourir jeune. Signalons à ce propos que Grace, l'unique album de Jeff Buckley, va ou vient de ressortir dans une version 2CD+DVD (les fonds de tiroir chez les Buckley sont striés de traces d'ongles avides). Mais ce n'est pas de cela que je voulais parler aujourd'hui.
Je suis tombé sur un disque improbable intitulé 'In the beginning', qui reprend des enregistrements effectués par Scott Walker en 1958 et 1959, alors qu'il avait à peine une quinzaine d'années, bien avant donc les Walker Brothers ou sa tétralogie d'albums solos. A l'écoute, cela laisse une impression bizarre. Sa voix n'a pas encore trouvé le timbre quasi-extraterrestre qui allait transcender ses enregistrements d'adulte et il chante ici avec la voix de gorge d'un crooner de kermesse, le vibrato d'un roi de karaoké et l'assurance un peu gauche du gamin prodige qui a pris l'habitude d'être exhibé à la moindre occasion. Ce n'est pas à proprement parler désagréable à entendre. Les chansons, pour la plupart composées par un certain Baird, sont d'honorables exemples de pop des années 50 et 60 (Sing Boy Sing par exemple est assez entraînant, dans le genre). Ceci dit, avec le recul, le ridicule n'est jamais très loin et on peut se demander à quoi sert réellement un tel disque. Il existe certes un intérêt historique : ce disque prouve que même les chanteurs les plus intouchables, les plus vénérés peuvent avoir débuté leur carrière sous de douteux auspices. En écoutant ce disque, j'imagine très bien le jeune Scott, duvet aux lèvres, affublé d'un smoking trop étroit et d'un noeud papillon disproportionné, se dandinant seul sur scène face à une meute de grands-mères californiennes en mal d'attendrissement dont les yeux humides témoignent d'une résurgence d'instinct maternel, tandis qu'un manager sans scrupules compte ses dollars en coulisses. Je suppose que Scott Walker, dans sa tour d'ivoire, est au courant que ce disque existe et qu'il aurait pu en empêcher la sortie s'il l'avait voulu. S'il n'en a rien fait, c'est qu'il estime ne pas avoir à en rougir. Pourtant, comme toujours dans ces cas-là, le disque sort sur un obscur label anglais et il n'y a évidemment pas l'ombre d'un résidu de cette époque sur le (formidable) coffret rétrosepctif "Scott Walker in 5 easy pieces", sorti l'année dernière. Il ne doit donc pas non plus revendiquer complètement cette époque. Pour les fanatiques uniquement donc.
Toutes proportions gardées, cela me rappelle un disque intitulé 'Nick Carter : Before the Backstreet Boys', que j'ai eu la 'chance' d'écouter il y a quelques semaines. Certes, le style de musique est différent, mais l'intention derrière les sessions d'enregistrement et la manière de chanter ont l'air assez similaires. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais le fait que Scott Walker et Nick Carter aient pu avoir, à un certain âge, des points communs me plonge dans des abîmes de perplexité.
Je suis tombé sur un disque improbable intitulé 'In the beginning', qui reprend des enregistrements effectués par Scott Walker en 1958 et 1959, alors qu'il avait à peine une quinzaine d'années, bien avant donc les Walker Brothers ou sa tétralogie d'albums solos. A l'écoute, cela laisse une impression bizarre. Sa voix n'a pas encore trouvé le timbre quasi-extraterrestre qui allait transcender ses enregistrements d'adulte et il chante ici avec la voix de gorge d'un crooner de kermesse, le vibrato d'un roi de karaoké et l'assurance un peu gauche du gamin prodige qui a pris l'habitude d'être exhibé à la moindre occasion. Ce n'est pas à proprement parler désagréable à entendre. Les chansons, pour la plupart composées par un certain Baird, sont d'honorables exemples de pop des années 50 et 60 (Sing Boy Sing par exemple est assez entraînant, dans le genre). Ceci dit, avec le recul, le ridicule n'est jamais très loin et on peut se demander à quoi sert réellement un tel disque. Il existe certes un intérêt historique : ce disque prouve que même les chanteurs les plus intouchables, les plus vénérés peuvent avoir débuté leur carrière sous de douteux auspices. En écoutant ce disque, j'imagine très bien le jeune Scott, duvet aux lèvres, affublé d'un smoking trop étroit et d'un noeud papillon disproportionné, se dandinant seul sur scène face à une meute de grands-mères californiennes en mal d'attendrissement dont les yeux humides témoignent d'une résurgence d'instinct maternel, tandis qu'un manager sans scrupules compte ses dollars en coulisses. Je suppose que Scott Walker, dans sa tour d'ivoire, est au courant que ce disque existe et qu'il aurait pu en empêcher la sortie s'il l'avait voulu. S'il n'en a rien fait, c'est qu'il estime ne pas avoir à en rougir. Pourtant, comme toujours dans ces cas-là, le disque sort sur un obscur label anglais et il n'y a évidemment pas l'ombre d'un résidu de cette époque sur le (formidable) coffret rétrosepctif "Scott Walker in 5 easy pieces", sorti l'année dernière. Il ne doit donc pas non plus revendiquer complètement cette époque. Pour les fanatiques uniquement donc.
