Cette semaine, une grande chaîne d'électro-ménager-hi-fi-vidéo-informatique-multimédia-communication-CD-DVD-super-discount-strodélire s'est installée près de chez moi. Je suis allé voir (le jour de l'ouverture, ce qui rétrospectivement n'était peut-être une très bonne idée) si les prix défiant toute concurrence vantés dans les prospectus étaient à la hauteur de leur réputation. La foule était compacte et certains rayons étaient littéralement pris d'assaut, ce qui donnait parfois lieu à des scènes qui frisaient l'hystérie. Ainsi, au milieu du magasin, trois grands bacs d'un bon mètre cube contenaient des DVD au prix imbattable de 2.49€. Un rapide coup d'oeil permettait assez vite de se rendre compte que le choix était limité et que le mètre cube était principalement rempli de centaines d'exemplaires des 15 mêmes DVD, dont le titre n'évoquait sans doute rien pour les 10 personnes en train de fouiller avec l'énergie du désespoir l'un des bacs. Pourtant, cela ne les empêchait pas de saisir des poignées de DVD, de les passer frénétiquement en revue avant de tout laisser retomber dans le bac et d'en reprendre d'autres, espérant toujours dénicher la perle rare. Pour un peu, je m'attendais à voir les DVD s'envoler comme, dans les vaudevilles, les sous-vêtements d'une épouse volage dont le mari jaloux fouille la valise. Lorsque certains arrivaient à creuser un puits et à entr'apercevoir, au niveau du sol, les DVD du fond du bac, ils se penchaient, tendaient les bras avec l'énergie du désespoir, avant d'implorer leurs voisins plus grands de s'en emparer, pensant sans doute que les gérants avaient mis les titres les plus intéressants tout au fond, hors d'atteinte, par pure méchanceté ou bien parce qu'ils pratiquaient des prix tellement bas qu'ils espéraient secrètement que le public ne s'en aperçoive pas.
Or, s'il y a bien une chose qui ne laisse aucun doute, c'est que tout est fait pour que le stock, et surtout celui des marchandises à plus bas prix, s'écoule aussi rapidement que possible. D'abord, contrairement à ce qui est le cas dans la plupart des magasins que je fréquente, la moitié de l'espace alloué aux disques et aux DVD est occupé par des présentoirs où les produits sont classés, non par genre ou par ordre alphabétique, mais par ordre de prix, de 1€ à 6.99€. Le but est manifestement de diriger préférentiellement le client vers ce qui coûte le moins cher. Drôle d'idée pourrait-on se dire a priori. Pourquoi vouloir à tout prix diriger le public vers une compile Johnny Cash à 1€ quand il y en a à 18€ quelques étagères plus loin ? La réponse apparait cependant assez vite. La plupart de ses disques et DVD prix sacrifiés sont rarement ce qu'ils paraissent de prime abord, ce qui explique que les droits soient peu élevés. Prenons par exemple, les compiles vendues comme "Les plus grands succès de Machinchose" mais où, pour peu que l'on connaisse un peu Machinchose, on constate que ce sont surtout "les fonds de tiroir de Machinchose". Autre grande catégorie : les CD promettant "Les plus grands succès de Trucmuche" avec un tracklisting impeccable mais où, en lisant bien les petits caractères (pour peu que ceux-ci ne soient pas couverts par l'étiquette "1€99"), on peut lire "interprétés par Julot Bonvoyage et son accordéon magique". Parfois aussi, le tracklisting semble alléchant et on nous garantit que l'interprète est bien qui on croit. On se dit alors "Bingo, la voilà la bonne affaire." Pourtant, souvent, on se rend compte, une fois le disque dans le lecteur, que la moitié du disque est constitué de versions live enregistrées au GSM par un type accoudé au bar. Et j'exagère à peine.
Il existe ainsi toute un marché parallèle du disque auquel je n'avais jusqu'à présent été que rarement confronté (à part une fois où j'achetai une compile de Nina Simone et dus me contenter d'une version live de "My Baby just cares for me", enregistrée un jour où elle était manifestement atteinte d'une bronchite chronique). Je suis passablement surpris de voir qu'il n'est apparemment pas requis que le contenu du disque soit précisément décrit sur la face arrière du boîtier (parfois le livret est plus précis, mais il est évidemment inaccessible lorsque le disque est cellophané). Dans ces conditions, on se dit que oui, effectivement, il vaut mieux liquider les stocks très vite avant un éventuel bouche-à-oreille négatif. Je me demande quel pourcentage des acheteurs de ces disques à 3€ ou moins, se diront contents de leur achat dans quelques semaines. Ceci dit, il suffit le plus souvent de fréquenter un peu assidûment les disquaires pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Lire attentivement les jaquettes, tenter d'écouter les disques avant achat, se méfier des éditeurs les plus obscurs sont par exemple des habitudes à prendre.
