mardi, janvier 18

Les albums de 2004 (IX)

Scissor Sisters - Scissor Sisters (Polydor)
Les Scissor Sisters ont sans aucun doute été l'une des "révélations de l'année". En début d'année, lorsque l'album est sorti, je me rappelle avoir pensé : "Ce disque est incroyable. Tous les morceaux pourraient être des singles." Quelques mois plus tard, j'ai un peu l'impression que tous l'ont été. Sept sur les onze titres de l'album ont en tout cas été abondamment diffusés en radio. D'où vient ce succès ? A mon avis, pas de leur capacité à innover mais plutôt de leur capacité à remettre au goût du jour une certaine élégance dans l'écriture pop. Ca faisait longtemps que je n'avais plus entendu un disque aussi bien arrangé et orchestré. Là où de nombreux disques supportent assez mal l'écoute au casque, celui-ci semble au contraire bénéficier d'une écoute attentive, en révélant par exemple de jolies guitares saturées en accompagnement ou bien le petit solo de saxophone sur Mary. Je pourrais aussi ajouter que l'idée de mixer Pink Floyd et les Bee Gees n'est pas loin d'être géniale, que Jake Shears a une voix étrangement proche de celle de Elton John (jeune) sur Mary et que Return to Oz, non contente d'être la plus belle chanson de l'album, est aussi la plus belle chanson que le Bowie de la grande époque aurait dû écrire (on croirait entendre un inédit de Space Oddity). La version anglaise de l'album possède deux morceaux inédits (et plus électro) précédés d'un petit speech où une membre du groupe dit un truc du genre "Vous venez d'écouter notre premier album. Merci. J'espère que vous l'avez apprécié ce disque. Après ce petit bruit, vous aurez le choix entre remettre le disque à son début ou écouter ces deux morceaux réservés au pressage britannique de l'album." Un disque formidable ET bien élevé. Que demander de plus ?

William Sheller - Epures (Mercury)
J'écoute très peu de chanson française, et moins de 3% des disques que je possède sont chantés en français. Si on fait abstraction des grands anciens (Gainsbourg et Brel principalement), les chanteurs français pour lesquels j'ai de l'estime se comptent sur les doigts d'une main (Bashung, Chamfort, Romain Didier et Gotainer) et le seul que j'écoute régulièrement est William Sheller. Est-ce son côté solitaire sophistiqué ou bien ses prétentions classiques qui me le rendent sympathique ? Je ne sais pas trop mais le fait est que c'est un des rares chanteurs francophones (avec Dominique A) que j'ai vu en concert et je considère Univers, par exemple, comme un véritable chef-d'oeuvre. Cette année, il est revenu à la formule qui lui avait valu gloire et récompense il y a une petite dizaine d'années avec 'Sheller en solitaire', piano+voix. Cet album contient 11 nouvelles chansons et une reprise des Machines Absurdes pour une durée totale de 33 minutes à peine (c'est peu). On se retrouve ici en terrain ultra-connu, les changements d'accord typiques et la voix de Sheller ne dépayseront personne. Le disque n'apporte donc pas grand-chose de neuf mais comme ça faisait presque 10 ans qu'il n'avait plus rien sorti dans ce genre, je lui pardonne volontiers, surtout quand les chansons sont de ce niveau.

Junior Boys - Last Exit (Kin/Domino)
Lorsque j'ai entendu parler de ce disque pour la première fois, il était présenté comme le meilleur disque pop de l'année. Force est de constater que le terme 'pop' est quelque peu trompeur. Si je devais définir ce genre de son, je parlerais plutôt d'électro minimaliste (là me prend une énorme envie d'ajouter 'à la Kompakt' mais, n'ayant écouté qu'une seule compilation Kompakt, j'ai peur que ce ne soit un peu téméraire), avec quelques paroles rajoutées. Aux premières écoutes, le disque m'a étonné par son dépouillement et le fait qu'il semblait ne contenir quasiment aucune note tenue. Les boîtes à rythmes, les synthés et les voix sonnent presque toujours staccato. Pourtant, malgré les multiples répétitions, le disque n'est jamais ennuyeux et est même souvent rythmiquement assez fascinant. Les voix sont souvent plus murmurées que chantées et mixées en retrait. Elles ne prennent donc que rarement le dessus sur l'accompagement. Il est pourtant une exception notable à cette règle : Teach Me How To Fight, une complainte en suspension d'un beauté assez sidérante et sans aucun doute le plus beau morceau de l'album. La voix y prend réellement les rênes de la chanson et on regrette qu'ils n'aient pas laissé plus souvent libre cours à leurs envies lyriques. (bio et extraits ici)

The Network - Money Money 2020 (Reprise)
Après Slipknot, voici un autre groupe à masques. Je ne sais pas grand-chose d'eux. C'est un disque assez difficile à définir. Les instruments sont essentiellement rock. Pourtant, l'ensemble a un petit côté rétro 80s, dû en partie à quelques touches de synthés, mais aussi à une manière de chanter qui rappelle un peu les débuts de la new-wave. En fait, The Network pourrait être assez fidèlement décrit comme "Green Day ayant remplacé Billie Joe Armstrong par Gary Numan" (voir Hungry Hungry Models par exemple). La rumeur veut d'ailleurs que derrière les masques se chachent des membres de Green Day. Je me suis demandé deux ou trois fois si mon affection pour ce disque signifie que je suis susceptible d'aimer aussi les albums de Green Day mais il est des questions auxquelles il vaut mieux ne jamais apporter de réponses, même si le groupe subit actuellement une réhabilitation vertigineuse. Un bon point aussi pour la citation de Public Image Limited (et idem pour Rammstein d'ailleurs). (extraits ici).

Aucun commentaire: