Eminem - Encore (Aftermath)
Je n'aime pas le rap. J'ai essayé pourtant. J'ai lu tous les articles expliquant en quoi le rap est la poésie du siècle et le seul genre musical à être totalement inscrit dans son époque. J'ai même tenté de le croire. Pourtant, Jay-Z continue à m'apparaître comme un paradigme de l'insignifiance et le délire critique qui entoure pour le moment TTC me sidère. La conjonction de mon habituel désintérêt pour les textes et de mon amour des mélodies me rend à peu près imperméable au rap. Dans le rap US, il n'y a que deux exceptions à ce trist constat : Missy Elliott, sans doute à cause de l'effet Timbaland, et Eminem qui, depuis quelques années, enchaîne sans effort apparent les singles imparables (Stan, Lose Yourself ou The Way I am par exemple). De plus, son débit (pardon, son 'flow') est pour moi curieusement compréhensible, en tout cas bien plus que celui de, au hasard, Jay-Z ou 50 Cent. Et puis surtout, comment ne pas être intéressé par un si beau phénomène social. Parfois je me dis même qu'Eminem m'intéresse moins que son succès. D'ailleurs, dans les grandes largeurs, la mythologie du rap me laisse toujours largement perplexe. J'ai ainsi un peu de mal à ne pas sourire quand j'entends avec quel sérieux il discute son 'beef' avec Ja Rule, mais quand il le fait dans une chanson aussi imparable que Like toy soliders, ça n'a guère d'importance. Pour le reste, on retrouve l'habituel mélange de chansons autobiographiques et de cornichonneries (et parfois même les deux ensemble). Dans la veine autobiographique, on a Yellow Brick Road ou Mockingbird. Dans les cornichonneries, il y a My 1st single ou Just Lose it. Et puis, il y a Mosh qui, après quelques écoutes (le clip aide), devient une formidable machine de guerre (pour quoi, on ne sait pas trop, mais qu'importe). Certes, comme apparemment tous les albums de rap, Encore est deux fois trop long, et quand c'est mauvais, ça peut être franchement embarrassant (Puke, Big Weenie...). J'ai notamment un peu de mal à comprendre comment les blagues pipi-caca, les rots et les pets peuvent encore amuser un grand garçon de plus de 30 ans comme Mr Mathers. Pour l'anecdote, Encore serait le dernier album d'Eminem et, pour marquer le coup, il nous fait son Ziggy (Il s'appelle Ziggy. C'est un garçon pas comme les autres...oups...désolé, mauvais Ziggy) en mettant en scène son suicide. C'est sans doute une bonne idée.
The Streets - A grand don't come for free (Warner)
Au début du mois, quand j'ai rassemblé tous mes disques de l'année pour les réécouter, il y en avait trois jolies piles sur mon étagère et je suppose que le fait que les deux derniers qui me restaient à écouter soient des disques de 'rap' est assez significatif des problèmes que je rencontre avec le genre. Si on devait en croire la rumeur, ce serait le disque définitif d'une génération et l'oeuvre du Shakespeare de son époque. Il s'agit sans doute du seul disque dont je n'ai entendu personne dire du mal cette année. Un chef-d'oeuvre absolu qui va pour l'éternité représenter le Génie de son époque....Mouais. Voyons ça de plus près. Musicalement, c'est plutôt moins intéressant que le précédent et les chansons qui restent dans l'oreille sont rares (Dry your eyes et Blinded by the lights). Le phrasé est plutôt laborieux, les beats rachitiques, les mélodies souvent malingres. Je me dis donc que le génie est dans les textes. Je me suis donc fait violence et ai cherché à creuser un peu dans cette direction. Heureusement, les sites qui reprennent les retranscriptions des paroles sont légion et j'ai donc réécouté l'album en lisant les paroles (qu'est-ce que je ne feras pas pour saisir le Génie de mon époque). Et...heu... joker. Pourtant, j'éprouve de la sympathie pour Mike Skinner, qui semble parvenir à garder les pieds sur terre et qui a au moins le mérite de mettre en musique autre chose que le bling-bling-bang-bang de ses confrères US, mais bon, ça ne va quand même pas très loin. Il aurait écrit une nouvelle avec un CD bonus qui contient Dry Your Eyes (une vraie belle chanson dont on se demande ce qu'elle fait sur l'album), j'aurais a priori été plus intéressé. La hype incompréhensible de l'année. Il en fallait bien une.
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