Pour ceux qui n'ont pas eu le courage d'écouter Backwater, le morceau de Brian Eno dont j'avais parlé ici en juin, il est disponible sur le mp3-blog de la Blogothèque pour quelques jours, avec trois autres titres de Eno.
Profitez-en pour aller, si ce n'est encore fait, fureter dans les coins de la Blogothèque. Les différents billets m'ont déjà fait découvrir plein de trucs intéressants (du Sarah, du Maurice, du Piers... j'en passe et des meilleurs).
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
jeudi, septembre 30
Quand on parle du loup
Le deuxième album de Patrick Wolf est terminé. Sortie prévue en février 2005. Il n'aura donc fait aucun concert en France pour promouvoir Lycanthropy. Pas étonnant dès lors que je sois encore à la recherche d'une première chronique dans la presse française.
mardi, septembre 28
Une bonne et une mauvaise nouvelle
Commençons par la mauvaise, histoire que la bonne puisse ensuite, dans une tempête de bonheur orgasmique, dissiper le brouillard épais qui étreindra votre coeur dans quelques lignes.
Un des membres de O-Zone a réenregistré sa chanson en anglais, apparemment en vue d'une sortie du disque aux Etats-Unis. Le résultat est là et fait peur à entendre. La chanson ne reprend même pas les textes originaux, textes que vous pouvez lire dans une version sous-titrée de la vidéo disponible ici. De plus, la présence d'un seul des membres du groupe laisse supposer que le groupe a déjà implosé dans d'homériques disputes pour savoir qui a droit au plus gros pourcentage.
Là, normalement, vous devriez avoir, pour une fraction de seconde, perdu toute volonté de vivre. Plus rien n'est sacré, plus rien ne se justifie. Heureusement, la bonne nouvelle est là pour redonner un sens à votre existence.
La version anglaise (qui devrait être sensiblement identique à la version européenne) du best-of de Britney Spears sera finalement beaucoup plus acceptable que la version américaine sur laquelle j'avais déversé mon fiel il y a quelques jours, avec notamment la présence confirmée de Born to make you happy.
Tant que j'y suis, la sortie de le prochaine triple compilation de remixes de Depeche Mode est annoncée ici par des passages radio répétés de la version d'Enjoy The Silence réinterprétée par Mike Shinoda. Mike Shinoda est le DJ-scratcheur-casquette à l'envers-petite barbiche ridicule de Linkin Park et, d'entendre sa version, je me me prends à percevoir une parenté évidente entre les deux groupes. Si les membres de Depeche Mode n'étaient pas nés dans la banlieue ouvrière de Londres mais à deux pas des plages de Californie (avec Martin Gore en champion de surf), auraient-ils fondé Linkin Park ? Peut-être. En tout cas, le son Linkin Park sur une chanson emblématique de Depeche Mode semble, contre toute attente, parfaitement naturel.
Un des membres de O-Zone a réenregistré sa chanson en anglais, apparemment en vue d'une sortie du disque aux Etats-Unis. Le résultat est là et fait peur à entendre. La chanson ne reprend même pas les textes originaux, textes que vous pouvez lire dans une version sous-titrée de la vidéo disponible ici. De plus, la présence d'un seul des membres du groupe laisse supposer que le groupe a déjà implosé dans d'homériques disputes pour savoir qui a droit au plus gros pourcentage.
Là, normalement, vous devriez avoir, pour une fraction de seconde, perdu toute volonté de vivre. Plus rien n'est sacré, plus rien ne se justifie. Heureusement, la bonne nouvelle est là pour redonner un sens à votre existence.
La version anglaise (qui devrait être sensiblement identique à la version européenne) du best-of de Britney Spears sera finalement beaucoup plus acceptable que la version américaine sur laquelle j'avais déversé mon fiel il y a quelques jours, avec notamment la présence confirmée de Born to make you happy.
Tant que j'y suis, la sortie de le prochaine triple compilation de remixes de Depeche Mode est annoncée ici par des passages radio répétés de la version d'Enjoy The Silence réinterprétée par Mike Shinoda. Mike Shinoda est le DJ-scratcheur-casquette à l'envers-petite barbiche ridicule de Linkin Park et, d'entendre sa version, je me me prends à percevoir une parenté évidente entre les deux groupes. Si les membres de Depeche Mode n'étaient pas nés dans la banlieue ouvrière de Londres mais à deux pas des plages de Californie (avec Martin Gore en champion de surf), auraient-ils fondé Linkin Park ? Peut-être. En tout cas, le son Linkin Park sur une chanson emblématique de Depeche Mode semble, contre toute attente, parfaitement naturel.
lundi, septembre 27
La Madonna des branchés
Après plusieurs années d'un intérêt poli pour Björk (surnommée "la Madonna des branchés" par quelques mauvaises langues), j'avais été conquis par Homogenic qui me semblait l'aboutissement de la démarche entamée avec Debut et Post et j'admirais sa capacité à créer des chansons qui fonctionnent aussi bien comme singles pop de consommation immédiate que comme fragments d'une oeuvre cohérente. A l'époque, je me repassais Bachelorette et Joga en boucle en ressassant inlassablement quelques bons vieux clichés. Je rêvais par exemple de faire le tour de l'Islande en bateau, en mangeant du poisson séché, en buvant du thé fait avec l'eau des geysers et en saluant à la mode laponne tout qui croiserait ma route dans un grand élan de communion avec la pureté de la nature dans un décor vierge et sauvage...ce genre de choses. Du coup, je voulais que l'album suivant contienne 10 Bachelorette et, à l'extrême limite, un Joga en morceau caché. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec Vespertine, on en était loin. J'ai donc eu tendance à rejeter l'album en bloc et pendant longtemps je ne l'ai plus écouté. Je ne m'y suis remis que récemment.
J'attendais donc ce nouvel album sans impatience démesurée, d'autant que, dans le même temps, il semblait que Björk avait définitivement assuré son statut de chanteuse intouchable. Pour de mystérieuses raisons, elle parvenait à bénéficier d'un succès public de grande ampleur tout en conservant son attrait auprès des snobs de tout poil (à part Radiohead, je vois mal qui d'autre parvient à concilier les deux à l'heure actuelle), et l'unanimité m'a toujours fait un peu peur.
Pourtant, bizarrement, son nouvel album, Medulla, semble avoir été accueilli un peu plus fraîchement. Les commentaires tournent souvent autour de l'idée 'Seule Björk aurait pu avoir l'idée de faire un album avec rien que des voix. C'est très bien qu'elle ait envie d'expérimenter, mais ça donne un album parfois un peu indigeste.' C'est une attitude un peu paradoxale parce que Medulla me semble plutôt plus simple d'accès que Vespertine, plus hétérogène aussi (le meilleur y côtoie le pire). On a tendance à le réduire à son gimmick (la quasi-absence d'instruments) alors que, à l'écoute, cela aurait presque tendance à passer inaperçu. Franchement, si je n'avais pas tellement lu de commentaires à ce sujet, je ne suis pas sûr que cela m'aurait frappé à la première écoute. Le disque peut s'apprécier en faisant totalement abstraction de cette petite bizarrerie.
La plupart des morceaux présente en effet une luxuriance d'arrangements qui contredit toutes les idées reçues que l'on peut abriter sur ce à quoi devrait ressembler un disque a cappella (voir Where is the line? et Pleasure is all mine par exemple). Comme souvent, il faut sans doute pour cela rendre hommage à sa capacité à bien choisir ses collaborateurs. Nous avons Dokaka (le beatboxer japonais), Shlomo (le beatboxer anglais), Rahzel (le beatboxer américain, membre de The Roots apparemment), Tagaq (une chanteuse de gorge Inuit), le Icelandic Choir et quelques autres (dont les habitués Mark Bell et Matmos). On trouve aussi deux invités a priori plus surprenants : papy Wyatt qui a la bonne idée de venir exhiber sur Submarine sa voix frêle à un public qui ne la connaîtrait pas encore, et Mike Patton qui semble résolu à lutter contre sa Midlife Crisis en participant à un morceau sur lequel on entend un beatboxing qui n'est pas sans rappeler Pop de Nsync (et ça, vous avouerez que, dans le genre faux-jeune, ça se pose là).
Le plus beau morceau de l'album est sans aucun doute 'Vokuro', qui, incidemment, semble être le seul qu'elle n'a pas composé elle-même (on le doit à une compositrice islandaise répondant au doux nom de Jorunn Vidar). Il fait un peu penser au morceau interprété par Bjork sur l'album de Hector Zazou "Chansons des mers froides", morceau que j'ai perversement longtemps considéré comme étant sa meilleure chanson.
Ceci dit, l'album n'est pas sans défauts. Desired Constellation par exemple finit, à force de chercher le dépouillement, par trouver le vide. Les morceaux où la voix de Bjork affronte seule l'auditeur, affublée seulement d'une petite mélodie mal foutue sont également tout à fait dispensables (Show me Forgiveness par exemple dont le titre semble déjà être un demi-aveu d'échec). Si on voulait à tout prix trouver une formule, on pourrait dire que le disque devient un peu laborieux lorsqu'il se rapproche de ce qu'on attend confusément d'un disque a cappella et que le minimalisme sied peu au tempérament de Björk, plus à l'aise dans la démesure et la sculpture sonore, mais tout cela ne serait que clichés indignes d'un blog de qualité. Donc, faites comme si vous n'aviez rien lu et passez à la ligne.
Il est aussi regrettable qu'elle soit incapable de se défaire de certains tics vocaux qui réapparaissent ainsi au milieu de certaines phrases, comme un vilain furoncle sur le nez d'un top-model en pleine période de défilés, par exemple ces "Ooooooooooh aaaaaaaah" qui partent brusquement vers l'aigu en milieu de phrase et dont elle s'est fait une spécialité (il y en a un bel exemple à 1:15 dans Desired Constellation).
Tout cela fait que, après une première moitié enthousiasmante, le disque s'essouffle franchement en son milieu avant de relever timidement la tête sur le dernier morceau. En conséquence, je pense que je vais profiter des facilités offertes par la technologie moderne et tirer de Medulla un EP formidable. Pour ce faire, les numéros gagnants sont : 1,3,4,6,9,12,14,7. Une demi-heure tout juste, mais quelle demi-heure !
Un dernier petit sujet d'énervement est que le livret est entièrement imprimé en noir sur noir. Ce serait formidablement arty si les titres des morceaux sur la face arrière n'étaient rigoureusement illisibles, même en lumière rasante. A moins de se détruire les yeux, il est donc plus facile d'obtenir les titres des morceaux en téléchargeant l'album sur le Web qu'en l'achetant en magasin en bon citoyen respectueux des lois. Je doute que cela soit un des objectifs d'Universal. Quant à lire les textes, je ne m'y essaye même pas. Rien que d'y penser, j'ai les yeux qui gonflent et les glandes lacrymales qui sécrètent (même si, après les deux premières pages, la couleur de fond s'éclaircit un peu et ça devient plus simple). Une fausse bonne idée donc, pour ne pas dire une vraie mauvaise.
J'attendais donc ce nouvel album sans impatience démesurée, d'autant que, dans le même temps, il semblait que Björk avait définitivement assuré son statut de chanteuse intouchable. Pour de mystérieuses raisons, elle parvenait à bénéficier d'un succès public de grande ampleur tout en conservant son attrait auprès des snobs de tout poil (à part Radiohead, je vois mal qui d'autre parvient à concilier les deux à l'heure actuelle), et l'unanimité m'a toujours fait un peu peur.
Pourtant, bizarrement, son nouvel album, Medulla, semble avoir été accueilli un peu plus fraîchement. Les commentaires tournent souvent autour de l'idée 'Seule Björk aurait pu avoir l'idée de faire un album avec rien que des voix. C'est très bien qu'elle ait envie d'expérimenter, mais ça donne un album parfois un peu indigeste.' C'est une attitude un peu paradoxale parce que Medulla me semble plutôt plus simple d'accès que Vespertine, plus hétérogène aussi (le meilleur y côtoie le pire). On a tendance à le réduire à son gimmick (la quasi-absence d'instruments) alors que, à l'écoute, cela aurait presque tendance à passer inaperçu. Franchement, si je n'avais pas tellement lu de commentaires à ce sujet, je ne suis pas sûr que cela m'aurait frappé à la première écoute. Le disque peut s'apprécier en faisant totalement abstraction de cette petite bizarrerie.