Toutes proportions gardées, cela me rappelle un disque intitulé 'Nick Carter : Before the Backstreet Boys', que j'ai eu la 'chance' d'écouter il y a quelques semaines. Certes, le style de musique est différent, mais l'intention derrière les sessions d'enregistrement et la manière de chanter ont l'air assez similaires. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais le fait que Scott Walker et Nick Carter aient pu avoir, à un certain âge, des points communs me plonge dans des abîmes de perplexité.
mardi, août 17
Sit still. It's still The Stills' "Still in love".
Il y a bien longtemps, j'ai exprimé mon étonnement face à l'indifférence apparemment rencontrée par "Still in love", la chanson de The Stills. Je comprenais mal pourquoi une chanson dont le refrain était à ce point entêtant et qui aurait été parfaitement à son aise sur un des deux albums d'Interpol n'était pas devenue un objet de culte pour tout ce que l'univers compte de corbeaux poppisants. L'explication en est peut-être que la chanson sort seulement cette semaine en Angleterre, là où toutes les hypes autour des groupes en 'The' semblent toujours naître. La vidéo est en tout cas visible ici, et franchement, quelques mois après, c'est toujours aussi bon.
EDIT : En fait, le single était déjà sorti il y a quelques mois dans une indifférence coupable. La maison de disques a dû penser que la chanson méritait une seconde chance. Nous verrons.
PS : J'espère que vous me pardonnerez la déplorable tentative humoristique qui sert de titre à ce billet. Il se fait tard et je viens de me farcir tout un album de dance du début des années 90 (Culture Beat pour ne pas les nommer) et, franchement, ça n'aide pas à conserver un esprit fin et alerte. Pour me faire pardonner, je signale néanmoins que, dans le tout nouveau catalogue d'un célèbre marchand suédois de meubles en kit (ou de puzzles 3D grandeur nature, selon le point de vue choisi), les étagères Billy, qui abritent des centaines de milliers de CD de par le monde, sont présentées sous le titre "l'idole Billy".
EDIT : En fait, le single était déjà sorti il y a quelques mois dans une indifférence coupable. La maison de disques a dû penser que la chanson méritait une seconde chance. Nous verrons.
PS : J'espère que vous me pardonnerez la déplorable tentative humoristique qui sert de titre à ce billet. Il se fait tard et je viens de me farcir tout un album de dance du début des années 90 (Culture Beat pour ne pas les nommer) et, franchement, ça n'aide pas à conserver un esprit fin et alerte. Pour me faire pardonner, je signale néanmoins que, dans le tout nouveau catalogue d'un célèbre marchand suédois de meubles en kit (ou de puzzles 3D grandeur nature, selon le point de vue choisi), les étagères Billy, qui abritent des centaines de milliers de CD de par le monde, sont présentées sous le titre "l'idole Billy".
lundi, août 16
Je ne vais pas me laisser abattre par si peu.
Bon, c'est pas tout ça, mais que s'est-il passé d'important dans le monde ces derniers jours ?
- J'ai appris que Richard Gotainer était devenu animateur sur une station de radio confidentielle réservée aux moins de 15 ans. Pauvre Richard. Après tant d'années de services loyalement rendus à la cause du calembour vaseux et de la chanson sautillante (tout le monde devrait vénérer Chants Zazous, au minimum), une telle ingratitude est criminelle. Didier Barbelivien n'est sans doute pas tombé si bas, et pourtant, qu'a-t-il apporté au monde, lui ?
- Justin Timberlake aurait décidé d'enterrer Nsync et de se consacrer à sa carrière solo. Il aurait dit non à l'enregistrement d'un nouvel album, et non aussi à l'enregistrement de deux nouvelles chansons pour la sortie d'une compilation à Noël. Il le regrettera d'ici cinq ans. Tant pis pour lui.
- Il y a deux semaines, le NME a publié une double interview de Pete Doherty et de Carl Barat, des Libertines. Je dois bien avouer avoir un peu décroché de cette saga interminable. J'attends la mort d'un des deux ou la réunifcation du groupe pour m'y intéresser à nouveau réellement mais, en gros, ça donne ça : lorsqu'il parvient à exprimer ses pensées avec un minimum de clarté (et ce n'est pas souvent), Pete joue aux victimes. Carl de son côté fait de son mieux pour gérer la crise, justifie sa décision de maintenir son ami en dehors du groupe et pèse chacun de ses mots pour ne pas risquer de heurter sa sensibilité. Après avoir lu les deux interviews, il m'est d'avis que ce n'est pas près de s'arranger. Peut-être que si Carl décidait de participer activement à la cure de désintoxication de Pete, il parviendrait à lui forcer la main ?
