mardi, janvier 11

A good Texan is a dead Texan

The Dead Texan est le nouveau projet d'Adam Bryanbaum Wiltzie (de Stars of the Lid) et de Christina Vantzos, une vidéaste. Lorsque l'on m'a dit que le groupe donnait un concert dans une librairie, j'avais spontanément imaginé une petite scène posée entre les rayons philosophie et poésie d'un magasin chic, du genre à mettre du Derrida et du Louis-René des Forêts en vitrine. Et bien pas du tout, le terme librairie était apparemment à prendre dans son acception la plus belge, c'est-à-dire celle de marchands de journaux. J'ai donc passé le concert entouré de magazines, précisément à la limite entre le rayon déco et le rayon de cul, pas très loin de Muteen et de Jeune et Jolie que je zyeutais d'un air curieux pendant l'entracte. Cet environnement formait un contraste assez saisissant avec le public très arty qui s'y entassait.

Le concert commence par une première partie d'une grosse demi-heure, un duo de guitaristes bouclés qui, si mon voisin ne s'est pas payé ma tête, s'appelle VINZ et est basé à Bruxelles (Google ne m'apprend rien de plus). L'un est assis et prostré sur sa guitare. L'autre est debout et chante, avec une voix qui me rappelle un peu celle de Michael Stipe. A eux deux, ils créent une sorte de folk-drone languide. L'un des morceaux (en anglais) semble parler d'une femme dont le sang se répand sur le sol et qui sourit tellement sa douleur est insupportable (c'est en tout cas en gros le tableau que j'ai réussi à reconstruire à partir des bouts de phrases que je comprenais). Dès lors, le sourire béat collé sur le visage du chanteur donnait à leur prestation un caractère un peu poisseux. Il a bizarrement conservé ce même sourire pour interpréter une étonnante reprise du Smalltown Boy de Bronski Beat avant de conclure sur une chanson qu'il me semblait avoir déjà entendue vingt fois mais qui, à en croire mon voisin, ne serait pourtant pas une reprise. Etrange concert en tout cas, qui donne envie d'en savoir un peu plus sur leur compte.

Ensuite, nous voyons arriver sur scène une petite brune et, bizarrement, le type qui, derrière le comptoir, nous avait vendu une boisson rafraîchissante quelques minutes plus tôt. Nous apprendrons en fait après le concert qu'Adam vit à Bruxelles depuis quatre ans et travaille à temps partiel dans cette librairie. Cet emploi apparait moins absurde quand on sait qu'une partie du magasin est réservée à la vente de disques. Malheureusement, tout le stock avait dû être déplacé pour laisser la place au public et seuls un CD de Mitchell Akiyama et un vinyl d'Animal Collective près du comptoir nous laissent entr'apercevoir à quoi peuvent ressembler les lieux durant la journée. Pour ceux que ça intéresse, le magasin est situé au 43a rue Lesbroussart, à Ixelles, tout près de l'Avenue Louise (une bonne adresse si vous voulez acheter votre exemplaire de Wire à un artiste Kranky, ce qui serait, vous en conviendrez, du dernier chic).

L'album de The Dead Texan, que certains n'hésitent pas à qualifier d'album de l'année, se situe aux confins du post-rock, de l'ambient et d'une certaine forme de new-age. Il combine nappes de synthés, petites enluminures au piano avec quelques notes de guitare et quelques rares voix. Parfois, ces différents éléments s'agencent pour former un cocon sonore à ce point douillet qu'on voudrait qu'il nous enveloppe à jamais. On pense alors à The Plateaux of Mirror, l'album de Harold Budd et Brian Eno (1980). De tels instants de grâce surgissent quelques fois sur l'album (sur Glen's goo, When I see scissors I cannot help but think of you et The Struggle par exemple) et, judicieusement, ce sont sur ces morceaux que le concert s'est concentré, en leur donnant une ampleur dont les versions albums, trop courtes, ne rendaient qu'imparfaitement compte. L'ensemble a duré sans doute un peu moins d'une heure et je ne me suis pour ainsi dire jamais ennuyé (seule une transition dans le premier tiers du concert m'a semblé un peu laborieuse).

J'ai été surpris de voir que, même à l'intérieur du cadre strict que forment les nappes préprogrammées et les projections vidéo pré-montées, ils ont laissé une place importante à l'interprétation live. Les ostinatos lents à la Laurie Anderson (cfr Superman) sont interprétés en direct par Christina. La moue excédée d'Adam quand son doigt accrochait la touche d'à côté témoigne également que la petite mélodie cristalline au piano dans When I see the scissors... était jouée en direct. Un très bon concert donc, supérieur à mon avis au disque, qui m'est apparu plus inégal. Notons que, comme ça semble devenir la norme chez Kranky, l'album est accompagné d'un DVD qui reprend les projections vidéos vues en concert, de nouveau en format abrégé. Comme sur le disque, les plages n'y font jamais plus de 4min30 et, bien que je n'aie pas regardé ma montre durant le concert, je suis prêt à parier que les morceaux y étaient nettement plus longs.

Quelques extraits de l'album sont en écoute ici.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rhaaaaaaaaaaaa, je devais y aller aussi. Mais j'ai sonné avant de partir sur Bruxelles et on m'a dit que c'était archi sold out. L'album est très chouette en tout cas.

clark