Pourtant, même dans ces conditions, on est parfois surpris. Ainsi j'ai acheté hier un disque intitulé 'French pop hits', principalement parce qu'on y trouvait "John" de Desireless qui est une chanson que j'ai toujours beaucoup aimée (d'ailleurs si quelqu'un ici peut me dire où trouver l'album de Desireless, ça m'intéresse beaucoup). De ce point de vue-là, bingo, je n'ai pas été déçu. La chanson est bien présente, dans le version dont je me souvenais. En revanche, le reste du disque ménage quelques petites surprises. Etienne de Guesch Patti apparait dans une remix datant de 2000 qui semble basé sur les sons d'un Casio bon marché, Dominique de Soeur Sourire dans une version disco 1982 et La vie par procuration de Jean-Jacques Goldman apparait dans une version live. Le plus surprenant ceci dit est le morceau censé être, si on en croit la jaquette, Ouragan de Stéphanie et qui se révèle comme un court morceau essentiellement parlé qui n'a strictement rien à voir avec la scie grimaldienne. S'agit-il d'une erreur plus ou moins intentionnelle ou bien y a-t-il vraiment eu une autre Stéphanie qui a chanté son 'Ouragan' en 1985 ? Mystère. Pourtant, il s'agit là d'un disque Sony Music Germany, tout ce qu'il y a de plus officiel à première vue.
Le cas des DVD mérite aussi qu'on s'y attarde quelques instants. Les DVD qui ne comprennent que la version française ou, c'est pire, la version néérlandaise sont légion, mais au moins, dans le cas du DVD, la description sur la jaquette est précise et sans ambiguïté (quoique la qualité de l'image et du son peut varier fortement d'une édition à l'autre). Dans le même genre, il y avait ainsi une étagère pleine de DVD intitulés Mulan, Toy Story, Le Prince d'Egypte, Pocahontas,.... avec une belle jaquette dessinée, mais qui ne contiennent sans doute pas ce que l'on croit. Je serais d'ailleurs curieux de savoir ce qu'on y trouve exactement, parce que la jaquette pratique une telle langue de bois avec des descriptions à ce point sibyllines que l'on ne sait trop s'il s'agit de dessins animés faits à la va-vite sur les même thèmes, de reportages, de lectures du textes sur des images fixes,...
Mais bon, ne crachons pas trop dans la soupe car certaines bonnes affaires peuvent indéniablement être effectuées. Dans les sorties normales, j'ai acheté le 'Piano Works' de Craig Armstrong 3€ moins cher que chez le célèbre agitateur culturel installé quelques dizaines de mètres plus loin. Je suis aussi l'heureux possesseur d'un best-of Ultravox à 6.99€ qui, à première écoute, me plait beaucoup, et le fait que les best-of de Johnny Cash contiennent peu de tubes m'arrange plutôt vu que, les tubes, je les avais déjà par ailleurs. En définitive donc, à condition d'être prudent, il y aura moyen de faire des affaires et de laisser jouer la concurrence entre les différents magasins. Et puis, cela permet à tout un chacun de prendre conscience de la marge bénéficiaire pratiquée sur les produits que l'on nous vend habituellement. Je sais dorénavant que des disques vendus à 1€ peuvent être bénéficiaires. Ca fait tout de même réfléchir (un peu).
This means nothing to meeee. This means nothing to meeeeeee. Ooooooh Vienna. Yep... C'était vraiment une bonne affaire.
4 commentaires:
Y a aussi : "Dan-an-cing with tears in my eyes" ?
Yep. Et Hymn aussi, mais ce qui en fait une très bonne surprise, c'est que même parmi les chansons que je ne connaissais pas déjà (toutes sauf ces trois-là en fait), je trouve beaucoup de bonnes choses. Ca change des best-of achetés sur la foi de trois chansons imparables et où on ne trouve rien d'autre à sauver (Kim Wilde, Spandau Ballet,.....)
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