jeudi, janvier 13

Les albums de 2004 (VI)

The Album Leaf - In a safe place (City Slang)
Où Tristeza rencontre Sigur Ros. Ce n'est donc pas une très grande surprise de constater que l'album se situe au confluent de l'électro et du post-rock atmosphérique. Comme on ne se refait pas, les morceaux que je préfère sont ceux où l'influence de Sigur Ros est la plus manifeste, comme Over The Pond, mais l'ensemble est de très bonne facture, même si je ne suis pas sûr que l'ajout de voix, sur On Your Way par exemple, s'imposait vraiment (des extraits ici.

JC Chasez - Schizophrenic (Jive)
On ne peut qu'être triste pour ce pauvre JC. Son album solo devait au départ sortir à peu près au même moment que Justified, l'album de son comparse Justin Timberlake, mais face à l'ampleur qu'a pris ce dernier et sans doute afin de ne pas encombrer le marché, sa maison de disques l'a forcé à retarder sa sortie. Au début de 2004, après avoir été annoncé et reporté à plusieurs reprises, l'album sort enfin. Le plan marketing se met en place, centré autour de sa présence durant le spectacle prévu à la mi-temps d'un grand match de football américain, le Pro Bowl (je n'ai pas bien compris de quoi il s'agissait), deux semaines après le Superbowl. Et là, patatras, la plus célèbre "wardrobe malfunction" de l'Histoire fout tout le projet à l'eau. La NFL prend peur à l'idée de choquer avec une chanson intitulée Some Girls Dance With Women et remplace au pied levé ce pauvre JC par des danses folkloriques hawaïennes. Pire, son nouveau single All Day Long I Dream About Sex (il les cherche, faut dire) est blacklisté par toutes les radios de peur de représailles et sans doute un peu parce que cela leur apparaît sur le moment même comme une bonne manière de dire à leurs auditeurs "Le déclin moral de ce pays ne passera pas par nous". Autant dire que dans ces conditions, la sortie de l'album fut plutôt confidentielle et sa carrière commerciale courte. C'est d'autant plus rageant qu'il s'agit sans aucun doute du meilleur disque pop de l'année. Il puise à toutes les sources (électro, disco, pop, R'n'b, hip-hop,...), il cite "I feel love", "Sunglasses at night" et se paye un duo avec Dirt McGirt (dont j'ai appris récemment qu'il s'agissait d'un prête-nom de feu Ol' Dirty Bastard.. top crédibilité), il chante tour à tour comme Micheal Jackson, Prince (et ..hum... Sting sur la tentative reggae Everything you want) et accouche ainsi d'une sorte d'album pop définitif (en ce compris dans le fait que les dernières plages sont franchement dispensables). Il réussit même cet exploit de créer une ballade pop qui soit complètement et totalement irrésistible (au premier degré, sans l'ombre d'une posture ironique genre "c'est tellement mauvais que c'est bon") : Build My World, que j'ai chantonné (gémissements à la Prince compris) durant toute l'année. Et tout cela sans recourir à des collaborateurs à la mode. Si on excepte le morceau écrit par Basement Jaxx, en forme de renvoi d'ascenseur pour sa présence sur Kish Kash, il a tout co-écrit avec ses collaborateurs habituels. Chapeau bas. Dans quinze ans, quand l'heure de la réhabilitation sera venue, je pourrai me vanter d'avoir de suite compris à quel point cet album est génial et ferai l'admiration de tous. Ou pas. Tout n'est pas perdu cependant, il est retourné en studio pour enregistrer son deuxième album, avec Guy Chambers, l'ex-compositeur attitré de Robbie Williams. Croisons les doigts car, à quoi bon aimer la pop commerciale si c'est pour se retrouver avec des albums de l'année si peu connus. (des extraits ici)

Pan American - Quiet city (Kranky)
Après un troisième album qui flirtait avec l'électro minimaliste de Pan Sonic, Mark Nelson revient avec un album beaucoup plus organique (les guitares acoustiques sont au premier plan) et ambient (les nappes de synthés feraient se rengorger l'ami Brian Eno). Il vient même de temps à autre pousser la chansonnette lui-même. C'est de très loin le meilleur album de l'année pour s'endormir paisiblement. Het Volk, la plage 7 est une sorte de symphonie pour synthés et cuivres qui est belle à pleurer et rappelle la formidable BO écrite par Cliff Martinez pour le remake de Solaris par Soderbergh. Cet album ne fut sans doute écouté que par les post-rockeux convaincus. Pourtant, avec une promotion idoine, il pourrait sans doute intéresser le grand public (écoute partielle ici)

Sunn o))) - White 2 (Southern Lord)
(voir ici)

Pan Sonic - Kesto (Blast First/Mute)
(voir ici)

2 commentaires:

godspeed a dit…

Le Pro Bowl, c'est le match de gala qui clot la saison de NFL, avec deux sélections (une pour chaque conférence) des meilleurs joueurs de la saison (ou du moins, ceux qui tiennent encore debout) qui s'affrontent pour le plus grand plaisir des marchands de frites et de hot-dogs. C'est l'équivalent NFL du All-Star Game de la NBA.

Pierre a dit…

Merci. Ca, c'est de l'info. :)