- Les tabloïdes américains bruissent de rumeurs sur la cause des mystérieuses ecchymoses apparues sur les bras de Paris Hilton. Nick Carter, récemment largué, est pointé du doigt. Et ça, mes amis, ça ferait un bien beau scandale.
- Björk a chanté un extrait de son nouvel album lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Bizarrement, rien n'a été fait pour donner à sa prestation un semblant de lien avec les Jeux, ce qui fait qu'on se demandait un peu ce qu'elle faisait là. Ceci dit, le nouvel album m'a tout l'air d'être dans la lignée de Vespertine.
- Si tu es une jeune femme d'environ 25 ans, vaguement française, vaguement chrétienne, les cheveux courts à la Jean Seberg et si tu aimes les garçons timides et romantiques, vaguement roux, j'ai peut-être un rencard à te proposer.
Voili voilà. Comme je n'écoute pas grand-chose de neuf en ce moment et que je ne fais pas de concerts, je n'ai pas grand-chose à dire. Ca devrait aller mieux d'ici quelques semaines où j'espère reprendre des mises à jour plus fréquentes.
- J'ai appris que Richard Gotainer était devenu animateur sur une station de radio confidentielle réservée aux moins de 15 ans. Pauvre Richard. Après tant d'années de services loyalement rendus à la cause du calembour vaseux et de la chanson sautillante (tout le monde devrait vénérer Chants Zazous, au minimum), une telle ingratitude est criminelle. Didier Barbelivien n'est sans doute pas tombé si bas, et pourtant, qu'a-t-il apporté au monde, lui ?
- Justin Timberlake aurait décidé d'enterrer Nsync et de se consacrer à sa carrière solo. Il aurait dit non à l'enregistrement d'un nouvel album, et non aussi à l'enregistrement de deux nouvelles chansons pour la sortie d'une compilation à Noël. Il le regrettera d'ici cinq ans. Tant pis pour lui.
- Il y a deux semaines, le NME a publié une double interview de Pete Doherty et de Carl Barat, des Libertines. Je dois bien avouer avoir un peu décroché de cette saga interminable. J'attends la mort d'un des deux ou la réunifcation du groupe pour m'y intéresser à nouveau réellement mais, en gros, ça donne ça : lorsqu'il parvient à exprimer ses pensées avec un minimum de clarté (et ce n'est pas souvent), Pete joue aux victimes. Carl de son côté fait de son mieux pour gérer la crise, justifie sa décision de maintenir son ami en dehors du groupe et pèse chacun de ses mots pour ne pas risquer de heurter sa sensibilité. Après avoir lu les deux interviews, il m'est d'avis que ce n'est pas près de s'arranger. Peut-être que si Carl décidait de participer activement à la cure de désintoxication de Pete, il parviendrait à lui forcer la main ?
- Les tabloïdes américains bruissent de rumeurs sur la cause des mystérieuses ecchymoses apparues sur les bras de Paris Hilton. Nick Carter, récemment largué, est pointé du doigt. Et ça, mes amis, ça ferait un bien beau scandale.
- Björk a chanté un extrait de son nouvel album lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Bizarrement, rien n'a été fait pour donner à sa prestation un semblant de lien avec les Jeux, ce qui fait qu'on se demandait un peu ce qu'elle faisait là. Ceci dit, le nouvel album m'a tout l'air d'être dans la lignée de Vespertine.
- Si tu es une jeune femme d'environ 25 ans, vaguement française, vaguement chrétienne, les cheveux courts à la Jean Seberg et si tu aimes les garçons timides et romantiques, vaguement roux, j'ai peut-être un rencard à te proposer.
Voili voilà. Comme je n'écoute pas grand-chose de neuf en ce moment et que je ne fais pas de concerts, je n'ai pas grand-chose à dire. Ca devrait aller mieux d'ici quelques semaines où j'espère reprendre des mises à jour plus fréquentes.
Qu'avez-vous fait de vos vingt ans ?