La plupart des morceaux présente en effet une luxuriance d'arrangements qui contredit toutes les idées reçues que l'on peut abriter sur ce à quoi devrait ressembler un disque a cappella (voir Where is the line? et Pleasure is all mine par exemple). Comme souvent, il faut sans doute pour cela rendre hommage à sa capacité à bien choisir ses collaborateurs. Nous avons Dokaka (le beatboxer japonais), Shlomo (le beatboxer anglais), Rahzel (le beatboxer américain, membre de The Roots apparemment), Tagaq (une chanteuse de gorge Inuit), le Icelandic Choir et quelques autres (dont les habitués Mark Bell et Matmos). On trouve aussi deux invités a priori plus surprenants : papy Wyatt qui a la bonne idée de venir exhiber sur Submarine sa voix frêle à un public qui ne la connaîtrait pas encore, et Mike Patton qui semble résolu à lutter contre sa Midlife Crisis en participant à un morceau sur lequel on entend un beatboxing qui n'est pas sans rappeler Pop de Nsync (et ça, vous avouerez que, dans le genre faux-jeune, ça se pose là).
Le plus beau morceau de l'album est sans aucun doute 'Vokuro', qui, incidemment, semble être le seul qu'elle n'a pas composé elle-même (on le doit à une compositrice islandaise répondant au doux nom de Jorunn Vidar). Il fait un peu penser au morceau interprété par Bjork sur l'album de Hector Zazou "Chansons des mers froides", morceau que j'ai perversement longtemps considéré comme étant sa meilleure chanson.
Ceci dit, l'album n'est pas sans défauts. Desired Constellation par exemple finit, à force de chercher le dépouillement, par trouver le vide. Les morceaux où la voix de Bjork affronte seule l'auditeur, affublée seulement d'une petite mélodie mal foutue sont également tout à fait dispensables (Show me Forgiveness par exemple dont le titre semble déjà être un demi-aveu d'échec). Si on voulait à tout prix trouver une formule, on pourrait dire que le disque devient un peu laborieux lorsqu'il se rapproche de ce qu'on attend confusément d'un disque a cappella et que le minimalisme sied peu au tempérament de Björk, plus à l'aise dans la démesure et la sculpture sonore, mais tout cela ne serait que clichés indignes d'un blog de qualité. Donc, faites comme si vous n'aviez rien lu et passez à la ligne.
Il est aussi regrettable qu'elle soit incapable de se défaire de certains tics vocaux qui réapparaissent ainsi au milieu de certaines phrases, comme un vilain furoncle sur le nez d'un top-model en pleine période de défilés, par exemple ces "Ooooooooooh aaaaaaaah" qui partent brusquement vers l'aigu en milieu de phrase et dont elle s'est fait une spécialité (il y en a un bel exemple à 1:15 dans Desired Constellation).
Tout cela fait que, après une première moitié enthousiasmante, le disque s'essouffle franchement en son milieu avant de relever timidement la tête sur le dernier morceau. En conséquence, je pense que je vais profiter des facilités offertes par la technologie moderne et tirer de Medulla un EP formidable. Pour ce faire, les numéros gagnants sont : 1,3,4,6,9,12,14,7. Une demi-heure tout juste, mais quelle demi-heure !
Un dernier petit sujet d'énervement est que le livret est entièrement imprimé en noir sur noir. Ce serait formidablement arty si les titres des morceaux sur la face arrière n'étaient rigoureusement illisibles, même en lumière rasante. A moins de se détruire les yeux, il est donc plus facile d'obtenir les titres des morceaux en téléchargeant l'album sur le Web qu'en l'achetant en magasin en bon citoyen respectueux des lois. Je doute que cela soit un des objectifs d'Universal. Quant à lire les textes, je ne m'y essaye même pas. Rien que d'y penser, j'ai les yeux qui gonflent et les glandes lacrymales qui sécrètent (même si, après les deux premières pages, la couleur de fond s'éclaircit un peu et ça devient plus simple). Une fausse bonne idée donc, pour ne pas dire une vraie mauvaise.
samedi, septembre 25
Guess who's back !
Peut-être est-ce déjà une info faisandée, mais le nouveau single d'Eminem est en écoute sur son site officiel. De persistantes rumeurs annoncent que la vidéo accompagnant le morceau va faire beaucoup parler d'elle. Je crains que ce brave Marshall ait bien besoin de ce petit coup de pouce publicitaire, parce qu'après une poignée d'écoutes, je suis franchement dubitatif sur la chanson.
Sinon, sur ma page de référence en ce qui concerne les clips vidéos, on peut écouter (et voir) le single de Alcazar (rappelez-vous "Crying at the Discotheque"). "This is the world we live in" mélange de façon monstrueuse "Upside Down" de Diana Ross et "Land of Confusion" de Genesis, et c'est à fuir. Pour ne rien arranger, on apprend sur la même page que Dido se lance dans la dance music et que Rachel Stevens tente de devenir la nouvelle Kylie.
Ce sont deux mauvaises idées.
On peut aussi arriver à cette consternante conclusion. Il suffit dorénavant d'une mélodie de 10 secondes et d'une vidéo avec de la fesse frétillante pour faire un carton mondial. Après Benny Benassi et son catalogue des travaux publics, voici donc Eric Prydz et ses séances d'aérobic. Un jour, Daft Punk comparaîtra devant un tribunal pénal international pour avoir ainsi lancé la mode de ces morceaux dance qui tournent à vide et ne fonctionnent que grâce à l'image. Quand je veux piquer une petite colère rentrée pour me changer les idées, je les imagine souvent dans leur loft Versaillais.
"Around the world, around the woorld. Around the world, arouund the woorld". Et voilà, c'est dans la boîte, Guigui. On n'a plus qu'à programmer la boucle et appeller Gondry. A nous les royalties, et tu verras, si ça se trouve, dans 10 ans, on nous dira que nous avons révolutionné la musique avec nos conneries. On est vraiment trop forts."
Heureusement, lorsque la pop me laisse ainsi lâchement tomber, Nick Cave, Björk, Post Industrial Boys, Interpol et les autres sont là pour me remonter le moral. J'espère parler plus longuement de tout cela dans les prochains jours.
Sinon, sur ma page de référence en ce qui concerne les clips vidéos, on peut écouter (et voir) le single de Alcazar (rappelez-vous "Crying at the Discotheque"). "This is the world we live in" mélange de façon monstrueuse "Upside Down" de Diana Ross et "Land of Confusion" de Genesis, et c'est à fuir. Pour ne rien arranger, on apprend sur la même page que Dido se lance dans la dance music et que Rachel Stevens tente de devenir la nouvelle Kylie.
Ce sont deux mauvaises idées.
On peut aussi arriver à cette consternante conclusion. Il suffit dorénavant d'une mélodie de 10 secondes et d'une vidéo avec de la fesse frétillante pour faire un carton mondial. Après Benny Benassi et son catalogue des travaux publics, voici donc Eric Prydz et ses séances d'aérobic. Un jour, Daft Punk comparaîtra devant un tribunal pénal international pour avoir ainsi lancé la mode de ces morceaux dance qui tournent à vide et ne fonctionnent que grâce à l'image. Quand je veux piquer une petite colère rentrée pour me changer les idées, je les imagine souvent dans leur loft Versaillais.
"Around the world, around the woorld. Around the world, arouund the woorld". Et voilà, c'est dans la boîte, Guigui. On n'a plus qu'à programmer la boucle et appeller Gondry. A nous les royalties, et tu verras, si ça se trouve, dans 10 ans, on nous dira que nous avons révolutionné la musique avec nos conneries. On est vraiment trop forts."
Heureusement, lorsque la pop me laisse ainsi lâchement tomber, Nick Cave, Björk, Post Industrial Boys, Interpol et les autres sont là pour me remonter le moral. J'espère parler plus longuement de tout cela dans les prochains jours.
jeudi, septembre 23
"Self-satisfied petty bourgeois"
Une critique très intéressante de la représentation du Cuirassé Potemkine dont j'ai parlé ici il y a quelques jours est apparue sur le World Socialist Web Site. Clairement, la musique pop ne fait pas partie des préoccupations principales des responsables du site. Ils ne se gênent pourtant pas pour lapidairement résumer la carrière des PSB et leur musique, sujets dont ils ne savent clairement pas grand chose. Cela rend un peu moins percutante leur (légitime) accusation selon laquelle les Pet Shop Boys n'étaient sans doute pas suffisamment informés des événements de 1905 pour pouvoir faire justice au propos du film. Cependant, tout ce qui concerne l'interprétation politique du film est assez bien vu, leurs remarques sur l'adéquation entre la musique et les images aussi, et le dernier paragraphe est un formidable exemple de taillage en pièces.
Pour relativiser tout cela, je rappelle que les Pet Shop Boys ont écrit ce qui restera sans doute la plus belle chanson sur les désillusions qui suivirent l'expérience communiste, en tentant d'imaginer les états d'âme d'un Chostakovich repensant, après coup, à ses engagements passés.
Pour relativiser tout cela, je rappelle que les Pet Shop Boys ont écrit ce qui restera sans doute la plus belle chanson sur les désillusions qui suivirent l'expérience communiste, en tentant d'imaginer les états d'âme d'un Chostakovich repensant, après coup, à ses engagements passés.
mardi, septembre 21
Le titre d'album du jour
"Hurrah! Another year, surely this one will be better than the last; the inexorable march of progress will lead us all to happiness..." par Youthmovie Soundtrack Strategies. Ce serait du post-rock burné si on en croit le CR de leur concert dans le NME. Je vais tenter de trouver ça.
De l'absence et de la nécessité du lien social
Ce blog fonctionne essentiellement en autarcie, et je n'ai jamais vraiment pris le temps de m'intéresser à ce que font les autres bloggeurs ou à tenter de trouver ma place parmi eux. En fait, je me suis lancé dans cette aventure un peu par hasard.
Au départ, je voulais juste poster un commentaire sur No Rock&Roll Fun, et en moins de temps qu'il n'en faut pour remplir deux formulaires, je me suis retrouvé avec un blog rien qu'à moi, tout propret avec sa belle présentation, sa jolie police de caractères et son adresse perso. La pensée de le laisser à l'abandon m'est vite devenue insupportable. Pourtant, je ne dispose a priori pas d'énormément de temps pour m'y consacrer (j'ai après tout une thèse à rendre pour décembre). Dès lors, je préfère me concentrer sur la rédaction des billets plutôt que sur l'exploration du monde extérieur. C'est ce qui explique notamment la pauvreté affligeante de ma colonne de liens (ça et le fait que je ne suis jamais parvenu à les incorporer comme je le voudrais dans mon modèle HTML). De plus, je crois, à tort ou à raison, que la plupart des gens qui atterrissent ici sont mieux informés que moi sur toutes ces questions. Pour les autres, je pourrais en fait me contenter de citer un lien, celui de la Blogothèque, d'abord parce que sa richesse et son professionalisme en font une sorte de fringant étalon des blogs musicaux francophones, ensuite parce que la myriade de liens que l'on y trouve recoupe assez largement la liste des blogs francophones que je consulte moi-même.
Cette référence était devenue d'autant plus inévitable que j'ai eu l'honneur et le privilège d'être approché pour collaborer au tout nouveau mp3-blog inauguré hier par leurs animateurs.
Au départ, je voulais juste poster un commentaire sur No Rock&Roll Fun, et en moins de temps qu'il n'en faut pour remplir deux formulaires, je me suis retrouvé avec un blog rien qu'à moi, tout propret avec sa belle présentation, sa jolie police de caractères et son adresse perso. La pensée de le laisser à l'abandon m'est vite devenue insupportable. Pourtant, je ne dispose a priori pas d'énormément de temps pour m'y consacrer (j'ai après tout une thèse à rendre pour décembre). Dès lors, je préfère me concentrer sur la rédaction des billets plutôt que sur l'exploration du monde extérieur. C'est ce qui explique notamment la pauvreté affligeante de ma colonne de liens (ça et le fait que je ne suis jamais parvenu à les incorporer comme je le voudrais dans mon modèle HTML). De plus, je crois, à tort ou à raison, que la plupart des gens qui atterrissent ici sont mieux informés que moi sur toutes ces questions. Pour les autres, je pourrais en fait me contenter de citer un lien, celui de la Blogothèque, d'abord parce que sa richesse et son professionalisme en font une sorte de fringant étalon des blogs musicaux francophones, ensuite parce que la myriade de liens que l'on y trouve recoupe assez largement la liste des blogs francophones que je consulte moi-même.
Cette référence était devenue d'autant plus inévitable que j'ai eu l'honneur et le privilège d'être approché pour collaborer au tout nouveau mp3-blog inauguré hier par leurs animateurs.
France - Rachel 1-1
J'ai la fâcheuse tendance, à quelques exceptions près, de ne pas prêter attention aux paroles des chansons que j'écoute. Lorsqu'il s'agit de textes en anglais, on pourrait mettre cela sur le dos de la paresse (la prononciation du chanteur anglo-saxon moyen est en-dessous de tout), mais même en Français, lorsque la compréhension de textes ne me demande presque aucun effort, j'ai tendance à ne pas considérer ce qui est dit comme réellement essentiel. A ma décharge, dans 90% des cas, les textes d'une chanson n'ont effectivement aucun intérêt. Qui irait par exemple prétendre que les textes de Franz Ferdinand, des Strokes, des Nits, de Britney Spears ou de Mogwai sont la principale cause de leur succès ? Les chroniques de disques passent également le plus souvent cet aspect sous silence. Le rap fait pour des raisons évidentes exception et seuls Eminem et The Streets m'ont ces dernières années donné envie de m'intéresser à leurs textes.
