Je ne vous cacherai pas que cette entreprise de longue haleine commence à me peser. :)
Rachel Stevens - Come and get it (Polydor)
J'ai déjà beaucoup parlé de cet album, notamment ici. Je rajouterai donc juste que c'est indéniablement pour moi l'album le plus jouissif de 2005, celui que j'ai le plus écouté aussi. 13 chansons électro-disco dont 11 tueries. Le disque pop quasi-parfait que je n'espérais plus.
The Coral - The Invisible Invasion (Deltasonic)
Il existe très peu de groupes qui ne déçoivent jamais, dont chaque nouvel album parvient à retrouver le même niveau d'excellence. The Coral en est un. The Invisible Invasion est déjà leur 4ème album (ou le 3,5ème selon la manière dont on compte) et les 12 pépites de "pop parfaite" qu'il contient sont en tous points aussi précieuses que celles que l'on trouvait sur les précédents. Cela dit, cette admirable constance est aussi la limite d'un groupe qui semble parfaitement content de sortir tous les 18 mois un nouvel album dans la lignée des précédents, sans remise en question ni prise de risque. En conséquence, s'il ne déçoit jamais, il ne surprend pas plus. D'album en album, James Skelly chante toujours aussi bien (voire de mieux en mieux), les références sont toujoursà peu près les mêmes (pop 60s dévoyée par quelques tentations psychés) et on peut craindre pour le groupe une carrière à la Belle and Sebastian, celle d'un groupe extraordinaire qui rentre peu à peu dans le rang, sans jamais démériter vraiment. Bien que l'on puisse difficilement imaginer deux groupes plus différents dans leur ancrage social et leur dynamique que The Coral et Belle and Sebastian (nonchalance pétard contre enthousiasme boy-scout disons), leurs musiques ont pas mal de références communes et tous deux semblent avoir du mal à les dépasser, malgré l'engagement de producteurs extérieurs pour leurs derniers albums (Adrian Utley et Geoff Barrow de Portishead pour The Coral, Trevor Horn pour B&S). Cela dit, quand les albums sont aussi bons, il n'y a pas vraiment de raisons de bouder son plaisir.
Rufus Wainwright - Want Two (Geffen)
Comment se fait-il que cet album ait été aussi unanimement mal aimé ? Ceux qui ont surtout aimé les deux premiers albums de Rufus Wainwright n'y voient qu'un nouveau naufrage dans la pop pompière nouveau-riche de Want One. Les fans de ce dernier (ils existent, j'en connais au moins un) le trouvent raté et nettement inférieur à son prédécesseur. Du coup, ma conviction qu'il s'agit sans l'ombre d'un doute du meilleur album de Rufus Wainwright me laisse bien isolé. Pourtant, le morceau d'ouverture, Agnus Dei, est tout de même nettement plus digeste que l'écoeurant Boléro dégoulinant de crème Chantilly qui ouvrait Want One. Avec ses violons grinçants et ses mélopées arabisantes, elle démontre aussi une plus grande prise de risques, une louable volonté d'un peu gauchir son image. Cet album m'a intrigué et séduit dès sa première minute. Dans la foulée, Rufus Wainwright sort de sa besace une chanson pop quasi-parfaite, The One You Love, qui est peut-être le morceau de lui que je préfère. La suite de l'album recèle encore The Art Teacher, où le contraste entre sa voix nasillarde pleine de pathos et une ligne de piano minimaliste à la Philip Glass fonctionne à merveille, ou Old Whore's Diet, un hallucinant duo avec Antony d'inspiration sud-américaine (qui est aussi le moment-clé de ses concerts récents). Certes, toutes les chansons ne sont pas aussi formidables que ces trois-là et on s'ennuie parfois poliment mais il me semble malgré tout qu'il s'agit de son album le plus abouti. Apparemment, je suis un des seuls à le penser (à moins que l'un de vous, gentils lecteurs, me tiriez de ma solitude).
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
mardi, janvier 31
lundi, janvier 30
Les albums de 2005 (IX)
Arcade Fire - Funeral (Rough Trade)
Depuis que je m'intéresse à la musique, je n'ai jamais assisté à un délire collectif aussi irrationnel que celui qui a entouré la sortie de cet album. L'existence d'une "conscience musicale" mondialisée sur Internet (dont le gourou serait Pitchfork) me semble avoir ici montré son premier effet pervers en créant une spirale d'entraînement mutuel et de surenchère qui a mené à des propos à ce point excessifs qu'ils en devenaient grotesques. Pendant plus d'un an, on ne pouvait pas cliquer sur un lien ou parcourir la page de garde d'un webzine musical sans tomber sur des "Merci Arcade Fire d'être le meilleur groupe de tous les temps." ou des "Funeral est le meilleur disque de l'univers. Il a changé ma vie et, à chaque fois que je l'écoute, je pleure." J'ai fini par prendre le parti d'en rire mais je mentirais en disant que mon incompréhension face à cette unanimité n'a pas influé sur mon appréciation du disque. L'enthousiasme factice et la spontanéité réglée au millimètre de leur prestation au Pukkelpop il y a quelques mois n'a évidemment rien arrangé. En conséquence, j'ai beaucoup de mal à exprimer aujourd'hui ce que je pense exactement du disque, en le dissociant de son existence médiatique. Je m'y risque cependant.
Je reconnais volontiers que c'est plutôt un bon disque dans son genre et qu'il est difficile de l'écouter sans être au moins partiellement happé par le maelström des émotions qui y sont tapies (de l'euphorie à la tristesse, de l'apathie à la surexcitation). Pour exprimer cette diversité, le groupe a souvent recours à une construction en crescendo, qui le pousse malheureusement souvent à entasser les couches sonores et les instruments en fin de chanson pour accentuer les contrastes. C'est d'ailleurs un des principaux reproches que je ferais à la plupart des groupes à la mode cette année (de Sufjan Stevens à Antony and the Johnsons en passant par Arcade Fire) : une tendance à en faire trop, à vouloir à tout prix faire la preuve de leur ambition musicale en multipliant les instruments, sans toujours avoir les moyens d'intégrer ces multiples couches sonores dans un tout harmonieux. Lorsque j'écoute Funeral et que cette sensation de trop-plein devient trop forte, je me mets à rêver de ce que donneraient ces chansons dans des versions plus dépouillées ou en tout cas un peu moins lourdingues. Vu l'enthousiasme général suscité par Funeral, j'ai peur qu'ils n'aillent au contraire encore plus loin dans la surcharge à l'avenir. Dommage car quand ils se passent de cette construction en crescendo (comme sur Power Out) et osent la simplicité (le très nitséen Haïti), ils sont vraiment attachants (c'est aussi vrai pour l'album de Sufjan Stevens, dont je ne parlerai plus ici).
Jay-Jay Johanson - Rush (Virgin/EMI)
Durant quelques mois de l'année 2002, un nouveau courant musical avait envahi le petit monde de la musique rock. Tout le monde semblait se découvrir fan de Gigolo Records, de Fischerspooner et des synthés vintage. Puis, aussi soudainement qu'elle était née, la mode a passé. On continue pourtant à en percevoir des traces dans la starisation de Stuart Price ou dans les carrières de Goldfrapp et Jay-Jay Johanson. Tous deux s'étaient en effet à l'époque frottés à cette mode électroclash, genre auquel leurs premiers albums de trip-hop-lounge-jazz-pop ne semblaient pourtant guère les prédestiner. Ce choix de prendre le train en marche avait fait de Goldfrapp des stars (Black Cherry fut un immense succès, au moins en Angleterre) tandis que Jay-Jay Johanson y perdait beaucoup de sa crédibilité (dans mon souvenir, Antenna a été très mal reçu en France). Dans ce nouvel album, JJJ présente a posteriori le chaînon manquant entre ses premiers albums et Antenna. Il y marie la voix de crooner nordique qui faisait le prix de ses premiers albums avec une forme d'électro-pop efficace (The Last of The Boys To Know pourrait être une chanson de Kylie Minogue) qui flirte parfois avec le soft-rock FM (Another Night, Another Love évoque Phoenix et Rush le 10cc de I'm Not In Love). En ressort un disque parfaitement maîtrisé, sans réelles fautes de goût, attachant sur le moment même mais que son manque de surprises prive rapidement de mystère.
Wolf Parade - Apologies to the Queen Mary (Sub Pop)
Les similitudes entre Wolf Parade et Arcade Fire sont évidentes. Les deux groupes gravitent dans les mêmes milieux de Montreal, leurs musiques sont assez proches et ils ont tous deux construit leur succès grâce à Internet, quoique à des échelles très différentes. Il m'est donc difficile de ne pas comparer l'un à l'autre. La musique de Wolf Parade est un peu plus brute et se pique moins de sophistication (les cordes et l'accordéon laissent ici la place à quelques touches de synthés Grandaddy-esques). En conséquence, si cet album ne parvient pas forcément à égaler les meilleurs moments de Funeral (il n'y a pas ici de Power Out), il en évite la plupart des travers, ce qui le rend à mon avis plutôt meilleur. En cherchant à argumenter mes impressions, j'ai remarqué que Wolf Parade a enregistré la majorité de son album avec l'aide d'un producteur (Isaac Brock, de Modest Mouse) alors que Arcade Fire, Sufjan Stevens et Antony ne l'ont pas fait. Serait-ce la clé du problème ? Les figures emblématiques de cette nouvelle fague de folk-rock épique (le nom que je leur donne en attendant que la machine médiatique en ponde un meilleur) auraient-elles besoin d'un regard extérieur pour ne pas se laisser entraîner par leurs rêves de grandeur et leurs pulsions symphoniques ? Peut-être. En attendant, une chanson comme Dear Sons And Daughters Of Hungry Ghosts par exemple me semble avoir trouvé un bon équilibre entre ambition et accessibilité, légèreté et sophistication. En fait, le seul véritable problème de cet album est que l'un des deux chanteurs (Dan Boeckner) a exactement la même voix que Kelly Jones, le nain de jardin braillard des Stereophonics, et ça, c'est quand même pas de bol.
Depuis que je m'intéresse à la musique, je n'ai jamais assisté à un délire collectif aussi irrationnel que celui qui a entouré la sortie de cet album. L'existence d'une "conscience musicale" mondialisée sur Internet (dont le gourou serait Pitchfork) me semble avoir ici montré son premier effet pervers en créant une spirale d'entraînement mutuel et de surenchère qui a mené à des propos à ce point excessifs qu'ils en devenaient grotesques. Pendant plus d'un an, on ne pouvait pas cliquer sur un lien ou parcourir la page de garde d'un webzine musical sans tomber sur des "Merci Arcade Fire d'être le meilleur groupe de tous les temps." ou des "Funeral est le meilleur disque de l'univers. Il a changé ma vie et, à chaque fois que je l'écoute, je pleure." J'ai fini par prendre le parti d'en rire mais je mentirais en disant que mon incompréhension face à cette unanimité n'a pas influé sur mon appréciation du disque. L'enthousiasme factice et la spontanéité réglée au millimètre de leur prestation au Pukkelpop il y a quelques mois n'a évidemment rien arrangé. En conséquence, j'ai beaucoup de mal à exprimer aujourd'hui ce que je pense exactement du disque, en le dissociant de son existence médiatique. Je m'y risque cependant.
Je reconnais volontiers que c'est plutôt un bon disque dans son genre et qu'il est difficile de l'écouter sans être au moins partiellement happé par le maelström des émotions qui y sont tapies (de l'euphorie à la tristesse, de l'apathie à la surexcitation). Pour exprimer cette diversité, le groupe a souvent recours à une construction en crescendo, qui le pousse malheureusement souvent à entasser les couches sonores et les instruments en fin de chanson pour accentuer les contrastes. C'est d'ailleurs un des principaux reproches que je ferais à la plupart des groupes à la mode cette année (de Sufjan Stevens à Antony and the Johnsons en passant par Arcade Fire) : une tendance à en faire trop, à vouloir à tout prix faire la preuve de leur ambition musicale en multipliant les instruments, sans toujours avoir les moyens d'intégrer ces multiples couches sonores dans un tout harmonieux. Lorsque j'écoute Funeral et que cette sensation de trop-plein devient trop forte, je me mets à rêver de ce que donneraient ces chansons dans des versions plus dépouillées ou en tout cas un peu moins lourdingues. Vu l'enthousiasme général suscité par Funeral, j'ai peur qu'ils n'aillent au contraire encore plus loin dans la surcharge à l'avenir. Dommage car quand ils se passent de cette construction en crescendo (comme sur Power Out) et osent la simplicité (le très nitséen Haïti), ils sont vraiment attachants (c'est aussi vrai pour l'album de Sufjan Stevens, dont je ne parlerai plus ici).
Jay-Jay Johanson - Rush (Virgin/EMI)
Durant quelques mois de l'année 2002, un nouveau courant musical avait envahi le petit monde de la musique rock. Tout le monde semblait se découvrir fan de Gigolo Records, de Fischerspooner et des synthés vintage. Puis, aussi soudainement qu'elle était née, la mode a passé. On continue pourtant à en percevoir des traces dans la starisation de Stuart Price ou dans les carrières de Goldfrapp et Jay-Jay Johanson. Tous deux s'étaient en effet à l'époque frottés à cette mode électroclash, genre auquel leurs premiers albums de trip-hop-lounge-jazz-pop ne semblaient pourtant guère les prédestiner. Ce choix de prendre le train en marche avait fait de Goldfrapp des stars (Black Cherry fut un immense succès, au moins en Angleterre) tandis que Jay-Jay Johanson y perdait beaucoup de sa crédibilité (dans mon souvenir, Antenna a été très mal reçu en France). Dans ce nouvel album, JJJ présente a posteriori le chaînon manquant entre ses premiers albums et Antenna. Il y marie la voix de crooner nordique qui faisait le prix de ses premiers albums avec une forme d'électro-pop efficace (The Last of The Boys To Know pourrait être une chanson de Kylie Minogue) qui flirte parfois avec le soft-rock FM (Another Night, Another Love évoque Phoenix et Rush le 10cc de I'm Not In Love). En ressort un disque parfaitement maîtrisé, sans réelles fautes de goût, attachant sur le moment même mais que son manque de surprises prive rapidement de mystère.
Wolf Parade - Apologies to the Queen Mary (Sub Pop)
Les similitudes entre Wolf Parade et Arcade Fire sont évidentes. Les deux groupes gravitent dans les mêmes milieux de Montreal, leurs musiques sont assez proches et ils ont tous deux construit leur succès grâce à Internet, quoique à des échelles très différentes. Il m'est donc difficile de ne pas comparer l'un à l'autre. La musique de Wolf Parade est un peu plus brute et se pique moins de sophistication (les cordes et l'accordéon laissent ici la place à quelques touches de synthés Grandaddy-esques). En conséquence, si cet album ne parvient pas forcément à égaler les meilleurs moments de Funeral (il n'y a pas ici de Power Out), il en évite la plupart des travers, ce qui le rend à mon avis plutôt meilleur. En cherchant à argumenter mes impressions, j'ai remarqué que Wolf Parade a enregistré la majorité de son album avec l'aide d'un producteur (Isaac Brock, de Modest Mouse) alors que Arcade Fire, Sufjan Stevens et Antony ne l'ont pas fait. Serait-ce la clé du problème ? Les figures emblématiques de cette nouvelle fague de folk-rock épique (le nom que je leur donne en attendant que la machine médiatique en ponde un meilleur) auraient-elles besoin d'un regard extérieur pour ne pas se laisser entraîner par leurs rêves de grandeur et leurs pulsions symphoniques ? Peut-être. En attendant, une chanson comme Dear Sons And Daughters Of Hungry Ghosts par exemple me semble avoir trouvé un bon équilibre entre ambition et accessibilité, légèreté et sophistication. En fait, le seul véritable problème de cet album est que l'un des deux chanteurs (Dan Boeckner) a exactement la même voix que Kelly Jones, le nain de jardin braillard des Stereophonics, et ça, c'est quand même pas de bol.
samedi, janvier 28
Tant de mots pour ne rien dire
Mon billet de la semaine sur la Blogothèque explique en sept longs paragraphes que je n'ai en fait pas grand-chose à dire. Pour se faire pardonner, il vous propose d'écouter le premier mouvement du Deuxième Concerto Pour Piano de Prokofiev. J'espère que le plaisir d'écouter ce qui est sans doute mon oeuvre pour orchestre préférée vous incitera à l'indulgence pour le manque d'inspiration. C'était le but en tout cas.
Les albums de 2005 (VIII)
Adam Green - Gemstones (Rough Trade)
J'avais quitté le bonhomme en Robin des Bois de la chanson crade avec les Moldy Peaches et ai donc été surpris de le redécouvrir en crooner pop aux paroles rigolotes lors de son set au Pukkelpop il y a quelques mois. A cette occasion, je m'étais promis de partir à la découverte de sa discographie. Si on en croit la presse, Gemstones est sensiblement moins bon que le précédent album, que je n'ai toujours pas écouté, mais, n'en déplaise à certains, il me semble néanmoins loin d'être honteux. Les chansons de l'album sont assez courtes (deux minutes en moyenne) mais accrochent presque toutes l'oreille grâce à un mélange de limpidité mélodique et une voix qui semble être constamment au second degré implicite et faire des clins d'oeil complices à l'auditeur. Une chanson comme Emily par exemple aurait pu être un tube immense dans les années 60 (sous réserve de quelques ajustements dans les paroles). Je vois mal à quelle époque une chanson intitulée Choke on a cock aurait pu ou pourrait encore être un tube mais elle ferait certainement un malheur dans une revue de cabaret alternatif et, clairement, je n'écoute pas assez de chansons de ce genre.