Loin de moi l'idée de présenter les fanatiques de musique comme des gens à plaindre, mais n'y a-t-il pas au coeur de cette course sans fin à la nouveauté, de cette frénésie d'achats et de ce besoin de tout connaître une fêlure cachée de la personnalité ? Depuis bientôt quinze ans, cette quête incessante d'informations, ce besoin de découvrir toujours plus de nouveaux groupes, de nouveaux genres de musique est un des principaux moteurs de mon existence. Tant qu'on se trouve dans le mouvement, cela semble finalement assez naturel, le fruit d'une curiosité intellectuelle qu'il serait bien malvenu de critiquer. Pourtant quand, pour une raison quelconque, on a l'occasion de prendre un peu de recul, d'objectiver son comportement, on se retrouve face à d'embarrassantes interrogations. A quoi cela sert-il d'acheter des disques ou de télécharger des fichiers, lorsque la plupart des disques bien rangés sur les étagères (jamais assez grandes) n'ont pas été écoutés plus de cinq fois ? Je ne sais même pas le plus souvent exactement ce que ma collection contient. Je sais juste que l'ensemble serait suffisant pour me permettre d'écouter de la musique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant deux mois sans jamais avoir à mettre deux fois le même disque. Cela ne veut d'ailleurs pas dire que je n'écouterais pas deux fois la même chanson, car un à-côté désagréable de cette pulsion compulsive d'achat est de se retrouver parfois avec des doublons (j'ai déjà acheté par erreur cinq disques que j'avais déjà. Depuis, je me suis fait une liste) ou des quasi-doublons (le meilleur exemple étant sans doute pour moi les compilations années 80, toujours achetées à prix écrasés mais souvent quasi-identiques dans le choix des morceaux). Certes, l'instinct de collection est quelque chose qui n'est pas propre aux disques, et on pourrait certainement trouver des anecdotes tout aussi consternantes sur les philatélistes, les copocléphiles ou les fibulanomistes, mais la musique a ceci de particulier que notre environnement en est saturé. Quasiment tout le monde pratique la musique en dilettante, a un avis sur telle ou telle chanson à la mode ("Pfff. Las Ketchup, c'était quand même autre chose que O-Zone"... "Radiohead, ils sont trop géniaux"... "Obispo, c'est un naze") et possède au moins deux ou trois disques. Dans un tel contexte, les vrais mordus apparaissent d'autant plus excentriques.
Ces derniers temps, une autre question me vient souvent à l'esprit. Tout ce temps investi, tout cet argent dépensé sert-il un but tangible ? D'ici quelques semaines, je serai au chômage. Dans ces conditions, est-il bien raisonnable d'avoir encore acheté ces deux dernières semaines une bonne quinzaine de disques lors de deux expéditions chez les disquaires d'occasion de Bruxelles ? Ne ferais-je pas mieux de faire quelques économies et de me consacrer à la recherche d'un emploi ? Il y a quelque chose de glorieusement immature dans cette dévotion aveugle envers les oeuvres culturelles, et plus encore les modes d'expression populaire, ceux qui n'ont même pas le cachet chic des arts dits nobles. Certes, quand j'écoute Lycanthropy de Patrick Wolf, quand je vais voir un concert des Nits, quand je lis, le sourire aux lèvres, la chronique des singles de la semaine dans le NME ou bien quand je trouve en magasin un disque que je cherchais depuis longtemps, j'éprouve du plaisir et le plaisir peut être (et est le plus souvent) une fin en soi. Pourtant, le vil démon de la raison, vient de temps à autres perturber cette belle insouciance et demande à ce qu'on lui justifie les journées entières passées à classer, enregistrer, écouter ou commenter des disques. Que lui répondre ? La réponse logique serait de dire que je pourrai peut-être en vivre un jour et que cela justifiera a posteriori tout l'investissement consenti mais, même si c'est une possibilité que je caresse régulièrement pour le simple plaisir de l'entendre ronronner, je me rends bien compte que c'est assez improbable (beaucoup d'appelés, peu d'élus, pas les bonnes études,... toussah). J'en suis donc réduit à m'inventer des réponses telles que "On n'a que le bien que l'on se donne", "Ca m'a permis de rencontrer des tas de gens très bien" ou encore, en désespoir de cause, la franchement terrifiante "Au moins pendant de temps-là, je ne suis pas au bistrot et je ne vole pas les sacs des vieilles dames... et puis, c'est tout de même mieux que de s'intéresser à la formule 1, non ?"
...mais dans 10 ans, que restera-t-il de tout cela ?
Ces derniers temps, une autre question me vient souvent à l'esprit. Tout ce temps investi, tout cet argent dépensé sert-il un but tangible ? D'ici quelques semaines, je serai au chômage. Dans ces conditions, est-il bien raisonnable d'avoir encore acheté ces deux dernières semaines une bonne quinzaine de disques lors de deux expéditions chez les disquaires d'occasion de Bruxelles ? Ne ferais-je pas mieux de faire quelques économies et de me consacrer à la recherche d'un emploi ? Il y a quelque chose de glorieusement immature dans cette dévotion aveugle envers les oeuvres culturelles, et plus encore les modes d'expression populaire, ceux qui n'ont même pas le cachet chic des arts dits nobles. Certes, quand j'écoute Lycanthropy de Patrick Wolf, quand je vais voir un concert des Nits, quand je lis, le sourire aux lèvres, la chronique des singles de la semaine dans le NME ou bien quand je trouve en magasin un disque que je cherchais depuis longtemps, j'éprouve du plaisir et le plaisir peut être (et est le plus souvent) une fin en soi. Pourtant, le vil démon de la raison, vient de temps à autres perturber cette belle insouciance et demande à ce qu'on lui justifie les journées entières passées à classer, enregistrer, écouter ou commenter des disques. Que lui répondre ? La réponse logique serait de dire que je pourrai peut-être en vivre un jour et que cela justifiera a posteriori tout l'investissement consenti mais, même si c'est une possibilité que je caresse régulièrement pour le simple plaisir de l'entendre ronronner, je me rends bien compte que c'est assez improbable (beaucoup d'appelés, peu d'élus, pas les bonnes études,... toussah). J'en suis donc réduit à m'inventer des réponses telles que "On n'a que le bien que l'on se donne", "Ca m'a permis de rencontrer des tas de gens très bien" ou encore, en désespoir de cause, la franchement terrifiante "Au moins pendant de temps-là, je ne suis pas au bistrot et je ne vole pas les sacs des vieilles dames... et puis, c'est tout de même mieux que de s'intéresser à la formule 1, non ?"