En-dehors de cela, il faut en général qu'un événement extérieur mette les paroles en lumière pour que je daigne m'y intéresser. Ainsi, cette inteview récente dans le NME où Rachel Stevens se voit expliquer la signification de ce qu'elle chantait sans réfléchir depuis des semaines et ne peut que dire "Oh mon Dieu. Vous avez raison. Je n'avais pas compris ça."
Si la légende dit vrai, elle rejoint ainsi France Gall au panthéon des chanteuses dont la candeur a été scandaleusement abusée par des paroliers libidineux.
En-dehors de cela, il faut en général qu'un événement extérieur mette les paroles en lumière pour que je daigne m'y intéresser. Ainsi, cette inteview récente dans le NME où Rachel Stevens se voit expliquer la signification de ce qu'elle chantait sans réfléchir depuis des semaines et ne peut que dire "Oh mon Dieu. Vous avez raison. Je n'avais pas compris ça."
Si la légende dit vrai, elle rejoint ainsi France Gall au panthéon des chanteuses dont la candeur a été scandaleusement abusée par des paroliers libidineux.
vendredi, septembre 17
Avez-vous déjà fait ce cauchemar ?
Vous êtes tranquillement installé chez vous. Vous sirotez une boisson alcoolisée (ou non, selon votre bon plaisir) en feuilletant un exemplaire du catalogue Ikea. Un bonheur domestique pur, sans soucis, avec juste ce qu'il faut de perspective d'avenir pour ne pas étouffer sur place. Soudain, le téléphone sonne :
"Bonjour, je suis bien chez Monsieur ou Madame Trucmuche ? Oui ? C'est Europe 7 qui vous appelle pour le grand jeu de la Malette. La malette contient aujourd'hui 657 574 euros. Cette somme est à vous si vous pouvez me répondre à cette question. Vous avez cinq secondes. Citez le nom du groupe ayant enregistré récemment un formidable disque qui mêle à la fois une voix nonchalante mi-chantée, mi-parlée qui évoque Leonard Cohen, les rythmiques et les voix féminines de Broadcast et l'excès d'émotion du fado, le tout dans une langue qui a tout l'air d'être slave, mais pourrait tout aussi bien être scandinave. Top chrono."
Un. Tic tac. Deux. Tac toc. Trois. Toc Tuc. Quatre. Tuc tec. Cinq. Tec Tic.
"Vous ne voyez pas ? Quel dommage... Mais vous qui êtes à l'écoute, réjouissez-vous. Cela signifie que nous remettrons cette somme en jeu demain lors d'une nouvelle édition de la Malette.. En attendant, voici une nouveauté qui rappelle le premier single des Sugababes. C'est the 411, avec Dumb. Restez branchés sur Europe 7."
Puis il raccroche, sans que vous ayez pu proférer le moindre son.
C'est là que vous vous réveillez en sueur, terrifié à l'idée que ce rêve puisse être prémonitoire et que cette somme d'argent va réellement vous passer sous le nez pendant la journée.
Et bien, ne paniquez plus. Si par extraordinaire votre téléphone devait sonner, vous saurez quoi répondre. Cet album improbable, qui est à la musique ce que l'archéoptéryx est au monde animal (une aberration), a été enregistré par Post Industrial Boys. Je ne sais strictement rien d'eux, et Google n'est pas très coopératif pour le coup. Espérons donc qu'il n'y ait pas de questions subsidiaires du genre : "D'où viennent-ils ? Combien sont-ils ? Est-ce qu'ils aiment la mousse au chocolat ?". Sinon, vos projets de vacances à Tahiti pourraient bien quand même tomber à l'eau, ce qui serait dommage.
"Bonjour, je suis bien chez Monsieur ou Madame Trucmuche ? Oui ? C'est Europe 7 qui vous appelle pour le grand jeu de la Malette. La malette contient aujourd'hui 657 574 euros. Cette somme est à vous si vous pouvez me répondre à cette question. Vous avez cinq secondes. Citez le nom du groupe ayant enregistré récemment un formidable disque qui mêle à la fois une voix nonchalante mi-chantée, mi-parlée qui évoque Leonard Cohen, les rythmiques et les voix féminines de Broadcast et l'excès d'émotion du fado, le tout dans une langue qui a tout l'air d'être slave, mais pourrait tout aussi bien être scandinave. Top chrono."
Un. Tic tac. Deux. Tac toc. Trois. Toc Tuc. Quatre. Tuc tec. Cinq. Tec Tic.
"Vous ne voyez pas ? Quel dommage... Mais vous qui êtes à l'écoute, réjouissez-vous. Cela signifie que nous remettrons cette somme en jeu demain lors d'une nouvelle édition de la Malette.. En attendant, voici une nouveauté qui rappelle le premier single des Sugababes. C'est the 411, avec Dumb. Restez branchés sur Europe 7."
Puis il raccroche, sans que vous ayez pu proférer le moindre son.
C'est là que vous vous réveillez en sueur, terrifié à l'idée que ce rêve puisse être prémonitoire et que cette somme d'argent va réellement vous passer sous le nez pendant la journée.
Et bien, ne paniquez plus. Si par extraordinaire votre téléphone devait sonner, vous saurez quoi répondre. Cet album improbable, qui est à la musique ce que l'archéoptéryx est au monde animal (une aberration), a été enregistré par Post Industrial Boys. Je ne sais strictement rien d'eux, et Google n'est pas très coopératif pour le coup. Espérons donc qu'il n'y ait pas de questions subsidiaires du genre : "D'où viennent-ils ? Combien sont-ils ? Est-ce qu'ils aiment la mousse au chocolat ?". Sinon, vos projets de vacances à Tahiti pourraient bien quand même tomber à l'eau, ce qui serait dommage.
jeudi, septembre 16
Pfffff
Même après plusieurs relectures, il reste dans mes billets des fautes d'orthographe grosses comme les piles d'invendus des disques de la Star Ac (4 rien que dans le message précédent). N'hésitez jamais à me les signaler. L'idée qu'il en reste sans doute encore des dizaines me rend malade.
Et ce n'est pas la nouvelle vidéo de Britney Spears qui va arranger les choses. C'est une reprise de My Prerogative qui fut, si je ne m'abuse, initialement interprété par Mr Whitney Houston. Tout comme sa version de "I Love Rock'n'Roll", c'est d'un pitoyable qui confine au n'importe quoi. Elle n'est décidément pas faite pour chanter les chansons des autres.
Vous vouliez encore une autre raison de déprimer en songeant à la future Mme Federline ? Pas de problème. La liste des morceaux repris sur sa compilation à paraître en novembre vient d'être rendue publique. Non seulement on n'y trouve pas le meilleur des singles issus des deux premiers albums (Born to make you happy), mais en plus sa pièce maîtresse (Overprotected) apparaît dans une version remix (que j'avoue ne pas connaître, mais qui ne pourra jamais être aussi admirablement produite que l'originale).
Sa maison de disques tenait là une bonne occasion de refourguer tous les tubes d'un coup à la multitude de gens qui aiment secrètement les chansons mais se seraient fait tatouer "I love Demis Roussos" sur le front plutôt que de les acheter un à un. Pourtant, elle semble préférer l'option "Refourguons-leur n'importe quoi, on en vendra toujours bien quelques-uns." Conséquence directe ; le boycott et la réinstallation de Kazaa pour se créer une compilation à la hauteur du répertoire.
Non mais.
Et ce n'est pas la nouvelle vidéo de Britney Spears qui va arranger les choses. C'est une reprise de My Prerogative qui fut, si je ne m'abuse, initialement interprété par Mr Whitney Houston. Tout comme sa version de "I Love Rock'n'Roll", c'est d'un pitoyable qui confine au n'importe quoi. Elle n'est décidément pas faite pour chanter les chansons des autres.
Vous vouliez encore une autre raison de déprimer en songeant à la future Mme Federline ? Pas de problème. La liste des morceaux repris sur sa compilation à paraître en novembre vient d'être rendue publique. Non seulement on n'y trouve pas le meilleur des singles issus des deux premiers albums (Born to make you happy), mais en plus sa pièce maîtresse (Overprotected) apparaît dans une version remix (que j'avoue ne pas connaître, mais qui ne pourra jamais être aussi admirablement produite que l'originale).
Sa maison de disques tenait là une bonne occasion de refourguer tous les tubes d'un coup à la multitude de gens qui aiment secrètement les chansons mais se seraient fait tatouer "I love Demis Roussos" sur le front plutôt que de les acheter un à un. Pourtant, elle semble préférer l'option "Refourguons-leur n'importe quoi, on en vendra toujours bien quelques-uns." Conséquence directe ; le boycott et la réinstallation de Kazaa pour se créer une compilation à la hauteur du répertoire.
Non mais.
mardi, septembre 14
P(otemkine) S(oundtrack) B(onanza)
Lorsque j'ai appris que les Pet Shop Boys avaient composé une bande originale pour 'Le Cuirassé Potemkine' et allaient la présenter lors d'un concert gratuit à Trafalgar Square, l'idée m'a frappé comme étant éminemment PSBienne, empreinte de cette volonté de combler le vide entre la culture pop et les art dits nobles. Ce mélange des genres n'a pourtant pas été hier soir sans présenter quelques inconvénients. Les spectateurs étaient nombreux (entre 15.000 et 25.000 spectateurs selon les estimations même si j'ai du mal à concevoir comment ne serait-ce que 10.000 personnes auraient pu s'entasser dans le peu d'espace disponible) et n'étaient pas tous là pour les mêmes raisons.
On pouvait distinguer quatre grands types de publics. D'abord, le cinéphile, situé à distance respectable de la scène pour mieux voir, petites lunettes rondes, un exemplaire de Sight&Sound dépassant de la poche intérieure de sa veste en daim, trop heureux de pouvoir regarder le film sur un écran géant. Ensuite, il y avait les fans des Pet Shop Boys, souvent la petite trentaine, habillés de tee-shirts distinctifs, massés dans les premiers rangs et venus découvrir 75 minutes de musique originale pour pas un rond (si ce n'est évidemment le prix du voyage, du parking et de l'hôtel éventuel, ce qui donne un sens tout relatif au terme 'pas un rond'). On pouvait ainsi repérer, collés à la scène, des Allemands, des Américains, des Hongrois, beaucoup de Hongrois, des Belges, des Français, des Néérlandais, des Anglais, des Suisses, des Danois, et sans doute beaucoup d'autres fans venus des quatre coins du monde pour assister à l'événement. Ensuite, il y avait, enfermés dans leur enclos privé sur les escaliers, les journalistes, les officiels et les VIP venus voir le nouveau projet de l'ICA (Institute of Contemporary Arts). Enfin, nous avions les activistes politiques auxquels la présentation précédant le film était destinée. Elle commença par un type debout sur une estrade en train de haranguer la foule et d'énumérer quelques-unes des 1700 et quelques manifestations qui se sont déroulées sur Trafalgar Square depuis sa construction (Reclaim The Streets, les manifestations contre la guerre en Irak ou au Viet-Nam, contre la Poll Tax thatchérienne, pour l'Irlande du Nord, pour les mineurs grévistes, etc....) avant de nous expliquer qu'Engels avait résidé quelques centaines de mètres plus loin lors de son séjour à Londres, le tout sur fond d'images édifiantes marquées du poing rouge de la colère (la phrase "50% de la population mondiale vit sous le seuil de pauvreté" est bien apparue dix fois sur l'écran) et entrecoupé de phrases (apparemment) extraites du Manifeste du Parti Communiste. Il ne semblait pas y avoir le moindre embryon de distance par rapport au discours, ce qui, pour un événement financé en partie par des deniers publics, m'a sur le moment même un peu surpris. Sans doute faut-il y voir la preuve que les slogans révolutionnaires ne font plus peur à personne et que le pourcentage de la population souhaitant une réforme radicale de la société est devenu tellement faible que les propos insurrectionnels ne sont plus que des colifichets à la mode, sans aucun pouvoir subversif.
Lorsque le film commença, un désavantage évident de notre position proche de la scène fut rapidement révélé. Il fallait lever les yeux vers le ciel pour voir le film et très vite j'ai eu mal au cou. D'un autre côté, cela signifiait que tout l'écran était visible, ce qui ne fut apparemment pas le cas pour les spectateurs situés plus en arrière, dont le champ de vision était envahi de parapluies ouverts. Je ne vais pas m'étendre ici sur le film qui était assez semblable au souvenir que j'en avais, soit, en gros : "Vive la révolution. Quoi ? Manger des asticots ? Vous n'y pensez pas. Arrêtez de tirer, messieurs les soldats. Regardez ce que vous avez fait à mon fils. Aaah ! Un landau dévale les escaliers. Pif paf. Hourra, camarades, nous avons gagné." Certes, même avec le recul de l'Histoire, il conserve un vrai pouvoir de galvanisation et de propagande mais j'ai du mal à m'investir totalement dans la vision d'une oeuvre que son époque éloigne irrémédiablement de moi.
