Voilà sans doute ce que les responsables de Polydor ont dit à Rachel Stevens il y a quelques jours, si on en croit l'info donnée le 23 décembre sur ce site.
Sinon, Gaël propose une petite piqûre de rappel sur les Sparks ici (et j'y ai appris pas mal de choses) tandis que Digital Eargasm nous fait un panorama complet des remixes de Stuart Price aka Jacques Lu Cont aka Thin White Duke aka Les Rythmes Digitales aka Zoot Woman aka le type derrière le dernier Madonna.
EDIT : Pour finir, voici une vidéo de Final Fantasy faisant une reprise de Bloc Party. Il serait grand temps que j'écoute son album.
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
mardi, décembre 27
samedi, décembre 24
Nous aussi, on peut.
J'ai déjà signalé ici que, suite à la généralisation des mp3-blogs en 2005, les classements de fin d'année que l'on trouve traditionnellement à cette époque un peu partout sur le Web sont cette année souvent accompagnés d'extraits sonores. La Blogothèque n'est évidemment pas en reste. Vous pouvez notamment écouter ici des extraits de cinq de mes albums préférés de cette année (ainsi que ceux de la plupart de mes petits camarades).
Joyeux Noël à vous.
Joyeux Noël à vous.
vendredi, décembre 23
Tout est dit.
jeudi, décembre 22
Avant-première
- Deux morceaux extraits du nouvel album des Sparks à paraître en février (Hello Young Lovers) sont disponibles ici. Une première écoute rapide semble indiquer que l'on ne retrouvera pas le niveau stratosphérique de Lil' Beethoven.
- Un extrait de la version instrumentale d'une des chansons du prochain album des Pet Shop Boys est trouvable ici.
- Un extrait de la version instrumentale d'une des chansons du prochain album des Pet Shop Boys est trouvable ici.
mercredi, décembre 21
L'âme musique, le rythme&bleuze et le dur-roc
- Je viens de voir en zappant le clip de Besoin d'espace, interprété par un certain Pierrick Liliu. Il a manifestement beaucoup écouté Linkin Park mais n'a pas pour autant intégré le sens de la mélodie ou de l'arrangement hip-hop-électro-metal des Californiens. Il semble en revanche avoir pris un réel plaisir à reproduire les clichés sur le "malaise adolescent" véhiculés par leurs textes dans les paroles de sa propre chanson. "Je souffre. La douleur est ma compagne dans le grand désert sans repères qu'est cette vie adulte qui s'annonce et dans laquelle je ne parviens pas à rentrer. Je suis maaaal dans ma peau.". C'est très drôle, d'autant que les concepteurs du clip (visible ici) veillent bien à l'inscrire visuellement dans une mythologie américaine de base, histoire sans doute de jouer avec la fascination qu'exerce les Etats-Unis sur les 10-14 ans, tout en rentrant dans les quotas de diffusion de chansons francophones.
Dans la foulée, j'ai eu droit au clip d'une certaine Myriam Abel (la Mariah Carey de Clermont-Ferrand ?) chantant un truc dont les paroles du refrain contiennent une lapalissade hallucinante ("Donne à la vie le sens que tu lui donnes"... franchement). Le clip, visible ici, se déroule évidemment aux Etats-Unis (à New York à première vue).
Il existe plein d'autres exemples du même genre et il suffit en général de regarder MTV France ou MCM pendant un quart d'heure pour avoir la joie incommensurable de découvrir une Beyoncé toulousaine ou un Muse de Sarcelles. Je me rappelle notamment avoir vu un clip de Pokora-j'sais pas quoi, qui était une copie carbone de Justin Timberlake. Cette manie qu'ont les majors françaises de sortir (un ou deux ans trop tard) des pâles photocopies de ce qui se fait ailleurs m'amuse beaucoup.
Je ne suis pas sûr que lorsque la loi instaurant des quotas de diffusion de chansons francophones a été votée à l'Assemblée Nationale, les députés avaient prévu (et encore moins souhaité) un tel déferlement de mimétisme. Ils espéraient sans doute que les cours de récré bruisseraient de conversations sur les nouveaux Brassens, Brel et Ferré.... C'est clairement loupé. En passant, et parce que je suis taquin, je rappelle que l'industrie du disque en France est une des plus mal en point d'Europe.
- Plus triste, les Sugababes splittent.
Dans la foulée, j'ai eu droit au clip d'une certaine Myriam Abel (la Mariah Carey de Clermont-Ferrand ?) chantant un truc dont les paroles du refrain contiennent une lapalissade hallucinante ("Donne à la vie le sens que tu lui donnes"... franchement). Le clip, visible ici, se déroule évidemment aux Etats-Unis (à New York à première vue).
Il existe plein d'autres exemples du même genre et il suffit en général de regarder MTV France ou MCM pendant un quart d'heure pour avoir la joie incommensurable de découvrir une Beyoncé toulousaine ou un Muse de Sarcelles. Je me rappelle notamment avoir vu un clip de Pokora-j'sais pas quoi, qui était une copie carbone de Justin Timberlake. Cette manie qu'ont les majors françaises de sortir (un ou deux ans trop tard) des pâles photocopies de ce qui se fait ailleurs m'amuse beaucoup.
Je ne suis pas sûr que lorsque la loi instaurant des quotas de diffusion de chansons francophones a été votée à l'Assemblée Nationale, les députés avaient prévu (et encore moins souhaité) un tel déferlement de mimétisme. Ils espéraient sans doute que les cours de récré bruisseraient de conversations sur les nouveaux Brassens, Brel et Ferré.... C'est clairement loupé. En passant, et parce que je suis taquin, je rappelle que l'industrie du disque en France est une des plus mal en point d'Europe.
- Plus triste, les Sugababes splittent.
mardi, décembre 20
Pop de fin d'année
- (L'indispensable) Edward O. vient d'entamer son classement des 100 meilleurs singles de l'année. On y trouve tout et n'importe quoi, un long texte pour chaque chanson et quelques mp3.
- Jessica "Dirrrrty Pop" a créé une "Poptastic!" compilation de Noël. De nouveau, on y trouve un peu tout et n'importe quoi (même une chanson tirée de l'inécoutable album de Noël de Nsync, c'est dire) mais l'idée est belle.
- Pour des chansons de Noël plus culturellement correctes, allez jeter un oeil sur lehoubablog, où des morceaux sur le sujet sont proposés depuis quelques jours, et ce billet de Stereogum (où on trouve une version live du morceau de The Go! Team ayant fait l'objet de mon premier billet sur la Blogothèque).
- Entre ces deux extrêmes se trouvent le billet de Copy, Right? proposant 15 reprises de l'inusable Last Christmas de Wham!.
- Pour finir, Minotaur Shock (auteur avec Maritime d'un des très bons albums de l'année) propose pour d'obscures raisons une reprise des Eagles à l'occasion de Noël.
Joyeux Noël.
EDIT1 : Des chants de Noël version soul (de Marvin Gaye aux Jackson 5) sont proposés ici (avec également une de mes chansons françaises préférées).
EDIT2 : Il semblerait que mon EDIT1 ait placé le billet en quarantaine pendant quelques heures. Désolé.
- Jessica "Dirrrrty Pop" a créé une "Poptastic!" compilation de Noël. De nouveau, on y trouve un peu tout et n'importe quoi (même une chanson tirée de l'inécoutable album de Noël de Nsync, c'est dire) mais l'idée est belle.
- Pour des chansons de Noël plus culturellement correctes, allez jeter un oeil sur lehoubablog, où des morceaux sur le sujet sont proposés depuis quelques jours, et ce billet de Stereogum (où on trouve une version live du morceau de The Go! Team ayant fait l'objet de mon premier billet sur la Blogothèque).
- Entre ces deux extrêmes se trouvent le billet de Copy, Right? proposant 15 reprises de l'inusable Last Christmas de Wham!.
- Pour finir, Minotaur Shock (auteur avec Maritime d'un des très bons albums de l'année) propose pour d'obscures raisons une reprise des Eagles à l'occasion de Noël.
Joyeux Noël.
EDIT1 : Des chants de Noël version soul (de Marvin Gaye aux Jackson 5) sont proposés ici (avec également une de mes chansons françaises préférées).
EDIT2 : Il semblerait que mon EDIT1 ait placé le billet en quarantaine pendant quelques heures. Désolé.
vendredi, décembre 16
Liens du jour.
- J'avais dans l'idée de consacrer mon billet de la semaine sur la Blogothèque aux musiques de film de Lisa Gerrard. Au bout du compte, aucun des deux morceaux proposés ne rentre stricto sensu dans cette catégorie. Bah !
- Je profite de l'occasion pour vous filer ce lien, qui m'a notamment appris l'existence d'une vidéo pour The Human Game réutilisant des images du film Baraka. Elle est visible sur la page "audio-vidéo" consacrée à Dead Can Dance. Tant que vous y êtes, vous pouvez aussi aller jeter un oeil celle consacrée aux Cocteau Twins, en attendant que je recause plus longtemps de ces derniers à l'occasion de la sortie de leur coffret de B-sides.
- J'aime beaucoup le morceau de Copy proposé hier par Music for robots.
- Bullette met à disposition sur son site deux nouvelles chansons, dont The Finest Gifts, que j'aime beaucoup. Je vous rappelle en passant que son premier album est téléchargeable gratuitement sur la même page. We are not from Sugar en particulier est rigoureusement formidable.
- Je profite de l'occasion pour vous filer ce lien, qui m'a notamment appris l'existence d'une vidéo pour The Human Game réutilisant des images du film Baraka. Elle est visible sur la page "audio-vidéo" consacrée à Dead Can Dance. Tant que vous y êtes, vous pouvez aussi aller jeter un oeil celle consacrée aux Cocteau Twins, en attendant que je recause plus longtemps de ces derniers à l'occasion de la sortie de leur coffret de B-sides.
- J'aime beaucoup le morceau de Copy proposé hier par Music for robots.
- Bullette met à disposition sur son site deux nouvelles chansons, dont The Finest Gifts, que j'aime beaucoup. Je vous rappelle en passant que son premier album est téléchargeable gratuitement sur la même page. We are not from Sugar en particulier est rigoureusement formidable.
jeudi, décembre 15
A écouter.
- Music for kids who can't read good se fend à son tour d'un classement de l'année avec des vrais morceaux de mp3 dedans. Je ne suis pas sûr de trouver mon bonheur dans leurs choix, cela dit.
- Des remixes comme s'il en pleuvait chez Stereogum, avec notamment ce lien.
-Bopperenlarme parle de The Prayer And Tears of Arthur Digby Sellers, un groupe dont je n'avais encore jamais entendu le nom (à coucher dehors) et qui a enregistré une ma foi fort sympathique reprise de Billie Jean.
- Des remixes comme s'il en pleuvait chez Stereogum, avec notamment ce lien.
-Bopperenlarme parle de The Prayer And Tears of Arthur Digby Sellers, un groupe dont je n'avais encore jamais entendu le nom (à coucher dehors) et qui a enregistré une ma foi fort sympathique reprise de Billie Jean.
mercredi, décembre 14
De la musique pour ceux qui n'aiment pas la musique
J'ai déjà dit ici tout le mal que je pensais des groupes de popera type Il Divo (officiellement des stars en Belgique depuis six mois) et G4 (jugez par vous-mêmes du désastre ici).
La deuxième génération du genre vient d'arriver en Angleterre et combine pour le pire l'esthétique "Les Choristes" avec cette vieille croyance que la jeunesse fait vendre. Je vous laisse juge.
La deuxième génération du genre vient d'arriver en Angleterre et combine pour le pire l'esthétique "Les Choristes" avec cette vieille croyance que la jeunesse fait vendre. Je vous laisse juge.
Rien n'a d'importance. Tous les coups sont permis.
Attention, ce billet est long et fastidieux mais ça fait longtemps que je me dis que je devrais mettre au net ma position sur ces questions. D'autant que, même si j'y vois surtout des évidences, elles ne vont pas toujours sans dire.
Lorsque quelqu'un écrit sur Internet ou ailleurs ce qu'il pense d'un disque, d'un concert ou d'un film, il doit s'attendre à provoquer des réactions, plus ou moins amicales, et être prêt à y faire face. Face à un avis contraire aux leurs, certains tentent d'argumenter pour défendre leur position, disant qu'ils ont un avis différent parce que ça, ça ou ça. On peut alors assister à des discussions intéressantes pouvant parfois mener l'une ou l'autre partie à infléchir sa position. Malheureusement, d'autres au contraire quittent très vite le domaine de la discussion de l'oeuvre au sens strict pour s'attaquer à la personne ayant donné son avis, ce qui donne en général des échanges nettement moins civils et policés. Dans ce dernier cas, la question de la relativité du goût ou de l'objectivité en art est rapidement placée au centre des discussions. Or, je m'aperçois que je n'en ai jamais rien dit ici. Ayant un peu de temps devant moi, je vais tenter d'y remédier.
Je ne vais pas convoquer, comme beaucoup le font, Kant et Schopenauer pour donner du poids à mon propos. J'en suis bien incapable et ce serait sans doute contre-productif. Ma position sur ces questions étant un savant mélange de lieux communs et d'esprit ludique, je doute qu'elle gagnerait à se voir associée à des marronniers philosophiques qui ne pourraient qu'en souligner l'inanité. Je vais donc me contenter d'énumérer les grands principes auxquels je tente de me conformer :
1) Il n'existe pas d'échelle absolue sur laquelle on pourrait classer les albums en fonction de leur valeur intrinsèque. Aucun argument ne pourra jamais me convaincre que l'album de Rachel Stevens est meilleur (ou moins bon) que celui d'Arcade Fire ou de Pascal Obispo (je devais bien inclure ici un artiste que je hais pour rester crédible). Dès lors, je considère que, pour juger des oeuvres, le goût personnel est souverain. J'ai tendance à croire que la seule objectivité possible en matière d'art est statistique et que, par conséquent, elle n'est pas toujours souhaitable et est souvent parasitée par des considérations sociologiques ou ethnologiques.
2) Tous les artistes ne s'adressent pas aux mêmes auditeurs (André Rieu et Tony Conrad ne doivent pas avoir le moindre fan en commun et s'en portent tous les deux très bien). Inversément, tous les auditeurs n'attendent pas les mêmes choses de la musique qu'ils écoutent. Mieux, le même auditeur recherche en général des choses différentes selon son humeur ou le genre considéré. Qui prétendrait que le plaisir pris à écouter un disque ambient de Brian Eno est de même nature que celui pris à écouter le Requiem de Mozart ou un album de Led Zeppelin ?
3) Les disques et les genres de musique auxquels s'intéresse tout un chacun est le produit d'une histoire personnelle complexe qui rend illusoire de vouloir classer les auditeurs selon leur niveau d'"éducation musicale". D'autant que les facteurs déterminants en ce domaine sont le degré de curiosité que l'on éprouve envers la chose musicale ainsi que la quantité de temps (et d'argent) que l'on est prêt à y consacrer. En conséquence, ceux qui prennent de haut les gens ayant des goûts plus mainstream qu'eux peuvent souvent, bien qu'ils s'en défendraient sûrement, sombrer dans le jugement de classe (sans parler du fait que la musique n'est qu'un des nombreux aspects de la culture).
A ce stade, vous pourriez vous dire que, si je considère vraiment que tout se vaut et que rien de ce que peux dire ne devrait a priori concerner personne d'autre que moi, je devrais sans doute en tirer les conséquences, clore ce blog inutile, arrêter de lire ceux des autres et vivre mon goût de la musique en autarcie. Et bien non. En effet :
a) L'amateur de musique est souvent un peu snob et aime bien s'imaginer qu'autrui aurait a priori beaucoup à apprendre de lui. Etant aussi par nature assez confiant en la qualité de ses goûts (forcément, dirait Coluche, puisque "c'est avec ça qu'il juge"), il est en général convaincu qu'un individu de bonne volonté à qui il ferait écouter un disque qu'il aime ne pourrait que se former une opinion identique et l'aimer aussi. Il s'imagine même parfois que l'individu en question éprouverait fatalement un vague sentiment de reconnaissance d'avoir été ainsi "éduqué".
Cette conviction (parfaitement irrationnelle) est à mon avis plus ou moins présente chez tous les amateurs de musique, même ceux qui ne trouvent a priori rien à redire aux points 1 à 3 qui précèdent. Le désir de partager ses goûts avec d'autres est à la base de la plupart des fanzines, et plus récemment des blogs musicaux (dont le mien). Il est aussi à l'origine des billets que j'écris pour la Blogothèque, dont le sous-texte pourrait souvent se résumer ainsi : "Tenez, vous n'avez plus qu'à cliquer sur ce lien mp3 pour ressentir le même plaisir d'écoute que moi." C'est naïf, certes, mais d'une naïveté que je trouve presque touchante.
b) De plus, personne n'est complètement singulier et on partage tous au moins une partie de nos goûts avec d'autres. En conséquence, chaque billet que j'écris peut potentiellement faire entrer en contact des personnes dont la sensibilité musicale est proche de la mienne (il doit bien y en avoir une ou deux) et des artistes que j'apprécie. Autrement dit, s'il n'est pas raisonnable d'espérer convaincre une majorité de lecteurs, il est toujours possible de leur faire des propositions, ce qui légitime tout à fait l'existence des blogs et les fanzines. De la même manière, je lis les billets des autres dans l'espoir d'y trouver des propositions qui me plaisent.
Si je m'en tenais strictement aux principes que je viens d'évoquer, je serais obligé de commencer toutes mes phrases par des "Je pense que", "Je crois que" ou "En toute amitié et sans vouloir remettre en cause la validité de vos opinions, il me semble possible, si pas forcément souhaitable, d'envisager la possibilité que, dans certaines conditions bien précises, on puisse suggérer que", ce qui serait, sur la longueur d'un billet, assez pénible à lire (et encore plus à écrire si on tape à deux doigts). Je n'en fais donc rien.
Une fois disparue la tentation de lier en quoi que ce soit les goûts des individus avec leur personnalité (ou pire, leur "valeur"), la discussion autour d'un artiste ou d'une oeuvre devient une sorte de jeu abstrait, joute oratoire sans véritable enjeu. L'amateur de musique voulant défendre ses goûts et dégoûts peut alors presque tout dire, y compris "C'est nul", "Tut tut tut, tu dis n'importe quoi" ou "Tu devrais avoir honte de dire pareilles sottises", ces phrases n'étant plus que des armes parmi d'autres, dont le pouvoir potentiellement blessant disparaît de n'être plus connectées aux personnes, mais seulement aux oeuvres. C'est sans doute ce goût de la polémique qui me fait tant aimer Le Masque et la Plume, même quand je suis en désaccord avec ce qui s'y dit.
Cela dit, cette rafraîchissante liberté de ton n'est envisageable que si on se trouve en face d'un interlocuteur ayant la même vision ludique de la discussion. Dans le cas contraire, cela devient vite intenable. Je peux ainsi très vite me braquer si je perçois derrière un "Tu as vraiment mauvais goût." une mise en cause personnelle, ou inversément me sentir coupable lorsque mon interlocuteur en perçoit une de ma part. Cela dit, entre deux personnes de bonne composition, il est toujours possible de s'expliquer et de s'excuser.