The Kills - No Wow (Domino)
Le début des des années 2000 a vu le grand retour d'une forme de rock crade teinté de blues primitif. A l'époque, tout le monde pensait sincèrement que les Black Keys allaient changer le monde, que les White Stripes seraient toujours crédibles et que les Strokes ne sortiraient jamais de mauvais albums. Quatre-cinq ans plus tard, que reste-t-il de ces beaux espoirs ? Pas grand-chose. De tous les groupes apparus dans cette veine, les Kills étaient mes préférés (sans doute parce que plutôt moins poseurs que la moyenne) et les seuls qui, au début de 2005, ne m'avaient pas encore déçu. C'est à présent chose faite. Certes, on retrouve sur ce deuxième album la même intensité incandescente, obtenue avec les mêmes moyens minimalistes (guitares et boîte à rythmes essentiellement) mais, en pleine entreprise de dégraissage, Hotel et VV semblent avoir oublié de composer des chansons. Afin sans doute d'extraire de leur musique son essence la plus pure, la plupart des morceaux sont réduits à un squelette de quelques phrases martelées sur des riffs sans cesse répétés. Ce schéma simpliste fonctionne parfaitement en live, où un volume sonore apocalyptique et la contemplation de leur interaction fusionnelle sur scène suffisent à retenir l'attention du spectateur. Pour une écoute à domicile en revanche, cela devient plus problématique et les rares fois où j'écoute cet album, je m'ennuie assez vite. A entendre ou à lire ce qu'on en a dit ailleurs, je suis loin d'être le seul. Le groupe survivra-t-il à ce deuxième album en demi-teinte ? Les modes ont changé et ce type de rock crade n'a plus vraiment la cote. Leurs albums risquent donc à mon avis assez vite de prendre la poussière dans les bacs à soldes. Triste fin pour un groupe si bouillonnant de rage.
Lee Ryan - Lee Ryan (Brightside/Sony BMG)
Il existe une type de disques particulièrement difficile à classer en fin d'année. Ce sont ceux qui se révèlent nettement meilleurs qu'on ne le croyait, sans être à proprement parler bons. Typiquement, ce sont des albums que j'écoute par acquit de consience (et un rien de perversité aussi), me demendant s'ils sont réellement aussi mauvais que ne le veut la rumeur ou le bon sens. Quand ils se révèlent meilleurs que leur réputation, un vague sentiment résiduel de culpabilité judéo-chrétienne me pousse alors souvent à en gonfler les mérites pour expier le fait d'avoir un temps accordé foi à des idées préconçues.... Lee Ryan donc. Pour ceux qui ne voient pas, c'est le crieur de Blue, celui qui faisait des ad-lib Mariah-esques à la fin des chansons en se mettant à genoux et en serrant les poings pour bien monter à quel point il ne faisait qu'un avec sa musique. Il est aussi, paraît-il, complètement stupide. J'ai déjà parlé ici de sa grandiose déclaration sur les attentats du 11 septembre 2001. On peut également porter à son crédit cette perle récente. A quelqu'un qui lui demandait s'il était bon pianiste, il aurait en effet répondu : "Je me débrouille, mais bon, je ne suis pas Picasso non plus."...
Si on résume le dossier, nous sommes donc face à l'album solo d'un membre de boyband (rarement une bonne idée), le boyband en question était assez médiocre et, qui plus est, le type est manifestement con comme un balai. En toute logique, l'album ne pouvait être qu'un désastre, ce que le premier single sorti semblait confirmer. Pourtant, à ma grande surprise, il contient quelques beaux moments de soul blanche, un peu frelatée sans doute mais indéniablement efficace (Turn Your Car Around et Parking par exemple). Je battrai donc ma coulpe en l'insérant dans mon classement de fin d'année, quoique je ne lui promets pas une très bonne place. Faudrait voir à pas déconner non plus.
J'avais quitté le bonhomme en Robin des Bois de la chanson crade avec les Moldy Peaches et ai donc été surpris de le redécouvrir en crooner pop aux paroles rigolotes lors de son set au Pukkelpop il y a quelques mois. A cette occasion, je m'étais promis de partir à la découverte de sa discographie. Si on en croit la presse, Gemstones est sensiblement moins bon que le précédent album, que je n'ai toujours pas écouté, mais, n'en déplaise à certains, il me semble néanmoins loin d'être honteux. Les chansons de l'album sont assez courtes (deux minutes en moyenne) mais accrochent presque toutes l'oreille grâce à un mélange de limpidité mélodique et une voix qui semble être constamment au second degré implicite et faire des clins d'oeil complices à l'auditeur. Une chanson comme Emily par exemple aurait pu être un tube immense dans les années 60 (sous réserve de quelques ajustements dans les paroles). Je vois mal à quelle époque une chanson intitulée Choke on a cock aurait pu ou pourrait encore être un tube mais elle ferait certainement un malheur dans une revue de cabaret alternatif et, clairement, je n'écoute pas assez de chansons de ce genre.
The Kills - No Wow (Domino)
Le début des des années 2000 a vu le grand retour d'une forme de rock crade teinté de blues primitif. A l'époque, tout le monde pensait sincèrement que les Black Keys allaient changer le monde, que les White Stripes seraient toujours crédibles et que les Strokes ne sortiraient jamais de mauvais albums. Quatre-cinq ans plus tard, que reste-t-il de ces beaux espoirs ? Pas grand-chose. De tous les groupes apparus dans cette veine, les Kills étaient mes préférés (sans doute parce que plutôt moins poseurs que la moyenne) et les seuls qui, au début de 2005, ne m'avaient pas encore déçu. C'est à présent chose faite. Certes, on retrouve sur ce deuxième album la même intensité incandescente, obtenue avec les mêmes moyens minimalistes (guitares et boîte à rythmes essentiellement) mais, en pleine entreprise de dégraissage, Hotel et VV semblent avoir oublié de composer des chansons. Afin sans doute d'extraire de leur musique son essence la plus pure, la plupart des morceaux sont réduits à un squelette de quelques phrases martelées sur des riffs sans cesse répétés. Ce schéma simpliste fonctionne parfaitement en live, où un volume sonore apocalyptique et la contemplation de leur interaction fusionnelle sur scène suffisent à retenir l'attention du spectateur. Pour une écoute à domicile en revanche, cela devient plus problématique et les rares fois où j'écoute cet album, je m'ennuie assez vite. A entendre ou à lire ce qu'on en a dit ailleurs, je suis loin d'être le seul. Le groupe survivra-t-il à ce deuxième album en demi-teinte ? Les modes ont changé et ce type de rock crade n'a plus vraiment la cote. Leurs albums risquent donc à mon avis assez vite de prendre la poussière dans les bacs à soldes. Triste fin pour un groupe si bouillonnant de rage.
Lee Ryan - Lee Ryan (Brightside/Sony BMG)
Il existe une type de disques particulièrement difficile à classer en fin d'année. Ce sont ceux qui se révèlent nettement meilleurs qu'on ne le croyait, sans être à proprement parler bons. Typiquement, ce sont des albums que j'écoute par acquit de consience (et un rien de perversité aussi), me demendant s'ils sont réellement aussi mauvais que ne le veut la rumeur ou le bon sens. Quand ils se révèlent meilleurs que leur réputation, un vague sentiment résiduel de culpabilité judéo-chrétienne me pousse alors souvent à en gonfler les mérites pour expier le fait d'avoir un temps accordé foi à des idées préconçues.... Lee Ryan donc. Pour ceux qui ne voient pas, c'est le crieur de Blue, celui qui faisait des ad-lib Mariah-esques à la fin des chansons en se mettant à genoux et en serrant les poings pour bien monter à quel point il ne faisait qu'un avec sa musique. Il est aussi, paraît-il, complètement stupide. J'ai déjà parlé ici de sa grandiose déclaration sur les attentats du 11 septembre 2001. On peut également porter à son crédit cette perle récente. A quelqu'un qui lui demandait s'il était bon pianiste, il aurait en effet répondu : "Je me débrouille, mais bon, je ne suis pas Picasso non plus."...
Si on résume le dossier, nous sommes donc face à l'album solo d'un membre de boyband (rarement une bonne idée), le boyband en question était assez médiocre et, qui plus est, le type est manifestement con comme un balai. En toute logique, l'album ne pouvait être qu'un désastre, ce que le premier single sorti semblait confirmer. Pourtant, à ma grande surprise, il contient quelques beaux moments de soul blanche, un peu frelatée sans doute mais indéniablement efficace (Turn Your Car Around et Parking par exemple). Je battrai donc ma coulpe en l'insérant dans mon classement de fin d'année, quoique je ne lui promets pas une très bonne place. Faudrait voir à pas déconner non plus.
vendredi, janvier 27
Les albums de 2005 (VII)
Super Furry Animals - Love Kraft (Rough Trade)
Comme le suggèrent ses premières secondes, cet album est une oeuvre qu'on ne peut pas réellement appréhender de l'extérieur, par une contemplation abstraite et détachée. Il faut au contraire y plonger comme dans une rivière et se laisser porter par les courants instables et les tourbillons psychédéliques générés par la succession de ces 12 morceaux démesurés. Bien que j'aie déjà écouté cet album un certain nombre de fois, je n'en ai encore aucune vision d'ensemble et continue à être désarçonné par chaque changement d'atmosphère et par son inventivité sonore permanente (l'intro de Lazer Beam par exemple est hallucinante). Lors des quelques passages plus conventionnels, l'auditeur-mauvais coucheur retombe sur ses pattes, trouve des points de comparaison pertinents et s'autorise à formuler des pensées blasées du genre "Finalement, ce n'est pas si bien que ça.". Ces instants de flottement correspondent en général à la seconde moitié des morceaux les plus typiquement pop-rock. Ohio Heat, par exemple, souffre d'être le seul morceau de l'album qui puisse être confondu avec une face B de Girls in Hawaii. Heureusement, ces baisses de régime ne durent jamais très longtemps et le disque repart très vite dans sa folle sarabande. Je prends les paris que c'est un disque qui me surprendra encore à la centième écoute (en espérant que j'arrive jusque là).
Björk - The Music from Matthew Barney's Drawing Restraint 9 (Wellhart/One Little Indian)
Je ne connais absolument pas Matthew Barney (Monsieur Gudmundsdottir à la ville) et n'ai donc qu'une assez vague idée de ce à quoi peut ressembler l'oeuvre dont Björk nous livre ici la bande originale. Cela n'a pourtant qu'une importance très relative. Polydor ayant décidé de présenter ce disque comme étant le nouvel album de Björk, il est logique qu'on le considère comme tel, indépendamment de son support visuel (de toutes façons difficilement visible par le grand public, surtout avec ce site). Pour bon nombre de ceux qui ont acheté l'album en confiance après en avoir vu des pleines piles dans les supermarchés culturels, la déception a dû être rude. Björk n'y chante en effet que sur deux-trois titres. Du coup, bien qu'elle ait écrit l'essentiel du disque, on a parfois un peu de mal à y déceler sa patte. Ainsi, les deux pièces pour ensemble de cuivres (Hunter Vessel et Vessel Shimenawa) seraient sans doute plus à leur place dans un festival de musique contemporaine que sur l'album d'une chanteuse pop. De même, il est permis de s'ennuyer poliment durant les dix minutes de Holographic entrypoint, une pièce pour voix et percussion dans la plus pure tradition japonaise No. On peut certes admirer le fait que Björk rende ainsi accessible au plus grand nombre des genres a priori aussi peu "grand-public" que le chant de gorge inuit ou la musique contemporaine mais il est aussi permis de penser que le format de la chanson reste de loin celui qui lui convient le mieux, comme en témoignent Gratitude, sublime morceau d'ouverture chanté par Will Oldham ou bien Storm, composé en tandem avec Leila. Le reste de l'album me semble à vrai dire assez anecdotique.
t.A.T.u - Dangerous and moving (Interscope/Universal)
t.A.T.u avait a priori tout du groupe-météore, de ceux qui décrochent la timbale dans le monde entier avec leur premier album avant de retourner aussitôt dans l'obscurité : une provenance inhabituelle (dont l'exotisme s'estompe très vite), un gimmick publicitaire efficace mais depuis longtemps éventé (le sont-elles ? le font-elles ?). t.A.T.u semblait d'autant plus promis à l'oubli que, passé les deux singles, le premier album du groupe était assez médiocre. Je n'aurais donc pas misé un kopeck sur la capacité des deux Russes à rééditer en 2005 leur succès de 2002. Un peu déconnecté des charts depuis quelques mois, je ne sais pas quel fut l'ampleur de son succès commercial mais, sur un plan strictement musical, ce deuxième album est une belle réussite. J'ai déjà parlé ici du premier single, All About Us et de son intro fracassante mais l'album recèle quelques autres chansons qui sont presque aussi bonnes (Cosmos, Loves Me Not et surtout Perfect Enemy). Plus étonnant encore est le fait que les moins bonnes chansons restent toujours estimables. Même les ballades tiennent à peu près la route (Gomenasai). Un bon disque de pop lyrique et épique donc, comme on n'en a guère vu depuis quinze ans. Il est d'ailleurs amusant de constater que la seule chanson de l'album produite par Trevor Horn est celle qui s'inspire le moins du son 80s auquel on l'associe généralement (Frankie Goes To Hollywood, Propaganda, Art of Noise, ce genre de choses). Je ne serais pas autrement surpris de les voir rempiler pour un troisième album, ce qui me semblait inimaginable il y a un ou deux ans.
Comme le suggèrent ses premières secondes, cet album est une oeuvre qu'on ne peut pas réellement appréhender de l'extérieur, par une contemplation abstraite et détachée. Il faut au contraire y plonger comme dans une rivière et se laisser porter par les courants instables et les tourbillons psychédéliques générés par la succession de ces 12 morceaux démesurés. Bien que j'aie déjà écouté cet album un certain nombre de fois, je n'en ai encore aucune vision d'ensemble et continue à être désarçonné par chaque changement d'atmosphère et par son inventivité sonore permanente (l'intro de Lazer Beam par exemple est hallucinante). Lors des quelques passages plus conventionnels, l'auditeur-mauvais coucheur retombe sur ses pattes, trouve des points de comparaison pertinents et s'autorise à formuler des pensées blasées du genre "Finalement, ce n'est pas si bien que ça.". Ces instants de flottement correspondent en général à la seconde moitié des morceaux les plus typiquement pop-rock. Ohio Heat, par exemple, souffre d'être le seul morceau de l'album qui puisse être confondu avec une face B de Girls in Hawaii. Heureusement, ces baisses de régime ne durent jamais très longtemps et le disque repart très vite dans sa folle sarabande. Je prends les paris que c'est un disque qui me surprendra encore à la centième écoute (en espérant que j'arrive jusque là).
Björk - The Music from Matthew Barney's Drawing Restraint 9 (Wellhart/One Little Indian)
Je ne connais absolument pas Matthew Barney (Monsieur Gudmundsdottir à la ville) et n'ai donc qu'une assez vague idée de ce à quoi peut ressembler l'oeuvre dont Björk nous livre ici la bande originale. Cela n'a pourtant qu'une importance très relative. Polydor ayant décidé de présenter ce disque comme étant le nouvel album de Björk, il est logique qu'on le considère comme tel, indépendamment de son support visuel (de toutes façons difficilement visible par le grand public, surtout avec ce site). Pour bon nombre de ceux qui ont acheté l'album en confiance après en avoir vu des pleines piles dans les supermarchés culturels, la déception a dû être rude. Björk n'y chante en effet que sur deux-trois titres. Du coup, bien qu'elle ait écrit l'essentiel du disque, on a parfois un peu de mal à y déceler sa patte. Ainsi, les deux pièces pour ensemble de cuivres (Hunter Vessel et Vessel Shimenawa) seraient sans doute plus à leur place dans un festival de musique contemporaine que sur l'album d'une chanteuse pop. De même, il est permis de s'ennuyer poliment durant les dix minutes de Holographic entrypoint, une pièce pour voix et percussion dans la plus pure tradition japonaise No. On peut certes admirer le fait que Björk rende ainsi accessible au plus grand nombre des genres a priori aussi peu "grand-public" que le chant de gorge inuit ou la musique contemporaine mais il est aussi permis de penser que le format de la chanson reste de loin celui qui lui convient le mieux, comme en témoignent Gratitude, sublime morceau d'ouverture chanté par Will Oldham ou bien Storm, composé en tandem avec Leila. Le reste de l'album me semble à vrai dire assez anecdotique.
t.A.T.u - Dangerous and moving (Interscope/Universal)
t.A.T.u avait a priori tout du groupe-météore, de ceux qui décrochent la timbale dans le monde entier avec leur premier album avant de retourner aussitôt dans l'obscurité : une provenance inhabituelle (dont l'exotisme s'estompe très vite), un gimmick publicitaire efficace mais depuis longtemps éventé (le sont-elles ? le font-elles ?). t.A.T.u semblait d'autant plus promis à l'oubli que, passé les deux singles, le premier album du groupe était assez médiocre. Je n'aurais donc pas misé un kopeck sur la capacité des deux Russes à rééditer en 2005 leur succès de 2002. Un peu déconnecté des charts depuis quelques mois, je ne sais pas quel fut l'ampleur de son succès commercial mais, sur un plan strictement musical, ce deuxième album est une belle réussite. J'ai déjà parlé ici du premier single, All About Us et de son intro fracassante mais l'album recèle quelques autres chansons qui sont presque aussi bonnes (Cosmos, Loves Me Not et surtout Perfect Enemy). Plus étonnant encore est le fait que les moins bonnes chansons restent toujours estimables. Même les ballades tiennent à peu près la route (Gomenasai). Un bon disque de pop lyrique et épique donc, comme on n'en a guère vu depuis quinze ans. Il est d'ailleurs amusant de constater que la seule chanson de l'album produite par Trevor Horn est celle qui s'inspire le moins du son 80s auquel on l'associe généralement (Frankie Goes To Hollywood, Propaganda, Art of Noise, ce genre de choses). Je ne serais pas autrement surpris de les voir rempiler pour un troisième album, ce qui me semblait inimaginable il y a un ou deux ans.