Reste donc la musique, principale raison de ma présence. Créer une bande originale de film est un exercice compliqué, surtout quand le film est aussi connu et que l'on porte un nom aussi connoté que celui des Pet Shop Boys. Un équilibre délicat doit être trouvé et il aurait sans doute été impossible de contenter tout le monde. Les cinéphiles allaient crier au scandale si une musique trop envahissante dénaturait le film ou son propos (il n'est qu'à voir les tombereaux d'injures qui ont accueilli la nouvelle partition écrite par Giorgio Moroder pour Metropolis). Ceux venus pour entendre la nouvelle oeuvre des PSB allaient quant à eux critiquer leur manque d'inspiration si la musique semblait ne pas se suffire à elle-même.
Pour ma part, je pense qu'ils se sont plutôt bien tirés de cet écueil. La synchronisation entre la musique et les images était parfaite et le lien qui les unissait était en général évident. Seule l'insertion de trois chansons au cours du film m'a semblé poser problème. La voix de Neil Tennant est tellement reconnaissable que l'on ne peut s'empêcher de la dissocier du film. De plus, je ne suis pas sûr de voir en quoi la phrase 'How come we went to war?' chantée pendant le massacre perpétré par les troupes du Tsar sur les escaliers d'Odessa entre en résonance avec celui-ci. Je comprends bien qu'ils aient été tentés d'imposer leur marque sur LA séquence emblématique du film, mais je ne suis pas sûr qu'ils s'y soient pris de la meilleure manière. La qualité de la chanson n'est pas en cause, mais peut-être aurait-elle été plus à sa place en-dehors du film, dans un pré- ou post-générique par exemple. Heureusement, les passages chantés représentaient moins de dix minutes au total et étaient dans leur ensemble moins discutables.
La plus grande partie de la musique est dominée par l'électronique et les cordes du Dresdner Sinfoniker servaient principalement à donner à l'ensemble un ton plus organique, plus humain. Neil a expliqué dans une interview qu'ils avaient eu du mal à trouver un équilibre entre les tentations dissonantes de Torsten Rasch (le compositeur contemporain avec lequel ils ont collaboré) et leur propre sensibilité. Il semblerait donc que ce soit finalement eux qui aient imposé leurs vues. Ceci dit, cette impression pourrait aussi provenir du son durant le spectacle vu que l'orchestre semblait toujours un peu couvert par les machines. Il faudrait entendre l'enregistrement studio pour mieux juger.
Les noms évoqués dans la presse pour décrire la musique sont Soft Machine, Klaus Schulze, Orbital ou Jean-Michel Jarre. Je ne suis pas sûr qu'un de ces noms soit en lui-même un point de comparaison indiscutable mais, pris dans leur ensemble, ils délimitent assez bien l'ensemble de ceux qui peuvent venir à l'esprit durant ces 73 minutes de musique (Vangelis, µ-Ziq et Digitonal pour ma part, avec un soupçon de Peter Rauhofer, via un sample de son remix de 'I don't know what you want...'). Afin de ne pas trop distraire le spectateur de ce qui se passe sur l'écran, les Pet Shop Boys emploient beaucoup la répétition des mêmes motifs, au sein desquels des variations lentes et progressives servent à illustrer le propos du film. Les meilleurs passages pour moi correspondent à l'émeute des marins sur le Potemkine et aux préparatifs de la bataille navale (à la toute fin du film), passages pour lesquels la musique et les images font véritablement corps. Evidemment, rien n'étant parfait en ce bas monde, il y eut quelques moments où je fus moins convaincu, mais en général, à peine avais-je le temps de me dire "Ah, ça c'est pas terrible." qu'ils étaient déjà passés à autre chose.
Deux jours plus tard, mon impression globale est franchement positive. Ils ont réussi à créer un accompagnement sonore qui porte la griffe PSB, mais ne dénature pas l'esprit du film, ce qui semble indiquer que la greffe de la musique électronique sur un film de 1925 a bien pris. On peut d'autant moins parler de trahison que Eisenstein lui-même avait apparemment exprimé le souhait que l'on réécrive une nouvelle bande originale tous les dix ans, histoire que le film conserve sa modernité. Pourtant, je me garderai bien pour l'instant de crier au chef-d'oeuvre. J'aurais besoin pour cela de 2-3 écoutes supplémentaires. Le CD (ou le DVD ?) devrait sortir en février si tout va bien.
Comme à chaque fois que je vais voir un concert des Pet Shop Boys, j'ai ensuite pris un plaisir coupable à jouer au petit jeu du chat et de la souris avec Neil et Chris (les deux membres du groupe). Où sont-ils allés après le concert ? Aura-t-on la possibilité de les féliciter de vive voix ? De leur poser des questions ? D'avoir un autographe ? Même si la perspective d'un autographe ne me fait plus guère saliver (une fois qu'on en a un, on les a tous), il y a un côté gratuit à cette quête rituelle d'après-concert et cela génère un sentiment d'appartenance à un groupe (ce que Neil et Chris appellent eux-mêmes la communauté des Petheads) qui me met toujours un petit sourire aux lèvres. De plus, quand le sentiment du ridicule de la chose devient trop grand pour être ignoré, je me dis que je ne fais que suivre mes amis de peur de les perdre avant le voyage retour et que je ne suis évidemment pas empli de la même frénésie qu'eux. En général, ça me rassure et je peux me remettre à courir.
Comme il n'y a que quelques lettres de différence entre Eisenstein et Einstein, je vous laisse méditer le caractère relatif des impressions humaines.
On pouvait distinguer quatre grands types de publics. D'abord, le cinéphile, situé à distance respectable de la scène pour mieux voir, petites lunettes rondes, un exemplaire de Sight&Sound dépassant de la poche intérieure de sa veste en daim, trop heureux de pouvoir regarder le film sur un écran géant. Ensuite, il y avait les fans des Pet Shop Boys, souvent la petite trentaine, habillés de tee-shirts distinctifs, massés dans les premiers rangs et venus découvrir 75 minutes de musique originale pour pas un rond (si ce n'est évidemment le prix du voyage, du parking et de l'hôtel éventuel, ce qui donne un sens tout relatif au terme 'pas un rond'). On pouvait ainsi repérer, collés à la scène, des Allemands, des Américains, des Hongrois, beaucoup de Hongrois, des Belges, des Français, des Néérlandais, des Anglais, des Suisses, des Danois, et sans doute beaucoup d'autres fans venus des quatre coins du monde pour assister à l'événement. Ensuite, il y avait, enfermés dans leur enclos privé sur les escaliers, les journalistes, les officiels et les VIP venus voir le nouveau projet de l'ICA (Institute of Contemporary Arts). Enfin, nous avions les activistes politiques auxquels la présentation précédant le film était destinée. Elle commença par un type debout sur une estrade en train de haranguer la foule et d'énumérer quelques-unes des 1700 et quelques manifestations qui se sont déroulées sur Trafalgar Square depuis sa construction (Reclaim The Streets, les manifestations contre la guerre en Irak ou au Viet-Nam, contre la Poll Tax thatchérienne, pour l'Irlande du Nord, pour les mineurs grévistes, etc....) avant de nous expliquer qu'Engels avait résidé quelques centaines de mètres plus loin lors de son séjour à Londres, le tout sur fond d'images édifiantes marquées du poing rouge de la colère (la phrase "50% de la population mondiale vit sous le seuil de pauvreté" est bien apparue dix fois sur l'écran) et entrecoupé de phrases (apparemment) extraites du Manifeste du Parti Communiste. Il ne semblait pas y avoir le moindre embryon de distance par rapport au discours, ce qui, pour un événement financé en partie par des deniers publics, m'a sur le moment même un peu surpris. Sans doute faut-il y voir la preuve que les slogans révolutionnaires ne font plus peur à personne et que le pourcentage de la population souhaitant une réforme radicale de la société est devenu tellement faible que les propos insurrectionnels ne sont plus que des colifichets à la mode, sans aucun pouvoir subversif.
Lorsque le film commença, un désavantage évident de notre position proche de la scène fut rapidement révélé. Il fallait lever les yeux vers le ciel pour voir le film et très vite j'ai eu mal au cou. D'un autre côté, cela signifiait que tout l'écran était visible, ce qui ne fut apparemment pas le cas pour les spectateurs situés plus en arrière, dont le champ de vision était envahi de parapluies ouverts. Je ne vais pas m'étendre ici sur le film qui était assez semblable au souvenir que j'en avais, soit, en gros : "Vive la révolution. Quoi ? Manger des asticots ? Vous n'y pensez pas. Arrêtez de tirer, messieurs les soldats. Regardez ce que vous avez fait à mon fils. Aaah ! Un landau dévale les escaliers. Pif paf. Hourra, camarades, nous avons gagné." Certes, même avec le recul de l'Histoire, il conserve un vrai pouvoir de galvanisation et de propagande mais j'ai du mal à m'investir totalement dans la vision d'une oeuvre que son époque éloigne irrémédiablement de moi.
Reste donc la musique, principale raison de ma présence. Créer une bande originale de film est un exercice compliqué, surtout quand le film est aussi connu et que l'on porte un nom aussi connoté que celui des Pet Shop Boys. Un équilibre délicat doit être trouvé et il aurait sans doute été impossible de contenter tout le monde. Les cinéphiles allaient crier au scandale si une musique trop envahissante dénaturait le film ou son propos (il n'est qu'à voir les tombereaux d'injures qui ont accueilli la nouvelle partition écrite par Giorgio Moroder pour Metropolis). Ceux venus pour entendre la nouvelle oeuvre des PSB allaient quant à eux critiquer leur manque d'inspiration si la musique semblait ne pas se suffire à elle-même.
Pour ma part, je pense qu'ils se sont plutôt bien tirés de cet écueil. La synchronisation entre la musique et les images était parfaite et le lien qui les unissait était en général évident. Seule l'insertion de trois chansons au cours du film m'a semblé poser problème. La voix de Neil Tennant est tellement reconnaissable que l'on ne peut s'empêcher de la dissocier du film. De plus, je ne suis pas sûr de voir en quoi la phrase 'How come we went to war?' chantée pendant le massacre perpétré par les troupes du Tsar sur les escaliers d'Odessa entre en résonance avec celui-ci. Je comprends bien qu'ils aient été tentés d'imposer leur marque sur LA séquence emblématique du film, mais je ne suis pas sûr qu'ils s'y soient pris de la meilleure manière. La qualité de la chanson n'est pas en cause, mais peut-être aurait-elle été plus à sa place en-dehors du film, dans un pré- ou post-générique par exemple. Heureusement, les passages chantés représentaient moins de dix minutes au total et étaient dans leur ensemble moins discutables.
La plus grande partie de la musique est dominée par l'électronique et les cordes du Dresdner Sinfoniker servaient principalement à donner à l'ensemble un ton plus organique, plus humain. Neil a expliqué dans une interview qu'ils avaient eu du mal à trouver un équilibre entre les tentations dissonantes de Torsten Rasch (le compositeur contemporain avec lequel ils ont collaboré) et leur propre sensibilité. Il semblerait donc que ce soit finalement eux qui aient imposé leurs vues. Ceci dit, cette impression pourrait aussi provenir du son durant le spectacle vu que l'orchestre semblait toujours un peu couvert par les machines. Il faudrait entendre l'enregistrement studio pour mieux juger.
Les noms évoqués dans la presse pour décrire la musique sont Soft Machine, Klaus Schulze, Orbital ou Jean-Michel Jarre. Je ne suis pas sûr qu'un de ces noms soit en lui-même un point de comparaison indiscutable mais, pris dans leur ensemble, ils délimitent assez bien l'ensemble de ceux qui peuvent venir à l'esprit durant ces 73 minutes de musique (Vangelis, µ-Ziq et Digitonal pour ma part, avec un soupçon de Peter Rauhofer, via un sample de son remix de 'I don't know what you want...'). Afin de ne pas trop distraire le spectateur de ce qui se passe sur l'écran, les Pet Shop Boys emploient beaucoup la répétition des mêmes motifs, au sein desquels des variations lentes et progressives servent à illustrer le propos du film. Les meilleurs passages pour moi correspondent à l'émeute des marins sur le Potemkine et aux préparatifs de la bataille navale (à la toute fin du film), passages pour lesquels la musique et les images font véritablement corps. Evidemment, rien n'étant parfait en ce bas monde, il y eut quelques moments où je fus moins convaincu, mais en général, à peine avais-je le temps de me dire "Ah, ça c'est pas terrible." qu'ils étaient déjà passés à autre chose.
