samedi, février 4

Les albums de 2005 (XII)

Stuart A. Staples - Lucky Dog Recordings 03-04 (Beggars Banquet)
Outre Stuart Staples, on retrouve sur cet album deux membres des Tindersticks (David Boulter et Neil Fraser) et plusieurs autres musiciens régulièrement employés sur leurs albums. Le groupe étant en hibernation prolongée depuis 2003, cet album solo est un pis-aller de luxe en attendant un hypothétique nouvel opus des Tindersticks. Il ne lui manque en effet que les cordes de Dickon Hinchliffe pour être un successeur parfait à Waiting For The Moon. Cette absence explique sans doute que les ambiances soient ici un peu moins tendues ou plus ouvertement "romantiques" que celles des meilleurs albums du groupe. Je suppose que ce simple fait explique déjà pourquoi certains ont accusé cet album de manquer de profondeur ou d'être plus préoccupé de joliesse que de beauté. Personnellement en tout cas, j'y trouve tout à fait mon compte. Marseilles Sunshine, People Fall Down ou Say Something New ne me semblent pas avoir à rougir de la comparaison avec des chansons comme Travelling Light. De plus, j'aime beaucoup la voix de Stuart Staples et je préfère nettement l'entendre dans un album tel que celui-ci que de ne pas l'entendre du tout. Pour les francophiles, je signalerai juste que Yann Tiersen (et Thomas Belhom) sont venus donner un coup de main sur quelques titres.

Madonna - Confessions on a dance floor (Warner)
Contrairement à ce que j'ai beaucoup lu, cet album n'est pas l'oeuvre du seul Stuart Price mais contient également des productions de Mirwais et du studio suédois Bloodshy et Avant (déjà responsable du Toxic de Britney Spears), ce qui ne l'empêche pas de présenter une grande homogénéité de son. Pour l'apprécier, il m'a d'abord fallu accepter de ne pas m'appesantir sur Hung Up, single efficace mais trop manifestement basé sur le sample d'Abba pour mériter tous les éloges qu'on lui prête ici ou là. Cela dit, il faut reconnaître que tout dans ce disque "sonne" à la perfection : les basses disco, la rythmique impitoyable (l'album entier est mixé comme un seul morceau de tempo à peu près constant), les synthés Myléniens (le début de Get Together me fait systématiquement penser à la vilaine fermière), les emprunts divers (autant le sample de Gimme Gimme Gimme dans Hung Up est putassier, autant l'emprunt à West End Girls dans Jump est discret et de bon goût), etc.. J'aime même Isaac dont l'improbable juxtaposition de chants hébreux (je présume liés d'une manière ou d'une autre à la Kabbale) et de disco fonctionne à merveille. Dans l'ensemble, on a donc un très bon disque de dance-pop qui peut sans doute faire penser à Rachel Stevens, à la différence que, là où Rachel Stevens se situe résolument du côté pop, Madonna est plus intéressée par le côté dance. C'est indéniablement plus un disque pour danser en boîte que pour chanter sous sa douche. Il me touche donc un peu moins, sans doute parce que je prends plus de douches que je ne vais en boîte.

Silver Mt. Zion - Horses in the sky (Constellation)
Arcade Fire n'est pas le premier groupe canadien à s'être retrouvé la coqueluche des branchés de tout poil avec leur premier album. Avant cela, les membres de Godspeed You Black Emperor avaient eux aussi connu adoration critique, gloire et dévotion avec leur post-rock post-apocalyptique et post-situationniste (pour ne pas dire post-nihiliste). L'expérience GYBE ayant tourné court, une partie des membres du groupe a créé A Silver Mt. Zion. ASMZ (il faut toujours parler de ce qui touche à Constellation avec des abréviations sous peine d'apparaître complètement has-been) en est déjà à son quatrième album et leur discographie m'a toujours semblé un peu inégale, du sublime (le deuxième album, le Pretty Little Lightning Paw EP de 2004) au moins sublime. Cet album-ci me semble plutôt dans cette deuxième catégorie. Bien que les recettes employées soient en gros les mêmes que sur PLLP, il manque ici un petit quelque chose : l'effet de surprise ou les bienfaits de la concision peut-être. Cela dit, cet album contient un morceau où je retrouve ce qui faisait, selon moi, tout le prix de PLLP. C'est la deuxième plage, Mountains Made Of Steam, entièrement construite autour de l'entrée de la guitare à 4'37" et qui me semble valoir toutes les GYBEries du monde.

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