Lien du jour
Les Pet Shop Boys ont remixé Sorry de Madonna et vous pouvez trouver le résultat ici. On sent que les PSB ont eu quelques scrupules à trop modifier la trame de la chanson et du coup, on reste très proche de la version de l'album. Un coup pour rien donc.
mercredi, janvier 25
Les albums de 2005 (VI)
Tennant/Lowe - Battleship Potemkin (EMI Classics/Parlophone)
J'ai déjà parlé ici de la projection du Cuirassé Potemkine à laquelle j'avais assisté l'année dernière sur Trafalgar Square. Je m'étais notamment demandé si la bande musicale écrite à cette occasion présenterait encore un quelconque intérêt sans les images. Après avoir écouté les 69 minutes de ce disque, je crois pouvoir dire que oui. Le mariage de l'électronique des Pet Shop Boys et des orchestrations de Torsten Rasch semble plus harmonieux ici que dans les versions jouées en accompagnement du film, où le son des cordes du Dresdner Sinfoniker avait souvent un peu de mal à percer le mur des nappes et des rythmiques synthétiques. De même, le caractère légèrement hors-sujet des passages chantés par Neil Tennant choque moins sans le contrepoint des images. En fait, le principal reproche que l'on pourrait formuler à l'égard du projet est un certain passéisme, une absence de prise de risques. Malgré quelques accès dissonants à la Bernard Hermann dans Drama in the Harbour (le meilleur passage du disque), la partition de l'orchestre est assez passe-partout et la plupart des parties électroniques sont fermement ancrées dans les années 80 (Jean-Michel Jarre), voire 70 (Tangerine Dream). On pourrait aussi sans doute reprocher à la musique de s'assoupir un peu trop longtemps sur certains thèmes (comme dans To the Shore par exemple) mais ce défaut est sans doute inhérent aux bandes sonores continues, bien forcées de suivre le rythme de l'action à l'écran, aussi lent soit-il. Dans l'ensemble pourtant, le projet tient la route et me semble même avoir une certaine allure, même si je me rends bien compte que je ne suis pas d'une objectivité à toute épreuve pour parler de ce que produit le groupe. PS : Dommage néanmoins que les différentes coupures effectuées pour cet enregistrement audio ne permettent pas de suivre le film en parallèle.
...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - Worlds Apart (Interscope/Universal)
A l'époque de sa sortie, je n'avais su que faire de cet album qui partait dans tous les sens. Presque un an plus tard, je dois bien reconnaître que la musique de Trail of Dead est un des rares exemples de rock qui, derrière un très convaincant mur de guitares et de batteries (l'intro est un modèle du genre), parvienne à conserver un réel sens mélodique sans jamais sonner comme de la musique pop. Si on le compare aux albums précédents, Worlds Apart se distingue principalement par un élargissement de la palette sonore (piano, violon, etc...), qui trouve son expression la plus radicale dans cette improbable parenthèse instrumentale jouée au violon par Hilary Hahn (To Russia My Homeland) (voir "... appears courtesy of Deutsche Grammophon." dans le livret d'un album de rock qui tache plait d'ailleurs beacoup au snob qui sommeille en moi). Pourtant, cette volonté de se frotter à des formes plus "classiques" ainsi que l'imagerie de l'album laissent souvent craindre que le groupe ne se laisse emporter par son ambition et ne sombre dans une sorte de prog-rock 70s. On en est d'ailleurs dangereusement proche dans le dernier tiers de l'album (All White), avant que deux 'bonus tracks' grandioses ne fassent repencher la balance du côté de l'enthousiasme.
The Subways - Young for Eternity (Infectious Records)
"Ils sont jeunes, ils s'aiment, ils font du rock'n'roll et le monde est à eux". Tel aurait dû être le résumé de l'année 2005 pour les Subways, découverts par Michael Eavis lors d'un concours ouvert aux jeunes groupes et organisé en prélude au festival de Glastonbury (en 2003 ou 2004). Après avoir profité de cette rampe de lancement idéale, le groupe avait suivi le parcours habituel de la parfaite petite sensation indé anglaise : concerts dans les festivals d'été (dont le Pukkelpop), interviews-vérité rigolote dans le NME et premier album directement distribué par une major. Tout semblait se dérouler au mieux pour le groupe et certains lui avaient prédit un destin grandiose à la Franz Ferdinand. Pourtant, le groupe semble depuis coincé dans le ventre mou de la deuxième division du genre, aux côtés de British Sea Power ou de de Nine Black Alps par exemple (qui ne sont d'ailleurs pas forcément des mauvais groupes). Pour expliquer ce semi-échec, il ne faut sans doute pas aller chercher plus loin que ce décevant premier album. Certes, on y trouve un des singles les plus accrocheurs de l'année, Rock'n'Roll queen (j'adore la manière dont le chanteur couine son "Queen") ou encore With You mais, malheureusement, une bonne moitié de l'album ne parvient pas à décider si elle veut ressembler à Blur ou aux White Stripes et, du coup, ne ressemble pas à grand-chose. Leur tentative de pop californienne ensoleillée sur No Goodbyes est intéressante mais les deux chansons calmes (dont Lines of Light) sont totalement insipides, ce qui fait que, dans l'ensemble, l'album manque en grande partie sa cible. Je prendrais volontiers le pari que les Subways ne rencontreront jamais le grand public et resteront toujours partiellement underground (ah ah ah). De plus, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi ce premier album de 36 minutes ne contient pas 1am, qui est une des chansons qui les ont fait connaître. Ca frustre mon côté collectionneur.
J'ai déjà parlé ici de la projection du Cuirassé Potemkine à laquelle j'avais assisté l'année dernière sur Trafalgar Square. Je m'étais notamment demandé si la bande musicale écrite à cette occasion présenterait encore un quelconque intérêt sans les images. Après avoir écouté les 69 minutes de ce disque, je crois pouvoir dire que oui. Le mariage de l'électronique des Pet Shop Boys et des orchestrations de Torsten Rasch semble plus harmonieux ici que dans les versions jouées en accompagnement du film, où le son des cordes du Dresdner Sinfoniker avait souvent un peu de mal à percer le mur des nappes et des rythmiques synthétiques. De même, le caractère légèrement hors-sujet des passages chantés par Neil Tennant choque moins sans le contrepoint des images. En fait, le principal reproche que l'on pourrait formuler à l'égard du projet est un certain passéisme, une absence de prise de risques. Malgré quelques accès dissonants à la Bernard Hermann dans Drama in the Harbour (le meilleur passage du disque), la partition de l'orchestre est assez passe-partout et la plupart des parties électroniques sont fermement ancrées dans les années 80 (Jean-Michel Jarre), voire 70 (Tangerine Dream). On pourrait aussi sans doute reprocher à la musique de s'assoupir un peu trop longtemps sur certains thèmes (comme dans To the Shore par exemple) mais ce défaut est sans doute inhérent aux bandes sonores continues, bien forcées de suivre le rythme de l'action à l'écran, aussi lent soit-il. Dans l'ensemble pourtant, le projet tient la route et me semble même avoir une certaine allure, même si je me rends bien compte que je ne suis pas d'une objectivité à toute épreuve pour parler de ce que produit le groupe. PS : Dommage néanmoins que les différentes coupures effectuées pour cet enregistrement audio ne permettent pas de suivre le film en parallèle.
...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - Worlds Apart (Interscope/Universal)
A l'époque de sa sortie, je n'avais su que faire de cet album qui partait dans tous les sens. Presque un an plus tard, je dois bien reconnaître que la musique de Trail of Dead est un des rares exemples de rock qui, derrière un très convaincant mur de guitares et de batteries (l'intro est un modèle du genre), parvienne à conserver un réel sens mélodique sans jamais sonner comme de la musique pop. Si on le compare aux albums précédents, Worlds Apart se distingue principalement par un élargissement de la palette sonore (piano, violon, etc...), qui trouve son expression la plus radicale dans cette improbable parenthèse instrumentale jouée au violon par Hilary Hahn (To Russia My Homeland) (voir "... appears courtesy of Deutsche Grammophon." dans le livret d'un album de rock qui tache plait d'ailleurs beacoup au snob qui sommeille en moi). Pourtant, cette volonté de se frotter à des formes plus "classiques" ainsi que l'imagerie de l'album laissent souvent craindre que le groupe ne se laisse emporter par son ambition et ne sombre dans une sorte de prog-rock 70s. On en est d'ailleurs dangereusement proche dans le dernier tiers de l'album (All White), avant que deux 'bonus tracks' grandioses ne fassent repencher la balance du côté de l'enthousiasme.
The Subways - Young for Eternity (Infectious Records)
"Ils sont jeunes, ils s'aiment, ils font du rock'n'roll et le monde est à eux". Tel aurait dû être le résumé de l'année 2005 pour les Subways, découverts par Michael Eavis lors d'un concours ouvert aux jeunes groupes et organisé en prélude au festival de Glastonbury (en 2003 ou 2004). Après avoir profité de cette rampe de lancement idéale, le groupe avait suivi le parcours habituel de la parfaite petite sensation indé anglaise : concerts dans les festivals d'été (dont le Pukkelpop), interviews-vérité rigolote dans le NME et premier album directement distribué par une major. Tout semblait se dérouler au mieux pour le groupe et certains lui avaient prédit un destin grandiose à la Franz Ferdinand. Pourtant, le groupe semble depuis coincé dans le ventre mou de la deuxième division du genre, aux côtés de British Sea Power ou de de Nine Black Alps par exemple (qui ne sont d'ailleurs pas forcément des mauvais groupes). Pour expliquer ce semi-échec, il ne faut sans doute pas aller chercher plus loin que ce décevant premier album. Certes, on y trouve un des singles les plus accrocheurs de l'année, Rock'n'Roll queen (j'adore la manière dont le chanteur couine son "Queen") ou encore With You mais, malheureusement, une bonne moitié de l'album ne parvient pas à décider si elle veut ressembler à Blur ou aux White Stripes et, du coup, ne ressemble pas à grand-chose. Leur tentative de pop californienne ensoleillée sur No Goodbyes est intéressante mais les deux chansons calmes (dont Lines of Light) sont totalement insipides, ce qui fait que, dans l'ensemble, l'album manque en grande partie sa cible. Je prendrais volontiers le pari que les Subways ne rencontreront jamais le grand public et resteront toujours partiellement underground (ah ah ah). De plus, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi ce premier album de 36 minutes ne contient pas 1am, qui est une des chansons qui les ont fait connaître. Ca frustre mon côté collectionneur.
mardi, janvier 24
Quelques liens
- Interprétations diverses se lance dans un exercice périlleux : résumer la nouvelle vague indie-rock nord-américaine en un seul article ou comment classer dans un seul genre tout ce pour quoi les blogs musicaux du monde s'enflamment depuis un ou deux ans. C'est intéressant et présente pour moi un énorme avantage. Ainsi entassés dans une petite niche, tous ces groupes à mon avis complètement surestimés ont l'air bien moins impressionnants. Je n'ai donc plus l'impression de ne rien aimer de ce qui fait frémir les foules, juste d'être imperméable à un seul genre (quoique je vais dire du bien de Wolf Parade dans les prochains jours).
- La reprise de chansons rock par des quatuors à cordes est devenu un des clichés de l'audioblog. Cette fois-ci, c'est au tour de Muse.
- La reprise de chansons rock par des quatuors à cordes est devenu un des clichés de l'audioblog. Cette fois-ci, c'est au tour de Muse.
Les albums de 2005 (V)
Hard-Fi - Stars of CCTV (Necessary Records/Warner)
Les banlieusards de Hard-Fi ont tout pour plaire : immédiateté pop (Hard To Beat, Living for the Weekend), un charisme de petites frappes qui en veulent et des textes qui font le point sur ce que c'est d'être un jeune prolo anglais dans l'Angleterre de Blair. L'exemple-type du groupe que les 14-18 en guerre contre la société vénérent comme une part d'eux-mêmes et que les blogueurs plus âgés admirent au point d'écrire des expressions aussi grotesques que "vénèrent comme une part d'eux-mêmes". Ce caractère de porte-parole générationnel fait que Richard Archer est souvent rapproché de Mike Skinner de The Streets, malgré les évidentes différences de style. C'est en tout cas clairement pour moi le meilleur album indie-pop anglais de l'année. Je n'en dirai pas plus ici car j'ai déjà longuement parlé de l'album par ailleurs. J'ajouterai juste que, dorénavant, à chaque fois que l'on tentera de me convaincre que le NME n'est que la voix du département marketing de AOL-TimeWarner, je pourrai répondre que Hard-Fi, bien que remplissant tous les critères démographiques et stylistiques du groupe encensé par le NME, n'a même jamais été mis en converture. Cela pourrait ne pas durer cela dit vu que, six mois après sa sortie, l'album vient d'arriver en tête du classement des meilleures ventes d'albums en Grande-Bretagne.
McFly - Wonderland (Island/Universal)
Je confirme ici le coupable penchant que j'avais déjà manifesté envers le premier album du groupe. Dans un paysage pop britannique ravagé, comme partout ailleurs, par la télé-réalité et la soif de crédibilité qui l'accompagne, McFly et les Sugababes sont en effet les seules raisons de garder espoir dans le potentiel commercial de la pop pure, celle qui ne se prend pas la tête, assume son propos et ne réclame pas à cor et à cri qu'on lui reconnaisse de la profondeur ou du "talent" (le seul mot, avec mutisme peut-être, à n'être jamais prononcé que par ceux qui en sont dépourvus). A vue de nez, McFly me semble être le dernier groupe britannique du genre à avoir réussi à tirer son épingle du jeu. En attendant l'arrivée d'hypothétiques repreneurs de flambeau, il doit donc être chéri précieusement et il n'est d'ailleurs pour cela pas besoin de convoquer de trop grosses doses de mauvaise foi. En effet, si on met de côté deux chansons plus faibles, ce second album est, dans son genre, plutôt réussi et mélange chansons pop-rock limpides d'inspiration 60s dans la lignée du premier album (I'll be OK), tentatives emo-FM (si, si, c'est possible), du bon gros boogie-pop qui tache (I Wanna Hold You et son, gasp!, solo de guitare) et une improbable mini-symphonie orchestrale qui parvient in extremis à ne pas être totalement ridicule (She Falls Asleep). Cela dit, je n'espère convaincre personne et continuerai donc discrètement à écouter Too Close For Comfort, en arborant le sourire en coin qui accompagne souvent les plaisirs dont on se refuse à avoir honte.
Smog - A River Ain't Too Much To Love (Domino)
Ca fait une poignée d'albums que plus rien ne change vraiment dans le petit monde de Smog. Ce nouveau disque n'apporte donc rien de fondamentalement neuf mais il permet (ce n'est pas rien) à dix nouvelles chansons (plus ou moins) minimalistes, dont certaines sont très belles (The Well ou Rock Bottom Riser par exemple), de s'ajouter à un répertoire déjà très riche en chansons (plus ou moins) minimalistes. La belle voix de basse de Bill Callahan y déroule ses textes sur quelques notes de guitare ou de piano, dont les rythmiques simplistes et anguleuses se répètent jusqu'à produire un effet vaguement hypnotique qui éloigne la musique de Smog du folk ou de la country, genres auxquels on pourrait a priori l' associer (drone-folk ?). A tout prendre, on est ici plus proche de Tarwater (elecountrica ?), par exemple, que de Nick Drake ou Johnny Cash. De plus, pour ce que je peux en comprendre, les textes s'intéressent à l'enfance et à la campagne (ou, mieux encore, à l'enfance à la campagne), ce qui pour un citadin endurci comme moi représente le comble de l'exotisme.
Les banlieusards de Hard-Fi ont tout pour plaire : immédiateté pop (Hard To Beat, Living for the Weekend), un charisme de petites frappes qui en veulent et des textes qui font le point sur ce que c'est d'être un jeune prolo anglais dans l'Angleterre de Blair. L'exemple-type du groupe que les 14-18 en guerre contre la société vénérent comme une part d'eux-mêmes et que les blogueurs plus âgés admirent au point d'écrire des expressions aussi grotesques que "vénèrent comme une part d'eux-mêmes". Ce caractère de porte-parole générationnel fait que Richard Archer est souvent rapproché de Mike Skinner de The Streets, malgré les évidentes différences de style. C'est en tout cas clairement pour moi le meilleur album indie-pop anglais de l'année. Je n'en dirai pas plus ici car j'ai déjà longuement parlé de l'album par ailleurs. J'ajouterai juste que, dorénavant, à chaque fois que l'on tentera de me convaincre que le NME n'est que la voix du département marketing de AOL-TimeWarner, je pourrai répondre que Hard-Fi, bien que remplissant tous les critères démographiques et stylistiques du groupe encensé par le NME, n'a même jamais été mis en converture. Cela pourrait ne pas durer cela dit vu que, six mois après sa sortie, l'album vient d'arriver en tête du classement des meilleures ventes d'albums en Grande-Bretagne.
