Amusement Parks On Fire - Amusement Parks On Fire (V2)
Rares sont les albums qui peuvent se vanter d'avoir connu trois sorties différentes. Il a paru pour la première fois en 2004, a été réédité en 2005 et connaîtrait, si j'en crois Amazon, une nouvelle sortie ces jours-ci. Un tel acharnement dans la promotion signifie en général que la maison de disques pense que le disque n'a pas encore "réalisé son plein potentiel" commercial et espère qu'une nouvelle sortie (et donc nouvelles chroniques presse et nouvelle visibilité dans les rayons des disquaires) pourrait arranger les choses. En général, c'est peine perdue, comme le prouvent par exemple le premier album de Rachel Stevens et l'album des Stills. Cela dit, je comprends bien la frustration du label. Le nom du groupe est formidable, le leader a un look qui évoque à la fois Kurt Cobain et Patrick Wolf. De plus, leur album respecte scrupuleusement le cahier des charges du parfait petit succès indé : mélodies efficaces, influences évidentes et prestigieuses (ici My Bloody Valentine, pour aller vite) et un imposant mur de guitares. Franchement, si de nous jours tous ces efforts ne suffisent plus à garantir la une du NME, c'est à désespérer de tout. Etait-il possible de faire chanson plus resserrée que Venus in Cancer (tellement formidable qu'elle me fait penser à One Great Summer d'Amplifier) ? Les mouvements de convection à l'intérieur du magma de guitares qui sert de toile de fond à Venosa pouvaient-ils être encore plus fascinants ? Un interlude pour piano peut-il être encore plus trognon et annonciateur de tempête que ne l'est Asphalt ? Et un final peut-il être plus Mogwaïment noisy que ne l'est Local Boy Makes God ? La réponse à ces questions est sans doute non et pourtant, on ne peut pas dire que cet album ait connu un succès triomphal. Nous vivons décidément dans un monde plein d'incertitudes.
Kate Bush - Aerial (EMI)
Ce nouvel album est sans doute le disque que j'ai attendu avec le plus d'impatience en 2005. Bien que j'aie une connaissance au fond assez superficielle de l'oeuvre de Kate Bush (je connais à vrai dire surtout la compilation The Whole Story), je l'ai toujours tenue en haute estime, en partie par atavisme familial. Du coup, j'ai un peu de mal à me faire une opinion neutre sur Aerial et à dépasser le simple sentiment de sidération ("Waow ! Un nouvel album de Kate Bush ! 12 ans après le précédent ! Dingue !") et j'éprouve une étrange répugnance à me forger une opinion dans un sens ou dans l'autre. Je ne peux pas dire que je sois déçu car la pop lyrique et légèrement barrée de Kate Bush semble toujours aussi extra-terrestre eb 2005 et je prends un réel plaisir à écouter Aerial. Pourtant, je ne dirais pas non plus que ce disque m'enthousiasme, sans doute parce qu'il ne surprend jamais. Fallait-il vraiment 12 ans à Kate Bush pour faire exactement l'album que l'on attendait d'elle ? Comme sur The Hounds of Love, la première moitié de l'album est une collection de chansons et la deuxième une longe pièce divisée en mouvements, avec cris d'oiseaux, paroles d'enfants et rires hystériques. Le léger grain de folie que ses fans considèrent en général comme la marque de son "génie" parcourt également tout l'album, par exemple lorsqu'elle utilise des instruments de la Renaissance sur Bertie, chante les 100 premières décimales du nombre Pi dans, euh..., Pi ou consacre une ode à sa machine à laver (Mrs Bartolozzi). Je suppose que si cet album était l'oeuvre d'une chanteuse débutante, il aurait évidemment été une des très bonnes surprises de l'année. Venant de Kate Bush, il finit bizarrement par être une sorte de non-événement, un non-événement plein de qualités mais un non-événement quand même.
Bloc Party - Silent Alarm (Wichita/V2)
Dans la grande famille des nouveaux groupes indés britanniques en deux mots de cinq lettres ou moins, je demande l'aîné. A l'instar de ses petits frères Hard-Fi et Art Brut, Bloc Party a plutôt connu une bonne année 2005, sans doute en partie parce que leur premier album abrite une impressionnante collection de singles (réels ou en puissance) : Helicopter, Banquet, Positive Tension, So Here We Are, pour ne citer que les meilleurs. Les membres de Bloc Party osent prendre un peu plus de libertés avec les recettes éprouvées que la moyenne de leurs contemporains(Kaiser Chiefs ou Hard-Fi en tête), comme par exemple sur l'intro de Price of Gasoline ou la partie centrale de She's Hearing Voices, et cela se révèle souvent payant. On trouve ici une attention aux "atmosphères" qui vient compléter et parfois pervertir la quête du tube qui semble l'obsession unique (et légitime) de la plupart des groupes du genre. La voix de Kele Okereke apporte également des inflexions inédites, une forme de swing vaguement chaloupé qui vient légèrement gauchir la mécanique bien huilée du rock indé briton et évoque parfois John Lydon (période P.I.L.). Pourtant, c'est un disque que j'admire plus que je ne l'aime. Il m'impressionne mais ne me parle pas aux tripes et je n'ai à vrai dire pas très souvent envie de le réécouter. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû mais bon leur avenir est assuré et ce n'est pas comme si ils avaient absolument besoin de ma dévotion pour continuer leur carrière. A lire les interviews récentes du groupe, je suis en tout cas curieux de voir à quoi ressemblera leur second album.
War Against Sleep - Invitation To The Feast (Fire)
Lorsque j'avais mentionné (ici) le formidable EP Borderline Personality, je m'étais réjoui à l'idée d'écouter l'album entier et une bonne moitié de Invitation to the Feast justifie a posteriori cette impatience. Changing of the Seasons est une ballade folk maniériste (en grande partie à cause de la voix) dont la simplicité est assez irrésistible. Song of songs est le genre de chansons que Scott Walker serait bien inspiré de mettre sur son prochain album et Bedminster Parade est une ballade au piano (tout est dit). Tout n'est malheureusement pas du même niveau. Je cherche toujours une raison d'être à Damaged Woman et une chanson comme Puppies and Kittens (ce titre !) tombe du mauvais côté de la frontière séparant le 'délicieusement twee' du 'péniblement niais'. Cela dit, plus encore que ces deux-trois chansons moins intéressantes, le problème de cet album est peut-être que le charme indéniable de la musique de War Against Sleep fonctionne surtout à petites doses (pour moi en tout cas) et perd de sa potence quand il se retrouve dilué sur 11 morceaux. Les fans de notes de pochette seront ravis d'apprendre qu'on retrouve sur cet album Nick Talbot (Gravenhurst, dont l'album est une des très bonnes surprises de 2005) et Roisin Murphy. Pour finir, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi on entend un public applaudir sur un titre en plein milieu du disque. Ca me donne l'impression d'entendre un album téléchargé en avant-première sur eMule.
That's all, folks!
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