...mais dans 10 ans, que restera-t-il de tout cela ?
lundi, août 9
Des étincelles de génie
Je parlais il y a peu de ces groupes qui viennent brouiller la ligne de démarcation imaginaire que je trace entre les groupes anglais et les groupes américains. Et bien, un nouveau nom est venu faire bien plus que simplement l'envelopper d'un brouillard indistinct, il l'a annihilée, en a rendu le concept même aussi vide de sens que des textes de Duran Duran. Et oui ! A l'encontre de toutes les lois régissant l'univers, les Sparks, les auteurs de "When do I get to sing My Way?" sont américains. Certes, à leurs débuts, leur glam-prog-pop (This town ain't big enough...) était moins situable géographiquement, mais leur virage pop synthétique dans les années 90 les avaient pour moi rendus aussi anglais que les trains en retard, le boeuf bouilli à la menthe et le porridge à la marmite. Et bien non, ils sont Californiens.. comme les Red Hot. Dingue. J'en suis encore tout ruisselant de stupéfaction (quoique la chaleur n'y est peut-être pas pour rien).
L'occasion de cette révélation fut leur dernier album, Lil' Beethoven (2002), dont j'avais déjà entendu quelques bribes par des moyens que l'amoral approuve, mais que je n'ai écouté en entier que hier. Tellement enthousiasmé je fus que toute la soirée en boucle il tourna. Si l'expression n'était pas une terme déposé, je dirais qu'il s'agit du disque le plus vavavoum qu'il m'ait été donné d'entendre. Il en devient même difficile à décrire. Il est finalement assez court, une quarantaine de minutes, mais tellement immense dans son ambition qu'il parait en fait beaucoup plus long. Les morceaux sont complexes et se déploient progressivement jusqu'à exploser dans un maelstrom étourdissant de choeurs qui se répondent et de mélodies qui s'emboîtent. Pourtant, à aucun moment on a l'impression qu'ils en font trop. Ca ne vire jamais dans le symphonique prétentieux, sans doute parce que le tout sonne incroyablement ludique. Dans les titres des morceaux ("How do I get to Carnegie Hall?", "Your call is very important to us. Please hold.", "Ugly guys with beautiful girls" ou le formidable "What are all those bands so angry about?"). Dans les textes ensuite qui, bien que tous basés sur la répétition de quelques phrases, sont consciencieusement retranscrits dans le livret.
Je défie quiconque d'écouter "Ugly guys with beautiful girls" sans sauter tout partout comme un chimpanzé sous acide en arborant le sourire béat du pyromane en villégiature estivale dans le Var. Quand je pense que certains se sont excités comme des malades sur des groupes qui tentaient, à peu près en même temps, d'atteindre le même résultat sans y parvenir (Electric Six par exemple), je me gondole comme un store vénitien.
En tout état de cause, j'ai un nouveau groupe culte. Et bonheur ultime, un vieux groupe culte. J'ai toujours été assez content de ne pas être un adepte du vieux rock qui tache, pourtant il y a un truc que je leur ai toujours envié. Lorsqu'ils découvrent un nouveau groupe, il peuvent parfois se retrouver face à 15 albums inconnus, à chercher dans les brocantes ou sur le Net. A chaque nouvelle révélation, une oeuvre complètement formée, toute auréolée de son caractère définitif, s'ouvre à eux, continent mystérieux à explorer. Sauf exception, le genre de musiques que j'aime ne me procure pas ces joies. Ici, trente ans de musique s'offrent à moi. Je pense que je vais commencer par le plus récent et leur période : "Et si on faisait du Pet Shop Boys". Ca me parait être un bon début.