Deux jours plus tard, mon impression globale est franchement positive. Ils ont réussi à créer un accompagnement sonore qui porte la griffe PSB, mais ne dénature pas l'esprit du film, ce qui semble indiquer que la greffe de la musique électronique sur un film de 1925 a bien pris. On peut d'autant moins parler de trahison que Eisenstein lui-même avait apparemment exprimé le souhait que l'on réécrive une nouvelle bande originale tous les dix ans, histoire que le film conserve sa modernité. Pourtant, je me garderai bien pour l'instant de crier au chef-d'oeuvre. J'aurais besoin pour cela de 2-3 écoutes supplémentaires. Le CD (ou le DVD ?) devrait sortir en février si tout va bien.
Comme à chaque fois que je vais voir un concert des Pet Shop Boys, j'ai ensuite pris un plaisir coupable à jouer au petit jeu du chat et de la souris avec Neil et Chris (les deux membres du groupe). Où sont-ils allés après le concert ? Aura-t-on la possibilité de les féliciter de vive voix ? De leur poser des questions ? D'avoir un autographe ? Même si la perspective d'un autographe ne me fait plus guère saliver (une fois qu'on en a un, on les a tous), il y a un côté gratuit à cette quête rituelle d'après-concert et cela génère un sentiment d'appartenance à un groupe (ce que Neil et Chris appellent eux-mêmes la communauté des Petheads) qui me met toujours un petit sourire aux lèvres. De plus, quand le sentiment du ridicule de la chose devient trop grand pour être ignoré, je me dis que je ne fais que suivre mes amis de peur de les perdre avant le voyage retour et que je ne suis évidemment pas empli de la même frénésie qu'eux. En général, ça me rassure et je peux me remettre à courir.
Comme il n'y a que quelques lettres de différence entre Eisenstein et Einstein, je vous laisse méditer le caractère relatif des impressions humaines.
dimanche, septembre 12
God save the Proms
Chaque année, à peu près à la même époque, je voudrais devenir anglais pour une soirée. La cause de cette étrange lubie est la retransmission sur la BBC de la Dernière Nuit des Proms, qui clôture traditionnellement la saison estivale des 'Concerts-Promenades'. Les 'Proms' existent depuis un siècle et sont une affaire tout ce qu'il y a de plus sérieuse. La programmation ne dévie que rarement de l'orthodoxie de la musique 'sérieuse' (pour employer une expression qui ne veut rien dire mais semble largement comprise) et les musiciens qui s'y succèdent sont en général de réputation mondiale, ce qui fait des Proms le plus grand festival de musique classique au monde.
Poutant, ce dernier concert de la saison est, surtout dans sa seconde moitié, indéniablement plus proche du concert rock que du concert classique. Le programme se termine par un enchaînement rituel d'oeuvres de compositeurs britanniques, oeuvres que le public connait absolument par coeur et chante avec entrain. Le Royal Albert Hall est envahi de drapeaux (majoritairement britanniques mais pas seulement) que les spectateurs agitent frénétiquement. Les spectateurs du parterre sont debout, déguisés en marins ou en chefs d'orchestre. Ils plient les genoux en rythme pendant les passages les plus taïaut-taïaut (Pompe et circonstances de Elgar) et se balancent dans une communion orgasmique de patriotisme goguenard durant les passages chantés (Jerusalem par exemple). Ils pleurent dans des grands mouchoirs disproportionnés pendant les moments tristes (la Fantasy on British Sea-Songs de Henry Wood contient un solo de violoncelle résolument lacrymal). Ils ponctuent les fins de phrase de coups de klaxon, lancent des serpentins, etc... L'ambiance est festive et leur enthousiasme terriblement communicatif, même quand on ne fait que les regarder bien tranquillement assis dans un fauteuil à plusieurs centaines de miles de là. Depuis quinze ans, j'ai dû ne louper qu'une fois la retransmission de 'The last night of the Proms' et, à chaque fois, j'ai passé la soirée avec un grand sourire béat sur les lèvres.
Pourtant, j'ai a priori beaucoup de mal avec le nationalisme et de voir tous ces gens agiter frénétiquement leurs drapeaux en reprenant en choeur non pas un, non pas deux, non pas trois, mais quatre (quasi-)hymnes nationaux (Land of Hope and Glory, Rule Britannia, Jerusalem et, évidemment, God Save the Queen) devrait a priori me rebuter. Pourtant, il n'en est rien, car ce qui est indéniablement une manifestation de patriotisme se fait dans une ambiance détendue et avec cette conscience aiguë de leur propre ridicule qui est la qualité que j'envie le plus aux Anglais. Chaque année, je me dis que, un jour, moi aussi j'irai à Hyde Park chanter Land of Hope and Glory sous la pluie, et je crois que je verserai même une petite larme de bonheur.
PS A : Attention de ne pas confondre les Proms anglais avec leur homonymes allemands ou néérlandais, qui ont tenté d'en recréer l'ambiance mais sans en comprendre l'esprit. On y entend Toto ou Meat Loaf au milieu de valses de Strauss et c'est à fuir.
PS B : On me confirme ce que je craignais confusément. Il n'y a pas grand-chose chez les jeunes anglais qui n'en veulent qui soit considéré comme plus ringard que les Proms. Comme quoi, la branchitude, c'est très surfait.
Poutant, ce dernier concert de la saison est, surtout dans sa seconde moitié, indéniablement plus proche du concert rock que du concert classique. Le programme se termine par un enchaînement rituel d'oeuvres de compositeurs britanniques, oeuvres que le public connait absolument par coeur et chante avec entrain. Le Royal Albert Hall est envahi de drapeaux (majoritairement britanniques mais pas seulement) que les spectateurs agitent frénétiquement. Les spectateurs du parterre sont debout, déguisés en marins ou en chefs d'orchestre. Ils plient les genoux en rythme pendant les passages les plus taïaut-taïaut (Pompe et circonstances de Elgar) et se balancent dans une communion orgasmique de patriotisme goguenard durant les passages chantés (Jerusalem par exemple). Ils pleurent dans des grands mouchoirs disproportionnés pendant les moments tristes (la Fantasy on British Sea-Songs de Henry Wood contient un solo de violoncelle résolument lacrymal). Ils ponctuent les fins de phrase de coups de klaxon, lancent des serpentins, etc... L'ambiance est festive et leur enthousiasme terriblement communicatif, même quand on ne fait que les regarder bien tranquillement assis dans un fauteuil à plusieurs centaines de miles de là. Depuis quinze ans, j'ai dû ne louper qu'une fois la retransmission de 'The last night of the Proms' et, à chaque fois, j'ai passé la soirée avec un grand sourire béat sur les lèvres.
Pourtant, j'ai a priori beaucoup de mal avec le nationalisme et de voir tous ces gens agiter frénétiquement leurs drapeaux en reprenant en choeur non pas un, non pas deux, non pas trois, mais quatre (quasi-)hymnes nationaux (Land of Hope and Glory, Rule Britannia, Jerusalem et, évidemment, God Save the Queen) devrait a priori me rebuter. Pourtant, il n'en est rien, car ce qui est indéniablement une manifestation de patriotisme se fait dans une ambiance détendue et avec cette conscience aiguë de leur propre ridicule qui est la qualité que j'envie le plus aux Anglais. Chaque année, je me dis que, un jour, moi aussi j'irai à Hyde Park chanter Land of Hope and Glory sous la pluie, et je crois que je verserai même une petite larme de bonheur.
PS A : Attention de ne pas confondre les Proms anglais avec leur homonymes allemands ou néérlandais, qui ont tenté d'en recréer l'ambiance mais sans en comprendre l'esprit. On y entend Toto ou Meat Loaf au milieu de valses de Strauss et c'est à fuir.
PS B : On me confirme ce que je craignais confusément. Il n'y a pas grand-chose chez les jeunes anglais qui n'en veulent qui soit considéré comme plus ringard que les Proms. Comme quoi, la branchitude, c'est très surfait.
jeudi, septembre 9
Pop pop pop music
Ca fait plusieurs jours que je suis très sérieux et ne parle que de sujets culturellement corrects. Ca ne me ressemble guère. Voici donc quelques chansons qui ne risquent pas d'être sur la prochaine play-list de Wire :
* Le nouveau Destiny's child. On ne prend guère de risques ici. La voix de Beyoncé est mise en avant, la production ressemble à s'y méprendre à celle de l'album précédent. Ca reste très efficace même si guère surprenant. On est a priori assez loin des cimes de Crazy in love ou de Independent Women mais, au moins, Beyoncé a eu le courage de retourner dans son groupe après son escapade solo. Certains devraient en prendre de la graine. Suivez mon regard. Ayons d'ailleurs une pensée émue pour Joey Fatone qui s'est marié hier.
* Le nouveau Duran Duran. Une catastrophe qui ne ravira personne (sauf peut-être les fans de Spandau Ballet, tout heureux de voir les rivaux humiliés). Un des meilleurs groupes issus de la nouvelle vague des garçons-coiffeurs à mèches décolorées se reforme à grands fracas avec ses membres originaux et se ridiculise en beauté. Tout dans cette chanson est embarrassant et on a presque honte pour eux, qui n'ont même plus l'air de croire à ce qu'ils font. Réécoutons plutôt Ordinary world, comme souvenir d'une époque où leurs comebacks avaient encore de la gueule.
* Le nouveau Robbie Williams : Robbie 'Fat Dancer' Williams est un personnage étrange. Malgré un répertoire qui ne contient qu'une poignée de bonnes chansons, il a réussi à devenir une star incontournable un peu partout dans le monde (sauf aux Etats-Unis). A l'occasion de la sortie de son best-of et avant, apparemment, de commencer une nouvelle carrière dans l'électronica sombre sous le nom de Pure Francis (??), il sort un nouveau single 'Radio' (coécrit avec Stephen Duffy). Musicalement, il était grand temps que Robbie prenne le train du revival 80s vu que les années 90 sont déjà en train de piaffer d'impatience derrière la porte. On pense un peu à Gary Numan (jusque dans la voix), à The Human League ou à P.I.L. On pense aussi, bizarrement, à David Byrne ou à Peter Gabriel pour la gestuelle. Je dois bien avouer que plus j'entends cette chanson, plus je la trouve irrésistible. Pour ne rien gâcher, le refrain contient une sentence définitive qui montre que ce garçon à tout compris aux médias modernes : "Listen to the radio and you will hear the songs you know."
* Britney Spears est quasiment une mamy. Elle va bientôt se marier et être la maman de deux enfants. Elle a des poches sous les yeux et ses articulations ne supportent plus les pas de danse trop énergiques. Elle a clairement largement dépassé sa date de péremption. Je vous présente donc JoJo, la toute nouvelle Britney, 13 ans et des ambitions plein la tête. Si on écoute la chanson sans l'image, c'est plutôt plaisant, on dirait un mélange entre la pop acoustique de Iva (Où tu veux, quand tu veux), la bonne chanson d'Avril Lavigne et Christina Aguilera. En revanche, avec l'image, je suis pris d'une gêne insurmontable. Sa prestation à Top of the Pops la semaine dernière, pleine d'ambition et d'assurance donnait l'impression que l'on avait greffé l'esprit blasé d'une chanteuse de 45 ans sur le corps d'une gamine.
* Maintenant que les chaînes musicales ne passent plus que des dessins animés ou des émissions de télé-réalité, Internet est un peu la nouvelle MTV. Donc, toujours sur la même page (pour quelques jours seulement), plein d'autres trucs, dont le dernier single de McFly, que j'aime décidément beaucoup dans le genre White-Stripes-meet-Les-Musclés. Ou le dernier Girls Aloud. Malheureusement, le lien vers la kitscherie ultime qu'est Alcazar semble inactif.
* Le nouveau Michael Jackson : Une reprise de 'La mélodie du bonheur'. Ce doit être une blague.
* Le nouveau Destiny's child. On ne prend guère de risques ici. La voix de Beyoncé est mise en avant, la production ressemble à s'y méprendre à celle de l'album précédent. Ca reste très efficace même si guère surprenant. On est a priori assez loin des cimes de Crazy in love ou de Independent Women mais, au moins, Beyoncé a eu le courage de retourner dans son groupe après son escapade solo. Certains devraient en prendre de la graine. Suivez mon regard. Ayons d'ailleurs une pensée émue pour Joey Fatone qui s'est marié hier.
* Le nouveau Duran Duran. Une catastrophe qui ne ravira personne (sauf peut-être les fans de Spandau Ballet, tout heureux de voir les rivaux humiliés). Un des meilleurs groupes issus de la nouvelle vague des garçons-coiffeurs à mèches décolorées se reforme à grands fracas avec ses membres originaux et se ridiculise en beauté. Tout dans cette chanson est embarrassant et on a presque honte pour eux, qui n'ont même plus l'air de croire à ce qu'ils font. Réécoutons plutôt Ordinary world, comme souvenir d'une époque où leurs comebacks avaient encore de la gueule.
