vendredi, novembre 12

Retour vers le futur

A ceux qui me faisaient remarquer que ma fascination pour la pop anglaise était maladive ou que j'aimais par principe tout ce qui passait à Top of the Pops et plaisait aux 'kids' anglais, je pouvais toujours rétorquer que je ne trouvais rien à sauver chez ceux qui furent ces trois dernières années le plus grand groupe pop en Angleterre, Busted (sauf peut-être leur BO pour The Thunderbirds, comme déjà avoué ici).

Il y a quelques années, la presse musicale anglaise nous annonçait en jubilant le retour du rock et prophétisait la mort à moyen terme de la pop-music au sens où le grand public l'entend (de Kylie Minogue à Britney Spears disons). Selon ces oiseaux de mauvais augure, la réapparition de la pop préfabriquée à la fin des années 80 n'avait été qu'une aberration passagère de l'Histoire, vouée à rendre l'âme pour laisser à nouveau la place à la "vraie musique". C'est précisément à ce moment que sont apparus Busted, tentative désespérée de producteurs pop de se recycler, et j'ai vite décidé que je ne pouvais pas en conscience cautionner un groupe dont les chansons sont aussi quelconques juste parce qu'ils les écrivent eux-mêmes, font des bonds en rythme et jouent de la guitare (et puis, dans le genre pop à guitares préfabriquée, les Hives ont toujours été plus crédibles). Cette assemblage hybride de marketing pop et d'une sorte de pseudo-punk-rock acnéique m'avait toujours semblé une union contre-nature et j'évitais soigneusement de trop m'y frotter, sans m'en porter plus mal.

Malheureusement, il y a six mois, "Bardaf ! C'est l'embardée !", comme on dit chez nous. McFly apparaît, et je succombe. Peut-être est-ce parce que la pop préfabriquée a depuis longtemps déserté son hypothétique lit de mort et que, ne la sentant plus en danger, je peux me permettre de quitter son chevet, mais j'ai directement aimé les quatre singles de McFly, sans vraiment m'émouvoir du fait que le groupe était vendu sur
1) sa parenté avec Busted
2) le fait que les quatre membres du groupe écrivent leurs propres chansons avec l'aide d'un membre de... Busted.
3) le fait qu'ils jouent tout eux-mêmes : guitare électrique (avec des gros morceaux de solos qui tachent!), basse et batterie.

Il faut dire que, même s'ils ont tous les attributs théoriques du groupe crédible, leurs campagnes de promotion visent sans scrupule le public des pré-ados et ils n'ont pas peur de jouer avec leur image de groupe préfabriqué, comme le montre la brillante vidéo de leur dernier single, Room On The Third Floor, où ils n'hésitent pas à se présenter comme un "groupe en kit" à monter soi-même (ce qui est un indéniable trait de génie).

Je ne suis heureusement pas le seul à avoir succombé (courageux, mais pas téméraire, je ne m'avance que si je suis déjà un peu entouré). Les décidément formidables rédacteurs de Playlouder.com ont fait de même dans leur chronique de l'album.

Ceci dit, tout cela me laisse avec une sourde inquiétude. En entendant Saturday night par exemple, je me demande dans quelle mesure je ne suis pas en train de me laisser abuser par le retour de The Mini-Forbans.

Un dernier petit conseil. Le forum de leur site officiel réserve quelques fous rires, avec notamment des fictions écrites par les fans et impliquant les membres du groupe qui doivent être vues pour être crues.

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