L'occasion de cette révélation fut leur dernier album, Lil' Beethoven (2002), dont j'avais déjà entendu quelques bribes par des moyens que l'amoral approuve, mais que je n'ai écouté en entier que hier. Tellement enthousiasmé je fus que toute la soirée en boucle il tourna. Si l'expression n'était pas une terme déposé, je dirais qu'il s'agit du disque le plus vavavoum qu'il m'ait été donné d'entendre. Il en devient même difficile à décrire. Il est finalement assez court, une quarantaine de minutes, mais tellement immense dans son ambition qu'il parait en fait beaucoup plus long. Les morceaux sont complexes et se déploient progressivement jusqu'à exploser dans un maelstrom étourdissant de choeurs qui se répondent et de mélodies qui s'emboîtent. Pourtant, à aucun moment on a l'impression qu'ils en font trop. Ca ne vire jamais dans le symphonique prétentieux, sans doute parce que le tout sonne incroyablement ludique. Dans les titres des morceaux ("How do I get to Carnegie Hall?", "Your call is very important to us. Please hold.", "Ugly guys with beautiful girls" ou le formidable "What are all those bands so angry about?"). Dans les textes ensuite qui, bien que tous basés sur la répétition de quelques phrases, sont consciencieusement retranscrits dans le livret.
Je défie quiconque d'écouter "Ugly guys with beautiful girls" sans sauter tout partout comme un chimpanzé sous acide en arborant le sourire béat du pyromane en villégiature estivale dans le Var. Quand je pense que certains se sont excités comme des malades sur des groupes qui tentaient, à peu près en même temps, d'atteindre le même résultat sans y parvenir (Electric Six par exemple), je me gondole comme un store vénitien.
En tout état de cause, j'ai un nouveau groupe culte. Et bonheur ultime, un vieux groupe culte. J'ai toujours été assez content de ne pas être un adepte du vieux rock qui tache, pourtant il y a un truc que je leur ai toujours envié. Lorsqu'ils découvrent un nouveau groupe, il peuvent parfois se retrouver face à 15 albums inconnus, à chercher dans les brocantes ou sur le Net. A chaque nouvelle révélation, une oeuvre complètement formée, toute auréolée de son caractère définitif, s'ouvre à eux, continent mystérieux à explorer. Sauf exception, le genre de musiques que j'aime ne me procure pas ces joies. Ici, trente ans de musique s'offrent à moi. Je pense que je vais commencer par le plus récent et leur période : "Et si on faisait du Pet Shop Boys". Ca me parait être un bon début.
dimanche, août 1
Infos en vrac
- Le nouveau single de Robbie Williams serait écrit par Stephen Duffy. Selon ce dernier, il s'agirait d'"électro gothique". Une perspective intriguante, à tout le moins.
- Réjouissons-nous. Dee Snider et ses canines taillées en pointe (il se prenait pour la réincarnation du Comte Dracula), Jay-Jay French et Mark 'The Animal' Mendoza sont de retour. Et oui, contenez votre joie. Twisted Sister, les maîtres du glam-metal nous reviennent. Auteurs d'au moins deux très bons albums (Come out and play et Stay hungry) durant la première moitié des années 80, ils furent ma première ouverture sur le hard-rock et ma dévotion était à l'époque totale (enfin, aussi totale que peut être une dévotion à 10 ans) et je garde un souvenir très vivace de la vidéo de 'The leader of the pack', leur reprise des Shangri-Las. Depuis, je n'ai pu me défaire d'une sympathie coupable à leur endroit, sans aucun doute entretenue par une idée bizarre dont je ne peux me défaire (Dee Snider chante formidablement bien) et, surtout, leur ridicule glorieusement assumé (cheveux longs aux boucles étonnamment serrées, maquillages tribaux, tenues de biker,... tout l'attirail du parfait hardeux de l'époque). Ils sont en concert à Londres aujourd'hui même. Eussé-je été Londonien, ça m'aurait fait un formidable cadeau d'anniversaire. Hélas, je ne suis anglais que de coeur et devrai me contenter de réécouter l'album ce soir. Apparemment, le groupe du fils de Dee Snider, Jesse Blaze, n'a pas été invité pour assurer la première partie, ce qui n'est pas très sympa. Ce sont des petits gars qui en veulent et si on ne peut pas compter sur notre papounet pour nous mettre le pied à l'étrier, à quoi bon ?