Ouf. Je crois bien avoir écrit l'essentiel de ce que je voulais dire. La prochaine fois que je me retrouverai face à un interlocuteur rendu furieux par mes propos sur KorN, Rondo Venziano ou Arcade Fire, je pourrai toujours le renvoyer ici, où il trouvera à la fois une explication et, s'il se sent obligé de tout lire, une forme de punition
Bravo à ceux qui sont arrivés jusqu'ici.
Lorsque quelqu'un écrit sur Internet ou ailleurs ce qu'il pense d'un disque, d'un concert ou d'un film, il doit s'attendre à provoquer des réactions, plus ou moins amicales, et être prêt à y faire face. Face à un avis contraire aux leurs, certains tentent d'argumenter pour défendre leur position, disant qu'ils ont un avis différent parce que ça, ça ou ça. On peut alors assister à des discussions intéressantes pouvant parfois mener l'une ou l'autre partie à infléchir sa position. Malheureusement, d'autres au contraire quittent très vite le domaine de la discussion de l'oeuvre au sens strict pour s'attaquer à la personne ayant donné son avis, ce qui donne en général des échanges nettement moins civils et policés. Dans ce dernier cas, la question de la relativité du goût ou de l'objectivité en art est rapidement placée au centre des discussions. Or, je m'aperçois que je n'en ai jamais rien dit ici. Ayant un peu de temps devant moi, je vais tenter d'y remédier.
Je ne vais pas convoquer, comme beaucoup le font, Kant et Schopenauer pour donner du poids à mon propos. J'en suis bien incapable et ce serait sans doute contre-productif. Ma position sur ces questions étant un savant mélange de lieux communs et d'esprit ludique, je doute qu'elle gagnerait à se voir associée à des marronniers philosophiques qui ne pourraient qu'en souligner l'inanité. Je vais donc me contenter d'énumérer les grands principes auxquels je tente de me conformer :
1) Il n'existe pas d'échelle absolue sur laquelle on pourrait classer les albums en fonction de leur valeur intrinsèque. Aucun argument ne pourra jamais me convaincre que l'album de Rachel Stevens est meilleur (ou moins bon) que celui d'Arcade Fire ou de Pascal Obispo (je devais bien inclure ici un artiste que je hais pour rester crédible). Dès lors, je considère que, pour juger des oeuvres, le goût personnel est souverain. J'ai tendance à croire que la seule objectivité possible en matière d'art est statistique et que, par conséquent, elle n'est pas toujours souhaitable et est souvent parasitée par des considérations sociologiques ou ethnologiques.
2) Tous les artistes ne s'adressent pas aux mêmes auditeurs (André Rieu et Tony Conrad ne doivent pas avoir le moindre fan en commun et s'en portent tous les deux très bien). Inversément, tous les auditeurs n'attendent pas les mêmes choses de la musique qu'ils écoutent. Mieux, le même auditeur recherche en général des choses différentes selon son humeur ou le genre considéré. Qui prétendrait que le plaisir pris à écouter un disque ambient de Brian Eno est de même nature que celui pris à écouter le Requiem de Mozart ou un album de Led Zeppelin ?
3) Les disques et les genres de musique auxquels s'intéresse tout un chacun est le produit d'une histoire personnelle complexe qui rend illusoire de vouloir classer les auditeurs selon leur niveau d'"éducation musicale". D'autant que les facteurs déterminants en ce domaine sont le degré de curiosité que l'on éprouve envers la chose musicale ainsi que la quantité de temps (et d'argent) que l'on est prêt à y consacrer. En conséquence, ceux qui prennent de haut les gens ayant des goûts plus mainstream qu'eux peuvent souvent, bien qu'ils s'en défendraient sûrement, sombrer dans le jugement de classe (sans parler du fait que la musique n'est qu'un des nombreux aspects de la culture).
A ce stade, vous pourriez vous dire que, si je considère vraiment que tout se vaut et que rien de ce que peux dire ne devrait a priori concerner personne d'autre que moi, je devrais sans doute en tirer les conséquences, clore ce blog inutile, arrêter de lire ceux des autres et vivre mon goût de la musique en autarcie. Et bien non. En effet :
a) L'amateur de musique est souvent un peu snob et aime bien s'imaginer qu'autrui aurait a priori beaucoup à apprendre de lui. Etant aussi par nature assez confiant en la qualité de ses goûts (forcément, dirait Coluche, puisque "c'est avec ça qu'il juge"), il est en général convaincu qu'un individu de bonne volonté à qui il ferait écouter un disque qu'il aime ne pourrait que se former une opinion identique et l'aimer aussi. Il s'imagine même parfois que l'individu en question éprouverait fatalement un vague sentiment de reconnaissance d'avoir été ainsi "éduqué".
Cette conviction (parfaitement irrationnelle) est à mon avis plus ou moins présente chez tous les amateurs de musique, même ceux qui ne trouvent a priori rien à redire aux points 1 à 3 qui précèdent. Le désir de partager ses goûts avec d'autres est à la base de la plupart des fanzines, et plus récemment des blogs musicaux (dont le mien). Il est aussi à l'origine des billets que j'écris pour la Blogothèque, dont le sous-texte pourrait souvent se résumer ainsi : "Tenez, vous n'avez plus qu'à cliquer sur ce lien mp3 pour ressentir le même plaisir d'écoute que moi." C'est naïf, certes, mais d'une naïveté que je trouve presque touchante.
b) De plus, personne n'est complètement singulier et on partage tous au moins une partie de nos goûts avec d'autres. En conséquence, chaque billet que j'écris peut potentiellement faire entrer en contact des personnes dont la sensibilité musicale est proche de la mienne (il doit bien y en avoir une ou deux) et des artistes que j'apprécie. Autrement dit, s'il n'est pas raisonnable d'espérer convaincre une majorité de lecteurs, il est toujours possible de leur faire des propositions, ce qui légitime tout à fait l'existence des blogs et les fanzines. De la même manière, je lis les billets des autres dans l'espoir d'y trouver des propositions qui me plaisent.
Si je m'en tenais strictement aux principes que je viens d'évoquer, je serais obligé de commencer toutes mes phrases par des "Je pense que", "Je crois que" ou "En toute amitié et sans vouloir remettre en cause la validité de vos opinions, il me semble possible, si pas forcément souhaitable, d'envisager la possibilité que, dans certaines conditions bien précises, on puisse suggérer que", ce qui serait, sur la longueur d'un billet, assez pénible à lire (et encore plus à écrire si on tape à deux doigts). Je n'en fais donc rien.
Une fois disparue la tentation de lier en quoi que ce soit les goûts des individus avec leur personnalité (ou pire, leur "valeur"), la discussion autour d'un artiste ou d'une oeuvre devient une sorte de jeu abstrait, joute oratoire sans véritable enjeu. L'amateur de musique voulant défendre ses goûts et dégoûts peut alors presque tout dire, y compris "C'est nul", "Tut tut tut, tu dis n'importe quoi" ou "Tu devrais avoir honte de dire pareilles sottises", ces phrases n'étant plus que des armes parmi d'autres, dont le pouvoir potentiellement blessant disparaît de n'être plus connectées aux personnes, mais seulement aux oeuvres. C'est sans doute ce goût de la polémique qui me fait tant aimer Le Masque et la Plume, même quand je suis en désaccord avec ce qui s'y dit.
Cela dit, cette rafraîchissante liberté de ton n'est envisageable que si on se trouve en face d'un interlocuteur ayant la même vision ludique de la discussion. Dans le cas contraire, cela devient vite intenable. Je peux ainsi très vite me braquer si je perçois derrière un "Tu as vraiment mauvais goût." une mise en cause personnelle, ou inversément me sentir coupable lorsque mon interlocuteur en perçoit une de ma part. Cela dit, entre deux personnes de bonne composition, il est toujours possible de s'expliquer et de s'excuser.
Ouf. Je crois bien avoir écrit l'essentiel de ce que je voulais dire. La prochaine fois que je me retrouverai face à un interlocuteur rendu furieux par mes propos sur KorN, Rondo Venziano ou Arcade Fire, je pourrai toujours le renvoyer ici, où il trouvera à la fois une explication et, s'il se sent obligé de tout lire, une forme de punition
Bravo à ceux qui sont arrivés jusqu'ici.
dimanche, décembre 11
C'est presque Noël...
... et lehoubablog nous propose donc une (anti-)chanson de Noël des Sparks ici.
Sinon, dans un registre plus autopromotionnel, mon billet de la semaine sur la Blogothèque est consacré à The Knife.
Sinon, dans un registre plus autopromotionnel, mon billet de la semaine sur la Blogothèque est consacré à The Knife.
Nits, Ancienne Belgique, 8 décembre 2005
Je savais bien qu'en allant voir en dix jours les deux groupes responsables de mes deux meilleurs souvenirs de concert, je m'exposais à des désillusions et je pourrais effectivement reprendre quasiment mot pour mot ce que j'ai déjà écrit à propos du concert d'Elbow de la semaine dernière, soit en gros que c'était très bien mais que ce n'était "que" très bien et que je n'ai pas réussi à retrouver l'état d'émerveillement béat qui m'avait envahi lors du premier concert. Je suppose que mes attentes étaient trop grandes, ce qui n'est jamais une bonne chose.
La salle de l'AB se présente sous une configuration assez inhabituelle. La moitié postérieure de la fosse est garnie de sièges en gradins, une bonne manière sans doute de combiner des préventes sans doute insuffisantes pour viser le sold-out et le caractère somme toute assez BCBG du public des Nits. La salle se remplit d'ailleurs lentement et j'ai profité de la demi-heure précédant le concert pour discuter avec une hollandaise qui suit le groupe depuis 1982 et a déjà vu cinq concerts de la tournée. Une vraie fan donc, du genre à avoir Quest en deux exemplaires. Elle me sera d'ailleurs d'une aide précieuse lorsqu'il s'agira de retrouver le titre des morceaux en cours de concert.
La disposition des instruments sur scène m'a fait me demander si une première partie avait été rajoutée à la dernière minute. Devant la batterie de Rob Kloet et les claviers de Robert Jan Stips, on pouvait en effet voir une batterie en réduction, toute mignonne avec ses mini-cymbales et ses petits tambours, et un (pas si) petit piano électrique. Je me suis pris un instant à imaginer des mini-Nits (Nitsjes ?) venir jouer quelques chansons pour chauffer la salle. Je n'étais d'ailleurs pas complètement à côté de la plaque puisque le concert commence par une première partie "acoustique". Ce terme est à prendre dans son acception la plus lâche puisque l'instrumentation y est quasiment le même que dans la seconde partie (les effets de synthé à la "Mountains" en moins).
Si on ajoute ce parti-pris minimaliste de la première moitié du concert au fait que, contrairement à il y a deux ans, ils ne sont que trois sur scène, on comprend assez vite que ce concert ne pouvait pas proposer un son aussi touffu et envelopppant que dans mon souvenir. Les chansons sont toujours aussi formidables (vu la qualité du dernier album, elles sont même sans doute meilleures) et parfaitement interprétées mais la sauce prend moins bien. Cela se manifeste surtout dans les détails. Le public ne reprend pas Adieu Sweet Bahnhof en choeur. Aucune cascade de cailloux ne vient faire tinter la cymbale de Rob. Les commentaires entre les morceaux sont moins nombreux et moins drôles, peut-être parce que Henk Hofstede se sent obligé de respecter un trilinguisme de bon aloi (anglais, néerlandais, français). En revanche, malgré les pense-bêtes qui jonchent la scène au pied du micro, Henk nous offre un beau trou de mémoire pendant The Milkman. Comme toujours avec les Nits, l'incident les amuse beaucoup. Le plaisir que prend le groupe à jouer sur scène est en effet évident et se manifeste dans les déhanchements et les mimiques de Henk, dans la manière qu'a Rob de surbouger derrère sa mini-batterie ou dans le sourire permanent qu'arbore Robert Jan.
Les meilleurs moments du concert furent sans doute pour moi The Eiffet Tower, la pièce centrale du nouvel album, qui est aussi terrassante sur scène que sur disque, ou bien The Red Dog avec son sample Kustiricien. Quand, après environ deux heures, j'ai quitté la salle. J'étais content, rassasié mais pas vraiment euphorique. Je venais juste de vivre un concert des Nits en plus. C'est déjà pas mal et a suffi pour me convaincre d'attendre un petit quart d'heure au stand merchandising pour faire signer mes achats (le nouvel album solo de Hen(ri)k et le DVD de Wool) par les trois membres du groupe. Ce n'est que le deuxième groupe pour lequel je fais la démarche de quémander un autographe et je ne savais pas trop comment m'y prendre. Peut-on décemment faire signer à Robert Jan Stips l'abum solo d'un autre membre de Henk ou un DVD des Nits datant d'une époque où il ne faisait pas partie du groupe ? Dans le doute, je lui ai fait signer la setlist. On n'est jamais trop prudent.
SETLIST :
***1ère partie "acoustique" (comme dans un "living-room") :
Sketches of Spain (début à 20h17)
Cars & Cars
A Touch of Henry Moore
Giant Normal Dwarf
The Milkman
The Eating House (qui se conclut par quelques mesures de Si j'avais un marteau)
The Long Song
Nescio
J.O.S. Days
Norwegian Wood (pour commémorer les 25 ans de la mort de John Lennon)
***2ème partie "électrique" (21h10):
The Wind-Up Bird
The Train
The Eiffel Tower
Adieu Sweet Bahnhof
The Hole
Walter and Conny (instrumental extrait de l'album Omsk)
Bike in Head
Les Nuits
The Rising Sun
The Key Shop
The Red Dog (21h55)
***Premier rappel
House on House (tiré de Quest et donc pour moi tout à fait inédit)
In the Dutch Mountains
***Second rappel (non prévu sur la setlist)
Crime and Punishment
The Dream (bien que ma voisine ait noté Dreams, il me semble bien qu'il s'agissait de The Dream)
(fin à 22h20)
La salle de l'AB se présente sous une configuration assez inhabituelle. La moitié postérieure de la fosse est garnie de sièges en gradins, une bonne manière sans doute de combiner des préventes sans doute insuffisantes pour viser le sold-out et le caractère somme toute assez BCBG du public des Nits. La salle se remplit d'ailleurs lentement et j'ai profité de la demi-heure précédant le concert pour discuter avec une hollandaise qui suit le groupe depuis 1982 et a déjà vu cinq concerts de la tournée. Une vraie fan donc, du genre à avoir Quest en deux exemplaires. Elle me sera d'ailleurs d'une aide précieuse lorsqu'il s'agira de retrouver le titre des morceaux en cours de concert.
La disposition des instruments sur scène m'a fait me demander si une première partie avait été rajoutée à la dernière minute. Devant la batterie de Rob Kloet et les claviers de Robert Jan Stips, on pouvait en effet voir une batterie en réduction, toute mignonne avec ses mini-cymbales et ses petits tambours, et un (pas si) petit piano électrique. Je me suis pris un instant à imaginer des mini-Nits (Nitsjes ?) venir jouer quelques chansons pour chauffer la salle. Je n'étais d'ailleurs pas complètement à côté de la plaque puisque le concert commence par une première partie "acoustique". Ce terme est à prendre dans son acception la plus lâche puisque l'instrumentation y est quasiment le même que dans la seconde partie (les effets de synthé à la "Mountains" en moins).
Si on ajoute ce parti-pris minimaliste de la première moitié du concert au fait que, contrairement à il y a deux ans, ils ne sont que trois sur scène, on comprend assez vite que ce concert ne pouvait pas proposer un son aussi touffu et envelopppant que dans mon souvenir. Les chansons sont toujours aussi formidables (vu la qualité du dernier album, elles sont même sans doute meilleures) et parfaitement interprétées mais la sauce prend moins bien. Cela se manifeste surtout dans les détails. Le public ne reprend pas Adieu Sweet Bahnhof en choeur. Aucune cascade de cailloux ne vient faire tinter la cymbale de Rob. Les commentaires entre les morceaux sont moins nombreux et moins drôles, peut-être parce que Henk Hofstede se sent obligé de respecter un trilinguisme de bon aloi (anglais, néerlandais, français). En revanche, malgré les pense-bêtes qui jonchent la scène au pied du micro, Henk nous offre un beau trou de mémoire pendant The Milkman. Comme toujours avec les Nits, l'incident les amuse beaucoup. Le plaisir que prend le groupe à jouer sur scène est en effet évident et se manifeste dans les déhanchements et les mimiques de Henk, dans la manière qu'a Rob de surbouger derrère sa mini-batterie ou dans le sourire permanent qu'arbore Robert Jan.
Les meilleurs moments du concert furent sans doute pour moi The Eiffet Tower, la pièce centrale du nouvel album, qui est aussi terrassante sur scène que sur disque, ou bien The Red Dog avec son sample Kustiricien. Quand, après environ deux heures, j'ai quitté la salle. J'étais content, rassasié mais pas vraiment euphorique. Je venais juste de vivre un concert des Nits en plus. C'est déjà pas mal et a suffi pour me convaincre d'attendre un petit quart d'heure au stand merchandising pour faire signer mes achats (le nouvel album solo de Hen(ri)k et le DVD de Wool) par les trois membres du groupe. Ce n'est que le deuxième groupe pour lequel je fais la démarche de quémander un autographe et je ne savais pas trop comment m'y prendre. Peut-on décemment faire signer à Robert Jan Stips l'abum solo d'un autre membre de Henk ou un DVD des Nits datant d'une époque où il ne faisait pas partie du groupe ? Dans le doute, je lui ai fait signer la setlist. On n'est jamais trop prudent.
SETLIST :
***1ère partie "acoustique" (comme dans un "living-room") :
Sketches of Spain (début à 20h17)
Cars & Cars
A Touch of Henry Moore
Giant Normal Dwarf
The Milkman
The Eating House (qui se conclut par quelques mesures de Si j'avais un marteau)
The Long Song
Nescio
J.O.S. Days
Norwegian Wood (pour commémorer les 25 ans de la mort de John Lennon)
***2ème partie "électrique" (21h10):
The Wind-Up Bird
The Train
The Eiffel Tower
Adieu Sweet Bahnhof
The Hole
Walter and Conny (instrumental extrait de l'album Omsk)
Bike in Head
Les Nuits
The Rising Sun
The Key Shop
The Red Dog (21h55)
***Premier rappel
House on House (tiré de Quest et donc pour moi tout à fait inédit)
In the Dutch Mountains
***Second rappel (non prévu sur la setlist)
Crime and Punishment
The Dream (bien que ma voisine ait noté Dreams, il me semble bien qu'il s'agissait de The Dream)
(fin à 22h20)
vendredi, décembre 9
Pourquoi les francophones n'arrivent-ils jamais...
...à des classements manifestant un éclectisme aussi réjouissant que celui-ci ? Entendons-nous bien. Je suis loin d'approuver l'inclusion de tous les morceaux présents mais force est de constater que cette manière de tout assumer avec la tête haute et la conscience tranquille est admirable. Imaginerait-on un blog français (pour ne rien dire d'un magazine papier) aussi installé que l'est Stylus nous pondre un classement pareil ? J'en doute.
Par ailleurs, je m'en voudrais de ne pas vous signaler que deux extraits du dernier album d'Elbow sont écoutables ici.
Par ailleurs, je m'en voudrais de ne pas vous signaler que deux extraits du dernier album d'Elbow sont écoutables ici.
mercredi, décembre 7
Les tops, c'est bien. Les entendre, c'est mieux.