McFly - Wonderland (Island/Universal)
Je confirme ici le coupable penchant que j'avais déjà manifesté envers le premier album du groupe. Dans un paysage pop britannique ravagé, comme partout ailleurs, par la télé-réalité et la soif de crédibilité qui l'accompagne, McFly et les Sugababes sont en effet les seules raisons de garder espoir dans le potentiel commercial de la pop pure, celle qui ne se prend pas la tête, assume son propos et ne réclame pas à cor et à cri qu'on lui reconnaisse de la profondeur ou du "talent" (le seul mot, avec mutisme peut-être, à n'être jamais prononcé que par ceux qui en sont dépourvus). A vue de nez, McFly me semble être le dernier groupe britannique du genre à avoir réussi à tirer son épingle du jeu. En attendant l'arrivée d'hypothétiques repreneurs de flambeau, il doit donc être chéri précieusement et il n'est d'ailleurs pour cela pas besoin de convoquer de trop grosses doses de mauvaise foi. En effet, si on met de côté deux chansons plus faibles, ce second album est, dans son genre, plutôt réussi et mélange chansons pop-rock limpides d'inspiration 60s dans la lignée du premier album (I'll be OK), tentatives emo-FM (si, si, c'est possible), du bon gros boogie-pop qui tache (I Wanna Hold You et son, gasp!, solo de guitare) et une improbable mini-symphonie orchestrale qui parvient in extremis à ne pas être totalement ridicule (She Falls Asleep). Cela dit, je n'espère convaincre personne et continuerai donc discrètement à écouter Too Close For Comfort, en arborant le sourire en coin qui accompagne souvent les plaisirs dont on se refuse à avoir honte.
Smog - A River Ain't Too Much To Love (Domino)
Ca fait une poignée d'albums que plus rien ne change vraiment dans le petit monde de Smog. Ce nouveau disque n'apporte donc rien de fondamentalement neuf mais il permet (ce n'est pas rien) à dix nouvelles chansons (plus ou moins) minimalistes, dont certaines sont très belles (The Well ou Rock Bottom Riser par exemple), de s'ajouter à un répertoire déjà très riche en chansons (plus ou moins) minimalistes. La belle voix de basse de Bill Callahan y déroule ses textes sur quelques notes de guitare ou de piano, dont les rythmiques simplistes et anguleuses se répètent jusqu'à produire un effet vaguement hypnotique qui éloigne la musique de Smog du folk ou de la country, genres auxquels on pourrait a priori l' associer (drone-folk ?). A tout prendre, on est ici plus proche de Tarwater (elecountrica ?), par exemple, que de Nick Drake ou Johnny Cash. De plus, pour ce que je peux en comprendre, les textes s'intéressent à l'enfance et à la campagne (ou, mieux encore, à l'enfance à la campagne), ce qui pour un citadin endurci comme moi représente le comble de l'exotisme.
Yeah...
Bon, c'est encore loin d'être le paradis informatique. Mon ordi refuse notamment de lire les vidéos (et c'est bien dommage) mais je peux à nouveau faire fonctionner le bloc-notes et le navigateur donc je vais au moins pouvoir reprendre le rythme des billets "Les albums de 2005".
Par ailleurs, je vous conseille d'aller faire un tour sur le tout nouveau tout beau site de Popjustice. Vidéos, mp3, infos en continu, podcast... Que du bonheur, comme on dit.
Par ailleurs, je vous conseille d'aller faire un tour sur le tout nouveau tout beau site de Popjustice. Vidéos, mp3, infos en continu, podcast... Que du bonheur, comme on dit.
vendredi, janvier 20
Suspension des programmes.
Pour des raisons de type informatique indépendantes de ma volonté, pas de billets dans les prochains jours. J'espère revenir très vite.
mercredi, janvier 18
Les albums de 2005 (IV)
Low - The Great Destroyer (Rough Trade)
En plus de dix ans, la musique de Low a beaucoup évolué. Sur I Could Live In Hope, on découvrait un groupe neurasthénique enchaînant les complaintes minimalistes au ralenti. Au fur et à mesure des albums, le son de Low s'était progressivement amplifié jusqu'à devenir presque "noisy" par moments. L'usage des guitares saturées, notamment, s'était généralisé. Ils avaient pourtant jusqu'à présent toujours conservé l'habitude des tempos lents. Ce n'est plus le cas sur ce nouvel album, où certains titres frôlent les 120 pulsations par minutes. Heureusement, dans l'ensemble, la qualité des chansons ne souffrent pas trop de ce qui est, à leur échelle, un véritable accès de frénésie. Pourtant, certains fans de la première heure ont très vite crié à la trahison, prétendant que le groupe avait vendu son âme en cherchant le "tube" à tout prix. Cette critique trouve d'ailleurs un début de justification avec le single California et Step, deux tentatives de "power-pop" assez peu inspirées. Heureusement, ces coups dans l'eau ne représentent qu'une petite partie de l'album où, par ailleurs, les moments de grâce abondent. Monkey par exemple est la preuve indéniable que le génie de Low peut très bien s'accommoder de tempos plus rapides (le refrain est redoutable). Quelques chansons hiératiques très réussies rappellent par ailleurs le Low des débuts, comme par exemple Death Of A Salesman ou Pissing (et son intro empruntée au Avalyn de Slowdive). A chaque fois qu'un nouvel album de Low sort, il me semble meilleur que le précédent. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et j'espère qu'il en sera de même pour le suivant puisque, après une année 2005 placée sous le signe de la dépression et de la pause-carrière, il semblerait qu'Alan et Mimi aient retrouvé l'envie d'enregistrer un nouveau disque.
Doves - Some Cities (Heavenly)
Pauvres Doves. Pas assez pop pour être Coldplay, pas assez bons musiciens pour être Elbow, pas assez arty pour être Bloc Party, pas assez tubesques pour être Franz Ferdinand et pas assez sexys pour être The Libertines, ils en sont réduits à sortir tous les deux-trois ans un album dont tout le monde se dit : "Mouais, c'est pas mal." mais que personne ne ressort jamais des étagères. Il faut dire qu'ils ne se facilitent pas la tâche en sortant des albums très homogènes et en abusant de certaines ficelles de composition et de production. Ainsi, leur manie de mettre en avant les coups de boutoir de la batterie (sur One of these days par exemple) devient rapidement insupportable lorsque l'album passe en fond sonore (ce qui, soyons honnêtes, est le lot de la plupart des albums que l'on écoute au cours d'une journée). Il n'y a guère que le single Black and White Town et The Storm (avec son classieux tapis de cordes) qui parviennent à émerger et à retenir mon attention, mais c'est vraiment trop peu.
A-Ha - Analogue (Universal)
J'ai toujours beaucoup aimé A-Ha. D'abord parce que leurs deux premiers albums sont des modèles de pop lyrique dont je doute de me lasser un jour. Ensuite parce que Morten Harket possède à mon avis une des plus belles voix pop de ces 20 dernières années, aussi à l'aise dans le registre grave que dans l'aigu, où elle conserve une étonnante richesse de timbre. Pendant quinze ans, mon coeur de fan de la première heure m'a ainsi fait considérer chaque nouvel album du groupe avec indulgence. Je n'avais qu'à passer outre la qualité très variable des morceaux pour me laisser porter par le chant. Si je suis peu enclin à convoquer la même indulgence pour ce nouvel album, c'est sans doute, quitte à paraître monomaniaque, parce que la voix y présente quelques signes de fatigue, notamment dans les aigus, comme si Morten Harket se forçait à chanter dans un registre qui n'est plus tout à fait le sien pour ne pas décevoir son public. En conséquence, le niveau moyen des chansons a beau être sensiblement égal à ce qu'il était sur les albums précédents, je m'ennuye poliment (surtout durant la seconde moitié). Deux chansons réussies (Cosy Prisons et Birthright ici) et quatre autres potables ne suffisent pas tout à fait pour faire un album qui tienne debout tout seul, c'est-à-dire sans que quelque facteur extérieur vienne influencer le jugement (la nostalgie, le plaisir de retrouver une voix, etc.). Cela dit, je serais curieux de savoir ce que je penserai de cet album dans six mois parce que la sévérité de mon jugement tend à diminuer après chaque écoute (je vous laisse imaginer ce que j'ai pu en penser quand je l'ai écouté pour la première fois). Pour les fans de Britney Spears ou Kelly Clarkson, je signale que Max "Since You've been gone, Baby One More Time" Martin est venu donner un coup de mains aux trois membres du groupe pour composer la chanson-titre. Ca s'entend particulièrement dans l'introduction.
En plus de dix ans, la musique de Low a beaucoup évolué. Sur I Could Live In Hope, on découvrait un groupe neurasthénique enchaînant les complaintes minimalistes au ralenti. Au fur et à mesure des albums, le son de Low s'était progressivement amplifié jusqu'à devenir presque "noisy" par moments. L'usage des guitares saturées, notamment, s'était généralisé. Ils avaient pourtant jusqu'à présent toujours conservé l'habitude des tempos lents. Ce n'est plus le cas sur ce nouvel album, où certains titres frôlent les 120 pulsations par minutes. Heureusement, dans l'ensemble, la qualité des chansons ne souffrent pas trop de ce qui est, à leur échelle, un véritable accès de frénésie. Pourtant, certains fans de la première heure ont très vite crié à la trahison, prétendant que le groupe avait vendu son âme en cherchant le "tube" à tout prix. Cette critique trouve d'ailleurs un début de justification avec le single California et Step, deux tentatives de "power-pop" assez peu inspirées. Heureusement, ces coups dans l'eau ne représentent qu'une petite partie de l'album où, par ailleurs, les moments de grâce abondent. Monkey par exemple est la preuve indéniable que le génie de Low peut très bien s'accommoder de tempos plus rapides (le refrain est redoutable). Quelques chansons hiératiques très réussies rappellent par ailleurs le Low des débuts, comme par exemple Death Of A Salesman ou Pissing (et son intro empruntée au Avalyn de Slowdive). A chaque fois qu'un nouvel album de Low sort, il me semble meilleur que le précédent. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et j'espère qu'il en sera de même pour le suivant puisque, après une année 2005 placée sous le signe de la dépression et de la pause-carrière, il semblerait qu'Alan et Mimi aient retrouvé l'envie d'enregistrer un nouveau disque.
Doves - Some Cities (Heavenly)
Pauvres Doves. Pas assez pop pour être Coldplay, pas assez bons musiciens pour être Elbow, pas assez arty pour être Bloc Party, pas assez tubesques pour être Franz Ferdinand et pas assez sexys pour être The Libertines, ils en sont réduits à sortir tous les deux-trois ans un album dont tout le monde se dit : "Mouais, c'est pas mal." mais que personne ne ressort jamais des étagères. Il faut dire qu'ils ne se facilitent pas la tâche en sortant des albums très homogènes et en abusant de certaines ficelles de composition et de production. Ainsi, leur manie de mettre en avant les coups de boutoir de la batterie (sur One of these days par exemple) devient rapidement insupportable lorsque l'album passe en fond sonore (ce qui, soyons honnêtes, est le lot de la plupart des albums que l'on écoute au cours d'une journée). Il n'y a guère que le single Black and White Town et The Storm (avec son classieux tapis de cordes) qui parviennent à émerger et à retenir mon attention, mais c'est vraiment trop peu.
A-Ha - Analogue (Universal)
J'ai toujours beaucoup aimé A-Ha. D'abord parce que leurs deux premiers albums sont des modèles de pop lyrique dont je doute de me lasser un jour. Ensuite parce que Morten Harket possède à mon avis une des plus belles voix pop de ces 20 dernières années, aussi à l'aise dans le registre grave que dans l'aigu, où elle conserve une étonnante richesse de timbre. Pendant quinze ans, mon coeur de fan de la première heure m'a ainsi fait considérer chaque nouvel album du groupe avec indulgence. Je n'avais qu'à passer outre la qualité très variable des morceaux pour me laisser porter par le chant. Si je suis peu enclin à convoquer la même indulgence pour ce nouvel album, c'est sans doute, quitte à paraître monomaniaque, parce que la voix y présente quelques signes de fatigue, notamment dans les aigus, comme si Morten Harket se forçait à chanter dans un registre qui n'est plus tout à fait le sien pour ne pas décevoir son public. En conséquence, le niveau moyen des chansons a beau être sensiblement égal à ce qu'il était sur les albums précédents, je m'ennuye poliment (surtout durant la seconde moitié). Deux chansons réussies (Cosy Prisons et Birthright ici) et quatre autres potables ne suffisent pas tout à fait pour faire un album qui tienne debout tout seul, c'est-à-dire sans que quelque facteur extérieur vienne influencer le jugement (la nostalgie, le plaisir de retrouver une voix, etc.). Cela dit, je serais curieux de savoir ce que je penserai de cet album dans six mois parce que la sévérité de mon jugement tend à diminuer après chaque écoute (je vous laisse imaginer ce que j'ai pu en penser quand je l'ai écouté pour la première fois). Pour les fans de Britney Spears ou Kelly Clarkson, je signale que Max "Since You've been gone, Baby One More Time" Martin est venu donner un coup de mains aux trois membres du groupe pour composer la chanson-titre. Ca s'entend particulièrement dans l'introduction.
mardi, janvier 17
Que suis-je allé faire dans cette galère?
Alors que je devrais me concentrer sur les albums de 2005 que je connais déjà, je n'arrête pas d'en écouter d'autres. Rien que ces trois derniers jours, Symbol de Susum o u Yokota et Fire in Distant Buildings de Gravenhurst.
Je me rends compte en fait que le surcroît de boulot que j'ai eu à subir cette année m'a empêché d'être aussi curieux que je l'aurais voulu dans mes écoutes, ce qui explique sans doute que les disques dont j'ai déjà parlé (ou parlerai dans les prochains jours) sont essentiellement l'oeuvre d'artistes déjà connus.... En même temps, ce n'est pas comme si c'était très grave.
De toutes façons, je n'aurai jamais fini mon recensement à temps pour participer à ceci. Tant pis.
PS : Allez écouter une version acoustique de Push The Button des Sugababes ici.
Je me rends compte en fait que le surcroît de boulot que j'ai eu à subir cette année m'a empêché d'être aussi curieux que je l'aurais voulu dans mes écoutes, ce qui explique sans doute que les disques dont j'ai déjà parlé (ou parlerai dans les prochains jours) sont essentiellement l'oeuvre d'artistes déjà connus.... En même temps, ce n'est pas comme si c'était très grave.
De toutes façons, je n'aurai jamais fini mon recensement à temps pour participer à ceci. Tant pis.
PS : Allez écouter une version acoustique de Push The Button des Sugababes ici.
lundi, janvier 16
Synergie (bis)
Vous pouvez aller écouter un extrait des deux EP que j'ai préférés en 2005 sur la Blogothèque.
dimanche, janvier 15
Les albums de 2005 (III)
Juliet - Random Order (Virgin)
Pour beaucoup, le nouvel album de Madonna a fait de Stuart Price le producteur emblématique de 2005 mais il serait injuste de ne pas également mentionner à son crédit l'album de Juliet, sorti au début de l'année et auquel la presse prédisait un succès commercial qui n'est jamais venu. On y retrouve pourtant beaucoup de ce qui fait le prix de Confessions On A Dancefloor. Avec néanmoins une légère différence : tandis que Madonna se place dans une optique de pop pure, arrondissant les angles et polissant ses chansons pour en maximiser l'audience, Juliet a une vision un peu plus alternative (j'aurais presque envie de dire punk) de ce à quoi ses chansons électro-pop doivent ressembler. En conséquence, sa manière de chanter est plus brute et évoquerait plutôt Courtney Love et Justine Frischmann que Madonna (voir New Shoes ou Puppet par exemple). Par ailleurs, les compositions sont ici plus ouvertement minimalistes. Le single Avalon est ainsi essentiellement composé de deux phrases répétées en alternance sur une rythmique continue et le fait que Stuart Price parvienne à créer une (excellente) chanson de sept minutes à partir de ces seules phrases me semble être une sorte d'exploit. L'album demande donc sans doute quelques écoutes pour se révéler complètement, ce qui explique peut-être que le grand public, pourtant manifestement réceptif au son de Stuart Price, soit passé à côté.
Paula Frazer - Leave the sad things behind (Birdman)
Mon goût pour la pop me rend très sensible aux mélodies. J'accorde donc une grande importance aux voix qui les portent, à leur timbre ou à leur pouvoir d'évocation. Il existe ainsi une poignée de voix auxquelles je voue un culte aveugle et dont la simple écoute me ravit, au point que la qualité des chansons qu'elles servent passeraient presque au second plan. Depuis ma découverte du premier album de Tarnation, la voix de Paula Frazer en fait partie (aux côtés de celle de Scott Walker par exemple). En conséquence, même si les chansons de ce deuxième album solo avaient été tout à fait quelconques, je leur aurais sans doute trouvé des qualités. Heureusement, elles ne le sont pas et une bonne moitié d'entre elles rappellent d'ailleurs les meilleurs morceaux de Tarnation (les vocalises au début de Watercolor Lines sont à la limite de l'auto-citation), mais du Tarnation apaisé, où la guitare électrique s'effacerait au profit d'instruments acoustiques. Le piano par exemple est utilisé à la perfection dans l'introduction de Long Ago, qui est sans doute ma chanson préférée de l'album. Je me souviens que, à l'époque de sa sortie, le premier album solo de Paula Frazer m'avait un peu déçu. En écoutant celui-ci, je me demande si je ne ferais pas bien de le réévaluer.