- Vendredi soir, pour la première fois depuis la naissance de l'émission il y a 40 ans, Top of the Pops a été enregistré en plein air, pour un show d'une heure. Comme souvent, beaucoup de bonnes choses (Jamelia, Girls Aloud,...) et de moins bonnes (Natasha Beddingfield, Javine,...). Pour ma part, l'émission a surtout été l'occasion de découvrir, enfin, une bonne chanson de Busted. Busted, pour ceux qui ne connaissent pas, sont le produit d'une expérience à la Frankenstein qui a fonctionné au-delà de toutes les espérances : greffer les techniques du marketing de la pop pour enfants (matraquage radio-télévision, posters dans les magazines,...) sur une musique ""punk-rock"" à la Blink-182 (avec des gros guillemets). Le succès est total, ils ont à peine 20 ans et leurs trois albums se sont déjà vendus à plus d'un million d'exemplaires chacun. Pourtant, malgré une conviction profondément ancrée en moi (grâce à de nombreuses séances d'hypnose) que tout ce qui se vend en Angleterre ne peut être que formidable, je n'étais jamais parvenu à trouver ne serait-ce qu'intéressante la moindre de leurs chansons. Ils avaient bien fait une reprise de Teenage Kicks qui tenait à peu près la route, mais c'était un peu court. Là, sous l'impulsion sans doute du 'Crazy in love' de Beyonce, ils (ou leurs compositeurs parce que je ne suis pas sûr que ces braves gens écrivent eux-mêmes leurs chansons) ont eu une idée de génie : ajouter des cuivres. Cela donne Thunderbirds are go, un single absolument irrésistible, tiré de la BO de ce qui promet d'être un de plus beaux navets de l'année. De plus, on ne peut que compatir au destin de Charlie Simpson (le leader du groupe). Il porte des tee-shirts Elliott Smith. Son groupe préféré est Aereogramme et, pour gagner sa vie, il doit pourtant se résoudre à sauter tout partout sur scène devant un parterre de gamines de 10 ans en furie. Y a pas à dire, c'est dur la vie d'artiste ! Qu'il se rassure cependant, son calvaire se termine bientôt. La relève est déjà là, qui renifle ses plates-bandes avec arrogance (oui, oui, McFly, c'est de vous que je parle) et l'heure de la retraite approche.
- Ecoutes (rapides) de la semaine
* Pearls before swine : Constructive melancholy (Birdman). Une compile en mid-price qui est surtout l'occasion de découvrir l'original de The Jeweller (This Mortal Coil). C'est tellement bien que je vous en reparlerai peut-être.
* Madre Deus : O Espirito da paz. Leur meilleur album selon moi, et en prix sacrifié pendant les soldes.
* Tindersticks : la réédition de leur deuxième album que j'ai tout de même fini par acheter. Le CD bonus qui contient le live, déjà proposé lors de la sortie de l'album en édition limitée, est une petite merveille.
- Réjouissons-nous. Dee Snider et ses canines taillées en pointe (il se prenait pour la réincarnation du Comte Dracula), Jay-Jay French et Mark 'The Animal' Mendoza sont de retour. Et oui, contenez votre joie. Twisted Sister, les maîtres du glam-metal nous reviennent. Auteurs d'au moins deux très bons albums (Come out and play et Stay hungry) durant la première moitié des années 80, ils furent ma première ouverture sur le hard-rock et ma dévotion était à l'époque totale (enfin, aussi totale que peut être une dévotion à 10 ans) et je garde un souvenir très vivace de la vidéo de 'The leader of the pack', leur reprise des Shangri-Las. Depuis, je n'ai pu me défaire d'une sympathie coupable à leur endroit, sans aucun doute entretenue par une idée bizarre dont je ne peux me défaire (Dee Snider chante formidablement bien) et, surtout, leur ridicule glorieusement assumé (cheveux longs aux boucles étonnamment serrées, maquillages tribaux, tenues de biker,... tout l'attirail du parfait hardeux de l'époque). Ils sont en concert à Londres aujourd'hui même. Eussé-je été Londonien, ça m'aurait fait un formidable cadeau d'anniversaire. Hélas, je ne suis anglais que de coeur et devrai me contenter de réécouter l'album ce soir. Apparemment, le groupe du fils de Dee Snider, Jesse Blaze, n'a pas été invité pour assurer la première partie, ce qui n'est pas très sympa. Ce sont des petits gars qui en veulent et si on ne peut pas compter sur notre papounet pour nous mettre le pied à l'étrier, à quoi bon ?