Rien de plus frustrant que de lire des dizaines de classements des meilleurs morceaux de l'année sans jamais pouvoir les écouter. On a toujours l'impression d'être passé à côté de plein de choses. C'est pourquoi il faut saluer l'initiative de Said The Gramophone, qui permet d'écouter les 22 meilleures (selon eux) chansons de l'année. Vous y trouvez des choses dont j'ai parlé ici (il y a même de la pop vulgaire), des choses dont je parlerai lors de mon top albums, et des choses que je n'aime pas du tout. De quoi satisfaire tout le monde donc. C'est ici, et non là.
mardi, décembre 6
La musique adoucit les moeurs
Surtout les tranches d'ambient proposées aujourd'hui par le stypod de Stylusmagazine.com. Vivement conseillé.
vendredi, décembre 2
Many Fingers et Matt Elliott à la Soundstation, 30 novembre 2005
Je gardais de mes écoutes de The Third Eye Foundation (dans ma période "pas de salut en-dehors du post-rock" en 1998) le souvenir d'une musique claustrophobique et assez oppressante (bien que ma réécoute hier de You Guys Kill Me m'a fait relativiser cette impression). Les deux albums solo de Matt Elliott m'ont donc un peu surpris. On y entendait un musique beaucoup plus apaisée et à la limite de la joliesse que je n'aurais jamais a priori associée avec le bonhomme. J'étais très curieux d voir comment cela allait se traduire sur scène.
La soirée commence à 21h10 (ce qui me fait dire que la ponctualité de l'AB à du bon, parfois) par Half Asleep, le projet de la Bruxelloise (?) Valérie Leclercq, dont je gardais un bon souvenir de l'album paru chez Hinah. Forcée de jouer en solo, elle tente de maintenir l'attention d'une salle dont la configuration est assez peu propice à ce genre d'exercice. Je ne sais pas trop si elle y a réussi. N'étant pas vraiment en état de suivre un set de folk languissant, j'ai préféré passer une demi-heure à discuter au bar et ainsi conserver le plutôt bon souvenir qui me restait de leur prestation en duo (au festival Rhaaa Lovely je crois).
Les choses sérieuses commencent avec la montée sur scène de Chris Cole, également connu sous le nom de Many Fingers. Je ne savais pour ainsi dire rien du bonhomme si ce n'est qu'il accompagnait Matt Elliott au violoncelle durant cette tournée mais les échos que j'en avais eu étaient plutôt favorables. Sa musique est basée sur la superposition progressive de différentes couches sonores. Il commence en général par une mélodie au clavier, qu'il met en boucle et à laquelle il superpose ensuite rythmiques à la batterie, lignes mélodiques de guitare sèche ou de violoncelle, effets de voix, etc.., permettant ainsi à la musique d'évoluer au fur et à mesure que de nouvelles couches viennent enrichier ou remplacer les anciennes. Chaque morceau dure environ cinq minutes, au cours desquelles l'atmosphère peut changer du tout au tout, même si l'ambiance générale est dans l'ensemble plutôt rythmée et festive (à la différence du set de aMute au festival Panoptica qui, sur un principe similaire, faisait une musique beaucoup plus contemplative). Il s'agissait pour Chris Cole (et pour Matt Elliott) du dernier concert d'une tournée européenne de plus de deux mois et ça se sentait. Il semblait complètement au bout du rouleau. Ses gestes manquaient parfois de coordination et étaient accomplis avec un étrange mélange de surexcitation et d'extrême lassitude, comme s'il comptait sur un dernier rush d'adrénaline pour le mener jusqu'à la fin de la soirée. Il est finalement parvenu au bout de son calvaire, bien que la synchronisation des différentes boucles ne semble pas être une tâche aisée, ce qui explique sans doute qu'il ait poussé au cours de son set plus d'une quinzaine de hurlements rageurs et jeté à plusieurs reprise ses baguettes et son tabouret sur le sol. A chaque fois, je craignais qu'il abandonne son set et quitte la salle pour ne plus y revenir. Mais non, il a tenu bon, en "parfait professionnel" (selon les termes de Matt Elliott lui-même).
Lorsque Matt Elliott monte sur scène, il semble beaucoup plus détendu que son congénère, discute en très bon français entre deux morceaux, nous gratifiant au passage d'un surréaliste "Vous êtes le meilleur public que l'on ait jamais eu" après deux minutes de concert. Sa musique relève aussi de l'empilement de boucles, ici essentiellement vocales, de telle sorte que l'on pourrait décrire ses morceaux comme des polyphonies à une voix. Le résultat donne parfois l'impression étrange d'être le résulat d'un croisement entre I Muvrini et Yann Tiersen, deux noms que je n'associerais a priori pas à Third Eye Foundation, et fascine par l'écart qui existe entre la simplicité du dispositif scénique (une guitare et un micro) et l'effet obtenu. Le rôle de Chris durant cette partie du concert semble a priori assez faible. Tapi dans l'ombre au fond de la scène, il ajoute simplement de-ci de-là quelques touches de violoncelle (à moins qu'il ne soit également responsable de toute la mise en boucle. Je n'ai pas vu Matt Elliott chipoter à un seul boîtier durant toute cette partie du concert et, pour autant que je puisse en juger, il ne se servait pas de pédales). Cette première partie de "chansons" (le terme est de lui) a confirmé l'impression que m'avait laissé l'écoute de son dernier album, Drinking Songs. Pourtant, à l'instar de ce dernier, le concert s'est conclu par The Maid We Messed, un morceau électro bruitiste d'environ 20 minutes qui rappelle plus directement les travaux passés de Matt Elliot et a plongé les spectateurs dans un agréable état d'hébétude rassasiée. Heureusement qu'il n'a pas fait plus long cela dit car je pense que je n'aurais pas tenu (la Soundstation, avec son sol crasseux et une absence totale de sièges est un lieu de cauchemar pour qui a mal aux jambes). En guise de rappel, il nous a fait écouter le remix oppressant qu'il a enregistré pour une groupe français dont il demande que l'on ne mentionne pas le nom (son mix a été refusé par le groupe). La soirée aurait été presque parfaite si j'avais eu moins mal aux jambes et s'il avait été possible d'acheter Drinking Songs à la sortie du concert mais, même en repartant les mains vides et les jambes lourdes, ça reste une très bonne soirée.
La soirée commence à 21h10 (ce qui me fait dire que la ponctualité de l'AB à du bon, parfois) par Half Asleep, le projet de la Bruxelloise (?) Valérie Leclercq, dont je gardais un bon souvenir de l'album paru chez Hinah. Forcée de jouer en solo, elle tente de maintenir l'attention d'une salle dont la configuration est assez peu propice à ce genre d'exercice. Je ne sais pas trop si elle y a réussi. N'étant pas vraiment en état de suivre un set de folk languissant, j'ai préféré passer une demi-heure à discuter au bar et ainsi conserver le plutôt bon souvenir qui me restait de leur prestation en duo (au festival Rhaaa Lovely je crois).
Les choses sérieuses commencent avec la montée sur scène de Chris Cole, également connu sous le nom de Many Fingers. Je ne savais pour ainsi dire rien du bonhomme si ce n'est qu'il accompagnait Matt Elliott au violoncelle durant cette tournée mais les échos que j'en avais eu étaient plutôt favorables. Sa musique est basée sur la superposition progressive de différentes couches sonores. Il commence en général par une mélodie au clavier, qu'il met en boucle et à laquelle il superpose ensuite rythmiques à la batterie, lignes mélodiques de guitare sèche ou de violoncelle, effets de voix, etc.., permettant ainsi à la musique d'évoluer au fur et à mesure que de nouvelles couches viennent enrichier ou remplacer les anciennes. Chaque morceau dure environ cinq minutes, au cours desquelles l'atmosphère peut changer du tout au tout, même si l'ambiance générale est dans l'ensemble plutôt rythmée et festive (à la différence du set de aMute au festival Panoptica qui, sur un principe similaire, faisait une musique beaucoup plus contemplative). Il s'agissait pour Chris Cole (et pour Matt Elliott) du dernier concert d'une tournée européenne de plus de deux mois et ça se sentait. Il semblait complètement au bout du rouleau. Ses gestes manquaient parfois de coordination et étaient accomplis avec un étrange mélange de surexcitation et d'extrême lassitude, comme s'il comptait sur un dernier rush d'adrénaline pour le mener jusqu'à la fin de la soirée. Il est finalement parvenu au bout de son calvaire, bien que la synchronisation des différentes boucles ne semble pas être une tâche aisée, ce qui explique sans doute qu'il ait poussé au cours de son set plus d'une quinzaine de hurlements rageurs et jeté à plusieurs reprise ses baguettes et son tabouret sur le sol. A chaque fois, je craignais qu'il abandonne son set et quitte la salle pour ne plus y revenir. Mais non, il a tenu bon, en "parfait professionnel" (selon les termes de Matt Elliott lui-même).
Lorsque Matt Elliott monte sur scène, il semble beaucoup plus détendu que son congénère, discute en très bon français entre deux morceaux, nous gratifiant au passage d'un surréaliste "Vous êtes le meilleur public que l'on ait jamais eu" après deux minutes de concert. Sa musique relève aussi de l'empilement de boucles, ici essentiellement vocales, de telle sorte que l'on pourrait décrire ses morceaux comme des polyphonies à une voix. Le résultat donne parfois l'impression étrange d'être le résulat d'un croisement entre I Muvrini et Yann Tiersen, deux noms que je n'associerais a priori pas à Third Eye Foundation, et fascine par l'écart qui existe entre la simplicité du dispositif scénique (une guitare et un micro) et l'effet obtenu. Le rôle de Chris durant cette partie du concert semble a priori assez faible. Tapi dans l'ombre au fond de la scène, il ajoute simplement de-ci de-là quelques touches de violoncelle (à moins qu'il ne soit également responsable de toute la mise en boucle. Je n'ai pas vu Matt Elliott chipoter à un seul boîtier durant toute cette partie du concert et, pour autant que je puisse en juger, il ne se servait pas de pédales). Cette première partie de "chansons" (le terme est de lui) a confirmé l'impression que m'avait laissé l'écoute de son dernier album, Drinking Songs. Pourtant, à l'instar de ce dernier, le concert s'est conclu par The Maid We Messed, un morceau électro bruitiste d'environ 20 minutes qui rappelle plus directement les travaux passés de Matt Elliot et a plongé les spectateurs dans un agréable état d'hébétude rassasiée. Heureusement qu'il n'a pas fait plus long cela dit car je pense que je n'aurais pas tenu (la Soundstation, avec son sol crasseux et une absence totale de sièges est un lieu de cauchemar pour qui a mal aux jambes). En guise de rappel, il nous a fait écouter le remix oppressant qu'il a enregistré pour une groupe français dont il demande que l'on ne mentionne pas le nom (son mix a été refusé par le groupe). La soirée aurait été presque parfaite si j'avais eu moins mal aux jambes et s'il avait été possible d'acheter Drinking Songs à la sortie du concert mais, même en repartant les mains vides et les jambes lourdes, ça reste une très bonne soirée.
Scandale, scandale...
Les classements de fin d'année dans la presse musicale seraient-ils en partie édités pour répondre à des impératifs éditoriaux ? C'est en tout cas ce que prétend un blog anglais à propos du classement publié cette semaine dans le NME. Bon, un "Sus à la corruption ! Vendu ! Brûlons ce torchon tabloïde !" pourrait sans doute résumer succinctement les réactions provoquées par cet article mais bon, y a-t-il encore des gens qui prennent ces classements pour argent comptant ? (A part le mien évidemment qui est forcément au-dessus de tout reproche.)
D'autant que je dois avouer comprendre sans peine que le rédacteur en chef du NME trouve génant que les deux personnalités ayant le plus souvent fait la une cette année (Oasis et Pete Doherty, dont les frimousses en une garantissent des ventes en kiosque supérieures de 30% à la moyenne selon des chiffres lus je ne sais plus où) ne soient pas repris en position utile dans le classement de fin d'année et ça ne me choque pas plus que ça qu'il les fasse arbitrairement remonter de quelques places. C'est une simple question de cohérence éditoriale. D'autant que ce n'est pas comme si un classement de 50 disques basés sur les votes de 25 rédacteurs (à vue de nez) avait une quelconque valeur scientifique. Ce qui me fait garder ma confiance (entendez par là "mon plaisir de lecture") dans le NME est que les chroniques des albums d'Oasis et Babyshambles au moment de la sortie ont été assez tièdes. Or, c'est bien au moment de la sortie que l'avis des critiques a le rôle le plus grand sur les ventes, non ? A moins que je ne sois en train de défendre l'indéfendable pour ne pas avoir à critiquer le magazine musical le plus drôle que je connaisse. Comme souvent, It's only Rock'n'Roll exprime sans doute le mieux ce que je pense.
PS : Si vous représentez une maison de disques et voulez m'offrir des vacances aux Maldives pour que votre poulain soit classé en 24ème position dans mon top albums à venir, écrivez-moi. L'adresse est dans la colonne de gauche. Merci d'avance. J'ai besoin de soleil.
PS2 : Vous pouvez aller regarder l'intégrale du récent concert en Islande de Sigur Ros ici. Ca devrait au moins vous faire oublier pendant deux heures le cynisme ambiant.
D'autant que je dois avouer comprendre sans peine que le rédacteur en chef du NME trouve génant que les deux personnalités ayant le plus souvent fait la une cette année (Oasis et Pete Doherty, dont les frimousses en une garantissent des ventes en kiosque supérieures de 30% à la moyenne selon des chiffres lus je ne sais plus où) ne soient pas repris en position utile dans le classement de fin d'année et ça ne me choque pas plus que ça qu'il les fasse arbitrairement remonter de quelques places. C'est une simple question de cohérence éditoriale. D'autant que ce n'est pas comme si un classement de 50 disques basés sur les votes de 25 rédacteurs (à vue de nez) avait une quelconque valeur scientifique. Ce qui me fait garder ma confiance (entendez par là "mon plaisir de lecture") dans le NME est que les chroniques des albums d'Oasis et Babyshambles au moment de la sortie ont été assez tièdes. Or, c'est bien au moment de la sortie que l'avis des critiques a le rôle le plus grand sur les ventes, non ? A moins que je ne sois en train de défendre l'indéfendable pour ne pas avoir à critiquer le magazine musical le plus drôle que je connaisse. Comme souvent, It's only Rock'n'Roll exprime sans doute le mieux ce que je pense.
PS : Si vous représentez une maison de disques et voulez m'offrir des vacances aux Maldives pour que votre poulain soit classé en 24ème position dans mon top albums à venir, écrivez-moi. L'adresse est dans la colonne de gauche. Merci d'avance. J'ai besoin de soleil.
PS2 : Vous pouvez aller regarder l'intégrale du récent concert en Islande de Sigur Ros ici. Ca devrait au moins vous faire oublier pendant deux heures le cynisme ambiant.
It's Friday, I'm in...
...la Blogothèque avec cette semaine un billet sur Kendra Smith en attendant que je vous cause du concert de Matt Elliott ou de ce que l'on retrouve en plongeant dans ses anciennes cassettes audio.
jeudi, décembre 1
mercredi, novembre 30
Elbow, Ancienne Belgique, 28 novembre 2005
Je n'attendais a priori pas grand-chose du concert d'Elbow à l'AB il y a deux ans, juste de voir jouer sur scène des chansons que j'aimais bien. Pourtant, quelque chose qui dépassait le simple cadre de la musique m'avait transporté comme rarement un concert avait pu le faire. C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais le retour en Belgique des Anglais. Le petit miracle de la tournée Cast of Thousands serait-il reproductible ? Après tout, leur dernier album, Leaders of the free world, est tout aussi bon que le précédent. Et pourtant non, le concert fut moins bon. J'ai en fait vécu cette année ce que je m'imaginais vivre il y a deux ans : simplement profiter du plaisir de voir sur scène un de mes groupes préférés interpréter ses chansons.
Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par Diefenbach. Comme cela semble de plus en plus habituel à l'AB, le groupe monte sur scène à 20h précises et prend place sur un énorme tapis en faux-léopard : un bassiste-chanteur au centre, un guitariste-chanteur à droite, un guitariste-claviériste à gauche et un batteur au fond, tous avec des bonnes têtes de Danois blonds. Classer la musique du groupe n'est pas chose facile et je me souviens avoir assisté à une discussion animée à ce sujet. Cela reste dans l'ensemble très carré et le 4/4 règne en maître mais le groupe tente de dépasser un peu le genre "indie-rock" en y introduisant effets de synthé, dissonances et velléités post-rock. Comme souvent lorsqu'un groupe utilise un bassiste comme leader, les parties de basse, plus élaborées que la moyenne, assurent un minimum de swing aux morceaux. Je connais assez mal leur répertoire mais deux-trois chansons semblent sortir du lot et leur garantissent les applaudissements nourris du public. Pourtant, Diefenbach est typiquement le genre de groupe qui aurait beaucoup à gagner à se chercher un vrai chanteur. Le bassiste avait une furieuse tendance à chanter faux (involontairement à mon avis) et les parties vocales étaient parfois presque embarrassantes. Je ne comprendrai jamais pourquoi, de tous les instruments typiques du rock indé, la voix reste toujours le parent pauvre. A quelques rares exceptions près, tous les groupes qui percent ont des chanteurs compétents ou, à défaut, qui apportent une personnalité aux moreaux (la voix blanche de Pete Doherty par exemple).
Le cas d'Elbow est de ce point de vue particulièrment éclairant. Les musiciens (un bassiste, un guitariste, un claviériste et un guitariste) semblent n'être là que pour poser les imposantes fondations, à base de gros moellons grossièrement équarris, d'un édifice sonore dont la voix de Guy Garvey, quelque part entre Peter Gabriel et Nick Drake, servirait de toit (délicatement ouvragé et à base de matériaux légers et transparents). Peut-être est-ce là l'explication de l'impression indéfinissable que me laissait la musique d'Elbow et que j'avais eu tant de mal à décrire lors de mes précédents billets. Peut-être aussi est-ce parce que je suis ainsi parvenu à formuler en mots qui me conviennent cette impression que la "magie" (forcément liée à l'indicible ?) a légèrement disparu. A moins que, plus prosaïquement, le groupe ait simplement été dans un jour sans. Guy Garvey, particulièrement, a semblé très fatigué à certains spectateurs, en partie peut-être parce qu'il est arrivé sur scène, en s'aidant d'une canne.
Je pourrais énumérer toute une série de détails qui font que le concert de cette semaine m'a moins transporté que le précédent. Il était trop court (1h25) et ne contenait pas deux des chansons que je me réjouisssais le plus d'entendre (The Everthere et Any Day Now). Le public n'a pas voulu ou pu reprendre "We believe in love so fuck you" à la fin de Grace Under Pressure. Guy Garvey parlait peu entre les morceaux (tout au plus a-t-il dit que la Belgique semblait être une nation très "saine"). Il continuait cependant à se balancer d'avant en arrière en chantant, soit en tenant le haut du pied de son micro des deux mains, les yeux mi-clos, comme absent au monde, soit au contraire en regardant la salle, main droite levée vers l'avant, paume tournée vers l'intérieur, comme s'il faisait offrande de sa voix aux spectateurs. Peut-être est-ce cette générosité affichée qui fait tout le prix des concerts d'Elbow. A moins que le secret du plaisir que l'on y prend ne réside dans cette phrase que Guy Garvey a laissé echapper entre deux chansons : "Aucun membre de ce groupe n'a jamais réellement dû travailler pour gagner sa vie. Je ne vous demande pas d'être heureux pour nous (sous-entendu, vous avez le droit d'être jaloux) mais je dois dire que c'est vraiment le pied !" Finalement, Elbow ne serait-il qu'un groupe d'amis suffisamment doués pour pouvoir vivre de leur musique, parcourir le monde et chanter des chansons qu'ils aiment ? Ce serait déjà très bien.