Rammstein - Rosenrot (Universal)
Tout un pan du metal moderne ne me semble compréhensible que si on accepte de prendre en compte sa composante parodique. Cradle of Filth, par exemple, est essentiellement un groupe de clowns oeuvrant dans le domaine du grand guignol. Dans un genre un peu différent (mais pas tant que ça), Rammstein déroule, avec les apparences du plus grand sérieux, une forme de metal industriel jusqu'au-boutiste que leur nationalité rend plus effrayant qu'il n'est en réalité (leurs prétendues sympathies nazies inquiètent de nombreux parents). J'avais beaucoup aimé leur précédent album (Reise Reise) parce que l'on y trouvait, derrière cette façade métallique, des chansons pop rigoureusement irrésistibles (difficile d'imaginer morceau plus immédiatement jouissif que Amerika). Malheureusement, Rosenrot me semble moins réussi. La façade métallique y est plus clinquante que jamais mais les chansons qu'elle dissimule sont dans l'ensemble moins intéressantes. Le duo avec Sharleen Spiteri de Texas, par exemple, est complètement loupé, de même que Te Quiero Puta, qui tente contre toute raison de marier heavy-metal germanique et musique mexicaine. Cela dit, Benzin et Spring déménagent bien comme il faut, et je défie quiconque de ne pas sourire en écoutant Ein Lied, improbable ballade où Till Lindemann susurre son texte sur un accompagnement de scie musicale.
Pour beaucoup, le nouvel album de Madonna a fait de Stuart Price le producteur emblématique de 2005 mais il serait injuste de ne pas également mentionner à son crédit l'album de Juliet, sorti au début de l'année et auquel la presse prédisait un succès commercial qui n'est jamais venu. On y retrouve pourtant beaucoup de ce qui fait le prix de Confessions On A Dancefloor. Avec néanmoins une légère différence : tandis que Madonna se place dans une optique de pop pure, arrondissant les angles et polissant ses chansons pour en maximiser l'audience, Juliet a une vision un peu plus alternative (j'aurais presque envie de dire punk) de ce à quoi ses chansons électro-pop doivent ressembler. En conséquence, sa manière de chanter est plus brute et évoquerait plutôt Courtney Love et Justine Frischmann que Madonna (voir New Shoes ou Puppet par exemple). Par ailleurs, les compositions sont ici plus ouvertement minimalistes. Le single Avalon est ainsi essentiellement composé de deux phrases répétées en alternance sur une rythmique continue et le fait que Stuart Price parvienne à créer une (excellente) chanson de sept minutes à partir de ces seules phrases me semble être une sorte d'exploit. L'album demande donc sans doute quelques écoutes pour se révéler complètement, ce qui explique peut-être que le grand public, pourtant manifestement réceptif au son de Stuart Price, soit passé à côté.
Paula Frazer - Leave the sad things behind (Birdman)
Mon goût pour la pop me rend très sensible aux mélodies. J'accorde donc une grande importance aux voix qui les portent, à leur timbre ou à leur pouvoir d'évocation. Il existe ainsi une poignée de voix auxquelles je voue un culte aveugle et dont la simple écoute me ravit, au point que la qualité des chansons qu'elles servent passeraient presque au second plan. Depuis ma découverte du premier album de Tarnation, la voix de Paula Frazer en fait partie (aux côtés de celle de Scott Walker par exemple). En conséquence, même si les chansons de ce deuxième album solo avaient été tout à fait quelconques, je leur aurais sans doute trouvé des qualités. Heureusement, elles ne le sont pas et une bonne moitié d'entre elles rappellent d'ailleurs les meilleurs morceaux de Tarnation (les vocalises au début de Watercolor Lines sont à la limite de l'auto-citation), mais du Tarnation apaisé, où la guitare électrique s'effacerait au profit d'instruments acoustiques. Le piano par exemple est utilisé à la perfection dans l'introduction de Long Ago, qui est sans doute ma chanson préférée de l'album. Je me souviens que, à l'époque de sa sortie, le premier album solo de Paula Frazer m'avait un peu déçu. En écoutant celui-ci, je me demande si je ne ferais pas bien de le réévaluer.
Rammstein - Rosenrot (Universal)
Tout un pan du metal moderne ne me semble compréhensible que si on accepte de prendre en compte sa composante parodique. Cradle of Filth, par exemple, est essentiellement un groupe de clowns oeuvrant dans le domaine du grand guignol. Dans un genre un peu différent (mais pas tant que ça), Rammstein déroule, avec les apparences du plus grand sérieux, une forme de metal industriel jusqu'au-boutiste que leur nationalité rend plus effrayant qu'il n'est en réalité (leurs prétendues sympathies nazies inquiètent de nombreux parents). J'avais beaucoup aimé leur précédent album (Reise Reise) parce que l'on y trouvait, derrière cette façade métallique, des chansons pop rigoureusement irrésistibles (difficile d'imaginer morceau plus immédiatement jouissif que Amerika). Malheureusement, Rosenrot me semble moins réussi. La façade métallique y est plus clinquante que jamais mais les chansons qu'elle dissimule sont dans l'ensemble moins intéressantes. Le duo avec Sharleen Spiteri de Texas, par exemple, est complètement loupé, de même que Te Quiero Puta, qui tente contre toute raison de marier heavy-metal germanique et musique mexicaine. Cela dit, Benzin et Spring déménagent bien comme il faut, et je défie quiconque de ne pas sourire en écoutant Ein Lied, improbable ballade où Till Lindemann susurre son texte sur un accompagnement de scie musicale.
vendredi, janvier 13
Les albums de 2005 (II)
Kaiser Chiefs - Employment (B Unique/Polydor)
Chaque année, le NME nous vend trois ou quatre groupes censés changer la face du monde ou au moins celle du mur surplombant le lit de ses plus jeunes lecteurs. Ce fut successivement The Strokes, The White Stripes, Franz Ferdinand, Razorlight, The Libertines, etc... En général, ces groupes me plaisaient pendant environ deux mois puis je m'en désintéressais totalement. Dans le genre, 2005 se révèle donc plutôt un bon cru puisque, sur les trois groupes matraqués au début de l'année (Bloc Party, Futureheads et Kaiser Chiefs), deux m'intéressent encore à moitié aujourd'hui. Kaiser Chiefs n'est sans doute pas sur le papier le groupe le plus intéressant du lot (d'ailleurs, le plus intéressant sur la papier est celui que j'aime le moins) mais il est sans doute celui qui, sur le plan de l'efficacité pop pure, obtiendrait la meilleure note. Ricky Wilson et sa bande ne reculent en effet devant rien pour faire sautiller le festivalier d'été : lignes de synthés et basse bondissantes, choeurs emplis ras-la-glotte de nanana, wahou et autres yeah, ainsi que des textes dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'invitent pas à la réflexion. J'ai ainsi une tendresse particulière pour "Pneumothorax is a word that is long" dans Saturday Night (merci Elea). Le titre de l'album se veut un hommage détourné au Leisure de Blur mais si on veut trouver des réminiscences de la bande à Damon dans Employment, ce sera plutôt du côté de Boys and Girls ou de Country House qu'il faudra les chercher (c'est frappant sur What did I ever give you?, une chanson qui ressemble tellement à Blur qu'elle semble constamment sur le point de perdre son guitariste). On pourrait dire en résumé que Kaiser Chiefs réalise en 2005 la fusion britpop-synthés brillamment mise au point par The Killers en 2004. Comme le Hot Fuss de ces derniers, Employment n'est d'ailleurs qu'à moitié convaincant puisque tous les tubes sont soigneusement placés dans la première moitié de l'album, dans l'espoir sans doute que l'auditeur moyen, rassasié et épuisé d'avoir tant sautillé, ne s'aventure jamais dans la seconde. En ces temps de zapping effréné, ce n'est pas forcément un mauvais calcul.
Depeche Mode - Playing the angel (Mute)
Se forcer à mettre au net l'opinion que l'on a d'un disque peut parfois mener à des questionnements angoissants. Par exemple : la difficulté que j'ai à m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant 25 ans de carrière derrière lui serait-elle la preuve que j'ai encore un rapport adolescent à la musique (dans le sens de "qui fait entrer dans son appréciation d'un disque des à-côtés médiatiques ou publicitaires dont il devrait pour bien faire pouvoir faire abstraction") ? Ou encore celui-ci : le fait que je préfère quasi-systématiquement la première moitié des albums ne serait-elle pas de nouveau la preuve d'une écoute trop superficielle ou distraite, l'attention se délitant au fur et à mesure que les chansons s'enchaînent ? Serais-je réellement incapable de juger chaque chanson sur ses propres mérites ? Est-ce grave ?
Le nouvel album de Depeche Mode met ce type de questionnement dans une lumière particulièrement crue. Bien que je suive le groupe avec attention depuis longtemps, je n'ai jamais réellement été fan. Du coup, tout l'enthousiasme que devrait a priori susciter en moi ce retour aux sonorités synthétiques est tempéré par le sentiment que, quelque bonnes qu'elles soient, ces 12 nouvelles chansons ne font en gros que répéter ce que le groupe avait déjà dit auparavant (et sans doute mieux). L'atmosphère générale flirte d'ailleurs avec l'auto-caricature. La pochette arbore la déclaration d'intention suivante : "Pain and suffering in various tempos" et les chansons portent des titres aussi légers que A Pain That I'm Used To, Suffer Well, The Sinner In Me et The Darkest Star (Fred Durst et Chester Bennington devraient prendre des notes). Franchement.... Des quarantenaires multimillionaires ressassant ces thématiques d'adolescents mal dans leur peau sont-ils encore crédibles ? Et pourquoi pas ? D'autant qu'ils signent ici leur meilleur album depuis au moins Songs of Faith and Devotion et que des chansons telles que John the Revelator et Suffer Well (cette dernière, bien que composée par Dave Gahan, est plus Gore que nature) n'ont pas à rougir à côté des chefs-d'oeuvre historiques du groupe (genre Stripped et A Question of Lust). Un très bon album donc, mais auquel il manque le petit effet de surprise qui fait les vrais coups de coeur.
Nits - Les Nuits (Werf/Sony-BMG)
Ecoutant cet album en repensant à ce que j'avais écrit sur Depeche Mode, je me suis un peu rasséréné. Il semblerait en fait que je sois tout à fait capable de m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant plus de 25 ans de carrière derrière lui et si la première moitié de cet album me semble meilleure que la seconde, ce n'est que marginalement. Je reprends espoir. Ce nouvel album des Nits est une merveille de pop atmosphérique et The Eiffel Tower est une des meilleures chansons de l'année (voire la meilleure). Je n'en dis pas plus car j'avais déjà longuement parlé de l'album ici.
Chaque année, le NME nous vend trois ou quatre groupes censés changer la face du monde ou au moins celle du mur surplombant le lit de ses plus jeunes lecteurs. Ce fut successivement The Strokes, The White Stripes, Franz Ferdinand, Razorlight, The Libertines, etc... En général, ces groupes me plaisaient pendant environ deux mois puis je m'en désintéressais totalement. Dans le genre, 2005 se révèle donc plutôt un bon cru puisque, sur les trois groupes matraqués au début de l'année (Bloc Party, Futureheads et Kaiser Chiefs), deux m'intéressent encore à moitié aujourd'hui. Kaiser Chiefs n'est sans doute pas sur le papier le groupe le plus intéressant du lot (d'ailleurs, le plus intéressant sur la papier est celui que j'aime le moins) mais il est sans doute celui qui, sur le plan de l'efficacité pop pure, obtiendrait la meilleure note. Ricky Wilson et sa bande ne reculent en effet devant rien pour faire sautiller le festivalier d'été : lignes de synthés et basse bondissantes, choeurs emplis ras-la-glotte de nanana, wahou et autres yeah, ainsi que des textes dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'invitent pas à la réflexion. J'ai ainsi une tendresse particulière pour "Pneumothorax is a word that is long" dans Saturday Night (merci Elea). Le titre de l'album se veut un hommage détourné au Leisure de Blur mais si on veut trouver des réminiscences de la bande à Damon dans Employment, ce sera plutôt du côté de Boys and Girls ou de Country House qu'il faudra les chercher (c'est frappant sur What did I ever give you?, une chanson qui ressemble tellement à Blur qu'elle semble constamment sur le point de perdre son guitariste). On pourrait dire en résumé que Kaiser Chiefs réalise en 2005 la fusion britpop-synthés brillamment mise au point par The Killers en 2004. Comme le Hot Fuss de ces derniers, Employment n'est d'ailleurs qu'à moitié convaincant puisque tous les tubes sont soigneusement placés dans la première moitié de l'album, dans l'espoir sans doute que l'auditeur moyen, rassasié et épuisé d'avoir tant sautillé, ne s'aventure jamais dans la seconde. En ces temps de zapping effréné, ce n'est pas forcément un mauvais calcul.
Depeche Mode - Playing the angel (Mute)
Se forcer à mettre au net l'opinion que l'on a d'un disque peut parfois mener à des questionnements angoissants. Par exemple : la difficulté que j'ai à m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant 25 ans de carrière derrière lui serait-elle la preuve que j'ai encore un rapport adolescent à la musique (dans le sens de "qui fait entrer dans son appréciation d'un disque des à-côtés médiatiques ou publicitaires dont il devrait pour bien faire pouvoir faire abstraction") ? Ou encore celui-ci : le fait que je préfère quasi-systématiquement la première moitié des albums ne serait-elle pas de nouveau la preuve d'une écoute trop superficielle ou distraite, l'attention se délitant au fur et à mesure que les chansons s'enchaînent ? Serais-je réellement incapable de juger chaque chanson sur ses propres mérites ? Est-ce grave ?
Le nouvel album de Depeche Mode met ce type de questionnement dans une lumière particulièrement crue. Bien que je suive le groupe avec attention depuis longtemps, je n'ai jamais réellement été fan. Du coup, tout l'enthousiasme que devrait a priori susciter en moi ce retour aux sonorités synthétiques est tempéré par le sentiment que, quelque bonnes qu'elles soient, ces 12 nouvelles chansons ne font en gros que répéter ce que le groupe avait déjà dit auparavant (et sans doute mieux). L'atmosphère générale flirte d'ailleurs avec l'auto-caricature. La pochette arbore la déclaration d'intention suivante : "Pain and suffering in various tempos" et les chansons portent des titres aussi légers que A Pain That I'm Used To, Suffer Well, The Sinner In Me et The Darkest Star (Fred Durst et Chester Bennington devraient prendre des notes). Franchement.... Des quarantenaires multimillionaires ressassant ces thématiques d'adolescents mal dans leur peau sont-ils encore crédibles ? Et pourquoi pas ? D'autant qu'ils signent ici leur meilleur album depuis au moins Songs of Faith and Devotion et que des chansons telles que John the Revelator et Suffer Well (cette dernière, bien que composée par Dave Gahan, est plus Gore que nature) n'ont pas à rougir à côté des chefs-d'oeuvre historiques du groupe (genre Stripped et A Question of Lust). Un très bon album donc, mais auquel il manque le petit effet de surprise qui fait les vrais coups de coeur.
Nits - Les Nuits (Werf/Sony-BMG)
Ecoutant cet album en repensant à ce que j'avais écrit sur Depeche Mode, je me suis un peu rasséréné. Il semblerait en fait que je sois tout à fait capable de m'enthousiasmer pour l'album d'un groupe ayant plus de 25 ans de carrière derrière lui et si la première moitié de cet album me semble meilleure que la seconde, ce n'est que marginalement. Je reprends espoir. Ce nouvel album des Nits est une merveille de pop atmosphérique et The Eiffel Tower est une des meilleures chansons de l'année (voire la meilleure). Je n'en dis pas plus car j'avais déjà longuement parlé de l'album ici.
mercredi, janvier 11
Les albums de 2005 (I)
C'est parti ! L'exercice est pour moi un peu ingrat car je m'y force à parler de disques pour lesquels je n'ai pas forcément beaucoup à dire. Du coup, il est sans doute aussi ingrat pour le lecteur, qui se retrouve face à des pages de textes parfois un peu creux mais bon, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Si on s'encourage mutuellement, on devrait en voir le bout. :)
Antony and the Johnsons - I am a bird now (Secretly Canadian)
Quand on parle d'Antony, tout le monde s'accorde en général pour vanter sa voix : son caractère androgyne, sa fragilité et la manière dont elle transforme chaque phrase en une confession au bord des larmes. J'ai dès lors un peu de mal à comprendre pourquoi il cherche, sur une bonne moitié des chansons, à contredire le climat que sa voix installe naturellement par des orchestrations lourdingues. Les fins de For Today I am a boy et Fistfull of love me semblent par exemple complètement loupées. En revanche, les quelques titres où il ose le dépouillement piano-voix (avec quelques touches de cordes) sont pour moi clairement les meilleurs, comme par exemple Hope There's Someone (et son étourdissante montée finale) ou Bird Gehrl. Les duos avec Rufus Wainwright et, surtout, Boy George me semblent également très réussis mais je reste néanmoins sur un sentiment de semi-déception, d'abord à cause de la surproduction de certains titres et ensuite parce que, indépendamment de cela, aucune des chansons présentes ici ne me semble être aussi forte que Cripple and a starfish (sur le premier album). Cela dit, on ne peut que se réjouir de l'étonnant succès rencontré par Antony en 2005 (sa victoire au Mercury Music Prize comprise).
