lundi, janvier 1

Les albums de 2006 (II)

Bodies Without Organs (BWO) - Halcyon Days (Capitol/EMI)
BWO est le nouveau groupe d'Alexander Bard, la tête pensante de Army of Lovers, célèbres pourvoyeurs de pop kitsch durant les années 90. Il faut pour rentrer dans ce disque une grande résistance aux maniérismes pop les plus éculés : la montée d'un ton dans la reprise du refrain, les synthés clinquants, les mélodies qui en font toujours un peu trop (voir We Could Be Heroes pour un florilège éclatant de ces tics de composition), le chanteur à boucles blondes et yeux bleux qui chantent des ballades en serrant les poings et en regardant fixement la caméra,... Heureusement, des années de pratique du genre m'ont appris à passer outre les défauts d'un disque pour pouvoir profiter plus pleinement de ses qualités. Donc, oui, BWO fait de la retro-hi-NRG-cheesy-pop. On ne peut non plus nier que les synthés sonnent comme si on venait de les ressortir d'un entrepôt où ils auraient pris la poussière pendant 15 ans, loin des progrès techniques et des évolutions du goût du public. Tout cela est vrai mais ne doit pas complètement éclipser le fait que certaines chansons appellent irrésistiblement le dandinement et le chantonnement du refrain, le sourire aux lèvres (Temple of Love, Angel of Night, la reprise vaguement trance d'Obsession d'Army of Lovers et Voodoo Magic, le meilleur titre du premier album, refourgué ici en bonus-track). Ce n'est donc pas un disque que je recommanderais à tout le monde. Beaucoup le trouveront insupportable. D'autres lui trouveront de réelles qualités mais ne pourront pas complètement occulter ses défauts les plus manifestes (les trois plus mauvaises chansons de l'album sont VRAIMENT mauvaises). Ces derniers, dont je suis, se retrouvent donc face à un parfait exemple de ce qu'on appelle habituellement les plaisirs coupables. Et c'est ça qui est bon. Allez, tous en choeur : "Will my arms be strong enough to take you through the night?"
- Liens : Site du groupe
- A écouter : Juggernaut (mp3), Temple Of Love (vidéo), Crystal Odyssey, Chariots Of Fire (vidéo) (toutes les trois franchement kitschs), Voodoo Magic (vidéo live)
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Muse - Black Holes And Revelations (A&E/Warner)
Aaah, Muse, le seul groupe dont le nom semble pertinent à tout le monde. Les thuriféraires y verront un hommage aux divinités qui les inspirent (merci Euterpe), les contempteurs une description assez juste de ce groupe de geeks qui font mu-muse avec leurs instruments dans de grands élans masturbatoires. Ca fait quatre albums que la plaisanterie dure.... et je dois avouer qu'elle ne m'a jamais semblé aussi bonne. C'est d'assez loin l'album du groupe que je préfère. Il faut dire qu'ils ont ici le chic pour titiller mes zones sensibles. Le morceau d'ouverture Take A Bow commence ainsi par un hommage assez transparent aux oeuvres de jeunesse pour orgues de Philip Glass. L'étonnamment brillant premier single, Supermassive Black Hole, avec ses falsettos funky et moites, présente des ressemblances plus que troublantes avec le Do Something de Britney Spears. Map of the Problematique sonne exactement comme un remix par Apoptygma Berzerk du Enjoy the Silence de Depeche Mode. Franchement, je serais bien en peine de trouver le moindre défaut aux quatre premiers morceaux de cet album. Certainement pompier, probablement grotesque mais indéniablement brillant. Malheureusement, le groupe ne parvient pas complètement à confirmer sur la longueur. Certes, le riff d'entrée d'Assassin est une tuerie absolue et les accords Tchaikovskiens de Hoodoo peuvent provoquer un sourire indulgent mais les morceaux calmes sont vraiment trop insignifiants et une certaine lassitude finit par s'installer après le huitième morceau. Est-ce pour cela que Knights of Cydonia, que de nombreux commentateurs présentent comme le morceau de bravoure de l'album, me paraît complètement anodin ? Peut-être. N'empêche que, si on se limite à quelques morceaux-phares, on peut trouver dans cet album un EP que certains auront vite fait de qualifier de génial. C'est un peu le même problème que pour Wolfmother, le groupe australien dont le Dimension EP était quasi-parfait mais dont l'album paraît interminable.
- Liens : Site du groupe, Myspace
- A écouter : Take A Bow (mp3), Supermassive Black Hole (vidéo), Assassin (vidéo live)
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The Moutain Goats - Get Lonely (4AD)
Ca doit bien faire le quatrième ou le cinquième album du groupe sur 4AD. Label oblige, je me suis senti obligé de les écouter tous, et l'ai toujours fait avec un a-priori très positif. Pourtant, l'enthousiasme maximum que je sois jamais parvenu à réunir pour la musique de John Darnielle est un dubitatif "Mouais, c'est sympa." (c'était pour le précédent album, à mon avis le meilleur). En fait, dans le genre (anti-)folk vaguement minimaliste, il me semble qu'il existe des artistes autrement plus passionnants (de Micah P. Hinson à Smog par exemple). The Mountain Goats souffrent un peu selon moi d'une voix un peu trop passe-partout et d'une production trop rudimentaire... Les chansons sont souvent attachantes (New Monster Avenue notamment), mais à la fois trop chétives pour convaincre sur leurs qualités musicales propres et trop sûres d'elles-mêmes pour que leur simplicité émeuve. Si vous ajoutez à cela que j'ai acheté cet album en partie parce qu'on m'avait dit que Scott Walker l'avait produit (ce qui est faux, bien évidemment), vous comprendrez que je me sente un peu floué.. mais bon, c'est toujours ça de pris pour la collection 4AD que je menace depuis longtemps d'entreprendre.
- Liens : Site officiel, Myspace
- A écouter : Maybe Sprout Wings (mp3)
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Sunshine in the rain de BWO est aussi un titre excellent je trouve (en tout cas celui qui m'a le plus accroché :D )

Sinon, étonné que la reformation de Take That ne soit pas (beaucoup?) évoqué ici, le résultat est plutôt réussi je trouve ^^ ... surement du au travail de Mark OWen, responsable de quelques albums solo assez réussis dans le genre).

Anonyme a dit…

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Pierre a dit…

Déjà à l'époque, je n'étais pas très client de Take That, mais ce nouveau single qui ressemble à du mauvais Westlife a achevé de me convaincre que je ferais mieux de passer mon chemin.

(cela dit, j'aime bien Mark Owen aussi, surtout le premier album)