SETLIST :
Station Approach
Fallen Angel
Red
Leaders of the free world
My very best
Great Expectations
Fugitive Motel
Mexican Standoff
The Good day
New Born
Switching Off
Grace Under Pressure
---
Puncture repair
Powder Blue
Forget myself
Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par Diefenbach. Comme cela semble de plus en plus habituel à l'AB, le groupe monte sur scène à 20h précises et prend place sur un énorme tapis en faux-léopard : un bassiste-chanteur au centre, un guitariste-chanteur à droite, un guitariste-claviériste à gauche et un batteur au fond, tous avec des bonnes têtes de Danois blonds. Classer la musique du groupe n'est pas chose facile et je me souviens avoir assisté à une discussion animée à ce sujet. Cela reste dans l'ensemble très carré et le 4/4 règne en maître mais le groupe tente de dépasser un peu le genre "indie-rock" en y introduisant effets de synthé, dissonances et velléités post-rock. Comme souvent lorsqu'un groupe utilise un bassiste comme leader, les parties de basse, plus élaborées que la moyenne, assurent un minimum de swing aux morceaux. Je connais assez mal leur répertoire mais deux-trois chansons semblent sortir du lot et leur garantissent les applaudissements nourris du public. Pourtant, Diefenbach est typiquement le genre de groupe qui aurait beaucoup à gagner à se chercher un vrai chanteur. Le bassiste avait une furieuse tendance à chanter faux (involontairement à mon avis) et les parties vocales étaient parfois presque embarrassantes. Je ne comprendrai jamais pourquoi, de tous les instruments typiques du rock indé, la voix reste toujours le parent pauvre. A quelques rares exceptions près, tous les groupes qui percent ont des chanteurs compétents ou, à défaut, qui apportent une personnalité aux moreaux (la voix blanche de Pete Doherty par exemple).
Le cas d'Elbow est de ce point de vue particulièrment éclairant. Les musiciens (un bassiste, un guitariste, un claviériste et un guitariste) semblent n'être là que pour poser les imposantes fondations, à base de gros moellons grossièrement équarris, d'un édifice sonore dont la voix de Guy Garvey, quelque part entre Peter Gabriel et Nick Drake, servirait de toit (délicatement ouvragé et à base de matériaux légers et transparents). Peut-être est-ce là l'explication de l'impression indéfinissable que me laissait la musique d'Elbow et que j'avais eu tant de mal à décrire lors de mes précédents billets. Peut-être aussi est-ce parce que je suis ainsi parvenu à formuler en mots qui me conviennent cette impression que la "magie" (forcément liée à l'indicible ?) a légèrement disparu. A moins que, plus prosaïquement, le groupe ait simplement été dans un jour sans. Guy Garvey, particulièrement, a semblé très fatigué à certains spectateurs, en partie peut-être parce qu'il est arrivé sur scène, en s'aidant d'une canne.
Je pourrais énumérer toute une série de détails qui font que le concert de cette semaine m'a moins transporté que le précédent. Il était trop court (1h25) et ne contenait pas deux des chansons que je me réjouisssais le plus d'entendre (The Everthere et Any Day Now). Le public n'a pas voulu ou pu reprendre "We believe in love so fuck you" à la fin de Grace Under Pressure. Guy Garvey parlait peu entre les morceaux (tout au plus a-t-il dit que la Belgique semblait être une nation très "saine"). Il continuait cependant à se balancer d'avant en arrière en chantant, soit en tenant le haut du pied de son micro des deux mains, les yeux mi-clos, comme absent au monde, soit au contraire en regardant la salle, main droite levée vers l'avant, paume tournée vers l'intérieur, comme s'il faisait offrande de sa voix aux spectateurs. Peut-être est-ce cette générosité affichée qui fait tout le prix des concerts d'Elbow. A moins que le secret du plaisir que l'on y prend ne réside dans cette phrase que Guy Garvey a laissé echapper entre deux chansons : "Aucun membre de ce groupe n'a jamais réellement dû travailler pour gagner sa vie. Je ne vous demande pas d'être heureux pour nous (sous-entendu, vous avez le droit d'être jaloux) mais je dois dire que c'est vraiment le pied !" Finalement, Elbow ne serait-il qu'un groupe d'amis suffisamment doués pour pouvoir vivre de leur musique, parcourir le monde et chanter des chansons qu'ils aiment ? Ce serait déjà très bien.
SETLIST :
Station Approach
Fallen Angel
Red
Leaders of the free world
My very best
Great Expectations
Fugitive Motel
Mexican Standoff
The Good day
New Born
Switching Off
Grace Under Pressure
---
Puncture repair
Powder Blue
Forget myself
lundi, novembre 28
Les mp3-blogs font leurs tops.
- Les 47 meilleurs artistes britanniques (comment traduire le sens de 'hottest' en Français ?) sont ici, avec un classement qui semble compilé sur mesure pour me plaire, à défaut d'être d'un goût irréprochable.
- Les 33 meilleurs Canadiens sont là.
- Les 40 meilleurs Américains sont là.
Je pourrais commenter pendant des heures mais je n'ai pas le temps. Je suis bien trop occupé à me réjouir du concert d'Elbow ce soir. Bien que je sois à peu près persuadé qu'une telle attente ne peut être qu'annonciatrice de déception.
Par ailleurs, mon billet de la semaine sur la Blogothèque s'intéresse à Syntax.
EDIT : Régression et infantilisation sont les deux mamelles des enfants de la télé (c'est un peu hors-sujet mais j'avoue avoir réentendu 2-3 trucs qui m'ont donné quelques coupables frissons le long de l'échine)
- Les 33 meilleurs Canadiens sont là.
- Les 40 meilleurs Américains sont là.
Je pourrais commenter pendant des heures mais je n'ai pas le temps. Je suis bien trop occupé à me réjouir du concert d'Elbow ce soir. Bien que je sois à peu près persuadé qu'une telle attente ne peut être qu'annonciatrice de déception.
Par ailleurs, mon billet de la semaine sur la Blogothèque s'intéresse à Syntax.
EDIT : Régression et infantilisation sont les deux mamelles des enfants de la télé (c'est un peu hors-sujet mais j'avoue avoir réentendu 2-3 trucs qui m'ont donné quelques coupables frissons le long de l'échine)
dimanche, novembre 27
Martha et Rufus Wainwright, Ancienne Belgique, 24 novembre 2005
Ca faisait plusieurs semaines que je me demandais pour quelle obscure raison j'avais acheté une place pour le concert de Rufus Wainwright à l'Ancienne Belgique. Il me semblait évident que deux arguments auraient dû m'en empêcher. Primo, c'était un concert ClearChannel, et le le prix de mon ticket allait donc (peut-être) en partie servir à financer la campagne de Jeb Bush en 2008. Deuxio, et c'est sans aucun doute la cause principale de mon étonnement, je supporte mal d'être exposé pendant plus de vingt minutes à sa voix et la surproduction de ces disques a également une fâcheuse tendance à m'écoeurer après quelques titres. Au moment de sa sortie, j'avais été absolument terrifié par Want One et son pompiérisme triomphant, où les mélodies étaient noyées sous un déluge de kitsch éhonté comme un pâtissier dissimulerait sa mince couche de ganache au chocolat sous une épaisse couche de crème fraîche de supermarché. Want Two était certes venu me réconcilier avec l'ami Rufus grâce à des chansons comme The One You Love ou The Art Teacher mais je restais néanmoins assez circonspect quant à l'intérêt de le voir sur scène. Peut-être avais-je lu une chronique dithyrambique d'un de ses concerts quelques minutes avant d'aller réserver mes places pour Elbow et les Nits et la coïncidence de voir son nom dans la liste des concerts disponibles m'a-t-elle un instant embrumé le jugement ? Qui sait ? Toujours est-il que, la date se rapprochant, j'avais de moins en moins envie d'assister au concert. Mais bon, comme vous le confirmerait le Guy Roux des Guignols, c'eût été gâââcher que de laisser une place dûment payée prendre la poussière sur un coin de table. En conséquence, jeudi à 19h00, trempé jusqu'aux os, je suis bien rentré dans la salle pour cinquante petites minutes d'attente et de séchage.
19h45 (soit 15 minutes avant l'heure annoncée), Martha Wainwright monte sur scène. Elle semble assez grande (1m75 au moins), le menton volontaire, des longs cheveux blonds et porte un tee-shirt blanc et une jupe noire. Elle est accompagnée par un batteur, un contrebassiste et un pianiste. Je n'avais jamais entendu une note de ses disques, connaissais juste le titre d'une de ses chansons (Bloody Motherfucking Asshole...inévitablement) et ne savais donc pas trop à quoi m'attendre. Je m'étais imaginé, par je ne sais trop quel étange processus mental, une musique assez barrée, chantée par une sorte de Brigitte Fontaine canadienne. J'avais tout faux. Son set fut en fait très sage, très professionnel et sa musique n'est pas si éloignée de celles de Sheryl Crow ou d'une Heather Nova unplugged (ce qui n'est sans doute pas la pire insulte qui soit mais n'est certainement pas non plus un compliment). En bonne commerçante, elle nous incite trois fois à aller acheter son album au stand merchandising en nous vantant les quatre bonus tracks. Elle fait malheureusement l'erreur d'en interpréter une à la guitare acoustique (Baby), qui dégénère rapidement en un festival de miaulements en tous genres. C'est le seul moment où j'ai vaguement compris pourquoi certains m'avaient prédit une première partie pénible. Pour le reste, ca se laisse écouter sans déplaisir et Martha a une personnalité franchement difficile à détester. Elle sourit, semble contente d'ête là, parle entre les morceaux, mélangeant allégrement anglais et (très bon) français. Elle conclut son set en chantant Dis-moi quand reviendras-tu de Barbara, ce qui lui permet de quitter la scène après 45 minutes sous des applaudissements nourris et sincères et me rappelle qu'il serait grand temps que je m'intéresse de plus près à la discographie de Barbara.
A 21 heures, Rufus monte à son tour sur scène, tout de noir vêtu, accompagné de six musiciens, tous multi-instrumentistes à des degrés divers (batteur, choristes, violoniste, claviériste, guitaristes, bassiste, j'en passe et des meilleurs) pour plus de 2h10 de concert. La première moitié du concert est assez conventionnelle et commence plutôt mal avec ce qui est sans doute le nadir de sa discographie, Oh What A World et son utilisation dégoulinante du Boléro de Ravel. Il enchaîne heureusement avec sa meilleure chanson pop, The One You Love. Toute la première heure oscillera ainsi entre sublime et ridicule, éclats de beauté et boursouflures interminables . Contrairement à l'écoute à domicile des albums, où on peut décider unilatéralement de sauter les morceaux les plus pénibles, la vision sur scène impose de tout voir et tout entendre. Je crois que cela m'a permis de mieux comprendre la manière dont Rufus Wainwright envisage sa musique. Une chanson comme Go or Go Ahead par exemple m'apparaît toujours aussi insupportable (quelque part entre November Rain de Guns'n'Roses et Meat Loaf) mais il a l'air tellement heureux de chanter au milieu de ces cascades orchestrales que j'ai des scrupules à lui en tenir rigueur. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et une fois ces morceaux finis, d'autres, moins hypertrophiés, finissent toujours par arriver et relancer l'intérêt. Finalement, je crois que j'aime surtout Rufus Wainwright quand il n'a pas peur de faire simple et chante des mélodies rapides. La manière qu'il a de forcer l'émotion dans certaines chansons lentes grâce à des notes tenues me rebute. Sa voix prend alors un timbre à la fois nasal et guttural qui me lasse très vite.
Au cours de la deuxième heure, le rassurant ronronnement dû à l'enchaînement des morceaux tirés de ses albums (surtout des deux derniers) s'interrompt. On le voit ainsi chanter une chanson de son père Loudon Wainwright III avec ses soeurs Martha et Lucy (One Man Guy, qu'il avait déjà reprise sur Poses) et une chanson de Noël extraite du nouvel album de sa mère. Martha vient faire les choeurs sur In My Arms. Les changements de costumes se multiplient (quatre en tout si j'ai bien compté) et la mise en scène se fait de plus en plus extravagante. D'abord, Rufus et ses musiciens, en toges blanches, nous gratifient d'une petite chorégraphie synchronisée. Un peu plus tard, deux roadies déguisés en centurions romains montent sur scène et crucifient (symboliquement je vous rassure) Rufus après l'avoir affublé d'une couronne d'épines, d'un masque de carnaval et lui avoir passé du rouge sur les lèvres. Le tout sert évidemment à introduire Gay Messiah.
Le meilleur passage du concert fut sans doute Old Whore's Diet, la longue chanson qui clôt Want Two. Son ambiance chaloupée apportant au concert un côté latino inattendu. Le bassiste y reproduit parfaitement la partie vocale d'Antony, ce qui lui vaudra les bravos du public. Le concert recèle quelques autres instants de grâce : un contrepoint de guitare fantomatique, des vocalises acrobatiques des deux choristes ou encore quelques solos de violon. En effet, bien que son instrument soit peint en doré et donc d'un parfait mauvais goût, la violoniste est au-dessus de tous reproches. De plus, Rufus Wainwright semble de bonne humeur, il discute pas mal entre les morceaux (son français est, à l'en croire, moins bon que celui de sa soeur pour cause de scolarité aux Etats-Unis).
A ma grande surprise, je dois donc reconnaître m'être beaucoup amusé. Je connaissais pourtant assez mal son répertoire (ce n'est qu'après coup que j'ai pu reconnaître Vibrate, Want, The Art Teacher, la reprise de Hallelujah, Natasha, Beautiful Child, Little Sister et quelques autres). Le concert se terminera sur un ultime rappel, seul au piano, avec la Complainte de la Butte et Cigarettes and Chocolate Milk, conclusion parfaite pour un concert qui m'a assez largement réconcilié avec le personnage. De plus, à cette époque où les tops de fin d'année commencent à se dessiner, Want Two vient de recevoir un fameux coup de pouce, ne serait-ce que parce que je l'ai écouté deux fois en écrivant ce billet.
Setlist (tirée du forum officiel)
Oh, what a world
The one you love
Natasha
14th street
Little Sister
In my arms (with Martha)
Go or go ahead
Peach trees
Between my legs
Poses
Vibrate
Spotlight on Christmas (la chanson tirée du nouvel album de sa mère je suppose)
Want
Chelsea Hotel (reprise de Leonard Cohen)
Art Teacher
Memphis Skyline
Waiting for a dream
(band introductions)
I don't know what it is
Old Whore's diet (danse en toge)
Gay Messiah (crucifié)
Hallelujah
--
One man guy (avec Martha et Lucy Wainwright)
Beautiful child
--
La Complainte de la Butte
Cigarettes and Chocolate Milk
19h45 (soit 15 minutes avant l'heure annoncée), Martha Wainwright monte sur scène. Elle semble assez grande (1m75 au moins), le menton volontaire, des longs cheveux blonds et porte un tee-shirt blanc et une jupe noire. Elle est accompagnée par un batteur, un contrebassiste et un pianiste. Je n'avais jamais entendu une note de ses disques, connaissais juste le titre d'une de ses chansons (Bloody Motherfucking Asshole...inévitablement) et ne savais donc pas trop à quoi m'attendre. Je m'étais imaginé, par je ne sais trop quel étange processus mental, une musique assez barrée, chantée par une sorte de Brigitte Fontaine canadienne. J'avais tout faux. Son set fut en fait très sage, très professionnel et sa musique n'est pas si éloignée de celles de Sheryl Crow ou d'une Heather Nova unplugged (ce qui n'est sans doute pas la pire insulte qui soit mais n'est certainement pas non plus un compliment). En bonne commerçante, elle nous incite trois fois à aller acheter son album au stand merchandising en nous vantant les quatre bonus tracks. Elle fait malheureusement l'erreur d'en interpréter une à la guitare acoustique (Baby), qui dégénère rapidement en un festival de miaulements en tous genres. C'est le seul moment où j'ai vaguement compris pourquoi certains m'avaient prédit une première partie pénible. Pour le reste, ca se laisse écouter sans déplaisir et Martha a une personnalité franchement difficile à détester. Elle sourit, semble contente d'ête là, parle entre les morceaux, mélangeant allégrement anglais et (très bon) français. Elle conclut son set en chantant Dis-moi quand reviendras-tu de Barbara, ce qui lui permet de quitter la scène après 45 minutes sous des applaudissements nourris et sincères et me rappelle qu'il serait grand temps que je m'intéresse de plus près à la discographie de Barbara.
A 21 heures, Rufus monte à son tour sur scène, tout de noir vêtu, accompagné de six musiciens, tous multi-instrumentistes à des degrés divers (batteur, choristes, violoniste, claviériste, guitaristes, bassiste, j'en passe et des meilleurs) pour plus de 2h10 de concert. La première moitié du concert est assez conventionnelle et commence plutôt mal avec ce qui est sans doute le nadir de sa discographie, Oh What A World et son utilisation dégoulinante du Boléro de Ravel. Il enchaîne heureusement avec sa meilleure chanson pop, The One You Love. Toute la première heure oscillera ainsi entre sublime et ridicule, éclats de beauté et boursouflures interminables . Contrairement à l'écoute à domicile des albums, où on peut décider unilatéralement de sauter les morceaux les plus pénibles, la vision sur scène impose de tout voir et tout entendre. Je crois que cela m'a permis de mieux comprendre la manière dont Rufus Wainwright envisage sa musique. Une chanson comme Go or Go Ahead par exemple m'apparaît toujours aussi insupportable (quelque part entre November Rain de Guns'n'Roses et Meat Loaf) mais il a l'air tellement heureux de chanter au milieu de ces cascades orchestrales que j'ai des scrupules à lui en tenir rigueur. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et une fois ces morceaux finis, d'autres, moins hypertrophiés, finissent toujours par arriver et relancer l'intérêt. Finalement, je crois que j'aime surtout Rufus Wainwright quand il n'a pas peur de faire simple et chante des mélodies rapides. La manière qu'il a de forcer l'émotion dans certaines chansons lentes grâce à des notes tenues me rebute. Sa voix prend alors un timbre à la fois nasal et guttural qui me lasse très vite.
Au cours de la deuxième heure, le rassurant ronronnement dû à l'enchaînement des morceaux tirés de ses albums (surtout des deux derniers) s'interrompt. On le voit ainsi chanter une chanson de son père Loudon Wainwright III avec ses soeurs Martha et Lucy (One Man Guy, qu'il avait déjà reprise sur Poses) et une chanson de Noël extraite du nouvel album de sa mère. Martha vient faire les choeurs sur In My Arms. Les changements de costumes se multiplient (quatre en tout si j'ai bien compté) et la mise en scène se fait de plus en plus extravagante. D'abord, Rufus et ses musiciens, en toges blanches, nous gratifient d'une petite chorégraphie synchronisée. Un peu plus tard, deux roadies déguisés en centurions romains montent sur scène et crucifient (symboliquement je vous rassure) Rufus après l'avoir affublé d'une couronne d'épines, d'un masque de carnaval et lui avoir passé du rouge sur les lèvres. Le tout sert évidemment à introduire Gay Messiah.