Daniel Lanois - Belladonna (Anti)
Je connais surtout Daniel Lanois en tant que producteur de U2, pour ses collaborations avec Brian Eno (Apollo) et pour son très bon premier album solo, Acadie, qui proposait un étrange mélange de chansons populaires québecoises et d'expérimentations sonores. Ce troisième album est entièrement instrumental et Lanois y sillonne les mêmes eaux ambient que le Eno de la seconde moitié des années 70. Or, l'ambient tel que défini par Eno, est un genre assez difficile à apprécier car il revendique, dans une certaine mesure, un droit à l'insipidité et à l'insignifiance (de la musique à "entendre" plutôt qu'à écouter). Pourtant, mes oeuvres préférées dans le genre sont celles qui fonctionnent également à l'écoute, qui parviennent à accrocher l'oreille et à relancer sans cesse l'attention de l'auditeur (comme The Plateaux of Mirror par exemple). En conséquence, le manque d'aspérités de Belladonna me déçoit un peu. Tout y est toujours d'un goût exquis (Brad Meldhau vient d'aileurs donner un petit coup de main) mais désincarné. La slide-guitar gémit comme il faut et l'arythmie cotonneuse de la plupart des morceaux a de réelles vertus apaisantes mais lorsque la dernière plage s'achève, on a un peu l'impression de ne rien avoir entendu, à part peut-être Frozen, un peu plus enlevé que le reste.
Ladytron - Witching Hour (Island)
L'électro-pop glacée et atmosphérique de Ladytron a a priori tout pour me plaire : sons de synthés qui semblent tout droit sortis des années 80 et mélodies imparables chantées avec l'ennui et le détachement qui seyait aux meilleurs groupes de l'époque. Pourtant, je n'avais pas été totalement convaincu par les deux premiers albums du groupe qui, entre deux tubes, me semblaient contenir pas mal de chansons médiocres. Ce n'est plus le cas ici. La première moitié de l'album est même quasiment parfaite, avec par exemple le single Destroy Everything You Touch ou International Dateline. La seconde moitié de l'album est sans doute un rien plus faible mais ne devient jamais fastidieuse grâce à un savant dosage des atmosphères. Le minimalisme glacé de Beauty*2 peut par exemple précéder Whitelightgenerator (que l'on pourrait décrire comme le fruit des amours contre-nature de Propaganda et du premier album des Catchers) et succéder aux riffs frénétiques de Weekend, chanson dans laquelle, par ailleurs, je crois à chaque fois entendre la voix de Sandra (je précise que cette impression n'a qu'un rapport très lointain avec ma première phrase). C'est vraiment de la belle ouvrage et, comme je ne m'y attendais pas, une de meilleures surprises de l'année.
Richard Gotainer - La goutte au Pépère (Gatkess)
Ce nouveau CD reprend des extraits de la bande originale du dernier spectacle musical de Gotainer et, avec à peine plus de 22 minutes, laisse en bouche un net goût de trop peu. Bien que les chansons présentes ici n'auraient pas à rougir d'être comparées avec celles de la grande époque de Gotainer (de 78 à 87 disons), elles n'apportent pas grand-chose de neuf. A la campagne, on s'parle est essentiellement une variation sur le thème des Trois Vieux Papis tandis que C'est bio, la vie sonne comme une pub pour du yaourt. Cela dit, j'aurais bien tort de bouder mon plaisir. Des chansons comme Les mots font du chahut ou La complainte des misérables sont même tellement enthousiasmantes que j'en oublierais presque la tonalité gentiment réactionnaire de l'ensemble.
Antony and the Johnsons - I am a bird now (Secretly Canadian)
Quand on parle d'Antony, tout le monde s'accorde en général pour vanter sa voix : son caractère androgyne, sa fragilité et la manière dont elle transforme chaque phrase en une confession au bord des larmes. J'ai dès lors un peu de mal à comprendre pourquoi il cherche, sur une bonne moitié des chansons, à contredire le climat que sa voix installe naturellement par des orchestrations lourdingues. Les fins de For Today I am a boy et Fistfull of love me semblent par exemple complètement loupées. En revanche, les quelques titres où il ose le dépouillement piano-voix (avec quelques touches de cordes) sont pour moi clairement les meilleurs, comme par exemple Hope There's Someone (et son étourdissante montée finale) ou Bird Gehrl. Les duos avec Rufus Wainwright et, surtout, Boy George me semblent également très réussis mais je reste néanmoins sur un sentiment de semi-déception, d'abord à cause de la surproduction de certains titres et ensuite parce que, indépendamment de cela, aucune des chansons présentes ici ne me semble être aussi forte que Cripple and a starfish (sur le premier album). Cela dit, on ne peut que se réjouir de l'étonnant succès rencontré par Antony en 2005 (sa victoire au Mercury Music Prize comprise).
Daniel Lanois - Belladonna (Anti)
Je connais surtout Daniel Lanois en tant que producteur de U2, pour ses collaborations avec Brian Eno (Apollo) et pour son très bon premier album solo, Acadie, qui proposait un étrange mélange de chansons populaires québecoises et d'expérimentations sonores. Ce troisième album est entièrement instrumental et Lanois y sillonne les mêmes eaux ambient que le Eno de la seconde moitié des années 70. Or, l'ambient tel que défini par Eno, est un genre assez difficile à apprécier car il revendique, dans une certaine mesure, un droit à l'insipidité et à l'insignifiance (de la musique à "entendre" plutôt qu'à écouter). Pourtant, mes oeuvres préférées dans le genre sont celles qui fonctionnent également à l'écoute, qui parviennent à accrocher l'oreille et à relancer sans cesse l'attention de l'auditeur (comme The Plateaux of Mirror par exemple). En conséquence, le manque d'aspérités de Belladonna me déçoit un peu. Tout y est toujours d'un goût exquis (Brad Meldhau vient d'aileurs donner un petit coup de main) mais désincarné. La slide-guitar gémit comme il faut et l'arythmie cotonneuse de la plupart des morceaux a de réelles vertus apaisantes mais lorsque la dernière plage s'achève, on a un peu l'impression de ne rien avoir entendu, à part peut-être Frozen, un peu plus enlevé que le reste.
Ladytron - Witching Hour (Island)
L'électro-pop glacée et atmosphérique de Ladytron a a priori tout pour me plaire : sons de synthés qui semblent tout droit sortis des années 80 et mélodies imparables chantées avec l'ennui et le détachement qui seyait aux meilleurs groupes de l'époque. Pourtant, je n'avais pas été totalement convaincu par les deux premiers albums du groupe qui, entre deux tubes, me semblaient contenir pas mal de chansons médiocres. Ce n'est plus le cas ici. La première moitié de l'album est même quasiment parfaite, avec par exemple le single Destroy Everything You Touch ou International Dateline. La seconde moitié de l'album est sans doute un rien plus faible mais ne devient jamais fastidieuse grâce à un savant dosage des atmosphères. Le minimalisme glacé de Beauty*2 peut par exemple précéder Whitelightgenerator (que l'on pourrait décrire comme le fruit des amours contre-nature de Propaganda et du premier album des Catchers) et succéder aux riffs frénétiques de Weekend, chanson dans laquelle, par ailleurs, je crois à chaque fois entendre la voix de Sandra (je précise que cette impression n'a qu'un rapport très lointain avec ma première phrase). C'est vraiment de la belle ouvrage et, comme je ne m'y attendais pas, une de meilleures surprises de l'année.
Richard Gotainer - La goutte au Pépère (Gatkess)
Ce nouveau CD reprend des extraits de la bande originale du dernier spectacle musical de Gotainer et, avec à peine plus de 22 minutes, laisse en bouche un net goût de trop peu. Bien que les chansons présentes ici n'auraient pas à rougir d'être comparées avec celles de la grande époque de Gotainer (de 78 à 87 disons), elles n'apportent pas grand-chose de neuf. A la campagne, on s'parle est essentiellement une variation sur le thème des Trois Vieux Papis tandis que C'est bio, la vie sonne comme une pub pour du yaourt. Cela dit, j'aurais bien tort de bouder mon plaisir. Des chansons comme Les mots font du chahut ou La complainte des misérables sont même tellement enthousiasmantes que j'en oublierais presque la tonalité gentiment réactionnaire de l'ensemble.
La vidéo du jour
mardi, janvier 10
Le dernier truc à la mode aux Etats-Unis...
...est Kidz Bop, une série de CD où des gamins (qui chantent comme des gamins, c'est-à-dire pas très juste et en criant) reprennent des succès récents (pop ou indé grand public) en les faisant sonner comme des numéros pour spectacle scolaire de fin d'année. Cela fait plusieurs mois que les blogs musicaux américains parlent de ces disques avec une bienveillance que j'ai un peu de mal à comprendre, même en admettant l'hypothèse d'un second degré libérateur. Pourquoi tant d'indulgence pour un concept aussi bassement mercantile ?
Trois extraits ici et une pub TV pour le dernier volume là (via Sterogum).
Trois extraits ici et une pub TV pour le dernier volume là (via Sterogum).
lundi, janvier 9
Les EP de 2005
Je n'achète pas énormément d'EP donc ce classement présente clairement un petit côté Jacques Martin, dans le sens que tout le monde gagne, ou presque. J'ai omis ici, par facilité, les EP de Elbow et de The Coral parce qu'ils en ont sorti trop cette année (4 chacun), préférant me concentrer sur les artistes ayant été moins prolifiques.
1. War against sleep - Borderline Personality (Fire)
L'OSNI de l'année en ce qui me concerne. Je ne sais absolument rien du groupe et les trois chansons contenues sur cet EP semblent n'avoir presque aucun rapport entre elles. Comme je suis en général assez mauvais pour associer un genre à une chanson donnée (ma vision de ce que les différents termes signifient est en général assez personnelle), prenez ce qui suit avec des pincettes. Borderline Personality m'évoque un étrange mélange de surf-music et de Black Rebel Motorcycle Club. Ride Away With Me est une ballade que l'on pourrait situer quelque part entre le Elton John des années 70 et Radiohead. Starling enfin m'évoque un standard de cabaret jazz des années 50 qui aurait, par une bizarre contraction de l'espace-temps, beaucoup écouté les premiers albums de Belle and Sebastian. Voilà, débrouillez-vous avec ça.
2. Amina - AminaminA (The Worker's Institute)
J'ai découvert les quatre islandaises d'Amina en tant qu'accompagnatrices de Sigur Ros lors de leurs tournées en 2000 ou 2002. A l'époque, elles se présentaient en tant que quatuor à cordes tout ce qu'il y a de plus classique, statiques sur leurs chaises et jouant de leur instrument en pizz ou avec un archet. De ce format, il ne reste pas grand-chose ici et, sur les quatre morceaux que comporte cet EP, un seul met en avant des sons de cordes. On pense en fait surtout à Ba Ba / Ti Ki / Di Do de Sigur Ros, dont on retrouve le mélange d'électronique, de piano d'enfant et de percussions. La plage 2, Hemipode (si je déchiffre bien), est un petit bijou.
3. Elizabeth Anka Vajagic - Nostalgia / Pain (Constellation)
Un an après son excellent premier album, Elizabeth Anka Vajagic enfonce le clou avec un nouvel EP de 30 minutes basé sur les mêmes recettes : un fond sonore à base de guitares planantes, une construction très post-rockeuse des morceaux (les deux premiers morceaux totalisent 30 minutes) et, par-dessus, Elizabeth Anka Vajagic dont la voix évoquera, selon la sensibilité de chacun, un fado déchirant de beauté ou un dégueulis vocal mal contrôlé. Je me situe résolument dans le premier camp.
4. Patrick Wolf - Tristan (Tomlab)
Pas tant parce que Tristan est un concentré de rage adolescente accompagné par des beats électro apocalyptiques et délivré par un Patrick Wolf à la voix plus expressive que jamais. Mais plutôt parce que les deux faces B forment un contrepoint saisissant avec la chanson-titre. La première, The Hazelwood est une ballade acoustique à base de ukulele et de violon, basée sur un poème de W.B. Yeats. La deuxième, Idumea, est l'adaptation d'un chant traditionnel. Le son de viole qu l'on y entend pourrait sans doute convaincre Aphex Twin d'abandonner l'électricité pour se mettre au folk.
5. Micah P. Hinson - The baby and the satellite (Sketchbook)
Il faut sans doute un peu tirer sur la corde pour considérer comme un EP un disque qui dure près d'une heure mais c'est ainsi qu'il est présenté dans les catalogues et je me vois mal contredire le label. Comme celui de Elizabeth Anka Vajagic, cet EP est surtout l'occasion de retrouver le son d'un album que j'ai beaucoup aimé l'année dernière. On y retrouve en effet l'essentiel de ce qui faisait pour moi le prix de Micah P Hinson and the Gospel of Progress : la voix grave et fragile, une instrumentation travaillée mais sans ostentation et des chansons dans lesquelles toute la misère du monde (ou à tout le moins toute celle que Micah lui-même accepte d'y dévoiler) se trouve concentrée. The Last Charge of St Paul ajoute à ce socle commun quelques étranges sons électriques analogiques, qui désarçonnent, avant de séduire. De manière amusante, la 9ème plage du EP reprend l'ensemble des démos enregistrées en 2000, ce qui permet de percevoir la genèse de ces 8 chansons.
6. Super Furry Animals - Lazer Beam (Rough Trade)
De nouveau pas tant pour le psychédélisme débridé de la chanson-titre que pour un Colonise the moon lancinant et hypnotique à base de guitare acoustique, chants d'oiseaux et paroles telles que "I vomited throughout your saxophone solo" (phrase à partir de laquelle j'ai unilatéralement échafaudé le titre alternatif "Colonise the dark side of the moon").
1. War against sleep - Borderline Personality (Fire)
L'OSNI de l'année en ce qui me concerne. Je ne sais absolument rien du groupe et les trois chansons contenues sur cet EP semblent n'avoir presque aucun rapport entre elles. Comme je suis en général assez mauvais pour associer un genre à une chanson donnée (ma vision de ce que les différents termes signifient est en général assez personnelle), prenez ce qui suit avec des pincettes. Borderline Personality m'évoque un étrange mélange de surf-music et de Black Rebel Motorcycle Club. Ride Away With Me est une ballade que l'on pourrait situer quelque part entre le Elton John des années 70 et Radiohead. Starling enfin m'évoque un standard de cabaret jazz des années 50 qui aurait, par une bizarre contraction de l'espace-temps, beaucoup écouté les premiers albums de Belle and Sebastian. Voilà, débrouillez-vous avec ça.
2. Amina - AminaminA (The Worker's Institute)
J'ai découvert les quatre islandaises d'Amina en tant qu'accompagnatrices de Sigur Ros lors de leurs tournées en 2000 ou 2002. A l'époque, elles se présentaient en tant que quatuor à cordes tout ce qu'il y a de plus classique, statiques sur leurs chaises et jouant de leur instrument en pizz ou avec un archet. De ce format, il ne reste pas grand-chose ici et, sur les quatre morceaux que comporte cet EP, un seul met en avant des sons de cordes. On pense en fait surtout à Ba Ba / Ti Ki / Di Do de Sigur Ros, dont on retrouve le mélange d'électronique, de piano d'enfant et de percussions. La plage 2, Hemipode (si je déchiffre bien), est un petit bijou.
3. Elizabeth Anka Vajagic - Nostalgia / Pain (Constellation)
Un an après son excellent premier album, Elizabeth Anka Vajagic enfonce le clou avec un nouvel EP de 30 minutes basé sur les mêmes recettes : un fond sonore à base de guitares planantes, une construction très post-rockeuse des morceaux (les deux premiers morceaux totalisent 30 minutes) et, par-dessus, Elizabeth Anka Vajagic dont la voix évoquera, selon la sensibilité de chacun, un fado déchirant de beauté ou un dégueulis vocal mal contrôlé. Je me situe résolument dans le premier camp.
4. Patrick Wolf - Tristan (Tomlab)
Pas tant parce que Tristan est un concentré de rage adolescente accompagné par des beats électro apocalyptiques et délivré par un Patrick Wolf à la voix plus expressive que jamais. Mais plutôt parce que les deux faces B forment un contrepoint saisissant avec la chanson-titre. La première, The Hazelwood est une ballade acoustique à base de ukulele et de violon, basée sur un poème de W.B. Yeats. La deuxième, Idumea, est l'adaptation d'un chant traditionnel. Le son de viole qu l'on y entend pourrait sans doute convaincre Aphex Twin d'abandonner l'électricité pour se mettre au folk.
5. Micah P. Hinson - The baby and the satellite (Sketchbook)
Il faut sans doute un peu tirer sur la corde pour considérer comme un EP un disque qui dure près d'une heure mais c'est ainsi qu'il est présenté dans les catalogues et je me vois mal contredire le label. Comme celui de Elizabeth Anka Vajagic, cet EP est surtout l'occasion de retrouver le son d'un album que j'ai beaucoup aimé l'année dernière. On y retrouve en effet l'essentiel de ce qui faisait pour moi le prix de Micah P Hinson and the Gospel of Progress : la voix grave et fragile, une instrumentation travaillée mais sans ostentation et des chansons dans lesquelles toute la misère du monde (ou à tout le moins toute celle que Micah lui-même accepte d'y dévoiler) se trouve concentrée. The Last Charge of St Paul ajoute à ce socle commun quelques étranges sons électriques analogiques, qui désarçonnent, avant de séduire. De manière amusante, la 9ème plage du EP reprend l'ensemble des démos enregistrées en 2000, ce qui permet de percevoir la genèse de ces 8 chansons.