* Le nouveau Robbie Williams : Robbie 'Fat Dancer' Williams est un personnage étrange. Malgré un répertoire qui ne contient qu'une poignée de bonnes chansons, il a réussi à devenir une star incontournable un peu partout dans le monde (sauf aux Etats-Unis). A l'occasion de la sortie de son best-of et avant, apparemment, de commencer une nouvelle carrière dans l'électronica sombre sous le nom de Pure Francis (??), il sort un nouveau single 'Radio' (coécrit avec Stephen Duffy). Musicalement, il était grand temps que Robbie prenne le train du revival 80s vu que les années 90 sont déjà en train de piaffer d'impatience derrière la porte. On pense un peu à Gary Numan (jusque dans la voix), à The Human League ou à P.I.L. On pense aussi, bizarrement, à David Byrne ou à Peter Gabriel pour la gestuelle. Je dois bien avouer que plus j'entends cette chanson, plus je la trouve irrésistible. Pour ne rien gâcher, le refrain contient une sentence définitive qui montre que ce garçon à tout compris aux médias modernes : "Listen to the radio and you will hear the songs you know."
* Britney Spears est quasiment une mamy. Elle va bientôt se marier et être la maman de deux enfants. Elle a des poches sous les yeux et ses articulations ne supportent plus les pas de danse trop énergiques. Elle a clairement largement dépassé sa date de péremption. Je vous présente donc JoJo, la toute nouvelle Britney, 13 ans et des ambitions plein la tête. Si on écoute la chanson sans l'image, c'est plutôt plaisant, on dirait un mélange entre la pop acoustique de Iva (Où tu veux, quand tu veux), la bonne chanson d'Avril Lavigne et Christina Aguilera. En revanche, avec l'image, je suis pris d'une gêne insurmontable. Sa prestation à Top of the Pops la semaine dernière, pleine d'ambition et d'assurance donnait l'impression que l'on avait greffé l'esprit blasé d'une chanteuse de 45 ans sur le corps d'une gamine.
* Maintenant que les chaînes musicales ne passent plus que des dessins animés ou des émissions de télé-réalité, Internet est un peu la nouvelle MTV. Donc, toujours sur la même page (pour quelques jours seulement), plein d'autres trucs, dont le dernier single de McFly, que j'aime décidément beaucoup dans le genre White-Stripes-meet-Les-Musclés. Ou le dernier Girls Aloud. Malheureusement, le lien vers la kitscherie ultime qu'est Alcazar semble inactif.
* Le nouveau Michael Jackson : Une reprise de 'La mélodie du bonheur'. Ce doit être une blague.
mercredi, septembre 8
Chers Inrocks
Je m'en souviens comme si c'était hier. Casino venait de sortir en salles. Jeff Buckley préparait son deuxième album. Bush père n'était plus qu'un mauvais souvenir, Bush fils attendait son heure et vous aviez inséré dans mon exemplaire de l'hebdo un beau papier glacé multicolore me vantant les bienfaits de l'abonnement : l'assurance de ne rater aucun numéro et de recevoir des CD promotionnels exclusifs tous les trois mois, la possibilité de participer à des concours réservés aux abonnés chaque semaine,... Vous promettiez également en cadeau de bienvenue un double-CD rétrospective dont le contenu m'avait fait saliver. Comment, dans ces conditions, résister ? Las, le cadeau de bienvenue était déjà épuisé lorsque vous avez reçu ma demande mais, pour le reste, vous n'aviez pas menti. En presque 8 ans d'abonnement, seul un numéro ne m'est pas parvenu (je l'ai racheté en kiosque). J'ai gagné une fois un cadeau réservé aux abonnés et ai effectivement découvert à intervalles réguliers (quoique vous ne respectiez jamais les fréquences théoriques) des CD négligemment glissés entre deux pages, comme des billets doux réservés à ces abonnés que vous aimiez tant.
C'était une époque exaltante, faite d'idéaux élevés et de confiance mutuelle. Lorsque, vers 1998, le canard a touché le fond d'un point de vue rédactionnel, mon identification à un certain mode de pensée, le sentiment d'appartenance à une "tribu" Inrockuptibles m'avait incité à renouveler mon abonnement.
Depuis quelques semaines pourtant, cela ne suffit plus. La qualité du journal n'est pas en cause (il est ces derniers temps plus intéressant qu'il ne l'a jamais été depuis son passage en hebdo) mais méritez-vous réellement de conserver vos abonnés si vous les prenez ouvertement pour des imbéciles et décidez de cyniquement exploiter leur fidélité ? J'ai vu disparaître sans broncher le caractère exclusif des compilations offertes aux abonnés (bon nombre d'entre elles sont dorénavant aussi disponibles en kiosque) car, après tout, cela ne me lésait en rien. En revanche, j'ai tenté de reconstituer le raisonnement qui vous a conduit à penser que ce serait un bon plan marketing de proposer en kiosque des compilations plus complètes que celles réservées aux abonnés. La seule explication plausible que j'aie trouvée est que cela forcerait les abonnés (vos lecteur privilégiés, vos camarades, vos frères en Inrocks-attitude) à acheter le canard en double. Ce n'est pas tant pour l'argent que cela demande (d'autant que tout ce que vous proposez sur ces compiles est disponible pour rien sur le Net), mais comment continuer à éprouver ce sentiment d'appartenance qui, bien que mes options musicales s'éloignent de plus en plus des vôtres, ne m'avait jamais quitté, lorsque l'on sait que, quelque part dans un bureau de la rue de Rivoli, un Fevret, un Deverre, un Beauvallet ou un Viviant ont pu penser que, puisque le nombre de lecteurs stagne, la nouvelle stratégie commerciale devra être de les forcer à acheter le journal deux fois (et bientôt plus, je prévois des quadruples couv' "à collectionner" pour dans quelques semaines).
Ca fait longtemps que je ne me faisais plus d'illusions sur la pureté de vos motivations, depuis sans doute une interview fameuse dans laquelle Christian Fevret faisait part de son rêve de voir lesinrocks.com devenir une start-up prospère qui vous permettrait de vous faire un max de blé dans la nouvelle économie. On pourrait aussi parler de ces petits labels indépendants à qui vous demandiez de payer un forfait (10000 francs à l'époque, si mes informations sont exactes) pour pouvoir être représenté sur le CD que vous alliez ensuite gentiment 'offrir' à vos abonnés. Comme tout le monde, j'ai reçu et propagé cet atterrant fichier qui reprenait le mediakit que vous destinez aux annonceurs (les Nike, Universal et Coca-Cola qui sont devenus vos vrais clients). On pouvait y lire comment vous considériez réellement vos lecteurs et c'était édifiant. Rétrospectivement, on n'était pas très loin de cet aveu candide de Patrick Le Lay expliquant que les programmes de TF1 ont comme but unique de rendre les téléspectateurs réceptifs à la publicité. Pareillement, les articles des Inrocks serviraient donc de filtre permettant de proposer aux annonceurs un échantillon très pur de early adopters ou de trendsetters avec un pouvoir d'achat plus élevé que la moyenne.
Tout cela, je le savais et décidais de l'ignorer, mais aujourd'hui, pour la première fois, je me sens personnellement victime de ce nouvel esprit Inrocks, qui est à l'ancien esprit Inrockuptibles (il faut toujours se méfier des mots qui raccourcissent) ce que la troisième voie Blairiste est au socialisme. En tant que fers de lance auto-proclamés d'une alter-mondialisation de bon aloi (pour peu que cela ne remette pas en cause votre petite cuisine interne), vous comprendrez aisément que je sois dorénavant tenté de subtiliser les CD chez mon marchand de journaux puis, lorsque mon abonnement arrivera à échéance, le canard dans son entier. Ce serait un acte citoyen fort, la reprise en main par le peuple de son destin face aux excès du capitalisme et aux dérives du marketing. Comme le lecteur des Inrocks est, selon votre propre jargon, un trendsetter (ou à tout le moins un early adopter), cela pourrait être les prémices d'une véritable remise en cause globale des lois du marché. Si on en croit votre ligne éditoriale, cela aurait tout pour vous plaire. Qui sait, peut-être même serez-vous considérés par quelque historien du 22ème siècle comme les pères spirituels de la Seconde Révolution Française, celle où on pendra le dernier pseudo-journaliste avec les tripes du dernier étudiant en marketing. Une place garantie pour l'éternité dans l'Histoire. Vous comprendrez que je ne voudrais pas vous priver de ce destin grandiose en achetant bêtement le CD en kiosque demain. Ce serait cruel.
Bien à vous.
PS : Merci aux tripes des Guignols.
C'était une époque exaltante, faite d'idéaux élevés et de confiance mutuelle. Lorsque, vers 1998, le canard a touché le fond d'un point de vue rédactionnel, mon identification à un certain mode de pensée, le sentiment d'appartenance à une "tribu" Inrockuptibles m'avait incité à renouveler mon abonnement.
Depuis quelques semaines pourtant, cela ne suffit plus. La qualité du journal n'est pas en cause (il est ces derniers temps plus intéressant qu'il ne l'a jamais été depuis son passage en hebdo) mais méritez-vous réellement de conserver vos abonnés si vous les prenez ouvertement pour des imbéciles et décidez de cyniquement exploiter leur fidélité ? J'ai vu disparaître sans broncher le caractère exclusif des compilations offertes aux abonnés (bon nombre d'entre elles sont dorénavant aussi disponibles en kiosque) car, après tout, cela ne me lésait en rien. En revanche, j'ai tenté de reconstituer le raisonnement qui vous a conduit à penser que ce serait un bon plan marketing de proposer en kiosque des compilations plus complètes que celles réservées aux abonnés. La seule explication plausible que j'aie trouvée est que cela forcerait les abonnés (vos lecteur privilégiés, vos camarades, vos frères en Inrocks-attitude) à acheter le canard en double. Ce n'est pas tant pour l'argent que cela demande (d'autant que tout ce que vous proposez sur ces compiles est disponible pour rien sur le Net), mais comment continuer à éprouver ce sentiment d'appartenance qui, bien que mes options musicales s'éloignent de plus en plus des vôtres, ne m'avait jamais quitté, lorsque l'on sait que, quelque part dans un bureau de la rue de Rivoli, un Fevret, un Deverre, un Beauvallet ou un Viviant ont pu penser que, puisque le nombre de lecteurs stagne, la nouvelle stratégie commerciale devra être de les forcer à acheter le journal deux fois (et bientôt plus, je prévois des quadruples couv' "à collectionner" pour dans quelques semaines).
Ca fait longtemps que je ne me faisais plus d'illusions sur la pureté de vos motivations, depuis sans doute une interview fameuse dans laquelle Christian Fevret faisait part de son rêve de voir lesinrocks.com devenir une start-up prospère qui vous permettrait de vous faire un max de blé dans la nouvelle économie. On pourrait aussi parler de ces petits labels indépendants à qui vous demandiez de payer un forfait (10000 francs à l'époque, si mes informations sont exactes) pour pouvoir être représenté sur le CD que vous alliez ensuite gentiment 'offrir' à vos abonnés. Comme tout le monde, j'ai reçu et propagé cet atterrant fichier qui reprenait le mediakit que vous destinez aux annonceurs (les Nike, Universal et Coca-Cola qui sont devenus vos vrais clients). On pouvait y lire comment vous considériez réellement vos lecteurs et c'était édifiant. Rétrospectivement, on n'était pas très loin de cet aveu candide de Patrick Le Lay expliquant que les programmes de TF1 ont comme but unique de rendre les téléspectateurs réceptifs à la publicité. Pareillement, les articles des Inrocks serviraient donc de filtre permettant de proposer aux annonceurs un échantillon très pur de early adopters ou de trendsetters avec un pouvoir d'achat plus élevé que la moyenne.
Tout cela, je le savais et décidais de l'ignorer, mais aujourd'hui, pour la première fois, je me sens personnellement victime de ce nouvel esprit Inrocks, qui est à l'ancien esprit Inrockuptibles (il faut toujours se méfier des mots qui raccourcissent) ce que la troisième voie Blairiste est au socialisme. En tant que fers de lance auto-proclamés d'une alter-mondialisation de bon aloi (pour peu que cela ne remette pas en cause votre petite cuisine interne), vous comprendrez aisément que je sois dorénavant tenté de subtiliser les CD chez mon marchand de journaux puis, lorsque mon abonnement arrivera à échéance, le canard dans son entier. Ce serait un acte citoyen fort, la reprise en main par le peuple de son destin face aux excès du capitalisme et aux dérives du marketing. Comme le lecteur des Inrocks est, selon votre propre jargon, un trendsetter (ou à tout le moins un early adopter), cela pourrait être les prémices d'une véritable remise en cause globale des lois du marché. Si on en croit votre ligne éditoriale, cela aurait tout pour vous plaire. Qui sait, peut-être même serez-vous considérés par quelque historien du 22ème siècle comme les pères spirituels de la Seconde Révolution Française, celle où on pendra le dernier pseudo-journaliste avec les tripes du dernier étudiant en marketing. Une place garantie pour l'éternité dans l'Histoire. Vous comprendrez que je ne voudrais pas vous priver de ce destin grandiose en achetant bêtement le CD en kiosque demain. Ce serait cruel.