Le meilleur passage du concert fut sans doute Old Whore's Diet, la longue chanson qui clôt Want Two. Son ambiance chaloupée apportant au concert un côté latino inattendu. Le bassiste y reproduit parfaitement la partie vocale d'Antony, ce qui lui vaudra les bravos du public. Le concert recèle quelques autres instants de grâce : un contrepoint de guitare fantomatique, des vocalises acrobatiques des deux choristes ou encore quelques solos de violon. En effet, bien que son instrument soit peint en doré et donc d'un parfait mauvais goût, la violoniste est au-dessus de tous reproches. De plus, Rufus Wainwright semble de bonne humeur, il discute pas mal entre les morceaux (son français est, à l'en croire, moins bon que celui de sa soeur pour cause de scolarité aux Etats-Unis).
A ma grande surprise, je dois donc reconnaître m'être beaucoup amusé. Je connaissais pourtant assez mal son répertoire (ce n'est qu'après coup que j'ai pu reconnaître Vibrate, Want, The Art Teacher, la reprise de Hallelujah, Natasha, Beautiful Child, Little Sister et quelques autres). Le concert se terminera sur un ultime rappel, seul au piano, avec la Complainte de la Butte et Cigarettes and Chocolate Milk, conclusion parfaite pour un concert qui m'a assez largement réconcilié avec le personnage. De plus, à cette époque où les tops de fin d'année commencent à se dessiner, Want Two vient de recevoir un fameux coup de pouce, ne serait-ce que parce que je l'ai écouté deux fois en écrivant ce billet.
Setlist (tirée du forum officiel)
Oh, what a world
The one you love
Natasha
14th street
Little Sister
In my arms (with Martha)
Go or go ahead
Peach trees
Between my legs
Poses
Vibrate
Spotlight on Christmas (la chanson tirée du nouvel album de sa mère je suppose)
Want
Chelsea Hotel (reprise de Leonard Cohen)
Art Teacher
Memphis Skyline
Waiting for a dream
(band introductions)
I don't know what it is
Old Whore's diet (danse en toge)
Gay Messiah (crucifié)
Hallelujah
--
One man guy (avec Martha et Lucy Wainwright)
Beautiful child
--
La Complainte de la Butte
Cigarettes and Chocolate Milk
samedi, novembre 26
Abba jour
Pour faire honneur à ma nouvelle réputation d'amateur de "pop vulgaire", je vous conseille d'aller faire un tour sur cette page remplie de reprises d'Abba par des gens très divers (dont, entre autres, Arno).
vendredi, novembre 25
Le conte de fées du jour
Qui aurait cru qu'un jour les membres de Looper deviendraient riches grâce à leur musique ? Sûrement pas eux.
jeudi, novembre 24
Jeu du jour
Pour tester à la fois votre anglais et votre culture musicale, il y a apparemment 76 noms de groupe (ou d'artistes ?) à trouver à l'intérieur de ce poster. (via le site de Virgindigital).
mercredi, novembre 23
La flemme...
Ce soir, je vais aller voir Rufus Wainwright à l'Ancienne Belgique bien que je ne sois pas en très grande forme et serais sans doute mieux dans mon lit qu'à regarder l'ami Rufus roucouler sur scène ou, d'ailleurs, qu'à écrire ce billet.
En attendant que je retrouve l'énergie de vous parler du nouvel album de Lisa Gerrard ou du coffret des Cocteau Twins, voici un peu de musique à se mettre entre les oreilles : de la "bonne pop, simplissime et efficace", de la pop française années 80 tendance ringarde attachante, de l'indé robotique comme je l'aime (Kelley Stolz ici) et de l'indé lyrique comme tout le monde l'aime. De quoi contenter à peu près tout le monde.
EDIT : Ca tombe plutôt bien que je ne sois pas en très grande forme aujourd'hui. Le concert de Rufus est demain en fait... et j'ai bien failli aller prendre le train pour rien.
EDIT 2 : En attendant de partir pour de bon voir Rufus Wainwright, voici une bonne tranche d'électro-pop ici, une reprise lounge de Go West là et deux belles découvertes inclassables sur la Blogothèque (Magyar Posse ici et White Noise là).
En attendant que je retrouve l'énergie de vous parler du nouvel album de Lisa Gerrard ou du coffret des Cocteau Twins, voici un peu de musique à se mettre entre les oreilles : de la "bonne pop, simplissime et efficace", de la pop française années 80 tendance ringarde attachante, de l'indé robotique comme je l'aime (Kelley Stolz ici) et de l'indé lyrique comme tout le monde l'aime. De quoi contenter à peu près tout le monde.
EDIT : Ca tombe plutôt bien que je ne sois pas en très grande forme aujourd'hui. Le concert de Rufus est demain en fait... et j'ai bien failli aller prendre le train pour rien.
EDIT 2 : En attendant de partir pour de bon voir Rufus Wainwright, voici une bonne tranche d'électro-pop ici, une reprise lounge de Go West là et deux belles découvertes inclassables sur la Blogothèque (Magyar Posse ici et White Noise là).
vendredi, novembre 18
Paula Frazer à l'Escalier, 16 novembre 2005
La soirée de mercredi à l'Escalier de Liège était placée sous le signe de la guitare acoustique et des voix délicates, ce qui fait un contraste bienvenu avec l'album de Venetian Snares que je suis en train de subir en écrivant ceci.
La soirée commence avec Belle Close, une liégeoise à lunettes et gilet de laine blanc qui chante en s'accompagnant à la guitare. Son principal atout est une belle voix d'alto profonde qui permet de mettre un peu d'émotion dans des morceaux qui restent souvent assez sages et dont les textes (en anglais) semblent essentiellement axés sur les problèmes de couple ("si tu mets ta fierté de côté et si l'on se fait mutuellement confiance, je ne serai pas contrainte de rester en bordure de ta vie",... ce genre de choses). Musicalement, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais le caractère bon enfant de son set est difficilement résistible, par exemple lorsqu'elle fait des commentaires en temps réel ("...et on termine ce morceau en improvisant quelques mesures...ploum ploum ploum... bon, voilà, ça devrait faire l'affaire", "vous êtes vraiment trop indulgents de m'applaudir", etc..). Après environ une demi-heure, elle termine par une reprise lascive (et très réussie) de Like A Virgin. Une très bonne première première partie.
Il est déjà presque dix heures quand les deux Moore Brothers (Oakland, Californie) montent sur scène. Greg Moore a une tête de Sergi Lopez barbu et Thom Moore un physique de joueur de football américain. A les voir, on a peine à croire qu'ils soient frères. Il suffit pourtant qu'ils ouvrent la bouche pour que cette parenté devienne parfaitement plausible. Tous les deux chantent avec une belle voix de ténor folk, celle de Thom évoque lointainement Ben Gibbard de Death Cab For Cutie tandis que celle de Greg est légèrement plus voilée. Le principe du concert est assez simple. Un frère joue de la guitare acoustique et chante la voix principale tandis que l'autre se contente de le doubler ou d'ajouter quelques choeurs. Dans un souci d'égalité, ils échangent systématiquement les rôles après chaque morceau. Musicalement, on pense à des Kings of Convenience plus minimalistes et moins frimeurs (je vais tenter de ne pas mentionner ici Simon & Garfunkel). Bien que l'on ait déjà entendu ce genre de choses cent fois, l'oreille est régulièrement accrochée par quelque trouvaille étonnante ou dérapage contrôlé (les hurlements de Greg pendant Tiger par exemple). Pourtant, de nouveau, plus encore que la musique, c'est le côté convivial du set qui conquiert sur le moment même l'auditoire. Ils font l'effort de parler en français quand ils le peuvent et disent beaucoup aimer Liège (c'est payant, le liégeois est en général chauvin). Ils vont même jusqu'à se présenter comme les "Oufti Brothers" et conclure leur première chanson par un "Oufti!" retentissant et rigoureusement irrésistible (même s'il faut sans doute être liégeois pour en saisir tout le sel).
Ils ont déjà sorti trois albums (le prochain, Murdered by the Moore Brothers, "our 'goth' album", sort en mars). J'ai acheté Now is the time for love (2004), leur dernier album, qui confirme a posteriori tout le bien que je pensais du set d'hier. Isolées sur disque, les chansons prouvent amplement qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Le disque fonctionne sur le même principe de stricte égalité que le concert (14 plages, les paires sont de Greg, les impaires de Thom). A en croire ce dernier, cet album a été enregistré avec un seul microphone mais, heureusement, pour un disque entièrement acoustique, cette forme extrême de lo-fi n'est heureusement pas antinomique avec un bon confort d'écoute. Vous pouvez aller en écouter deux extraits dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque. LIEN : le site des Moore Brothers.
Les Moore Brothers ont enregistré certains choeurs sur le nouvel album de Paula Frazer, Leave the sad things behind, ce qui explique sans doute qu'ils assurent la première partie de cette dernière pour toute cette tournée (qui ne passera pas par la France). En effet, la principale raison de ma présence à l'Escalier ce mercredi était évidemment Paula Frazer, que j'avais découverte avec Gentle Creatures, le premier album de Tarnation qui ait été distribué en Europe. J'espère ne pas faire injure à son talent en disant que, plus que dans ses chansons, le plaisir que je prends à écouter Paula Frazer réside dans sa voix, constamment sur le fil du rasoir et qui peut passer en une demi-seconde d'un grave guttural à un aigu cristallin. Lorsque l'envie me prend de faire des classements crétins, je la considère souvent comme la deuxième plus belle voix de l'histoire de la musique enregistrée (même si certains, j'ai les noms, y entendent un instrument de torture proche du crissement d'ongles sur tableau noir). Seule sur scène avec sa guitare acoustique, Paula Frazer ne peut évidemment pas rendre toutes les subtilités des arrangements de ses deux albums solo (voir par exemple Long Ago sur Leave the sad things behind) ou le caractère hanté de la country élctrique des deux albums de Tarnation (dont elle joua une poignée de chansons : Game of Broken Hearts, A place where I know, Idly,...). Pourtant, l'essence de ses chansons, encapsulée dans le timbre de sa voix et ses vocalises rêveuses, subsiste. Mon principal plaisir durant le concert fut d'ailleurs simplement de la regarder chanter, de voir sa voix naître et se déployer, plus puissante qu'on pourrait le croire mais toujours aussi prenante. Un moment de pur bonheur que j'attendaid depuis longtemps (la première partie des Tindersticks au Botanique avait été vraiment trop courte)
Bizarrement, je ne vais pour ainsi dire jamais voir de concerts à Liège. C'est idiot car ça présente plein d'avantages dont, par exemple, le fait de ne pas devoir partir avant le rappel pour attraper le dernier train (ce qui m'aurait privé d'A Place Where I Know). De plus, la célèbre convivialité liégeoise et le caractère très intime des salles de concert (et particulièrement de l'Escalier) donnent à ses derniers une dimension quasi-familiale franchement sympathique. Ce n'est pas si souvent qu'un artiste vu en concert vous serre spontanément la main en disant "See you next year" lorsque vous quittez la salle. Bon, d'un autre côté, il faut bien reconnaître que j'ai rarement l'occasion d'en profiter puisque les artistes qui m'intéressent le plus passent rarement à Liège, préférant souvent faire leur unique concert belge à Bruxelles. Pour conclure, il y a aussi, malheureusement, un gros désavantage dans le fait d'assister à des concerts à 500m de chez moi. Quand le public est scandaleusement clairsemé, comme ce fut le cas ce mercredi (une cinquantaine de personnes à tout casser) ou particulièrement dissipé (comme à la fin du concert de Paula Frazer, couvert d'un brouhaha incessant), je me sens vaguement honteux.
La soirée commence avec Belle Close, une liégeoise à lunettes et gilet de laine blanc qui chante en s'accompagnant à la guitare. Son principal atout est une belle voix d'alto profonde qui permet de mettre un peu d'émotion dans des morceaux qui restent souvent assez sages et dont les textes (en anglais) semblent essentiellement axés sur les problèmes de couple ("si tu mets ta fierté de côté et si l'on se fait mutuellement confiance, je ne serai pas contrainte de rester en bordure de ta vie",... ce genre de choses). Musicalement, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais le caractère bon enfant de son set est difficilement résistible, par exemple lorsqu'elle fait des commentaires en temps réel ("...et on termine ce morceau en improvisant quelques mesures...ploum ploum ploum... bon, voilà, ça devrait faire l'affaire", "vous êtes vraiment trop indulgents de m'applaudir", etc..). Après environ une demi-heure, elle termine par une reprise lascive (et très réussie) de Like A Virgin. Une très bonne première première partie.
Il est déjà presque dix heures quand les deux Moore Brothers (Oakland, Californie) montent sur scène. Greg Moore a une tête de Sergi Lopez barbu et Thom Moore un physique de joueur de football américain. A les voir, on a peine à croire qu'ils soient frères. Il suffit pourtant qu'ils ouvrent la bouche pour que cette parenté devienne parfaitement plausible. Tous les deux chantent avec une belle voix de ténor folk, celle de Thom évoque lointainement Ben Gibbard de Death Cab For Cutie tandis que celle de Greg est légèrement plus voilée. Le principe du concert est assez simple. Un frère joue de la guitare acoustique et chante la voix principale tandis que l'autre se contente de le doubler ou d'ajouter quelques choeurs. Dans un souci d'égalité, ils échangent systématiquement les rôles après chaque morceau. Musicalement, on pense à des Kings of Convenience plus minimalistes et moins frimeurs (je vais tenter de ne pas mentionner ici Simon & Garfunkel). Bien que l'on ait déjà entendu ce genre de choses cent fois, l'oreille est régulièrement accrochée par quelque trouvaille étonnante ou dérapage contrôlé (les hurlements de Greg pendant Tiger par exemple). Pourtant, de nouveau, plus encore que la musique, c'est le côté convivial du set qui conquiert sur le moment même l'auditoire. Ils font l'effort de parler en français quand ils le peuvent et disent beaucoup aimer Liège (c'est payant, le liégeois est en général chauvin). Ils vont même jusqu'à se présenter comme les "Oufti Brothers" et conclure leur première chanson par un "Oufti!" retentissant et rigoureusement irrésistible (même s'il faut sans doute être liégeois pour en saisir tout le sel).
Ils ont déjà sorti trois albums (le prochain, Murdered by the Moore Brothers, "our 'goth' album", sort en mars). J'ai acheté Now is the time for love (2004), leur dernier album, qui confirme a posteriori tout le bien que je pensais du set d'hier. Isolées sur disque, les chansons prouvent amplement qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Le disque fonctionne sur le même principe de stricte égalité que le concert (14 plages, les paires sont de Greg, les impaires de Thom). A en croire ce dernier, cet album a été enregistré avec un seul microphone mais, heureusement, pour un disque entièrement acoustique, cette forme extrême de lo-fi n'est heureusement pas antinomique avec un bon confort d'écoute. Vous pouvez aller en écouter deux extraits dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque. LIEN : le site des Moore Brothers.
Les Moore Brothers ont enregistré certains choeurs sur le nouvel album de Paula Frazer, Leave the sad things behind, ce qui explique sans doute qu'ils assurent la première partie de cette dernière pour toute cette tournée (qui ne passera pas par la France). En effet, la principale raison de ma présence à l'Escalier ce mercredi était évidemment Paula Frazer, que j'avais découverte avec Gentle Creatures, le premier album de Tarnation qui ait été distribué en Europe. J'espère ne pas faire injure à son talent en disant que, plus que dans ses chansons, le plaisir que je prends à écouter Paula Frazer réside dans sa voix, constamment sur le fil du rasoir et qui peut passer en une demi-seconde d'un grave guttural à un aigu cristallin. Lorsque l'envie me prend de faire des classements crétins, je la considère souvent comme la deuxième plus belle voix de l'histoire de la musique enregistrée (même si certains, j'ai les noms, y entendent un instrument de torture proche du crissement d'ongles sur tableau noir). Seule sur scène avec sa guitare acoustique, Paula Frazer ne peut évidemment pas rendre toutes les subtilités des arrangements de ses deux albums solo (voir par exemple Long Ago sur Leave the sad things behind) ou le caractère hanté de la country élctrique des deux albums de Tarnation (dont elle joua une poignée de chansons : Game of Broken Hearts, A place where I know, Idly,...). Pourtant, l'essence de ses chansons, encapsulée dans le timbre de sa voix et ses vocalises rêveuses, subsiste. Mon principal plaisir durant le concert fut d'ailleurs simplement de la regarder chanter, de voir sa voix naître et se déployer, plus puissante qu'on pourrait le croire mais toujours aussi prenante. Un moment de pur bonheur que j'attendaid depuis longtemps (la première partie des Tindersticks au Botanique avait été vraiment trop courte)
Bizarrement, je ne vais pour ainsi dire jamais voir de concerts à Liège. C'est idiot car ça présente plein d'avantages dont, par exemple, le fait de ne pas devoir partir avant le rappel pour attraper le dernier train (ce qui m'aurait privé d'A Place Where I Know). De plus, la célèbre convivialité liégeoise et le caractère très intime des salles de concert (et particulièrement de l'Escalier) donnent à ses derniers une dimension quasi-familiale franchement sympathique. Ce n'est pas si souvent qu'un artiste vu en concert vous serre spontanément la main en disant "See you next year" lorsque vous quittez la salle. Bon, d'un autre côté, il faut bien reconnaître que j'ai rarement l'occasion d'en profiter puisque les artistes qui m'intéressent le plus passent rarement à Liège, préférant souvent faire leur unique concert belge à Bruxelles. Pour conclure, il y a aussi, malheureusement, un gros désavantage dans le fait d'assister à des concerts à 500m de chez moi. Quand le public est scandaleusement clairsemé, comme ce fut le cas ce mercredi (une cinquantaine de personnes à tout casser) ou particulièrement dissipé (comme à la fin du concert de Paula Frazer, couvert d'un brouhaha incessant), je me sens vaguement honteux.
L'Amérique... l'Amérique...
Je vous conseille vivement d'aller écouter Bush was right par les Right Brothers. Apparemment, ce n'est pas une parodie. D'ailleurs, le groupe a également commis une chanson contre l'avortement. Elle s'appelle I want to live et est accompagnér d'une vidéo au goût très sûr contenant essentiellement des images d'échographies....Dennis Madalone n'a qu'à bien se tenir (rappelez-vous). Il a de la concurrence.
Alan Sparhawk
Alan Sparhawk de Low semble se remettre doucement de sa dépression. La preuve, il vient de mettre en ligne un album réalisé en collaboration avec Marc Gartman sous le nom de No Wait Wait. Plus d'informations et deux extraits ici.
jeudi, novembre 17
2006, nous voici !
Pet Shop Boys have just completed their new album in a West London studio.
The album has been produced by Trevor Horn and features 10 new Tennant/Lowe songs, a short introduction (also written by Tennant/Lowe) and Numb, a song by Diane Warren, originally recorded for the PopArt compilation in 2003.
Neil and Chris started writing songs for the album in January and commenced recording with Trevor Horn in May. Chris Lowe commented: "We've really enjoyed making this album with Trevor and his team and are very happy indeed with the finished result." Neil Tennant added: "We think it's a great Pet Shop Boys album and also a great Trevor Horn record."