6. Super Furry Animals - Lazer Beam (Rough Trade)
De nouveau pas tant pour le psychédélisme débridé de la chanson-titre que pour un Colonise the moon lancinant et hypnotique à base de guitare acoustique, chants d'oiseaux et paroles telles que "I vomited throughout your saxophone solo" (phrase à partir de laquelle j'ai unilatéralement échafaudé le titre alternatif "Colonise the dark side of the moon").
Buzz
Jérôme Colin (ex-animateur de Radio 21 et de Pure FM) se lance dans le podcast, avec une émission hebdomadaire musicale. Je ne parviens pas ma faire une opinion très claire sur le statut exact de l'entreprise. Est-ce un simple podcast perso bénévole ? Est-il payé par skynet ? Ca reste pour moi très mystérieux. Cela dit, l'émission est bien dans la lignée de ce qu'il faisait sur Pure FM. On y retrouve cette louable envie de présenter les groupes dont on cause sur les webzines et les music-blogs (de José Gonzalez à The Earlies et de Wolf Parade à Clap Your Hands Say Yeah!) aux auditeurs potentiels qui n'auraient pas le temps ou l'envie de partir eux-mêmes à leur recherche, le tout avec beaucoup d'enthousiasme et un goût relativement sûr (si on excepte une fascination malsaine pour November Rain). Durant les 75 minutes d'émission, on trouve deux ou trois bonnes surprises, par exemple une belle version acoustique de Welcome par Zop Hopop à la 28ème minute et la révélation du passé de crooner du père de Albert Hammond Jr des Strokes à la 65ème minute (avec une chanson que je trouve tout à fait honorable dans le genre, à la différence de Jérôme qui s'en gausse ouvertement). A suivre.
vendredi, janvier 6
Synergie
Je vous ai dit un mot hier de la compilation Dream Brother et vous pouvez dorénavant aller sur la Blogothèque pour en écouter un extrait, ainsi que deux autres reprises de Tim Buckley.
Par ailleurs, le nouveau single de The Knife est écoutable ici.
Par ailleurs, le nouveau single de The Knife est écoutable ici.
jeudi, janvier 5
Les faux albums de 2005 (II)
V/A - Dream Brother - The songs of Tim+Jeff Buckley (Full Time Hobby)
Cinq ans après un bel album d'hommage consacré à Tim Buckley sur Manifesto Records (Mojave 3, Brendan Perry, Mark Lanegan, Neil Halstead,..), 13 artistes oeuvrant essentiellement dans le néo-folk branché (y a même Sufjan Stevens, c'est dire) rendent ici hommage aux Buckley père et fils. La version de Grace par King Creosote domine de toute sa splendeur le reste du disque mais The Magic Numbers, Engineers, Tunng, Micah P. Hinson et The Earlies font mieux que se défendre et, tout bien considéré, je pense que Dream Brother se classe parmi les tout meilleurs albums d'hommage que j'ai eu l'occasion d'écouter récemment.
Cocteau Twins - Lullabies to Violaine (4AD)
Le deuxième meilleur groupe à avoir enregistré pour 4AD regroupe ici l'ensemble de ses EP, toutes périodes confondues (y compris donc ceux issus des deux derniers albums, pourtant sortis sur un autre label), dans un packaging luxueux à la consistance bizarrement visqueuse (mais pas désagréable). Pour qui n'a pas eu l'occasion de découvrir ces EP au fur et à mesure de leurs sorties, l'occasion est belle de découvrir tout un pan caché de la discographie du groupe (même si certaines chansons étaient déjà présentes sur les albums parfois dans des versions légèrement différentes) mais ces nouveaux morceaux me renforcent dans l'idée que, en abandonnant les guitares hurlantes de la cold-wave des débuts et en se tournant vers un son de plus en plus apaisé et éthéré (qui trouvera son aboutissement dans les tentatives acoustiques de 1994-1995), le groupe a perdu une partie de sa spécificité et de son intérêt. Les premiers albums proposaient un son qui ne ressemblait pour moi à rien d'autre (bien qu'on puisse parfois trouver des ressemblances avec le Cure des débuts). Les deux derniers les montrent au contraire presque indistinguables des Cranberries (c'est particulièrement frappant quand leurs chansons respectives sont interprétées par Faye Wong). En conséquence, je préfère de loin les deux premiers CD de cette compilation (couvrant la période 4AD) aux deux derniers (couvrant la période Fontana). Je n'en dis pas plus ici car je garde bon espoir d'écrire un jour un billet plus étoffé sur le groupe.
PS : Si vous avez l'album à la maison, pourriez-vous me dire si, comme moi, vous avez l'impression que Half-Gifts (la plage 13 du CD3) menace à tout moment de se fondre dans le Suzanne de Leonard Cohen ? Bien que les lignes mélodiques soient relativement différentes, l'une m'évoque irrésistiblement l'autre.
*Nsync - Greatest Hits (Jive)
Sur la grande échelle de crédibilité artistique (appelons-la l'échelle de Pitchfork), il n'existait jusqu'à il y a peu (en fait jusqu'à l'apparition de Il Divo) pas d'échelon en-dessous de celui auquel les boy-bands pop tels que Westlife, Take That, Boyzone, etc... tentaient désespérément de s'agripper (j'emploie le passé parce que bien peu d'entre eux existent toujours). Avec leurs gestuelles sur-signifiantes, leurs ballades insipides et leurs chorégraphies synchronisées, ils fournissaient à leurs contempteurs une telle batterie d'arguments que toute tentative de défense était vouée à l'échec. Pourtant, dans ce genre comme dans tous les autres, il existe un dessus et un dessous du panier. *Nsync fait clairement partie du dessus. Certes, ils ont commis à leurs débuts des choses proprement innommables (God Must Have Spent A Little More Time On You par exemple tutoie les cimes dans mon classement personnel des pires chansons jamais enregistrées) mais leurs deux derniers albums sont dans leur genre franchement enthousiasmants (en ce sens qu'on n'y trouve que deux ou trois chansons inécoutables). En prenant en charge une part de plus en plus importante de l'écriture et de la production, ils sont parvenus à développer un (j'ose à peine l'écrire) style propre dont les singles (souvent composés par la clique des studios de composition suédois : Max Martin, Kristian Lundin et les autres) ne rendent compte que partiellement. Pourtant, même si on se limite aux chansons présentes sur cette compilation, je dois bien avouer aimer au premier degré l'immédiateté mélodique de Pop, Bye Bye Bye ou Tearin' up my heart et trouver un plaisir pervers à la guimauve de Gone. Je suppose que l'on pourrait classer cela au rayon des plaisirs coupables. Dommage que la carrière du groupe trouve officiellement son terme avec ce best-of assemblé à la va-vite. Je me demanderai toujours à quoi aurait pu ressembler leur quatrième album. A défaut, je me contenterai des albums solo de Justin Timberlake et JC Chasez.
Pet Shop Boys - Back to Mine (DMC)
(voir ici)
Johnny Cash - The Legend (Columbia)
Le nombre de compilations différentes consacrées à Johnny Cash donne le tournis. Rien que dans un grand supermarché du centre-ville, on peut en trouver au moins cinq à moins de 5€ et, mis à part quelques classiques incontournables (I walk the line, Rings of fire et Folsom Prison Blues), les chansons proposées par chacune d'entre elles sont souvent très différentes (il faut dire qu'il y a presque un demi-siècle de carrière à résumer). Cette abondance de biens ne fait pas l'affaire du néophyte voulant découvrir son oeuvre. Pour ceux qui comme moi ont découvert Cash avec la série des American Recordings dans la seconde moitié des années 90, ce luxueux coffret de 4CD semble être une bonne porte d'entrée et un complément idéal au (très bon) coffret Unearthed, qui couvrait seulement les dix dernières années. Je n'ai encore écouté que le premier CD mais y ai déjà découvert une bonne douzaine de chansons fabuleuses, au premier rang desquelles (Ghost)Riders in the Sky.
William Sheller - Chemins de traverse (Mercury)
Un cadeau tout neuf du père Noël dont je n'ai pas encore écouté une note. Je ne suis pas sûr que j'aimerai l'entièreté de ce qui s'y trouve mais pour enfin disposer sur CD d'albums aussi fondamentaux que Univers (et son démentiel Empire de Toholl), Ailleurs ou Sheller en Solitaire, je suis même prêt à me coltiner Albion ou Les Machines Absurdes. Je me réjouis partculièrement de pouvoir écouter sa fameuse messe Lux Aeterna dont j'ai beaucoup entendu parler. En revanche, dommage qu'on ne trouve nulle trace de son Concerto pour trompette.
Cinq ans après un bel album d'hommage consacré à Tim Buckley sur Manifesto Records (Mojave 3, Brendan Perry, Mark Lanegan, Neil Halstead,..), 13 artistes oeuvrant essentiellement dans le néo-folk branché (y a même Sufjan Stevens, c'est dire) rendent ici hommage aux Buckley père et fils. La version de Grace par King Creosote domine de toute sa splendeur le reste du disque mais The Magic Numbers, Engineers, Tunng, Micah P. Hinson et The Earlies font mieux que se défendre et, tout bien considéré, je pense que Dream Brother se classe parmi les tout meilleurs albums d'hommage que j'ai eu l'occasion d'écouter récemment.
Cocteau Twins - Lullabies to Violaine (4AD)
Le deuxième meilleur groupe à avoir enregistré pour 4AD regroupe ici l'ensemble de ses EP, toutes périodes confondues (y compris donc ceux issus des deux derniers albums, pourtant sortis sur un autre label), dans un packaging luxueux à la consistance bizarrement visqueuse (mais pas désagréable). Pour qui n'a pas eu l'occasion de découvrir ces EP au fur et à mesure de leurs sorties, l'occasion est belle de découvrir tout un pan caché de la discographie du groupe (même si certaines chansons étaient déjà présentes sur les albums parfois dans des versions légèrement différentes) mais ces nouveaux morceaux me renforcent dans l'idée que, en abandonnant les guitares hurlantes de la cold-wave des débuts et en se tournant vers un son de plus en plus apaisé et éthéré (qui trouvera son aboutissement dans les tentatives acoustiques de 1994-1995), le groupe a perdu une partie de sa spécificité et de son intérêt. Les premiers albums proposaient un son qui ne ressemblait pour moi à rien d'autre (bien qu'on puisse parfois trouver des ressemblances avec le Cure des débuts). Les deux derniers les montrent au contraire presque indistinguables des Cranberries (c'est particulièrement frappant quand leurs chansons respectives sont interprétées par Faye Wong). En conséquence, je préfère de loin les deux premiers CD de cette compilation (couvrant la période 4AD) aux deux derniers (couvrant la période Fontana). Je n'en dis pas plus ici car je garde bon espoir d'écrire un jour un billet plus étoffé sur le groupe.
PS : Si vous avez l'album à la maison, pourriez-vous me dire si, comme moi, vous avez l'impression que Half-Gifts (la plage 13 du CD3) menace à tout moment de se fondre dans le Suzanne de Leonard Cohen ? Bien que les lignes mélodiques soient relativement différentes, l'une m'évoque irrésistiblement l'autre.
*Nsync - Greatest Hits (Jive)
Sur la grande échelle de crédibilité artistique (appelons-la l'échelle de Pitchfork), il n'existait jusqu'à il y a peu (en fait jusqu'à l'apparition de Il Divo) pas d'échelon en-dessous de celui auquel les boy-bands pop tels que Westlife, Take That, Boyzone, etc... tentaient désespérément de s'agripper (j'emploie le passé parce que bien peu d'entre eux existent toujours). Avec leurs gestuelles sur-signifiantes, leurs ballades insipides et leurs chorégraphies synchronisées, ils fournissaient à leurs contempteurs une telle batterie d'arguments que toute tentative de défense était vouée à l'échec. Pourtant, dans ce genre comme dans tous les autres, il existe un dessus et un dessous du panier. *Nsync fait clairement partie du dessus. Certes, ils ont commis à leurs débuts des choses proprement innommables (God Must Have Spent A Little More Time On You par exemple tutoie les cimes dans mon classement personnel des pires chansons jamais enregistrées) mais leurs deux derniers albums sont dans leur genre franchement enthousiasmants (en ce sens qu'on n'y trouve que deux ou trois chansons inécoutables). En prenant en charge une part de plus en plus importante de l'écriture et de la production, ils sont parvenus à développer un (j'ose à peine l'écrire) style propre dont les singles (souvent composés par la clique des studios de composition suédois : Max Martin, Kristian Lundin et les autres) ne rendent compte que partiellement. Pourtant, même si on se limite aux chansons présentes sur cette compilation, je dois bien avouer aimer au premier degré l'immédiateté mélodique de Pop, Bye Bye Bye ou Tearin' up my heart et trouver un plaisir pervers à la guimauve de Gone. Je suppose que l'on pourrait classer cela au rayon des plaisirs coupables. Dommage que la carrière du groupe trouve officiellement son terme avec ce best-of assemblé à la va-vite. Je me demanderai toujours à quoi aurait pu ressembler leur quatrième album. A défaut, je me contenterai des albums solo de Justin Timberlake et JC Chasez.
Pet Shop Boys - Back to Mine (DMC)
(voir ici)
Johnny Cash - The Legend (Columbia)
Le nombre de compilations différentes consacrées à Johnny Cash donne le tournis. Rien que dans un grand supermarché du centre-ville, on peut en trouver au moins cinq à moins de 5€ et, mis à part quelques classiques incontournables (I walk the line, Rings of fire et Folsom Prison Blues), les chansons proposées par chacune d'entre elles sont souvent très différentes (il faut dire qu'il y a presque un demi-siècle de carrière à résumer). Cette abondance de biens ne fait pas l'affaire du néophyte voulant découvrir son oeuvre. Pour ceux qui comme moi ont découvert Cash avec la série des American Recordings dans la seconde moitié des années 90, ce luxueux coffret de 4CD semble être une bonne porte d'entrée et un complément idéal au (très bon) coffret Unearthed, qui couvrait seulement les dix dernières années. Je n'ai encore écouté que le premier CD mais y ai déjà découvert une bonne douzaine de chansons fabuleuses, au premier rang desquelles (Ghost)Riders in the Sky.
William Sheller - Chemins de traverse (Mercury)
Un cadeau tout neuf du père Noël dont je n'ai pas encore écouté une note. Je ne suis pas sûr que j'aimerai l'entièreté de ce qui s'y trouve mais pour enfin disposer sur CD d'albums aussi fondamentaux que Univers (et son démentiel Empire de Toholl), Ailleurs ou Sheller en Solitaire, je suis même prêt à me coltiner Albion ou Les Machines Absurdes. Je me réjouis partculièrement de pouvoir écouter sa fameuse messe Lux Aeterna dont j'ai beaucoup entendu parler. En revanche, dommage qu'on ne trouve nulle trace de son Concerto pour trompette.
Scoop
Said the Gramophone a déniché la démo de la collaboration un temps envisagée entre Britney Spears et DFA. J'aime bien l'idée que la maison de disques ait pu trouver le morceau trop 'hip'.
mercredi, janvier 4
471388 + 319976 raisons de désespérer du genre humain
Bien que les classements de meilleurs ventes de l'année soient en général trouvables un peu partout, les classements comprenant également le nombre d'exemplaires vendus sont plus rares. Pour votre information, voici donc la liste des 200 singles les plus vendus en Grande-Bretagne en 2005.
(Attention, cliquer sur ce lien peut provoquer des accès de dépression. Les places 2,4,9 et 11 sont particulièrement pénibles.)
Comme antidote, vous pouvez aller lire la défense et illustration du grandiose Negotiate with love de Rachel Stevens par Edward O. ici. Les plus chanceux (ou distraits) d'entre vous auront même la possibilité d'y découvrir la chanson. Tant que vous y êtes, je vous conseille d'aller lire tout le classement. C'est toujours bien écrit, souvent intéressant et les pépites sont nombreuses : 5,6,8,10,13,16,19,20,28,31,41,48,66,68 et 92 (par exemple et pour ne parler que des chansons que j'ai déjà eu le temps d'écouter).
(Attention, cliquer sur ce lien peut provoquer des accès de dépression. Les places 2,4,9 et 11 sont particulièrement pénibles.)
Comme antidote, vous pouvez aller lire la défense et illustration du grandiose Negotiate with love de Rachel Stevens par Edward O. ici. Les plus chanceux (ou distraits) d'entre vous auront même la possibilité d'y découvrir la chanson. Tant que vous y êtes, je vous conseille d'aller lire tout le classement. C'est toujours bien écrit, souvent intéressant et les pépites sont nombreuses : 5,6,8,10,13,16,19,20,28,31,41,48,66,68 et 92 (par exemple et pour ne parler que des chansons que j'ai déjà eu le temps d'écouter).
Les faux albums de 2005 (I)
Comme c'est le plus facile, je commence par mentionner les albums qui n'en sont pas vraiment. Entendez par là les live, les compilations, les rééditions et les musiques de film non imputables à un seul artiste, soit tout ce que j'exclus traditionnellement des classements de fin d'année.
