jeudi, février 2

Les albums de 2005 (XI)

Patrick Wolf - Wind in the wires (Tomlab)
Ma découverte en 2003 du premier album de Patrick Wolf (Lycanthropy) a été un véritable choc esthétique. L'écouter m'a immédiatement donné l'impression qu'il avait été écrit spécialement pour moi et que j'étais le seul à pouvoir le comprendre. Cette impression idiote s'est d'autant plus développée que je me suis longtemps senti totalement isolé dans mon enthousiasme. A ma connaissance, la presse francophone n'en a pas dit un mot et les radios l'ignoraient (à part Radio 21 qui diffusa quelques fois Bloodbeat, après que je leur en eus envoyé un mp3). Heureusement, avec le temps, la sauce médiatique a commencé à prendre et Patrick Wolf a acquis un petit statut d'artiste culte (en Belgique du moins).
J'ai toujours conservé avec sa musique une relation de fan de base, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai autant de mal à en parler. Je dirai donc juste que cet album est beaucoup plus calme que le précédent, plus acoustique aussi. Patrick Wolf y apparaît apaisé, ayant fait la paix avec les démons qui peuplaient son adolescence. Des chansons comme Wind in the Wires et Teignmouth plongent l'auditeur dans un romantisme baroque très personnel et forment un contraste étonnant avec Tristan qui, avec ses rythmiques électro et ses cris gutturaux, rappelle Lycanthropy. Ce deuxième album me paraît dans l'ensemble musicalement plus abouti que le premier mais moins fascinant car on sent que Patrick Wolf y est moins spontané, plus conscient de lui-même et de son statut d'artiste. Cela dit, c'est une évolution inévitable que la sortie de son prochain album sur une major (Loog, une filiale de Polydor) devrait encore confirmer. Bizarrement, le disque fut dans l'ensemble assez mal reçu en France et les chroniques que j'ai pu lire étaient presque toutes négatives. On lui reprochait souvent d'en faire trop, notamment avec sa voix et de manquer de légèreté et de subtilité. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi mais je suppose qu'un adjectif tel que "lourd" n'a pas exactement le même sens pour tout le monde. Pour le reste, mon opinion sur le disque transparaît sans doute assez clairement de ce que j'ai déjà écrit ici et des questions que je lui ai posées lors de l'interview conduite au début de l'année dernière.

Boom Bip - Blue Eyed In The Red Room (Lex)
Si on en croit la rumeur ambiante, Boom Bip serait "une des figures emblématiques du hip-hop moderne". Ne connaissant rien de ce que Boom Bip a pu produire auparavant, j'ai un peu de mal à concilier cette qualification avec les chansons présentes sur cet album. Tout d'abord parce que, mis à part deux morceaux, il est entièrement instrumental et ensuite parce qu'il ne contient pas le moindre sample. On n'y trouve donc pas grand-chose de ce qui fait le hip-hop tel que je le conçois. Personnellement, plutôt que du hip-hop, j'y verrais un mélange d'electronica et de post-pop. Les deux morceaux chantés sont (forcément serais-je tenté de dire) ceux qui m'intéressent le plus. On pourrait décrire Do's and Don'ts, le morceau interprété par Gruff Rhys, comme la rencontre entre Elbow, la musique répétitive et la guitare de The Edge. The Matter (of our discussion) est lui inteprété par Nina Nastasia et ne déparerait pas sur un disque tardif de The Mortal Coil ou de The Hope Blister (c'est un compliment). Pour le reste, les morceaux, assez longs, se succèdent, des plus tubesques (The Move et Aplomb) aux plus insignifiants (la plupart des autres). Au final, c'est un disque qui crée un agréable fond sonore mais trop désincarné pour susciter la moindre étincelle d'enthousiasme.

Arab Strap - The Last Romance (Chemikal Underground)
Je dois avoir écouté à peu près tous les albums d'Arab Strap depuis le premier et j'en possède même quelques-uns. Pourtant, je suis incapable de citer le titre de ne serait-ce qu'une seule de leurs chansons. En fait, plus que les compositions en elles-mêmes, ce que j'aime dans la musique d'Arab Strap, c'est un son très particulier, d'une grande limpidité, avec la voix mise très en avant et tous les instruments qui se détachent avec netteté (guitare, violon et une touche d'électronique). Comme c'était déjà le cas pour Smog, chaque nouvel album est donc avant tout pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux échantillons de ce son. En conséquence, Arab Strap est un groupe que je n'écoute pas souvent, mais toujours avec plaisir même si je n'ai jamais eu l'envie de m'y plonger plus en profondeur. Du coup, tous leurs albums ont tendance à se confondre dans mon esprit et je serais bien incapable de comparer celui-ci aux précédents. Je dirais donc simplement que le glissement stylistique observé depuis deux ou trois albums s'y confirme, le minimalisme des débuts se métamorphosant petit à petit en une forme de pop joyeuse nettement plus construite (Stink ou There is no ending par exemple).

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