The album is expected to be released worldwide in April 2006.
(tiré du site officiel)
PS : Ne vous inquiétez pas du fait que Diane Warren (Céline Dion, Aerosmith,...) est créditée pour un titre. La chanson est plutôt très bonne.
mercredi, novembre 16
Les nuits
Ayant découvert les Nits en plein âge d'or à la sortie de Giant Normal Dwarf, j'avais de leur carrière une vision assez simple. Après deux-trois albums d'échauffement, le groupe entame une décennie glorieuse en alignant les albums quasi-parfaits (de Omsk à Ting compris) sans effort apparent. La machine semble ensuite se gripper avec dA dA dA en 1994. Pour succéder au dépouillement de Ting, le groupe a changé totalement de style et enregistré un album très enjoué, très (trop ?) produit, avec des percussions presque sud-américaines par moments. Malheureusement, certaines compositions sont un peu faiblardes (ce qui ne leur était plus arrivé depuis le début des années 80) et j'ai encore aujourd'hui beaucoup de mal à l'écouter en entier. Suite à ce semi-échec (difficile d'appeler ratage complet un album qui contient Mourir avant quinze ans et Day and the Night), le trio central du groupe implose. Robert Jan Stips (membre à part entière depuis Omsk) part vers d'autres pâturages tandis que Rob Kloet et Henk Hofstede poursuivent leur route avec l'aide de deux nouvelles musiciennes, sortant dans cette configuration deux albums très inégaux. Le tempo ralentit, les ambiances se figent, les atmosphères se distendent jusqu'à obtenir la jazz-pop lymphatique de Wool. Comme les Nits sont incapables de sortir un disque qui soit réellement mauvais, ça reste toujours au moins "intéressant" mais je dois bien avouer que, sur la longueur, ces albums m'ennuient poliment, sans que cet ennui ne soit pimenté par un soupçon de mystère (bien que Wool s'en approche dans sa première moitié, quand il évoque le souvenir des deux-trois derniers albums de Leonard Cohen). Pourtant, si on va un peu fureter sur les mailing-lists consacrées au groupe, on tombe sur une minorité agissante pour laquelle Alankomaat et Wool sont les sommets inégalables de l'oeuvre des Nits. Cela ne veut néanmoins pas dire grand-chose puisqu'on y trouve aussi des hurluberlus pour lesquels Ting est de très loin leur album le plus faible. Tout cela reste donc très subjectif (et c'est tant mieux).
La production de l'album suivant (1974, sorti en 2003) laissait parfois un peu à désirer mais, dès les premières secondes de With Used Furniture, les intentions sont claires : marche arrière et net retour vers les rythmes endiablés et la joie ludique qui sous-tend la plupart de leurs meilleurs albums. Incidemment, Robert Jan Stips était pour cet album de retour au sein du groupe. Difficile donc de ne pas en inférer les relations empiriques suivantes :
(Nits avec Stips --> rythmé --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste pas mal)
C'est certes une vision simpliste des choses. Les crédits d'écriture des premiers albums des Nits ou les albums solo de Henk Hofstede prouvent amplement que Stips est loin d'être le seul talent du groupe, d'autant que Supersister (le premier groupe de Stips) n'est pas loin d'être inécoutable. Pourtant, comme ces relations simples collent étonnamment bien aux impressions que me laissent les albums, je ne les avais jamais vraiment remises en cause. C'est donc avec une stupéfaction teintée d'un curieux sentiment de trahison que j'ai lu il y a quelques semaines les premières chroniques du nouvel album du groupe, Les Nuits. En effet, bien que Robert-Jan Stips ait participé activement à son écriture et à son enregistrement, on le comparait souvent à Alankomaat et Wool. Tout mon cadre de référence s'effondrait dans un grand fracas d'illusions perdues.
Heureusement, deux écoutes seulement allaient suffire pour me rassurer. Certes, Les Nuits est un album beaucoup plus calme et contemplatif que 1974 et rappelle beaucoup Wool par son atmosphère mais, cette nuance est d'importance, les chansons y sont dans l'ensemble bien plus intéressantes. Là où la plupart des chansons de Wool me semblaient curieusement unidimensionnelles, les chansons de Les Nuits semblent baigner dans un halo de mystère et révéler des faces cachées à chaque nouvelle écoute... comme The Eiffel Tower par exemple, un morceau à la fois si beau et si biscornu qu'il serait parfaitement à sa place sur l'album Tilt de Scott Walker. Henk y chante d'une voix plaintive sur un tapis de cordes dissonantes et quelques notes de guitare acoustique et de piano. Toute la chanson semble errer à la recherche de quelque chose (sans que l'on sache très bien quoi), comme en suspension. Les Nits ne faisant rien comme tout le monde, ils enchaînent directement avec Red Dog, une chanson aux antipodes de la précédente, basée sur ce que l'on pourrait définir comme un riff de fanfare Kusturicien. The Long Song suit et est la plus belle des chansons que les Tindersticks ne pourront plus jamais écrire sans être accusés de plagiat. Les trois morceaux suivants forment apparemment une trilogie consacrée à l'assassinat de Theo Van Gogh (quoique, si on ne le sait pas, ça ne saute pas franchement aux yeux).
Voici déjà la plage 9 et j'attends toujours l'habituelle baisse de qualité de milieu d'album. Ca tombe bien que j'en parle maintenant car c'est justement ici qu'elle arrive, avec The Wind-Up Bird, première chanson à ne pas tout à fait mériter le qualificatif de "splendide". Cela dit, relativisons la déception puisqu'elle rappelle beaucoup l'atmosphère de l'album le plus féérique des Nits (Giant, Normal, Dwarf), ce qui a comme conséquence directe que 90% des albums que j'ai aimés cette année se mutileraient volontiers le copy-control pour l'accueillir en leur sein.
En conclusion, il est étrange d'en venir à souhaiter qu'un disque soit plus court mais Les Nuits passe tellement près de la perfection que j'en viens presque à regretter la présence des deux chansons un peu moins bonnes (The Wind-Up Bird et The Milkman). Cela dit, à l'ère du compact, rien ne m'empêche de programmer les plages 1,2,3,4,5,6,7,8,10 avant lecture et de faire de cette version personnelle mon album de l'année. Je suis tenté.
Au final, il me reste juste à modifier légèrement mes relations causales empiriques :
(Nits avec Stips --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste sympa)
Le fracas des illusions perdues n'est finalement pas aussi assourdissant que je l'avais craint.
La production de l'album suivant (1974, sorti en 2003) laissait parfois un peu à désirer mais, dès les premières secondes de With Used Furniture, les intentions sont claires : marche arrière et net retour vers les rythmes endiablés et la joie ludique qui sous-tend la plupart de leurs meilleurs albums. Incidemment, Robert Jan Stips était pour cet album de retour au sein du groupe. Difficile donc de ne pas en inférer les relations empiriques suivantes :
(Nits avec Stips --> rythmé --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste pas mal)
C'est certes une vision simpliste des choses. Les crédits d'écriture des premiers albums des Nits ou les albums solo de Henk Hofstede prouvent amplement que Stips est loin d'être le seul talent du groupe, d'autant que Supersister (le premier groupe de Stips) n'est pas loin d'être inécoutable. Pourtant, comme ces relations simples collent étonnamment bien aux impressions que me laissent les albums, je ne les avais jamais vraiment remises en cause. C'est donc avec une stupéfaction teintée d'un curieux sentiment de trahison que j'ai lu il y a quelques semaines les premières chroniques du nouvel album du groupe, Les Nuits. En effet, bien que Robert-Jan Stips ait participé activement à son écriture et à son enregistrement, on le comparait souvent à Alankomaat et Wool. Tout mon cadre de référence s'effondrait dans un grand fracas d'illusions perdues.
Heureusement, deux écoutes seulement allaient suffire pour me rassurer. Certes, Les Nuits est un album beaucoup plus calme et contemplatif que 1974 et rappelle beaucoup Wool par son atmosphère mais, cette nuance est d'importance, les chansons y sont dans l'ensemble bien plus intéressantes. Là où la plupart des chansons de Wool me semblaient curieusement unidimensionnelles, les chansons de Les Nuits semblent baigner dans un halo de mystère et révéler des faces cachées à chaque nouvelle écoute... comme The Eiffel Tower par exemple, un morceau à la fois si beau et si biscornu qu'il serait parfaitement à sa place sur l'album Tilt de Scott Walker. Henk y chante d'une voix plaintive sur un tapis de cordes dissonantes et quelques notes de guitare acoustique et de piano. Toute la chanson semble errer à la recherche de quelque chose (sans que l'on sache très bien quoi), comme en suspension. Les Nits ne faisant rien comme tout le monde, ils enchaînent directement avec Red Dog, une chanson aux antipodes de la précédente, basée sur ce que l'on pourrait définir comme un riff de fanfare Kusturicien. The Long Song suit et est la plus belle des chansons que les Tindersticks ne pourront plus jamais écrire sans être accusés de plagiat. Les trois morceaux suivants forment apparemment une trilogie consacrée à l'assassinat de Theo Van Gogh (quoique, si on ne le sait pas, ça ne saute pas franchement aux yeux).
Voici déjà la plage 9 et j'attends toujours l'habituelle baisse de qualité de milieu d'album. Ca tombe bien que j'en parle maintenant car c'est justement ici qu'elle arrive, avec The Wind-Up Bird, première chanson à ne pas tout à fait mériter le qualificatif de "splendide". Cela dit, relativisons la déception puisqu'elle rappelle beaucoup l'atmosphère de l'album le plus féérique des Nits (Giant, Normal, Dwarf), ce qui a comme conséquence directe que 90% des albums que j'ai aimés cette année se mutileraient volontiers le copy-control pour l'accueillir en leur sein.
En conclusion, il est étrange d'en venir à souhaiter qu'un disque soit plus court mais Les Nuits passe tellement près de la perfection que j'en viens presque à regretter la présence des deux chansons un peu moins bonnes (The Wind-Up Bird et The Milkman). Cela dit, à l'ère du compact, rien ne m'empêche de programmer les plages 1,2,3,4,5,6,7,8,10 avant lecture et de faire de cette version personnelle mon album de l'année. Je suis tenté.
Au final, il me reste juste à modifier légèrement mes relations causales empiriques :
(Nits avec Stips --> formidable)
(Nits sans Stips --> rêveur --> juste sympa)
Le fracas des illusions perdues n'est finalement pas aussi assourdissant que je l'avais craint.
mardi, novembre 15
Mini-Pops
Dans un monde où (à en croire les journaux) seuls les moins de douze ans sont encore susceptibles d'acheter des singles, le rajeunissement des artistes peut sembler aux maisons de disques comme une solution possible pour enrayer la baisse des ventes. Je vous ai notamment déjà parlé des mini-Busted, des mini-S Club et de la mini-Britney qui furent mises sur le marché durant ces dernières années.
Pourtant, et quoi qu'en disent les fâcheux, il n'y a pas aucune raison que seule la pop commerciale soit touchée par ce jeunisme galopant. La galaxie indé aussi y a succombé. Les dernières années n'ont d'ailleurs pas été avares en précocité plus ou moins talentueuse avec, par exemple, Patrick Wolf, Sondre Lerche, Smoosh, The Electric Soft Parade ou les Arctic Monkeys. En général, ces groupes et artistes parviennent à trouver assez vite un univers qui leur est propre et à s'affranchir (au moins partiellement) de l'influence de leurs aînés. En revanche, on peut difficilement décrire Fear of Music (15 à 17 ans) autrement que comme des Mini-Muse appliqués (le mimétisme vocal, notamment, est troublant). Jugez-en plutôt.
Dans un genre moins pro, la radio londonienne XFM organise Rock School 2. Vous pouvez écouter sur cette page les reprises proposées par les différents candidats. The Flaming Monkeys (12 à 14 ans) par exemple ont déjà généré un beau bouche-à-oreille.
Pourtant, et quoi qu'en disent les fâcheux, il n'y a pas aucune raison que seule la pop commerciale soit touchée par ce jeunisme galopant. La galaxie indé aussi y a succombé. Les dernières années n'ont d'ailleurs pas été avares en précocité plus ou moins talentueuse avec, par exemple, Patrick Wolf, Sondre Lerche, Smoosh, The Electric Soft Parade ou les Arctic Monkeys. En général, ces groupes et artistes parviennent à trouver assez vite un univers qui leur est propre et à s'affranchir (au moins partiellement) de l'influence de leurs aînés. En revanche, on peut difficilement décrire Fear of Music (15 à 17 ans) autrement que comme des Mini-Muse appliqués (le mimétisme vocal, notamment, est troublant). Jugez-en plutôt.
Dans un genre moins pro, la radio londonienne XFM organise Rock School 2. Vous pouvez écouter sur cette page les reprises proposées par les différents candidats. The Flaming Monkeys (12 à 14 ans) par exemple ont déjà généré un beau bouche-à-oreille.
samedi, novembre 12
Liens du week-end
- La chanson qui passe en fond sonore sur cette page m'amuse beaucoup, sans que je sache exactement pourquoi, sans doute l'accent délicieusement britannique.
- J'ai tenté cette semaine sur la Blogothèque d'écrire un billet autobiographique.... Je ne suis pas sûr que ce soit une grande réussite. Heureusement que les deux morceaux proposés sont intéressants, ça rattrape un peu.
- J'ai tenté cette semaine sur la Blogothèque d'écrire un billet autobiographique.... Je ne suis pas sûr que ce soit une grande réussite. Heureusement que les deux morceaux proposés sont intéressants, ça rattrape un peu.
mercredi, novembre 9
Festival Panoptica 2005
J'ai longtemps hésité avant de me rendre à la "Salle des Fêtes de Droixhe" pour assister à l'édition 2005 du festival Panoptica. Bien que l'affiche soit, de l'avis des spécialistes, de très bonne tenue, elle contenait peu de noms m'évoquant quoi que ce soit et aucun ayant a priori des raisons particulières de m'intéresser. Pourtant, je me suis retrouvé samedi soir à 21h, dans une salle quasiment vide (il était encore très tôt), bien décidé à me confronter aux dernières modes en matière de bidouilleries numériques.
Du moins, c'est ce que je pensais car le set d'aMute, qui ouvrait le festival, fut à tout prendre plus proche de Labradford que d'Autechre. Pour tout dire, il y avait même une guitare électrique sur scène. Nous n'avons pas été pris en traître, cela dit. Jérôme Deuson a pris le temps avant de commencer son set de nous expliquer que tous les sons seraient joués en direct avant d'être incorporés dans les boucles et que donc l'évolution de la matière sonore serait assez lente. L'ajout de trois notes de guitare pouvait ainsi prendre une ou deux minutes (je prends ma guitare, je la suspends à mon épaule, je chipote à mes pédales, je joue trois-quatre notes d'un air dubitatif, je chipote à mes boîtiers, j'en rejoue cinq d'un air inspiré, je chipote à mes boutons, je retire la lanière de ma guitare, je repose ma guitare, j'envoie la sauce vers les hauts-parleurs, je me demande ce que je vais faire après) et ainsi de suite.
C'est par moments assez pénible, notamment lors d'une séquence de deux ou trois minutes basées sur des bruits de CD qui bloquent (le toum-toum-toum continu qu'on entend parfois à la radio quand la technique fait des siennes). Pourtant, et je ne me lasserai jamais des surprises que recèlent souvent les discussions d'après-concert, des gens plus informés que moi ont décrété à la fin du concert que cela avait été "formidable" (j'ai été un instant tenté de rentrer illico à la maison pour vérifier dans mon dictionnaire si "formidable" avait un second sens). Cela dit, une étude très sérieuse réalisée au Eno Institute a montré que, si on boucle des séquences utilisant des notes aléatoires sur un tempo lent et contemplatif pendant une heure, on obtient en moyenne 8m34s de musique intéressante. aMute en a obtenu 14m57s et est donc théoriquement meilleur musicien qu'un générateur aléatoire, ce qui, en ces temps d'automatisation galopante, est plutôt rassurant pour son avenir.
Les concerts s'enchaînent presque sans temps mort et Arovane vient rapidement rappeler au public distrait qu'il s'agit bien d'un festival de musiques "électroniques". Arovane était de loin pour moi le projet le plus connu à l'affiche (pour tout dire, je crois bien avoir écouté un album un jour) et on se retrouve rapidement dans des sphères beacoup plus Autechrement correctes (on m'a dit qu'il fallait toujours tout comparer à Autechre, ça "fait bien"). J'associe en général Autechre à une forme de "déconstruction rythmique" (qui dans mon esprit signifie un truc du genre "dissimulation des beats derrière un déluge de couches et de textures arythmiques" et décrit parfaitement l'impression que me laissent les albums les plus récents du duo anglais). Autrement dit, bien que le tempo général soit très constant, on ne discerne pas de beats réguliers. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Le spectateur baigne dans un océan de sons tellement complexe qu'il n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Comme un regard se promenant sur une toile de maître, l'oreille du spectateur cérébral papillonne d'une couche à l'autre, jaugeant tour à tour les "crouik", les "blip" dissonants et les "tutututung" syncopés. Les clubbers les plus aguerris quant à eux parviennent à se mouvoir en rythme comme s'il s'agissait d'un remix de Poing! par David Guetta. Cela dit, comme souvent, je préfère, les passages plus atmosphériques où l'abstraction laisse momentanément la place à des émotions plus basiques.
La soirée se poursuit (avec une ponctualité toute germanique) avec les deux Suisses d'Intricate qui, après une heure au cours de laquelle les beats semblaient être un concept vaguement honteux, nous réveillent à grands coups de beats au Viagra (désolé) et de "nappes enveloppantes" (l'expression provient du texte de présentation qui défilait sur les écrans au début du set et qui, suivant le précepte énoncé plus haut, mentionnait également des similitudes évidentes entre les musiques d'Intricate et d'Autechre, similitudes que je cherche toujours). Sans doute parce que je suis très peu coordonné, bouger en rythme nécessite une grande partie de mes facultés mentales. Du coup, la musique sur laquelle je peux me trémousser est en général jugée moins sévèrement. Tout ce que je peux dire de ce set est qu'il m'a fait penser à celui de Modeselektor l'année dernière et que, en conséquence, j'ai passé un bon moment. Il m'en faut peu, au fond.
Le set suivant est assuré par Solvent, un Canadien assez proche de Lowfish. Entendez par là que certains des sons qu'il utilise m'évoquent irrésistiblement Jean-Michel Jarre (je vous laisse juger s'il s'agit d'un compliment ou non), que le set est décomposé en morceaux (séparés par du vrai silence et des vrais applaudissements de vrais gens), que le tout sonne franchement 80s. Il pousse même le vice jusqu'à utiliser un vocoder, ce qui lui vaut les quolibets rentrés des intégristes electros (j'ai cru entendre les mots "Danse des Canards" au détour d'une conversation) sans que les poppeux ne s'enthousiasment pour la cause. Si j'osais, j'ajouterais "N'est pas Cher qui veut". Dans l'ensemble cependant, ce n'est pas désagréable en fond sonore (et une frange du public avait l'air franchement enthousiaste) mais n'a non plus à mon avis un intérêt transcendant.