Bonnie 'prince' Billy - Summer in the Southeast (Sea Note)
J'avais été amèrement déçu par la petite demi-heure du concert de Bonnie 'prince' Billy à laquelle j'avais assisté au Pukkelpop mais au moins on pouvait passer le temps en regardant les gestes plein de lascivitié incongrue de Will Oldham. Ce disque ne permet rien de tel et me laisse donc seul face à mon incompréhension. Pourquoi ces interprétations hypertrophiées ? Pourquoi Will Oldham force-t-il en permanence sa voix et injecte-t-il des stéroïdes électriques dans ses chansons ? Peut-être se rêve-t-il rock-star. En tout cas, dix minutes de cette bouillie sonore suffisent pour que mon seuil de saturation soit atteint et je doute de réécouter ce live dans un avenir proche. Je le mettrais illico sur ma pile à revendre si le démon de la collection ne m'en dissuadait. En attendant, mieux vaut réécouter les versions studio. Will Oldham y chante vraiment.
Dead Can Dance - Live in Brussels : 17th of March 2005 (www.DcDdiscs.com)
Comme cela se fait de plus en plus, tous les concerts de la tournée printanière de Dead Can Dance ont été intégralement enregistrés et un nombre limité de CD live ont été proposés le soir même à la vente. L'investissement n'est pas négligeable (30€ de mémoire) mais est amplement repayé. La qualité de l'enregistrement est parfaite, le visuel du boîtier est 4ADesque en diable et l'écoute des deux CD permet de faire resurgir presque intactes les émotions ressenties durant le concert, notamment quand Brendan Perry s'emmêle les pinceaux dans ses paroles.
Eminem - Curtain Call - The Hits (Interscope)
Je suis à peu près aussi qualifié que le goître de Balladur pour juger du crédit et de l'importance que conserve Eminem en 2006 dans le monde du hip-hop mais le fait est qu'il a régné en maître sur le petit monde de la pop (ou devrais-je dire variété ?) américaine de ce début de siècle. De Lose Yourself à Like Toy Soldiers et de Stan à The Way I am, le parcours est impressionnant (mais pas sans fautes... Mockingbird aurait pour moi mieux fait de rester confiné entre les quatre murs de la chambre de sa fille) et presque toutes ses étapes sont reprises ici. Dommage pourtant que cette compilation ait été compilée de manière si paresseuse. Pourquoi inclure l'interprétation de Stan en duo avec Elton John aux Grammy Awards (plus intéressante sur le papier que dans sa concrétisation musicale) et pas Mosh ? Pourquoi un CD bonus aussi court ? Pourquoi avoir décidé de sortir en single le plus faible des trois nouveaux morceaux inclus ici ? On sent en fait le produit commercial sorti à la va-vite pour les fêtes. La compilation qui permettra de rendre justice à la place qu'a occupée Eminem dans le paysage culturel de ces dernières années est encore à venir (et quand elle viendra, je veux y voir How Come de D-12).
V/A - Help! A day in the life (Independiente - Warchild)
10 ans après le premier 'Help', le petit monde de la brit-pop se retrouve pour venir en aide aux "enfants affectés par la guerre partout dans le monde". Pour qui suit semaine après semaine le petit monde des hypes orchestrées par le NME, la liste des groupes présents ici donne le tournis. Ils sont venus, ils sont tous là, des meilleurs (Elbow, Hard-Fi, The Coral, Radiohead, Bloc Party) aux moins bons (Maximo Park, Babyshambles, Razorlight) et des plus connus (Coldplay, Gorillaz) aux un peu moins connus (Damien Rice, Faultline,...). Parmi les 20 morceaux que comprend le disque, les bonnes surprises abondent. Que ce soit la jolie reprise de Goodbye Yellow Brick Road par Keane et Faultine, les inédits de Gorillaz (qui propose un morceau à mon avis meilleur que tous ceux de Demon Days), de The Coral, de Elbow, de Hard-Fi ou de The Go! Team). Une bonne cause, un bon disque... Tout ce que le Band Aid 20 ne fut pas.
Brian Eno - More music for films (Virgin)
La campagne de réédition des disques de Brian Eno qui a débuté l'année dernière trouve ici toute sa justification avec la sortie de ce qui était un des Graals de l'enologue patenté (par le p2p) : Music for films, Volume 2 (sorti en 1983 si j'en crois mes informations) et qui était devenu rigoureusement introuvable. Le CD propose donc une heure de musique en grande partie inédite (pour moi) venant en droite ligne de la meilleure période du Eno ambient. A priori, ça en devrait être que du bonheur. Pourtant, en écoutant l'album, on comprend assez bien pourquoi ces morceaux n'ont pas été réédités plus vite. La plupart ne sont que des ébauches (leur durée moyenne est d'environ deux minutes) et beaucoup sont des variations autour de thèmes connus (Dark Waters et Reactor rappellent ainsi furieusement des morceaux issus de l'album Another Green World). Cela dit, je ne boude pas mon plaisir puisque cette sortie me permet enfin d'avoir sur CD une poignée de morceaux qui n'était jusqu'ici disponible que sur le coffret Instrumental (lui-même introuvalble depuis longtemps).
Lisa Gerrard et Jeff Rona - A thousand roads OST (Wide Blue Sky)
L'espoir suscité par la contribution de Lisa Gerrard à la bande originale de Salem's Lot en 2004 disparaît ici dans une purée de synthés et de marmonnements inintelligibles mais tout cela n'est pas grave puisque la possibilité de voir apparaître l'année prochaine un nouvel album de Dead Can Dance semble, si on doit en croire les rumeurs, de moins en moins hypothétique.
Kraftwerk - Minimum-Maximum (EMI)
Rétrospectivement, je me dis que j'aurais sans doute été mieux inspiré d'acheter directement le DVD pour bénéficier de l'image et surtout des projections rétro-futuristes (l'esthétique Minitel première génération, à gros pixels), qui sont au coeur du dispositif scénique de Kraftwerk. Pourtant, même ainsi limités à leur aspect purement musical, les concerts du groupe parviennent à générer des émotions étonnamment fortes, surtout pour moi qui n'ai qu'une connaissance assez superficielle de leur répertoire. Des morceaux comme Autobahn ou Radioactivity, avec leur rythmique implacable et leur construction toute germanique, trouvent dans un envronnement live une résonance particulière avec l'humanité du spectateur, sans doute à cause de la voix peu assurée de Ralf Hutter, qui semble presque incongrue au milieu de toutes ces machines, et parce qu'assister à un concert est avant tout une expérience collective (comme le prouvent ici les applaudissements et des cris du public).
Mogwai - Government Commissions, BBC Sessions 1996-2003
Cette compilation sans surprise des sessions radios de Mogwai est sortie quelques semaines après la mort de John Peel. Est-ce pour cela qu'elle est si sinistre ? Je ne la réécoute en tout cas pour ainsi dire jamais. J'irais même jusqu'à dire qu'elle est un peu ennuyeuse. Heureusement, le (bon) prochain album du groupe sort dans quelques semaines.
Suite et fin demain.
Bonnie 'prince' Billy - Summer in the Southeast (Sea Note)
J'avais été amèrement déçu par la petite demi-heure du concert de Bonnie 'prince' Billy à laquelle j'avais assisté au Pukkelpop mais au moins on pouvait passer le temps en regardant les gestes plein de lascivitié incongrue de Will Oldham. Ce disque ne permet rien de tel et me laisse donc seul face à mon incompréhension. Pourquoi ces interprétations hypertrophiées ? Pourquoi Will Oldham force-t-il en permanence sa voix et injecte-t-il des stéroïdes électriques dans ses chansons ? Peut-être se rêve-t-il rock-star. En tout cas, dix minutes de cette bouillie sonore suffisent pour que mon seuil de saturation soit atteint et je doute de réécouter ce live dans un avenir proche. Je le mettrais illico sur ma pile à revendre si le démon de la collection ne m'en dissuadait. En attendant, mieux vaut réécouter les versions studio. Will Oldham y chante vraiment.
Dead Can Dance - Live in Brussels : 17th of March 2005 (www.DcDdiscs.com)
Comme cela se fait de plus en plus, tous les concerts de la tournée printanière de Dead Can Dance ont été intégralement enregistrés et un nombre limité de CD live ont été proposés le soir même à la vente. L'investissement n'est pas négligeable (30€ de mémoire) mais est amplement repayé. La qualité de l'enregistrement est parfaite, le visuel du boîtier est 4ADesque en diable et l'écoute des deux CD permet de faire resurgir presque intactes les émotions ressenties durant le concert, notamment quand Brendan Perry s'emmêle les pinceaux dans ses paroles.
Eminem - Curtain Call - The Hits (Interscope)
Je suis à peu près aussi qualifié que le goître de Balladur pour juger du crédit et de l'importance que conserve Eminem en 2006 dans le monde du hip-hop mais le fait est qu'il a régné en maître sur le petit monde de la pop (ou devrais-je dire variété ?) américaine de ce début de siècle. De Lose Yourself à Like Toy Soldiers et de Stan à The Way I am, le parcours est impressionnant (mais pas sans fautes... Mockingbird aurait pour moi mieux fait de rester confiné entre les quatre murs de la chambre de sa fille) et presque toutes ses étapes sont reprises ici. Dommage pourtant que cette compilation ait été compilée de manière si paresseuse. Pourquoi inclure l'interprétation de Stan en duo avec Elton John aux Grammy Awards (plus intéressante sur le papier que dans sa concrétisation musicale) et pas Mosh ? Pourquoi un CD bonus aussi court ? Pourquoi avoir décidé de sortir en single le plus faible des trois nouveaux morceaux inclus ici ? On sent en fait le produit commercial sorti à la va-vite pour les fêtes. La compilation qui permettra de rendre justice à la place qu'a occupée Eminem dans le paysage culturel de ces dernières années est encore à venir (et quand elle viendra, je veux y voir How Come de D-12).
V/A - Help! A day in the life (Independiente - Warchild)
10 ans après le premier 'Help', le petit monde de la brit-pop se retrouve pour venir en aide aux "enfants affectés par la guerre partout dans le monde". Pour qui suit semaine après semaine le petit monde des hypes orchestrées par le NME, la liste des groupes présents ici donne le tournis. Ils sont venus, ils sont tous là, des meilleurs (Elbow, Hard-Fi, The Coral, Radiohead, Bloc Party) aux moins bons (Maximo Park, Babyshambles, Razorlight) et des plus connus (Coldplay, Gorillaz) aux un peu moins connus (Damien Rice, Faultline,...). Parmi les 20 morceaux que comprend le disque, les bonnes surprises abondent. Que ce soit la jolie reprise de Goodbye Yellow Brick Road par Keane et Faultine, les inédits de Gorillaz (qui propose un morceau à mon avis meilleur que tous ceux de Demon Days), de The Coral, de Elbow, de Hard-Fi ou de The Go! Team). Une bonne cause, un bon disque... Tout ce que le Band Aid 20 ne fut pas.
Brian Eno - More music for films (Virgin)
La campagne de réédition des disques de Brian Eno qui a débuté l'année dernière trouve ici toute sa justification avec la sortie de ce qui était un des Graals de l'enologue patenté (par le p2p) : Music for films, Volume 2 (sorti en 1983 si j'en crois mes informations) et qui était devenu rigoureusement introuvable. Le CD propose donc une heure de musique en grande partie inédite (pour moi) venant en droite ligne de la meilleure période du Eno ambient. A priori, ça en devrait être que du bonheur. Pourtant, en écoutant l'album, on comprend assez bien pourquoi ces morceaux n'ont pas été réédités plus vite. La plupart ne sont que des ébauches (leur durée moyenne est d'environ deux minutes) et beaucoup sont des variations autour de thèmes connus (Dark Waters et Reactor rappellent ainsi furieusement des morceaux issus de l'album Another Green World). Cela dit, je ne boude pas mon plaisir puisque cette sortie me permet enfin d'avoir sur CD une poignée de morceaux qui n'était jusqu'ici disponible que sur le coffret Instrumental (lui-même introuvalble depuis longtemps).
Lisa Gerrard et Jeff Rona - A thousand roads OST (Wide Blue Sky)
L'espoir suscité par la contribution de Lisa Gerrard à la bande originale de Salem's Lot en 2004 disparaît ici dans une purée de synthés et de marmonnements inintelligibles mais tout cela n'est pas grave puisque la possibilité de voir apparaître l'année prochaine un nouvel album de Dead Can Dance semble, si on doit en croire les rumeurs, de moins en moins hypothétique.
Kraftwerk - Minimum-Maximum (EMI)
Rétrospectivement, je me dis que j'aurais sans doute été mieux inspiré d'acheter directement le DVD pour bénéficier de l'image et surtout des projections rétro-futuristes (l'esthétique Minitel première génération, à gros pixels), qui sont au coeur du dispositif scénique de Kraftwerk. Pourtant, même ainsi limités à leur aspect purement musical, les concerts du groupe parviennent à générer des émotions étonnamment fortes, surtout pour moi qui n'ai qu'une connaissance assez superficielle de leur répertoire. Des morceaux comme Autobahn ou Radioactivity, avec leur rythmique implacable et leur construction toute germanique, trouvent dans un envronnement live une résonance particulière avec l'humanité du spectateur, sans doute à cause de la voix peu assurée de Ralf Hutter, qui semble presque incongrue au milieu de toutes ces machines, et parce qu'assister à un concert est avant tout une expérience collective (comme le prouvent ici les applaudissements et des cris du public).
Mogwai - Government Commissions, BBC Sessions 1996-2003
Cette compilation sans surprise des sessions radios de Mogwai est sortie quelques semaines après la mort de John Peel. Est-ce pour cela qu'elle est si sinistre ? Je ne la réécoute en tout cas pour ainsi dire jamais. J'irais même jusqu'à dire qu'elle est un peu ennuyeuse. Heureusement, le (bon) prochain album du groupe sort dans quelques semaines.
Suite et fin demain.
mardi, janvier 3
En voilà d'autres
(ce n'est quand même pas simple de trouver à chaque fois un nouveau titre pour ces billets remplis de liens... je devrais peut-être me résoudre à en inventer qui n'ont plus rien à voir avec le contenu... le côté décalé, ça paye toujours)
- Inteprétations diverses nous propose son classement des meilleures chansons de l'année, pour le meilleur et pour le pire (que diable fait un des morceaux les plus insupportables de tous les temps en numéro 7 ?)
- Vous saviez que les Buggles ne furent pas les premiers à enregistrer Video Killed the Radio Star ? Moi pas. Heureusement que le blog Lost bands of the New-wave era est là pour nous communiquer des informations capitales de ce type. Cela dit, pas de panique, la version des Buggles reste à mon avis clairement meilleure.
- Hard to beat de Hard-Fi remixé à la sauce technoïde pour campings municipaux. Rigoureusement indispensable pour accompagner ces soirées trop arrosées où des vingtenaires nostalgiques de la new-beat sautillent sur place en se remémorant le bon temps de Snap! et de Felix.
Sinon, je commence aujourd'hui la réécoute de tous les albums que j'ai achetés en 2005 en vue de proposer un classement analogue à celui de 2004. Attendez-vous donc à une avalanche de billets verbeux dans les prochains jours.
- Inteprétations diverses nous propose son classement des meilleures chansons de l'année, pour le meilleur et pour le pire (que diable fait un des morceaux les plus insupportables de tous les temps en numéro 7 ?)
- Vous saviez que les Buggles ne furent pas les premiers à enregistrer Video Killed the Radio Star ? Moi pas. Heureusement que le blog Lost bands of the New-wave era est là pour nous communiquer des informations capitales de ce type. Cela dit, pas de panique, la version des Buggles reste à mon avis clairement meilleure.
- Hard to beat de Hard-Fi remixé à la sauce technoïde pour campings municipaux. Rigoureusement indispensable pour accompagner ces soirées trop arrosées où des vingtenaires nostalgiques de la new-beat sautillent sur place en se remémorant le bon temps de Snap! et de Felix.
Sinon, je commence aujourd'hui la réécoute de tous les albums que j'ai achetés en 2005 en vue de proposer un classement analogue à celui de 2004. Attendez-vous donc à une avalanche de billets verbeux dans les prochains jours.
lundi, janvier 2
Premier billet de l'année.
Quelques liens pour entamer 2006 dans la joie et l'allégresse.
- Je ne sais pas trop à quel degré on est censé prendre cette page mais vu qu'il est assez drôle d'imaginer qu'une mère de famille puisse être devenue une spécialiste de Merzbow dans le seul but de lutter contre la corruption spirituelle de sa progéniture, j'ai décidé de tout prendre au premier degré.
- Des rumeurs alarmistes d'une possible collaboration entre Rachel Stevens et James Blunt avaient été postées sur ce site. Elles ont depuis été retirées, ce qui me rassure.
- Les sets proposés par Boy Robot, Intricate et Solvent lors du festival Panoptica 2005 (dont j'ai parlé ici) est téléchargeable gratuitement sur la page du festival.
- La Blogothèque vous offre également une poignée de liens pour commencer l'année.
Bonne année à tous et merci de me lire. Ca fait plaisir.
- Je ne sais pas trop à quel degré on est censé prendre cette page mais vu qu'il est assez drôle d'imaginer qu'une mère de famille puisse être devenue une spécialiste de Merzbow dans le seul but de lutter contre la corruption spirituelle de sa progéniture, j'ai décidé de tout prendre au premier degré.
- Des rumeurs alarmistes d'une possible collaboration entre Rachel Stevens et James Blunt avaient été postées sur ce site. Elles ont depuis été retirées, ce qui me rassure.
- Les sets proposés par Boy Robot, Intricate et Solvent lors du festival Panoptica 2005 (dont j'ai parlé ici) est téléchargeable gratuitement sur la page du festival.
- La Blogothèque vous offre également une poignée de liens pour commencer l'année.
Bonne année à tous et merci de me lire. Ca fait plaisir.
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