Bien à vous.
PS : Merci aux tripes des Guignols.
mardi, septembre 7
Autre bel exemple de prix écrasé
Je suis encore une fois passé entre les mailles du filet. J'avais acheté une compile intitulée 'Seasons in the sun' contenant entre autres 'In the Summertime' de Mungo Jerry, qui me fit à lui seul acquérir le disque (1€.. soit à peu près le prix du morceau sur Itunes, s'il y est disponible). De nouveau, le tracklisting promet de belles choses (Trini Lopez, George McRae, Ike&Tina Turner, les Beach Boys,...) et rien sur la pochette extérieure ne semble louche. Le livret contient cependant une phrase assez mystérieuse que je vous livre telle quelle "This album contains some tracks that are rerecorded. All single artist tracks are performed by the original artist. Tracks featuring groups were recorded using as many as the original group members as possible." Voilà qui me laisse perplexe. La maison de disques aurait-elle fait le tour des groupes oubliés dont seul les batteurs étaient encore vivants et leur aurait-elle proposé de réenregistrer leur plus grand succès avec des musiciens de studio ? Suis-je naïf de penser que, si ils ont les droits d'exploitation de la chanson et du groupe qui l'interprétait à l'époque, ils auraient tout intérêt à prendre l'enregistrement d'origine ? Ca me semble assez mystérieux, d'autant qu'aucune indication ne vient dire quels morceaux ont été ré-enregistrés, et encore moins la date du ré-enregistrement éventuel. Après une écoute complète du disque, difficile de savoir où se cachent les copies et qui les a effectuées. Si j'étais vraiment curieux, j'irais faire un tour sur les p2p pour tenter de retrouver les versions originales et jouer au jeu des sept erreurs, mais je ne suis pas sûr que ça en vaille la peine, d'autant que je ne suis pas mécontent de mon achat. Quatre ou cinq chansons m'étaient familières et je sais maintenant que "L'Amérique" de Joe Dassin était une reprise de Yellow River d'un certain Christie, une info qui peut toujours servir dans les soirées mondaines. A ce prix-là, on pouvait difficilement demander plus.
dimanche, septembre 5
Le mammouth écrase les prix
Cette semaine, une grande chaîne d'électro-ménager-hi-fi-vidéo-informatique-multimédia-communication-CD-DVD-super-discount-strodélire s'est installée près de chez moi. Je suis allé voir (le jour de l'ouverture, ce qui rétrospectivement n'était peut-être une très bonne idée) si les prix défiant toute concurrence vantés dans les prospectus étaient à la hauteur de leur réputation. La foule était compacte et certains rayons étaient littéralement pris d'assaut, ce qui donnait parfois lieu à des scènes qui frisaient l'hystérie. Ainsi, au milieu du magasin, trois grands bacs d'un bon mètre cube contenaient des DVD au prix imbattable de 2.49€. Un rapide coup d'oeil permettait assez vite de se rendre compte que le choix était limité et que le mètre cube était principalement rempli de centaines d'exemplaires des 15 mêmes DVD, dont le titre n'évoquait sans doute rien pour les 10 personnes en train de fouiller avec l'énergie du désespoir l'un des bacs. Pourtant, cela ne les empêchait pas de saisir des poignées de DVD, de les passer frénétiquement en revue avant de tout laisser retomber dans le bac et d'en reprendre d'autres, espérant toujours dénicher la perle rare. Pour un peu, je m'attendais à voir les DVD s'envoler comme, dans les vaudevilles, les sous-vêtements d'une épouse volage dont le mari jaloux fouille la valise. Lorsque certains arrivaient à creuser un puits et à entr'apercevoir, au niveau du sol, les DVD du fond du bac, ils se penchaient, tendaient les bras avec l'énergie du désespoir, avant d'implorer leurs voisins plus grands de s'en emparer, pensant sans doute que les gérants avaient mis les titres les plus intéressants tout au fond, hors d'atteinte, par pure méchanceté ou bien parce qu'ils pratiquaient des prix tellement bas qu'ils espéraient secrètement que le public ne s'en aperçoive pas.
Or, s'il y a bien une chose qui ne laisse aucun doute, c'est que tout est fait pour que le stock, et surtout celui des marchandises à plus bas prix, s'écoule aussi rapidement que possible. D'abord, contrairement à ce qui est le cas dans la plupart des magasins que je fréquente, la moitié de l'espace alloué aux disques et aux DVD est occupé par des présentoirs où les produits sont classés, non par genre ou par ordre alphabétique, mais par ordre de prix, de 1€ à 6.99€. Le but est manifestement de diriger préférentiellement le client vers ce qui coûte le moins cher. Drôle d'idée pourrait-on se dire a priori. Pourquoi vouloir à tout prix diriger le public vers une compile Johnny Cash à 1€ quand il y en a à 18€ quelques étagères plus loin ? La réponse apparait cependant assez vite. La plupart de ses disques et DVD prix sacrifiés sont rarement ce qu'ils paraissent de prime abord, ce qui explique que les droits soient peu élevés. Prenons par exemple, les compiles vendues comme "Les plus grands succès de Machinchose" mais où, pour peu que l'on connaisse un peu Machinchose, on constate que ce sont surtout "les fonds de tiroir de Machinchose". Autre grande catégorie : les CD promettant "Les plus grands succès de Trucmuche" avec un tracklisting impeccable mais où, en lisant bien les petits caractères (pour peu que ceux-ci ne soient pas couverts par l'étiquette "1€99"), on peut lire "interprétés par Julot Bonvoyage et son accordéon magique". Parfois aussi, le tracklisting semble alléchant et on nous garantit que l'interprète est bien qui on croit. On se dit alors "Bingo, la voilà la bonne affaire." Pourtant, souvent, on se rend compte, une fois le disque dans le lecteur, que la moitié du disque est constitué de versions live enregistrées au GSM par un type accoudé au bar. Et j'exagère à peine.
Il existe ainsi toute un marché parallèle du disque auquel je n'avais jusqu'à présent été que rarement confronté (à part une fois où j'achetai une compile de Nina Simone et dus me contenter d'une version live de "My Baby just cares for me", enregistrée un jour où elle était manifestement atteinte d'une bronchite chronique). Je suis passablement surpris de voir qu'il n'est apparemment pas requis que le contenu du disque soit précisément décrit sur la face arrière du boîtier (parfois le livret est plus précis, mais il est évidemment inaccessible lorsque le disque est cellophané). Dans ces conditions, on se dit que oui, effectivement, il vaut mieux liquider les stocks très vite avant un éventuel bouche-à-oreille négatif. Je me demande quel pourcentage des acheteurs de ces disques à 3€ ou moins, se diront contents de leur achat dans quelques semaines. Ceci dit, il suffit le plus souvent de fréquenter un peu assidûment les disquaires pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Lire attentivement les jaquettes, tenter d'écouter les disques avant achat, se méfier des éditeurs les plus obscurs sont par exemple des habitudes à prendre.
Pourtant, même dans ces conditions, on est parfois surpris. Ainsi j'ai acheté hier un disque intitulé 'French pop hits', principalement parce qu'on y trouvait "John" de Desireless qui est une chanson que j'ai toujours beaucoup aimée (d'ailleurs si quelqu'un ici peut me dire où trouver l'album de Desireless, ça m'intéresse beaucoup). De ce point de vue-là, bingo, je n'ai pas été déçu. La chanson est bien présente, dans le version dont je me souvenais. En revanche, le reste du disque ménage quelques petites surprises. Etienne de Guesch Patti apparait dans une remix datant de 2000 qui semble basé sur les sons d'un Casio bon marché, Dominique de Soeur Sourire dans une version disco 1982 et La vie par procuration de Jean-Jacques Goldman apparait dans une version live. Le plus surprenant ceci dit est le morceau censé être, si on en croit la jaquette, Ouragan de Stéphanie et qui se révèle comme un court morceau essentiellement parlé qui n'a strictement rien à voir avec la scie grimaldienne. S'agit-il d'une erreur plus ou moins intentionnelle ou bien y a-t-il vraiment eu une autre Stéphanie qui a chanté son 'Ouragan' en 1985 ? Mystère. Pourtant, il s'agit là d'un disque Sony Music Germany, tout ce qu'il y a de plus officiel à première vue.
Le cas des DVD mérite aussi qu'on s'y attarde quelques instants. Les DVD qui ne comprennent que la version française ou, c'est pire, la version néérlandaise sont légion, mais au moins, dans le cas du DVD, la description sur la jaquette est précise et sans ambiguïté (quoique la qualité de l'image et du son peut varier fortement d'une édition à l'autre). Dans le même genre, il y avait ainsi une étagère pleine de DVD intitulés Mulan, Toy Story, Le Prince d'Egypte, Pocahontas,.... avec une belle jaquette dessinée, mais qui ne contiennent sans doute pas ce que l'on croit. Je serais d'ailleurs curieux de savoir ce qu'on y trouve exactement, parce que la jaquette pratique une telle langue de bois avec des descriptions à ce point sibyllines que l'on ne sait trop s'il s'agit de dessins animés faits à la va-vite sur les même thèmes, de reportages, de lectures du textes sur des images fixes,...
Mais bon, ne crachons pas trop dans la soupe car certaines bonnes affaires peuvent indéniablement être effectuées. Dans les sorties normales, j'ai acheté le 'Piano Works' de Craig Armstrong 3€ moins cher que chez le célèbre agitateur culturel installé quelques dizaines de mètres plus loin. Je suis aussi l'heureux possesseur d'un best-of Ultravox à 6.99€ qui, à première écoute, me plait beaucoup, et le fait que les best-of de Johnny Cash contiennent peu de tubes m'arrange plutôt vu que, les tubes, je les avais déjà par ailleurs. En définitive donc, à condition d'être prudent, il y aura moyen de faire des affaires et de laisser jouer la concurrence entre les différents magasins. Et puis, cela permet à tout un chacun de prendre conscience de la marge bénéficiaire pratiquée sur les produits que l'on nous vend habituellement. Je sais dorénavant que des disques vendus à 1€ peuvent être bénéficiaires. Ca fait tout de même réfléchir (un peu).
This means nothing to meeee. This means nothing to meeeeeee. Ooooooh Vienna. Yep... C'était vraiment une bonne affaire.
Or, s'il y a bien une chose qui ne laisse aucun doute, c'est que tout est fait pour que le stock, et surtout celui des marchandises à plus bas prix, s'écoule aussi rapidement que possible. D'abord, contrairement à ce qui est le cas dans la plupart des magasins que je fréquente, la moitié de l'espace alloué aux disques et aux DVD est occupé par des présentoirs où les produits sont classés, non par genre ou par ordre alphabétique, mais par ordre de prix, de 1€ à 6.99€. Le but est manifestement de diriger préférentiellement le client vers ce qui coûte le moins cher. Drôle d'idée pourrait-on se dire a priori. Pourquoi vouloir à tout prix diriger le public vers une compile Johnny Cash à 1€ quand il y en a à 18€ quelques étagères plus loin ? La réponse apparait cependant assez vite. La plupart de ses disques et DVD prix sacrifiés sont rarement ce qu'ils paraissent de prime abord, ce qui explique que les droits soient peu élevés. Prenons par exemple, les compiles vendues comme "Les plus grands succès de Machinchose" mais où, pour peu que l'on connaisse un peu Machinchose, on constate que ce sont surtout "les fonds de tiroir de Machinchose". Autre grande catégorie : les CD promettant "Les plus grands succès de Trucmuche" avec un tracklisting impeccable mais où, en lisant bien les petits caractères (pour peu que ceux-ci ne soient pas couverts par l'étiquette "1€99"), on peut lire "interprétés par Julot Bonvoyage et son accordéon magique". Parfois aussi, le tracklisting semble alléchant et on nous garantit que l'interprète est bien qui on croit. On se dit alors "Bingo, la voilà la bonne affaire." Pourtant, souvent, on se rend compte, une fois le disque dans le lecteur, que la moitié du disque est constitué de versions live enregistrées au GSM par un type accoudé au bar. Et j'exagère à peine.
Il existe ainsi toute un marché parallèle du disque auquel je n'avais jusqu'à présent été que rarement confronté (à part une fois où j'achetai une compile de Nina Simone et dus me contenter d'une version live de "My Baby just cares for me", enregistrée un jour où elle était manifestement atteinte d'une bronchite chronique). Je suis passablement surpris de voir qu'il n'est apparemment pas requis que le contenu du disque soit précisément décrit sur la face arrière du boîtier (parfois le livret est plus précis, mais il est évidemment inaccessible lorsque le disque est cellophané). Dans ces conditions, on se dit que oui, effectivement, il vaut mieux liquider les stocks très vite avant un éventuel bouche-à-oreille négatif. Je me demande quel pourcentage des acheteurs de ces disques à 3€ ou moins, se diront contents de leur achat dans quelques semaines. Ceci dit, il suffit le plus souvent de fréquenter un peu assidûment les disquaires pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Lire attentivement les jaquettes, tenter d'écouter les disques avant achat, se méfier des éditeurs les plus obscurs sont par exemple des habitudes à prendre.