Boy Robot est un duo germano-suédois (honte à celui qui m'avait dit qu'ils étaient américains) dont seul John Zorn est présent ici. Sa musique est une sorte de digest prêt à écouter de tout ce que j'aime en électronica : une pulsation reconnaissable, des plages atmosphériques, des évolutions lentes dans la durée, des variations brusques de rythmes, des surprises, des moments de suspension, etc.. J'ai un peu de mal à en dire beaucoup plus. Aucun point de comparaison ne m'est venu à l'esprit sur le moment même et je n'ai à dire vrai plus qu'un souvenir assez vague d'à quoi ça ressemblait. Je vais tenter de trouver quelques morceaux à écouter en tout cas pour voir si ma bonne impression live se confirme sur disque.
La soirée se termine avec le set d'Apparat, le projet le plus surhypé de la soirée, si j'en crois mon échantillon représentatif de 1 spécialiste. Si j'ai bien retenu ce qu'on m'a expliqué, les disques de Apparat peuvent se classer en deux grandes catégories : les calmes (chez Shitkatapult ou Neo Ouija) et les plus orientés "dance-floor" sortis chez mes amis de BPitch (Paul Kalkbrenner, Ellen Allien, etc...). A en juger les commentaires d'après-concert, ce set contenait surtout ses morceaux les plus "dance-floor" et était à mon avis le plus intéressant de la soirée, touchant à de nombreux genres, de la trance (tendance Paul Van Dyk, voire Ferry Corsten) à la hard-techno à base de sons saturés (j'ai pensé pendant quelques secondes à T.Raumschmiere) en passant par la techno minimale, presque uniquement rythmique. Le public était assez enthousiaste et, pour une fois, j'étais plutôt d'accord. (j'ai désespérement cherché à caser "costume d'apparat" dans ce paragraphe mais n'y suis pas parvenu, à mon grand dam)
Voulant rester sur cette bonne impression, je me suis éclipsé (il était 3h30 quand même) avant le dernier set de Brothomstates vs Blamstrain que l'on m'a d'ailleurs par après décrit comme très décevant. En résumé, une très bonne soirée. La présence de chaises contre les murs m'a permis de surmonter mes accès de lassitude sans totalement décrocher (en regardant les visuels par exemple) et j'ai donc une fois de plus pu me frotter dans d'excellentes conditions à un genre de musique pour lequel j'ai une affinité de faible à moyenne et une connaissance quasi-nulle (d'ailleurs, tous les termes un tant soit peu techniques que j'ai employés l'ont potentiellement été à contre-sens. Vous êtes prévenus).
NB : J'ai passé sous silence les deux-trois plantages de Mac qui ont émaillé la soirée de peur de me faire taxer de suppôt de Bill Gates.
LIENS : La programmation du festival est détaillée et décrite bien mieux que je ne pourrais le faire ici, accompagnée des liens vers les sites des artistes (notamment Apparat) et des labels.
Du moins, c'est ce que je pensais car le set d'aMute, qui ouvrait le festival, fut à tout prendre plus proche de Labradford que d'Autechre. Pour tout dire, il y avait même une guitare électrique sur scène. Nous n'avons pas été pris en traître, cela dit. Jérôme Deuson a pris le temps avant de commencer son set de nous expliquer que tous les sons seraient joués en direct avant d'être incorporés dans les boucles et que donc l'évolution de la matière sonore serait assez lente. L'ajout de trois notes de guitare pouvait ainsi prendre une ou deux minutes (je prends ma guitare, je la suspends à mon épaule, je chipote à mes pédales, je joue trois-quatre notes d'un air dubitatif, je chipote à mes boîtiers, j'en rejoue cinq d'un air inspiré, je chipote à mes boutons, je retire la lanière de ma guitare, je repose ma guitare, j'envoie la sauce vers les hauts-parleurs, je me demande ce que je vais faire après) et ainsi de suite.
C'est par moments assez pénible, notamment lors d'une séquence de deux ou trois minutes basées sur des bruits de CD qui bloquent (le toum-toum-toum continu qu'on entend parfois à la radio quand la technique fait des siennes). Pourtant, et je ne me lasserai jamais des surprises que recèlent souvent les discussions d'après-concert, des gens plus informés que moi ont décrété à la fin du concert que cela avait été "formidable" (j'ai été un instant tenté de rentrer illico à la maison pour vérifier dans mon dictionnaire si "formidable" avait un second sens). Cela dit, une étude très sérieuse réalisée au Eno Institute a montré que, si on boucle des séquences utilisant des notes aléatoires sur un tempo lent et contemplatif pendant une heure, on obtient en moyenne 8m34s de musique intéressante. aMute en a obtenu 14m57s et est donc théoriquement meilleur musicien qu'un générateur aléatoire, ce qui, en ces temps d'automatisation galopante, est plutôt rassurant pour son avenir.
Les concerts s'enchaînent presque sans temps mort et Arovane vient rapidement rappeler au public distrait qu'il s'agit bien d'un festival de musiques "électroniques". Arovane était de loin pour moi le projet le plus connu à l'affiche (pour tout dire, je crois bien avoir écouté un album un jour) et on se retrouve rapidement dans des sphères beacoup plus Autechrement correctes (on m'a dit qu'il fallait toujours tout comparer à Autechre, ça "fait bien"). J'associe en général Autechre à une forme de "déconstruction rythmique" (qui dans mon esprit signifie un truc du genre "dissimulation des beats derrière un déluge de couches et de textures arythmiques" et décrit parfaitement l'impression que me laissent les albums les plus récents du duo anglais). Autrement dit, bien que le tempo général soit très constant, on ne discerne pas de beats réguliers. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Le spectateur baigne dans un océan de sons tellement complexe qu'il n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Comme un regard se promenant sur une toile de maître, l'oreille du spectateur cérébral papillonne d'une couche à l'autre, jaugeant tour à tour les "crouik", les "blip" dissonants et les "tutututung" syncopés. Les clubbers les plus aguerris quant à eux parviennent à se mouvoir en rythme comme s'il s'agissait d'un remix de Poing! par David Guetta. Cela dit, comme souvent, je préfère, les passages plus atmosphériques où l'abstraction laisse momentanément la place à des émotions plus basiques.
La soirée se poursuit (avec une ponctualité toute germanique) avec les deux Suisses d'Intricate qui, après une heure au cours de laquelle les beats semblaient être un concept vaguement honteux, nous réveillent à grands coups de beats au Viagra (désolé) et de "nappes enveloppantes" (l'expression provient du texte de présentation qui défilait sur les écrans au début du set et qui, suivant le précepte énoncé plus haut, mentionnait également des similitudes évidentes entre les musiques d'Intricate et d'Autechre, similitudes que je cherche toujours). Sans doute parce que je suis très peu coordonné, bouger en rythme nécessite une grande partie de mes facultés mentales. Du coup, la musique sur laquelle je peux me trémousser est en général jugée moins sévèrement. Tout ce que je peux dire de ce set est qu'il m'a fait penser à celui de Modeselektor l'année dernière et que, en conséquence, j'ai passé un bon moment. Il m'en faut peu, au fond.
Le set suivant est assuré par Solvent, un Canadien assez proche de Lowfish. Entendez par là que certains des sons qu'il utilise m'évoquent irrésistiblement Jean-Michel Jarre (je vous laisse juger s'il s'agit d'un compliment ou non), que le set est décomposé en morceaux (séparés par du vrai silence et des vrais applaudissements de vrais gens), que le tout sonne franchement 80s. Il pousse même le vice jusqu'à utiliser un vocoder, ce qui lui vaut les quolibets rentrés des intégristes electros (j'ai cru entendre les mots "Danse des Canards" au détour d'une conversation) sans que les poppeux ne s'enthousiasment pour la cause. Si j'osais, j'ajouterais "N'est pas Cher qui veut". Dans l'ensemble cependant, ce n'est pas désagréable en fond sonore (et une frange du public avait l'air franchement enthousiaste) mais n'a non plus à mon avis un intérêt transcendant.
Boy Robot est un duo germano-suédois (honte à celui qui m'avait dit qu'ils étaient américains) dont seul John Zorn est présent ici. Sa musique est une sorte de digest prêt à écouter de tout ce que j'aime en électronica : une pulsation reconnaissable, des plages atmosphériques, des évolutions lentes dans la durée, des variations brusques de rythmes, des surprises, des moments de suspension, etc.. J'ai un peu de mal à en dire beaucoup plus. Aucun point de comparaison ne m'est venu à l'esprit sur le moment même et je n'ai à dire vrai plus qu'un souvenir assez vague d'à quoi ça ressemblait. Je vais tenter de trouver quelques morceaux à écouter en tout cas pour voir si ma bonne impression live se confirme sur disque.
La soirée se termine avec le set d'Apparat, le projet le plus surhypé de la soirée, si j'en crois mon échantillon représentatif de 1 spécialiste. Si j'ai bien retenu ce qu'on m'a expliqué, les disques de Apparat peuvent se classer en deux grandes catégories : les calmes (chez Shitkatapult ou Neo Ouija) et les plus orientés "dance-floor" sortis chez mes amis de BPitch (Paul Kalkbrenner, Ellen Allien, etc...). A en juger les commentaires d'après-concert, ce set contenait surtout ses morceaux les plus "dance-floor" et était à mon avis le plus intéressant de la soirée, touchant à de nombreux genres, de la trance (tendance Paul Van Dyk, voire Ferry Corsten) à la hard-techno à base de sons saturés (j'ai pensé pendant quelques secondes à T.Raumschmiere) en passant par la techno minimale, presque uniquement rythmique. Le public était assez enthousiaste et, pour une fois, j'étais plutôt d'accord. (j'ai désespérement cherché à caser "costume d'apparat" dans ce paragraphe mais n'y suis pas parvenu, à mon grand dam)
Voulant rester sur cette bonne impression, je me suis éclipsé (il était 3h30 quand même) avant le dernier set de Brothomstates vs Blamstrain que l'on m'a d'ailleurs par après décrit comme très décevant. En résumé, une très bonne soirée. La présence de chaises contre les murs m'a permis de surmonter mes accès de lassitude sans totalement décrocher (en regardant les visuels par exemple) et j'ai donc une fois de plus pu me frotter dans d'excellentes conditions à un genre de musique pour lequel j'ai une affinité de faible à moyenne et une connaissance quasi-nulle (d'ailleurs, tous les termes un tant soit peu techniques que j'ai employés l'ont potentiellement été à contre-sens. Vous êtes prévenus).
NB : J'ai passé sous silence les deux-trois plantages de Mac qui ont émaillé la soirée de peur de me faire taxer de suppôt de Bill Gates.
LIENS : La programmation du festival est détaillée et décrite bien mieux que je ne pourrais le faire ici, accompagnée des liens vers les sites des artistes (notamment Apparat) et des labels.
mardi, novembre 8
Qui a dit que la vie était chère ?
Le nouvel album de Bonnie 'prince' Billy en prix vert à la FNAC pour....28€. Heureusement, le nouveau Kate Bush était lui au prix très raisonnable (surtout pour un double CD) de 16€. Après une première écoute, je suis assez enthousiaste (ne serait-ce que pour avoir oser faire une chanson sur le nombre Pi avec les 100 premières décimales)
PS : Three Nits tracks there.
PS : Three Nits tracks there.
samedi, novembre 5
Deuxième service.
C'est terrible, je ne trouve le temps de rien écrire.
En attendant mon billet sur le nouvel album des Nits, encore une de mes marottes pop : New direction de S Club Juniors ici.
EDIT : Et tant que j'y suis, la seule bonne chanson de Busted est ici. Prochains billets prévus : le festival Panoptica 2005 et l'album des Nits, groupe dont je parle par ailleurs (de manière beaucoup trop rapide) dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque.
En attendant mon billet sur le nouvel album des Nits, encore une de mes marottes pop : New direction de S Club Juniors ici.
EDIT : Et tant que j'y suis, la seule bonne chanson de Busted est ici. Prochains billets prévus : le festival Panoptica 2005 et l'album des Nits, groupe dont je parle par ailleurs (de manière beaucoup trop rapide) dans mon billet de la semaine sur la Blogothèque.
jeudi, novembre 3
Insomnie, quand tu nous tiens.
Je ne suis pas parvenu à fermer l'oeil de la nuit. En guise de compensation, je m'en vais écouter Les Nuits, le nouvel album des Nits acheté hier (et dont je vous reparle très vite). En ce qui vous concerne, vous avez dormi et devrez donc vous contenter de :
- le premier single de Son of Dork, le nouveau groupe de l'ex-Busted James Bourne (plus tout à fait sûr du nom de famille) ici.
- une chanson pop robotique des années 80 que ce billet a fait émerger des tréfonds de mon inconscient.
- est-il possible de ne pas sourire en écoutant une reprise en japonais d'une chanson des Backstreet Boys ? Pas sûr.
EDIT : Histoire de mettre toutes mes marottes pop dans un même post et de pouvoir ainsi repartir du bon pied demain :
- deux étudiants chinois chantent I want it that way. C'est surtout drôle si vous appréciez la chanson, mais en avez un peu honte. C'est mon cas. (via Said the Gramophone)
- le nouveau single de Will Young.
EDIT 2 : Ce soir sur Arte, un reportage sur Leeds avec des gros morceaux de Black Wire à l'intérieur.
- le premier single de Son of Dork, le nouveau groupe de l'ex-Busted James Bourne (plus tout à fait sûr du nom de famille) ici.
- une chanson pop robotique des années 80 que ce billet a fait émerger des tréfonds de mon inconscient.
- est-il possible de ne pas sourire en écoutant une reprise en japonais d'une chanson des Backstreet Boys ? Pas sûr.
EDIT : Histoire de mettre toutes mes marottes pop dans un même post et de pouvoir ainsi repartir du bon pied demain :
- deux étudiants chinois chantent I want it that way. C'est surtout drôle si vous appréciez la chanson, mais en avez un peu honte. C'est mon cas. (via Said the Gramophone)
- le nouveau single de Will Young.
EDIT 2 : Ce soir sur Arte, un reportage sur Leeds avec des gros morceaux de Black Wire à l'intérieur.
dimanche, octobre 30
Careless Whisper
J'avais déjà parlé de ce morceau ici, mais puisqu'il est à nouveau disponible, j'en reparle.
Ben Folds et Rufus Wainwright reprennent le slow crapuleux de Wham! ici.
Ben Folds et Rufus Wainwright reprennent le slow crapuleux de Wham! ici.
jeudi, octobre 27
Aller au concert à pied, c'est possible.
J'avais l'habitude de me plaindre qu'il n'y avait jamais à Liège de concerts qui m'intéressent. Me serais-je trompé ? Il y a quelques semaines, j'avais déjà laissé passer l'occasion de voir Neil's Children sur scène parce que je n'étais tout simplement pas au courant de leur venue. Et là, je viens de voir que Matt Elliott et Paula Frazer venaient tous les deux en novembre. Je suis particulièrement content pour Paula Frazer que je n'avais vue jusqu'ici qu'une fois, en première partie des Tindersticks au Botanique.
Sinon, les premières chroniques de Les Nuits, le nouvel album des Nits (qui sort la semaine prochaine) le rapprochent de la période Alankomaat et Wool... Je suis inquiet.
Sinon, les premières chroniques de Les Nuits, le nouvel album des Nits (qui sort la semaine prochaine) le rapprochent de la période Alankomaat et Wool... Je suis inquiet.
mercredi, octobre 26
The Chalets et Art Brut, ABClub, 24 octobre 2005
Ce compte-rendu fait terriblement souvenir d'ancien combattant. J'en suis le premier consterné.
Etant entièrement dépendant des horaires de train pour mes concerts bruxellois, je me retrouve souvent à la salle quarante bonnes minutes avant le début supposé du concert (et souvent plus d'une heure avant le début effectif), c'est pourtant la première fois que je suis entré dans une salle complètement vide, embarrassante expérience que je ne suis pas sûr d'avoir envie de renouveler. Heureusement, dix minutes plus tard, quelques jeunes anglais (vivant en Belgique mais bon, ils étaient plus vrais que nature), sapés pour l'occasion en costume-cravate ironique ("It looks like you're going to a cricket match.") est venu mettre un peu d'animation. De toutes façons, l'attente n'est pas très longue puisque le concert commence pile à 20h00 avec l'entrée sur scène des Irlandais de The Chalets : trois types en jeans et tee-shirts rouges (guitare, basse et batterie) et deux chanteuses, en hauts talons, jupes à gros carreaux blancs, rouges et noirs. Le groupe remet au goût du jour la formule éprouvée des deux frontwomen chantant le plus souvent à l'unison, esquissant quelques petites chorégraphies élémentaires (férocement ironiques) et jouant à deux doigts sur des petits synthétiseurs qu'elles avaient dû recevoir pour leur douzième anniversaire. Leur manière d'introduire les morceaux révèle un côté bricolo-second-degré assez savoureux. "This song is called Two Chord Song cause it only has two chords.... We're geniuses." ou "This is the song we usually say was N°1 in Belgium..... You don't know it? Really? Come on ! It was HUGE !!" (je paraphrase). Les morceaux en eux-mêmes sont une sorte de mélange entre les passages les plus pop de Le Tigre... et Stereo Total disons. Une très bonne surprise donc et un groupe idéal de première partie, ne serait-ce que parce qu'on ne les imagine pas être un jour en tête d'affiche. LIENS : un morceau à écouter ici et site officiel là.
A 9 heure pile, les musiciens (une bassiste, deux guitaristes et un batteur) montent sur scène et un guitariste arborant une coupe Chris Kavanagh qui semble tout droit issue de Spinal Tap (ou des Towers of London, ce qui revient au même) monte sur scène et joue le riff de Back in Black d'AC/DC. Comme, de plus, je ne reconnais aucun des musiciens que j'avais entr'aperçus au Pukkelpop il y a quelques semaines, je me dis qu'une deuxième première partie a dû être ajoutée au programme. Et bien pas du tout. Eddie Argos entre en scène, enlève ses chaussures, pend son chapeau au pied du micro tandis que la musique se fond dans le riff qui introduit Formed a band. Pas de doute, il s'agit bien d'Art Brut et le guitariste à tête de prof de maths que j'avais vu au Pukkelpop a soit changé de look, soit quitté le groupe pour potasser ses développements de Taylor. (EDIT : La deuxième option serait la bonne.)
Il faut croire que je n'ai pas retenu ma leçon après le concert de Hard-Fi il y a quinze jours parce que, bien que légèrement excentré, je me suis encore retrouvé pile en face de l'endroit où Eddie Argos venait au bord de la scène haranguer la foule de ses adorateurs. Ce ne serait pas si grave (après tout, les nombrils de rock-stars, c'est passionnant) s'il n'avait pas la fâcheuse habitude de ponctuer ses phrases par un grand jeté de jambe en avant qui, configuration de la salle aidant, me faisait toujours craindre pour ma virilité. J'ai d'ailleurs eu droit en cours de concert à une petite tape sur l'épaule et à un "XXXXXX, pal !" du chanteur. Le mot XXXXXX couvert par le bruit ambiant était peut-être "Thanks" mais il est tout aussi probable que c'était le moins sympathique "Move". Je n'en saurai jamais rien. C'est en tout cas la première fois que je me fais directement interpeller depuis la scène et ça m'a mis étrangement mal à l'aise.