- Vendredi soir, pour la première fois depuis la naissance de l'émission il y a 40 ans, Top of the Pops a été enregistré en plein air, pour un show d'une heure. Comme souvent, beaucoup de bonnes choses (Jamelia, Girls Aloud,...) et de moins bonnes (Natasha Beddingfield, Javine,...). Pour ma part, l'émission a surtout été l'occasion de découvrir, enfin, une bonne chanson de Busted. Busted, pour ceux qui ne connaissent pas, sont le produit d'une expérience à la Frankenstein qui a fonctionné au-delà de toutes les espérances : greffer les techniques du marketing de la pop pour enfants (matraquage radio-télévision, posters dans les magazines,...) sur une musique ""punk-rock"" à la Blink-182 (avec des gros guillemets). Le succès est total, ils ont à peine 20 ans et leurs trois albums se sont déjà vendus à plus d'un million d'exemplaires chacun. Pourtant, malgré une conviction profondément ancrée en moi (grâce à de nombreuses séances d'hypnose) que tout ce qui se vend en Angleterre ne peut être que formidable, je n'étais jamais parvenu à trouver ne serait-ce qu'intéressante la moindre de leurs chansons. Ils avaient bien fait une reprise de Teenage Kicks qui tenait à peu près la route, mais c'était un peu court. Là, sous l'impulsion sans doute du 'Crazy in love' de Beyonce, ils (ou leurs compositeurs parce que je ne suis pas sûr que ces braves gens écrivent eux-mêmes leurs chansons) ont eu une idée de génie : ajouter des cuivres. Cela donne Thunderbirds are go, un single absolument irrésistible, tiré de la BO de ce qui promet d'être un de plus beaux navets de l'année. De plus, on ne peut que compatir au destin de Charlie Simpson (le leader du groupe). Il porte des tee-shirts Elliott Smith. Son groupe préféré est Aereogramme et, pour gagner sa vie, il doit pourtant se résoudre à sauter tout partout sur scène devant un parterre de gamines de 10 ans en furie. Y a pas à dire, c'est dur la vie d'artiste ! Qu'il se rassure cependant, son calvaire se termine bientôt. La relève est déjà là, qui renifle ses plates-bandes avec arrogance (oui, oui, McFly, c'est de vous que je parle) et l'heure de la retraite approche.
- Ecoutes (rapides) de la semaine
* Pearls before swine : Constructive melancholy (Birdman). Une compile en mid-price qui est surtout l'occasion de découvrir l'original de The Jeweller (This Mortal Coil). C'est tellement bien que je vous en reparlerai peut-être.
* Madre Deus : O Espirito da paz. Leur meilleur album selon moi, et en prix sacrifié pendant les soldes.
* Tindersticks : la réédition de leur deuxième album que j'ai tout de même fini par acheter. Le CD bonus qui contient le live, déjà proposé lors de la sortie de l'album en édition limitée, est une petite merveille.
It's alright (baby's coming back)
Sur la mailing-list consacrée aux Nits, un sondage a été effectué il y a quelques mois (avant la sortie de 1974 donc) pour déterminer quel était l'album préféré des fans et, à ma grande surprise, les albums que je préfère (Ting et Adieu Swwet Bahnhof) étaient quasiment derniers. Plus étrange encore, l'album qui est arrivé en tête, avec une confortable avance qui plus est, était Wool, sans doute leur disque le plus en demi-teinte, que je trouve donc aussi difficile à aimer qu'à ne pas aimer. Etrange que des gens puissent ainsi se retrouver autour d'un même groupe mais en ayant des visions si différentes de leur musique. A chaque fois, cela m'étonne. Tout ça pour dire que le 22 août prochain, le groupe donnera un concert gratuit sur la Grand-Place de Bruxelles dans le cadre du Festival Euritmix. Bien que je suive leur carrière depuis le début des années 90 (quelque part entre Giant, Normal, Dwarf et Ting), mon premier concert d'eux, à mi-chemin entre récital intimiste et happening poétique, date seulement de l'année dernière et j'en garde un souvenir émerveillé. Je me demande comment ils pourront recréer cette magie lors d'un concert en plein air.
Ils suivront sur scène les collégiennes flamandes de Scala, la hype la plus incompréhensible de ces dernières années. Depuis quand des chorales scolaires interprétant sans émotion des chansons (pas toujours très fraiches qui plus est) est-il devenu le dernier concept à la mode ? Certes, reconnaissons-leur qu'elles ne chantent pas mal, mais les arrangements vaguement contemplatifs et les tempi subtilement ralentis tentent à tout niveler. Du coup, ça devient assez vite répétitif et on se lasse. Pourtant, après la Belgique, la France avait également succombé à cette marée blonde. Même les Inrocks, qui n'encenseraient pas à la légère un disque qui contient des bons gros morceaux d'Indochine, se sont laissés aller à émettre quelques couplets louangeurs. Un truc a dû m'échapper, mais quoi ? Ce sera une bonne occasion de pousser mon investigation plus avant.
Ils suivront sur scène les collégiennes flamandes de Scala, la hype la plus incompréhensible de ces dernières années. Depuis quand des chorales scolaires interprétant sans émotion des chansons (pas toujours très fraiches qui plus est) est-il devenu le dernier concept à la mode ? Certes, reconnaissons-leur qu'elles ne chantent pas mal, mais les arrangements vaguement contemplatifs et les tempi subtilement ralentis tentent à tout niveler. Du coup, ça devient assez vite répétitif et on se lasse. Pourtant, après la Belgique, la France avait également succombé à cette marée blonde. Même les Inrocks, qui n'encenseraient pas à la légère un disque qui contient des bons gros morceaux d'Indochine, se sont laissés aller à émettre quelques couplets louangeurs. Un truc a dû m'échapper, mais quoi ? Ce sera une bonne occasion de pousser mon investigation plus avant.
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