Pourtant, même dans ces conditions, on est parfois surpris. Ainsi j'ai acheté hier un disque intitulé 'French pop hits', principalement parce qu'on y trouvait "John" de Desireless qui est une chanson que j'ai toujours beaucoup aimée (d'ailleurs si quelqu'un ici peut me dire où trouver l'album de Desireless, ça m'intéresse beaucoup). De ce point de vue-là, bingo, je n'ai pas été déçu. La chanson est bien présente, dans le version dont je me souvenais. En revanche, le reste du disque ménage quelques petites surprises. Etienne de Guesch Patti apparait dans une remix datant de 2000 qui semble basé sur les sons d'un Casio bon marché, Dominique de Soeur Sourire dans une version disco 1982 et La vie par procuration de Jean-Jacques Goldman apparait dans une version live. Le plus surprenant ceci dit est le morceau censé être, si on en croit la jaquette, Ouragan de Stéphanie et qui se révèle comme un court morceau essentiellement parlé qui n'a strictement rien à voir avec la scie grimaldienne. S'agit-il d'une erreur plus ou moins intentionnelle ou bien y a-t-il vraiment eu une autre Stéphanie qui a chanté son 'Ouragan' en 1985 ? Mystère. Pourtant, il s'agit là d'un disque Sony Music Germany, tout ce qu'il y a de plus officiel à première vue.
Le cas des DVD mérite aussi qu'on s'y attarde quelques instants. Les DVD qui ne comprennent que la version française ou, c'est pire, la version néérlandaise sont légion, mais au moins, dans le cas du DVD, la description sur la jaquette est précise et sans ambiguïté (quoique la qualité de l'image et du son peut varier fortement d'une édition à l'autre). Dans le même genre, il y avait ainsi une étagère pleine de DVD intitulés Mulan, Toy Story, Le Prince d'Egypte, Pocahontas,.... avec une belle jaquette dessinée, mais qui ne contiennent sans doute pas ce que l'on croit. Je serais d'ailleurs curieux de savoir ce qu'on y trouve exactement, parce que la jaquette pratique une telle langue de bois avec des descriptions à ce point sibyllines que l'on ne sait trop s'il s'agit de dessins animés faits à la va-vite sur les même thèmes, de reportages, de lectures du textes sur des images fixes,...
Mais bon, ne crachons pas trop dans la soupe car certaines bonnes affaires peuvent indéniablement être effectuées. Dans les sorties normales, j'ai acheté le 'Piano Works' de Craig Armstrong 3€ moins cher que chez le célèbre agitateur culturel installé quelques dizaines de mètres plus loin. Je suis aussi l'heureux possesseur d'un best-of Ultravox à 6.99€ qui, à première écoute, me plait beaucoup, et le fait que les best-of de Johnny Cash contiennent peu de tubes m'arrange plutôt vu que, les tubes, je les avais déjà par ailleurs. En définitive donc, à condition d'être prudent, il y aura moyen de faire des affaires et de laisser jouer la concurrence entre les différents magasins. Et puis, cela permet à tout un chacun de prendre conscience de la marge bénéficiaire pratiquée sur les produits que l'on nous vend habituellement. Je sais dorénavant que des disques vendus à 1€ peuvent être bénéficiaires. Ca fait tout de même réfléchir (un peu).
This means nothing to meeee. This means nothing to meeeeeee. Ooooooh Vienna. Yep... C'était vraiment une bonne affaire.
vendredi, septembre 3
Voix
J'étais parti avec l'intention de parler du nouvel album de Björk, mais je ne suis pas encore très sûr de ce que j'en pense vraiment, bien que ce soit globalement du bien. A la place, et parce que maintenant que la mode hystérique des top 5 est passée, on peut s'y abandonner sans mauvaise conscience panurgique, je vous propose mon classement des meilleurs morceaux voix seules.
1 - L'indémodable "Only you" des Flying Pickets. Peut-être à cause du générique de fin des Anges Déchus de Wong Kar-Wai. Peut-être aussi parce que lorsque les "palalala" s'enchaînent, j'ai toujours un petit frisson dans le dos. Et puis, ils ont l'intelligence de mettre une touche de synthés pendant quelques secondes, évitant ainsi de tomber dans le piège qui transformerait l'originalité de leur démarche en contrainte. Ils avaient besoin d'une harmonie en plus, ils l'ont mise et puis c'est tout.
2 - Le malheureusement démodé 'Caravan of love' des Housemartins. Parce que dans le clip, ils s'étaient tous les quatre rasé une zone en forme de croix au-dessus des oreilles. Parce que, dans la catégorie message de Noël, on a quand même rarement fait mieux que 'Every woman, every man, join the caravan of love. Stand up. Stand up. Stand uuuup.' et parce que j'aime bien le contraste que la chanson fait avec l'image de Norman Cook maintenant.
3 - Le spartiate 'Tom's dinner' de Suzanne Vega qui, contrairement aux précédents pousse l'a cappella dans ses derniers retranchements en n'invitant pas ses musiciens à faire "ahaha dong tralala" en arrière-plan.
4 - La scie absolue "Don't worry, be happy" de Bobby McFerrin. Parce que, quoiqu'on en dise, l'écoute de ce titre finit toujours bien par provoquer un faible sourire.
5 - Enfin, par défaut, puisque mon panthéon personnel ne semble plus contenir aucune chanson a cappella, je mettrai "The Wind that shakes the barley" de Dead Can Dance, l'interprétation par Lisa Gerrard d'une vieille complainte irlandaise (en fait, j'en sais trop rien, mais les complaintes devraient toujours être irlandaises), qui est loin d'être le meilleur titre du groupe (donc du monde), mais qui a le mérite de faire un numéro 5 top crédibilité, ce qui est toujours un plus.
Je finirai en ayant une pensée émue pour tous ces groupes pop préfabriqués qui, à un moment ou à un autre, enregistrent un morceau a cappella pour prouver au monde que ce sont des vrais artistes et qu'ils savent chanter. C'est évidemment le plus souvent à pleurer d'ennui mais, si ça leur fait plaisir, on serait cruel de les en priver.
Ceci dit, il serait franchement idiot de prétendre que l'idée de chanter a cappella est apparue en 1980. La musique chorale a toujours existé en musique classique (classique au sens large, du chant grégorien jusqu'à la musique contemporaine) et donc, en extra-bonus parce que je ne sais vraiment pas quoi dire du disque de Björk, un rapide top 5 de mes oeuvres chorales préférées du 20ème siècle.
1 - Lux Aeterna, de Gyorgy Ligeti, surtout connu comme la "musique du monolithe" dans 2001, odyssée de l'espace.
2 - The Beatitudes, de Arvo Pärt, malgré ce qu'il faut bien appeler un solo d'orgues à la fin.
3 - Entflieht auf Leichten Kähnen, d'Anton Webern. J'aime bien ce morceau parce qu'il prouve par A+B que le plus rebutant dans la musique contemporaine, ce n'est pas tant l'atonalité que la déconstruction du rythme. Quand, comme ici, on a de la musique purement atonale mais chantée avec un vrai sens de la phrase, ça passe comme une lettre à la poste.
4 - Funeral Ikos, de John Tavener
5 - Totus Tuus, de Henrik Gorecki. Par défaut et pour ne pas citer deux fois le même compositeur.
Tout ceci ne m'aidera guère à savoir que penser du nouveau Björk.
EDIT : A ma grande honte, je me suis rendu compte que ce qu'on appelle couramment la musique du monolithe n'est pas du tout Lux Aeterna, mais le "Requiem pour soprano, Mezzo Soprano, Deux Choeurs Mixtes et Orchestre", toujours de Ligeti. La présence d'un orchestre le rend stricto sensu inéligible pour ce classement, mais il ne joue pas un rôle prépondérant, donc on fera comme si. Lux Aeterna apparait bien dans le film (d'où ma confusion), mais à un tout autre moment. Mea Maxima Culpa.
1 - L'indémodable "Only you" des Flying Pickets. Peut-être à cause du générique de fin des Anges Déchus de Wong Kar-Wai. Peut-être aussi parce que lorsque les "palalala" s'enchaînent, j'ai toujours un petit frisson dans le dos. Et puis, ils ont l'intelligence de mettre une touche de synthés pendant quelques secondes, évitant ainsi de tomber dans le piège qui transformerait l'originalité de leur démarche en contrainte. Ils avaient besoin d'une harmonie en plus, ils l'ont mise et puis c'est tout.
2 - Le malheureusement démodé 'Caravan of love' des Housemartins. Parce que dans le clip, ils s'étaient tous les quatre rasé une zone en forme de croix au-dessus des oreilles. Parce que, dans la catégorie message de Noël, on a quand même rarement fait mieux que 'Every woman, every man, join the caravan of love. Stand up. Stand up. Stand uuuup.' et parce que j'aime bien le contraste que la chanson fait avec l'image de Norman Cook maintenant.
3 - Le spartiate 'Tom's dinner' de Suzanne Vega qui, contrairement aux précédents pousse l'a cappella dans ses derniers retranchements en n'invitant pas ses musiciens à faire "ahaha dong tralala" en arrière-plan.
4 - La scie absolue "Don't worry, be happy" de Bobby McFerrin. Parce que, quoiqu'on en dise, l'écoute de ce titre finit toujours bien par provoquer un faible sourire.
5 - Enfin, par défaut, puisque mon panthéon personnel ne semble plus contenir aucune chanson a cappella, je mettrai "The Wind that shakes the barley" de Dead Can Dance, l'interprétation par Lisa Gerrard d'une vieille complainte irlandaise (en fait, j'en sais trop rien, mais les complaintes devraient toujours être irlandaises), qui est loin d'être le meilleur titre du groupe (donc du monde), mais qui a le mérite de faire un numéro 5 top crédibilité, ce qui est toujours un plus.
Je finirai en ayant une pensée émue pour tous ces groupes pop préfabriqués qui, à un moment ou à un autre, enregistrent un morceau a cappella pour prouver au monde que ce sont des vrais artistes et qu'ils savent chanter. C'est évidemment le plus souvent à pleurer d'ennui mais, si ça leur fait plaisir, on serait cruel de les en priver.
Ceci dit, il serait franchement idiot de prétendre que l'idée de chanter a cappella est apparue en 1980. La musique chorale a toujours existé en musique classique (classique au sens large, du chant grégorien jusqu'à la musique contemporaine) et donc, en extra-bonus parce que je ne sais vraiment pas quoi dire du disque de Björk, un rapide top 5 de mes oeuvres chorales préférées du 20ème siècle.
1 - Lux Aeterna, de Gyorgy Ligeti, surtout connu comme la "musique du monolithe" dans 2001, odyssée de l'espace.
2 - The Beatitudes, de Arvo Pärt, malgré ce qu'il faut bien appeler un solo d'orgues à la fin.
3 - Entflieht auf Leichten Kähnen, d'Anton Webern. J'aime bien ce morceau parce qu'il prouve par A+B que le plus rebutant dans la musique contemporaine, ce n'est pas tant l'atonalité que la déconstruction du rythme. Quand, comme ici, on a de la musique purement atonale mais chantée avec un vrai sens de la phrase, ça passe comme une lettre à la poste.
4 - Funeral Ikos, de John Tavener
5 - Totus Tuus, de Henrik Gorecki. Par défaut et pour ne pas citer deux fois le même compositeur.
Tout ceci ne m'aidera guère à savoir que penser du nouveau Björk.
EDIT : A ma grande honte, je me suis rendu compte que ce qu'on appelle couramment la musique du monolithe n'est pas du tout Lux Aeterna, mais le "Requiem pour soprano, Mezzo Soprano, Deux Choeurs Mixtes et Orchestre", toujours de Ligeti. La présence d'un orchestre le rend stricto sensu inéligible pour ce classement, mais il ne joue pas un rôle prépondérant, donc on fera comme si. Lux Aeterna apparait bien dans le film (d'où ma confusion), mais à un tout autre moment. Mea Maxima Culpa.
jeudi, septembre 2
Benicassim(e) dans ma cuisine...(air connu)
Pour ceux qui n'ont pu ou voulu aller à Benicassim ont été mis à disposition, dans leur quasi-intégralité, les concerts en vidéo et en audio. Je pense que des Muchas Gracias s'imposent. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une occasion unique de voir exactement de quel bois Patrick Wolf se chauffe. Pour les autres, il y a Einstürzende Neubauten, Wire, Belle & Sebastian, les Tindersticks et plein d'autres.
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