Cela dit, je n'allais pas rester très longtemps immobile à cette place. Bien que je n'aurais pas spontanément placé Art Brut dans la catégorie "groupe à pogo", le public s'est rapidement échauffé et dès le deuxième morceau, My little brother, le public s'est déchaîné sur ma gauche et dans mon dos. J'ai cru quelques minutes que je pourrais rester impassible en périphérie de la tourmente mais, la scène m'arrivant aux genoux et les violentes poussées dans le dos se multipliant, je me suis dit qu'il serait finalement moins dangereux et plus amusant de joindre le mouvement (quitte à le faire sans trop y croire ou en se trouvant légèrement hors-sujet). Ca faisait plusieurs années que je ne m'étais plus laissé aller comme ça, depuis le concert de Placebo au Botanique à l'époque du second album en fait (putain, sept ans.... Ca paraît long comme ça mais essayez de pogoter sur Elbow, les Nits ou Patrick Wolf pour voir). Force est de constater que, finalement, le pogo, c'est un peu comme le vélo, ça ne s'oublie pas (et je le dis d'autant plus volontiers que je ne sais plus rouler à vélo). Il faut juste sauter en rythme, alternativement suivre et contrer les mouvements de ceux qui vous entourent et ne pas perdre l'équilibre. Ce n'est franchement pas compliqué. La preuve, les fans de Korn y arrivent très bien. De plus, un pogo "ironique" (le mot de la soirée, indubitablement) convient parfaitement aux textes d'Art Brut, qui se veulent entre autres choses un commentaire cynique sur la rock'n'roll attitude. Particulièrement savoureuse est la présentation des musiciens qui termine le concert. Le chanteur les cite à tour de rôle et chacun se lance à l'énoncé de son nom dans un "solo" tellement court et basique que ça ne peut qu'être voulu, sans doute en guise d'éclatant pied de nez à ceux qui croient toujours que le rock est affaire de technique.
Eddie Argos est indéniablement le centre de toutes les regards. Il a d'ailleurs la curieuse habitude de s'adresser à ses musiciens en les appelant Art Brut, comme si le groupe s'appelait en fait Eddie Argos and the Arts Bruts. "Come On, Art Brut, let's play My Little Brother". Il saute dans tous les sens, descend se mêler à la foule et parle longuement entre les morceaux. Ses commentaires ressemblaient d'ailleurs beaucoup à ceux que j'avais entendus au Pukkelpop (notamment l'injonction que chaque membre du public aille former un groupe en quittant la salle) mais atteignaient indéniablement mieux leur cible ici devant 150 personnes que devant un parterre de fans de Marilyn Manson à moitié endormis.
Il est dommage que sa voix ait été systématiquement sous-mixée (au moins pour les spectateurs proches de la scène) car ce que j'aime le plus dans la musique du groupe est justement le fait que la voix y est prédominante, mais cela n'avait finalement guère d'importance. L'enthousiasme communicatif du chanteur et l'ambiance mise par les spectateurs suffisent largement à faire de ce concert un des plus jouissifs de l'année. D'ailleurs, j'ai acheté un tee-shirt. Si ça, ce n'est pas une preuve.
Sinon, ça n'a rien à voir mais je n'ai su que penser du fait que le concert de Vincent Venet qui avait lieu le même jour dans la grande salle de l'Ancienne Belgique était parrainé par... Bel RTL.
Etant entièrement dépendant des horaires de train pour mes concerts bruxellois, je me retrouve souvent à la salle quarante bonnes minutes avant le début supposé du concert (et souvent plus d'une heure avant le début effectif), c'est pourtant la première fois que je suis entré dans une salle complètement vide, embarrassante expérience que je ne suis pas sûr d'avoir envie de renouveler. Heureusement, dix minutes plus tard, quelques jeunes anglais (vivant en Belgique mais bon, ils étaient plus vrais que nature), sapés pour l'occasion en costume-cravate ironique ("It looks like you're going to a cricket match.") est venu mettre un peu d'animation. De toutes façons, l'attente n'est pas très longue puisque le concert commence pile à 20h00 avec l'entrée sur scène des Irlandais de The Chalets : trois types en jeans et tee-shirts rouges (guitare, basse et batterie) et deux chanteuses, en hauts talons, jupes à gros carreaux blancs, rouges et noirs. Le groupe remet au goût du jour la formule éprouvée des deux frontwomen chantant le plus souvent à l'unison, esquissant quelques petites chorégraphies élémentaires (férocement ironiques) et jouant à deux doigts sur des petits synthétiseurs qu'elles avaient dû recevoir pour leur douzième anniversaire. Leur manière d'introduire les morceaux révèle un côté bricolo-second-degré assez savoureux. "This song is called Two Chord Song cause it only has two chords.... We're geniuses." ou "This is the song we usually say was N°1 in Belgium..... You don't know it? Really? Come on ! It was HUGE !!" (je paraphrase). Les morceaux en eux-mêmes sont une sorte de mélange entre les passages les plus pop de Le Tigre... et Stereo Total disons. Une très bonne surprise donc et un groupe idéal de première partie, ne serait-ce que parce qu'on ne les imagine pas être un jour en tête d'affiche. LIENS : un morceau à écouter ici et site officiel là.
A 9 heure pile, les musiciens (une bassiste, deux guitaristes et un batteur) montent sur scène et un guitariste arborant une coupe Chris Kavanagh qui semble tout droit issue de Spinal Tap (ou des Towers of London, ce qui revient au même) monte sur scène et joue le riff de Back in Black d'AC/DC. Comme, de plus, je ne reconnais aucun des musiciens que j'avais entr'aperçus au Pukkelpop il y a quelques semaines, je me dis qu'une deuxième première partie a dû être ajoutée au programme. Et bien pas du tout. Eddie Argos entre en scène, enlève ses chaussures, pend son chapeau au pied du micro tandis que la musique se fond dans le riff qui introduit Formed a band. Pas de doute, il s'agit bien d'Art Brut et le guitariste à tête de prof de maths que j'avais vu au Pukkelpop a soit changé de look, soit quitté le groupe pour potasser ses développements de Taylor. (EDIT : La deuxième option serait la bonne.)
Il faut croire que je n'ai pas retenu ma leçon après le concert de Hard-Fi il y a quinze jours parce que, bien que légèrement excentré, je me suis encore retrouvé pile en face de l'endroit où Eddie Argos venait au bord de la scène haranguer la foule de ses adorateurs. Ce ne serait pas si grave (après tout, les nombrils de rock-stars, c'est passionnant) s'il n'avait pas la fâcheuse habitude de ponctuer ses phrases par un grand jeté de jambe en avant qui, configuration de la salle aidant, me faisait toujours craindre pour ma virilité. J'ai d'ailleurs eu droit en cours de concert à une petite tape sur l'épaule et à un "XXXXXX, pal !" du chanteur. Le mot XXXXXX couvert par le bruit ambiant était peut-être "Thanks" mais il est tout aussi probable que c'était le moins sympathique "Move". Je n'en saurai jamais rien. C'est en tout cas la première fois que je me fais directement interpeller depuis la scène et ça m'a mis étrangement mal à l'aise.
Cela dit, je n'allais pas rester très longtemps immobile à cette place. Bien que je n'aurais pas spontanément placé Art Brut dans la catégorie "groupe à pogo", le public s'est rapidement échauffé et dès le deuxième morceau, My little brother, le public s'est déchaîné sur ma gauche et dans mon dos. J'ai cru quelques minutes que je pourrais rester impassible en périphérie de la tourmente mais, la scène m'arrivant aux genoux et les violentes poussées dans le dos se multipliant, je me suis dit qu'il serait finalement moins dangereux et plus amusant de joindre le mouvement (quitte à le faire sans trop y croire ou en se trouvant légèrement hors-sujet). Ca faisait plusieurs années que je ne m'étais plus laissé aller comme ça, depuis le concert de Placebo au Botanique à l'époque du second album en fait (putain, sept ans.... Ca paraît long comme ça mais essayez de pogoter sur Elbow, les Nits ou Patrick Wolf pour voir). Force est de constater que, finalement, le pogo, c'est un peu comme le vélo, ça ne s'oublie pas (et je le dis d'autant plus volontiers que je ne sais plus rouler à vélo). Il faut juste sauter en rythme, alternativement suivre et contrer les mouvements de ceux qui vous entourent et ne pas perdre l'équilibre. Ce n'est franchement pas compliqué. La preuve, les fans de Korn y arrivent très bien. De plus, un pogo "ironique" (le mot de la soirée, indubitablement) convient parfaitement aux textes d'Art Brut, qui se veulent entre autres choses un commentaire cynique sur la rock'n'roll attitude. Particulièrement savoureuse est la présentation des musiciens qui termine le concert. Le chanteur les cite à tour de rôle et chacun se lance à l'énoncé de son nom dans un "solo" tellement court et basique que ça ne peut qu'être voulu, sans doute en guise d'éclatant pied de nez à ceux qui croient toujours que le rock est affaire de technique.
Eddie Argos est indéniablement le centre de toutes les regards. Il a d'ailleurs la curieuse habitude de s'adresser à ses musiciens en les appelant Art Brut, comme si le groupe s'appelait en fait Eddie Argos and the Arts Bruts. "Come On, Art Brut, let's play My Little Brother". Il saute dans tous les sens, descend se mêler à la foule et parle longuement entre les morceaux. Ses commentaires ressemblaient d'ailleurs beaucoup à ceux que j'avais entendus au Pukkelpop (notamment l'injonction que chaque membre du public aille former un groupe en quittant la salle) mais atteignaient indéniablement mieux leur cible ici devant 150 personnes que devant un parterre de fans de Marilyn Manson à moitié endormis.
Il est dommage que sa voix ait été systématiquement sous-mixée (au moins pour les spectateurs proches de la scène) car ce que j'aime le plus dans la musique du groupe est justement le fait que la voix y est prédominante, mais cela n'avait finalement guère d'importance. L'enthousiasme communicatif du chanteur et l'ambiance mise par les spectateurs suffisent largement à faire de ce concert un des plus jouissifs de l'année. D'ailleurs, j'ai acheté un tee-shirt. Si ça, ce n'est pas une preuve.
Sinon, ça n'a rien à voir mais je n'ai su que penser du fait que le concert de Vincent Venet qui avait lieu le même jour dans la grande salle de l'Ancienne Belgique était parrainé par... Bel RTL.
Vous aimez Rachel ? Vous adorerez Girls Aloud.
Puisque tout le monde est à présent convaincu que l'album de Rachel Stevens est un chef-d'oeuvre, je passe à la prochaine étape de mon plan diabolique en vous proposant d'écouter le nouveau single de Girls Aloud, Biology, ici.
La chanson commence comme Waterloo de Abba. Elle bifurque après 30 secondes et va flâner en Kylie-land tandis que la tension monte, monte, monte imperceptiblement jusqu'à la délivrance se produisant lorsque le refrain proprement dit arrive à 1:35, avec une mention spéciale pour les choeurs à 2:00... et puis tout recommence. Certes, ça ne vaut pas Negotiate with love, mais bon. Ce n'est pas Noël tous les jours non plus.
PLUS :
- Un extrait du formidable My life in the Bush of ghosts de David Byrne et Brian Eno ici.
- Le morceau de Micah P. Hinson pour la compilation en hommage aux Buckley dont j'ai déjà parlé.
La chanson commence comme Waterloo de Abba. Elle bifurque après 30 secondes et va flâner en Kylie-land tandis que la tension monte, monte, monte imperceptiblement jusqu'à la délivrance se produisant lorsque le refrain proprement dit arrive à 1:35, avec une mention spéciale pour les choeurs à 2:00... et puis tout recommence. Certes, ça ne vaut pas Negotiate with love, mais bon. Ce n'est pas Noël tous les jours non plus.
PLUS :
- Un extrait du formidable My life in the Bush of ghosts de David Byrne et Brian Eno ici.
- Le morceau de Micah P. Hinson pour la compilation en hommage aux Buckley dont j'ai déjà parlé.
mardi, octobre 25
Hangedup et The Silver Mt Zion Elegies, Botanique, 20 octobre 2005
La nouvelle incarnation de A Silver Mt Zion a attiré la grande foule ce jeudi au Botanique (on pouvait même voir dans le public le parolier de Coeur de Loup, c'est dire). The Silver Mt Elegies regroupe en fait quatre membres de ASMZ (Efrim, guitare+voix, Ian, basse+voix plus une violoniste et une violoncelliste qu'Efrim n'a pas jugé bon de présenter) et les deux membres de Hanged'Up (Eric, batterie, et Geneviève, violon), qui assuraient d'ailleurs la première partie.
Sur papier, Hanged'up semble être le résultat d'un pari absurde, genre "Et si on écrivait des chansons avec rien qu'un violon et une batterie ?", le genre d'idées qui ne devrait a priori pas mener à grand-chose. Pourtant, je garde de Hanged-Up le souvenir d'un concert éblouissant lors du K-RAA-K festival en 2003. Le batteur était impressionnant de technique (et un brin frimeur) et la violoniste parvenait toujours à faire décoller les morceaux dans un tourbillon de doubles-croches. Je me souviens avoir passé une petite heure dans un état proche de la transe, les yeux fermés, assis au balcon en balançant la tête dans tous les sens. Un moment de pur bonheur qui ne s'est malheureusement pas reproduit lorsque je les ai revus par la suite, sans doute parce qu'ils passaient alors en première partie d'un autre groupe Constellation et qu'il devait faire tenir leur set dans une petite demi-heure. Or, en live, les morceaux de Hanged'Up suivent tous le même canevas. Geneviève enregistre d'abord quelques boucles. On la voit penchée sur ces pédales jouant de temps en temps une note pendant que le batteur nous fait patienter en cultivant sa ressemblance avec François Truffaut et en démontrant l'étendue de sa technique sans quasiment faire de bruit (avec notamment un fabuleux tour de main qui semble lui permettre de frapper tous ses tambours en un seul mouvement circulaire). Chaque morceau commence donc par trois ou quatre minutes d'attente incompressible où pas grand-chose ne se passe. Dès lors, si ils veulent jouer tout ce qui est prévu sur la setlist, ils sont forcés d'écourter les morceaux et donc d'abréger les climax, qui durent finalement presque moins longtemps que la mise en place. C'est très frustrant. Je n'ai jamais l'occasion de m'installer réellement dans le rythme ou de faire la preuve de mon don inné pour le head-banging. Leurs concerts seraient à mon avis beaucoup plus prenants s'ils acceptaient de jouer deux ou trois morceaux en moins mais en prenant plus de temps pour les développer. Leur musique se prête très bien à la répétition (après tout, une bonne part de leur répertoire pourrait être vue comme des variations autour du concert pour violon de Philip Glass). C'est dommage qu'ils semblent avoir peur d'en abuser.
J'étais très curieux de voir comment la musique de ASMZ (l'apport de Hangedup est objectivement assez faible à première écoute) se transposerait sur scène. J'aime beacoup certains de leurs disques (et en premier lieu le EP Pretty Little Ligntning Paw paru l'année dernière) pour leur côté fantômatique et désolé. Les voix y semblaient tordues par la douleur et le chagrin. Du coup, ce concert risque de faire disparaître une part du plaisir que je prenais à écouter leurs disques. Je crois que je préférais les images que provoquaient en moi ces voix à la vue d'Efrim s'époumonnant à chanter dans le tube qu'il forme avec ses deux mains en porte-voix.
La totalité du concert est constitué de morceaux inédits qu'ils ont écrits en quatre semaines de répétitions pour un festival flamand (si j'ai tout bien compris), ce qui explique sans doute les multiples anti-sèches pendant aux pieds de leur micro. Ces nouveaux morceaux ne se différencient à vrai dire guère de ceux que l'on peut entendre sur les deux derniers albums. Les voix y sont exploitées de la même façon et la construction des morceaux est assez similaire. Plus grave, j'ai l'impression que la musique de ASMZ ne gagne rien à être vue sur scène (et perd même un soupçon du mysère qui fait son charme). Du coup, entre deux passages très réussis, je dois avouer avoir parfois trouvé le temps long. Une semi-déception donc.
Sur papier, Hanged'up semble être le résultat d'un pari absurde, genre "Et si on écrivait des chansons avec rien qu'un violon et une batterie ?", le genre d'idées qui ne devrait a priori pas mener à grand-chose. Pourtant, je garde de Hanged-Up le souvenir d'un concert éblouissant lors du K-RAA-K festival en 2003. Le batteur était impressionnant de technique (et un brin frimeur) et la violoniste parvenait toujours à faire décoller les morceaux dans un tourbillon de doubles-croches. Je me souviens avoir passé une petite heure dans un état proche de la transe, les yeux fermés, assis au balcon en balançant la tête dans tous les sens. Un moment de pur bonheur qui ne s'est malheureusement pas reproduit lorsque je les ai revus par la suite, sans doute parce qu'ils passaient alors en première partie d'un autre groupe Constellation et qu'il devait faire tenir leur set dans une petite demi-heure. Or, en live, les morceaux de Hanged'Up suivent tous le même canevas. Geneviève enregistre d'abord quelques boucles. On la voit penchée sur ces pédales jouant de temps en temps une note pendant que le batteur nous fait patienter en cultivant sa ressemblance avec François Truffaut et en démontrant l'étendue de sa technique sans quasiment faire de bruit (avec notamment un fabuleux tour de main qui semble lui permettre de frapper tous ses tambours en un seul mouvement circulaire). Chaque morceau commence donc par trois ou quatre minutes d'attente incompressible où pas grand-chose ne se passe. Dès lors, si ils veulent jouer tout ce qui est prévu sur la setlist, ils sont forcés d'écourter les morceaux et donc d'abréger les climax, qui durent finalement presque moins longtemps que la mise en place. C'est très frustrant. Je n'ai jamais l'occasion de m'installer réellement dans le rythme ou de faire la preuve de mon don inné pour le head-banging. Leurs concerts seraient à mon avis beaucoup plus prenants s'ils acceptaient de jouer deux ou trois morceaux en moins mais en prenant plus de temps pour les développer. Leur musique se prête très bien à la répétition (après tout, une bonne part de leur répertoire pourrait être vue comme des variations autour du concert pour violon de Philip Glass). C'est dommage qu'ils semblent avoir peur d'en abuser.
J'étais très curieux de voir comment la musique de ASMZ (l'apport de Hangedup est objectivement assez faible à première écoute) se transposerait sur scène. J'aime beacoup certains de leurs disques (et en premier lieu le EP Pretty Little Ligntning Paw paru l'année dernière) pour leur côté fantômatique et désolé. Les voix y semblaient tordues par la douleur et le chagrin. Du coup, ce concert risque de faire disparaître une part du plaisir que je prenais à écouter leurs disques. Je crois que je préférais les images que provoquaient en moi ces voix à la vue d'Efrim s'époumonnant à chanter dans le tube qu'il forme avec ses deux mains en porte-voix.
La totalité du concert est constitué de morceaux inédits qu'ils ont écrits en quatre semaines de répétitions pour un festival flamand (si j'ai tout bien compris), ce qui explique sans doute les multiples anti-sèches pendant aux pieds de leur micro. Ces nouveaux morceaux ne se différencient à vrai dire guère de ceux que l'on peut entendre sur les deux derniers albums. Les voix y sont exploitées de la même façon et la construction des morceaux est assez similaire. Plus grave, j'ai l'impression que la musique de ASMZ ne gagne rien à être vue sur scène (et perd même un soupçon du mysère qui fait son charme). Du coup, entre deux passages très réussis, je dois avouer avoir parfois trouvé le temps long. Une semi-déception donc.
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